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QUELQUES TROUBLES LIES AU NARCISSISME
Cet article est composé de divers copier/coller provenant de toutes sortes d'articles. Ayant regroupé au fil des mois des centaines de paragraphes placés par-ci par là dans des dossiers, je n'ai pas pris la peine de sourcer l'article. Si demandé, je peux essayer de retrouver les liens des sources composant l'article. Autrement, l'article n'a d'autre but que de proposer un aperçu des troubles liés au narcissisme, en aucun cas il est une gageur d'une quelconque vérité générale. Bref c'est un travail d’amateur, pour des amateurs.
DIFFÉRENTS TYPES ET DEGRÉS DE TROUBLES NARCISSIQUES
Le narcissisme est souvent appréhendé dans une conception péjorative d’orgueil, d’égocentrisme, d’amour de soi, d’investissement de soi au détriment de l’investissement d’objet qui, lui, apparaît comme idéal. Il est d’ailleurs le plus souvent considéré dans une approche psychopathologique, qu’il s’agisse des interprétations et des préjugés que « les gens » en font (narcissisme = gros connard ou pervers narcissique), ou bien du descriptif du DSM 4 de la personnalité narcissique :
- Sens grandiose de sa propre importance ou de son caractère exceptionnel…
- Préoccupation pour des fantaisies de succès, de pouvoir, de beauté, d’amour idéal
- Pense être « spécial » et unique
- Besoin excessif d’être admiré
- Exploite l’autre dans les relations interpersonnelles, l’utilise pour parvenir à ses fins
- Manque d’empathie, n’est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui
- Envie souvent les autres et croit que les autres l’envient
- Fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains
- Pense que tout lui est dû, s’attend sans raison à bénéficier d’un traitement particulièrement favorable, et à ce que ses désirs soient satisfaits
Le DSM 4 décrit surtout le narcissique de type grandiose (triomphant), mais laisse de côté des présentations plus nuancées de ce trouble, telles les personnalités aux prises avec des sentiments d’infériorité, d’hypersensibilité, souffrant d’une vulnérabilité narcissique diffuse, c’est à dire qui ont été blessées précocement dans leur estime de soi, et que l’on retrouve si souvent dans les cabinets de psychothérapie (alors que les pervers narcissiques et autres narcissiques triomphants courent les soirées et grimpent les échelons sociaux en charmant et usant de leur pouvoir d’action et de persuasion sur autrui).
GENÈSE DES TROUBLES NARCISSIQUES - Des troubles liés à l'estime de soi
La personnalité de l’enfant se développe dans la relation à l’autre, en particulier à la mère. C’est au cœur de cette relation, dans sa dynamique propre, que certains auteurs ont rencontré des éléments de compréhension de cette problématique : ça serait « Parce qu’il a perdu le paradis intra-utérin, ou qu’il n’a pu vivre ses propres sentiments et rencontrer son vrai soi. Autrement il est question de faiblesse du moi et d’immaturité, le sentiment de vide étant difficile à combler, la relation d’objet est de type anaclitique, l’autre fonctionne comme un auxiliaire du Moi et aide à tenir à distance la position dépressive. certain parle de « la mère sourde » prise elle même dans sa dépression et incapable de se réjouir de son enfant. Dans la plupart des cas, le parent détient la maîtrise de la relation, et en construit le cadre (autoritaire, fusionnel, intrusif, répulsif, etc). On est dans une relation dominant/dominé, un climat relationnel de dépendance complexe où il n’y a pas de place pour deux êtres différenciés.
