L'huitrerampante
Glandeuse Pinéale
- Inscrit
- 4/6/16
- Messages
- 214
Bonjour à tous, amis psychonautes, vous vous apprêtez à lire un pavé mais il me semblait nécessaire de rentrer en profondeur dans les détails pour rendre cette expérience la plus compréhensible possible, alors prenez vos pop-corns et bonne lecture !
C'était une de ces journée de fin de septembre où après d'agréables semaines baignées dans une douce chaleur dorée de fin d'été, une première pluie venait doucement laver l'atmosphère et lui apporter sa teinte translucide qui confère tant de vie aux paysages d'automne.
Pendant une pause entre deux clients et en pleine lecture du livre "Le moine et le philosophe" de Mathieu RICARD, je fus saisi par une sorte d'intuition: je devais confronter les principes du bouddhisme à l'expérience du mystique par les plantes ! Ce soir personne à l'appartement, demain c'est dimanche et il me reste toujours mon sachet avec une vingtaine de graines d'HBWR.
Oui mais je n'ai jamais expérimenté en solitaire les psychédéliques et d'après ce que j'ai pu en lire ce n'est pas forcément une bonne idée, de plus j'avais récemment lu le topic sur la toxicité de ces graines et l'expérience malheureuse d'une personne étant en dépersonnalisation permanente suite à une prise de LSA. Je me dis que la suite de la journée me porterai peut être conseil.
Eh bien non, je passais le restant de l'après-midi absorbé par mon travail et ne me mis à repenser à ma soirée qu'une fois sur le chemin du retour. Aùrrivé chez moi je n'étais toujours pas sûr de ce que j'allais faire. Après un petit moment passé sur l'internet je décidais que j'allais quand même tenter l'expérience: je prendrais 5 graines après les avoir faites bouillir (j'avais lu que cela réduisait les alcaloïdes nocifs et le body load).
10 minutes plus tard, il est environ 19h mes graines sont bouillies et égouttées, l'une d'entre elle n'a pas apprécié le traitement et à éclatée laissant s'échapper une substance semblable à un petit disque de matière grise, je décidais de la manger. Sa texture caoutchouteuse et son absence de goût me laissèrent perplexe et tandis que j'enlevais soigneusement la peau entourant les graines restantes je me disais que j'avais mangé le cerveau de la graine. Cette fois ci pas de chewing-gum pour atténuer le goût, je n'avais pas prévu de faire ça à la base ! Je me retrouve donc à broyer et à mastiquer péniblement les 4 autres graines pendant 2-3 minutes et un puissant goût de bois et de terre m'envahit la bouche, un petit verre de jus de pamplemousse fait passer le tout et remplace l'âpreté par la douce et vive saveur de l'agrume.
Je regardais des vidéos assez stupides et inintéressantes pendant les 20 minutes qui suivirent ma prise, et au moment ou je sentis un poids sur mon ventre j'éteignis mon PC, m'allongeai dans mon lit avec un casque sur les oreilles et mis du panda dub, cette douce musique m'aiderai à avoir une montée agréable. Après 20 autres minutes je me levais et m'installais sur la terrasse pour contempler le coucher du soleil, à ce moment là mon casque diffusait Natural mystic, toujours de panda dub.
Le coucher de soleil n'était pas particulièrement beau au sens ou on l'entends habituellement, en effet on ne voyais pas le soleil, caché derrière un plafond nuageux d'épaisseur moyenne, en revanche je percevais nettement les variations de couleurs et de luminosité à mesure que celui ci descendait et je ne pouvais qu'être émerveillé devant les infinies variations qu'offraient les nuages, ému, je pensais, ça y est tu es pas mal monté !
Je considère la mort comme l'ultime curiosité et suis très curieux des expériences de mort imminentes (EMI), je sais que le DMT est susceptible d'en provoquer et selon certaine théories, notre cerveau en libérerait au moment de notre mort.
Je me demandais donc si avec les effets combinés du LSA et de l'auto hypnose il était possible de vivre une telle expérience. Je m'allongeai alors sur mon lit et commençait à m'hypnotiser: respiration lente et profonde, chaque cycle m'emmène plus loin dans la "transe" et me rapproche d'une EMI, une fois assez détendu j'essaye d'ouvrir mes yeux, à chaque fois que je les refermes il est plus difficile de les rouvrir et quand ils sont complètement scellés je pense "Sleep" (trigger) et passe dans une transe encore plus profonde, là je descends mentalement les 10 étages d'un escalier qui m'entraînent à chaque fois un peu plus profondément dans mon esprit et dans la transe, arrivé en bas: "Sleep". Je me trouve alors dans un état proche de celui de mes hypnoses habituelle mais avec une conscience accrue de ma pensée et de ce qui se passe, je suis conscient d'être dans l'habituellement non conscient.
Je me dis alors que pour vivre une EMI il me faut accepter de mourir, est alors que j'essaye d'accepter l'idée de mourir je me mets à avoir un peu peur, Et si je meurs vraiment ? Est-ce que je suis en train de me suicider ? ...
Mais qu'est ce que je perdrais à mourir maintenant ? Les choses matérielles, mon moi, oui sûrement et même si je pense qu'il existe en nous quelque chose qui n'est pas matériel et qui puisse perdurer à sa façon (non matérielle/physique) il semble que je ne sois pas encore prêt à quitter ce moi, à ne plus renaître dans ce monde.
Et pourtant à ce moment là, je prends vraiment conscience que l'égo est une illusion, la plus puissante de toute, nous n'avons pas d'existence propre et autonome, ce monde ne résulte que d'interdépendances de tout ce qui le compose ! J'avais déjà lu ces choses, mais j'en faisais en quelque sorte l'expérience directe.
