Acromyrex
Fouri croonde
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- 19/5/14
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B
onjour à qui viendra lire par ici,
Petite introduction pour placer le contexte : je suis une femme de 20 piges, 1,73m pour 63kg. Trois autres protagonistes prennent place dans ce récit : Jeanne, une amie qui a quelques fois ces derniers mois eu l'occasion de prendre de la D et qui est celle qui m'en a parlé, Bob, un ami à elle que j'ai rencontré le soir même c'est-à-dire samedi dernier, et Clovis, un ami à qui j'ai demandé d'être présent juste au cas où cela se passerait mal, puisque Jeanne m'a dit n'être pas sûre d'être en état de me sitter. La soirée commence à 23h, y'a une scène qui va passer de la psytranse jusqu'à 6h, et un truc de daube à côté. Complète néophyte pas fana de ce genre de soirée, je suis pourtant dans les meilleures dispositions possibles : impatiente, grave envie d'entendre des basses taper fort et danser, en confiance vu l'entourage, en confiance vu les renseignements acquis par de longues heures de lectures.
Développement : L'après-midi, je checke en envoyant un SMS à Jeanne la quantité qu'il y aura dans le para ou la gélule, elle me répond qu'ils l'ont déjà faite, qu'il y a 100mg puis une autre de 150mg. Boarf. La deuxième est inutile. Je redroperai pas. J'avais songé prendre 80 ou 90, mais 100 c'est encore tout à fait raisonnable. Ca conviendra. Clovis passe me chercher et un peu avant 23h on est sur place. On discute, il boit un peu de vodka-pomme, Jeanne arrive. On attend Bob, on continue de discuter, Bob arrive. La file n'avance pas du tout pendant super longtemps, j'vous passe les détails peu intéressants, disons qu'on est à l'intérieur vers 00h20 je pense. Vestiaire, bouteille d'eau achetée, une autre vodka-pomme pour Clovis. La musique me semble pas mal, juste trop lente, mais je tape déjà un peu du pied. Le temps de monter à l'étage, il est 00h40, heure à laquelle l'on me glisse une gélule bicolore dans la main en me demandant si ça va, si je suis pas trop stressée, et Bob me disant : il y a 150mg, c'est de la bonne, mais tu vas voir, ça va bien se passer. Et voilà qu'il m'aura pas fallu plus d'une prise pour pisser sur la RdR et me dire : no soucy, je gère. On continue gentimment de me distiller des infos : normalement la montée va durer peut-être 20 minutes, le premier signe en général c'est les jambes qui flageollent, c'est là que tu auras le plus de mal à contrôler ce qui se passe, et ensuite plateau de 3 ou 4h.
Jeanne a gobé un peu avant moi. On dançouille, Jeanne, Clovis et moi on descend, on s'approche de la scène. Jeanne va aux toilettes "avant de plus pouvoir", et les deux types devant, avec leurs pupilles dilattées demandent un chewing-gum. Après quelques efforts, le paquet caché au fin fond des poches de Clovis fait surface. Ils sont contents. Ils se retournent, disent qu'en plus ces machins ont bon goût. Jeanne revient, trouve qu'il commence à faire chaud. Je trouve aussi, mais j'ai l'impression que c'est juste qu'il y a plus de monde et plus de monde qui danse. Elle évoque l'hypothèse que ce soit un peu placebo parce qu'elle sait à quoi s'attendre. On continue de dançouiller. Clovis me fait part de sa grande théorie sur le fait que tout ça ressemble à la matrice, qu'on y est libre de faire ce qu'on veut quand on veut et que de toutes façons personne ne nous connaît et on connaît personne. Il y a une grande black qui danse, les lunettes de soleil noires vissées sur le nez, et des dreads super longues. C'est un peu notre Morpheus. Deux types discutent, à propos de leur para, et espèrent que ça va continuer à monter. Nous on retourne sur la mezzanine où c'est un poil plus calme. Jeanne sent que ça commence à faire effet, moi pas. Elle note qu'un ersatz de vasoconstriction commence et ses bras partent un peu en couilles dans des gestes qui ne trompent pas. J'me dis que sinon, c'est pas grave, ça me fera rien et puis on ré-essaiera un autre jour... folle que j'étais.
