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Ressources d'auto-support psychiatrique

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Sans Remède est un journal sur le pouvoir psychiatrique et la médicalisation de nos vies, alimenté par des vécus, des confrontations et des points de vue, dans une perspective critique.
Sans remède parle de l’enfermement, de l’autorité psy et de ses effets autant dans les murs qu’en dehors.
Sans remède ne propose pas de critique constructive pour penser un nouvel enfermement psychiatrique. Il ne s’agit pas de réinventer l’hôpital.

Je suis tombé sur le n°5 - et dernier - de ce journal pratiquement par hasard, en zieutant l'étal d'un libraire amateur lors d'une manifestation place de la République.
Cette lecture m'a été très marquante : c'est toujours un choc que d'entendre des voix crier là où l'on ne les attendait pas.
Comme le dit très bien sa présentation, ce n'est pas un journal qui propose des solutions mais qui donne la parole aux personnes silenciées et mets en évidence des dynamiques de pouvoir  qu'on ne voudrait pas forcément voir. Ce n'est pas un journal de débats mais un préalable au débat. En effet, on ne peut pas penser correctement la psychiatrie sans prendre en compte ses premier.es concerné.es, les "malades" ; or, en raison de la nature particulière des affections psychiques, ces mêmes personnes sont souvent celles auxquelles ont donne le moins la parole. C'est absurde et déshumanisant. Ce journal répare donc cette injustice en leur donnant une tribune.

Pour plus d'informations sur l'origine et la vocation du journal Sans Remède : https://www.lutopik.com/article/pourquoi-sans-remede-histoire-journal-psychiatrie

Comme les numéros précédents ne sont plus disponibles sur le site dédié, je vais les mettre en ligne un par un afin de me/vous laisser le temps de les (re)lire dans l'ordre.

Sans Remède n°1
Sans Remède n°2
Sans Remède n°3
Sans remède n°4
Sans Remède n°5
 
Numéro 2​

Dans « Un Monde sans Fous ? » on entend en vrac des experts, des psys, des infirmières, des scientifiques de je-te-trifouille-le-crâne, des directeurs de grandes entreprises et même Marie-Anne Montchamps, députée UMP, à l’époque présidente de FondaMental, fondation qui récolte des fonds auprès de très grandes entreprises pour la recherche en prévention. De ce que nous pouvons bien penser de la manière dont on nous traite, pas un mot. Mais si ce tour de force – jamais habile, car l’idée est trop ancrée dans les crânes que nous ne pouvons avoir de parole intelligible ou digne d’intérêt sur ce que nous subissons – n’est ni neuf, ni surprenant, il mérite néanmoins d’être interrogé. Quelle place nous assigne-t-on lorsque nous entrons dans l’engrenage psychiatrique ?​


Plusieurs témoignages de l'hôpital psychiatriques, la plupart de personnes enfermées, certains d'intervenant.s extérieurs. Où l'on comprend comment un lieu censé soigner devient une mécanique d’assujettissement, par le simple pouvoir qu'on confère à des humains les uns sur les autres.​

Et puis, pages 21, un peu d'espoir avec l'expérience d'un groupe d'auto-support et des réflexions autour de la prise de médicaments, des raisons de faire ce choix.​


On ne prétend pas que notre groupe est thérapeutique. Comme il n’y a pas de regard extérieur, rien n’est interprété, c’est pas performatif.Par exemple, dans un groupe d’art thérapie, si je fais un dessin, un soignant va en faire une lecture. Je fais une jolie maison : ça veut dire ci ou ça... Ça pervertit l’intérêt du processus de la parole, qui doit être libre, et pas chercher à satisfaire une autorité présente.​
Au début, je voulais faire beaucoup plus, mais j’avais pas réalisé que c’était déjà faire de parler. Ça nous a déjà pris un an de nous renconter, nous raconter nos parcours...​
[...]​
Refuser le médicament ou le gober, ça suffit pas,il faut affiner. Je me suis pas mal mis la pression toute seule quand s’est posée pour moi la question : si je prends ce médoc, est-ce que je vais être mal vue par les squatters militants ? (dont je cherche la reconnaissance), est-ce que je vais passer pour une faible, qui abandonne, consentante, son cerveau au système ? qui va désormais s’employer à casser sa vraie personnalité... Ça veut dire quoi ma vraie personnalité ? Pour moi, on se constitue dans des rapports, par la socialisation, quand ton délire te coupe complètement de ça et te fait partir en vrille dans un sous-bois pour vivre le délire à fond, parce que le délire et sa solitude sont très attirants aussi, qu’est-ce qui reste de ta personnalité, coupé de tous les autres et réduit au délire ? J’ai parlé du regard des autres comme une peur, mais le regard de quelqu’un peut aussi être l’hameçon qui t’empêche de partir dans les sous-bois.​

Sans Remède n°2
 
Merci du partage, c'est une suer trouvaille, les témoignages sont beaux, glaçants, instructifs, je trouve super l'initiative de donner la parole à ces personnes dont on nie parfois presque leur humanité
 
Numéro 3

Compte rendu d’un atelier de discussion a dit:
Nous avons échangé sur nos galères avec nos têtes, entre autres les crises d’angoisses (on est plusieurs à pratiquer), les coups durs où on aurait envie de tout lâcher et les moments délirants pas admis (quelqu’un-e a parlé d’une décision de suivre tout ce qui était vert dans la ville par exemple, ce qui est totalement gratuit et n’a aucun sens apparent, pourtant, ça fait du bien !).
Quelqu’un-e a dit que se faire un peu fou-folle, ça rendrait plus poreuses les barrières avec les autres.
On s’est dit qu’on avait dans nos gueules notre commun de nager à contre-courant, et qu’être « contre » c’est pas une place facile.