Fort de cette conclusion: je ne suis pas prêt à ne plus renaître, je décidais de sortir de mon hypnose, même si je n'avais pas vécu d'EMI à proprement parler, cette prise de conscience à été une sorte de mort de mon moi suivi d'une renaissance: je me suis actualisé.
Il me vint alors une explication (attention je ne prétends absolument pas avoir raison) sur la dépersonnalisation de Victor (c'est son pseudo sur le site), le LSA comme d'autres substance peuvent amener à expérimenter la dissolution du moi, on se rend compte de notre non-existence en tant qu'entité indépendante et autonome, et si pour moi cela m'est apparu comme la confirmation de ce que j'avais déjà pu entendre ou lire, pour quelqu'un qui est attaché fortement à son moi (consciemment ou pas) cette expérience/révélation peut-être vécu comme un véritable choc/traumatisme et on tombe alors dans la vision inverse ou ce corps n'est pas le nôtre pas plus que les pensées qu'il ressent, on se trouve alors piégé dans une représentation du monde ou à la fois on est conscient de notre non-existence et à la fois on se raccroche à la certitude que les choses ont une existence autonome d'ou le décalage qui se crée, entre ce nous qui n'est pas et qu'on voudrait qu'il soit et qui apparaît alors comme étant, mais étranger à nous.
Du coup une idée qui me vient pour peut-être quitter cet état (ça vaut ce que ça vaut) serais d'arriver à accepter ce phénomène de dualité entre réalité apparente et ultime des chose. Je suis conscient que je ne m'exprime pas forcément de manière claire sur ce sujet (qui est très complexe à verbaliser) mais si tu me lis Victor (ou quelqu'un dans son cas) je te conseil de lire "Le moine et le philosophe" de Mathieu RICARD ou ces concepts sont bien expliqué, ou encore "Les portes de la perception" d'Aldous HUXLEY en tout les cas, cela ne peut pas faire plus de mal...
Je regarde l'heure, il est à peine 21h passées, damn ! je n'en suis qu'au tout début du voyage !
Je fis un rapide point sur mes sensations: je suis assez euphorique, j'ai les pupilles comme des soucoupes, j'ai les jambes lourdes et une oppression sur la poitrine, ainsi qu'une forte envie d'uriner, bref le body-load habituel, faire bouillir les graines n'a servi à rien. Je décidais alors d'aller jouer du piano, j'avais prévu de le faire avant de mâcher, je voulais savoir si j'étais meilleur musicien une fois lysergisé, mais non ! Je reste fasciné par la musique et ceux qui la maîtrise, même quand je produit de la musique en appuyant sur ces touches je trouve cela étonnant, incongru et magique, je me rends encore plus compte de mes défauts avec le LSA et cela m'amuse.
Je passais alors à la cuisine avec l'idée de me faire un petit repas, je n'avais pas vraiment faim, mais plutôt une envie de goûter mon environnement, je m'approchais de la corbeille à fruits et saisi une gousse d'ail, il sentait comme l'intérieur des maisons bretonnes en bord de mer, une odeur légèrement iodée mêlée à un planché usé par le temps et que l'on viendrai de balayer, je visualisais son odeur et cela me fit rire. Mes narines se portèrent ensuite sur un coing, une banane, une noix, une pomme de pin et à chaque fois je fus subjugué par l'intensité et la puissance visuelle de ces odeurs pourtant simples mais que l'on a pas l'habitude de contempler en détail. C'est toujours aussi émouvant de redécouvrir grâce au LSA à quel point nos sens sont importants et à quelle point nous y faisons peut attention dans la vie de tout les jours. Je mangeais ce que j'arrivais à récupérer d'une noix et retournais à ma chambre, il était environ 21h30.
Mon corps étant lourd, je décidais de m'allonger sur le lit et me fis la réflexion suivante sur le mot/concept de graine:
Au final toute notre alimentation provient des graines, que se soient les graines directement, les graines transformées en fruit/légumes ou en être conscient (animaux), les graines servent à nourrir notre corps et notre corps une fois nourri permet à notre conscience de grandir. J'avais aussi le sentiment profond que nos conscience sont des graines et qu'une conscience peut importe la façon dont elle à poussée, nourrira le monde, avec des actions positive ou négative (par positif ou négatif j'entends qui diminue la souffrance chez les autres êtres ou qui l'augmente) et donc au final j'en suis arrivé à la conclusion suivante, qui m'apparaissait alors comme une vérité quasi-mystique:
Les graines de terres nourrissent les graines de conscience et les graines de conscience poussent et nourrissent le monde.
Toujours sur mon lit, je me mis à fixer l'énorme boule de plumes blanches qui composent mon luminaire, je trouve étrange d'avoir une telle lampe dans sa chambre (je suis dans l'ancienne chambre de ma cousine) et en même temps seul quelque chose de naturel peut offrir une telle complexité, je me redresse et enfourne mon visage dans la boule de plume, j'ai l'impression qu'une centaine d'oies m'entourent, j'éprouve un sentiment de compassion et de tristesse à leur égard, vies innocentes qui se sont terminées dans une douleur et une souffrance injustifiées, pour le plaisir de l'oeil de quelques humains...
En regardant par ma fenêtre je vois qu'il y a une punaise dessus, j'ouvre la fenêtre et celle-ci s'empresse de sauter sur mon lit, j'approche mon visage à quelques centimètres de cette petite créature, elle est d'un vert tendre comme une pousse fraîchement sortie de terre, sa tête, minuscule comparée à son corps, semble me regarder et je décèle comme une forme d'intelligence dans son "regard" j'envoie alors tout mon amour à cette punaise et je me dis que ça doit lui faire bizarre d'être aimée de cette façon, mais elle à l'air contente. Je décide ensuite après mûre réflexion de la remettre dehors, ici elle finiras écrasée par mégarde ou finiras par mourir de faim, au moment ou je la saisis je la sens s'agripper vigoureusement à mon doigt, elle ne veut pas partir, elle est bien ici, il fait bon et il y a de la lumière, je la jette quand même dehors et ferme la fenêtre elle revient s'y coller tout de suite et semble me regarder avec un air de reproche, je suis un peu attristé qu'elle ne puisse comprendre mon acte mais je me dis qu'elle se fera bien une raison...
Je me rallonge et une mouche qui m'avait jusque là ignoré vient se poser sur mon visage, j'ai envie de la chasser mais je me retiens, après tout on chasse tout le temps ces insectes mais que se passe-t-il si on les laisse faire ?
Elle se met alors à errer sur mon visage, le contacte de ses pattes, désagréable au premier abord m'apparaît maintenant doux, comme celui d'une petite pétale de fleur qui viendrait se presser contre ma peau. Je remarque alors qu'elle s'approche inexorablement de ma bouche mais que veut-elle ? Chose étonnante elle s'arrête sur mes lèvres closes et se met à les "nettoyer" de sa petite trompe, je suis perplexe, est-elle là pour manger ? Préfère-t-elle les endroits humides ? Prépare-t-elle le terrain pour pondre ses oeufs ?
Je la chasse et retente l'expérience une 2ème puis une 3ème et une 4ème fois, inlassablement elle revient jusqu'à ma bouche s'arrête sur mes lèvres me nettoie un peu puis s'arrête, je ne la sens alors plus du tout, je n'ose pas ouvrir ma bouche de peur de l'avaler mais je suis sur qu'elle y rentrerait, pour faire quoi ? Aucune idée. Ce sont des animaux qui pondent des oeufs dans les cadavres et les aident à disparaître, peut-être si je ne bouge pas vas-t-elle croire que je suis mort et commencer à pondre, je décide donc qu'il vaut mieux la chasser et ne plus la laisser revenir!
Je me lève pour uriner une n-ème fois, c'est fou comme je sens ma vessie travailler sous LSA, je retourne à ma chambre regarde mon portable, il est à peine 22h passée, ouch il reste encore environ 4h, le temps passe vraiment lentement quand on n'est pas absorbé à l'oublier (travail, jeux, regarder la télévision, dormir....)
De plus je m'aperçois que mon corps me fait souffrir, j'ai les jambes très lourde une oppression respiratoire, je sens mon coeur frapper lourdement contre ma poitrine, mon léger mal de tête de la journée (à cause d'un petit rhume) s'est amplifié et pire encore je ressens quelque chose que je n'avais jamais éprouvé, j'ai l'impression que l'on m'enfonce une aiguille dans l'oeil gauche jusqu'au cerveau, c'est moyennement supportable mais comme cette sensation est apparue soudainement et n'a pas de cause logique, je me demande si elle va repartir. En effet c'est mon cerveau qui à crée cette douleur, et si elle restait jusqu'à la fin de ma vie ? Et si elle était purement psychologique, comment la dissiper ?
Alors quoi ? Le temps passe lentement, ça t'as l'habitude une amie à toi avais bloquée là dessus lors de sa première prise et depuis tu sais gérer tu sais que ça va revenir à la normale dans quelques heures, hein tu le sais ça! Tu le sais ? Je regarde l'heure seulement quelques minutes se sont écoulées mais au moins le temps s'écoule !
Tu l'as voulus ta prise en solo ! Et ben bravo tu l'as et tu te retrouve à flipper comme un con mais tout va redevenir normal, hein tu le sais ça! Tu le sais ??
Non c'est sur que je ne sortirais pas indemne de cette expérience, les graines étaient-t-elles plus concentrées en substance nocives qu'a l'habitude, est ce que j'ai vraiment endommagé mon corps ? Ça fait pas un peu court 2 mois entre 2 prises ? Je pourrais appeler le centre anti-poison mais cela signifie la fin de ma carrière (entre autre) de plus que vont-ils faire? Ils sont incompétents à soigner une douleur psychique et au pire je risque de finir en asile si je reste vraiment bloqué. Appeler un ami, pas possible non plus, au téléphone je risquerais de le paniquer et de me paniquer encore plus, non tu est tout seul dans la merde, à toi de gérer maintenant !
C'est bon j'en ai déjà appris beaucoup ce soir il faut que ça finisse...
Mais non la douleur était là et le temps s'étirait toujours interminablement, je me mis alors à penser à l'existence, en fait tout le monde souffre tout le temps, plus ou moins mais tout le monde souffre sur terre, que ce soit physiquement ou psychologiquement, à divers degrés, et je prenais pleinement conscience (façon grande claque) de cet état de fait ! notre but est donc d'échapper à cette souffrance. Ainsi donc je n'étais pas seul, l'ensemble des êtres humains étaient avec moi ce soir là on avait tous en commun la souffrance. Je décidais alors d'appliquer un exercice issu d'une méditation bouddhiste sur l'altruisme: à chaque inspiration je laissais venir à moi les souffrance de tout les êtres (peur de perdre un être cher, torture, maladie grave, etc) sous la forme d'une nuée noire, je laissais cette nuée m'emplir et se dissoudre dans mon coeur et au moment d'expirer de mon coeur sortait sous forme de fluide blanc et lumineux une énergie positive qui inonde tous les êtres et qui est le remède à leur souffrance (compassion, amour, apaisement, etc).
Je répétais l'exercice pendant un long moment.
À chaque cycle respiratoire j'allais un peu mieux et à mesure que l'exercice continuait je me sentais remplis d'une JOIE profonde et sereine, au delà de tout les mots, au delà de la souffrance il y a la JOIE : "au delà de l'ILLUSION il y a la VERITE et au delà de la VERITE il n'y a pas d'illusion. Et la VERITE ne s'approche QUE de la faiblesse" à un jour affirmé un philosophe pauvre mais indépendant, cela n'avait jamais été aussi vrai. Si mon EMI manquée m'avait fait prendre conscience de ma non-existence autonome, je me rendais compte que nos vies sur le plan matériel étaient misérables et vouées à le rester et qu'au delà de cette illusion qu'est la réalité des choses et de l'ego il y avait une joie sans limite, un amour sans fin.
Ma souffrance était toujours là, mais elle n'avait plus d'importance j'étais transcendé au delà du plan matériel des perceptions, je me mis alors à répéter, et ce régulièrement jusqu'à la fin de ce voyage:
Je contemple son illusion (le moi physique, matériel) et je te remercie (l'univers, le boss, dieu, la réalité ultime, le tout qui n'est qu'un et l'un qui est tout) de m'accueillir dans la joie !
Un peu avant 23h ma douleur à l'oeil gauche se dissipa et réapparut à l'identique dans l'oeil droit... au moins elle pouvait disparaître ! C'est alors que j'eu pour la première fois de ma vie une hallucination auditive, de la claire obscurité du plafond infiniment loin de moi, j'entendis la voix de Jacques BREL qui chantait sur l'air de On n'oublie rien, je ne me rappelle plus des paroles mais il à chanté longtemps et avec une voix puissante, je restais subjugué par la beauté de ce phénomène un long moment.
Je repensai alors à ce que je venais d'intégrer au plus profond de moi sur la souffrance et la fin d'un poème dont j'avais écris les cinq premiers vers quelques années auparavant m'apparue avec force:
Vision pourpre ou le temps d'un souffle
Nos deux âmes ne font qu'une
Illusion folle qu'a chacun de nos souffles
L'on entretienne sans raison aucune
La joie de vivre.
Clarté violacée ou le temps d'un souffle
Nos âmes ne sont qu'une
Vérité sereine ou soufflante
La joie de vivre
S'entretient.
L'heure qui suivit ne fus pas plus facile que la précédente, je souffrais toujours physiquement et était toujours tourmenté par la potentialité de rester éternellement dans cet état, j'avais peur de crier victoire trop tôt et de dire: c'est bon j'ai passé le cap, j'avais peur qu'un manque d'humilité de ma part ne me fasse basculer du mauvais côté de la redescente. En même temps j'éprouvais une grande reconnaissance envers l'être humain en général, envers vous psychonautes qui grâce au partage d'expériences plus ou moins réussies et ou douloureuses m'avez permis de mieux "gérer" la mienne, j'étais aussi reconnaissant envers mes amis qui avaient vécu des expériences de cette ordre là et m'en avait parlé, Le silence tue qu'en penses tu ? Je vous sentais présents, à mes côtés.
Je repensais notamment à un amis qui avait passé un mois sur un lit d'hôpital avec deux vertèbres cervicales brisées et sous morphine tout les jours, ce fût une des périodes les plus difficile de sa vie, il m'avait dit qu'une musique l'avait bien aidé à ce moment là, Taro de Alt-J, je décidais de l'écouter. C'est extrêmement dur à décrire mais cette musique à un réel pouvoir (quand j'écrivais plus tôt que la musique m'apparaît comme magique, je suis on ne peut plus sérieux) la douceur de la voix et celle des instruments s'entremêlent à merveille, à la foi mélancolique et gentiment joyeuse, le refrain est tellement chargé émotionnellement, le tout lave vague après vague le corps et l'esprit jusqu'à les laisser complètement apaisés. J'écoutais plusieurs fois le morceau avec le volume de plus en plus bas, il était un peu moins de minuit quand mes douleurs oculaires disparurent complètement, mon mal de crâne était presque complètement atténué et mon corps encore douloureux, mais j'allais mieux.
Je décidais alors de passer au jour suivant avec mon morceau préféré: Stairway to heaven de Led Zepplin (il y a tant à dire dessus que ça pourrait faire l'objet d'un TR entier, j'arrive même dans des conditions appropriées à me mettre en "retour d'acide" avec ce morceau).
À partir de là, les effets se dissipèrent plus linéairement jusqu'à 2h du matin heure à laquelle tout fût quasiment finis, je passais ces deux dernières heures allongé dans une sorte de béatitude ou je prenais petit à petit conscience de l'ampleur de ce que je venais de vivre.
Si j'ai mis si longtemps avant de me décider à partager ce voyage, c'est que je voulais être sûr de l'avoir bien digéré et être sûr de savoir pourquoi je le partageais. J'ai d'ailleurs gardé cette expérience pour moi seul jusqu'à il y a une semaine seulement.
En conclusion, je partage cela à la fois pour permettre d'agrandir les connaissance sur les effets potentiels de ces petites graines, de vous remercier vous psychonautes de l'avoir fait avant et avec l'espoir que cela puisse en aider d'autre dans des moments difficiles.
J'espère aussi que cela fera prendre conscience à certain combien l'expérience des psychotropes en solitaire peut être périlleuse et dangereuse, en ayant tiré des conséquences très positive sur ma compréhension du monde et la vie, je ne peux pas la déconseiller formellement, je pense en revanche qu'il est nécessaire d'y être préparé (avoir déjà une expérience avec la substance, avoir une bonne connaissance de soi, des réactions d'autres individus qui ont eu le même type d'expérience, un bon état psychologique au moment de la prise...). Je pense aussi qu'il faut savoir pourquoi on en prends et aussi suivre son "intuition", si vous êtes respectueux avec ces graines, elles vous le rendront et vous dirons quand les consommer (sisi les plantes parlent).
Le LSA est un escalier abrupte et glissant vers la Connaissance, il faut l'emprunter avec prudence et douceur.
Merci à ceux qui m'ont lu jusqu'au bout, puisse ce témoignage vous être utile et n'hésitez pas à poser des questions si vous en sentez le besoin.
C'était une de ces journée de fin de septembre où après d'agréables semaines baignées dans une douce chaleur dorée de fin d'été, une première pluie venait doucement laver l'atmosphère et lui apporter sa teinte translucide qui confère tant de vie aux paysages d'automne.
Pendant une pause entre deux clients et en pleine lecture du livre "Le moine et le philosophe" de Mathieu RICARD, je fus saisi par une sorte d'intuition: je devais confronter les principes du bouddhisme à l'expérience du mystique par les plantes ! Ce soir personne à l'appartement, demain c'est dimanche et il me reste toujours mon sachet avec une vingtaine de graines d'HBWR.
Oui mais je n'ai jamais expérimenté en solitaire les psychédéliques et d'après ce que j'ai pu en lire ce n'est pas forcément une bonne idée, de plus j'avais récemment lu le topic sur la toxicité de ces graines et l'expérience malheureuse d'une personne étant en dépersonnalisation permanente suite à une prise de LSA. Je me dis que la suite de la journée me porterai peut être conseil.
Eh bien non, je passais le restant de l'après-midi absorbé par mon travail et ne me mis à repenser à ma soirée qu'une fois sur le chemin du retour. Aùrrivé chez moi je n'étais toujours pas sûr de ce que j'allais faire. Après un petit moment passé sur l'internet je décidais que j'allais quand même tenter l'expérience: je prendrais 5 graines après les avoir faites bouillir (j'avais lu que cela réduisait les alcaloïdes nocifs et le body load).
10 minutes plus tard, il est environ 19h mes graines sont bouillies et égouttées, l'une d'entre elle n'a pas apprécié le traitement et à éclatée laissant s'échapper une substance semblable à un petit disque de matière grise, je décidais de la manger. Sa texture caoutchouteuse et son absence de goût me laissèrent perplexe et tandis que j'enlevais soigneusement la peau entourant les graines restantes je me disais que j'avais mangé le cerveau de la graine. Cette fois ci pas de chewing-gum pour atténuer le goût, je n'avais pas prévu de faire ça à la base ! Je me retrouve donc à broyer et à mastiquer péniblement les 4 autres graines pendant 2-3 minutes et un puissant goût de bois et de terre m'envahit la bouche, un petit verre de jus de pamplemousse fait passer le tout et remplace l'âpreté par la douce et vive saveur de l'agrume.
Je regardais des vidéos assez stupides et inintéressantes pendant les 20 minutes qui suivirent ma prise, et au moment ou je sentis un poids sur mon ventre j'éteignis mon PC, m'allongeai dans mon lit avec un casque sur les oreilles et mis du panda dub, cette douce musique m'aiderai à avoir une montée agréable. Après 20 autres minutes je me levais et m'installais sur la terrasse pour contempler le coucher du soleil, à ce moment là mon casque diffusait Natural mystic, toujours de panda dub.
Le coucher de soleil n'était pas particulièrement beau au sens ou on l'entends habituellement, en effet on ne voyais pas le soleil, caché derrière un plafond nuageux d'épaisseur moyenne, en revanche je percevais nettement les variations de couleurs et de luminosité à mesure que celui ci descendait et je ne pouvais qu'être émerveillé devant les infinies variations qu'offraient les nuages, ému, je pensais, ça y est tu es pas mal monté !
Je considère la mort comme l'ultime curiosité et suis très curieux des expériences de mort imminentes (EMI), je sais que le DMT est susceptible d'en provoquer et selon certaine théories, notre cerveau en libérerait au moment de notre mort.
Je me demandais donc si avec les effets combinés du LSA et de l'auto hypnose il était possible de vivre une telle expérience. Je m'allongeai alors sur mon lit et commençait à m'hypnotiser: respiration lente et profonde, chaque cycle m'emmène plus loin dans la "transe" et me rapproche d'une EMI, une fois assez détendu j'essaye d'ouvrir mes yeux, à chaque fois que je les refermes il est plus difficile de les rouvrir et quand ils sont complètement scellés je pense "Sleep" (trigger) et passe dans une transe encore plus profonde, là je descends mentalement les 10 étages d'un escalier qui m'entraînent à chaque fois un peu plus profondément dans mon esprit et dans la transe, arrivé en bas: "Sleep". Je me trouve alors dans un état proche de celui de mes hypnoses habituelle mais avec une conscience accrue de ma pensée et de ce qui se passe, je suis conscient d'être dans l'habituellement non conscient.
Je me dis alors que pour vivre une EMI il me faut accepter de mourir, est alors que j'essaye d'accepter l'idée de mourir je me mets à avoir un peu peur, Et si je meurs vraiment ? Est-ce que je suis en train de me suicider ? ...
Mais qu'est ce que je perdrais à mourir maintenant ? Les choses matérielles, mon moi, oui sûrement et même si je pense qu'il existe en nous quelque chose qui n'est pas matériel et qui puisse perdurer à sa façon (non matérielle/physique) il semble que je ne sois pas encore prêt à quitter ce moi, à ne plus renaître dans ce monde.
Et pourtant à ce moment là, je prends vraiment conscience que l'égo est une illusion, la plus puissante de toute, nous n'avons pas d'existence propre et autonome, ce monde ne résulte que d'interdépendances de tout ce qui le compose ! J'avais déjà lu ces choses, mais j'en faisais en quelque sorte l'expérience directe.
Fort de cette conclusion: je ne suis pas prêt à ne plus renaître, je décidais de sortir de mon hypnose, même si je n'avais pas vécu d'EMI à proprement parler, cette prise de conscience à été une sorte de mort de mon moi suivi d'une renaissance: je me suis actualisé.
