Sleepless
Glandeuse Pinéale
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- 22/5/14
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Je rédige ici mon premier TR, sur ma première prise de LSD. Il est un peu long, j'espère que ce sera assez intéressant pour ne pas vous lasser
Pour l'ambiance sonore, si vous voulez vous pouvez écouter ça :
Avant tout, une rapide présentation : j'ai 20 ans, je suis étudiant et je pèse 65 kilos. Cette prise est le résultat d'une longue réflexion. Je fume régulièrement du cannabis depuis quelques années. Il y a environ un an, j'ai testé la MD, et ce fût une très bonne expérience. Depuis, j'en ai repris sept ou huit fois, toujours de manière espacée, et je n'ai pas été déçu. Je tripe avec mon ami R, et nous avons commencé à discuter du LSD assez vite. Il était déjà bien informé et décidé à en prendre. Quant à moi, je me suis beaucoup documenté, en lisant des TR et en faisant quelques recherches. En début d'année, je me sentais prêt. Restait à trouver l'occasion. Une soirée trance se présente début avril, on décide que ce sera le grand jour.
Set,setting et protagonistes
Après un apéro chez une amie, on fait un convoi de voitures pour se rendre à la soirée. On est une bonne quinzaine, mais seulement quelques personnes vont avoir un rôle important : R donc ; C qui conduit ; L, une bonne amie ; H, que je ne connaissais pas ; P, que j'avais déjà croisé une ou deux fois. Tous ont beaucoup plus d'expérience que R et moi, ce qui est plutôt rassurant. On arrive vers 22h sur les lieux. C'est une grosse soirée psytrance qui va durer jusqu'à 11h, on a le temps. L'ambiance sur le parking est déjà festive. On boit quelques bières, on fume un peu, et on décide de se mettre en quête. A ce moment-là, un mec nous aborde en nous demandant si on cherche des trips. On répond par l'affirmative, il a l'air clean et réglo, on lui achète deux buvards. Libéré de l'angoisse de ne pas trouver de matos, on se prépare pour la soirée. J'enfile mon déguisement de coccinelle (détail qui aura son importance) et on se couvre le visage de peinture verte. Il est presque minuit, on décide de rentrer. Juste avant, on gobe les buvards, et un petit frisson d'excitation me parcourt : la machine est lancée, plus question de revenir en arrière…
T + 20 : ça chatouille
J'avais déjà remarqué ça avec la MD : j'ai tendance à monter très vite. Il a sûrement une bonne part de placebo, mais je rentre dans mon trip plus vite que R. Le son est bon, je ressens quelques fourmillements, je suis très excité.
Un point sur la salle : c'est une salle des fêtes assez grande, et toutes les fenêtres ont été couvertes de toile noire. Derrière les artistes, un gigantesque écran en forme de libellule assure la déco. Au plafond, les déco de l'association des Lucioles la complètent. Et surtout, les orgas ont eu la meilleure idée de tous les temps : le sol est entièrement recouvert de moquette, de longues bandes jaunes, vertes et rouges tenues entre elles par du scotch noir.
Assez vite, je propose à R d'aller sur les barrières. Tout aussi vite, je me mets pieds nus, et la sensation de ma peau contre le sol est extrêmement agréable. J'aime beaucoup la musique, je me sens euphorique, j'ai beaucoup d'énergie, je danse, j'ai de la place, tout va bien. Mon corps commence à frissonner, je serre mes mains. Je bois de l'eau, et le goût me paraît délicieux. Je suis prêt à me laisser emporter.
Entre T+1 et T+2 : BOOM
Sans avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait, je me prend ma perche en pleine tête. Je ne danse plus, je suis beaucoup trop occupé à regarder juste devant moi, cet écran que je n'avais pas remarqué. C'est un écran où est inscrit le nom de la soirée, avec des insectes dessus. Il se gondole, les lettres bougent et changent de volume. Mais… ah non ce n'est pas du tout un écran en fait, c'est du carton et du plastique! Les yeux écarquillés, je me tourne vers la personne à ma droite, un parfait inconnu, et je lui lance "Je viens de découvir la troisième dimension!". Et c'est exactement ça : en regardant ce que je croyais être un écran, j'avais totalement oublié toute idée de profondeur. Je comprend à ce moment là que tout n'est pas sur le même plan, qu'on est pas du tout dans une BD. Je suis très heureux d'avoir fait cette découverte, j'ai l'impression d'avoir avancé, de progresser.