Deux personnes ont témoigné de leurs histoires de soutien à des potes. S’il y a une intervention du collectif, c’est toujours quand il est trop tard, c’est-à-dire que le moment de « pétage de plombs » est un événement, mais ça fait aussitôt penser qu’il y a eu un avant.
Dans un cas, il y a eu une attitude de déni et un avis général du genre que la psy c’est de la merde. L’effet a été : on ne fait rien.
Plus généralement il y a une gêne qui individualise complètement les dérapages/acrobaties psychiques. Il est courant de rendre quelqu’un-e responsable de ce qui lui arrive. Le déni dans ce cas a eu pour conséquence l’internement du pote.
Il faut aussi savoir prendre acte d’une réalité ; passer  le relais à l’hosto ou la famille doit être dédramatisé si personne ne veut ou ne peut soutenir assez, ou que c’est momentanément trop dur, ce qui ne veut pas dire l’abandon du ou de la pote en l’occurrence, mais multiplier les soutiens (et la famille, et des ami-e-s...), tout en continuant d’avoir une relation avec la personne en se tenant au jus de ce qui se passe pour lui ou elle, en mode méfiance et veille.
Expériences : monter un planning de présence en relais, exiger de la ou le voir si il y a enfermement, montrer aux psys qu’il y a du monde autour en venant tous les jours, à plein dans le couloir s’il y a un rendez-vous, parler et se renseigner sur le traitement…
Et puis, on s’est dit aussi que ça serait important d’essayer d’entendre comment la personne qui « pète les plombs » se nomme elle-même ou ce qui lui arrive (ex : « je vis dans une autre dimension »), et utiliser ses mots, peut-être en inventer ; et surtout, chaque fois que c’est possible, l’associer aux décisions qui la-le concerne. Par contre, on va pas commencer à imaginer des diagnostics nous-mêmes.

Il s’est dit que soutenir individuellement était impossible ou pas souhaitable, et que même les soutiens avaient besoin de soutien, ou au moins de parler avec une ou plusieurs autres personnes, et plus généralement, chercher ailleurs, à l’extérieur du groupe ou de la situation, aux plus d’endroits possibles, des infos, des expériences. Penser la médecine et particulièrement la psychiatrie comme un pouvoir sur nos vies nous amène à penser tout rapport avec cette institution comme un rapport de force. Vouloir aider nous oblige à nous poser des questions sans arrêt sur notre place, nos moyens, nos limites, nos intentions, si on ne veut pas reproduire des rapports de domination avec l’autre ou se substituer à un médecin.
On a parlé du danger d’être une béquille, ou de laisser l’autre se noyer... On s’est dit aussi que parfois il n’y a rien à dire, peut-être rien à faire, que voir quelqu’un-e pour ne pas parler, ça peut aussi être utile (on ne le fait jamais).
Quelqu’un a dit que cette expérience de soutien, si c’est dur, c’est aussi enrichissant et pour le collectif et pour lui personnellement.
Les groupes de paroles sont perçus comme des moments un peu psychologisants de comptoir, « bons pour les bonnes femmes » genre « pathétique ». Sauf que si on le faisait de manière régulière, ça permettrait peut-être d’éviter le trop-plein finissant chez un psy, et ça pourrait éviter que les places auxquelles certain-e-s sont assigné-e-s soient définitives. En même temps, on n’a pas envie de s’exposer ni à tout le monde, ni tout le temps, ni de se transformer en auto-observateur-trice de nous-mêmes ou des autres. On a aussi besoin de secrets.
Nommer permet de prendre acte, mais en même temps, ce qui fait peur c’est que ça rend réel (si je dis : j’ai des crises d’angoisse, ça peut en déclencher une, maintenant, ou préparer un terrain possible aux autres), les mots peuvent fixer un regard sur soi ou les autres qui fait peur par leur côté apparemment définitif. Alors qu’on est jamais réductible à une seule identité, et qu’on est en mouvement tout le temps, on doit se le rappeler quand quelqun-e aberre, il ou elle n’est pas que ça et ne le sera jamais.

« L’HP n’est jamais loin » a dit l’un-e de nous, on le sent par : ce qu’on s’interdit de faire comme écart public, ce qu’on contient, par la peur, et par la répression immédiate quand on dépasse les bornes.
On n’est pas égaux devant la psychiatrie, que ce soit par le genre, l’entourage, la culture, l’âge, l’origine sociale... Il y a des luttes à mener, différenciées et à inventer sur différents modes.
Note spéciale à l’entourage : c’est horrible que quelqu’un-e soit présenté-e ou parlé-e comme « celle-celui qui a pété les plombs » au risque de fabriquer des taules relationnelles, donc apprenons activement à fermer nos gueules.