Il me vint alors une explication (attention je ne prétends absolument pas avoir raison) sur la dépersonnalisation de Victor (c'est son pseudo sur le site), le LSA comme d'autres substance peuvent amener à expérimenter la dissolution du moi, on se rend compte de notre non-existence en tant qu'entité indépendante et autonome, et si pour moi cela m'est apparu comme la confirmation de ce que j'avais déjà pu entendre ou lire, pour quelqu'un qui est attaché fortement à son moi (consciemment ou pas) cette expérience/révélation peut-être vécu comme un véritable choc/traumatisme et on tombe alors dans la vision inverse ou ce corps n'est pas le nôtre pas plus que les pensées qu'il ressent, on se trouve alors piégé dans une représentation du monde ou à la fois on est conscient de notre non-existence et à la fois on se raccroche à la certitude que les choses ont une existence autonome d'ou le décalage qui se crée, entre ce nous qui n'est pas et qu'on voudrait qu'il soit et qui apparaît alors comme étant, mais étranger à nous.
Du coup une idée qui me vient pour peut-être quitter cet état (ça vaut ce que ça vaut) serais d'arriver à accepter ce phénomène de dualité entre réalité apparente et ultime des chose. Je suis conscient que je ne m'exprime pas forcément de manière claire sur ce sujet (qui est très complexe à verbaliser) mais si tu me lis Victor (ou quelqu'un dans son cas) je te conseil de lire "Le moine et le philosophe" de Mathieu RICARD ou ces concepts sont bien expliqué, ou encore "Les portes de la perception" d'Aldous HUXLEY en tout les cas, cela ne peut pas faire plus de mal...
Je regarde l'heure, il est à peine 21h passées, damn ! je n'en suis qu'au tout début du voyage !
Je fis un rapide point sur mes sensations: je suis assez euphorique, j'ai les pupilles comme des soucoupes, j'ai les jambes lourdes et une oppression sur la poitrine, ainsi qu'une forte envie d'uriner, bref le body-load habituel, faire bouillir les graines n'a servi à rien. Je décidais alors d'aller jouer du piano, j'avais prévu de le faire avant de mâcher, je voulais savoir si j'étais meilleur musicien une fois lysergisé, mais non ! Je reste fasciné par la musique et ceux qui la maîtrise, même quand je produit de la musique en appuyant sur ces touches je trouve cela étonnant, incongru et magique, je me rends encore plus compte de mes défauts avec le LSA et cela m'amuse.
Je passais alors à la cuisine avec l'idée de me faire un petit repas, je n'avais pas vraiment faim, mais plutôt une envie de goûter mon environnement, je m'approchais de la corbeille à fruits et saisi une gousse d'ail, il sentait comme l'intérieur des maisons bretonnes en bord de mer, une odeur légèrement iodée mêlée à un planché usé par le temps et que l'on viendrai de balayer, je visualisais son odeur et cela me fit rire. Mes narines se portèrent ensuite sur un coing, une banane, une noix, une pomme de pin et à chaque fois je fus subjugué par l'intensité et la puissance visuelle de ces odeurs pourtant simples mais que l'on a pas l'habitude de contempler en détail. C'est toujours aussi émouvant de redécouvrir grâce au LSA à quel point nos sens sont importants et à quelle point nous y faisons peut attention dans la vie de tout les jours. Je mangeais ce que j'arrivais à récupérer d'une noix et retournais à ma chambre, il était environ 21h30.
Mon corps étant lourd, je décidais de m'allonger sur le lit et me fis la réflexion suivante sur le mot/concept de graine:
Au final toute notre alimentation provient des graines, que se soient les graines directement, les graines transformées en fruit/légumes ou en être conscient (animaux), les graines servent à nourrir notre corps et notre corps une fois nourri permet à notre conscience de grandir. J'avais aussi le sentiment profond que nos conscience sont des graines et qu'une conscience peut importe la façon dont elle à poussée, nourrira le monde, avec des actions positive ou négative (par positif ou négatif j'entends qui diminue la souffrance chez les autres êtres ou qui l'augmente) et donc au final j'en suis arrivé à la conclusion suivante, qui m'apparaissait alors comme une vérité quasi-mystique:
Les graines de terres nourrissent les graines de conscience et les graines de conscience poussent et nourrissent le monde.
Toujours sur mon lit, je me mis à fixer l'énorme boule de plumes blanches qui composent mon luminaire, je trouve étrange d'avoir une telle lampe dans sa chambre (je suis dans l'ancienne chambre de ma cousine) et en même temps seul quelque chose de naturel peut offrir une telle complexité, je me redresse et enfourne mon visage dans la boule de plume, j'ai l'impression qu'une centaine d'oies m'entourent, j'éprouve un sentiment de compassion et de tristesse à leur égard, vies innocentes qui se sont terminées dans une douleur et une souffrance injustifiées, pour le plaisir de l'oeil de quelques humains...
En regardant par ma fenêtre je vois qu'il y a une punaise dessus, j'ouvre la fenêtre et celle-ci s'empresse de sauter sur mon lit, j'approche mon visage à quelques centimètres de cette petite créature, elle est d'un vert tendre comme une pousse fraîchement sortie de terre, sa tête, minuscule comparée à son corps, semble me regarder et je décèle comme une forme d'intelligence dans son "regard" j'envoie alors tout mon amour à cette punaise et je me dis que ça doit lui faire bizarre d'être aimée de cette façon, mais elle à l'air contente. Je décide ensuite après mûre réflexion de la remettre dehors, ici elle finiras écrasée par mégarde ou finiras par mourir de faim, au moment ou je la saisis je la sens s'agripper vigoureusement à mon doigt, elle ne veut pas partir, elle est bien ici, il fait bon et il y a de la lumière, je la jette quand même dehors et ferme la fenêtre elle revient s'y coller tout de suite et semble me regarder avec un air de reproche, je suis un peu attristé qu'elle ne puisse comprendre mon acte mais je me dis qu'elle se fera bien une raison...
Je me rallonge et une mouche qui m'avait jusque là ignoré vient se poser sur mon visage, j'ai envie de la chasser mais je me retiens, après tout on chasse tout le temps ces insectes mais que se passe-t-il si on les laisse faire ?
Elle se met alors à errer sur mon visage, le contacte de ses pattes, désagréable au premier abord m'apparaît maintenant doux, comme celui d'une petite pétale de fleur qui viendrait se presser contre ma peau. Je remarque alors qu'elle s'approche inexorablement de ma bouche mais que veut-elle ? Chose étonnante elle s'arrête sur mes lèvres closes et se met à les "nettoyer" de sa petite trompe, je suis perplexe, est-elle là pour manger ? Préfère-t-elle les endroits humides ? Prépare-t-elle le terrain pour pondre ses oeufs ?
Je la chasse et retente l'expérience une 2ème puis une 3ème et une 4ème fois, inlassablement elle revient jusqu'à ma bouche s'arrête sur mes lèvres me nettoie un peu puis s'arrête, je ne la sens alors plus du tout, je n'ose pas ouvrir ma bouche de peur de l'avaler mais je suis sur qu'elle y rentrerait, pour faire quoi ? Aucune idée. Ce sont des animaux qui pondent des oeufs dans les cadavres et les aident à disparaître, peut-être si je ne bouge pas vas-t-elle croire que je suis mort et commencer à pondre, je décide donc qu'il vaut mieux la chasser et ne plus la laisser revenir!
Je me lève pour uriner une n-ème fois, c'est fou comme je sens ma vessie travailler sous LSA, je retourne à ma chambre regarde mon portable, il est à peine 22h passée, ouch il reste encore environ 4h, le temps passe vraiment lentement quand on n'est pas absorbé à l'oublier (travail, jeux, regarder la télévision, dormir....)
De plus je m'aperçois que mon corps me fait souffrir, j'ai les jambes très lourde une oppression respiratoire, je sens mon coeur frapper lourdement contre ma poitrine, mon léger mal de tête de la journée (à cause d'un petit rhume) s'est amplifié et pire encore je ressens quelque chose que je n'avais jamais éprouvé, j'ai l'impression que l'on m'enfonce une aiguille dans l'oeil gauche jusqu'au cerveau, c'est moyennement supportable mais comme cette sensation est apparue soudainement et n'a pas de cause logique, je me demande si elle va repartir. En effet c'est mon cerveau qui à crée cette douleur, et si elle restait jusqu'à la fin de ma vie ? Et si elle était purement psychologique, comment la dissiper ?
Alors quoi ? Le temps passe lentement, ça t'as l'habitude une amie à toi avais bloquée là dessus lors de sa première prise et depuis tu sais gérer tu sais que ça va revenir à la normale dans quelques heures, hein tu le sais ça! Tu le sais ? Je regarde l'heure seulement quelques minutes se sont écoulées mais au moins le temps s'écoule !
Tu l'as voulus ta prise en solo ! Et ben bravo tu l'as et tu te retrouve à flipper comme un con mais tout va redevenir normal, hein tu le sais ça! Tu le sais ??
Non c'est sur que je ne sortirais pas indemne de cette expérience, les graines étaient-t-elles plus concentrées en substance nocives qu'a l'habitude, est ce que j'ai vraiment endommagé mon corps ? Ça fait pas un peu court 2 mois entre 2 prises ? Je pourrais appeler le centre anti-poison mais cela signifie la fin de ma carrière (entre autre) de plus que vont-ils faire? Ils sont incompétents à soigner une douleur psychique et au pire je risque de finir en asile si je reste vraiment bloqué. Appeler un ami, pas possible non plus, au téléphone je risquerais de le paniquer et de me paniquer encore plus, non tu est tout seul dans la merde, à toi de gérer maintenant !
C'est bon j'en ai déjà appris beaucoup ce soir il faut que ça finisse...
Mais non la douleur était là et le temps s'étirait toujours interminablement, je me mis alors à penser à l'existence, en fait tout le monde souffre tout le temps, plus ou moins mais tout le monde souffre sur terre, que ce soit physiquement ou psychologiquement, à divers degrés, et je prenais pleinement conscience (façon grande claque) de cet état de fait ! notre but est donc d'échapper à cette souffrance. Ainsi donc je n'étais pas seul, l'ensemble des êtres humains étaient avec moi ce soir là on avait tous en commun la souffrance. Je décidais alors d'appliquer un exercice issu d'une méditation bouddhiste sur l'altruisme: à chaque inspiration je laissais venir à moi les souffrance de tout les êtres (peur de perdre un être cher, torture, maladie grave, etc) sous la forme d'une nuée noire, je laissais cette nuée m'emplir et se dissoudre dans mon coeur et au moment d'expirer de mon coeur sortait sous forme de fluide blanc et lumineux une énergie positive qui inonde tous les êtres et qui est le remède à leur souffrance (compassion, amour, apaisement, etc).
Je répétais l'exercice pendant un long moment.
À chaque cycle respiratoire j'allais un peu mieux et à mesure que l'exercice continuait je me sentais remplis d'une JOIE profonde et sereine, au delà de tout les mots, au delà de la souffrance il y a la JOIE : "au delà de l'ILLUSION il y a la VERITE et au delà de la VERITE il n'y a pas d'illusion. Et la VERITE ne s'approche QUE de la faiblesse" à un jour affirmé un philosophe pauvre mais indépendant, cela n'avait jamais été aussi vrai. Si mon EMI manquée m'avait fait prendre conscience de ma non-existence autonome, je me rendais compte que nos vies sur le plan matériel étaient misérables et vouées à le rester et qu'au delà de cette illusion qu'est la réalité des choses et de l'ego il y avait une joie sans limite, un amour sans fin.