Je jette un coup d'œil à R : ça y est, il commence à phaser sérieusement. Il m'a dit plus tard qu'à ce moment là, les rais de lumière colorés lui apparaissait solides. Son champ de vision était rempli de solides fluorescent, et c'était un sacré bordel apparemment. Il avait l'impression de pouvoir les toucher s'il tendait la main.
Ayant retrouvé toutes les dimensions nécessaires, je peux me replonger dans la musique, et c'est très très bon. C'est alors que les choses vont vraiment commencer à partir loin. Ma voix intérieure commence par mélanger les langues. Je parle français et portugais, et les remarques que je me fais mélangent les deux. Mais pas à l'échelle d'une phrase, au niveau de chaque mot! En gros, le même principe avec français/anglais sur le mot "arbre", ça donnerait "ar-tree" ou "tre-bre". Je commence à me perdre dans ma tête avec des phrases absurdes. Et là, quelque chose vient me sauver. Une autre langue, que je comprend pas tout de suite. C'est la musique! La musique me parle! A chaque instant, un son se dégage des autres, et s'adresse à moi, dans une langue très très rapide, composée essentiellement d'onomatopées, avec un rythme de montées/descentes dans le ton. Cette voix me berce, et me permet de rentrer totalement dans la musique.
T+2.5 : Fractales
Au bout d'un moment, je ressens le besoin d'aller me reposer sur la barrière. Je pose les coudes sur elle, et penche la tête vers la bas. Et là, les yeux fermées, les premières fractales apparaissent. Elles tournent lentement, et pulsent au rythme des basses, changeant de couleurs à chaque inflexion du morceau, accélérant ou ralentissant en rythme. Dès que j'ouvre les yeux, la perspective part totalement en live. J'ai l'impression que la barrière est triangulaire, comme si elle suivait mes bras accoudés au lieu de continuer à ma gauche et à ma droite, et que je suis au centre du triangle. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça, la tête baissée, alternant les deux hallucinations. C'est alors que survient le seul moment désagréable de la soirée. Un homme assez gros, suant est juste derrière moi. Il me touche involontairement en dansant, j'ai l'impression qu'il me pousse, ce que je ne trouve pas très agréable. A un moment, je sors mon portable pour voir si j'ai des nouvelles des autres qu'on a perdus depuis un bon moment déjà. Sautant sur l'occasion, il me pousse carrément pour s'installer sur la barrière, en me lançant "Voilà, comme ça tout le monde s'amuse au moins!". Mal à l'aise, je demande à R de reculer. C'est de toute façon le moment d'aller remplir le camelback et de se rendre aux toilettes.
T+… : les toilettes, l'aventure épique
Bon. Il faut déjà trouver où elles sont, ces toilettes. On se met en marche, difficilement. On finit par arriver dans un couloir qui y mène. Et là, oh la la, il ya du monde partout, deux flux de personnnes se croisent. Et là, je croise P, les pupilles sacrément dilatées, qui me dit "Oh toi! Mais toi! C te cherche depuis des heures mec, on est devant le son à gauche, rejoins-nous!". Je lui dit qu'on arrive dès qu'on a fini. Malgré le monde, je ne me sens pas oppressé, je prends les choses en main parce que R est totalement perdu. Je me fraye un chemin en le tirant derrière moi, et hop on est dedans! C'est le chaos le plus total, elles sont bondées et trempées, on est encore pieds nus. J'essaye d'uriner, échec. R me dit qu'il lui faut une cabine sinon il y arrivera pas. Il fait la queue pendant que je remplit tant bien que mal le camelback. Je vois R qui regarde le sol, apparemment absorbé. Je lui demande s'il veut pas aller pisser, il me dit quelque chose comme "Mec…carrelage…tout est tordu". Là je regarde et waw! Le sol est fait de carreaux blancs, sauf que les lignes droites ne sont plus du tout droites, ça fait des spirales dans tous les sens. Je sais pas trop si on est restés trente secondes ou vingt minutes, mais au bout d'un moment on se remet en route. Et quand on revient, les pieds trempés et dégueulasses, on bénit la moquette. C'est sec, c'est doux, c'est confortable. Alléluia! On cherche les autres, on trouve pas, donc on retourne sur les barrières.