L’enfant a une étonnante aptitude à sentir les besoins de sa mère et à y répondre. Pour ne pas risquer de perdre son amour, il va refouler ses émotions et ses sentiments. Ses besoins à lui ne pourront pas être intégrés, d’où le rôle des parents de l’y aider en étant empathique à leur tour, sinon l’enfant aura du mal avec lui-même, avec ses affects qu’il ne saura appréhender et se représenter, afin de s’en émanciper. L’adaptation aux besoins parentaux conduit au développement de ce que Winnicott appelle le faux self. L’enfant est sommé d’être conforme, et de se conduire de manière à ne montrer que ce qu’on attend de lui. Son vrai self ne peut pas se développer ni se différencier, d’où un sentiment de vide. Il ne peut ni construire son sentiment de sécurité intérieure, ni se fier à ses propres ressentis. Il ne connaît pas ses vrais besoins, et finit par être comme étranger à lui même. Toute sa vie, il va rester tributaire de la confirmation des autres (dépendant).
L'amour primaire de Balint
Plutôt que de parler de Narcissisme, Balint va parler d’amour primaire ; dans ce type de relation, tout être recherche fondamentalement que tous ses besoins soient satisfaits ; quand le bébé se rend compte que les autres et le monde extérieur ne sont pas qu’à son service, il réagit de deux manières différentes :
- Soit il devient « ocnophile » : il adopte une attitude dépendante, recherchant constamment ce « paradis perdu » où on s’occupait bien de lui.
- Soit il devient « philobathe » : il recherche une autonomie absolue, refusant toute forme de dépendance et même d’engagement.
ENJEUX THÉRAPEUTIQUES DU NARCISSISME
Un trouble de la personnalité narcissique n’est pas la même chose qu’une blessure narcissique. La plupart des troubles psychologiques sont liés à des blessures narcissiques, c’est pourquoi c’est un thème si important. Toute angoisse, tout sentiment de honte, tout sentiment de culpabilité sont des processus narcissiques. Aussi un élément narcissique est inhérent à chaque cas de sadisme, de masochisme, d’exhibitionnisme ; d’où le fait que le terme de « narcissique » ne fasse que remplacer dans l’ensemble, un concept spécifique connu par un concept général.
Néanmoins il existe une différence importante entre narcissisme normal et pathologique, il y a des personnes qui ont une structure de personnalité narcissique (non problématique à la vie en société et avec soi-même, tant qu'elle est mesurée) et d’autres qui ont une fixation ou une régression à certains moments à un narcissisme infantile normal ; on parlera alors de « failles narcissiques » quand leur développement sera entravé en continuant de se comporter puérilement tels des enfants (exemple des enfants-rois qui exigent tout des autres), ou en mettant leur santé en péril. Freud parle :
- De narcissisme sain lorsqu’il y a un équilibre entre l’investissement de la libido envers soi-même et l’investissement de la libido envers l’Autre.
- De narcissisme pathologique quand, soit la libido est surinvestie vers des objets extérieurs (ex : burn-out, dépression, dépendance affective), soit que la libido est surinvestie sur le Moi (délire de grandeur, Moi idéal survalorisé).
Les fragilités narcissiques se retrouvent :
- Dans les structures psychotiques avec une indifférenciation relative du moi
- Dans les structures État Limites, malgré une différenciation Soi/Non-Soi satisfaisante.
La principale problématique des troubles narcissiques, advient lorsque la libido de la personne est retirée des Autres (d’autrui et des objets) et réinvestie massivement dans le moi ; il y a désintérêt pour le monde extérieur et délire de grandeur (orgueil pathologique et mégalomanie). Ceci se fait partiellement dans les États Limites, quasi complètement dans les personnalités narcissiques (souvent chez les psychotiques), et de façon perverse dans les perversions narcissiques.
Vis-à-vis de la haine et de l’agressivité
Tant qu’on ne se voit pas véritablement on vit dans une certaine jubilation dionysiaque, dans une euphorie de soi digne des plus belles illusions de toute puissance infantile : « Je suis le meilleur » se dirait un gosse de quatre ans. Dès qu’on se voit tel qu'on est avec nos faiblesses, naissent en même temps que l’image, le ressentiment et l’hostilité contre ce qui n’est pas cette image idéalisée de soi. Le pire étant lorsque autrui nous renvoie ce que l’on ne veut pas voir chez soi (ses hontes, ses culpabilités, ses torts, ses vulnérabilités). Que me veut l’autre ? demande Narcisse enfermé dans son île imaginaire, où il essaye tant bien que mal de préserver ses illusions.
