Soroy
Neurotransmetteur
- Inscrit
- 12/3/14
- Messages
- 20
Salut à toi, ami psychoanute ! Aujourd’hui, un deuxième épisode des escapades intersidérales qui n’est autre que ma première expérience avec la MDMA. Pour lire le premier épisode, le grand redémarrage cosmique au DXM, c’est par ici : http://www.psychonaut.com/dxm/56715...iderales-1-le-grand-redemarrage-cosmique.html
Maintenant que tout le monde est bien installé, retournons à nos moutons, le trip report ! Cette escapade s’est déroulée il y a plus d’un an déjà, de l’eau a coulé sous les ponts, d’autres pilules sont passées par ma gorge mais ce trip reste incomparablement un des meilleurs que j’ai vécu :
1/ Une très lente montée
Préparatifs
La MDMA.
Si il y a une drogue que je voulais à tout prix essayer, c’est bien celle là. J’ai à ma disposition deux cachets certifiés 200mg par pillreport et le gentil dealer, y a de quoi s’amuser. Mais de ce que j’ai compris les cachets sont trop compressés et mettent du temps à monter, du coup je vais les écraser et faire des paras. Je foire un peu mes découpes de cachets, je me retrouve avec deux paras de 75-80mg à vue d’œil, un petit de 50 et deux autres de 100.
Je décide de les prendre un soir sur un coup de tête. Je devais en prendre avec une bonne pote au départ mais elle est retenue par une contrainte de dernière minute. On fête la fin de l’année scolaire avec les gens de ma promo, certains sont des gens que j’apprécie tout particulièrement, d’autres vraiment moins qui sont de vraies caricatures de trous du cul. Je serai le seul sous MDMA mais clairement pas le seul défoncé/bourré, ça s’anise très fort par ici !
Ingestion primaire
Je gobe 75mg à 21H30, en peu de temps, moins de 10 minutes, mon cœur se met à battre fort, j’ai chaud et la tête un peu cotonneuse. Yeah ! Ca monte !
Et bien non, la sensation de chaleur disparaît au bout de 20 minutes. Et là plus rien. Je sens de légers effets, je ne suis pas complètement sobre, je vois bien que ma tête est un peu trop lourde, mais pas d’euphorie, d’envie de parler ou de contact, au contraire je me replie sur moi même.
Je décide de faire de bons ballons de proto avec des potes pour faire monter tout ça. Les ballons ne me font presque pas d’effet. Il est 22H45, j’aimerais bien monter s’il vous plaît madame Marie-Danièle !
Je ne sais pas comment j’en suis venu là, mais j’en viens à partager l’autre cachet découpé de 200mg avec deux gars de la soirée. Je l’avais laissé chez moi, donc on se met en marche, y en a pour 15min. Arrivé là-bas je mets à l’aise avec du bon teuteu, un peu de proto, c’est la base d’un bon accueil ! Le proto me fait de gros effets, j’ai presque le sentiment que la mdma est montée pendant 2 min mais je retourne rapidement sur terre.
Ingestion secondaire
Ils gobent chacun leur part vers 23h30, je redrop un 75mg. Je me suis dit que le « seuil » de montée ne devait pas être atteint. J’en suis donc à 150mg. Vers 00h00 on se retrouve tous devant un pub. Durant le trajet je me sentais sans aucune envie de parler aux gens et assez angoissé. Comme un con je n’ai pas ma carte d’identité, je retourne la chercher. De toute manière je suis tellement blasé à ce moment là que je pensais presque aller me coucher.
Je me retrouve dans une station de métro. Je m’assois. Je sens des petits frétillements dans les pieds et dans les mollets. Yes ! Ca sent bon le bodyload ! Ma vision change un peu, la lumière semble plus forte. Le métro arrive, je me dis que je vais me lever et que je vais faire ma montée d’un coup comme on peut le voir dans tous ces TR. Mais non. Il se passe rien encore une fois. Fuck it ! J’arrive chez moi, je prends le para de 50mg sur moi pour parer à toute éventualité.
La scène du métro se répète. Mais ce coup là, vers 00h20, je commence à avoir la sensation de comprendre les gens autour de moi, pourquoi celui ci porte un t-shirt bleu et croise les jambes, pourquoi celle-ci reste debout au lieu de s’assoir. Des pensées positives trottent dans ma tête, ma Voix Schizophrène, découverte au cours du premier épisode au DXM des escapades intersidérales, me fait le plaisir de revenir du fin fond de mon être et me complimente, on plaisante un peu ensemble. « C’est tout à ton honneur » qu’elle me répète. Le monde sensitif ressemble un peu à celui du DXM, on sent qu’une sorte de force mystique régit le monde et interagit avec nous. Mais toujours pas d’euphorie folle, d’envie de danser à tout va.
Aux alentours de 1h00 je retrouve enfin le pub, mais toute la clique semble s’être taillée et personne ne répond au téléphone. Je me sens alors triste, des griffes m’entaillent la poitrine. Mais je finis par croiser une connaissance, complètement bourrée et à la recherche de son domicile. Je décide alors de l’accompagner et le contact social me rend heureux, l’humeur changeant brutalement. Je commence à sentir une puissante force traverser mon corps, une vitalité démente parcourt mes muscles. Je me mets à courir le plus vite possible et il m’est impossible d’arrêter, la sensation de liberté est incroyable, je suis délivré des barrières physiques de l’être humain. Je finis quand même par me calmer car je me souviens que les coups de chaud arrivent vite sous MDMA.