T+…. : un dos en fusion, des poches
Alors que je suis torse nu, une sensation étrange m'envahit peu à peu. Au début, je sens comme un point de chaleur dans mon dos. Petit à petit, comme une tâche qui s'étend, la chaleur se fait plus présente et m'irradie le dos. Je ne sais pas trop si c'est agréable ou désagréable, mais en tout cas je demande régulièrement à R de me cracher de l'eau dans le dos. Il est totalement parti, il phase beaucoup, il comprend surêment pas pourquoi mais ça l'amuse énormément, il crache de l'eau autour de lui en criant "C'est l'été!!!!!!!" ^^. Cette sensation a duré assez longtemps je pense, au moins une heure, peut-être plus. Je ne sais pas trop quoi en penser.
L'axe directeur de mon trip, c'est la langue que la musique parle. Tout au long de la soirée, je ressens ça, même si ça n'atteint pas l'intensité du début. R, lui, ce sera les poches. On est tous les deux torse nu, ce qui fait qu'en plus de son pantalon, il a deux vestes autour de la taille, pour un totale d'à peu près 10 poches. Je ne peux pas décrire son trip à sa place. Mais à partir d'un moment, toutes ces poches avaient l'air de représenter un véritable labytinthe pour lui. Il cherchait son tabac, faisait toutes ses poches sans le trouver, en découvrait une nouvelle, bref, le gros bordel. Mais pas du tout oppressant non plus : ça le faisait beaucoup rire.
On commence à fatiguer un peu, mais Lunarave arrive, l'artiste qu'on est venu voir en priorité, celui qu'on adore, qui est peut-être notre artiste trance préféré. Et baaaaaam il envoie du lourd, on est aux anges.
Un temps indéterminé s'écoule, et là on recule un peu pour se poser deux minutes. R a attaché ss chaussures entre elles par les lacets, et il devient fou lorsqu'il essaie de les défaire "Il y a plus de mille lacets mec c'est impossible!!!". Je regarde et waw, les lacets sont multicolores, ils bougent, ils se multiplient… je suis totalement perdu. Et là, j'entends quelqu'un crier mon nom : c'est L qui arrive. Je me tourne vers elle et la supplie : "Aide nous avec ces lacets de l'enfer!!!". Elle me regarde, éclate de rire, et défait les lacets en un rien de temps. Tout va bien, ce soir les problèmes se résolvent d'eux-mêmes.
On retrouve alors le reste du groupe, notamment C, P et H. Pour situer, C est la meilleure amie de ma copine, qui ne prod pas et n'est pas là. Elle veille donc un peu sur moi. Et là, elle m'explique qu'elle a eu très peur (elle a partagé un buvard avec P) : "Je t'ai perdu, et après, je voyais plein de coccinelles, je me disais nooooooon, il a fait des bébés, il s'est reproduit de partout, comment je vais expliquer ça à sa copine!!!!!!". Du coup tout va bien, je lui explique que j'ai pas du tout eu d'enfants. Je retrouve un repère temporel, à ce moment là il est autour de 4h30. J'ai à ce moment là une super interaction avec H, que je connaissais pas. Il tape de la C et pète la forme. Il m'emprunte mes ailes de coccinelle et commence à courir dans la foule en se dirigeant vers le son pour atteindre la barrière. Je le suis, enthousiasmé, et le regarde kiffer, dos au son, le regard vers la foule, le bras en l'air, un énorme sourire aux lèvres.
