Bon alors ça s'est très bien passé.
Hier soir vers 21h00 je bouffe un peu plus de 15g de champis, avec des belles grosses têtes. Je prends bien le temps de macher, je fais passer avec un peu d'eau.
Environ un quart d'heure après, les premiers effets se font sentir: les couleurs paraissent plus profondes, les formes plus arrondies. L'envie me prend de me fabriquer un gub artisanal, je me concentre sur sa construction, que je vois comme une sorte de challenge: avoir fini avant de ne plus rien comprendre! :lol: Bon, je ne me sens plus très nette, je fais un peu tout à l'envers et je dois me concentrer, mais youhou j'y arrive! Je me tire une grosse douille d'orange bud, et lorsque je recrache la fumée, je sens que ça monte...
Je ressens comme de légers petits picottements dans tout mon corps, ça n'est pas désagréable, je me sens très détendue, aussi bien mentalement que physiquement. J'ai l'impression que mon corps se ramollit, aussi je décide de me poser sur les matelas par terre et de m'enrouler dans les couettes, mmmhh, c'est super bon, j'ai l'impression de m'enfoncer dedans, et de petit à petit devenir moi-même une de ces couettes super moelleuse!
Je suis très love, allongée comme ça, avec mon PC portable par terre à côté de moi, un baffle près de chaque oreille, et le caisson qui m'envoie les basses bien lourdes de la compil dubstep que j'ai mis. Je ferme les yeux et m'enfonce encore un peu plus au chaud. Je prends conscience de toutes les ondes positives qui traversent mon corps, de tout ce qui s'y propage, et je sens qu'il vibre en harmonie avec l'univers, c'est très beau. Je reste comme ça allongée une heure et demie, laissant mon esprit décoler, et j'ai l'impression d'être aux commandes d'un navire que je peux emmener où je veux.
A un moment, je me lève pour aller pisser, et quand je reviens, ce moment est passé, j'ai envie de m'occuper. Je mets un film au hasard, pas un de ceux que j'avais préparé, pas envie, un bête film pas spécialement trippant, et je me rends compte que je ne suis pas l'histoire en elle-même, mais que je remarque des détails normalement "transparents" de la mise en scène : "tiens, ce tableau là en arrière plan, pourquoi le metteur en scène a-t-il décidé de le mettre là, et pourquoi spécialement celui-là? voulait-il signifier quelque chose, symboliquement?"
Je me fais la réflexion que les champis nous ouvrent les yeux sur des choses pourtant bien visibles, mais que nous avons pris l'habitude de considérer comme des détails, des futilités, que nous avons pris l'habitude de ne pas considérer du tout, parce que si l'homme s'émerveillait ainsi devant chaque petit élément qui compose le tableau de la vie, il n'aurait plus le temps de faire ce qu'on attend de lui : travailler, engendrer une famille, consommer, dépenser...
Le film m'emmerde donc je me rassieds à mon bureau, et je commence à écrire sur le bloc note que j'avais prévu à cet effet. L'encre coule sur le papier avec une telle fluidité que j'ai l'impression que ce sont physiquement mes idées qui coulent ainsi, et que ma main qui tient le stylo n'en est que le porte-parole.
A un moment, mes yeux s'égarent sur mon bureau, et pour la première fois, j'y vois, au-delà de la planche de bois sur laquelle je travaille, toute la vie de la forêt. Je prends conscience de faire partie de ce cycle immuable de la nature, et ça me rassure, le fait d'appartenir à un tout auquel je retournerai à ma mort.
Il est 01h du mat, je commence à redescendre et à fatiguer. Je me recouche avec cette fois des écouteurs dans les oreilles, je trippe encore bien sur les sons, et puis je m'endors doucement...