Je ferme les yeux, et la persistance des lumières sous mes paupières est sympa, j'me demande même un instant si j'serais pas en train d'avoir des visus, avant de faire le point et d'me sentir normale. 1h23, soit quelques minutes après Jeanne, je me sens légère. LE-GE-RE. J'ai une grande conscience de mon corps dans l'espace. Dans mon champ de vision tout est plus contrasté. Je souris, toute surprise, et j'leur dis : je crois que ça commence. La montée c'est un moment tout bizarre. On alterne l'effet s'amplifie s'amplifie, et de tout petits paliers de quelques secondes où ça stagne, et j'ai sacrément sentie la différence. Ca me faisait penser à ces rêves où je tombais quand j'étais plus petite, et où je pouvais choisir d'm'arrêter, et où la sensation était presque plus présente à l'arrêt. Bref. A partir de là, ça devient flou. J'suis pas sûre de l'ordre dans lequel les évènements s'produisent, donc j'vais essayer de décrire les nombreuses anecdotes de la façon la plus compréhensible possible.
Pendant la montée qui a eu l'air de durer super longtemps, c'est assez incroyable. Involontairement, j'me touche le visage, et oh-mon-dieu. Et ça ça n'arrête pas, j'arrête pas de vouloir parler pour tout commenter à grande renfort d'onomatopées, et de superlatifs. Je suis béate, et je souris tout le temps. Une des premières choses que je remarque, et Jeanne me l'avait dit, c'est que je reste très consciente de ce qui se passe. J'ai des frissons qui partent de mes jambes, remontent, restent super longtemps à la surface de mon crâne. Mais pas vraiment plus chaud, ni l'impression d'avoir le coeur qui s'emballe, ni la machoire qui part en vrille. On m'dit que pour cette dernière ça arrivera plutôt vers la fin. On prend en photo mes pupilles. Jeanne me tourne vers la scène, et me dit de regarder. C'est tout à fait différent du monde les yeux fermés, que je contemplerai la majeure partie de la soirée, mais c'est pas mal impressionnant. Bob passe ses mains dans mes cheveux, et chaque endroit qu'il touche se met à de nouveau frissonner et la sensation reste longtemps. Je ferme les yeux. Jeanne et Bob qui commentent : c'est une tactile ! S'ils le disent, en tous cas, j'dois m'émerveiller encore d'une chose incroyable : danser. Juste dan-ser.
Autour de moi ça a tendance à marquer les temps du morceau qui passe, genre danse saccadée. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu comprendre, mais là... OH-MON-DIEU, pas le moins du monde. A cent milles lieux de tout ça, je fais des gestes tout lents. Non en fait, je ne fais pas de gestes, je n'ai pas le choix, mes yeux sont fermés, et c'est la musique qui déforme l'espace, liquide, et qui ne laisse qu'un parcours cloisonné à mes membres. Il n'y a qu'une seule façon de danser, et c'est de se caler sur ce rythme lent, langoureux, fluide, sur l'enveloppe de la musique. Mes mains le long de mes joues, de mes tempes, de mes cheveux, qui remontent, redescendent, et mon corps tout entier qui danse, extrêmement lentement. J'ouvre les yeux, m'exclame de nouveau. J'avais lu ça sur le forum, que c'qu'était cool avec la transe, c'était les deux niveaux d'interprétation. J'avais juste pas compris du tout. Là c'est très clair, et je préfère cette façon là de saisir ce que j'entends, à peu près un milliard de fois. J'ai l'impression paradoxale qui va me rester toute la soirée d'être à la fois jolie et très ridicule, d'avoir l'air idiote. Clovis me dit que j'ai l'air trop fraîche. J'me tourne vers Bob qui marque particulièrement les temps, qui a l'air d'avoir l'habitude, et j'lui lance : mais non, la musique elle fait pas comme ça, elle fait comme ça... en joignant le geste à la parole. Il sourit : tu kiffes la musique comme tu veux. Puis : c'est magique aussi, quand c'est correctement fait, et que tu peux te dechainer autrement. J'lui rétorque que j'essaierai peut-être plus tard, pas convaincue. Et je danse.