T+4h30 : l'énergie
On reste tous ensemble devant le son, pendant un moment je pense, avant de se séparer de nouveau. A un moment, on s'assoit, un peu fatigué. Je crois que c'est à ce moment là qu'un truc marrant est arrivé : une fille s'assoit entre R et moi, et pose une jambe sur chacun de nous, avant de s'allonger en arrière, toujours les jambes sur nous. Elle a l'air d'être parti très loin. On rigole un peu, avant de s'écarter d'elle pour s'asseoir ailleurs. Le gros est passé, je me dis. Héhé. Sur les hallus, le gros est effectivement passé. Mais alors que les premiers sons de La Conquista del Paraiso commence, on se regarde avec R, et on se relève au rythme des basses. C'est alors que commence ma phase super énergique, qui va durer globalement jusqu'à la fin de la soirée. Je danse n'importe comment, je saute, mais en suivant des mouvements que je crois géométriques. Quand j'ai dit ça à R le lendemain, il m'a répondu qu'on voyait pas trop le côté géométrique, on avait plus l'impression que je faisais n'importe quoi en kiffant le son, mais que c'était très drôle. Pendant ce temps, il est dans une phase très très mentale. Reality Grid assure avec un set très très lourd, le changement de style par rapport à Lunarave est brutal.
A partir de là, les souvenirs sont un peu plus flous, mais il se passe encore pas mal de choses.
A partir de 5h, on passe en mode teuf, on peut entrer et sortir de la salle, et même amener des bouteilles en verre à l'intérieur. Notre première sortie avec R a lieu vers 8 h je pense. On se dirige vers la voiture, on commence tout juste à émerger. On va aller manger les rillettes que j'ai amenées, on est très content. Et là, scène de carnage dans la voiture : une des trois boîtes de rillettes gît, vide, sur la banquette arrière, entourée de miettes de pain. Je sais très bien qui a fait ça : j'appelle L immédiatement et lui demande si elle a rien à me dire sur les rillettes! Elle éclate de rire et dit qu'elle nous rejoint. Pendant ce temps, on savoure comme il se doit notre petit dej. Puis on se pose sur une barrière pour attendre L et L2. Là, en regardant l'herbe, on se rend compte qu'on est encore perchés, en fait. R se met pieds nus pour apprécier la douceur de la nature, je fais de même, mais le froid me pousse assez vite à remettre mes chaussures.
On croise un couple super sympa. Au début, on entend un "Attention OBSTACLE!!!". Un mec allait essayer de franchir la barrière (d'environ 50 cm de hauteur) avec sa copine. Elle passe sans problèmes, ça a l'air d'être beaucoup plus compliqué pour lui, vu qu'il a une bière à la main. Je l'aide à passer, on discute un peu, il nous dit qu'il a accidentellement pris une goutte, et il me fait beaucoup rire. C'est sur ces entrefaites que L et L arrivent, et elles sourient en nous voyant, on rigole assez fort apparemment^^
Le couple nous quitte et on peut faire le point…sur les rillettes! Elles ont craqué vers 5h apparemment, et sont venues manger. Pas de problèmes, vu qu'elle ont laissé les autres boîtes. On discute un peu, on rigole, retour dans le son.
T+9 à T+11 : les dernières forces dans la bataille
La fin de la soirée est assez magique. Je mange encore sacrément ma perche, je bout d'énergie. A partir de 10h, les toiles noires qui recouvraient les vitres se relèvent petit à petit en partant du fond, nous offrant une sorte de lever de soleil très agréable. Je jette toute mon énergie sur le dernier set. Le mec est tout content d'être là, il a la pêche, et il abuse un peu en jouant jusqu'à 11h20. J'ai adoré le moment où un orga vient lui parler à l'oreille et où il opine du chef… avant de nous regarder avec un grand sourire, cinq minutes plus tard, de faire un doigt sur le côté de la scène (tout gentil hein), et de lancer une dernière track, en levant ensuite les bras et s'éloignant de la console, genre "j'ai rien fait, ça joue tout seul"^^.
A partir de 11h30 : une descente toute douce
Après ça, on se rend tous dehors. Tout le groupe se reforme, on se pose dans l'herbe et reste là jusqu'à bien 15h. Je rigole encore beaucoup, et je me sens très bien. La fatigue a dû prendre le relais à un moment, mais je ne me sentais toujours pas dans mon état normal. Le retour se passe bien malgré une petite galère d'itinéraire. On rentre chez moi avec R, on fume un dernier pétard, il s'en va. Je me couche tôt, je dors 14h et le lendemain je me sens vraiment en forme. J'ai passé les jours suivant mon trip sur un petit nuage, sans aucun effet négatif.