On continue notre balade alcoolo-psychédélique sur les bords d’un fleuve, on traverse des ponts. L’impression de sentir une force dans l’air est très nette. La nuit est belle, elle semble spéciale, je suis serein, assuré, je marche dans ma ville, rien ne peut m’arriver.
Mais bon, un problème survient : un mec sous alcool finit abruti d’ivresse et doit aller se coucher, tandis qu’un mec sous mdma ne pourra pas s’empêcher de bouger d’ici la descente. Je me retrouve donc encore seul. Je me dis que je vis une des pires malédictions que le monde puisse connaître : être à fond, bourré d’énergie, d’envie d’être avec les autres, mais être condamné à rester seul à rien foutre. Le fait d’être seul à cet instant me fait souffrir, et j’erre sans but dans les rues.
Ingestion finale
1h30, la chance me sourit et une pote bourrée se souvient de mon existence et m’indique l’adresse de la boîte où elle se trouve. Yeah ! Enfin un objectif ! J’arrive très vite devant la boîte vu que je suis transformé en véritable Usain Bolt dopé aux amphéts. Malgré l’impression de force, de vitalité et de lucidité, j’ai pas non plus l’impression de vivre un truc exceptionnel comme on peut le lire dans certains TR. Je suis clairement dans un état qui n’est pas celui de quelqu’un de sobre, il y a de réels effets qui sont puissants pour certains, mais si la md c’est que ça… bof bof !
Je passe au Kébab du Cosmos Transtemporel (nommé ainsi lors de mon second passage plus tard dans la soirée, une fois la mdma montée) pour chopper une bouteille d’eau et je redrop 50mg, parce que là il est presque 2H et ça fait chier de ne pas être complètement perché. J’en suis à 200mg.
Maintenant arrive l’épreuve tant attendue et tant redoutée de tout pauvre homme sous l’emprise de substances psycho active à 2H du matin : est-ce que le videur va laisser rentrer un énergumène trempé de sueur et aux yeux écarquillés ? C’était sans compter que je suis alors invincible, ma Voix Schizophrène me dicte ce que je dois dire au videur pour rentrer. Ou est-ce elle qui parle à ma place ? Ma voix semble changée, plus grave, plus assurée, j’ai vraiment le ressentie que ce n’est pas moi qui parle dans ce corps. C’est la Voix Shizophrène qui le contrôle maintenant, mon subconscient prend ma place aux commandes de mon corps. Aller hop j’embrouille le « physionomiste », et rentre gratos dans cette pièce insonorisée où règne débauche et alcools, appelée boîte, club, ou encore te-boî par mes amis du tier-quar.
2/ Amandine me tend la perche
Le videur déguisé en ange
Il fait bien trop chaud ici, je vais m’évanouir. Direction le frais fumoir où je retrouve toute la clique qui se trouve être dans un état alcoolisé des plus avancé.
On est content de se retrouver, je suis plein d’énergie donc j’emmène danser les filles. Après deux pas de danse, tous les effets disparaissent, je me retrouve dans un état normal. Pire encore, je me sens psychologiquement comme si j’étais fatigué. Et ça empire, les flashs des spots me tétanisent.
Je sens une main se glisser dans la mienne. Je me retourne et voit un ange, une beauté divine (belle comme le jour comme on dit par chez nous !) me sourire et m’entrainer dans un coin de la piste de danse. MON DIEU ! LE VIDEUR S’EST DEGUISE EN FILLE, IL VEUT ME SORTIR ET ME TABASSER !!
Je cours me réfugier dans les toilettes. Je me regarde dans la glace et j’ai vraiment une sale gueule, on dirait que je suis le point de mourir. Je me sens super angoissé, je commence à avoir des hallucinations, les yeux fermés il y a des flux et des faisceaux colorés de partout, les yeux ouverts il y a des espèces d’étoile en argent qui scintillent sur les murs.
Ok je bad, je rentre chez moi avant de faire une connerie. Je fais signe à mes potes que je m’en vais et me retrouve enfin à l’air libre à 2h30. Je marche un peu, je passe une rue, puis deux et une troisième. Et là mes mâchoires se contractent bizarrement, me faisant faire une grimace. Un bon gros nystagmus brouille ma vision. Les pensées positives reviennent. Je mets mes écouteurs, balance du gros son et ça y est c’est parti. L’euphorie est là ma gueule, elle est là, ELLE EST LA ! Je ne me suis jamais senti aussi bien qu’à cet instant, dans un coin d’une rue pourrie à 2h34, à danser seul sur la musique d’un iPhone.
SchizoBoy
Nota bene : faites bien la différence entre les lascars camés et les Zonards Weedés, ce n’est pas du tout la même engeance de démon : les camés sont redoutablement réels tandis que les weedés n’existent pas pour le reste du monde.