Narcissisme, haine et agressivité sont coextensifs. La conscience de soi se voit comme conscience d’elle-même. Elle figure Narcisse et ne supporte personne. Le narcissique est lourd et psychorigide. Narcisse fait de son image une carapace à l’intérieur de laquelle il s’endort, il s’abrutit en cherchant l'immobilité, refusant ainsi tout changement psychique et physique.
Vis-à-vis de la haine de soi
L’individu s’aime plus ou moins selon la manière dont il se traite et se respecte lui-même, selon comment il se parle et se critique dans son for intérieur (négativement, justement, positivement, à tort ou à raison), c'est-à-dire en fonction de la qualité relationnelle entre son narcissisme et sa libido d’ordre pulsionnelle, et non en fonction de la quantité oscillante de libido, investit dans un objet ou sur soi-même. Comprenons que ce n’est pas parce qu’on se surinvestit en narcissisme, que l’on s’aime pour autant. Tout dépend de si son narcissisme, qui reste fixe en étant non quantifiable, accepte de traiter une partie de la charge libidinale émise en parallèle, qui elle est mesurable dans une estimation de soi. L’estime de soi dépend de la qualité des rapports que l’on entretient avec soi-même et avec autrui, et de l’image que l’on a de sa propre personne, en comparaison de qui l’on est véritablement. Plus on s’évalue différent de sa vraie nature, en se trompant sur son propre compte, moins son estimation de soi est bonne. Et plus l’individu s’investit narcissiquement, plus son moi le berce d’illusions, et moins la qualité de son dialogue intérieur lui permet de s’estimer avec mesure et parcimonie (en découle des caractères d’orgueil et de vanité). Généralement, c’est à ce moment là que ses relations sociales en pâtissent, lorsque l’individu fait preuve de trop d’ego en niant les affects ou l’avis d’autrui, et en cherchant à imposer ses opinions (tendance égocentrique).
Le narcissisme édifie donc la subjectivité et l’estime qu’à l’individu de lui-même.
Ainsi, si le narcissisme reste fixe et inaltérable quantitativement, c’est le moi qui évolue en devant recevoir un investissement narcissique qualitatif à chaque étape de son évolution. Dans ses périodes de remise à jour de soi, on retrouve souvent un comportement égocentrique dit narcissique, pendant lequel l’individu autocentré fait preuve d’ego, le temps qu’il ait assimilé son nouvel état plus mature, afin de pouvoir le vivre plus posément en étant serein avec lui-même, et son entourage. Le narcissisme agit en silence et il est parfois difficile de le remarquer, parce qu’en manquant de support somatique spécifique, il se sert des autres instances psychiques pour s’exprimer et restructurer l’individu, dans son estime de soi. Il utilise donc la libido sans se confondre avec elle, dans un mouvement narcissisant du Soi (et qui charge aussi de libidio les objets extérieurs), mais le narcissisme en passe aussi par le moi, par son propre devenir, ses actes et satisfactions pulsionnelles, en les estimant selon leur valeur (valeur subjective liée à son propre idéal du moi auquel l’individu se réfère pour aller de l’avant, dans ses ambitions. Autrement le narcissisme s’en réfère au moi idéal dans un mouvement plutôt régressif, ou dans une stagnation de sa personne). C’est donc cet investissement narcissique complémentaire à ce qu’il se passe à l’intérieur du moi, qui est constitutif du développement égotique, autant dans les sens positif et négatif de ses implications, qu’en recevant la libido de l'inconscient quand il est essentiel de se sentir valoriser dans son moi, pour s'individuer et devenir qui l’on est (c'est-à-dire affirmer son ego sans prétention, sans orgueil ni vanité).
