L'huitrerampante
Glandeuse Pinéale
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Set and Setting: Un dimanche matin d'hiver, il fait plutôt beau, je suis en forme, et j'ai bien envie de faire une petite balade en forêt cette après-midi.
Dose: 1 graine de HBWR, la peau à été limée soigneusement.
12h10: je prends la graine telle qu'elle, la mâche un petit moment avant d'avaler le tout, le goût caractéristique et désagréable m'envahit la bouche,je décide de ne rien prendre pour l'atténuer et de le laisser se dissiper tout seul, ça me fait saliver plus qu'à la normale.
12h30: je reçoit un texto de ma grand-mère, il y a Mélenchon sur BFM, je décide d'aller voir ce qu'il a à dire. Je ne suis le débat qu'avec une attention relative, plutôt concentré sur l'arrivé des effets.
13h30: je sens que cette graine était bien concentrée, mes perceptions sont augmentées. On passe à table, ma tante nous à préparé des chèvres chauds avec une salade, ils sentent délicieusement bon,j'approche mon nez de l'un deux, la chaleur et l'odeur qu'il dégagent me plongent dans l'été de la garrigue provençale, sur les pentes du Bessillon, c'est fascinant.
Je regarde ensuite mon oncle et m'aperçoit combien sa face est grise et transformée par la fatigue physique du déménagement de la veille ainsi que par sa nature anxieuse, ça m'attriste. A comparé, je trouve ma tante plus lumineuse, légèrement pétillante même.
Je ne trouve pas de prétexte pour refuser le petit verre de rosé qu'elle me propose, je me dis que ça n'aura que peu d'interactions sur la suite de la journée. Au moment ou je l'approche de ma bouche, l'odeur du raisin fraîchement pressé et à la fois celle des cuves à vin me transportent devant la coopérative ou enfant à l'automne, en rentrant de l'école j'adorais que l'on s'arrête pour regarder les tracteurs déverser leur cargaison de raisin dans le grand bac ou lavis sans fin les emportaient de façon hypnotique vers l'intérieur de la coopérative que je m'imaginais alors comme fantastique et peuplé de mystérieux engrenages servant à faire le vin.
Je suis vraiment fans de ces liens odeurs/souvenir que j'éprouve de temps à autre au quotidien et qui se trouvent grandement amplifiés et vivifiés parle LSA.
Une fois ce repas aux saveurs plus riches et complexes qu'a l'habitude fini, j'annonce que je vais partir me promener dans les collines d'à côté.
14h05: Le ciel,voilé de majestueux cirrus se répandant comme une chevelure de soie sur l'infini du bleu laisse passer une luminosité et une chaleur légèrement enveloppante, à l'exacte transition entre le froid transperçant de l'hiver et la couverture de joie du printemps. Toute les teintes sont magnifiées par cette lumière, surtout en ce qui concerne le végétal.
Je traverse le village,attentifs aux moindres détails, texture des murs et du sol, jeu de la lumière dans les rues, une petite pousse qui pointe son nez par ici, un premier bourgeon dans l'attente fébrile du printemps par là.Tout cela est très stimulant et d'une beauté simple et touchante,je ne cherche pas à développer une quelconque réflexion, je suis absorbé par ma contemplation. Avant d'arriver au sentier qui mène à la forêt je croise quelques personnes qui elles aussi profitent de cette belle après midi pour se promener, s'embrasser, s'aérer ...mes interactions se limitent à de simples bonjours.
Le sentier monte rapidement et même si tout autour de moi la végétation est sèche et figée par l'hiver, je vois poindre de partout de légères touches de vert tendre, premiers prémices du printemps et de l'explosion végétale qui va s'en suivre, c'est vraiment touchant d'en être le témoin, un frémissement me parcours l'échine.
Quelques efforts plus tard et me voila arrivé dans un de mes lieux de prédilection pour la méditation en "nature" (en même temps en habitant à côté de Lyon et à pieds c'est dur de trouver des coins vraiment isolés).Il s'agit d'une petite forêt qui borde le sommet de la colline, le sentier la traverse, je m'arrête sur le bord, dans un petit renfoncement face au soleil et à la pente, j'étends sur les feuilles mortes une serviette qui m'évitera de finir tout humidifié.
