Puwul
Neurotransmetteur
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Témoignage :
Bonjour à tous, je viens vous livrer mon expérience sur mon addiction et sevrages répétitifs à la NEP. Ce texte risque d'être long, trop long, c'est pour cela que j'écris ce petit préambule. Si vous voulez passer d'un paragraphe à un autre ne vous gênez pas, car je ne veux pas imposer une longue lecture si elle vous paraît inutilement longue. Néanmoins j'ai besoin de poser des mots sur cette addiction que j'ai eu et mes tentatives successives à me sevrer.
Je débute par un disclaimer assez évident, mais je n'invite personne à consommer cette substance, j'invite tout le monde à être vigilant et à utiliser cette lecture comme de possibles red flags à une consommation qui dérape. Je précise aussi que je risque de m'attarder sur certains détails qui pourraient heurter la sensibilité de certains, sans aller vers des choses trop personnelles c'est un besoin pour moi d'expliquer toute la déchéance dans laquelle j'ai été. Ce texte n'est pas là pour m'apitoyer ou pour rechercher quelconque reconnaissance. Cependant si vous avez des questions ou un simple commentaire à mettre je vous lirais avec plaisir.
Comme je sais que tout cela va être long à lire et encore plus à écrire, j'ai découpé mon témoignage en plusieurs parties qui seront séparées par des astérisques. De cette manière vous pourrez vous repérer plus facilement d'autant plus que mon témoignage est linéaire dans le temps.
Je termine cette introduction par des remerciements à toutes les communautés et personne qui m'ont accompagné et aidé sur ce long chemin, un chemin de croix pourrait-on dire. Tant de personnes qui m'ont soutenu et conseillé afin de m'en sortir, qui m'ont sorti la tête de l'eau. Comme quoi même par internet on tombe sur de très bonnes personnes. Merci à tous ces gens.
Je débute par un disclaimer assez évident, mais je n'invite personne à consommer cette substance, j'invite tout le monde à être vigilant et à utiliser cette lecture comme de possibles red flags à une consommation qui dérape. Je précise aussi que je risque de m'attarder sur certains détails qui pourraient heurter la sensibilité de certains, sans aller vers des choses trop personnelles c'est un besoin pour moi d'expliquer toute la déchéance dans laquelle j'ai été. Ce texte n'est pas là pour m'apitoyer ou pour rechercher quelconque reconnaissance. Cependant si vous avez des questions ou un simple commentaire à mettre je vous lirais avec plaisir.
Comme je sais que tout cela va être long à lire et encore plus à écrire, j'ai découpé mon témoignage en plusieurs parties qui seront séparées par des astérisques. De cette manière vous pourrez vous repérer plus facilement d'autant plus que mon témoignage est linéaire dans le temps.
Je termine cette introduction par des remerciements à toutes les communautés et personne qui m'ont accompagné et aidé sur ce long chemin, un chemin de croix pourrait-on dire. Tant de personnes qui m'ont soutenu et conseillé afin de m'en sortir, qui m'ont sorti la tête de l'eau. Comme quoi même par internet on tombe sur de très bonnes personnes. Merci à tous ces gens.
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Nous voilà en mais 2023 et à l'époque j'étais une grosse consommatrice de dissociatifs, plus particulièrement de 2-FDCK et comme toutes les deux à trois semaines j'attends de récupérer moncolis de RC. Sauf qu'un heureux imprévu arrive, au lieu de recevoir un colis j'en reçois deux. Mon fournisseur s'est visiblement trompé et m'a envoyé deux fois le même colis, je ne me pose pas plus de question tant mieux pour moi. Sauf que je reçois un troisième colis le lendemain, encore ma commande de base. Je commence donc légèrement à stresser à l'idée de recevoir une quatrième fois ma commande le surlendemain. Ça loupe pas le surlendemain je reçois un quatrième colis mais c'est pas ce que je pensais.* *
J'ouvre donc ce quatrième colis reçu en trois jours et je découvre quelque chose qui me met assez en panique. Le fournisseur qui est décidément un gigantesque couillon (ceux qui étaient là sur les forums verront duquel je parle) s'est trompé de destinataire et me voilà avec 25 grammes de « Nethylpentedrone ». Mettez-vous deux secondes dans ma tête, vous faites votre commande de RC d'une valeur de presque 100 euros et vous vous retrouver avec presque 500 euros de produits, le stress était tout de même un peu présent d'autant plus que je vis encore chez mes parents à ce moment. Et j'en parle de cette très légère erreur sur discord et les forums, donc j'apprends ce qu'est la NEP et on me conseille de pas y toucher, je me mets en tête de la jeter très vite.