Ma souffrance était toujours là, mais elle n'avait plus d'importance j'étais transcendé au delà du plan matériel des perceptions, je me mis alors à répéter, et ce régulièrement jusqu'à la fin de ce voyage:
Je contemple son illusion (le moi physique, matériel) et je te remercie (l'univers, le boss, dieu, la réalité ultime, le tout qui n'est qu'un et l'un qui est tout) de m'accueillir dans la joie !
Un peu avant 23h ma douleur à l'oeil gauche se dissipa et réapparut à l'identique dans l'oeil droit... au moins elle pouvait disparaître ! C'est alors que j'eu pour la première fois de ma vie une hallucination auditive, de la claire obscurité du plafond infiniment loin de moi, j'entendis la voix de Jacques BREL qui chantait sur l'air de On n'oublie rien, je ne me rappelle plus des paroles mais il à chanté longtemps et avec une voix puissante, je restais subjugué par la beauté de ce phénomène un long moment.
Je repensai alors à ce que je venais d'intégrer au plus profond de moi sur la souffrance et la fin d'un poème dont j'avais écris les cinq premiers vers quelques années auparavant m'apparue avec force:
Vision pourpre ou le temps d'un souffle
Nos deux âmes ne font qu'une
Illusion folle qu'a chacun de nos souffles
L'on entretienne sans raison aucune
La joie de vivre.
Clarté violacée ou le temps d'un souffle
Nos âmes ne sont qu'une
Vérité sereine ou soufflante
La joie de vivre
S'entretient.
L'heure qui suivit ne fus pas plus facile que la précédente, je souffrais toujours physiquement et était toujours tourmenté par la potentialité de rester éternellement dans cet état, j'avais peur de crier victoire trop tôt et de dire: c'est bon j'ai passé le cap, j'avais peur qu'un manque d'humilité de ma part ne me fasse basculer du mauvais côté de la redescente. En même temps j'éprouvais une grande reconnaissance envers l'être humain en général, envers vous psychonautes qui grâce au partage d'expériences plus ou moins réussies et ou douloureuses m'avez permis de mieux "gérer" la mienne, j'étais aussi reconnaissant envers mes amis qui avaient vécu des expériences de cette ordre là et m'en avait parlé, Le silence tue qu'en penses tu ? Je vous sentais présents, à mes côtés.
Je repensais notamment à un amis qui avait passé un mois sur un lit d'hôpital avec deux vertèbres cervicales brisées et sous morphine tout les jours, ce fût une des périodes les plus difficile de sa vie, il m'avait dit qu'une musique l'avait bien aidé à ce moment là, Taro de Alt-J, je décidais de l'écouter. C'est extrêmement dur à décrire mais cette musique à un réel pouvoir (quand j'écrivais plus tôt que la musique m'apparaît comme magique, je suis on ne peut plus sérieux) la douceur de la voix et celle des instruments s'entremêlent à merveille, à la foi mélancolique et gentiment joyeuse, le refrain est tellement chargé émotionnellement, le tout lave vague après vague le corps et l'esprit jusqu'à les laisser complètement apaisés. J'écoutais plusieurs fois le morceau avec le volume de plus en plus bas, il était un peu moins de minuit quand mes douleurs oculaires disparurent complètement, mon mal de crâne était presque complètement atténué et mon corps encore douloureux, mais j'allais mieux.
Je décidais alors de passer au jour suivant avec mon morceau préféré: Stairway to heaven de Led Zepplin (il y a tant à dire dessus que ça pourrait faire l'objet d'un TR entier, j'arrive même dans des conditions appropriées à me mettre en "retour d'acide" avec ce morceau).
À partir de là, les effets se dissipèrent plus linéairement jusqu'à 2h du matin heure à laquelle tout fût quasiment finis, je passais ces deux dernières heures allongé dans une sorte de béatitude ou je prenais petit à petit conscience de l'ampleur de ce que je venais de vivre.
Si j'ai mis si longtemps avant de me décider à partager ce voyage, c'est que je voulais être sûr de l'avoir bien digéré et être sûr de savoir pourquoi je le partageais. J'ai d'ailleurs gardé cette expérience pour moi seul jusqu'à il y a une semaine seulement.
En conclusion, je partage cela à la fois pour permettre d'agrandir les connaissance sur les effets potentiels de ces petites graines, de vous remercier vous psychonautes de l'avoir fait avant et avec l'espoir que cela puisse en aider d'autre dans des moments difficiles.
J'espère aussi que cela fera prendre conscience à certain combien l'expérience des psychotropes en solitaire peut être périlleuse et dangereuse, en ayant tiré des conséquences très positive sur ma compréhension du monde et la vie, je ne peux pas la déconseiller formellement, je pense en revanche qu'il est nécessaire d'y être préparé (avoir déjà une expérience avec la substance, avoir une bonne connaissance de soi, des réactions d'autres individus qui ont eu le même type d'expérience, un bon état psychologique au moment de la prise...). Je pense aussi qu'il faut savoir pourquoi on en prends et aussi suivre son "intuition", si vous êtes respectueux avec ces graines, elles vous le rendront et vous dirons quand les consommer (sisi les plantes parlent).
Le LSA est un escalier abrupte et glissant vers la Connaissance, il faut l'emprunter avec prudence et douceur.
Merci à ceux qui m'ont lu jusqu'au bout, puisse ce témoignage vous être utile et n'hésitez pas à poser des questions si vous en sentez le besoin.