J'attrape le bras de Jeanne, la main de Jeanne, et suis étonnée, la sensation en elle-même n'est pas transcendante, mais j'en avais tellement envie que ça m'fait plaisir. Et le reste de la soirée continuera comme ça, je touche Jeanne ou Clovis, très naturellement, juste parce que j'en ai envie, du coup c'est agréable, et que ça n'a pas l'air de les déranger. En bousculant un peu les gens en changeant d'endroit, j'me rends compte aussi que plus facilement je prends appui avec mes mains sur leur dos ou leur épaule pour avancer, alors que je suis pas fada de contact humain dans une foule. Et les autres faisant la même chose ça n'me dérange pas.
Plusieurs fois on m'entendra dire : mais ça monte encore, quand est-ce que ça s'arrête ? En souriant. Jusqu'à juste avant le plateau où j'ai eu un peu peur.
Plusieurs fois j'interpellerai Clovis en l'attrapant par le visage et en lui hurlant dans l'oreille droite : ça va ? Comme il avait simplement bu de l'alcool, que j'étais désolée pour lui qu'il ne puisse pas expérimenter la D par ma faute, que j'avais l'impression qu'il s'amusait pas tellement, ça me turlupinait. Il répondait invariablement : t'inquiètes pas pour moi. En compensation, j'lui tenais la chemise ou la main en lui affirmant que comme ça il resterait connecté. A chaque fois que la musique diminuait, tout le monde autour partait dans des grands "Aaaaaaah !" et des mains levées vers la scène, alors Clovis se mettait à crier : ce mec est un génie ! De façon plus ou moins sérieuse. J'ai du lui répondre une fois que j'en avais aucune idée, que ça aurait pu être de la merde que j'm'en serais pas rendu compte. Du coup j'ai demandé à Bob ce qu'il en était, et il m'a dit que c'était pas mal.
J'ai pas spécialement aimé tout le monde. Si j'ai fermé les yeux c'est qu'au contraire, la plupart des gens me stressait. Ils étaient tous tellement fait que ça m'faisait un peu flipper. J'ai des images en tête d'un type énorme à la mâchoire super carrée qui dansait un coup sur le pied gauche, un coup à droite, pas très rassurant. D'autres assis la tête dans les mains. D'un vieux qui marchait au milieu des autres. D'une nana qui dansait en regardant dans le vide, complètement à l'ouest. De ce type relou qu'est venu nous voir deux fois : il avait pas de bouteille d'eau, et il voulait aller nous la remplir en nous laissant son téléphone en gage. J'l'ai convaincu que c'était complètement stupide, qu'il aurait plus à y perdre que nous s'il nous retrouvait pas. Il est re-venu sans proposer quoi que ce soit en retour. J'lui ai dit qu'il aurait du investir au début de la soirée ça vaut tellement le coup (on est pas des monstres, dès que les gens voulait boire une gorgée, lui compris, on leur filait). On m'a proposée de redrop vers 2h30 j'pense, j'ai dit non.
J'ai fait un black-out d'un temps indéterminé. J'me suis "réveillée" et en regardant la scène, y'avait bien 4 types qui dansaient qu'étaient pas là la dernière fois, et tout avait pris une tournure un peu plus "folle". L'un d'entre eux étaient torse nu. Trois filles étaient montées sur les épaules d'autres types pour y danser. Il n'y en avait qu'une la dernière fois, et j'avais fait la réflexion que j'comprenais pas pourquoi on accepterait de prendre quelqu'un comme ça, c'est super chiant. Un type l'a proposé à Jeanne qui est rapidement descendue. J'ai ajouté : sauf si c'est pour avoir Jeanne sur ses épaules. J'ai regardé Clovis il avait l'air d'avoir bien bu alors j'l'attrape et lui demande c'qu'il en est : j'en ai bu deux de plus depuis tout à l'heure. Petit moment de réflexion, quand est-ce que c'était tout à l'heure ? Pourquoi je l'ai pas vu partir ? Mais j'ai laissé tomber les questions en me disant que j'y réfléchirai plus tard.