Réflexions post-trip
-D'abord un moment que je suis incapable d'expliquer réellement et dont je ne saurais dire quand il s'est produit : j'allais refermer mon camelback dans lequel on avait mis des affaires, et là grosse phase… "R, est-ce que je suis dans le sac? Je peux pas le fermer je vais m'enfermer dedans!!". Le moment le plus WTF dans ma tête.
-Pour une première prise, je ne suis pas du tout déçu. J'ai clairement eu deux phases : une première très mentale, avec des hallus, la langue, tout ça, et une deuxième beaucoup plus physique, tout plein d'énergie. J'ai aussi énormément rigolé, à partir de 8h du matin et la première sortie. Je ne sais pas quelle était la dose sur le buvard, elle devait être correcte sans être trop élevée.
-Beaucoup des TR que j'ai pu lire racontaient des trips en intérieur. Je comprends totalement pourquoi, et j'ai très envie d'essayer aussi. A mon avis, c'est une expérience assez différente. On a quand même eu de la chance, le set&setting n'est pas forcément celui qui est recommandé pour une première fois. Ceci dit, on a été raisonnable, on a quasiment pas bu, sauf une bière au début et un whisky au ptit dej, et quelques pétards. En plus de ça, on était avec beaucoup de gens expérimentés qui auraient pu gérer si quelque chose s'était mal passé. Et le public était très très cool. On avait vraiment de la place pour danser, les gens n'était pas oppressant.
-Je n'ai pas eu de moment de réel introspection, de réflexion sur ma personnalité. Je pense que ça vient du fait que je me suis totalement laissé guidé par la musique. Et c'est ma manière d'écouter la musique qui a changé depuis, aussi parce que je consomme essentiellement pour les effets que la drogue a sur le son. Mon trip en appart tel que je le conçois, c'est une playliste de 12h préparé à l'avance, ou plusieurs playlists thématiques.
-Ce qui m'intrigue le plus en fait, c'est cette sensation de mon dos en fusion. C'était pas vraiment douloureux, mais je le ressentais très fort et très "physiquement" surtout. Dans les TR que j'ai pu lire j'ai pas souvenir de sensations de ce type.
Voilà, merci de m'avoir lu et n'hésitez pas à me dire s'il y a des choses à changer, c'est mon premier TR
Pour l'ambiance sonore, si vous voulez vous pouvez écouter ça :
Avant tout, une rapide présentation : j'ai 20 ans, je suis étudiant et je pèse 65 kilos. Cette prise est le résultat d'une longue réflexion. Je fume régulièrement du cannabis depuis quelques années. Il y a environ un an, j'ai testé la MD, et ce fût une très bonne expérience. Depuis, j'en ai repris sept ou huit fois, toujours de manière espacée, et je n'ai pas été déçu. Je tripe avec mon ami R, et nous avons commencé à discuter du LSD assez vite. Il était déjà bien informé et décidé à en prendre. Quant à moi, je me suis beaucoup documenté, en lisant des TR et en faisant quelques recherches. En début d'année, je me sentais prêt. Restait à trouver l'occasion. Une soirée trance se présente début avril, on décide que ce sera le grand jour.
Set,setting et protagonistes
Après un apéro chez une amie, on fait un convoi de voitures pour se rendre à la soirée. On est une bonne quinzaine, mais seulement quelques personnes vont avoir un rôle important : R donc ; C qui conduit ; L, une bonne amie ; H, que je ne connaissais pas ; P, que j'avais déjà croisé une ou deux fois. Tous ont beaucoup plus d'expérience que R et moi, ce qui est plutôt rassurant. On arrive vers 22h sur les lieux. C'est une grosse soirée psytrance qui va durer jusqu'à 11h, on a le temps. L'ambiance sur le parking est déjà festive. On boit quelques bières, on fume un peu, et on décide de se mettre en quête. A ce moment-là, un mec nous aborde en nous demandant si on cherche des trips. On répond par l'affirmative, il a l'air clean et réglo, on lui achète deux buvards. Libéré de l'angoisse de ne pas trouver de matos, on se prépare pour la soirée. J'enfile mon déguisement de coccinelle (détail qui aura son importance) et on se couvre le visage de peinture verte. Il est presque minuit, on décide de rentrer. Juste avant, on gobe les buvards, et un petit frisson d'excitation me parcourt : la machine est lancée, plus question de revenir en arrière…
T + 20 : ça chatouille
J'avais déjà remarqué ça avec la MD : j'ai tendance à monter très vite. Il a sûrement une bonne part de placebo, mais je rentre dans mon trip plus vite que R. Le son est bon, je ressens quelques fourmillements, je suis très excité.