HYPOTHÈSE DE LIENS ENTRE LE PARANOÏAQUE ET LE NARCISSIQUE A TENDANCE ORGUEILLEUSE
Les trois principaux symptômes clés qui confirment un terrain paranoïaque sont :
1- Folie des grandeurs
2- Jalousie (la jalousie vient du fait que l’on veut posséder la personne aimée)
3- Délire de persécution
Et vis à vis de la personnalité narcissique :
1- Se prend pour le nombril du monde, est égocentrique, se voit comme la plus grande.
2- Désire posséder la personne aimée car en réalité ce qu’elle aime c’est son propre reflet et elle ne supporte pas que celle-ci soit possédée par quelqu’un d’autre.
3- Puisque le monde tourne autour d’elle, elle croit que tout le monde l’observe, est d’une susceptibilité extrême.
Il y a là à chaque point des recoupements qui se cristallisent dans le caractère orgueilleux, caractère qui lui aussi reprend chacun des trois points dans ses attitudes et comportements.
NARCISSISME ET MASOCHISME - Espérer en baver pour se légitimer de sa honte et de ses culpabilités
« Ici le plaisir de la douleur cèderait plutôt la place au plaisir du malheur, quand la moindre menace de bonheur promet un malheur toujours plus grand. »
La dimension orgueilleuse du masochisme pourrait être liée à une forme de narcissisme moral, lorsque l’individu ne recherche pas la punition, mais se l’inflige pour sauver son honneur. « A défaut d’être grands dans la réussite, ces patients seront grands dans l’échec », écrit Jeammet. Ces conduites visant l’échec permettraient ainsi d’alimenter l’omnipotence infantile que les jeunes ont du mal à abandonner, mais aussi les adultes. Ces conduites masochistes sont des défenses narcissiques, permettant à l’individu de se retrouver dans la souffrance, de donner un sens à sa vie, dans un rituel où la douleur le reconnecte à lui-même. L’aspect moral intervenant lorsque l’individu renonce à toute sorte de chose, de biens, de plaisir, pour s’offrir un plaisir qui lui sera plaisant. L'aspect est moralement plaisant par le renoncement : « moi je ne participe pas au Black Friday », et plaisant physiquement lorsqu’il excite des zones érogènes en satisfaisant ses pulsions de mort : « à la place je bois un verre en fumant ». A partir de là il y a des renoncements plus ou moins vénères, et qui infligent plus ou moins de souffrances.
Vis-à-vis de l’autodestruction - une impasse de la dialectique Moi Idéal – Idéal du Moi ?
Derrière la recherche du malheur, il y a presque toujours la recherche de la douleur, voire celle d’un persécuteur. « Il est rare que dans le malheur il n’y ait pas une complaisance à la douleur. » Et la cure doit essayer de mettre au jour la répétition dans ces conduites qui visent à rechercher cette douleur. Il y a dans cette répétition, cette recherche de l’immobilité, une forte résistance au changement, qui peut être assurément articulée au narcissisme, et aux défenses narcissiques mises en place par certains adolescents et adultes. Car c’est la dimension de la mise en échec, de l’opposition à tout changement, voire au désir lui-même, qui implique de changer, et qui semble à l’œuvre dans les excès compulsifs de jeux vidéo, d’achat en tout genre, de boulimie ou de consommation de stupéfiant, par exemple. Ainsi se cacher sa recherche du malheur dans une absence de subjectivation, dans une réduction de son dialogue intérieur à « Je m'en bas les couilles, je veux je prends », tend vers le divertissement permanent pour garder le contrôle de soi (dans un parfait déni et refoulement de tout ce qui dérangerait ses illusions, ses délires, et son omnipotence).
Au delà des apparences, des pseudos réussites sociales conformistes.