Pour conclure, on s’est dit que parmi ce qui nous donne de la force, il y a cette conviction que comprendre et lutter sont des armes et des nourritures, dans un monde que la norme rend mort. Même si on a la vie dure, au moins elle est vivante et bien à nous, larmes comprises.​

J'ai beaucoup aimé cet article car il parlait concrètement des liens qui se tissent dans l'auto-support et de ce qu'on peut réellement faire les uns pour les autres, mais aussi de ce qu'on ne peut pas faire ; tous ces rapports de pair à pair qui sont à ré-inventer tant les principes de hiérarchie ont formaté nos expériences de la sociabilité.
Jusqu'ici les articles étaient tournés idéologiquement et concrètement "contre l'HP et son monde" ; on voit ici la complexité de la réalité et que c'est humain de ne pas pouvoir tout faire soi-même, de lâcher du lest parfois.
Le numéro offre aussi une analyse des décisions politiques et judiciaires en cours (en 2011), parce que c'est important de permettre à tous-tes de comprendre ce qui arrive.

Il y a aussi deux "délire report" qui sont très intéressants mais je pense que j'irai les poster dans le forum "TR sobre".

Sans Remède n°3
 
https://www.fichier-pdf.fr/2015/04/04/taking-care/taking-care.pdf

Si tu t'auto-mutiles, fais en sorte de réduire les risques autant que possible pour éviter tout dégât sur le long-terme. Les paragraphes qui suivent peuvent t'être utile avant de te couper. Essaye de lire ce texte en entier avant de te faire mal pour avoir toutes les informations nécessaires

https://icarus.poivron.org/uploads/2016/02/sefairemal.pdf

À propos de l’auteure a dit:
Je me suis blessée pendant de nombreuses années. Je me suis entaillée les bras et les poignets avec des couteaux et des lames. J’ai frappé ma tête ou l’ai cognée contre les murs. Je cachais méticuleusement ce que je faisais et mes marques.
Dans une société où les émotions sont vues comme quelque chose de moins important que l’aspect de la peau, et moins réel, j’avais besoin d’une véritable blessure biologique pour me dire à moi-même : je me blesse et cette blessure est réelle.Ça a été une expérience vraiment difficile. Je pensais que j’allais devenir complètement folle. La stigmatisation qui entourait ces pratiques était pire que l’expérience elle même. Les formes les plus extrêmes d’auto-blessure sont seulement apparues sous l’influence d’ISRS et ont stoppé immédiatement après l’arrêt de ces médicaments. Cependant, j’avais déjà eu des tendances à l’auto-blessure avant ces médicaments, lorsque par exemple je me mordais le dos des mains.
Je ne me blesse pas aujourd’hui. Et je ne l’ai pas fait depuis plusieurs années. Comprendre ce que j’ai fait, et que je le fai-sais pour prendre soin de moi m’a aidée. Me forcer à arrêter non.
J’honore mes cicatrices. Me couper m’a aidée à m’approprier mon corps.
Ce zine reflète mes expériences. Je partage la vision du Projet Icarus où mes points de vue et de nombreux autres sont bien-venus.
 
https://willhall.net/files/ComingOffPsychDrugsHarmReductGuide-French.pdf

Il est facile de tomber dans la pensée absolutiste lorsqu’il s’agit de médicaments psychotropes. Les pro-médicaments se focalisent sur les risques des psychoses et des états émotionnels extrêmes, alors que les antimédicaments se focalisent sur les risques de la consommation de médicaments. Mais l’esprit de ce guide et la philosophie de travail du Freedom Center et de l’Icarus Project pour l’auto-détermination face au traitement, est d’envisager la pensée du tout-ou-rien au sujet des psychotropes comme une grande part du problème.

https://icarus.poivron.org/uploads/2015/02/lesamieslastpage.pdf

https://icarus.poivron.org/sur-le-fil-de-la-folie/

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https://icarus.poivron.org/uploads/2015/04/traverserunecrise.pdf
 
Visite en neuroleptie a dit:
On échange des banalités, comme souvent. Au bout d’un temps, elles s’épuisent et je ne sais plus où mener la discussion. J’ai du mal à jouer franc jeu car j’ai peur, je filtre mes paroles, je censure mes joies, je m'abstiens de te faire le récit de mes dernières histoires trépidantes, de mes envies, mes projets... Tout ça par peur que mes paroles ne te rabaissent, car j’ai une vie et que je ne peux considérer qu’ici on en ait une. Je censure mes doutes, mes flippes, mes angoisses, mes tristesses car je me dis que ce ne serait pas légitime, qu’il faut faire preuve de bienveillance, que mes émotions ne valent pas les tiennes et qu’il n’y a pas de place pour mes failles. Le jeu est faux, ma culpabilité l’emporte. La situation met notre franchise au bas mot. Nos rapports sont construits sur ton histoire et il me faudrait certainement déjouer ce déséquilibre.
Lisez ce témoignage, il est important pour la suite (vous verrez).
Il y a aussi une histoire de la psychiatrie qui met en avant son appartenance carcérale ; une histoire de l'anti-psychiatrie, avec un texte écrit par Jean-Paul Sartre.
Autre texte très important : les mécanismes de la fabrique du patient, en page 6, où C. analyse par quels moyens une personne morale, ayant conscience de sa dignité, se retrouve en un tour de main "patiente" dans tous les sens du terme, à accepter avec résignation des traitements qui feraient bondir d'indignation n'importe-quel être humain libre.
Et puis les compte-rendus de rencontres à la campagne, sortes de camps d'été entre personnes psychiatrisés. Lecture douce et inspirante où l'on se dit que lorsque des personnes qui se veulent du bien s'organisent ensemble, elles gagnent un pouvoir très puissant.
Ça me rappelle la brochure " Friends Make The Best Medicine - A guide to creating Community Mental Health Support Networks" disponible sur le site francophone du projet Icarus et que je posterai une autre fois.