Le problème étant que je suis trop curieuse je garde 2 à 3 grammes pour voir ce que ça fait car après tout c'est pas une petite expérience dans ma chambre qui va me tuer (à peine du forshadowing). Donc là premier test et j'adore vraiment beaucoup, je n'avais jamais consommé de stims avant et c'est un véritable plongeon dans un tout autre univers des substances, étant habituée au psychédéliques et à ces fameux dissociatifs. Je consomme 3 fois dans le mois par plaisir et à chaque fois je passe un bon moment.
Comme il vient d'être précisé je n'avais JAMAIS touché à des stims avant, c'est mon tout premier contact avec cette catégorie de drogues. J'ai donc aucune tolérance et la moindre petite trace de ce produit me met dans une euphorie et un bonheur énorme. En plus j'avais choppé la mononucléose du coup ça aidait pas mal contre la fatigue. La suite paraît évidente. Dans ma tête ce n'est qu'une période réduite d'essais et de découverte avec cette molécule, je n'ai aucune idée de ce qui risque de m'arriver ni même d'où je suis en train d'aller avec ça. Puis : « je sors d'un sevrage aux benzos, il peut rien m'arriver je verrais l'addiction venir désormais ». Avec la confiance insolente que j'ai je commence à consommer plusieurs fois par semaine, petit à petit, sans me rendre compte que ça devient difficile de faire sans. Dès la fin du mois de juin je suis défoncée la moitié du temps. Chose importante pour la suite, comme je vis chez mes parents à cette époque c'est difficile d'être défoncée tout le temps sans que ça se fasse remarquer donc j'adapte mes consos selon l'heure. De cette manière je peux aller manger avec ma famille sans éveiller les soupçons puisque le produit a letemps de redescendre et malgré les effets résiduels j'arrive à donner bonne figure.
Autre élément important à noter, c'est à ce moment où la consommation devient intensive et que je commence à plus avoir des tas de souvenirs sur ce que je faisais à l'époque, qui j'étais, etc. Mais ça j'en parlerais à la fin car c'est lié à d'autres soucis que j'ai eu lié à la NEP. J'imagine que je ne vivais déjà plus que pour ça à ce moment.
En toute détente je pense que tout va bien, et que tout va bien se passer. En plus ça coûte pas cher et ça se dose très bas donc pas besoin d'en recommander souvent, et c'est ainsi que les grammes s’égrènent petit à petit pendant quelques temps, quelques mois à vrai dire. Je dois dire en tout honnêteté que jusque-là je pense vraiment bien gérer puisque je n'ai pas de problème particulier avec ma conso. Ou alors même aujourd'hui je ne m'en rends pas compte et c'est probablement le cas.
Le problème étant que je suis trop curieuse je garde 2 à 3 grammes pour voir ce que ça fait car après tout c'est pas une petite expérience dans ma chambre qui va me tuer (à peine du forshadowing). Donc là premier test et j'adore vraiment beaucoup, je n'avais jamais consommé de stims avant et c'est un véritable plongeon dans un tout autre univers des substances, étant habituée au psychédéliques et à ces fameux dissociatifs. Je consomme 3 fois dans le mois par plaisir et à chaque fois je passe un bon moment.