Un point sur la salle : c'est une salle des fêtes assez grande, et toutes les fenêtres ont été couvertes de toile noire. Derrière les artistes, un gigantesque écran en forme de libellule assure la déco. Au plafond, les déco de l'association des Lucioles la complètent. Et surtout, les orgas ont eu la meilleure idée de tous les temps : le sol est entièrement recouvert de moquette, de longues bandes jaunes, vertes et rouges tenues entre elles par du scotch noir.
Assez vite, je propose à R d'aller sur les barrières. Tout aussi vite, je me mets pieds nus, et la sensation de ma peau contre le sol est extrêmement agréable. J'aime beaucoup la musique, je me sens euphorique, j'ai beaucoup d'énergie, je danse, j'ai de la place, tout va bien. Mon corps commence à frissonner, je serre mes mains. Je bois de l'eau, et le goût me paraît délicieux. Je suis prêt à me laisser emporter.
Entre T+1 et T+2 : BOOM
Sans avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait, je me prend ma perche en pleine tête. Je ne danse plus, je suis beaucoup trop occupé à regarder juste devant moi, cet écran que je n'avais pas remarqué. C'est un écran où est inscrit le nom de la soirée, avec des insectes dessus. Il se gondole, les lettres bougent et changent de volume. Mais… ah non ce n'est pas du tout un écran en fait, c'est du carton et du plastique! Les yeux écarquillés, je me tourne vers la personne à ma droite, un parfait inconnu, et je lui lance "Je viens de découvir la troisième dimension!". Et c'est exactement ça : en regardant ce que je croyais être un écran, j'avais totalement oublié toute idée de profondeur. Je comprend à ce moment là que tout n'est pas sur le même plan, qu'on est pas du tout dans une BD. Je suis très heureux d'avoir fait cette découverte, j'ai l'impression d'avoir avancé, de progresser.
Je jette un coup d'œil à R : ça y est, il commence à phaser sérieusement. Il m'a dit plus tard qu'à ce moment là, les rais de lumière colorés lui apparaissait solides. Son champ de vision était rempli de solides fluorescent, et c'était un sacré bordel apparemment. Il avait l'impression de pouvoir les toucher s'il tendait la main.
Ayant retrouvé toutes les dimensions nécessaires, je peux me replonger dans la musique, et c'est très très bon. C'est alors que les choses vont vraiment commencer à partir loin. Ma voix intérieure commence par mélanger les langues. Je parle français et portugais, et les remarques que je me fais mélangent les deux. Mais pas à l'échelle d'une phrase, au niveau de chaque mot! En gros, le même principe avec français/anglais sur le mot "arbre", ça donnerait "ar-tree" ou "tre-bre". Je commence à me perdre dans ma tête avec des phrases absurdes. Et là, quelque chose vient me sauver. Une autre langue, que je comprend pas tout de suite. C'est la musique! La musique me parle! A chaque instant, un son se dégage des autres, et s'adresse à moi, dans une langue très très rapide, composée essentiellement d'onomatopées, avec un rythme de montées/descentes dans le ton. Cette voix me berce, et me permet de rentrer totalement dans la musique.
T+2.5 : Fractales
Au bout d'un moment, je ressens le besoin d'aller me reposer sur la barrière. Je pose les coudes sur elle, et penche la tête vers la bas. Et là, les yeux fermées, les premières fractales apparaissent. Elles tournent lentement, et pulsent au rythme des basses, changeant de couleurs à chaque inflexion du morceau, accélérant ou ralentissant en rythme. Dès que j'ouvre les yeux, la perspective part totalement en live. J'ai l'impression que la barrière est triangulaire, comme si elle suivait mes bras accoudés au lieu de continuer à ma gauche et à ma droite, et que je suis au centre du triangle. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça, la tête baissée, alternant les deux hallucinations. C'est alors que survient le seul moment désagréable de la soirée. Un homme assez gros, suant est juste derrière moi. Il me touche involontairement en dansant, j'ai l'impression qu'il me pousse, ce que je ne trouve pas très agréable. A un moment, je sors mon portable pour voir si j'ai des nouvelles des autres qu'on a perdus depuis un bon moment déjà. Sautant sur l'occasion, il me pousse carrément pour s'installer sur la barrière, en me lançant "Voilà, comme ça tout le monde s'amuse au moins!". Mal à l'aise, je demande à R de reculer. C'est de toute façon le moment d'aller remplir le camelback et de se rendre aux toilettes.