C'est pour votre bien ! a dit:
Mon premier est le mois pour faire ce qu'il te plaît
Mon second est une bite anglaise
Mon troisième se rencontre à la St Jean, en dansant
Mon tout se deale légalement sur présentation d'une ordonnance
Sans remède n°4
 
Numéro 5

Ce numéro est le dernier du journal Sans Remède et aussi le plus abouti. Le recueil de témoignages des débuts est devenu un outil politique, une œuvre d'art et un horizon d'espoir. La qualité du papelard est impressionnante : mise en page se payant le luxe d'être non seulement propre mais orfévrée, léchée ; articles aux formes variés, aux sujets fouillés, à l'expression soutenue ; corpus thématique à la fois cohérent et diversifié...
Le journal devait donner une voix aux psychiatrisé.es et il a si bien réussi qu'il s'est mué en analyse politique, avec un dossier dédié à la condition féminine, un autre à l'histoire du "travail social", des commentaires d'actualités ; le tout entrecoupé de témoignages qui allègent la bête et lui insufflent colère, compassion, espoir.
Aux personnes qui dénigrent les fous, on peut opposer cet ouvrage qui est un bijou de travail collectif et individuel. Et en écho, les témoignages de la fin qui relatent d'autres rencontres, parfois à plusieurs dizaines de personnes, et manifestent leur pouvoir de sociabilité et de créativité.
Ma théorie est qu'après avoir atteint un tel niveau, le journal ne pouvait plus "faire mieux". Sa popularité et sa quantité allant croissantes, il en était de même de la charge qu'il représentait. Je n'ose imaginer la quantité de travail qu'a demandé ce seul numéro. Je suppose que ses auteurices n'ont pu fournir le même effort pour un hypothétique sixième Sans Remède, et qu'iels n'ont pu se contenter d'un résultat moins satisfaisant.
Si quelqu'un a une information sur ce que sont devenu.es ses auteurices, si d'autres projets ont vu le jour, je voudrais être au courant !

p.40, y a un articles écrit par Amanda Baggs, dont j'ai par ailleurs posté une vidéo et dont je viens d'apprendre le décès, qui relate ce que signifie être une "non-personne" du point de vue de la norme.
p.54, la suite du témoignage "Visite en Neuroleptie" du numéro précédent, qui relate comment porter un nouveau regard sur la condition de son frère a permis de construire avec lui une nouvelle relation, plus saine.

Les extraits qui m'ont particulièrement marqué :

Mon panache a dit:
Je rêve d'écrire sur mes fesses un poème indiquant à quel point j'en ai fait bon usage.
Pour quand ils y planteront l’aiguille.
Mais finalement je n'écris rien sur mon corps. Je ne veux pas porter sur ma vie l'ombre de ma mort.
Je pense des fois à la perplexité des brebis qu’on couche sous une lame. À leurs questions.
"Ne suis-je qu'une viande ? Qu'une fille ? Qu'une main-d’œuvre ?
Comment ai-je pu faire taire mes doutes, ne rien dire, ne rien faire, ne tuer personne, jusqu'à ce moment où il est trop tard ?
Comment n'ai-je pas mis le monde en branle, pour donner le change à une telle mesure d'horreur inexplicable, comment ai-je pu laisser mon destin entre ces mains intéressées, et croire à leur bienveillance, pour qu’en ce jour tant de haine nous incombe et me réduise au silence ? Ne suis-je pas un peu jeune, après tout ?"

[...]

Je suis l’aboutissement de plusieurs millénaires de civilisation. Je suis la possibilité d’éliminer discrètement de la progéniture qui ne correspond pas aux besoins de son corps social, sans avoir à se donner la peine d’en penser quelque chose.

Quel épilogue apporter à 25 ans d’existence ? Et que dire aux personnes auprès desquelles j’essayais compulsivement de me rendre irremplaçable ?
Dans cette vie au futur conditionnel, j’aurai aimé.

Dans l’hypothèse où mon père ne m’attrape jamais (ou se décide à se faire oublier, seule chose saine dont il soit encore capable), je pense vraiment que je pourrais, moi, faire des trucs géniaux.
Je sais pas encore quoi.
Un truc qui me distingue, un machin merveilleux qui dépasse du couvercle de l’absurde, comme un pantin joyeux qui surgit de sa boîte.
Un truc évident.

Célie.

C'est important de laisser des traces a dit:
À Marivieille, prenant bien soin de considérer chacun.e comme une altérité elle-même prise dans une toile de rapports de pouvoir, d’histoires, de constructions, d’aliénations dans une relation bienveillante, il devenait possible de dire je me tape dessus quand je vais mal et tant que je me retiens je n’arrive pas à sortir de l'état de ruine de mon être dans lequel je me trouve engluée. Possible sans essuyer un genre de regard gêné, un regard qui devient mutique et ré-ensevelit la parole ténue qui tente de se faire un chemin pour exister, pour se partager. À Marivieille il était possible de dire, j’ai bien vécu mon passage à l’HP sans qu’une armée d’abrutis moralisateurs ne viennent vous expliquer que non, ça n’est pas possible, qu’on n’a encore pas dû bien comprendre ce qui nous était arrivé, que la domination et les rapports de pouvoir c’est pas bien, que les médocs c’est de la drogue et les psys du caca.... À Marivieille, des hommes savaient mieux pleurer qu’ailleurs et des femmes savaient se sentir bien torse nu. À Marivieille, à trente autour d'une même proposition chacun.e a réagi comme il-elle pouvait, à sa mesure, en pleurant, en criant, en se taisant, sans que les un.es ou les autres ne méprennent ou ne méjugent les réactions d’autrui.
[...]
Et toute cette bande de gueules cassées, d’entendeurs de voix, de ratés de l’aliénation prescrite, de jamais plus consolables, d’aberrants, de béquilles et prothèses en bandoulière, la bande des suicides ratés et c’est tant mieux, la bande à autodestruction quotidienne parce qu’il vaut mieux que ce soit nous qu’eux qui choisissions les armes, la bande à incompatibles à l’œil nu, mais détonants quand ils sont ensemble, et ben dis donc, on était drôlement beaux.