On a croisé du monde que Jeanne connaissait : un type qu'on a vu quelques fois et qui lui mettait les mains sur les épaules et lui disait :Jeanne elle est tellement belle ! Il était tout rouge, avait l'air épuisé, les yeux tombant ; une fille aux cheveux verts courts et aux lèvres toutes rouges que j'ai complimenté sur ses cheveux ; un type à la barrière quand on est sorti parce que Jeanne a eu un peu de mal à gérer ce qu'elle avait pris, qu'était là avec un pote depuis deux heures, on leur avait dit que y'avait plus de places alors qu'ils étaient sur le point de rentrer, ils voulaient de la C... J'ai cru l'avoir croisé plus tard, m'expliquant qu'ils étaient entrés par une porte noire à un moment sans trop comprendre ce qui s'passait... En en discutant avec les autres, ça n'est jamais arrivé. Quand Jeanne allait pas bien, j'me souviens vaguement que Bob disait ne rien pouvoir faire pour elle, et j'l'ai vaguement engueulé en prenant la tête de Jeanne et en lui répétant plusieurs fois que ça irait bien, tout irait bien.
Dernière anecdote de la soirée qui m'a bien faite rire. Un type emmerde Jeanne. Il me tape sur l'épaule et me fait : elle a dit que ça l'intéressait pas, qu'elle était lesbienne. J'lui réponds : c'est vrai, avant d'embrasser Jeanne. Le type s'est barré en disant qu'on savait pas s'embrasser, en train de rager. x)
Descente puis jours suivants : à 4h du matin je n'en peux plus, je suis descendue d'un coup, tout à fait claire dans ma tête, plus d'effets avec la musique ou d'envie de toucher les autres. Je suis blasée de chez blasée. Les gens me paraissent d'autant plus glauques que j'ai plus rien à apprécier. Le DJ est moins bon, je crois. Je réfléchis au début de soirée en souriant jaune, j'suis passée de "tout le monde devrait essayer ça", "comment c'est possible de ne pas aimer la D", "je suis contente d'avoir été élevée de telle façon que je ne refuse pas en bloc ce genre de choses", à "qu'est-ce que c'était vain", et autres joyeusetés de "je n'en prendrais plus jamais tellement c'était horrible par certains aspects". C'pas de la tristesse. Tout est net et creux. Je cherche Clovis, dis à Jeanne qu'on se barre, qu'elle profite du reste de sa soirée mais que je sature. Arrivée près de chez mon copain, j'demande à Clovis de rester un peu pour discuter, je sais que j'peux pas dormir. A 5h j'me barre. Nuit courte et agitée où j'arrête pas de me lever. Pas de vasoconstriction. A 10h j'suis levée pour de bon.
La journée mon moral fait des vagues, j'suis toujours en mode un peu blasée, j'repasse le fil des évènements dans ma tête en essayant d'analyser ce qui s'est passé. J'ai des remontées courtes de produit qui sont désagréables au possible, l'impression d'avoir la nausée sans vomir. Mais j'suis toujours pas très triste juste un peu à fleur de peau. Ma mâchoire va bien, rien du tout à signaler, et l'appétit aussi. Le soir, tachycardie qui m'empêche de m'endormir facilement, nuit de 8h. Le lendemain état un peu pire psychologiquement mais plus facile physiquement. Pas de soucis pour dormir. Et hier malgré la fatigue très très présente contrairement aux deux autres jours, ça va vraiment bien. Nuit dernière excellente, pleine de rêves, d'un sommeil profond, 10 bonnes heures agréables. Je diabolise moins mon expérience, j'avais pas pensé que ce serait ça l'arrêt de l'effet euphorisant du produit.
Il va me falloir un peu de temps pour digérer, j'continue de trouver cette façon de pouvoir danser incroyable. La prochaine fois (dans bien quelques mois), j'aimerai être en comité réduit, dans un endroit plus rassurant, avec de la musique choisit, et avec une dose un peu moins forte. Le dosage était déjà trop hard pour une première fois pour que j'arrive pas à comprendre ceux qui supportent de redrop pour leur dépucelage... é_è
En espérant que vous vous soyez pas trop fait chier à lire !
Et que ça puisse être un témoignage de plus utile à ceux qui en cherchent !
/!\ ce qui suit risque d'être long et très détaillé ;
/!\ cela n'a pas valeur de généralité, il s'agit de ma simple expérience.