Environ 14h45: je m'installe en demi lotus et décide de faire l'hyperventilation de Wim Hoff, que je pratique de manière quasi quotidienne depuis que j'ai découvert la technique il y a un mois grâce à Thomas11 que je remercie d'ailleurs. Comme souvent avec le LSA j'ai une oppression respiratoire, une sorte de lourdeur sur la poitrine, je me dis que cet exercice devrait la supprimer. Je décide de faire l'exercice au maximum les yeux fermés, pour pouvoir être mieux concentré sur les visuels.
1er cycle: J'hyperventile, lentement en me concentrant sur chaque cycle respiratoire, ma proprioception est décuplé par le LSA, c'est très agréable de respirer en profondeur, j'arrive à rester bien concentré, au moment ou je ressens des picotements sur ma face je fais quelques respirations de plus, puis expire complètement, à mesure que je me vide de mon air je me sens rétrécir, une fois la respiration bloquée, je me sens comme étant un point et assez faible, je laisse les sensations évoluer. Visuellement des petits points devant mois'agitent de façon très énergétiques, couleurs plutôt violette rouge et orange, tout cela est très électrique. J'ai une sensation dans la mâchoire similaire à celle du proto, une sorte d'engourdissement agréable, je me sens partir, m'élever, le réflexe respiratoire arrive alors, j'inspire à fond et fait la carpe pour avoir un maximum d'air.
Une bouffée d'énergie m'envahit, le cercle jaune orangé vert entouré de rouge violets'installe dans mon champ de vision pendant quelques secondes (je ne le perçoit habituellement qu'au 3ème cycle). Je suis satisfait, il y a une synergie LSA – Wim Hoff. Au bout d'un moment je me sent affaibli, j'ai des petits spasmes, mon corps réclame son oxygène,il est temps de recommencer à hyperventiler !
2ème cycle : Je continue à hyperventiler bien en profondeur, l'exercice me semble plus facile et plus naturel qu'au premier cycle, je suis maintenant concentré sur les sensations extérieures, le chaleur du soleil me baigne, de temps à autre une brise subtile vient me caresser et fait bruire les arbres, c'est l'un des sons que je préfère au monde, ça me transporte une nouvelle fois en enfance, je suis allongé au sommet d'un arbre (la cime à été coupée et j'y ai installé une palette ou je peux m'allonger) entouré d'arbres plus haut, je me laisse bercer par le vent. C'est plus fort que simplement se remémorer un souvenir, j'ai vraiment l'impression de le revivre, puis se mettent à défiler un peu plus rapidement tous les souvenir arboricoles que j'ai, et j'en ai beaucoup, j'ai passé une grande partie de mon enfance dans les arbres, c'est ce que je préférais faire.
J'expire alors tout mon air, à nouveau je me sens petit, et je me sens aussi me décorporer
progressivement (à partir de ce moment ma mémoire à été altérée par le manque d'oxygène, ce que j'essaye de retranscrire est flou dans ma tête),à mesure que je me sens physiquement m'élever au dessus de mon corps, je perds complètement la notion du temps et de l'espace, je suis dans une sorte de plénitude totale, je sens encore mon corps.Au moment ou j'inspire à fond, je reprends conscience d'où je suis,je suis bluffé par l'intensité de ce que je vis, c'est une version très amplifiée et moins lucide de l'exercice habituel. Plein d'oxygène j'ai à peu près les mêmes visuels qu'au premier cycle,les contours sont un peu plus nets, je me sens plein d'énergie et je peux palper l'énergie ambiante avec les bras (si quelqu’un était passé à ce moment là il aurait probablement été étonné) je fais ainsi danser mes bras jusqu'à l'affaiblissement et repars pour un tour.