Comme il vient d'être précisé je n'avais JAMAIS touché à des stims avant, c'est mon tout premier contact avec cette catégorie de drogues. J'ai donc aucune tolérance et la moindre petite trace de ce produit me met dans une euphorie et un bonheur énorme. En plus j'avais choppé la mononucléose du coup ça aidait pas mal contre la fatigue. La suite paraît évidente. Dans ma tête ce n'est qu'une période réduite d'essais et de découverte avec cette molécule, je n'ai aucune idée de ce qui risque de m'arriver ni même d'où je suis en train d'aller avec ça. Puis : « je sors d'un sevrage aux benzos, il peut rien m'arriver je verrais l'addiction venir désormais ». Avec la confiance insolente que j'ai je commence à consommer plusieurs fois par semaine, petit à petit, sans me rendre compte que ça devient difficile de faire sans. Dès la fin du mois de juin je suis défoncée la moitié du temps. Chose importante pour la suite, comme je vis chez mes parents à cette époque c'est difficile d'être défoncée tout le temps sans que ça se fasse remarquer donc j'adapte mes consos selon l'heure. De cette manière je peux aller manger avec ma famille sans éveiller les soupçons puisque le produit a letemps de redescendre et malgré les effets résiduels j'arrive à donner bonne figure.
Autre élément important à noter, c'est à ce moment où la consommation devient intensive et que je commence à plus avoir des tas de souvenirs sur ce que je faisais à l'époque, qui j'étais, etc. Mais ça j'en parlerais à la fin car c'est lié à d'autres soucis que j'ai eu lié à la NEP. J'imagine que je ne vivais déjà plus que pour ça à ce moment.
En toute détente je pense que tout va bien, et que tout va bien se passer. En plus ça coûte pas cher et ça se dose très bas donc pas besoin d'en recommander souvent, et c'est ainsi que les grammes s’égrènent petit à petit pendant quelques temps, quelques mois à vrai dire. Je dois dire en tout honnêteté que jusque-là je pense vraiment bien gérer puisque je n'ai pas de problème particulier avec ma conso. Ou alors même aujourd'hui je ne m'en rends pas compte et c'est probablement le cas.
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C'est à partir de septembre que je consomme quotidiennement, tous les jours, tout le temps. Même fin août je consommais énormément. À ce moment déjà une bonne dizaine de grammes de NEP a fini dans mes narines, que j'ai pas mal épargné en appliquant la RDR du sniff mine de rien puisque je n'ai eu aucun saignement.
Cependant ma consommation a de graves répercussions, je consomme au taff et même sans me faire gauler je me fais virer au bout d'une semaine car on s'inquiète pour ma dépression. Ma cheffe n'avait pas totalement tort de faire ça, surtout que j'arrivais au travail en pleurant, la NEP augmentait sans équivoque mon anxiété. C'est aussi un peu avant, au mois de juillet, que j'ai un nouveau psychiatre après avoir abandonné avec le CMP, mais ça c'est une autre histoire... A part le taff que je perds je coupe lentement les ponts avec mes amis et ma famille, tout le monde en fait, sauf les gens que je côtoie via internet et ce fameux réseau social Discord. Non seulement je perds un taff qui me tenait énormément à cœur en une semaine mais en plus je romps tout contact avec l'extérieur, d'une part à cause de ma consommation, d'autre part par choix, mais surtout pour pouvoir consommer tranquillement.
Revenons à ce fameux mois de septembre. Je passe deux à quatre jours sans dormir très facilement, c'est comme si le temps me filait entre les doigts à une vitesse folle. Bien sûr, deux jours sans dormir apporte son lot de voix, de son qui n'existe pas, et d'hallucinations visuelles. Je parle avec un pote sur discord, et je peux voir le personnage de sa photo de profil danser sur mon écran, j'ai du mal à lire ce qu'il m'écrit et pourtant tout paraît si clair. Il faut le dire, j'étais plus que défoncée et fatiguée. Enchaîner trois jours sous NEP suivi de plus de 24h de sommeil ce n'était pas malin du tout, j'étais complètement absorbée dans ce monde chimique de bonheur artificiel. Bien sûr, je n'honore même plus mes rendez-vous, que ce soit le médecin généraliste, la psychologue de temps en temps. Il n'y a que le psychiatre chez qui j'arrive encore à aller, et qui me soutient de toute ses forces et me conseille d'aller au CSAPA. Bien sûr, je sais que je dois le faire. Et bien sûr, je ne le fais pas.