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Sans Remède n°5
 
Salut, cette fois-ci on change de medium et je vais maintenant parler de toutes les ressources d'auto-support que j'ai vu traîner ci et là, parfois centralisées comme dans le projet http://www.zinzinzine.net/, parfois éparpillées sous forme d'articles sur le web.

Ce matin (il est 6h quand j'écris) je vais vous parler de Dandelion et de son blog https://medium.com/@sirdandelion
Iels se présente de la façon suivante : "Non-binary French writer, theatre PhD student, metalhead and rain lover. Here, I write about living with schizophrenia. I'm owned by a cat."
Ce qui pourrait se traduire ainsi : "écrivain·e français·e non-binaire, aimant le metal et la pluie. Ici, j'écris à propos de vivre avec la schizophrénie. Mon propriétaire est un chat."

Ce blog contient principalement des réflexions et tranches de vies intéressantes pour toute personne ayant envie de connaître le vécu d'une personne schizophrène de l'intérieur. Mais il y a aussi et surtout quelques billet auxquels j'ai trouvé une utilité supérieure, qui se rapprochent d'outils d'auto-support.

Vivre avec des hallucinations au quotidien est écrit comme un guide à l'usage de la personne qui découvre les hallucinations et ne sait pas encore comment les gérer.


https://medium.com/@sirdandelion/tourbillon-paranoïaque-decb78be82ae
Tourbillon paranoïaque

https://medium.com/@sirdandelion/comment-gérer-une-crise-psychotique-4061de61d8cf
Comment gérer une crise psychotique

https://medium.com/@sirdandelion/les-voix-mes-voix-et-moi-2fc3b69b8870
Les voix, mes voix et moi
 
Regagner du pouvoir pendant les ''rendez-vous médicaments'' avec votre psychiatre

Le texte est de Patricia Deegan, la traduction, d'une personne du site ZinzinZine.
Ma source : https://www.zinzinzine.net/regagner-du-pouvoir-pendant-les-rdv.html

Je reproduis le texte ici à des fins de sauvegarde, on sait jamais !




Les «rendez-vous médicaments» avec un·e psychiatre sont généralement des moments qui nous font ressentir une grande impuissance. Ils durent habituellement 15 ou 20 minutes. Au cours de l'entretien, nous sommes censé·es répondre à quelques questions sommaires et repartir avec une prescription de puissants médicaments pouvant considérablement altérer la qualité de nos vies. Dans ces entretiens, le ou la psychiatre détient une position de pouvoir et nous jouons généralement le rôle attendu du ou de la patiente passive, calme et qui ne pose pas de questions. Nous serons par la suite félicité·es pour nous être contenté·es d'être coopérative·ifs ou bien grondé·es/puni·es si nous n'avons pas suivi le traitement prescrit. Au fils des ans j'ai développé un certain nombre de stratégies pour pallier aux inégalités de rapport de force lors des entretiens de gestion de médicaments avec des psychiatres. Je voudrais partager quelques-unes de ces stratégies avec vous.