3ème cycle: L'hyperventilation est encore plus naturelle, à nouveau je décide de me replonger dans mes souvenirs arboricoles, je remarque à ce moment là que j'ai un accès bien plus important qu'à la normale à mes souvenirs d'enfance, des épisodes que je croyais oubliés ressurgissent ainsi que l'état d'esprit que j'avais à ce moment là,le cerveau est vraiment fascinant... En repensant aux arbres j'en viens à avoir un réflexion sur Côme, le héro de "Le baron perché" d'Italo Calvino qui est une histoire que j'aime beaucoup, et je comprends ce qui me gène un peu avec le personnage,c'est sa volonté de vouloir humaniser les arbres à tout prix, et de les transformer, au lieu de simplement profiter du bruit du vent dans les feuilles ! Ma face se met à nouveau à picoter, comme parcourue d'un fourmillement électrique, il est temps d'expirer.
Ce qui se passe est assez similaire au cycle 2, sauf que cette fois-ci je n'ai plus conscience de mon corps non plus, je me laisse aller à cette élévation, le sentiment de bien être est total, je me sens vraiment flotter,encore une fois je n'en garde que peu de souvenir, je crois que ma pensée à continué un moment sur sa lancée (réflexion sur Côme)puis s'est étiolée, à la réflexion ça me rappelle assez ce qui m'arrive avec une double cartouche de proto, sauf que la la sensation est plus "stable" et dure plus longtemps (subjectivement en tout cas).
Un choc suivi d'une odeur d'humus me tire de mon nuage, je met quelques temps à réaliser que j'ai perdu connaissance et que j'ai basculé en avant face contre terre, je me redresse et prends une grande inspiration, j'ai un peu mal et je constate que du sang s'écoule de ma narine gauche, j'ai toujours les yeux fermés, cette fois ci peu de visuels, ma concentration en a pris un coup et je suis trop focalisé sur la douleur et le fait d'avoir perdu connaissance, je suis littéralement redescendu sur terre !! Je reste un peu moins longtemps en apnée et décide de ne pas faire le 4ème cycle.
15h15: après avoir recouvré mes esprits je me lève, le côté fusion et proximité avec la nature à disparu, je me sens comme distant des choses et de moi même, comme si j'avais pris du recul sur mon environnement et ma conscience, en même temps je me sens allégé, comme neuf, je respire avec une aisance déconcertante, comme si l'air n'avais plus de substance, l'exercice aura donc été positif sur le plan physique! Je marche un peu sur le sentier, et décide de rejoindre un tronc couché ou je m'assois souvent, pour faire le point sur ce que je viens de vivre. Les bruits me semblent maintenant plus sec.
Le monde parait un peu moins merveilleux, le sang sur mon nez a séché, je trouve ça fou que l'on puisse perdre conscience juste en retenant sa respiration,jusque là j'avais toujours eu la sensation de reprendre mon souffle trop tôt, je me disais que ça venait d'un petit manque de volonté de ma part. Et bien non ! Je suis resté un petit moment a élaborer des théories plus ou moins fumeuses sur mon évanouissement et sa signification: est-ce une sorte de mort-renaissance ? Pourquoi est-ce que je ne me souvient plus vraiment de mes pensées avant de tomber ? Je suis à la fois satisfait de cette expérience et en même temps j'éprouve une sorte d'angoisse injustifiée, qui me fait une petite boule au ventre, j'ai un sentiment d'incomplétude, mais qu'est-ce qui est incomplet ? Aucune idée. C'est une sensation que j'ai éprouvé régulièrement lors de mon adolescence, comme si il fallait que je fasse quelque chose sans savoir quoi.
Ne trouvant pas plus de réponse, je me remet à déambuler dans la forêt, jusqu'à un arbre mort incliné à 45°, étendu dessus je peux contempler le ciel,découpé par les branches desséchées des arbres, j'ai l'impression d'être en plein désert, mes pensées sont toujours plutôt négatives, je suis frustré par ce trou dans ma mémoire, je décide donc de pratiquer le sublime échange bouddhiste, je fais ça sur une dizaine de respirations, un sentiment d'harmonie et de connexion avec l'humanité m'envahit et m'émeut aux larmes, mais bien vite je perds ma concentration, je suis trop attaché aux sensations que j'éprouve et à ce que j'ai vécu précédemment, il est temps de quitter cette colline et de revenir à l'appartement.