Edition du 10/12/14 : /!\ pour comprendre les réponses à ce message Clovis c'est A., Bob c'est N., et Jeanne c'est E..
Petite introduction pour placer le contexte : je suis une femme de 20 piges, 1,73m pour 63kg. Trois autres protagonistes prennent place dans ce récit : Jeanne, une amie qui a quelques fois ces derniers mois eu l'occasion de prendre de la D et qui est celle qui m'en a parlé, Bob, un ami à elle que j'ai rencontré le soir même c'est-à-dire samedi dernier, et Clovis, un ami à qui j'ai demandé d'être présent juste au cas où cela se passerait mal, puisque Jeanne m'a dit n'être pas sûre d'être en état de me sitter. La soirée commence à 23h, y'a une scène qui va passer de la psytranse jusqu'à 6h, et un truc de daube à côté. Complète néophyte pas fana de ce genre de soirée, je suis pourtant dans les meilleures dispositions possibles : impatiente, grave envie d'entendre des basses taper fort et danser, en confiance vu l'entourage, en confiance vu les renseignements acquis par de longues heures de lectures.
Développement : L'après-midi, je checke en envoyant un SMS à Jeanne la quantité qu'il y aura dans le para ou la gélule, elle me répond qu'ils l'ont déjà faite, qu'il y a 100mg puis une autre de 150mg. Boarf. La deuxième est inutile. Je redroperai pas. J'avais songé prendre 80 ou 90, mais 100 c'est encore tout à fait raisonnable. Ca conviendra. Clovis passe me chercher et un peu avant 23h on est sur place. On discute, il boit un peu de vodka-pomme, Jeanne arrive. On attend Bob, on continue de discuter, Bob arrive. La file n'avance pas du tout pendant super longtemps, j'vous passe les détails peu intéressants, disons qu'on est à l'intérieur vers 00h20 je pense. Vestiaire, bouteille d'eau achetée, une autre vodka-pomme pour Clovis. La musique me semble pas mal, juste trop lente, mais je tape déjà un peu du pied. Le temps de monter à l'étage, il est 00h40, heure à laquelle l'on me glisse une gélule bicolore dans la main en me demandant si ça va, si je suis pas trop stressée, et Bob me disant : il y a 150mg, c'est de la bonne, mais tu vas voir, ça va bien se passer. Et voilà qu'il m'aura pas fallu plus d'une prise pour pisser sur la RdR et me dire : no soucy, je gère. On continue gentimment de me distiller des infos : normalement la montée va durer peut-être 20 minutes, le premier signe en général c'est les jambes qui flageollent, c'est là que tu auras le plus de mal à contrôler ce qui se passe, et ensuite plateau de 3 ou 4h.
Jeanne a gobé un peu avant moi. On dançouille, Jeanne, Clovis et moi on descend, on s'approche de la scène. Jeanne va aux toilettes "avant de plus pouvoir", et les deux types devant, avec leurs pupilles dilattées demandent un chewing-gum. Après quelques efforts, le paquet caché au fin fond des poches de Clovis fait surface. Ils sont contents. Ils se retournent, disent qu'en plus ces machins ont bon goût. Jeanne revient, trouve qu'il commence à faire chaud. Je trouve aussi, mais j'ai l'impression que c'est juste qu'il y a plus de monde et plus de monde qui danse. Elle évoque l'hypothèse que ce soit un peu placebo parce qu'elle sait à quoi s'attendre. On continue de dançouiller. Clovis me fait part de sa grande théorie sur le fait que tout ça ressemble à la matrice, qu'on y est libre de faire ce qu'on veut quand on veut et que de toutes façons personne ne nous connaît et on connaît personne. Il y a une grande black qui danse, les lunettes de soleil noires vissées sur le nez, et des dreads super longues. C'est un peu notre Morpheus. Deux types discutent, à propos de leur para, et espèrent que ça va continuer à monter. Nous on retourne sur la mezzanine où c'est un poil plus calme. Jeanne sent que ça commence à faire effet, moi pas. Elle note qu'un ersatz de vasoconstriction commence et ses bras partent un peu en couilles dans des gestes qui ne trompent pas. J'me dis que sinon, c'est pas grave, ça me fera rien et puis on ré-essaiera un autre jour... folle que j'étais.