Mais à ce niveau de consommation, l'hygiène de vie désastreuse ne se limite pas à un sommeil déplorable. L'hygiène tout court prend un coup, je prends une douche par semaine grand maximum. J'essaie de changer de vêtements tous les jours quand-même mais j'avoue, je suis concentré sur la NEP et ce qu'il se passe sur mon écran. Car la moindre notification, le moindre message, me procure un petit rush de bonheur, de joie, de dopamine, beaucoup plus qu'à l’accoutumé. Et comme je ne sors pas de ma chambre, à part la nuit pour glaner de quoi boire et manger, je pisse dans des bouteilles. Et j'en ai une belle collection, que je vide dans la gouttière du toit, car sortir dans l'état où je suis et risquer de croiser quelqu'un de ma famille, bouteille de pisse à la main, ne me réjouis pas.
En définitive je ne gère plus du tout ma consommation, et je vais vite prendre une claque.
Nous sommes donc le 11 septembre 2023 et c'est un jour normal de consommation pour moi, mais sans m'en rendre compte j'ai dû beaucoup consommer, et comme ça faisait déjà deux jours que je n'avais pas dormi, il était temps pour moi de vivre ma première vraie psychose, qui aura comme nous le verrons à la fin certaines conséquences. Ce soir-là tout se passe normalement, mais d'un seul coup je me sens mal, psychiquement. Je sens mon souffle et mon cœur s'accélérer à une vitesse folle, j'hyperventile, et je vais sur discord. Je ne comprends plus rien à ce qui se passe, j'ai l'impression que les pseudos que je vois d'habitude ne sont pas incarnés par les mêmes personnes que d'habitude, ce sont des imposteurs.
Autant dire que c'est CE moment où je pète complètement un plomb. Pour une raison que j'ignore je suis persuadé que le GIGN est sur le point de venir me chercher, j'entends des bruits dehors, des gens qui parlent tout bas, des chiens que l'on ramène et qui aboient près de chez moi. En fait, je suis sûr qu'ils sont déjà dans la maison prêts à me tendre un piège et à m'arrêter. Croyant qu'ils montent à mon escalier, je me mets mains sur la tête dos à ma porte, mais évidemment personne ne l'ouvrira. Ce n'est qu'à minuit – tout cela ayant commencé vers 20h – que je me résigne à retourner sur mon pc, me disant que j'ai jusqu'à 6h du matin et j'arrête de consommer.
Mais ça ne s'arrête pas là pour moi hélas, je pense toujours que mes amis d'internet sont des imposteurs, qu'on a volé leur pseudo, leur image de profil. Ce sera une nuit d'angoisse terrible, j'ai mis des heures à redescendre pendant toute une nuit je suis devenu complètement fou. Et comme j'avais peur de me faire arrêter j'ai jeter tout mes prods discrètement aux toilettes, sauf ma NEP que je pensais pouvoir cacher de ceux que je pensais vouloir me persécuter.
C'est quelque jours après que je me retrouve chez le médecin (sans avoir pris de NEP), j'ai ce que je pense être des plaies un peu partout sur le corps. Au final j'en ressors avec un staphylocoque dorée sur le torse, des morceaux de peau arrachés ainsi que ce qui ressemble à une mycose buccale. Je suis placé sous antibiotiques et tout cela se résorbera rapidement. Il faut préciser cependant que c'est encore une fois dû uniquement à ma consommation de NEP et à rien d'autre, ça m'a détruit aussi bien dans mon corps que dans mon esprit. J'avais pris des photos de ces problèmes de peau que j'ai eu, mais je ne les ai jamais retrouvées. J'ai fait une pause bien méritée en septembre puis de novembre à décembre.