J’avais emprunté des lunettes de soleil dans la boîte à un noble danseur. Va commencer à partir de là un long jeu de rôle avec moi même. Je hisse les lunettes sur mon nez (on y voit pas grand chose la nuit !) et me transforme en SchizoBoy, mon Slim Shady, moi dirigé par les instances obscures de mon être. Ma mission cette nuit est de danser dans chaque quartier et coin remarquable de cette ville (qui est grande d’ailleurs, on la qualifie de métropole), tout en restant en vie, en évitant les attaques de Zonards Weedés. La discrétion ira de paire avec la fourberie. Je canalise toute mon énergie sur cet objectif.
Je me mets en route, je pars en vadrouille. J’ai toujours aimé marcher seul (longue vie à Jean Jacques Goldman) la nuit, j’honore un pèlerinage nocturne mensuel à une cathédrale posée sur une colline d’où l’on voit la ville. Mais cette nuit l’excitation est à son paroxysme. Je danse tout le temps, sur place, en marchant, en courant, en escaladant des portails, en grimpant ou descendant des marches.
Je déteste être dérangé dans mes danses, quand je croise un passant je laisse aller toutes les pressions de la mdma sur ma mâchoire et cela produit un atroce et puissant claquement de dents qui déforme mon visage en une grimace qui devait sûrement être des plus pathétiques. Très efficace, à chaque fois l’importun change de trottoir ou rebrousse chemin.
Je finis par me retrouver dans une étroite ruelle. Une équipe de dangereux Zonards Weedés me fait face, menaçante. Les claquements de dent ne seront pas suffisants cette fois ci, il va falloir changer de stratégie d’intimidation. Je passe du gros Dr Dre dans les écouteurs, lunettes calées devant les yeux, torse bombé et avec une allure de coq je me rapproche de mes adversaires. Je ne m’étais pas trompé, ils sont effectivement de plus en plus menaçant quand je m’approche. Mais d’un coup ils disparaissent, remplacés par des poubelles et des poteaux. What the cut ! Finalement, c’est plutôt puissant ce prod !
Je prends conscience que ma défonce est à son plus haut point. Il va falloir s’écarter à tout prix des endroits fréquentés, sous peine d’avoir affaire à des hordes de diaboliques soifards bourrés à l’agressivité exacerbée qui n’auront de cesse de vouloir me tuer. Je vais avoir besoin d’un meilleur visuel, je place mes lunettes sur mon front, en position kéké frimeur.
J’en viens malheureusement à faire la rencontre, sur un pont, de trois lascars qui avaient dû fumer du shit coupé à de la came explosive (c’est en tout cas à cette conclusion que je suis arrivé sur l’instant). Ils m’accostent et me déclare solennellement dans leur polo Lacoste :
« On va te niquer ta race, pédé, avec tes lunettes de merde.
_ Et bien d’accord faisons cela, je leur réponds tout sourire » (rien à foutre je suis invincible !!!)
La provocation semble les avoir mystifiés et je continue mon chemin tandis qu’ils restent de marbre. Izi ma gueule.
« C’est tout à ton honneur ! » me félicite ma Voix Schizophrène.
Mais au fait, mais pourquoi me suis-je enfui devant cet ange dans la boîte ? Je suis bien trop stupide, les videurs n’ont pas de superpouvoirs, ils ne peuvent pas prendre la forme de femmes, surtout si ils sont des hommes à la base. Maudite soit la montée de sérotonine !
Je continue ma traversée festive et dansante de plus belle et me prépare pour l’ascension vers la cathédrale posée sur la colline. J’ai tellement d’énergie que je cours tout du long de la montée, ce qui n’est pas rien comme effort, mais cette fois-ci même pas de coup de chaud. Il y a des membres de la secte des Zonards Weedés de partout, ils utilisent leurs pouvoirs démoniaques pour prendre la place des poubelles, des buissons et des poteaux et disparaissent quand je m’approche. Ils me narguent, ces lâches ! A chaque fois que j’en repère un, je stoppe ma danse et dans une espèce de pirouette à la Michael Jackson je soulève légèrement mes lunettes au dessus de mes yeux pour observer cette infâme créature de l’ombre, en plissant les yeux, je me rapproche d’elle et elle disparaît. Je sanctifie l’objet dont elle s’était emparée par un claquement de dents rédempteur.
Du coup je finis par ne plus prêter aucune attention aux humanoïdes que je croise. Seulement je finis par recroiser des lascars camés. Encore cette même volonté de m’enfoncer mes lunettes dans mon rectum. Qu’ont ils tous ? Comment des lunettes peuvent-elles rendre les gens si susceptibles ? Agacé, je les prie d’aller se faire foutre et pars dans un sprint amphétaminique, véritable superpouvoir. On ne peut rien contre moi, trop de dopamine, désolé les gars !
« C’est tout à ton honneur ! »
Presque arrivé à la cathédrale, je vois un couple profiter de la discrétion des ombres des lampadaires pour se dorloter, s’émoustiller, se tâtonner, s’embrasser et se toucher. Enfin des gens intéressants par ici ! J’opère une reconnaissance visuelle pour vérifier qu’il ne s’agit pas encore d’une tromperie de la secte des Zonards Weedés. Je me rapproche, ils finissent par me remarquer et me regarde, l’air mi effrayé mi dépité de voir un homme si perché.