Je ferme les yeux, et la persistance des lumières sous mes paupières est sympa, j'me demande même un instant si j'serais pas en train d'avoir des visus, avant de faire le point et d'me sentir normale. 1h23, soit quelques minutes après Jeanne, je me sens légère. LE-GE-RE. J'ai une grande conscience de mon corps dans l'espace. Dans mon champ de vision tout est plus contrasté. Je souris, toute surprise, et j'leur dis : je crois que ça commence. La montée c'est un moment tout bizarre. On alterne l'effet s'amplifie s'amplifie, et de tout petits paliers de quelques secondes où ça stagne, et j'ai sacrément sentie la différence. Ca me faisait penser à ces rêves où je tombais quand j'étais plus petite, et où je pouvais choisir d'm'arrêter, et où la sensation était presque plus présente à l'arrêt. Bref. A partir de là, ça devient flou. J'suis pas sûre de l'ordre dans lequel les évènements s'produisent, donc j'vais essayer de décrire les nombreuses anecdotes de la façon la plus compréhensible possible.
Pendant la montée qui a eu l'air de durer super longtemps, c'est assez incroyable. Involontairement, j'me touche le visage, et oh-mon-dieu. Et ça ça n'arrête pas, j'arrête pas de vouloir parler pour tout commenter à grande renfort d'onomatopées, et de superlatifs. Je suis béate, et je souris tout le temps. Une des premières choses que je remarque, et Jeanne me l'avait dit, c'est que je reste très consciente de ce qui se passe. J'ai des frissons qui partent de mes jambes, remontent, restent super longtemps à la surface de mon crâne. Mais pas vraiment plus chaud, ni l'impression d'avoir le coeur qui s'emballe, ni la machoire qui part en vrille. On m'dit que pour cette dernière ça arrivera plutôt vers la fin. On prend en photo mes pupilles. Jeanne me tourne vers la scène, et me dit de regarder. C'est tout à fait différent du monde les yeux fermés, que je contemplerai la majeure partie de la soirée, mais c'est pas mal impressionnant. Bob passe ses mains dans mes cheveux, et chaque endroit qu'il touche se met à de nouveau frissonner et la sensation reste longtemps. Je ferme les yeux. Jeanne et Bob qui commentent : c'est une tactile ! S'ils le disent, en tous cas, j'dois m'émerveiller encore d'une chose incroyable : danser. Juste dan-ser.
/!\ Vous inquiétez pas, si ce passage va paraître l'apologie la plus aveugle qui soit, ça s'calmera par la suite. d:
Autour de moi ça a tendance à marquer les temps du morceau qui passe, genre danse saccadée. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu comprendre, mais là... OH-MON-DIEU, pas le moins du monde. A cent milles lieux de tout ça, je fais des gestes tout lents. Non en fait, je ne fais pas de gestes, je n'ai pas le choix, mes yeux sont fermés, et c'est la musique qui déforme l'espace, liquide, et qui ne laisse qu'un parcours cloisonné à mes membres. Il n'y a qu'une seule façon de danser, et c'est de se caler sur ce rythme lent, langoureux, fluide, sur l'enveloppe de la musique. Mes mains le long de mes joues, de mes tempes, de mes cheveux, qui remontent, redescendent, et mon corps tout entier qui danse, extrêmement lentement. J'ouvre les yeux, m'exclame de nouveau. J'avais lu ça sur le forum, que c'qu'était cool avec la transe, c'était les deux niveaux d'interprétation. J'avais juste pas compris du tout. Là c'est très clair, et je préfère cette façon là de saisir ce que j'entends, à peu près un milliard de fois. J'ai l'impression paradoxale qui va me rester toute la soirée d'être à la fois jolie et très ridicule, d'avoir l'air idiote. Clovis me dit que j'ai l'air trop fraîche. J'me tourne vers Bob qui marque particulièrement les temps, qui a l'air d'avoir l'habitude, et j'lui lance : mais non, la musique elle fait pas comme ça, elle fait comme ça... en joignant le geste à la parole. Il sourit : tu kiffes la musique comme tu veux. Puis : c'est magique aussi, quand c'est correctement fait, et que tu peux te dechainer autrement. J'lui rétorque que j'essaierai peut-être plus tard, pas convaincue. Et je danse.