15h35: En repassant devant l'endroit ou j'avais hyperventilé 30min plus tôt,je le trouve terne, sans charme, banal et sans intérêt, bref laid!Et là un déclic se fait dans mon cerveau, comment est-il possible de trouver une même chose belle voire sublime et seulement quelques instants plus tard laide? La beauté est dans l’œil qui la contemple! En fait rien n'est intrinsèquement beau ou laid, mais sans cesse nous attribuons ces caractéristiques à tout ce qui passe par le filtre de nos perceptions, cela est un effet collatéral de notre illusion de penser que les choses ont une existence propre,nous cherchons sans cesse à réifier les phénomènes. Ce qui est beau ce n'est pas tellement tel ou tel objet, paysage ou tableau,c'est le fait de ressentir le lien profond qu'il y a entre toute chose, l'interconnexion fondamentale de tout les composants de l'univers. Et selon notre milieu culturel et social et notre état d'esprit du moment, certaines choses vont être plus propices à nous faire ressentir ce lien (sans que l'on mette de mots dessus) etc'est la que l'on va les qualifier de belles, et on va se mettre à penser que ce sont ces choses sont belles en soit, alors que ce ne sont que des portes personnalisées et éphémères vers ce lien et cette beauté «fondamentale».
Je finis de redescendre le sentier en méditant sur ces notions de beautés.
15h50: Le trajet du retour passe devant le cimetière du village, je décide d'aller y faire un tour. Les cimetières ne provoquent en moi aucun sentiment de rejet ou de crainte, ni aucune attirance particulière,ils sont juste des lieux de calme. En déambulant entre les tombes je repense à la vidéo de science étonnante que j'avais vu le matin même et qui explique que dans chaque verre d'eau que nous buvons, il y a en moyenne quelque milliers de molécules du dernier verre d'eau bu par Jules César. Toutes ces tombes m'apparaissent alors comme ridicules, même dans la mort les gens sont bien rangés, mis dans des cases, cela revient en fait à vouloir faire perdurer son égo après sa mort et reflète l'illusion d'une croyance en son existence propre, mais tout comme les molécules du verre d'eau de Jules César,les molécules de leurs corps finiront brassées sur toute la terre,feront parties d'autres structures, êtres vivants etc, cela prendra du temps certes, mais finiras inexorablement par arriver. Comme de leurs vivants ils continueront à faire partie du tout, et de sesinfinies interconnexions n'en déplaise à leur égo qui leur à fait croire qu'ils existaient en eux même et par eux même au point de vouloir maintenir (et de croire que c'est possible) cette séparation même après la mort de leur corps physique.
16h15: Me voilà de retour à l'appartement, j'ai le cerveau légèrement embrumé et la plupart des effets sont bien dissipés, je joue du piano pendant une demie heure, les sont me paraissent plus étouffés qu'à l'ordinaire, il m'est aussi plus facile de me laisser emporter par la musique, mes doigts sont plus libres. Je finis ma journée en montant une commode venant d'un vendeur de meuble très connu, pas mal pour laisser reposer le tourbillon des pensées soulevé par cette journée.
Conclusion: Ce que j'aime avec le micro dosage au LSA c'est qu'il permet d'aller plus loin et plus en profondeur dans mes réflexions, en éclairant les pensées sous un angle différent et rehaussant les sensations ce qui facilite une certaine harmonie esprit- environnement extérieur chez moi. Un autre avantage est que, les effets étant relativement faible, il est possible d'en faire abstraction momentanément, ce qui permet d'avoir des interactions sociales avec des non lysergisés(genre famille, passants dans la rue...) facilement et sans se faire juger.
Le LSA passe du statut de plante enseignante exigeante à simple accompagnatrice de la pensée.