« Bonsoir belle gente ! Auriez vous quelconques réticences à m’indiquer votre degré de réalité ? je leur demande (oui les phrases alambiquées sortent naturellement quand je suis perché)
_ Quoi ?
_ Répondez je vous prie, les forces obscures nous assaillent de toute part, les sectateurs doivent être identifiés pour accorder la Grâce aux corruptions effectives découlant de leur infâme plasma ! » (je m’en souviens encore de cette tirade, même si elle ne veut rien dire elle était si épique à prononcer !).
Après un petit temps de réflexion, ils finissement par me répondre qu’ils sont au troisième degré de réalité. Parfait, trois c’est toujours bien ! Je continue mon chemin, pris d’énormes fous rires, heureux de voir que les forces du mal n’avaient pas réussi à corrompre toute la ville, tandis que le couple perdait foi en l’humanité après avoir fait ma connaissance.
Les danses lunaires
Je me retrouve devant le parvis de la cathédrale. J’escalade le portail du parvis rapidement et me retrouve complètement seul sur la place de la cathédrale qui donne vue sur la ville. Enfin seul pour exprimer la musique par le corps !
Fasciné par les scintillements de la ville, je me place à l’extrémité de l’esplanade d’où l’on peut observer la vue, qui aboutit sur un vide d’une quinzaine de mètre. Une barrière de pierre large de moins d’un mètre me sépare du vide. Cette barrière entre moi et la ville me paraît insupportable. Je monte par dessus et me retrouve au bord du vide, le vent soufflant sur mon visage. C’est le pied !
« C’est tout à ton honneur ! »
Le temps semble s’être arrêté, j’ai atteint la frontière des Âges, je suis au bord du précipice de l’espace-temps. Il est temps d’exorciser la ville par la danse lunaire. Jusqu’à 4h du matin je vais danser sur cette étroite barrière, inconscient du vide. L’atmosphère était tout ce qu’il y avait de plus mystique. Des courants de forces éthérées m’entouraient. Mon invincibilité est telle que ça ne m’étonnerait pas si d’un coup je me mettais à voler. Je suis capable de reproduire des danses que j’avais observées en boîte, à la télé. Je commence même à comprendre la danse classique, la façon de faire onduler ses bras pour harmoniser les énergies éthérées.
Je suis parti dans un trip lucide, je réfléchis à propos de moi, si il pourrait être possible que tout soit tout le temps si simple. J’ai la sensation que je suis entier, que je suis la pure expression de moi.
Puis les extrêmes prémices de l’aube éclaircissent l’horizon. Mes pouvoirs de purification s’estompent. Il est temps de rentrer chez moi.
Je sens que ma puissance diminue, les gangs de Zonards Weedés m’observent toujours, je ne me sens plus en sécurité.
Je danse encore cordialement pendant mon retour, mais Amandine semble m’abandonner pour de bon. J’use des plus grandes discrétions pour ne croiser personne dans les rues, mon superpouvoir de sprint amphétaminique semble aussi avoir disparu et il va falloir se montrer prudent. Je vais donc mettre encore 2h avant de rallier mon chez moi, complètement épuisé.
Je vais sur mon chemin retrouver le Kebab du Cosmos transtemporel. Je l’ai nommé ainsi car le chef qui tient la baraque semble tout droit sorti de l’épais cosmos que j’atteins quand je prends du DXM, un lieu à l’épreuve du temps. Je suis persuadé à ce moment que son échoppe voyage à travers le temps et les âges. Mais en vrai c’est juste un kébab pourri comme tant d’autres. Le chef a fini par bien m’apprécier, je lui ai pris 4 bouteilles d’eau au cours de la soirée, revenant chaque fois avec les pupilles un peu plus dilatées.
Le retour chez soi et la descente
Je m’endors vite vers 6h, vraiment plus aucun effet de la md. Le lendemain pas de gros bad ou quoi, je me sens même super bien, bel afterglow ! Un coup de mou en fin d’après-midi quand même. Des hallucinations dans la pénombre le soir, impossible de dormir, j’ai de gros coups de chauds. Il y a des papillons aux ailes fluos qui volent au plafond, les bibelots sur les étagères dansent le funk, mon ours en peluche à l’effigie de Ted a revêtu un casque de Dark Vador et se déhanche sur une musique inaudible. La nuit fut longue…
Je reste quand même déçu de ne pas avoir pu expérimenter le côté social de la md. Mais bon ce trip paranoïaco-lucide était bien fun à vivre ! Et aucunes nouvelles des deux gars à qui j’ai refilé mes para, d’ailleurs j’ai bien fait j’aurais direct retapé sinon. On m’a dit vaguement que le premier avait fait ami-ami avec la moitié de la boîte tandis que l’autre s’était transformé en benêt pervers adepte du frotté-frotté.
Et puis vint le troisième jour de descente. Haaaaaaan quelle atrocité ! J’expérimente l’anhédonisme, la vie réellement grise et inintéressante.