J'attrape le bras de Jeanne, la main de Jeanne, et suis étonnée, la sensation en elle-même n'est pas transcendante, mais j'en avais tellement envie que ça m'fait plaisir. Et le reste de la soirée continuera comme ça, je touche Jeanne ou Clovis, très naturellement, juste parce que j'en ai envie, du coup c'est agréable, et que ça n'a pas l'air de les déranger. En bousculant un peu les gens en changeant d'endroit, j'me rends compte aussi que plus facilement je prends appui avec mes mains sur leur dos ou leur épaule pour avancer, alors que je suis pas fada de contact humain dans une foule. Et les autres faisant la même chose ça n'me dérange pas.
Plusieurs fois on m'entendra dire : mais ça monte encore, quand est-ce que ça s'arrête ? En souriant. Jusqu'à juste avant le plateau où j'ai eu un peu peur.
Plusieurs fois j'interpellerai Clovis en l'attrapant par le visage et en lui hurlant dans l'oreille droite : ça va ? Comme il avait simplement bu de l'alcool, que j'étais désolée pour lui qu'il ne puisse pas expérimenter la D par ma faute, que j'avais l'impression qu'il s'amusait pas tellement, ça me turlupinait. Il répondait invariablement : t'inquiètes pas pour moi. En compensation, j'lui tenais la chemise ou la main en lui affirmant que comme ça il resterait connecté. A chaque fois que la musique diminuait, tout le monde autour partait dans des grands "Aaaaaaah !" et des mains levées vers la scène, alors Clovis se mettait à crier : ce mec est un génie ! De façon plus ou moins sérieuse. J'ai du lui répondre une fois que j'en avais aucune idée, que ça aurait pu être de la merde que j'm'en serais pas rendu compte. Du coup j'ai demandé à Bob ce qu'il en était, et il m'a dit que c'était pas mal.
J'ai pas spécialement aimé tout le monde. Si j'ai fermé les yeux c'est qu'au contraire, la plupart des gens me stressait. Ils étaient tous tellement fait que ça m'faisait un peu flipper. J'ai des images en tête d'un type énorme à la mâchoire super carrée qui dansait un coup sur le pied gauche, un coup à droite, pas très rassurant. D'autres assis la tête dans les mains. D'un vieux qui marchait au milieu des autres. D'une nana qui dansait en regardant dans le vide, complètement à l'ouest. De ce type relou qu'est venu nous voir deux fois : il avait pas de bouteille d'eau, et il voulait aller nous la remplir en nous laissant son téléphone en gage. J'l'ai convaincu que c'était complètement stupide, qu'il aurait plus à y perdre que nous s'il nous retrouvait pas. Il est re-venu sans proposer quoi que ce soit en retour. J'lui ai dit qu'il aurait du investir au début de la soirée ça vaut tellement le coup (on est pas des monstres, dès que les gens voulait boire une gorgée, lui compris, on leur filait). On m'a proposée de redrop vers 2h30 j'pense, j'ai dit non.
J'ai fait un black-out d'un temps indéterminé. J'me suis "réveillée" et en regardant la scène, y'avait bien 4 types qui dansaient qu'étaient pas là la dernière fois, et tout avait pris une tournure un peu plus "folle". L'un d'entre eux étaient torse nu. Trois filles étaient montées sur les épaules d'autres types pour y danser. Il n'y en avait qu'une la dernière fois, et j'avais fait la réflexion que j'comprenais pas pourquoi on accepterait de prendre quelqu'un comme ça, c'est super chiant. Un type l'a proposé à Jeanne qui est rapidement descendue. J'ai ajouté : sauf si c'est pour avoir Jeanne sur ses épaules. J'ai regardé Clovis il avait l'air d'avoir bien bu alors j'l'attrape et lui demande c'qu'il en est : j'en ai bu deux de plus depuis tout à l'heure. Petit moment de réflexion, quand est-ce que c'était tout à l'heure ? Pourquoi je l'ai pas vu partir ? Mais j'ai laissé tomber les questions en me disant que j'y réfléchirai plus tard.
On a croisé du monde que Jeanne connaissait : un type qu'on a vu quelques fois et qui lui mettait les mains sur les épaules et lui disait :Jeanne elle est tellement belle ! Il était tout rouge, avait l'air épuisé, les yeux tombant ; une fille aux cheveux verts courts et aux lèvres toutes rouges que j'ai complimenté sur ses cheveux ; un type à la barrière quand on est sorti parce que Jeanne a eu un peu de mal à gérer ce qu'elle avait pris, qu'était là avec un pote depuis deux heures, on leur avait dit que y'avait plus de places alors qu'ils étaient sur le point de rentrer, ils voulaient de la C... J'ai cru l'avoir croisé plus tard, m'expliquant qu'ils étaient entrés par une porte noire à un moment sans trop comprendre ce qui s'passait... En en discutant avec les autres, ça n'est jamais arrivé. Quand Jeanne allait pas bien, j'me souviens vaguement que Bob disait ne rien pouvoir faire pour elle, et j'l'ai vaguement engueulé en prenant la tête de Jeanne et en lui répétant plusieurs fois que ça irait bien, tout irait bien.
Dernière anecdote de la soirée qui m'a bien faite rire. Un type emmerde Jeanne. Il me tape sur l'épaule et me fait : elle a dit que ça l'intéressait pas, qu'elle était lesbienne. J'lui réponds : c'est vrai, avant d'embrasser Jeanne. Le type s'est barré en disant qu'on savait pas s'embrasser, en train de rager. x)
Descente puis jours suivants : à 4h du matin je n'en peux plus, je suis descendue d'un coup, tout à fait claire dans ma tête, plus d'effets avec la musique ou d'envie de toucher les autres. Je suis blasée de chez blasée. Les gens me paraissent d'autant plus glauques que j'ai plus rien à apprécier. Le DJ est moins bon, je crois. Je réfléchis au début de soirée en souriant jaune, j'suis passée de "tout le monde devrait essayer ça", "comment c'est possible de ne pas aimer la D", "je suis contente d'avoir été élevée de telle façon que je ne refuse pas en bloc ce genre de choses", à "qu'est-ce que c'était vain", et autres joyeusetés de "je n'en prendrais plus jamais tellement c'était horrible par certains aspects". C'pas de la tristesse. Tout est net et creux. Je cherche Clovis, dis à Jeanne qu'on se barre, qu'elle profite du reste de sa soirée mais que je sature. Arrivée près de chez mon copain, j'demande à Clovis de rester un peu pour discuter, je sais que j'peux pas dormir. A 5h j'me barre. Nuit courte et agitée où j'arrête pas de me lever. Pas de vasoconstriction. A 10h j'suis levée pour de bon.
La journée mon moral fait des vagues, j'suis toujours en mode un peu blasée, j'repasse le fil des évènements dans ma tête en essayant d'analyser ce qui s'est passé. J'ai des remontées courtes de produit qui sont désagréables au possible, l'impression d'avoir la nausée sans vomir. Mais j'suis toujours pas très triste juste un peu à fleur de peau. Ma mâchoire va bien, rien du tout à signaler, et l'appétit aussi. Le soir, tachycardie qui m'empêche de m'endormir facilement, nuit de 8h. Le lendemain état un peu pire psychologiquement mais plus facile physiquement. Pas de soucis pour dormir. Et hier malgré la fatigue très très présente contrairement aux deux autres jours, ça va vraiment bien. Nuit dernière excellente, pleine de rêves, d'un sommeil profond, 10 bonnes heures agréables. Je diabolise moins mon expérience, j'avais pas pensé que ce serait ça l'arrêt de l'effet euphorisant du produit.
Il va me falloir un peu de temps pour digérer, j'continue de trouver cette façon de pouvoir danser incroyable. La prochaine fois (dans bien quelques mois), j'aimerai être en comité réduit, dans un endroit plus rassurant, avec de la musique choisit, et avec une dose un peu moins forte. Le dosage était déjà trop hard pour une première fois pour que j'arrive pas à comprendre ceux qui supportent de redrop pour leur dépucelage... é_è
En espérant que vous vous soyez pas trop fait chier à lire !
Et que ça puisse être un témoignage de plus utile à ceux qui en cherchent !