Ps: Attention quand même de pas vous casser le nez, un accident de méditation est vite arrivé !
Dose: 1 graine de HBWR, la peau à été limée soigneusement.
12h10: je prends la graine telle qu'elle, la mâche un petit moment avant d'avaler le tout, le goût caractéristique et désagréable m'envahit la bouche,je décide de ne rien prendre pour l'atténuer et de le laisser se dissiper tout seul, ça me fait saliver plus qu'à la normale.
12h30: je reçoit un texto de ma grand-mère, il y a Mélenchon sur BFM, je décide d'aller voir ce qu'il a à dire. Je ne suis le débat qu'avec une attention relative, plutôt concentré sur l'arrivé des effets.
13h30: je sens que cette graine était bien concentrée, mes perceptions sont augmentées. On passe à table, ma tante nous à préparé des chèvres chauds avec une salade, ils sentent délicieusement bon,j'approche mon nez de l'un deux, la chaleur et l'odeur qu'il dégagent me plongent dans l'été de la garrigue provençale, sur les pentes du Bessillon, c'est fascinant.
Je regarde ensuite mon oncle et m'aperçoit combien sa face est grise et transformée par la fatigue physique du déménagement de la veille ainsi que par sa nature anxieuse, ça m'attriste. A comparé, je trouve ma tante plus lumineuse, légèrement pétillante même.
Je ne trouve pas de prétexte pour refuser le petit verre de rosé qu'elle me propose, je me dis que ça n'aura que peu d'interactions sur la suite de la journée. Au moment ou je l'approche de ma bouche, l'odeur du raisin fraîchement pressé et à la fois celle des cuves à vin me transportent devant la coopérative ou enfant à l'automne, en rentrant de l'école j'adorais que l'on s'arrête pour regarder les tracteurs déverser leur cargaison de raisin dans le grand bac ou lavis sans fin les emportaient de façon hypnotique vers l'intérieur de la coopérative que je m'imaginais alors comme fantastique et peuplé de mystérieux engrenages servant à faire le vin.
Je suis vraiment fans de ces liens odeurs/souvenir que j'éprouve de temps à autre au quotidien et qui se trouvent grandement amplifiés et vivifiés parle LSA.
Une fois ce repas aux saveurs plus riches et complexes qu'a l'habitude fini, j'annonce que je vais partir me promener dans les collines d'à côté.
14h05: Le ciel,voilé de majestueux cirrus se répandant comme une chevelure de soie sur l'infini du bleu laisse passer une luminosité et une chaleur légèrement enveloppante, à l'exacte transition entre le froid transperçant de l'hiver et la couverture de joie du printemps. Toute les teintes sont magnifiées par cette lumière, surtout en ce qui concerne le végétal.
Je traverse le village,attentifs aux moindres détails, texture des murs et du sol, jeu de la lumière dans les rues, une petite pousse qui pointe son nez par ici, un premier bourgeon dans l'attente fébrile du printemps par là.Tout cela est très stimulant et d'une beauté simple et touchante,je ne cherche pas à développer une quelconque réflexion, je suis absorbé par ma contemplation. Avant d'arriver au sentier qui mène à la forêt je croise quelques personnes qui elles aussi profitent de cette belle après midi pour se promener, s'embrasser, s'aérer ...mes interactions se limitent à de simples bonjours.
Le sentier monte rapidement et même si tout autour de moi la végétation est sèche et figée par l'hiver, je vois poindre de partout de légères touches de vert tendre, premiers prémices du printemps et de l'explosion végétale qui va s'en suivre, c'est vraiment touchant d'en être le témoin, un frémissement me parcours l'échine.
Quelques efforts plus tard et me voila arrivé dans un de mes lieux de prédilection pour la méditation en "nature" (en même temps en habitant à côté de Lyon et à pieds c'est dur de trouver des coins vraiment isolés).Il s'agit d'une petite forêt qui borde le sommet de la colline, le sentier la traverse, je m'arrête sur le bord, dans un petit renfoncement face au soleil et à la pente, j'étends sur les feuilles mortes une serviette qui m'évitera de finir tout humidifié.