Moment où j'en profite pour faire du rangement dans ma chambre et dans ma vie, je fais du ménage dans mes amis aussi, car je me rends compte que certains n'étaient vraiment pas de valeur et ne me soutenaient à aucun moment, même avant ça. Et je dois dire que ces pauses n'ont pas été très difficile en dehors du sommeil à rattraper et le craving, j'ai vraiment de la chance de ne pas avoir de symptômes de sevrage trop énervés.
Malgré la longue liste possible d'anecdotes, il reste un moment qui m'a marqué et qui m'a poussé à finalement arrêter. Le soir du réveillon de Noël je suis arrivé défoncé devant ma famille, je savais qu'ils se doutaient de quelque chose mais pas de ça. On me demande souvent si ça va parce que je respire fort (j'hyperventile au fond de moi), heureusement j'ai l'excuse du stress, de l'anxiété et de la dépression qui m'assaille depuis un an et demi à ce moment là.
J'ai fini la soirée à 23h à dormir seul sur le canapé, au moins je n'ai pas raté les cadeaux en famille, et maintenant je veux arrêter la NEP.
Cependant ma consommation a de graves répercussions, je consomme au taff et même sans me faire gauler je me fais virer au bout d'une semaine car on s'inquiète pour ma dépression. Ma cheffe n'avait pas totalement tort de faire ça, surtout que j'arrivais au travail en pleurant, la NEP augmentait sans équivoque mon anxiété. C'est aussi un peu avant, au mois de juillet, que j'ai un nouveau psychiatre après avoir abandonné avec le CMP, mais ça c'est une autre histoire... A part le taff que je perds je coupe lentement les ponts avec mes amis et ma famille, tout le monde en fait, sauf les gens que je côtoie via internet et ce fameux réseau social Discord. Non seulement je perds un taff qui me tenait énormément à cœur en une semaine mais en plus je romps tout contact avec l'extérieur, d'une part à cause de ma consommation, d'autre part par choix, mais surtout pour pouvoir consommer tranquillement.
Revenons à ce fameux mois de septembre. Je passe deux à quatre jours sans dormir très facilement, c'est comme si le temps me filait entre les doigts à une vitesse folle. Bien sûr, deux jours sans dormir apporte son lot de voix, de son qui n'existe pas, et d'hallucinations visuelles. Je parle avec un pote sur discord, et je peux voir le personnage de sa photo de profil danser sur mon écran, j'ai du mal à lire ce qu'il m'écrit et pourtant tout paraît si clair. Il faut le dire, j'étais plus que défoncée et fatiguée. Enchaîner trois jours sous NEP suivi de plus de 24h de sommeil ce n'était pas malin du tout, j'étais complètement absorbée dans ce monde chimique de bonheur artificiel. Bien sûr, je n'honore même plus mes rendez-vous, que ce soit le médecin généraliste, la psychologue de temps en temps. Il n'y a que le psychiatre chez qui j'arrive encore à aller, et qui me soutient de toute ses forces et me conseille d'aller au CSAPA. Bien sûr, je sais que je dois le faire. Et bien sûr, je ne le fais pas.
Mais à ce niveau de consommation, l'hygiène de vie désastreuse ne se limite pas à un sommeil déplorable. L'hygiène tout court prend un coup, je prends une douche par semaine grand maximum. J'essaie de changer de vêtements tous les jours quand-même mais j'avoue, je suis concentré sur la NEP et ce qu'il se passe sur mon écran. Car la moindre notification, le moindre message, me procure un petit rush de bonheur, de joie, de dopamine, beaucoup plus qu'à l’accoutumé. Et comme je ne sors pas de ma chambre, à part la nuit pour glaner de quoi boire et manger, je pisse dans des bouteilles. Et j'en ai une belle collection, que je vide dans la gouttière du toit, car sortir dans l'état où je suis et risquer de croiser quelqu'un de ma famille, bouteille de pisse à la main, ne me réjouis pas.