Stratégie #1: Apprenez à porter un autre regard sur les médicaments

  1. Il n'y a pas de solutions miracles. Le rétablissement est un travail difficile. Aucune pilule ne peut faire le travail de rétablissement à ma place. Si je me contente d'attendre qu'une pilule me fasse aller mieux, je ne vais pas aller mieux. Si j'attends patiemment qu'un médicament me guérisse, je risque de devenir une malade chronique et impuissante qui avale des pilules à la commande, mais qui ne se rétablira pas. Le rétablissement demande de prendre une position active face aux problèmes auxquels je suis confrontée.
  2. Les médicaments ne sont qu'un outil. Les médicaments psychiatriques sont un outil parmi un tas d'autres outils qu'il m'est possible d'utiliser pour me rétablir. L'exercice physique, une bonne alimentation, éviter l'alcool et les drogues, l'amour, la solitude, l'art, la nature, la prière, le travail et une myriade de stratégies d'affrontement sont tout aussi importantes pour mon rétablissement.
  3. Utiliser des médicaments n'est pas une affaire morale. Il fut un temps où je pensais que l'utilisation de médicaments était un signe de faiblesse ou que les gens qui n'en prenaient plus étaient meilleur·es que moi. Je ne pense plus de cette façon. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de se rétablir. Ce qui compte pour moi, c'est de prendre soin de moi de façon à pouvoir devenir la meilleure personne que je puisse être. Il y a des périodes où je n'utilise pas de médicaments et il y a des périodes où j'en utilise. C'est un choix personnel que je fais.
  4. Apprendre à utiliser des médicaments. Aujourd'hui, je ne me contente pas de prendre des médicaments. Prendre des médicaments implique une position passive. J'ai plutôt appris à utiliser des médicaments dans le cadre de mon processus de rétablissement. Apprendre à utiliser des médicaments dans un processus de rétablissement signifie planifier et poursuivre de façon réfléchie les tests de médicaments, les diminutions et/ou le sevrage de médicaments.
  5. Toujours utiliser à la fois des médicaments et des stratégies d'affrontement. Il existe de nombreuses stratégies d'affrontement non-médicamenteuses qui peuvent aider à atténuer les symptômes et la souffrance. Prenez le temps d'apprendre des stratégies pour faire face aux voix, aux délires, à la paranoïa, à la dépression, à la pensée obsessionnelle, à l'automutilation, aux flashbacks, etc. J'ai constaté qu'apprendre à utiliser une variété de stratégies d'affrontement non médicamenteuses aide à minimiser la quantité de médicaments que je prends ou, avec de la pratique, peut même éliminer le besoin de médicaments.
  6. Renseignez-vous sur les médicaments. On est vite intimidé·e par tous les mots compliqués et le jargon technique utilisé pour les médicaments psychiatriques. Cependant, j'ai constaté qu'un certain nombre de moyens pouvaient être utiles pour obtenir de l'information fiable et accessible sur les médicaments que j'envisage d'utiliser. Je prends soin d'interroger le ou la psychiatre avec qui je travaille au sujet des médicaments qu'iel prescrit. Cependant, je trouve souvent ces informations insuffisantes. Parler avec d'autres personnes qui ont utilisé le médicament est une excellente source d'information. La façon la moins chère et la plus facile d'obtenir plus d'information est peut-être de demander à un ou une pharmacienne qui peut parfois vous remettre une fiche d'information écrite décrivant comment le médicament est censé agir, quels sont les effets indésirables et les précautions à prendre, y compris en ce qui concerne les interactions médicamenteuses. Ces fiches d'information sur les médicaments sont rédigées dans un jargon non technique, mais malheureusement, elles omettent beaucoup de détails qui pourraient être importants pour vous. Si tel est le cas, vous pouvez toujours consulter le site eurekasante.fr qui donne accès aux fiches Vidal des médicaments. De plus, vous pouvez utiliser un dictionnaire médical en ligne ou en bibliothèque, pour trouver la définition des mots que vous ne connaissez pas. Il existe également quelques ouvrages qui peuvent vous aider à obtenir des réponses à vos questions. Par exemple «Les médicaments psychiatriques démystifiés» par D. Healy (Elsevier Masson, 2009, maintenant disponible uniquement en ebook), le «Guide pour décrocher des médicaments psychotropes en réduisant les effets nocifs», par The Icarus Project et le Freedom Center, le «Guide critique des médicaments de l'âme», par D. Cohen et S. Cailloux-Cohen (il date de 1995, donc il est incomplet, mais encore intéressant), ou encore «Psychotropes, réussir son sevrage» textes rassemblés par Peter Lehmann (2018). Le site Psychotropes.info peut également s'avérer utile.

Stratégie #2: Apprenez à porter un autre regard sur vous-même.

  1. Faites-vous confiance. Vous en savez plus sur vous-même que votre psychiatre n'en saura jamais. Commencez à avoir confiance en vous et en vos perceptions. Parfois, j'ai eu du mal à faire confiance à mes perceptions après que l'on m'ait dit que ce que je ressentais, pensais ou percevais était de la folie. Une partie du rétablissement consiste à apprendre à se faire à nouveau confiance. Même pendant mes moments les plus fous, il y avait un noyau de vérité dans toutes mes expériences. Si vous ressentez des effets indésirables tels qu'un sentiment d'apathie, de constipation, une perte de libido, une vision double ou autre, faites confiance à votre perception. Ne laissez pas les autres vous dire que ces effets secondaires sont "dans votre tête". Vérifiez avec le ou la pharmacienne, ou avec des ami·es qui ont utilisé ces médicaments, et vérifiez dans des ouvrages ou sur Internet. Il y a de fortes chances que vous ne soyez pas la première personne à ressentir ces effets du médicament.
  2. C'est votre rétablissement. Trop souvent, j'ai entendu des gens dire "les médicaments m'ont fait aller mieux". Ne donnez pas tout le mérite aux substances chimiques! Même si vous avez trouvé un médicament utile, prenez aussi en compte tout ce que vous avez fait pour vous rétablir et rester en bonne santé. Un médicament peut parfois ouvrir une porte, mais il faut un être humain courageux pour franchir cette porte et construire une nouvelle vie.
  3. Vos questions sont importantes. Quiconque a utilisé pendant un certain temps des médicaments psychiatriques se posera probablement ces questions importantes:
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Comment suis-je réellement quand je ne prends pas ces médicaments?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Qu'est-ce qui est «vraiment moi» maintenant?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Est-ce que cela vaut la peine de prendre ces médicaments?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Existe-t-il des méthodes non médicamenteuses pour réduire mes symptômes que je peux utiliser à la place des médicaments?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Mes besoins en médicaments ont-ils changé au fil du temps?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Est-ce que j'ai développé une dyskinésie tardive qui serait masquée par les neuroleptiques que je prends?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Il n'y a pas d'études à long terme sur les médicaments que j'utilise. Est-ce que j'encours des risques? Est-ce que je veux prendre le risque de ne pas connaître les effets à long terme?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Ai-je une dépendance à ces médicaments?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]L'utilisation à long terme de ces médicaments a-t-elle entraîné une perte de mémoire ou une diminution de mon fonctionnement cognitif?[/font]
    Il n'y a rien de fou à se poser de telles questions. Ce qui est regrettable, c'est que la plupart des professionnel·les de santé mentale n'admettent pas qu'il faille s'attendre à de telles questions. Un système axé sur le rétablissement aurait des centres de désintoxication et d'autres soutiens disponibles pour que les gens puissent planifier rationnellement un sevrage médicamenteux afin d'explorer ces questions importantes.