Le cinquième jour, un soir vers minuit, après avoir trouvé du réconfort dans une maxi pizza maxi fromage maxi graisse maxi tomate de Pizza Hut, un petit éclair de sérotonine refait surface. Je descends dans la rue, loue un vélo et pars en escapade. Une belle sensation de liberté, l’œil du cyclone de l’ennui et de la déprime. Me revoilà sur la bonne route pour quitter la descente, il est temps de passer à une autre expérience !
Maintenant que tout le monde est bien installé, retournons à nos moutons, le trip report ! Cette escapade s’est déroulée il y a plus d’un an déjà, de l’eau a coulé sous les ponts, d’autres pilules sont passées par ma gorge mais ce trip reste incomparablement un des meilleurs que j’ai vécu :
1/ Une très lente montée
Préparatifs
La MDMA.
Si il y a une drogue que je voulais à tout prix essayer, c’est bien celle là. J’ai à ma disposition deux cachets certifiés 200mg par pillreport et le gentil dealer, y a de quoi s’amuser. Mais de ce que j’ai compris les cachets sont trop compressés et mettent du temps à monter, du coup je vais les écraser et faire des paras. Je foire un peu mes découpes de cachets, je me retrouve avec deux paras de 75-80mg à vue d’œil, un petit de 50 et deux autres de 100.
Je décide de les prendre un soir sur un coup de tête. Je devais en prendre avec une bonne pote au départ mais elle est retenue par une contrainte de dernière minute. On fête la fin de l’année scolaire avec les gens de ma promo, certains sont des gens que j’apprécie tout particulièrement, d’autres vraiment moins qui sont de vraies caricatures de trous du cul. Je serai le seul sous MDMA mais clairement pas le seul défoncé/bourré, ça s’anise très fort par ici !
Ingestion primaire
Je gobe 75mg à 21H30, en peu de temps, moins de 10 minutes, mon cœur se met à battre fort, j’ai chaud et la tête un peu cotonneuse. Yeah ! Ca monte !
Et bien non, la sensation de chaleur disparaît au bout de 20 minutes. Et là plus rien. Je sens de légers effets, je ne suis pas complètement sobre, je vois bien que ma tête est un peu trop lourde, mais pas d’euphorie, d’envie de parler ou de contact, au contraire je me replie sur moi même.
Je décide de faire de bons ballons de proto avec des potes pour faire monter tout ça. Les ballons ne me font presque pas d’effet. Il est 22H45, j’aimerais bien monter s’il vous plaît madame Marie-Danièle !
Je ne sais pas comment j’en suis venu là, mais j’en viens à partager l’autre cachet découpé de 200mg avec deux gars de la soirée. Je l’avais laissé chez moi, donc on se met en marche, y en a pour 15min. Arrivé là-bas je mets à l’aise avec du bon teuteu, un peu de proto, c’est la base d’un bon accueil ! Le proto me fait de gros effets, j’ai presque le sentiment que la mdma est montée pendant 2 min mais je retourne rapidement sur terre.
Ingestion secondaire
Ils gobent chacun leur part vers 23h30, je redrop un 75mg. Je me suis dit que le « seuil » de montée ne devait pas être atteint. J’en suis donc à 150mg. Vers 00h00 on se retrouve tous devant un pub. Durant le trajet je me sentais sans aucune envie de parler aux gens et assez angoissé. Comme un con je n’ai pas ma carte d’identité, je retourne la chercher. De toute manière je suis tellement blasé à ce moment là que je pensais presque aller me coucher.
Je me retrouve dans une station de métro. Je m’assois. Je sens des petits frétillements dans les pieds et dans les mollets. Yes ! Ca sent bon le bodyload ! Ma vision change un peu, la lumière semble plus forte. Le métro arrive, je me dis que je vais me lever et que je vais faire ma montée d’un coup comme on peut le voir dans tous ces TR. Mais non. Il se passe rien encore une fois. Fuck it ! J’arrive chez moi, je prends le para de 50mg sur moi pour parer à toute éventualité.
La scène du métro se répète. Mais ce coup là, vers 00h20, je commence à avoir la sensation de comprendre les gens autour de moi, pourquoi celui ci porte un t-shirt bleu et croise les jambes, pourquoi celle-ci reste debout au lieu de s’assoir. Des pensées positives trottent dans ma tête, ma Voix Schizophrène, découverte au cours du premier épisode au DXM des escapades intersidérales, me fait le plaisir de revenir du fin fond de mon être et me complimente, on plaisante un peu ensemble. « C’est tout à ton honneur » qu’elle me répète. Le monde sensitif ressemble un peu à celui du DXM, on sent qu’une sorte de force mystique régit le monde et interagit avec nous. Mais toujours pas d’euphorie folle, d’envie de danser à tout va.
Aux alentours de 1h00 je retrouve enfin le pub, mais toute la clique semble s’être taillée et personne ne répond au téléphone. Je me sens alors triste, des griffes m’entaillent la poitrine. Mais je finis par croiser une connaissance, complètement bourrée et à la recherche de son domicile. Je décide alors de l’accompagner et le contact social me rend heureux, l’humeur changeant brutalement. Je commence à sentir une puissante force traverser mon corps, une vitalité démente parcourt mes muscles. Je me mets à courir le plus vite possible et il m’est impossible d’arrêter, la sensation de liberté est incroyable, je suis délivré des barrières physiques de l’être humain. Je finis quand même par me calmer car je me souviens que les coups de chaud arrivent vite sous MDMA.
On continue notre balade alcoolo-psychédélique sur les bords d’un fleuve, on traverse des ponts. L’impression de sentir une force dans l’air est très nette. La nuit est belle, elle semble spéciale, je suis serein, assuré, je marche dans ma ville, rien ne peut m’arriver.
Mais bon, un problème survient : un mec sous alcool finit abruti d’ivresse et doit aller se coucher, tandis qu’un mec sous mdma ne pourra pas s’empêcher de bouger d’ici la descente. Je me retrouve donc encore seul. Je me dis que je vis une des pires malédictions que le monde puisse connaître : être à fond, bourré d’énergie, d’envie d’être avec les autres, mais être condamné à rester seul à rien foutre. Le fait d’être seul à cet instant me fait souffrir, et j’erre sans but dans les rues.
Ingestion finale
1h30, la chance me sourit et une pote bourrée se souvient de mon existence et m’indique l’adresse de la boîte où elle se trouve. Yeah ! Enfin un objectif ! J’arrive très vite devant la boîte vu que je suis transformé en véritable Usain Bolt dopé aux amphéts. Malgré l’impression de force, de vitalité et de lucidité, j’ai pas non plus l’impression de vivre un truc exceptionnel comme on peut le lire dans certains TR. Je suis clairement dans un état qui n’est pas celui de quelqu’un de sobre, il y a de réels effets qui sont puissants pour certains, mais si la md c’est que ça… bof bof !
Je passe au Kébab du Cosmos Transtemporel (nommé ainsi lors de mon second passage plus tard dans la soirée, une fois la mdma montée) pour chopper une bouteille d’eau et je redrop 50mg, parce que là il est presque 2H et ça fait chier de ne pas être complètement perché. J’en suis à 200mg.
Maintenant arrive l’épreuve tant attendue et tant redoutée de tout pauvre homme sous l’emprise de substances psycho active à 2H du matin : est-ce que le videur va laisser rentrer un énergumène trempé de sueur et aux yeux écarquillés ? C’était sans compter que je suis alors invincible, ma Voix Schizophrène me dicte ce que je dois dire au videur pour rentrer. Ou est-ce elle qui parle à ma place ? Ma voix semble changée, plus grave, plus assurée, j’ai vraiment le ressentie que ce n’est pas moi qui parle dans ce corps. C’est la Voix Shizophrène qui le contrôle maintenant, mon subconscient prend ma place aux commandes de mon corps. Aller hop j’embrouille le « physionomiste », et rentre gratos dans cette pièce insonorisée où règne débauche et alcools, appelée boîte, club, ou encore te-boî par mes amis du tier-quar.
2/ Amandine me tend la perche
Le videur déguisé en ange
Il fait bien trop chaud ici, je vais m’évanouir. Direction le frais fumoir où je retrouve toute la clique qui se trouve être dans un état alcoolisé des plus avancé.
On est content de se retrouver, je suis plein d’énergie donc j’emmène danser les filles. Après deux pas de danse, tous les effets disparaissent, je me retrouve dans un état normal. Pire encore, je me sens psychologiquement comme si j’étais fatigué. Et ça empire, les flashs des spots me tétanisent.
Je sens une main se glisser dans la mienne. Je me retourne et voit un ange, une beauté divine (belle comme le jour comme on dit par chez nous !) me sourire et m’entrainer dans un coin de la piste de danse. MON DIEU ! LE VIDEUR S’EST DEGUISE EN FILLE, IL VEUT ME SORTIR ET ME TABASSER !!
Je cours me réfugier dans les toilettes. Je me regarde dans la glace et j’ai vraiment une sale gueule, on dirait que je suis le point de mourir. Je me sens super angoissé, je commence à avoir des hallucinations, les yeux fermés il y a des flux et des faisceaux colorés de partout, les yeux ouverts il y a des espèces d’étoile en argent qui scintillent sur les murs.
Ok je bad, je rentre chez moi avant de faire une connerie. Je fais signe à mes potes que je m’en vais et me retrouve enfin à l’air libre à 2h30. Je marche un peu, je passe une rue, puis deux et une troisième. Et là mes mâchoires se contractent bizarrement, me faisant faire une grimace. Un bon gros nystagmus brouille ma vision. Les pensées positives reviennent. Je mets mes écouteurs, balance du gros son et ça y est c’est parti. L’euphorie est là ma gueule, elle est là, ELLE EST LA ! Je ne me suis jamais senti aussi bien qu’à cet instant, dans un coin d’une rue pourrie à 2h34, à danser seul sur la musique d’un iPhone.
SchizoBoy
Nota bene : faites bien la différence entre les lascars camés et les Zonards Weedés, ce n’est pas du tout la même engeance de démon : les camés sont redoutablement réels tandis que les weedés n’existent pas pour le reste du monde.
J’avais emprunté des lunettes de soleil dans la boîte à un noble danseur. Va commencer à partir de là un long jeu de rôle avec moi même. Je hisse les lunettes sur mon nez (on y voit pas grand chose la nuit !) et me transforme en SchizoBoy, mon Slim Shady, moi dirigé par les instances obscures de mon être. Ma mission cette nuit est de danser dans chaque quartier et coin remarquable de cette ville (qui est grande d’ailleurs, on la qualifie de métropole), tout en restant en vie, en évitant les attaques de Zonards Weedés. La discrétion ira de paire avec la fourberie. Je canalise toute mon énergie sur cet objectif.
Je me mets en route, je pars en vadrouille. J’ai toujours aimé marcher seul (longue vie à Jean Jacques Goldman) la nuit, j’honore un pèlerinage nocturne mensuel à une cathédrale posée sur une colline d’où l’on voit la ville. Mais cette nuit l’excitation est à son paroxysme. Je danse tout le temps, sur place, en marchant, en courant, en escaladant des portails, en grimpant ou descendant des marches.
Je déteste être dérangé dans mes danses, quand je croise un passant je laisse aller toutes les pressions de la mdma sur ma mâchoire et cela produit un atroce et puissant claquement de dents qui déforme mon visage en une grimace qui devait sûrement être des plus pathétiques. Très efficace, à chaque fois l’importun change de trottoir ou rebrousse chemin.
Je finis par me retrouver dans une étroite ruelle. Une équipe de dangereux Zonards Weedés me fait face, menaçante. Les claquements de dent ne seront pas suffisants cette fois ci, il va falloir changer de stratégie d’intimidation. Je passe du gros Dr Dre dans les écouteurs, lunettes calées devant les yeux, torse bombé et avec une allure de coq je me rapproche de mes adversaires. Je ne m’étais pas trompé, ils sont effectivement de plus en plus menaçant quand je m’approche. Mais d’un coup ils disparaissent, remplacés par des poubelles et des poteaux. What the cut ! Finalement, c’est plutôt puissant ce prod !
Je prends conscience que ma défonce est à son plus haut point. Il va falloir s’écarter à tout prix des endroits fréquentés, sous peine d’avoir affaire à des hordes de diaboliques soifards bourrés à l’agressivité exacerbée qui n’auront de cesse de vouloir me tuer. Je vais avoir besoin d’un meilleur visuel, je place mes lunettes sur mon front, en position kéké frimeur.
J’en viens malheureusement à faire la rencontre, sur un pont, de trois lascars qui avaient dû fumer du shit coupé à de la came explosive (c’est en tout cas à cette conclusion que je suis arrivé sur l’instant). Ils m’accostent et me déclare solennellement dans leur polo Lacoste :
« On va te niquer ta race, pédé, avec tes lunettes de merde.
_ Et bien d’accord faisons cela, je leur réponds tout sourire » (rien à foutre je suis invincible !!!)
La provocation semble les avoir mystifiés et je continue mon chemin tandis qu’ils restent de marbre. Izi ma gueule.
« C’est tout à ton honneur ! » me félicite ma Voix Schizophrène.
Mais au fait, mais pourquoi me suis-je enfui devant cet ange dans la boîte ? Je suis bien trop stupide, les videurs n’ont pas de superpouvoirs, ils ne peuvent pas prendre la forme de femmes, surtout si ils sont des hommes à la base. Maudite soit la montée de sérotonine !
Je continue ma traversée festive et dansante de plus belle et me prépare pour l’ascension vers la cathédrale posée sur la colline. J’ai tellement d’énergie que je cours tout du long de la montée, ce qui n’est pas rien comme effort, mais cette fois-ci même pas de coup de chaud. Il y a des membres de la secte des Zonards Weedés de partout, ils utilisent leurs pouvoirs démoniaques pour prendre la place des poubelles, des buissons et des poteaux et disparaissent quand je m’approche. Ils me narguent, ces lâches ! A chaque fois que j’en repère un, je stoppe ma danse et dans une espèce de pirouette à la Michael Jackson je soulève légèrement mes lunettes au dessus de mes yeux pour observer cette infâme créature de l’ombre, en plissant les yeux, je me rapproche d’elle et elle disparaît. Je sanctifie l’objet dont elle s’était emparée par un claquement de dents rédempteur.
Du coup je finis par ne plus prêter aucune attention aux humanoïdes que je croise. Seulement je finis par recroiser des lascars camés. Encore cette même volonté de m’enfoncer mes lunettes dans mon rectum. Qu’ont ils tous ? Comment des lunettes peuvent-elles rendre les gens si susceptibles ? Agacé, je les prie d’aller se faire foutre et pars dans un sprint amphétaminique, véritable superpouvoir. On ne peut rien contre moi, trop de dopamine, désolé les gars !
« C’est tout à ton honneur ! »
Presque arrivé à la cathédrale, je vois un couple profiter de la discrétion des ombres des lampadaires pour se dorloter, s’émoustiller, se tâtonner, s’embrasser et se toucher. Enfin des gens intéressants par ici ! J’opère une reconnaissance visuelle pour vérifier qu’il ne s’agit pas encore d’une tromperie de la secte des Zonards Weedés. Je me rapproche, ils finissent par me remarquer et me regarde, l’air mi effrayé mi dépité de voir un homme si perché.
« Bonsoir belle gente ! Auriez vous quelconques réticences à m’indiquer votre degré de réalité ? je leur demande (oui les phrases alambiquées sortent naturellement quand je suis perché)
_ Quoi ?
_ Répondez je vous prie, les forces obscures nous assaillent de toute part, les sectateurs doivent être identifiés pour accorder la Grâce aux corruptions effectives découlant de leur infâme plasma ! » (je m’en souviens encore de cette tirade, même si elle ne veut rien dire elle était si épique à prononcer !).
Après un petit temps de réflexion, ils finissement par me répondre qu’ils sont au troisième degré de réalité. Parfait, trois c’est toujours bien ! Je continue mon chemin, pris d’énormes fous rires, heureux de voir que les forces du mal n’avaient pas réussi à corrompre toute la ville, tandis que le couple perdait foi en l’humanité après avoir fait ma connaissance.
Les danses lunaires
Je me retrouve devant le parvis de la cathédrale. J’escalade le portail du parvis rapidement et me retrouve complètement seul sur la place de la cathédrale qui donne vue sur la ville. Enfin seul pour exprimer la musique par le corps !
Fasciné par les scintillements de la ville, je me place à l’extrémité de l’esplanade d’où l’on peut observer la vue, qui aboutit sur un vide d’une quinzaine de mètre. Une barrière de pierre large de moins d’un mètre me sépare du vide. Cette barrière entre moi et la ville me paraît insupportable. Je monte par dessus et me retrouve au bord du vide, le vent soufflant sur mon visage. C’est le pied !
« C’est tout à ton honneur ! »
Le temps semble s’être arrêté, j’ai atteint la frontière des Âges, je suis au bord du précipice de l’espace-temps. Il est temps d’exorciser la ville par la danse lunaire. Jusqu’à 4h du matin je vais danser sur cette étroite barrière, inconscient du vide. L’atmosphère était tout ce qu’il y avait de plus mystique. Des courants de forces éthérées m’entouraient. Mon invincibilité est telle que ça ne m’étonnerait pas si d’un coup je me mettais à voler. Je suis capable de reproduire des danses que j’avais observées en boîte, à la télé. Je commence même à comprendre la danse classique, la façon de faire onduler ses bras pour harmoniser les énergies éthérées.
Je suis parti dans un trip lucide, je réfléchis à propos de moi, si il pourrait être possible que tout soit tout le temps si simple. J’ai la sensation que je suis entier, que je suis la pure expression de moi.
Puis les extrêmes prémices de l’aube éclaircissent l’horizon. Mes pouvoirs de purification s’estompent. Il est temps de rentrer chez moi.
Je sens que ma puissance diminue, les gangs de Zonards Weedés m’observent toujours, je ne me sens plus en sécurité.
Je danse encore cordialement pendant mon retour, mais Amandine semble m’abandonner pour de bon. J’use des plus grandes discrétions pour ne croiser personne dans les rues, mon superpouvoir de sprint amphétaminique semble aussi avoir disparu et il va falloir se montrer prudent. Je vais donc mettre encore 2h avant de rallier mon chez moi, complètement épuisé.
Je vais sur mon chemin retrouver le Kebab du Cosmos transtemporel. Je l’ai nommé ainsi car le chef qui tient la baraque semble tout droit sorti de l’épais cosmos que j’atteins quand je prends du DXM, un lieu à l’épreuve du temps. Je suis persuadé à ce moment que son échoppe voyage à travers le temps et les âges. Mais en vrai c’est juste un kébab pourri comme tant d’autres. Le chef a fini par bien m’apprécier, je lui ai pris 4 bouteilles d’eau au cours de la soirée, revenant chaque fois avec les pupilles un peu plus dilatées.
Le retour chez soi et la descente
Je m’endors vite vers 6h, vraiment plus aucun effet de la md. Le lendemain pas de gros bad ou quoi, je me sens même super bien, bel afterglow ! Un coup de mou en fin d’après-midi quand même. Des hallucinations dans la pénombre le soir, impossible de dormir, j’ai de gros coups de chauds. Il y a des papillons aux ailes fluos qui volent au plafond, les bibelots sur les étagères dansent le funk, mon ours en peluche à l’effigie de Ted a revêtu un casque de Dark Vador et se déhanche sur une musique inaudible. La nuit fut longue…
Je reste quand même déçu de ne pas avoir pu expérimenter le côté social de la md. Mais bon ce trip paranoïaco-lucide était bien fun à vivre ! Et aucunes nouvelles des deux gars à qui j’ai refilé mes para, d’ailleurs j’ai bien fait j’aurais direct retapé sinon. On m’a dit vaguement que le premier avait fait ami-ami avec la moitié de la boîte tandis que l’autre s’était transformé en benêt pervers adepte du frotté-frotté.
Et puis vint le troisième jour de descente. Haaaaaaan quelle atrocité ! J’expérimente l’anhédonisme, la vie réellement grise et inintéressante.
Le cinquième jour, un soir vers minuit, après avoir trouvé du réconfort dans une maxi pizza maxi fromage maxi graisse maxi tomate de Pizza Hut, un petit éclair de sérotonine refait surface. Je descends dans la rue, loue un vélo et pars en escapade. Une belle sensation de liberté, l’œil du cyclone de l’ennui et de la déprime. Me revoilà sur la bonne route pour quitter la descente, il est temps de passer à une autre expérience !