En définitive je ne gère plus du tout ma consommation, et je vais vite prendre une claque.
Nous sommes donc le 11 septembre 2023 et c'est un jour normal de consommation pour moi, mais sans m'en rendre compte j'ai dû beaucoup consommer, et comme ça faisait déjà deux jours que je n'avais pas dormi, il était temps pour moi de vivre ma première vraie psychose, qui aura comme nous le verrons à la fin certaines conséquences. Ce soir-là tout se passe normalement, mais d'un seul coup je me sens mal, psychiquement. Je sens mon souffle et mon cœur s'accélérer à une vitesse folle, j'hyperventile, et je vais sur discord. Je ne comprends plus rien à ce qui se passe, j'ai l'impression que les pseudos que je vois d'habitude ne sont pas incarnés par les mêmes personnes que d'habitude, ce sont des imposteurs.
Autant dire que c'est CE moment où je pète complètement un plomb. Pour une raison que j'ignore je suis persuadé que le GIGN est sur le point de venir me chercher, j'entends des bruits dehors, des gens qui parlent tout bas, des chiens que l'on ramène et qui aboient près de chez moi. En fait, je suis sûr qu'ils sont déjà dans la maison prêts à me tendre un piège et à m'arrêter. Croyant qu'ils montent à mon escalier, je me mets mains sur la tête dos à ma porte, mais évidemment personne ne l'ouvrira. Ce n'est qu'à minuit – tout cela ayant commencé vers 20h – que je me résigne à retourner sur mon pc, me disant que j'ai jusqu'à 6h du matin et j'arrête de consommer.
Mais ça ne s'arrête pas là pour moi hélas, je pense toujours que mes amis d'internet sont des imposteurs, qu'on a volé leur pseudo, leur image de profil. Ce sera une nuit d'angoisse terrible, j'ai mis des heures à redescendre pendant toute une nuit je suis devenu complètement fou. Et comme j'avais peur de me faire arrêter j'ai jeter tout mes prods discrètement aux toilettes, sauf ma NEP que je pensais pouvoir cacher de ceux que je pensais vouloir me persécuter.
C'est quelque jours après que je me retrouve chez le médecin (sans avoir pris de NEP), j'ai ce que je pense être des plaies un peu partout sur le corps. Au final j'en ressors avec un staphylocoque dorée sur le torse, des morceaux de peau arrachés ainsi que ce qui ressemble à une mycose buccale. Je suis placé sous antibiotiques et tout cela se résorbera rapidement. Il faut préciser cependant que c'est encore une fois dû uniquement à ma consommation de NEP et à rien d'autre, ça m'a détruit aussi bien dans mon corps que dans mon esprit. J'avais pris des photos de ces problèmes de peau que j'ai eu, mais je ne les ai jamais retrouvées. J'ai fait une pause bien méritée en septembre puis de novembre à décembre.
Moment où j'en profite pour faire du rangement dans ma chambre et dans ma vie, je fais du ménage dans mes amis aussi, car je me rends compte que certains n'étaient vraiment pas de valeur et ne me soutenaient à aucun moment, même avant ça. Et je dois dire que ces pauses n'ont pas été très difficile en dehors du sommeil à rattraper et le craving, j'ai vraiment de la chance de ne pas avoir de symptômes de sevrage trop énervés.
Malgré la longue liste possible d'anecdotes, il reste un moment qui m'a marqué et qui m'a poussé à finalement arrêter. Le soir du réveillon de Noël je suis arrivé défoncé devant ma famille, je savais qu'ils se doutaient de quelque chose mais pas de ça. On me demande souvent si ça va parce que je respire fort (j'hyperventile au fond de moi), heureusement j'ai l'excuse du stress, de l'anxiété et de la dépression qui m'assaille depuis un an et demi à ce moment là.