Une façon d’essayer de contrôler ses angoisses revient donc à adopter une conduite masochiste, qui deviendrait alors protection lorsqu’en appliquant à soi-même un mal, on en est sur du résultat. L’individu maitrise sa douleur, selon ce qu’il veut ou peut endurer. Tout dépend de s’il recherche une douleur plaisante, ou une confrontation à ses limites, pour étendre le cadre de sa souffrance, explorant ainsi toujours plus l’infini de son désarroi et de ses capacités à résister à ses maux qu’il ne peut ni saisir ni définir, juste s’en rapprocher pour s’en sentir exister dans un mouvement de réappropriation de sa souffrance. La dynamique étant alors de faire passer une souffrance inconsciente, latente et insaisissable, en une douleur consciente et maitrisable, dans un cadre que l’individu aura défini : « En enfonçant un peu plus la lame, la douleur devrait être un peu plus forte ».
PROBLÈME ADOLESCENT de « remaniements narcissiques »
Pour tout être humain, l’illusion d’une identité personnelle est fondamentale, et « la conservation de cette identité peut être considérée comme un besoin psychique primordial ». Il faut rappeler ce préalable essentiel, avant de dire que, précisément à l’adolescence, c’est cette conservation de l’identité, assurant une certaine continuité d’existence qui est, bien souvent, fragilisée, voire, dans la psychose, franchement attaquée.
Difficulté avec soi-même, liées au fait de rejeter brutalement les imagos parentales :
« Les difficultés des relations des adolescents avec les autres, notamment les adultes, c’est à dire le besoin des adolescents de rejeter brutalement les personnages et les imagos des parents, induisent chez ces sujets de profondes difficultés dans leurs relations avec eux-mêmes, s’exprimant – explicitement ou non – en une interrogation anxieuse plus ou moins intense concernant leur personne. Il y a là une réactivation des angoisses enfantines, qui « constitue souvent pour les adolescents une blessure narcissique profonde ». C'est-à-dire que le passage de l’adolescence est toujours mouvant et plein de remous, comme le grand enfant en nous doit s’adapter à son corps maintenant pubère, et gagner en autonomie tout en acceptant ses responsabilités (aptitude à procréer, choix de vie, relation sociale changeante). Il ne peut plus se référer à l’image qu’il avait de ses parents étant enfant, en devant aujourd’hui façonner sa propre image, et en devant définir et accepter sa propre personnalité, d’après de nouvelles représentations de soi et de la vie en générale, de nouveaux idéaux, qu’il trouvera et auxquels il s’identifiera lors de son parcours de vie adolescente, puis adulte.
Importance pubertaire des identifications
Ainsi face à son corps et ses fantasmes, l’adolescent ne peut plus se cacher derrière l’innocence de son corps d’enfant. L’arrivée du pubertaire entraîne un changement au niveau de la valeur du statut du corps, qui est à présent à l’égal de celui des parents, et possèdent les mêmes potentialités. L’adolescent ne peut plus se retrancher derrière l’impuissance du corps de l’enfant afin de maintenir à l’état de fantasmes certains désirs organisateurs de sa psyché. Étant donné que l’adolescent ne peut plus se reconnaître dans ce qu’il avait construit durant son enfance, il prend bien conscience que ce qu’il pensait comme stable, ne l’était pas, et que le plus intime de son être, peut devenir dangereux pour lui-même. Il doit alors revoir tout son monde sous un aspect plus mâture, adopter des points de vue plus complexes, et s’identifier à de nouvelles valeurs.