Environ 14h45: je m'installe en demi lotus et décide de faire l'hyperventilation de Wim Hoff, que je pratique de manière quasi quotidienne depuis que j'ai découvert la technique il y a un mois grâce à Thomas11 que je remercie d'ailleurs. Comme souvent avec le LSA j'ai une oppression respiratoire, une sorte de lourdeur sur la poitrine, je me dis que cet exercice devrait la supprimer. Je décide de faire l'exercice au maximum les yeux fermés, pour pouvoir être mieux concentré sur les visuels.
1er cycle: J'hyperventile, lentement en me concentrant sur chaque cycle respiratoire, ma proprioception est décuplé par le LSA, c'est très agréable de respirer en profondeur, j'arrive à rester bien concentré, au moment ou je ressens des picotements sur ma face je fais quelques respirations de plus, puis expire complètement, à mesure que je me vide de mon air je me sens rétrécir, une fois la respiration bloquée, je me sens comme étant un point et assez faible, je laisse les sensations évoluer. Visuellement des petits points devant mois'agitent de façon très énergétiques, couleurs plutôt violette rouge et orange, tout cela est très électrique. J'ai une sensation dans la mâchoire similaire à celle du proto, une sorte d'engourdissement agréable, je me sens partir, m'élever, le réflexe respiratoire arrive alors, j'inspire à fond et fait la carpe pour avoir un maximum d'air.
Une bouffée d'énergie m'envahit, le cercle jaune orangé vert entouré de rouge violets'installe dans mon champ de vision pendant quelques secondes (je ne le perçoit habituellement qu'au 3ème cycle). Je suis satisfait, il y a une synergie LSA – Wim Hoff. Au bout d'un moment je me sent affaibli, j'ai des petits spasmes, mon corps réclame son oxygène,il est temps de recommencer à hyperventiler !
2ème cycle : Je continue à hyperventiler bien en profondeur, l'exercice me semble plus facile et plus naturel qu'au premier cycle, je suis maintenant concentré sur les sensations extérieures, le chaleur du soleil me baigne, de temps à autre une brise subtile vient me caresser et fait bruire les arbres, c'est l'un des sons que je préfère au monde, ça me transporte une nouvelle fois en enfance, je suis allongé au sommet d'un arbre (la cime à été coupée et j'y ai installé une palette ou je peux m'allonger) entouré d'arbres plus haut, je me laisse bercer par le vent. C'est plus fort que simplement se remémorer un souvenir, j'ai vraiment l'impression de le revivre, puis se mettent à défiler un peu plus rapidement tous les souvenir arboricoles que j'ai, et j'en ai beaucoup, j'ai passé une grande partie de mon enfance dans les arbres, c'est ce que je préférais faire.
J'expire alors tout mon air, à nouveau je me sens petit, et je me sens aussi me décorporer
progressivement (à partir de ce moment ma mémoire à été altérée par le manque d'oxygène, ce que j'essaye de retranscrire est flou dans ma tête),à mesure que je me sens physiquement m'élever au dessus de mon corps, je perds complètement la notion du temps et de l'espace, je suis dans une sorte de plénitude totale, je sens encore mon corps.Au moment ou j'inspire à fond, je reprends conscience d'où je suis,je suis bluffé par l'intensité de ce que je vis, c'est une version très amplifiée et moins lucide de l'exercice habituel. Plein d'oxygène j'ai à peu près les mêmes visuels qu'au premier cycle,les contours sont un peu plus nets, je me sens plein d'énergie et je peux palper l'énergie ambiante avec les bras (si quelqu’un était passé à ce moment là il aurait probablement été étonné) je fais ainsi danser mes bras jusqu'à l'affaiblissement et repars pour un tour.
3ème cycle: L'hyperventilation est encore plus naturelle, à nouveau je décide de me replonger dans mes souvenirs arboricoles, je remarque à ce moment là que j'ai un accès bien plus important qu'à la normale à mes souvenirs d'enfance, des épisodes que je croyais oubliés ressurgissent ainsi que l'état d'esprit que j'avais à ce moment là,le cerveau est vraiment fascinant... En repensant aux arbres j'en viens à avoir un réflexion sur Côme, le héro de "Le baron perché" d'Italo Calvino qui est une histoire que j'aime beaucoup, et je comprends ce qui me gène un peu avec le personnage,c'est sa volonté de vouloir humaniser les arbres à tout prix, et de les transformer, au lieu de simplement profiter du bruit du vent dans les feuilles ! Ma face se met à nouveau à picoter, comme parcourue d'un fourmillement électrique, il est temps d'expirer.
Ce qui se passe est assez similaire au cycle 2, sauf que cette fois-ci je n'ai plus conscience de mon corps non plus, je me laisse aller à cette élévation, le sentiment de bien être est total, je me sens vraiment flotter,encore une fois je n'en garde que peu de souvenir, je crois que ma pensée à continué un moment sur sa lancée (réflexion sur Côme)puis s'est étiolée, à la réflexion ça me rappelle assez ce qui m'arrive avec une double cartouche de proto, sauf que la la sensation est plus "stable" et dure plus longtemps (subjectivement en tout cas).
Un choc suivi d'une odeur d'humus me tire de mon nuage, je met quelques temps à réaliser que j'ai perdu connaissance et que j'ai basculé en avant face contre terre, je me redresse et prends une grande inspiration, j'ai un peu mal et je constate que du sang s'écoule de ma narine gauche, j'ai toujours les yeux fermés, cette fois ci peu de visuels, ma concentration en a pris un coup et je suis trop focalisé sur la douleur et le fait d'avoir perdu connaissance, je suis littéralement redescendu sur terre !! Je reste un peu moins longtemps en apnée et décide de ne pas faire le 4ème cycle.
15h15: après avoir recouvré mes esprits je me lève, le côté fusion et proximité avec la nature à disparu, je me sens comme distant des choses et de moi même, comme si j'avais pris du recul sur mon environnement et ma conscience, en même temps je me sens allégé, comme neuf, je respire avec une aisance déconcertante, comme si l'air n'avais plus de substance, l'exercice aura donc été positif sur le plan physique! Je marche un peu sur le sentier, et décide de rejoindre un tronc couché ou je m'assois souvent, pour faire le point sur ce que je viens de vivre. Les bruits me semblent maintenant plus sec.
Le monde parait un peu moins merveilleux, le sang sur mon nez a séché, je trouve ça fou que l'on puisse perdre conscience juste en retenant sa respiration,jusque là j'avais toujours eu la sensation de reprendre mon souffle trop tôt, je me disais que ça venait d'un petit manque de volonté de ma part. Et bien non ! Je suis resté un petit moment a élaborer des théories plus ou moins fumeuses sur mon évanouissement et sa signification: est-ce une sorte de mort-renaissance ? Pourquoi est-ce que je ne me souvient plus vraiment de mes pensées avant de tomber ? Je suis à la fois satisfait de cette expérience et en même temps j'éprouve une sorte d'angoisse injustifiée, qui me fait une petite boule au ventre, j'ai un sentiment d'incomplétude, mais qu'est-ce qui est incomplet ? Aucune idée. C'est une sensation que j'ai éprouvé régulièrement lors de mon adolescence, comme si il fallait que je fasse quelque chose sans savoir quoi.
Ne trouvant pas plus de réponse, je me remet à déambuler dans la forêt, jusqu'à un arbre mort incliné à 45°, étendu dessus je peux contempler le ciel,découpé par les branches desséchées des arbres, j'ai l'impression d'être en plein désert, mes pensées sont toujours plutôt négatives, je suis frustré par ce trou dans ma mémoire, je décide donc de pratiquer le sublime échange bouddhiste, je fais ça sur une dizaine de respirations, un sentiment d'harmonie et de connexion avec l'humanité m'envahit et m'émeut aux larmes, mais bien vite je perds ma concentration, je suis trop attaché aux sensations que j'éprouve et à ce que j'ai vécu précédemment, il est temps de quitter cette colline et de revenir à l'appartement.
