jules7534
Neurotransmetteur
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Bonjour tout le monde !
Comme promis, voici mon retour d'expérience quant à l'usage de la psilocybine dans le cadre du traitement d'une dépression récalcitrante unipolaire lourde (= dépression normale mais grave). Je suis également diagnostiqué HPI-TDAH.
J'étais traité à la venlafaxine 75mg et avec une augmentation de 37,5mg durant 3 semaines en août (qui vient d'être inscrite dans une liste de médicaments à ne pas prescrire dans la revue Prescrire...).
Ce retour est incomplet (je le complèterai dans quelques temps lorsque j'aurai pris la 3è dose). L'écrit est constitué de façon la plus clinique possible (symptômes listés) afin de permettre à d'autres personnes souffrant de dépression ou à des psy de pouvoir se faire leur propre avis.
J'ai suivi le protocole du HUG de Genève : https://www.hug.ch/addictologie/psychotherapie-assistee-par-psychedeliques
à la différence que j'ai acheté des truffes et qu'il est donc impossible de connaître avec précision les dosages.
Mes symptômes étaient (sont) les suivants :
- énorme culpabilité
- difficulté à prendre de la distance suite à des traumas passés
- procrastination permanente
- colère régulière avec sentiment d'être maudit suite à une redondance d'événements
- tristesse et impuissance qui sont les causes des colères
- visionnage en boucle pendant des mois de vidéos sur internet
- perte des connaissances et savoir que j'avais accumulé
- difficultés à suivre des études (changement fréquents)
J'ai actuellement pris 2 doses à 5 semaines d'intervalle. Étant dans l'impossibilité d'aller en Suisse (c'est interdit aux personnes qui ne sont pas de nationalité Suisse), j'ai commandé des truffes sur internet. Le dosage ne correspond donc pas avec précision aux 15mg et 25mg préconisés par l'hôpital universitaire de Genève.
1ère dose : 15g ingérées de truffes. Effets : sympathiques. Pas d'effets visuels. Un pic de bonheur en visualisant une ex. Cela a duré 4h. Les effets ont été assez légers selon une amie qui en consomme à visée récréative. Je dirai que cela fait d'un space cake gentil.
J'ai arrêté la venlafaxine 10 jours avant la 1ere dose afin d'éviter un syndrome sérotoninergique.
Les semaines qui ont suivi ont été correctes. Toutefois, à partir de la 4è semaine, la dépression a repris son cours avec des pensées négatives, la colère et l'anxiété qui reviennent.
J'ai tout de même réussi à :
- arrêter les antidépresseurs
- trouver un job
- commencer les démarches pour me trouver un appartement
- concevoir le futur
- savoir ce qui me rendrait vraiment heureux MOI et tant pis pour le regard des autres (je travaille dans le milieu associatif et politique écologique et c'était un peu LA chose à faire pour moi que de me préoccuper du bien de la planète) : vivre au bord de la mer.
En sentant les symptômes dépressifs revenir, j'ai donc pris la seconde dose.
Seconde dose : comme la 1ère était plutôt light niveau effet, j'ai pris 30g de truffes (alors que le HUG cible 25mg)
Effets : puissants, sensations de comprendre le monde comme une immense cellule eucaryote suspendue dans l'univers caressée par les vents solaires, des images magnifiques et un bonheur absolu. Décrire en détail ce que j'ai ressenti relève de l'impossible : soit j'ignore les mots adéquats, soit cela serait de toute évidence vide de sens tant les émotions et les sensations étaient au-delà de mon champ de connaissance.
Cette expérience sera pour moi un rappel permanent : je sais qu'il existe la possibilité d'échapper à la souffrance de notre monde, à sa soif inepte de concurrence, de surconsommation et d'exploitation.
Le lendemain, j'étais très fatigué (en même temps j'ai fait le voyage de nuit...). J'avais rendez-vous pour un colloque avec l'un de mes supérieurs hiérarchiques. De très bonnes expériences humaines : j'ai réussi à parler à différentes personnes, à ne pas avoir honte de moi etc. J'ai également osé me montrer en colère contre mon supérieur hiérarchique alors que d'habitude je ne dis rien dans le cadre professionnel.
Quelques jours après le colloque et suite à de nombreuses inquiétudes quant à la gestion des ressources humaines et à la capacité organisationnelle de la structure qui m'employait, j'ai décidé de mettre un terme à mon contrat.