Stratégie #3: Portez un autre regard sur les psychiatres

  1. La plupart des psychiatres sont bien trop occupé·es. Nous aurions tort de supposer que la plupart des psychiatres ont une connaissance approfondie des antécédents de traitement de leurs patient·es. À l'ère de la gestion des soins, les psychiatres ont de moins en moins de temps à accorder à de plus en plus de patient·es. De nombreuseux psychiatres n'ont jamais lu le dossier complet des personnes à qui iels prescrivent des médicaments. Et iels sont encore moins à pouvoir identifier tous les différents médicaments et combinaisons de médicaments que vous avez testés au fil des ans en sachant quels ont été les résultats de ces tests. Compte tenu de cela, il m'a paru important de commencer à tenir mon propre dossier sur les médicaments que j'ai testés, pour quels symptômes, à quelles doses et pendant quelle période. Chaque fois qu'un·e psychiatre me suggère un nouveau médicament ou une nouvelle dose, je vérifie toujours mon dossier pour m'assurer que cela n'a jamais été testé auparavant. Je ne veux pas refaire des tests de médicaments inefficaces ou même nocifs.
  2. Parfois, les psychiatres se trompent. La plupart des psychiatres ne nous encouragent pas à demander une deuxième opinion sur le diagnostic, les médicaments ou d'autres traitements somatiques comme l'ECT. Cependant, j'ai constaté qu'il était parfois important de demander un second avis. Cela peut demander beaucoup d'efforts, de nombreux appels téléphoniques et il est parfois nécessaire de recourir à un·e ami pour soutenir notre démarche, mais cela est possible et vous en valez la peine! De plus, l'influence que peuvent avoir les visiteuses et visiteurs médicaux sur certain·es psychiatres peut contribuer à les induire en erreur, car ces personnes ne leur offrent pas des informations scientifiquement neutres, mais des informations visant à promouvoir un produit et donc hautement biaisées.
  3. Les psychiatres ne sont pas des expert·es sur tout. La plupart des psychiatres croient en la primauté de la biologie. La plupart ont une vision du monde mécaniste et matérialiste. Il est en effet probable que si vous avez un diagnostic de maladie mentale grave et que vous parlez à votre psychiatre d'expériences d'extases spirituelles, d'expériences mystiques, de pouvoirs psychiques ou d'expériences similaires, celles-ci seront perçues comme folles ou symptomatiques. Une façon de regagner du pouvoir est de réaliser que vous pouvez contrôler ce que vous partagez avec votre psychiatre et ce que vous choisissez de garder pour vous.
Un rendez-vous avec un·e psychiatre n'a pas à être une confession! Parlez de vos expériences mystiques avec des mystiques. Parlez avec de télépathie avec des médiums, etc.

Stratégie #4: Préparez la rencontre avec votre psychiatre.
  1. Établissez votre ordre du jour pour le rendez-vous. J'ai constaté qu'il était important d'établir mon propre ordre du jour pour un rendez-vous avec un·e psychiatre plutôt que de simplement réagir à ce qu'iel fait ou ne fait pas. Afin d'établir un ordre du jour, il est important de définir vos objectifs immédiats. Les objectifs possibles pourraient inclure le fait de commencer un traitement, de discuter d'un changement de traitement, de planifier une diminution du traitement, de planifier un sevrage de traitement, de contrôler les risques de dyskinésie tardive, de trouver une solution aux effets indésirables d'un médicament ou de rendre compte d'un test de médicament. Essayez, si possible, de vous fixer un objectif pour chaque rencontre.
  2. Soyez précis·e. Plus nous pouvons être précis·e sur ce qui nous préoccupe, plus nous pouvons exercer un contrôle lors d'un rendez-vous chez un·e psychiatre. Par exemple, si un·e psychiatre commence un rendez-vous en demandant: "Comment fonctionne ce nouveau médicament", une réponse vague serait: "Oh, ça m'aide un peu, je pense". Imaginez comment vous vous sentiriez empouvoiré·e si, au lieu de cela, vous étiez en mesure de répondre: "Eh bien, avant de commencer ce test de médicament, j'étais tellement déprimé·e que j'ai manqué sept jours de travail, passé 14 jours au lit et perdu 2 kg. Mais au cours des deux derniers mois, depuis que j'ai commencé à prendre le traitement et à utiliser de nouvelles stratégies d'affrontement, je n'ai manqué que deux jours de travail, j'ai repris le poids que j'avais perdu et je n'ai passé que quatre jours enfermé·e dans mon appartement". Remarquez comment ce niveau de spécificité vous met carrément à la place du ou de la conductrice de votre vie et positionne le ou la psychiatre en tant que co-investigatrice, au lieu d'être l'autorité sur votre vie. Arriver à être aussi précis·e peut sembler difficile, mais ce n'est pas le cas. Cela exige simplement d'apprendre comment noter quotidiennement le déroulement de votre test de traitement et/ou de soin de soi et que vous résumiez cette information avant de consulter votre psychiatre. J'ai développé un formulaire qui m'aide à organiser mes pensées et à mettre les choses par écrit. Une copie de ce guide de préparation au rendez-vous [en anglais] est disponible auprès du National Empowerment Center.
  3. Notez vos questions. Notez vos questions avant de consulter votre psychiatre. Apportez les questions avec vous à la réunion. D'après mon expérience, ces rendez-vous peuvent être stressants et le fait d'avoir mes questions déjà écrites me permet de me détendre un peu. Si vous envisagez d'essayer un nouveau médicament, assurez-vous de poser les questions suivantes:
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Comment saurai-je exactement si ce médicament est efficace pour moi?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Combien de temps faut-il avant de commencer à remarquer un effet de ce médicament?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Quels sont les effets indésirables ou les effets secondaires associés à ce médicament?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Si je ressens des effets secondaires indésirables, que dois-je faire?[/font]
    • [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Comment puis-je vous contacter si, au cours de cet essai de médicament, il y a des questions ou des préoccupations dont je veux vous faire part?[/font]
  4. Le jeu de rôle. Parfois, il peut être utile de jouer la scène avec un·e ami·e ou quelqu'un·e en qui vous avez confiance avant de voir votre psychiatre. Apprendre à parler à un·e psychiatre en ayant une position de pouvoir personnel est une compétence qui peut s’acquérir et doit être pratiquée. Soyez patient·e et donnez-vous du temps!

