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Guest
Sentiment exagéré de sa propre valeur, estime excessive de soi-même, qui porte à se mettre au-dessus des autres.
Présomption, qui fait que l'on est persuadé de sa propre excellence, que l'on se juge supérieur aux autres.
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES
L'orgueil est pour le catholicisme, le pire des vices. Innée chez certains, et acquis pour d’autres, si l’amour-propre prédomine, il produit orgueil et fierté, suffisance et dédain. Souvent à l’origine de nos erreurs, il égare dans des glorifications visant à s’élever au dessus de ses origines, de son rang social, de sa propre personne (orgueil populaire). En plus de rendre suffisant et indifférent, l’orgueil se moque des opinions d’autrui, comme il assure un contentement souvent prétentieux, en disant ne trouver force qu’en soi, et par soi. Cet état d’esprit individualiste, tend à mépriser ses contemporains, en les rabaissant dans l’opinion que l’on s’en fait. Aussi l’orgueilleux se complait à refuser ou contester, cherchant toujours des difficultés pour se différencier, au lieu de mettre en avant une quelconque ressemblance avec autrui, qu’il jugerait alors rabaissante ou humiliante. L'humilité n’est donc pas de mise chez l’orgueilleux, qui ne reconnait pas ses torts, et cherchera constamment à (se) cacher ses faiblesses.
L’orgueil rendant insensible aux valeurs, il peut être un vecteur destructeur lorsqu’il nuit aux liens sociaux, et quand il fausse les rapports qu’entretiennent les individus avec eux-mêmes. Ainsi en rapportant tout à soi et en se croyant le plus méritant, l’orgueilleux s’attribue des atouts qu’il n’a pas forcément, en se méprenant sur sa propre personne quand il évolue au travers d’une image idéalisée de lui-même. Et dans ses relations, comme il ne reconnait pas les qualités des autres, en préférant les dénigrer sous couvert de jugement moraux, il se repli dans sa tour d’ivoire, et rompt petit à petit tout contact social.
DIVERSITÉ
L'orgueil s'exprime de différentes manières et sous diverses formes dont les plus courantes sont la vantardise, l’ostentation, la présomption, l’opiniâtreté, le dédain, l’ambition, et bien sur l’hypocrisie.
La vantardise est une vanité louant des atouts personnels vrais, ou prétendus, à propos de soit disant bonnes actions, pour s’en voir reconnu et félicité. La flatterie portant aussi sur le paraitre physique, l’orgueilleux aime se grandir en se tenant droit, et en affichant quelques richesses matérielles. Sa présomption lui fait supposer une opinion très favorable à son sujet, assurée par une prétention ne faisant que renforcer l’aveuglant excès de confiance qu’il se porte. L’opiniâtreté de l’orgueilleux le rend obstiné et têtu, en lui empêchant d’essentielles remises en cause personnelles, ou prises en compte d’avis autres que les siens. Et c’est donc en dédaignant son prochain, que l’orgueil pousse à prendre de haut son entourage, toujours en le critiquant pour se donner raison de son amertume. Mais cette volonté de haute distinction peut pousser l’orgueilleux à une réelle ambition, et se rendre ainsi d’autant plus digne de lui-même. Reste à savoir si cette aspiration à bien faire, est motivée par un besoin de plaire ou de reconnaissance, hypocritement masquée derrière une fausse modestie ?
En tant que vice capital, l'orgueil est le facteur commun de nos principaux travers. Quelle que soit la forme observée de ces autres vices, elle est toujours mûe par notre orgueil, par exemple quand nous nous présumons de qualités, quitte à entreprendre des activités nécessitant des capacités que nous n’avons pourtant pas. Ou lorsque nous refusons une aide extérieure, au point de laisser croire que nous maitrisons et allons bien, alors qu’en réalité nous galérons et nous refermons sur nous-même, abattus et déprimés. Et plus nous nous replions, plus nous serons susceptibles de (nous) mentir et de nous énerver par peur d’avoir à s’avouer, l’orgueil étant aussi un vecteur de nos plus violentes passions, telles la colère et la haine, la rancune et l’animosité.