C'est la 1ère fois de ma vie que je démissionne suite à à une insatisfaction (les 2 autres fois c'était pour déménagement).
J'ai pris le courage d'expliquer en long et en large pourquoi et quels points ils devaient améliorer s'ils souhaitaient donner une forme professionnelle à leur organisation.
A aucun moment, je n'ai ressenti de la culpabilité de laisser tomber cette structure -qui pourtant a une vocation noble-. Je me promenais dans les rues, heureux de ce que j'observais, détaché de mes pensées.
Cet état a duré deux semaines je dirai. Baisse durant 2 semaines. Cela fait maintenant quelques jours où je me sens bien (vraiment).
Malheureusement, le manque d'activité me fait à nouveau rester chez moi et donc les habitudes de fuites reprennent le dessus : visionnage de stupidités à répétition. Le fait de démissionner a également cassé ma dynamique pour trouver un logement (plus de salaire). J'ai connu des moments de détresse mais peu d'envie suicidaire.
Néanmoins, j'ai réussi à :
- postuler à quelques offres d'emplois
- effectuer des démarches administratives alors que j'en suis phobique
- envoyer des messages sympas à quelques personnes que j'ai perdu de vue avec la dépression
- retrouver de l'espoir
- concevoir le futur
- décider -je pense- d'arrêter de travailler dans le milieu associatif et politique qui est pour moi une source de tensions permanentes (c'est compliqué de se faire des amis dans le milieu politique même si on est aligné quant au système organisationnel que nous souhaitons mettre en place)
- prise de distance par rapport aux catastrophes écologiques (cela va arriver, je ne peux rien y faire, et si je pensais à moi ?)
- démarcher une université pour connaître les conditions de reprise d'études dans un autre domaine
- répondre calmement à 3 personnes qui utilisent de la violence verbale pour communiquer dans la vie privée (même si pas réussi pour une opposante politique qui faisait du lobbying pour ses intérêts personnels)
- regarder la possibilité de faire un break vacances
- fait des massages pour retrouver la possession de mon corps (2 ans sans relation sexuelle... et je suis jeune et plutôt BG, en toute modestie)
- oser boire un verre dans un café où un serveur m'a fait une agression sexuelle
- je me soucis beaucoup moins du regard des autres : si on ne m'apprécie pas parce que émotionnellement c'est parfois compliqué pour moi, c'est leur problème finalement. J'ai donc moins de culpabilité et ... moins d'instabilité émotionnelle
- envie d'écrire à nouveau
- lire 3 livres (c'est encore peu mais c'est autant que l'année précédente)
- une plus grande connexion à l'environnement qui demeure dès que j'arrive à sortir d'un périmètre de 10mn autour de mon lieu de vie
- des moments d'espoir ressentis émotionnellement
- plus grande facilité à accepter l'échec
Ces résultats ont été obtenus alors que je n'ai vu mon psy que 3 fois en 4 mois et demie alors que j'avais une fréquence d'une séance / semaine. Cette diminution des séances est la résultante des grippes qui nous ont frappé deux fois chacun.
Ces réussites sont similaires à ce que j'ai réussi à faire lorsque j'étais sous médicamentation. Le quotidien est moins confortable que lorsque j'étais sous anti-dépresseurs, toutefois je n'ai pas les désagréments afférents (ralentissement psycho-moteur, absence de libido, mollesse).
J'ai tout de même encore beaucoup de difficulté pour mettre en place les choses dans ma vie personnelle et ma phobie sociale persiste quoi que je suis en train de mettre en œuvre des outils pour y remédier.
A vue de nez, je dirai que mes symptômes dépressifs ont diminué de 50% mais ils demeurent.
Je m'apprête à prendre la 3è dose (30g) en espérant que cette fois, je pourrais enfin être heureux.
Si d'aventure cela ne fonctionne pas, je tenterai soit le micro-dosing, soit une reprise d'anti-dépresseur.
En conclusion, je pense que la psilocybine est suffisante en elle-même à condition d'avoir rempli certaines conditions comme :
- avoir un logement
- avoir des activités pour rencontrer des gens (l'essentiel de mes échanges humains sont par sms et je vois en moyenne 1 personne tous les 10 jours : cela n'aide pas).
Je suis presque certain que si ces 2 points étaient résolus, je pourrais vivre normalement. Le micro-dosing pourrait éventuellement me permettre de trouver des solutions pour mon lieu de vie et la mise en place d'activité.