15h35: En repassant devant l'endroit ou j'avais hyperventilé 30min plus tôt,je le trouve terne, sans charme, banal et sans intérêt, bref laid!Et là un déclic se fait dans mon cerveau, comment est-il possible de trouver une même chose belle voire sublime et seulement quelques instants plus tard laide? La beauté est dans l’œil qui la contemple! En fait rien n'est intrinsèquement beau ou laid, mais sans cesse nous attribuons ces caractéristiques à tout ce qui passe par le filtre de nos perceptions, cela est un effet collatéral de notre illusion de penser que les choses ont une existence propre,nous cherchons sans cesse à réifier les phénomènes. Ce qui est beau ce n'est pas tellement tel ou tel objet, paysage ou tableau,c'est le fait de ressentir le lien profond qu'il y a entre toute chose, l'interconnexion fondamentale de tout les composants de l'univers. Et selon notre milieu culturel et social et notre état d'esprit du moment, certaines choses vont être plus propices à nous faire ressentir ce lien (sans que l'on mette de mots dessus) etc'est la que l'on va les qualifier de belles, et on va se mettre à penser que ce sont ces choses sont belles en soit, alors que ce ne sont que des portes personnalisées et éphémères vers ce lien et cette beauté «fondamentale».
Je finis de redescendre le sentier en méditant sur ces notions de beautés.
15h50: Le trajet du retour passe devant le cimetière du village, je décide d'aller y faire un tour. Les cimetières ne provoquent en moi aucun sentiment de rejet ou de crainte, ni aucune attirance particulière,ils sont juste des lieux de calme. En déambulant entre les tombes je repense à la vidéo de science étonnante que j'avais vu le matin même et qui explique que dans chaque verre d'eau que nous buvons, il y a en moyenne quelque milliers de molécules du dernier verre d'eau bu par Jules César. Toutes ces tombes m'apparaissent alors comme ridicules, même dans la mort les gens sont bien rangés, mis dans des cases, cela revient en fait à vouloir faire perdurer son égo après sa mort et reflète l'illusion d'une croyance en son existence propre, mais tout comme les molécules du verre d'eau de Jules César,les molécules de leurs corps finiront brassées sur toute la terre,feront parties d'autres structures, êtres vivants etc, cela prendra du temps certes, mais finiras inexorablement par arriver. Comme de leurs vivants ils continueront à faire partie du tout, et de sesinfinies interconnexions n'en déplaise à leur égo qui leur à fait croire qu'ils existaient en eux même et par eux même au point de vouloir maintenir (et de croire que c'est possible) cette séparation même après la mort de leur corps physique.
16h15: Me voilà de retour à l'appartement, j'ai le cerveau légèrement embrumé et la plupart des effets sont bien dissipés, je joue du piano pendant une demie heure, les sont me paraissent plus étouffés qu'à l'ordinaire, il m'est aussi plus facile de me laisser emporter par la musique, mes doigts sont plus libres. Je finis ma journée en montant une commode venant d'un vendeur de meuble très connu, pas mal pour laisser reposer le tourbillon des pensées soulevé par cette journée.
Conclusion: Ce que j'aime avec le micro dosage au LSA c'est qu'il permet d'aller plus loin et plus en profondeur dans mes réflexions, en éclairant les pensées sous un angle différent et rehaussant les sensations ce qui facilite une certaine harmonie esprit- environnement extérieur chez moi. Un autre avantage est que, les effets étant relativement faible, il est possible d'en faire abstraction momentanément, ce qui permet d'avoir des interactions sociales avec des non lysergisés(genre famille, passants dans la rue...) facilement et sans se faire juger.
Le LSA passe du statut de plante enseignante exigeante à simple accompagnatrice de la pensée.
Ps: Attention quand même de pas vous casser le nez, un accident de méditation est vite arrivé !