L’orgueil s’applique dans un plan individuel, où il se manifeste dans notre intériorité, en nous masquant nos faiblesses pour que nos difficultés nous restent invisibles, et dans un plan relationnel, où il opère dans des actes extérieurs, ne révélant à autrui que notre voile protecteur, ou faux-self (fausse personnalité pour ne pas rendre visible la vraie).
SUR LE PLAN INDIVIDUEL
La tendance individualiste et égocentrique de l’orgueilleux, le pousse à ne s’attacher qu’à son propre jugement, en se fichant de l’avis d’autrui comme il pense avoir toujours raison. Aussi il se cache derrière des apparences trompeuses, mais sans nécessairement chercher à plaire aux autres, si sa propre opinion lui permet une satisfaisante valorisation de sa personne, et ce en apprenant à ne compter que sur ses forces personnelles. Le but narcissique de l’orgueilleux étant de gagner en estime, et en indépendance, il construira ses pensées de manière à se sentir supérieur et individuellement libre, même si ça n’est pas le cas. Ce qui l’importe est de s’imaginer tel qu’il se voudrait, et d’entretenir son fantasme. Si sur de nombreux aspects la vanité est corrélée à l’orgueil, ils se différencient du fait que le vaniteux cherche à plaire aux autres, quand l’orgueilleux cherche surtout à se plaire à lui-même. Mais la finalité est la même, lorsqu’il ne reconnait pas spontanément la vérité à son sujet, et qu’il ignore ses défauts et ses torts, en essayant de projeter une image idéalisée de lui-même. L’orgueilleux cherchant alors plutôt à se leurrer lui-même, qu’à tromper son entourage comme le vaniteux.
Cette image idéalisée de soi est donc partiellement vraie, pour ne pas dire fausse quand l’orgueil est des plus maladif. Mais si cet auto-aveuglement est rassurant, en réalité il sert de masque compensatoire au véritable sentiment d’insuffisance que ressent l’orgueilleux, pour ne pas s’avouer qu’il est en certain cas inférieur. Voici toute la complexité du mécanisme mis en œuvre, pour justement fuir ses complexes d’infériorité en tout genre.
Chacun se rêvant plus grand, plus beau, plus costaud, ou plus ouvert, plus prévenant, plus intelligent, l’individu fuyant ses complexes intellectuels et physiques, fait preuve d’orgueil en grandissant sa propre personne, à propos de qualités ou capacités plus ou moins avérées. Cette déformation de son image personnelle se veut objective, pour d’autant mieux justifier que l’orgueilleux peut-être un individu réfléchi, connaissant les erreurs induites par une pensée subjective. Ses réflexions associées à une envie de conquête, peut faire parvenir l’orgueilleux à dominer ses semblables, grâce à un charisme effectif, et une protection en béton contre les nombreuses attaques extérieures, rencontrées lors de son parcours de vie. En d’autres cas, l’orgueil a tendance à tenir à distance les individus ne voulant pas sortir de leur zone de confort, afin de ne pas se risquer à un possible échec.
Souffrance personnelle
Comme tout individu utilisant une fausse personnalité pour se prévenir des attaques extérieures, l’orgueilleux en s’idéalisant, se protège de lui-même. Tout son mépris, sa prétention, son entêtement, cache une souffrance dont il subit les aléas, et ce d’autant plus qu’il continue d’agir aveuglement, persuadé d’avoir raison, alors que c’est son mal-être et son obstination à paraitre qui le pousse à tant de déboires, de conflits, de suspicions et d’isolement. Cette souffrance inconsciente, l’orgueilleux tente de la masquer pour oublier ses tracas et hontes d’enfant. Se voulant mâture, il espère toujours secrètement être dorloté et écouté, idolâtré et pris en affection, sachant s’entourer de personnes qui sauront lui rendre son omnipotence perdue. Ou alors il se repliera dans son égo, ruminant ses susceptibilités en se donnant le bon rôle, et ainsi rassuré, il continuera de s’exposer à ses souffrances, en les déniant pour ne pas s’avouer. Les maladies mentales et affections les plus courantes chez les orgueilleux sont la paranoïa, la dépression, les angoisses nocturnes ou les crises d’autorité, à tendance mégalomaniaques.
SUR LE PLAN RELATIONNEL
Difficultés à sociabiliser
Dans la mesure où l’orgueilleux fuit ses difficultés liées à d’éventuelles souffrances psychiques, il essaye de projeter une trop belle image de lui-même, ce qui peut poser quelques problèmes en société quand il ne reconnait pas ses torts. Du simple et banal déni, l’orgueil peut se manifester par un détestable esprit de domination, en faisant preuve d’autorité ou en utilisant de vils moyens pour s’imposer. Trop fier pour chercher la conciliation lors d’un conflit, il n’hésite pas à jouer d’hypocrisie, puisqu’il est persuadé de ne s'être pas trompé, et d’être dans son droit en ignorant totalement la sensibilité d’autrui. Mentir fait aussi partie des caractéristiques de l’orgueilleux, ou tout du moins par omission, toujours pour voiler ses erreurs et préserver sa chère image. Il a donc du mal à être simple et vrai, et ça même devant ses proches.
Sa colère l’empêche d’autant plus à s’avouer, comme il l’utilise pour contrer toute opposition ou question le mettant en cause, élevant ainsi la voie sur quiconque le mettrait en défaut, en réveillant sa peur d’être démasqué. Si bien abruti, il peut aller jusqu’à utiliser la force, parce qu’un orgueil blessé pousse à l’agressivité, à la violence verbale et physique. De plus l’abus de confiance amène l’orgueilleux à brusquer ou culpabiliser ses interlocuteurs, pour leur imposer le silence parce qu’ils lui auraient manquer d’égard en lui faisant une remarque, pouvant être interprété comme une offense directe. Pour ce qui est de pardonner, l’orgueilleux étant des plus rancuniers, il est inutile d’espérer quoique ce soit de ce côté là, parce que si la possibilité de se venger se présente, il ne saura y résister. N’aimant pas la bonne réputation des autres, il les critique inlassablement en cherchant à leur communiquer son amertume, quand il est en phase de s’exprimer. Autrement il préfère rester silencieux, observant bien à l’abri dans son coin.
Besoin de contrôle
Il impose ses idées et ses façons de faire dans ses relations, comme étant les meilleures et devant être adoptées. Apeuré que les choses ne se fassent pas à sa manière, il cherche à contrôler son entourage pour prévenir de tous les risques que sa paranoïa peut envisager. Ainsi dans le pire des cas, l’orgueilleux empêche ses proches de prendre leurs responsabilités et de s’épanouir.
Au travail il est constamment sur le dos de ses employés ou équipiers, et en famille ses enfants sont soumis à des règles strictes, pouvant entraver leur développement quand ils n’osent pas prendre d’initiative, et que le parent orgueilleux les rabaisse en faisant la tâche demandée à leur place. L’orgueilleux ne sait donc pas faire confiance, à tout individu qu’il jugera inférieur, quitte à l'en priver d’autonomie pour s'attribuer les mérite de la tâche accomplie.
En amour
Contradicteur né, l’orgueilleux mène la vie dure à ses proches, d’autant plus qu’il peut mépriser les marques de distinctions publiques, ou les éloges indiscrets, parce qu’il ne sait pas accepter les émotions positives de ses prochains. Il aurait l’impression de paraitre faible si il se rabaissait à témoigner d’affectivité. Ne témoignant de quasiment aucun amour, ou de trop de sympathie, les orgueilleux finissent souvent seul, cherchant par exemple à compenser leur solitude dans des associations ou autres espaces sociaux, où ils pourront se rendre utile en dirigeant et servant, sans devoir familiaux ou amoureux.
ORGUEIL, PARANOÏA ET DÉPRESSION
Élément constitutif de la paranoïa de l’individu, l’orgueil le rend méfiant, en orientant ses pensées dans des délires de persécution, et en interprétant les propos d’autrui comme des atteintes à son intégrité.
C’est donc amené à se surestimer pour se rassurer, que l’orgueilleux se montre suffisant, il se préserve de tout contact humain, en se perdant dans des idéaux de grandeurs, ou moraux, que seul ses délires peuvent atteindre. Associé à la peur d’être dupé et mésestimé, il reste sur la défensive pour protéger son image, et s’offusque intérieurement de toutes remarques, allant jusqu’à extérioriser ses angoisses dans des besoins de contrôle ou d’autorité, souvent inadaptés aux situations. Aimant la justice pour la justice, il se montre plus psychorigide à l’égard des autres que de lui-même quand il fait leurs procès, qui se finissent trop souvent en brouille, comme la plupart de ses relations. Il s’en déclare alors déçu et blessé, ce qui peut être vrai, parce que l’orgueilleux peut être une personne des plus sensibles...cependant il ne faut pas qu’il en oublie sa large part de responsabilité, dans les ennuis auxquels il est mêlé.
Perfectionniste
L’orgueilleux croyant n’être apprécié que pour l’image parfaite qu’il a de lui-même, il s’efforce de bien faire les choses, pour gagner l’estime ou l’amour de son entourage. Ainsi il donne dans le perfectionnisme, quitte à rendre fou tout ceux qui ne partageraient pas sa rigueur visant la perfection, où ne reconnaitrait pas son idéal indépassable. Cette peur de l’échec projette l'orgueilleux dans un monde irréel, où toujours il doit en être le vainqueur, entretenant ainsi un détestable esprit de compétition. Et si l’orgueilleux ne serait pas à la hauteur de son idéal de perfection, son insatisfaction pourrait le mener à déprimer, et à se rabaisser mélancoliquement. Cette culture d’une image grandiose, entretenue dans un esprit de comparaison compétitive, rend les orgueilleux très anxieux, en débouchant malheureusement sur un état de dépression, ou de psychose paranoïaque, dans les pires des cas.
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Comte-Sponville : « L'homme humble ne se croit - ou ne se veut - pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire - ou de se vouloir - supérieur. »
Présomption, qui fait que l'on est persuadé de sa propre excellence, que l'on se juge supérieur aux autres.
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES
L'orgueil est pour le catholicisme, le pire des vices. Innée chez certains, et acquis pour d’autres, si l’amour-propre prédomine, il produit orgueil et fierté, suffisance et dédain. Souvent à l’origine de nos erreurs, il égare dans des glorifications visant à s’élever au dessus de ses origines, de son rang social, de sa propre personne (orgueil populaire). En plus de rendre suffisant et indifférent, l’orgueil se moque des opinions d’autrui, comme il assure un contentement souvent prétentieux, en disant ne trouver force qu’en soi, et par soi. Cet état d’esprit individualiste, tend à mépriser ses contemporains, en les rabaissant dans l’opinion que l’on s’en fait. Aussi l’orgueilleux se complait à refuser ou contester, cherchant toujours des difficultés pour se différencier, au lieu de mettre en avant une quelconque ressemblance avec autrui, qu’il jugerait alors rabaissante ou humiliante. L'humilité n’est donc pas de mise chez l’orgueilleux, qui ne reconnait pas ses torts, et cherchera constamment à (se) cacher ses faiblesses.
L’orgueil rendant insensible aux valeurs, il peut être un vecteur destructeur lorsqu’il nuit aux liens sociaux, et quand il fausse les rapports qu’entretiennent les individus avec eux-mêmes. Ainsi en rapportant tout à soi et en se croyant le plus méritant, l’orgueilleux s’attribue des atouts qu’il n’a pas forcément, en se méprenant sur sa propre personne quand il évolue au travers d’une image idéalisée de lui-même. Et dans ses relations, comme il ne reconnait pas les qualités des autres, en préférant les dénigrer sous couvert de jugement moraux, il se repli dans sa tour d’ivoire, et rompt petit à petit tout contact social.
DIVERSITÉ
L'orgueil s'exprime de différentes manières et sous diverses formes dont les plus courantes sont la vantardise, l’ostentation, la présomption, l’opiniâtreté, le dédain, l’ambition, et bien sur l’hypocrisie.
La vantardise est une vanité louant des atouts personnels vrais, ou prétendus, à propos de soit disant bonnes actions, pour s’en voir reconnu et félicité. La flatterie portant aussi sur le paraitre physique, l’orgueilleux aime se grandir en se tenant droit, et en affichant quelques richesses matérielles. Sa présomption lui fait supposer une opinion très favorable à son sujet, assurée par une prétention ne faisant que renforcer l’aveuglant excès de confiance qu’il se porte. L’opiniâtreté de l’orgueilleux le rend obstiné et têtu, en lui empêchant d’essentielles remises en cause personnelles, ou prises en compte d’avis autres que les siens. Et c’est donc en dédaignant son prochain, que l’orgueil pousse à prendre de haut son entourage, toujours en le critiquant pour se donner raison de son amertume. Mais cette volonté de haute distinction peut pousser l’orgueilleux à une réelle ambition, et se rendre ainsi d’autant plus digne de lui-même. Reste à savoir si cette aspiration à bien faire, est motivée par un besoin de plaire ou de reconnaissance, hypocritement masquée derrière une fausse modestie ?
En tant que vice capital, l'orgueil est le facteur commun de nos principaux travers. Quelle que soit la forme observée de ces autres vices, elle est toujours mûe par notre orgueil, par exemple quand nous nous présumons de qualités, quitte à entreprendre des activités nécessitant des capacités que nous n’avons pourtant pas. Ou lorsque nous refusons une aide extérieure, au point de laisser croire que nous maitrisons et allons bien, alors qu’en réalité nous galérons et nous refermons sur nous-même, abattus et déprimés. Et plus nous nous replions, plus nous serons susceptibles de (nous) mentir et de nous énerver par peur d’avoir à s’avouer, l’orgueil étant aussi un vecteur de nos plus violentes passions, telles la colère et la haine, la rancune et l’animosité.
L’orgueil s’applique dans un plan individuel, où il se manifeste dans notre intériorité, en nous masquant nos faiblesses pour que nos difficultés nous restent invisibles, et dans un plan relationnel, où il opère dans des actes extérieurs, ne révélant à autrui que notre voile protecteur, ou faux-self (fausse personnalité pour ne pas rendre visible la vraie).
SUR LE PLAN INDIVIDUEL
La tendance individualiste et égocentrique de l’orgueilleux, le pousse à ne s’attacher qu’à son propre jugement, en se fichant de l’avis d’autrui comme il pense avoir toujours raison. Aussi il se cache derrière des apparences trompeuses, mais sans nécessairement chercher à plaire aux autres, si sa propre opinion lui permet une satisfaisante valorisation de sa personne, et ce en apprenant à ne compter que sur ses forces personnelles. Le but narcissique de l’orgueilleux étant de gagner en estime, et en indépendance, il construira ses pensées de manière à se sentir supérieur et individuellement libre, même si ça n’est pas le cas. Ce qui l’importe est de s’imaginer tel qu’il se voudrait, et d’entretenir son fantasme. Si sur de nombreux aspects la vanité est corrélée à l’orgueil, ils se différencient du fait que le vaniteux cherche à plaire aux autres, quand l’orgueilleux cherche surtout à se plaire à lui-même. Mais la finalité est la même, lorsqu’il ne reconnait pas spontanément la vérité à son sujet, et qu’il ignore ses défauts et ses torts, en essayant de projeter une image idéalisée de lui-même. L’orgueilleux cherchant alors plutôt à se leurrer lui-même, qu’à tromper son entourage comme le vaniteux.
Cette image idéalisée de soi est donc partiellement vraie, pour ne pas dire fausse quand l’orgueil est des plus maladif. Mais si cet auto-aveuglement est rassurant, en réalité il sert de masque compensatoire au véritable sentiment d’insuffisance que ressent l’orgueilleux, pour ne pas s’avouer qu’il est en certain cas inférieur. Voici toute la complexité du mécanisme mis en œuvre, pour justement fuir ses complexes d’infériorité en tout genre.
Chacun se rêvant plus grand, plus beau, plus costaud, ou plus ouvert, plus prévenant, plus intelligent, l’individu fuyant ses complexes intellectuels et physiques, fait preuve d’orgueil en grandissant sa propre personne, à propos de qualités ou capacités plus ou moins avérées. Cette déformation de son image personnelle se veut objective, pour d’autant mieux justifier que l’orgueilleux peut-être un individu réfléchi, connaissant les erreurs induites par une pensée subjective. Ses réflexions associées à une envie de conquête, peut faire parvenir l’orgueilleux à dominer ses semblables, grâce à un charisme effectif, et une protection en béton contre les nombreuses attaques extérieures, rencontrées lors de son parcours de vie. En d’autres cas, l’orgueil a tendance à tenir à distance les individus ne voulant pas sortir de leur zone de confort, afin de ne pas se risquer à un possible échec.
Souffrance personnelle
Comme tout individu utilisant une fausse personnalité pour se prévenir des attaques extérieures, l’orgueilleux en s’idéalisant, se protège de lui-même. Tout son mépris, sa prétention, son entêtement, cache une souffrance dont il subit les aléas, et ce d’autant plus qu’il continue d’agir aveuglement, persuadé d’avoir raison, alors que c’est son mal-être et son obstination à paraitre qui le pousse à tant de déboires, de conflits, de suspicions et d’isolement. Cette souffrance inconsciente, l’orgueilleux tente de la masquer pour oublier ses tracas et hontes d’enfant. Se voulant mâture, il espère toujours secrètement être dorloté et écouté, idolâtré et pris en affection, sachant s’entourer de personnes qui sauront lui rendre son omnipotence perdue. Ou alors il se repliera dans son égo, ruminant ses susceptibilités en se donnant le bon rôle, et ainsi rassuré, il continuera de s’exposer à ses souffrances, en les déniant pour ne pas s’avouer. Les maladies mentales et affections les plus courantes chez les orgueilleux sont la paranoïa, la dépression, les angoisses nocturnes ou les crises d’autorité, à tendance mégalomaniaques.
SUR LE PLAN RELATIONNEL
Difficultés à sociabiliser
Dans la mesure où l’orgueilleux fuit ses difficultés liées à d’éventuelles souffrances psychiques, il essaye de projeter une trop belle image de lui-même, ce qui peut poser quelques problèmes en société quand il ne reconnait pas ses torts. Du simple et banal déni, l’orgueil peut se manifester par un détestable esprit de domination, en faisant preuve d’autorité ou en utilisant de vils moyens pour s’imposer. Trop fier pour chercher la conciliation lors d’un conflit, il n’hésite pas à jouer d’hypocrisie, puisqu’il est persuadé de ne s'être pas trompé, et d’être dans son droit en ignorant totalement la sensibilité d’autrui. Mentir fait aussi partie des caractéristiques de l’orgueilleux, ou tout du moins par omission, toujours pour voiler ses erreurs et préserver sa chère image. Il a donc du mal à être simple et vrai, et ça même devant ses proches.
Sa colère l’empêche d’autant plus à s’avouer, comme il l’utilise pour contrer toute opposition ou question le mettant en cause, élevant ainsi la voie sur quiconque le mettrait en défaut, en réveillant sa peur d’être démasqué. Si bien abruti, il peut aller jusqu’à utiliser la force, parce qu’un orgueil blessé pousse à l’agressivité, à la violence verbale et physique. De plus l’abus de confiance amène l’orgueilleux à brusquer ou culpabiliser ses interlocuteurs, pour leur imposer le silence parce qu’ils lui auraient manquer d’égard en lui faisant une remarque, pouvant être interprété comme une offense directe. Pour ce qui est de pardonner, l’orgueilleux étant des plus rancuniers, il est inutile d’espérer quoique ce soit de ce côté là, parce que si la possibilité de se venger se présente, il ne saura y résister. N’aimant pas la bonne réputation des autres, il les critique inlassablement en cherchant à leur communiquer son amertume, quand il est en phase de s’exprimer. Autrement il préfère rester silencieux, observant bien à l’abri dans son coin.
Besoin de contrôle
Il impose ses idées et ses façons de faire dans ses relations, comme étant les meilleures et devant être adoptées. Apeuré que les choses ne se fassent pas à sa manière, il cherche à contrôler son entourage pour prévenir de tous les risques que sa paranoïa peut envisager. Ainsi dans le pire des cas, l’orgueilleux empêche ses proches de prendre leurs responsabilités et de s’épanouir.
Au travail il est constamment sur le dos de ses employés ou équipiers, et en famille ses enfants sont soumis à des règles strictes, pouvant entraver leur développement quand ils n’osent pas prendre d’initiative, et que le parent orgueilleux les rabaisse en faisant la tâche demandée à leur place. L’orgueilleux ne sait donc pas faire confiance, à tout individu qu’il jugera inférieur, quitte à l'en priver d’autonomie pour s'attribuer les mérite de la tâche accomplie.
En amour
Contradicteur né, l’orgueilleux mène la vie dure à ses proches, d’autant plus qu’il peut mépriser les marques de distinctions publiques, ou les éloges indiscrets, parce qu’il ne sait pas accepter les émotions positives de ses prochains. Il aurait l’impression de paraitre faible si il se rabaissait à témoigner d’affectivité. Ne témoignant de quasiment aucun amour, ou de trop de sympathie, les orgueilleux finissent souvent seul, cherchant par exemple à compenser leur solitude dans des associations ou autres espaces sociaux, où ils pourront se rendre utile en dirigeant et servant, sans devoir familiaux ou amoureux.
ORGUEIL, PARANOÏA ET DÉPRESSION
Élément constitutif de la paranoïa de l’individu, l’orgueil le rend méfiant, en orientant ses pensées dans des délires de persécution, et en interprétant les propos d’autrui comme des atteintes à son intégrité.
C’est donc amené à se surestimer pour se rassurer, que l’orgueilleux se montre suffisant, il se préserve de tout contact humain, en se perdant dans des idéaux de grandeurs, ou moraux, que seul ses délires peuvent atteindre. Associé à la peur d’être dupé et mésestimé, il reste sur la défensive pour protéger son image, et s’offusque intérieurement de toutes remarques, allant jusqu’à extérioriser ses angoisses dans des besoins de contrôle ou d’autorité, souvent inadaptés aux situations. Aimant la justice pour la justice, il se montre plus psychorigide à l’égard des autres que de lui-même quand il fait leurs procès, qui se finissent trop souvent en brouille, comme la plupart de ses relations. Il s’en déclare alors déçu et blessé, ce qui peut être vrai, parce que l’orgueilleux peut être une personne des plus sensibles...cependant il ne faut pas qu’il en oublie sa large part de responsabilité, dans les ennuis auxquels il est mêlé.
Perfectionniste
L’orgueilleux croyant n’être apprécié que pour l’image parfaite qu’il a de lui-même, il s’efforce de bien faire les choses, pour gagner l’estime ou l’amour de son entourage. Ainsi il donne dans le perfectionnisme, quitte à rendre fou tout ceux qui ne partageraient pas sa rigueur visant la perfection, où ne reconnaitrait pas son idéal indépassable. Cette peur de l’échec projette l'orgueilleux dans un monde irréel, où toujours il doit en être le vainqueur, entretenant ainsi un détestable esprit de compétition. Et si l’orgueilleux ne serait pas à la hauteur de son idéal de perfection, son insatisfaction pourrait le mener à déprimer, et à se rabaisser mélancoliquement. Cette culture d’une image grandiose, entretenue dans un esprit de comparaison compétitive, rend les orgueilleux très anxieux, en débouchant malheureusement sur un état de dépression, ou de psychose paranoïaque, dans les pires des cas.
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Comte-Sponville : « L'homme humble ne se croit - ou ne se veut - pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire - ou de se vouloir - supérieur. »