Le problème de ce changement de paradigme intervient lorsqu’une fois les illusions enfantines tombées, la désillusion est telle que l’adolescent s’enfonce dans un nihilisme passif (déprimant et végétant dans son lit) ou actif (destructeur de biens et de valeurs). Il devient provocateur et recherche de nouvelles limites, pour s’approprier son nouveau corps et son nouvel esprit, et il recherche aussi des valeurs éthiques et morales essentielles qui peuvent lui manquer, et sur lesquelles il doit reposer, afin de s’étayer et se soutenir. Commence alors des jeux de mimétisme et de suivisme, où l’adolescent imite ses pairs, suit des « grandes personnes » dans des groupes auxquels il va s’identifier pour les idéaux et valeurs qui y sont véhiculés. En recherche de nouvelles illusions pour fuir son propre néant, toute sorte de pratique et de consommation peuvent aussi l’aider à trouver du sens à sa vie, sa vie qui peut lui paraitre insignifiante.
L’importance d’avoir des valeurs sur lesquelles s’appuyer
Le rôle des parents est d’assurer symboliquement une direction à suivre à l’enfant, puis à l’adolescent, en répondant à ses interrogations, en l’aiguillant dans ses doutes, quitte à remettre en cause certaines de ses certitudes et convictions, de ses préjugés vis à vis de ce qu’il ignore. C’est pourquoi les réponses des adultes autres que ceux de la famille sont aussi importantes pour les adolescents. Mais cela pousse également ces adolescents à idéaliser, ou même parfois idolâtrer, certains de leurs pairs auxquels ils attribuent des qualités hors du commun.
DÉSIR, INSATISFACTION ET IDÉAUX - Blessure à l’omnipotence
Le narcisse est un être blessé. Il souffre d’une blessure portée à l’ « omnipotence infantile » qu’il a directement ressentie ou projetée sur ses parents. L’achèvement du développement d’un « moi » en chacun de nous se traduit par notre capacité à reconnaître les objets de notre désir. C’est ce que Narcisse n’est pas parvenu à réaliser tout à fait. Le moi de Narcisse est devenu son propre objet de désir. Il a le désir de se chercher pour se trouver soi-même, alors que c’est impossible de se connaitre sans altérité, sans en passer par l’autre.
Le désir est un mouvement.
C’est un mouvement qui décentre, lorsque le désir implique une séparation. L’altérité nécessite de se séparer de soi pour en passer par l’autre, afin de se reconnaitre en lui, avant d’en revenir à soi avec une plus grande connaissance de sa personne. Or si l’individu n’arrive pas à retrouver son unité, il est perdu entre l’autre et lui-même, et cherchera indéfiniment son reflet pour tenter de savoir qui il est, si ses apparences dans lesquelles il se berce sont toujours effectives. Bref Narcisse se recoiffe à chaque fois qu’il passe devant un miroir, en espérant toujours se plaire.
Accepter la frustration
Le besoin de toute puissance est une défense mise en place contre un sentiment d’angoisse, d’une crainte d’un effondrement éminent. Le narcissique croit que ce qui est bon l'est grâce à lui (dimension morale), sans prendre en compte tous les paramètres extérieurs influents, parce qu’il vit dans son illusion et son besoin d’omnipotence, comme un petit enfant. Il est donc impératif d'organiser la frustration, en sortant de son narcissisme primaire. Les parents doivent se refuser d’accéder à toutes les demandes par la frustration, et ainsi apprendre à leur enfant à différer les plaisirs, ou y renoncer en vue d'un meilleur plaisir à venir (parfois attendre une heure de plus avant de manger, est préférable plutôt que de grignoter par ennui). Savoir attendre est une manière d’accéder à la temporalité, c’est à dire à soi-même, lorsque l’on demande au lieu d’exiger, lorsque l’on partage au lieu de prendre pour soi. Vivre et travailler avec autrui nécessite de faire avec lui, même si il ne va pas à la même vitesse que soi. Narcisse se frustre d’être plus rapide ou moins rapide qu’autrui, il râle et se sent mal, et reproche à autrui sa façon de procéder, soit qu’il va trop ou pas assez vite d’après lui, puisqu’il est la seule référence qui soit, sa propre référence indépassable.
Prochain article : Les affects narcissiques