J'ai fini la soirée à 23h à dormir seul sur le canapé, au moins je n'ai pas raté les cadeaux en famille, et maintenant je veux arrêter la NEP.
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A partir de janvier je décide de faire une pause avec la NEP, une pause indéterminée dans le temps. Pause pendant laquelle je range ma chambre à nouveau, mais plus déterminée cette fois-ci, il n'est pas question de recommencer cette erreur. Car certains amis sont restés et me tire vers le haut, en dépit de mes très nombreuses erreurs et conneries que j'ai pu dire sous NEP. Il n'y aura qu'une légère rechute en février de cette année qui sera sans grande conséquence cette fois-ci, ayant compris mes erreurs du passé, et aussi grâce à certains internautes qui m'ont fait comprendre la dangerosité de cette substance beaucoup trop addictive dans un moment où ce n'était pas sûr que j'écoute ou que je comprenne.
Entre deux j'ai également eu le temps d'honorer enfin tous mes rendez-vous, et ça s'est bien passé, j'ai parlé avec mes médecins de ce qu'il s'était passé. Aujourd'hui je suis diagnostiqué avec un trouble schizo-affectif, sans aucun doute les produits ont été un précurseur à l'apparition de cette maladie, mais aujourd'hui je m'en sors bien, j'ai un traitement qui marche et je suis sur la bonne voie. Je fais aussi de la thérapie pour un trouble stress post-traumatique, mais là c'est plus compliqué, j'y travaille. J'ai tout de même d'énormes regrets d'avoir autant consommé et avoir perdu un temps si précieux à consommer et à me négliger plutôt que de l'utiliser à me soigner, d'autant plus que mes consommations ont empiré mes troubles divers.
Néanmoins encore une fois je n'ai aucun symptôme de sevrage, sur la dernière tentative je n'ai même pas eu de gros craving et de besoin pour rattraper mon sommeil, je ne sais pas si je suis seule dans ce cas mais je me sens chanceuse en tout cas, tout le monde ne doit pas avoir droit à autant de chance, davantage avec la NEP. Quoi qu'il en soit j'ai désormais arrêté toute les drogues, peut-être pour un temps, peut-être pour toujours, mais je me sens bien mieux comme ça !
Encore une fois je remercie les personnes et les communautés qui m'ont accompagné dans ce dur chemin de croix, je tiens à finir ce texte avec un poème, La Destruction de Baudelaire, qui colle bien à cette histoire :
Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction !
Entre deux j'ai également eu le temps d'honorer enfin tous mes rendez-vous, et ça s'est bien passé, j'ai parlé avec mes médecins de ce qu'il s'était passé. Aujourd'hui je suis diagnostiqué avec un trouble schizo-affectif, sans aucun doute les produits ont été un précurseur à l'apparition de cette maladie, mais aujourd'hui je m'en sors bien, j'ai un traitement qui marche et je suis sur la bonne voie. Je fais aussi de la thérapie pour un trouble stress post-traumatique, mais là c'est plus compliqué, j'y travaille. J'ai tout de même d'énormes regrets d'avoir autant consommé et avoir perdu un temps si précieux à consommer et à me négliger plutôt que de l'utiliser à me soigner, d'autant plus que mes consommations ont empiré mes troubles divers.
Néanmoins encore une fois je n'ai aucun symptôme de sevrage, sur la dernière tentative je n'ai même pas eu de gros craving et de besoin pour rattraper mon sommeil, je ne sais pas si je suis seule dans ce cas mais je me sens chanceuse en tout cas, tout le monde ne doit pas avoir droit à autant de chance, davantage avec la NEP. Quoi qu'il en soit j'ai désormais arrêté toute les drogues, peut-être pour un temps, peut-être pour toujours, mais je me sens bien mieux comme ça !
Encore une fois je remercie les personnes et les communautés qui m'ont accompagné dans ce dur chemin de croix, je tiens à finir ce texte avec un poème, La Destruction de Baudelaire, qui colle bien à cette histoire :
Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction !