Laura Revenudelaba
Elfe Mécanique
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Dans la continuité des précédents articles, une sorte de réactualisation de ce qui a été abordé par le passé à propos du nihilisme, en lien évident avec l'addiction.
- Hey, Freud et Jamy ! Youhou ! Vous m’entendez ?!?
- Hey, Freud et Jamy ! Youhou ! Vous m’entendez ?!?
- Oui la Petite Voix, on t’entend, mais où es tu ? on ne te voit pas...dit Jamy.
- C’est normal, je suis dans votre tête, en réalité je n’existe pas, je ne suis que le produit psychique de votre imagination, une projection neuronale de votre appareil cognitif, qui travaille inconsciemment pour vous, en toute subjectivité, qui se veut objective.
- Ah bon, mais comment ça se fait que tu puisses nous parler si tu n’existes pas alors ? C’est comme si t’étais avec nous, en nous, mais sans être là pour autant, rajouta Freud.
- Oui c’est étrange la conscience réflexive, la raison et le mental, mais c’est parce que j’ai emprunté les mécaniques de l’esprit pour dépasser quelques défenses et autres censures, et ainsi je peux vous parler comme si vous dialoguiez avec vous-même, dans votre for intérieur.
- Des mécaniques de l’esprit ? Des défenses et des censures ? Mais qu’est-ce donc que cela la Petite Voix ? s’étonna Jamy de ses grands yeux ronds derrière ses lunettes, buste légèrement penché en avant et poings serrés sur ses hanches.
- Hey oui, les mécanismes de défenses de l’esprit c’est ce qui nous permet de ne pas nous effondrer face aux cruelles vérités que nous imposent le réel. Face à la réalité dans toute son adversité, sa fatalité, qui parfois nous pousse à déprimer. Comme lorsqu’on se sent mélancolique, pas vrai Freud ?
- Tout à fait la petite voix, j’ai d’ailleurs pas mal théorisé sur la mélancolie, sentiment qui peut aller d’un état de vague et douce tristesse à un état morbide caractérisé par un abattement physique et moral complet. Pessimisme généralisé, accompagné d'un assombrissement de l'humeur et d'un certain dégoût de soi-même et de l'existence, voire de pensées suicidaires.
- Oula, ça n’a pas l’air très rigolo tout ça, commenta la Petite Voix.
- Hey non, faut pas prendre à la légère ce phénomène dépressif ! D’où l’intérêt de se pencher sur ses philosophies pour s’y retrouver, se dépatouiller dans tout ce marasme affectif pouvant nous tourmenter dans quelques émois troublés. Aujourd’hui le thème à la mode est la solastalgie, tu sais, cette forme d’éco-anxiété, provoquée par la prise en compte des problématiques écologiques liées au réchauffement climatiques. Alala, on est bien loin de l’hystérie et des névroses du début du 20ème siècle !
- Tout à fait, surenchérit Jamy, la solastalgie, c’est ce spleen contemporain que de plus en plus de personnes éprouvent. Mais cette déprime partagée n’est pas nouvelle. A vrai dire on peut la faire remonter aux révolutions industrielles et bien avant encore. Nietzsche a évoqué le sujet de manière plus générale, sous l’appellation de nihilisme contemporain, qu’il fait remonter à la perte de nos croyances en les valeurs chrétiennes. À la mort de Dieu, comme quoi ce serait nous qui l’aurions tué, en nous-même. Le nihilisme serait cette perte de valeurs en le Tout-Puissant, qui de là-haut nous jugeait ici-bas. Autrement dit la perte de sentiment d'appartenir à un tout plus grand que soi, sorte de foi en soi quand on se sent impliqué, un dans le tout, tout en un. Alors qu’aujourd’hui, du fait d'un individualisme forcené, d’un sentiment d’indifférence à l’égard de la nature et d'autrui, beaucoup ne ressentent plus rien, comme clivés, dépersonnalisés, ou bien se perçoivent tels des moins que rien, déprimés. Des parasites qui gangrènent la planète en détruisant ses écosystèmes. Mais allons à Sils-Maria demandé à Nietzsche de nous expliquer plus en détails cette histoire de nihilisme contemporain, qui comme prophétisé, l’humanité devrait encore subir pendant 100 ans ! Avant de se reprendre en main…s’il n’est pas trop tard… Jamy toqua à la cloison du camion : « Allez chauffe Marcel ! On va en Suisse retrouver Nietzsche !
TchooooOOOOO ! TchOOOOOO !
Générique, musique rock’n’roll ça déboîte, vous connaissez.
Pshhiiiii, le camion s’arrête :
Freud parle avec la petite voix, lui demandant si elle est son moi ou son surmoi :
- Ça n’est pas le sujet, lui répondit-elle, amusée. « Ah tient, y a le philosophe déluré qui se promène là-bas, avec sa grOsse moustache ! Allons l’interroger !
Nietzsche perdu dans ses pensées, sembla reconnecté à la réalité humaine, après avoir perçu le réel, au plus près de ses sens :
- Le nihilisme vous dites ? Désenchantement moral de son monde, qui nous traverse tous de part notre condition d’occidentaux rendus médiocres à force de morales faibles, de se vautrer dans la moraline, sans plus accepter les vérités du monde, mais en préférant de vains mensonges. Soit disant rassurants. L’humain se sent désormais épuisé, fatigué, malade d’être lui-même, de son asservissement dans un ordre absurde des choses, sentiment collectivement partagé lorsque ses illusions tombent et qu’advient la désillusion. Ébranlement existentiel qui pousse au découragement, à l’abandon de ses espérances, dans une moribonde et affaiblissante perte de valeurs. Triste compréhension que le monde ne tourne pas rond, et que face à son impuissance, l’on en vienne à se dire « à quoi bon », que « c’est comme ça », qu’il ne pourra jamais en être autrement... Alors tout paraît vain, en mettant tout sur le même plan, dans un salvateur cynisme, pour ne pas mourir de cette ultime vérité qu’est de s’avouer sa propre inutilité dans sa nullité. Parce que lorsque tout se vaut, rien ne vaut plus rien. Et advient la dépression. Ainsi parlait Nietzsche, Zarabracadabra !
- Oula, il a du abuser sur le champagne et les opioïdes le père Nietzsche, mélange à éviter les enfants, commenta la Petite Voix inquiète.
- Tout va bien, essaya de rassurer Freud, je vais lui prescrire une bonne dose de coco, ça va lui reconnecter les neurones dans son cocotier haut perché, chez moi ça a marché du tonnerre, assura-t-il, tel un sorcier se frottant la narine de son index.
Nietzsche balaya d’un revers de main la poudre de perlimpimpin : « Point trop n’en faut ! Accepter sa souffrance est bien suffisant pour se sentir vivant ! Vous devez réapprendre le culte et la célébration de la vie, chérir votre volonté de puissance pour ne pas dépérir de vous-mêmes, tels de simples mortels égarés dans la modernité. Ô derniers hommes, pauvres de vous-mêmes, visez le Surhumain, l’intense densification de votre existence en vous surmontant. Nouvelle transcendance dans l’immanence... Osez plonger votre regard dans l’abîme, et l’abîme vous regardera ! Vous croyez être vivants, mais qui de vous le sait vraiment !? QUI DE VOUS SE SENT VRAIMENT VIVANT !?
- Oui merci Nietzsche, sans transition Jamy va nous expliquer tout ça. Jamy ? Vite !
- Hey oui la Petite Voix - raclage de gorge - c’est ça la philosophie façon Nietzsche, un truc d’illuminé qui embrouille l’esprit. Rien ne vaut de bons cours universitaires pour s’éteindre l’esprit plutôt que d’allumer ses pensées en entrevoyant différemment le sens de son existence. Si elle a un sens…, par-delà bien et mal, au-delà de l'illusion de son libre arbitre. Mais revenons-en au nihilisme, quand son existence n’a justement plus de sens, faute de valeurs fortes, énergisantes, sur lesquelles s’appuyer véritablement, en se voulant plein de vitalité dès le matin, prêt à œuvrer pour ce que l’on juge bon et qui nous le rend bien. C’est je crois là toute la transvaluation morale que cherche à nous proposer Nietzsche, via tout son charabia.
Mais développons tout ça dans quelques articles, qui viseront à (re)politiser la philosophie existentielle nietzschéenne, ensemble sur la route des idées, un pour tous et toutses pour un.
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