Comme promis, voici mon retour d'expérience quant à l'usage de la psilocybine dans le cadre du traitement d'une dépression récalcitrante unipolaire lourde (= dépression normale mais grave). Je suis également diagnostiqué HPI-TDAH.
J'étais traité à la venlafaxine 75mg et avec une augmentation de 37,5mg durant 3 semaines en août (qui vient d'être inscrite dans une liste de médicaments à ne pas prescrire dans la revue Prescrire...).
Ce retour est incomplet (je le complèterai dans quelques temps lorsque j'aurai pris la 3è dose). L'écrit est constitué de façon la plus clinique possible (symptômes listés) afin de permettre à d'autres personnes souffrant de dépression ou à des psy de pouvoir se faire leur propre avis.
J'ai suivi le protocole du HUG de Genève : https://www.hug.ch/addictologie/psychotherapie-assistee-par-psychedeliques
à la différence que j'ai acheté des truffes et qu'il est donc impossible de connaître avec précision les dosages.
Mes symptômes étaient (sont) les suivants :
- énorme culpabilité
- difficulté à prendre de la distance suite à des traumas passés
- procrastination permanente
- colère régulière avec sentiment d'être maudit suite à une redondance d'événements
- tristesse et impuissance qui sont les causes des colères
- visionnage en boucle pendant des mois de vidéos sur internet
- perte des connaissances et savoir que j'avais accumulé
- difficultés à suivre des études (changement fréquents)
J'ai actuellement pris 2 doses à 5 semaines d'intervalle. Étant dans l'impossibilité d'aller en Suisse (c'est interdit aux personnes qui ne sont pas de nationalité Suisse), j'ai commandé des truffes sur internet. Le dosage ne correspond donc pas avec précision aux 15mg et 25mg préconisés par l'hôpital universitaire de Genève.
1ère dose : 15g ingérées de truffes. Effets : sympathiques. Pas d'effets visuels. Un pic de bonheur en visualisant une ex. Cela a duré 4h. Les effets ont été assez légers selon une amie qui en consomme à visée récréative. Je dirai que cela fait d'un space cake gentil.
J'ai arrêté la venlafaxine 10 jours avant la 1ere dose afin d'éviter un syndrome sérotoninergique.
Les semaines qui ont suivi ont été correctes. Toutefois, à partir de la 4è semaine, la dépression a repris son cours avec des pensées négatives, la colère et l'anxiété qui reviennent.
J'ai tout de même réussi à :
- arrêter les antidépresseurs
- trouver un job
- commencer les démarches pour me trouver un appartement
- concevoir le futur
- savoir ce qui me rendrait vraiment heureux MOI et tant pis pour le regard des autres (je travaille dans le milieu associatif et politique écologique et c'était un peu LA chose à faire pour moi que de me préoccuper du bien de la planète) : vivre au bord de la mer.
En sentant les symptômes dépressifs revenir, j'ai donc pris la seconde dose.
Seconde dose : comme la 1ère était plutôt light niveau effet, j'ai pris 30g de truffes (alors que le HUG cible 25mg)
Effets : puissants, sensations de comprendre le monde comme une immense cellule eucaryote suspendue dans l'univers caressée par les vents solaires, des images magnifiques et un bonheur absolu. Décrire en détail ce que j'ai ressenti relève de l'impossible : soit j'ignore les mots adéquats, soit cela serait de toute évidence vide de sens tant les émotions et les sensations étaient au-delà de mon champ de connaissance.
Cette expérience sera pour moi un rappel permanent : je sais qu'il existe la possibilité d'échapper à la souffrance de notre monde, à sa soif inepte de concurrence, de surconsommation et d'exploitation.
Le lendemain, j'étais très fatigué (en même temps j'ai fait le voyage de nuit...). J'avais rendez-vous pour un colloque avec l'un de mes supérieurs hiérarchiques. De très bonnes expériences humaines : j'ai réussi à parler à différentes personnes, à ne pas avoir honte de moi etc. J'ai également osé me montrer en colère contre mon supérieur hiérarchique alors que d'habitude je ne dis rien dans le cadre professionnel.
Quelques jours après le colloque et suite à de nombreuses inquiétudes quant à la gestion des ressources humaines et à la capacité organisationnelle de la structure qui m'employait, j'ai décidé de mettre un terme à mon contrat.