Stratégie #5: Prendre les commandes de l'entretien.


  1. [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Apportez un bloc-notes et un stylo à l'entretien. La plupart d'entre nous avons fait l'expérience troublante de parler à un·e psychiatre pendant qu'iel prend des notes que nous ne voyons jamais. Apporter son propre bloc-notes et son propre stylo et prendre ses propres notes est une bonne façon de rompre avec l'habitude d'être un ou une patiente passive. Cela vous donne quelque chose de concret et d'actif à faire pendant la réunion. La prise de note peut aussi vous aider à vous rappeler des points importants.[/font]
  2. [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Enregistrer l'entretien. Je peux devenir très anxieuse lorsque je m'entretiens avec un·e psychiatre ce qui fait que je passe à côté de beaucoup d'informations. Il m'est arrivé d'enregistrer des entretiens afin de pouvoir les écouter par la suite et recueillir l'information qui m'avait échappée. J'ai toujours demandé la permission avant d'enregistrer. Bien que certain·es psychiatres ne se sentent pas totalement à l'aise avec cette idée (iels craignent des poursuites judiciaires), tou·tes ont accepté après que j'ai expliqué les raisons pour lesquelles je voulais enregistrer la réunion.[/font]
  3. [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Annoncez votre ordre du jour au début de l'entretien. Si vous avez fait votre travail de préparation de l'entretien, alors vous savez ce que vous comptez tirer du rendez-vous avec votre psychiatre. Il m'est souvent arrivé de venir au rendez-vous avec deux exemplaires d'une page où étaient indiqués mon ordre du jour, mes inquiétudes et mes observations. J'en donne une copie au ou à la psychiatre et je commence la réunion en lisant cet exposé à haute voix. D'après mon expérience, la plupart des psychiatres s'opposent d'abord à ce que je commence de cette façon. Iels ont l'habitude de commencer les réunions avec leur propre ordre du jour, qui est habituellement vague et centré sur l'idée qu'iels vont m'observer en recherchant de potentiels signes et symptômes cliniques pendant que je réponds aux questions. Mais si j'insiste pour commencer la réunion par mon exposé en leur assurant qu'iels pourront ensuite parler, il se trouve qu'iels comprennent rapidement la valeur de ma préparation. En fait, certains des psychiatres avec qui je travaille conservent la copie de mon ordre du jour et de mon exposé et l'ajoutent au dossier clinique.[/font]
  4. [font=Arial, Helvetica, sans-serif]Amenez un·e ami·e ou un soutien. Beaucoup de gens amènent un·e ami·e ou une personne soutien lorsqu'iels voient un·e dentiste ou passent un examen physique. Ça à du sens d'amener un·e ami·e à un entretien avec un·e psychiatre, surtout lorsque vous sortez pour la première fois du rôle du patient ou de la patiente passive et que vous apprenez à regagner votre pouvoir.[/font]

Ces stratégies ont fonctionné pour moi. Prises dans leur ensemble, ces stratégies ont contribué à modifier l'équilibre du pouvoir entre moi et le psychiatre avec lequel je travaille. Peut-être que certaines de ces stratégies auront du sens pour vous. Je suis sûre que vous élaborerez également vos propres stratégies. Ce qui est important, c'est de réaliser que vous pouvez regagner votre pouvoir et prendre les commandes de votre propre rétablissement et de votre guérison.

FIN
 
je vais lire ça avec grand intérêt
 
je n'ai toujours pas lu mais

mon premeir conseil si vous avez des troubles psy et que vous vivez seul , la solitude est souvent un poison pour les individus. On reste tout de même une espèce de grand singe qui vit en communauté , normalement.

Donc avoir un animal de compagnie, des gens à qui parler c'est important.
[video=youtube]


Et si possible , de vivre ailleur que dans une cité de béton de style brutalisme soviétique
pour l'humeur notre cadre de vie est déterminant et c'est un fait scientifique. Parfois se barrer est salvateur du coup
 
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