C'est la 1ère fois de ma vie que je démissionne suite à à une insatisfaction (les 2 autres fois c'était pour déménagement).
J'ai pris le courage d'expliquer en long et en large pourquoi et quels points ils devaient améliorer s'ils souhaitaient donner une forme professionnelle à leur organisation.
A aucun moment, je n'ai ressenti de la culpabilité de laisser tomber cette structure -qui pourtant a une vocation noble-. Je me promenais dans les rues, heureux de ce que j'observais, détaché de mes pensées.
Cet état a duré deux semaines je dirai. Baisse durant 2 semaines. Cela fait maintenant quelques jours où je me sens bien (vraiment).
Malheureusement, le manque d'activité me fait à nouveau rester chez moi et donc les habitudes de fuites reprennent le dessus : visionnage de stupidités à répétition. Le fait de démissionner a également cassé ma dynamique pour trouver un logement (plus de salaire). J'ai connu des moments de détresse mais peu d'envie suicidaire.
Néanmoins, j'ai réussi à :
- postuler à quelques offres d'emplois
- effectuer des démarches administratives alors que j'en suis phobique
- envoyer des messages sympas à quelques personnes que j'ai perdu de vue avec la dépression
- retrouver de l'espoir
- concevoir le futur
- décider -je pense- d'arrêter de travailler dans le milieu associatif et politique qui est pour moi une source de tensions permanentes (c'est compliqué de se faire des amis dans le milieu politique même si on est aligné quant au système organisationnel que nous souhaitons mettre en place)
- prise de distance par rapport aux catastrophes écologiques (cela va arriver, je ne peux rien y faire, et si je pensais à moi ?)
- démarcher une université pour connaître les conditions de reprise d'études dans un autre domaine
- répondre calmement à 3 personnes qui utilisent de la violence verbale pour communiquer dans la vie privée (même si pas réussi pour une opposante politique qui faisait du lobbying pour ses intérêts personnels)
- regarder la possibilité de faire un break vacances
- fait des massages pour retrouver la possession de mon corps (2 ans sans relation sexuelle... et je suis jeune et plutôt BG, en toute modestie)
- oser boire un verre dans un café où un serveur m'a fait une agression sexuelle
- je me soucis beaucoup moins du regard des autres : si on ne m'apprécie pas parce que émotionnellement c'est parfois compliqué pour moi, c'est leur problème finalement. J'ai donc moins de culpabilité et ... moins d'instabilité émotionnelle
- envie d'écrire à nouveau
- lire 3 livres (c'est encore peu mais c'est autant que l'année précédente)
- une plus grande connexion à l'environnement qui demeure dès que j'arrive à sortir d'un périmètre de 10mn autour de mon lieu de vie
- des moments d'espoir ressentis émotionnellement
- plus grande facilité à accepter l'échec
Ces résultats ont été obtenus alors que je n'ai vu mon psy que 3 fois en 4 mois et demie alors que j'avais une fréquence d'une séance / semaine. Cette diminution des séances est la résultante des grippes qui nous ont frappé deux fois chacun.
Ces réussites sont similaires à ce que j'ai réussi à faire lorsque j'étais sous médicamentation. Le quotidien est moins confortable que lorsque j'étais sous anti-dépresseurs, toutefois je n'ai pas les désagréments afférents (ralentissement psycho-moteur, absence de libido, mollesse).
J'ai tout de même encore beaucoup de difficulté pour mettre en place les choses dans ma vie personnelle et ma phobie sociale persiste quoi que je suis en train de mettre en œuvre des outils pour y remédier.
A vue de nez, je dirai que mes symptômes dépressifs ont diminué de 50% mais ils demeurent.
Je m'apprête à prendre la 3è dose (30g) en espérant que cette fois, je pourrais enfin être heureux.
Si d'aventure cela ne fonctionne pas, je tenterai soit le micro-dosing, soit une reprise d'anti-dépresseur.
En conclusion, je pense que la psilocybine est suffisante en elle-même à condition d'avoir rempli certaines conditions comme :
- avoir un logement
- avoir des activités pour rencontrer des gens (l'essentiel de mes échanges humains sont par sms et je vois en moyenne 1 personne tous les 10 jours : cela n'aide pas).
Je suis presque certain que si ces 2 points étaient résolus, je pourrais vivre normalement. Le micro-dosing pourrait éventuellement me permettre de trouver des solutions pour mon lieu de vie et la mise en place d'activité.