T+… : les toilettes, l'aventure épique
Bon. Il faut déjà trouver où elles sont, ces toilettes. On se met en marche, difficilement. On finit par arriver dans un couloir qui y mène. Et là, oh la la, il ya du monde partout, deux flux de personnnes se croisent. Et là, je croise P, les pupilles sacrément dilatées, qui me dit "Oh toi! Mais toi! C te cherche depuis des heures mec, on est devant le son à gauche, rejoins-nous!". Je lui dit qu'on arrive dès qu'on a fini. Malgré le monde, je ne me sens pas oppressé, je prends les choses en main parce que R est totalement perdu. Je me fraye un chemin en le tirant derrière moi, et hop on est dedans! C'est le chaos le plus total, elles sont bondées et trempées, on est encore pieds nus. J'essaye d'uriner, échec. R me dit qu'il lui faut une cabine sinon il y arrivera pas. Il fait la queue pendant que je remplit tant bien que mal le camelback. Je vois R qui regarde le sol, apparemment absorbé. Je lui demande s'il veut pas aller pisser, il me dit quelque chose comme "Mec…carrelage…tout est tordu". Là je regarde et waw! Le sol est fait de carreaux blancs, sauf que les lignes droites ne sont plus du tout droites, ça fait des spirales dans tous les sens. Je sais pas trop si on est restés trente secondes ou vingt minutes, mais au bout d'un moment on se remet en route. Et quand on revient, les pieds trempés et dégueulasses, on bénit la moquette. C'est sec, c'est doux, c'est confortable. Alléluia! On cherche les autres, on trouve pas, donc on retourne sur les barrières.
T+…. : un dos en fusion, des poches
Alors que je suis torse nu, une sensation étrange m'envahit peu à peu. Au début, je sens comme un point de chaleur dans mon dos. Petit à petit, comme une tâche qui s'étend, la chaleur se fait plus présente et m'irradie le dos. Je ne sais pas trop si c'est agréable ou désagréable, mais en tout cas je demande régulièrement à R de me cracher de l'eau dans le dos. Il est totalement parti, il phase beaucoup, il comprend surêment pas pourquoi mais ça l'amuse énormément, il crache de l'eau autour de lui en criant "C'est l'été!!!!!!!" ^^. Cette sensation a duré assez longtemps je pense, au moins une heure, peut-être plus. Je ne sais pas trop quoi en penser.
L'axe directeur de mon trip, c'est la langue que la musique parle. Tout au long de la soirée, je ressens ça, même si ça n'atteint pas l'intensité du début. R, lui, ce sera les poches. On est tous les deux torse nu, ce qui fait qu'en plus de son pantalon, il a deux vestes autour de la taille, pour un totale d'à peu près 10 poches. Je ne peux pas décrire son trip à sa place. Mais à partir d'un moment, toutes ces poches avaient l'air de représenter un véritable labytinthe pour lui. Il cherchait son tabac, faisait toutes ses poches sans le trouver, en découvrait une nouvelle, bref, le gros bordel. Mais pas du tout oppressant non plus : ça le faisait beaucoup rire.
On commence à fatiguer un peu, mais Lunarave arrive, l'artiste qu'on est venu voir en priorité, celui qu'on adore, qui est peut-être notre artiste trance préféré. Et baaaaaam il envoie du lourd, on est aux anges.
Un temps indéterminé s'écoule, et là on recule un peu pour se poser deux minutes. R a attaché ss chaussures entre elles par les lacets, et il devient fou lorsqu'il essaie de les défaire "Il y a plus de mille lacets mec c'est impossible!!!". Je regarde et waw, les lacets sont multicolores, ils bougent, ils se multiplient… je suis totalement perdu. Et là, j'entends quelqu'un crier mon nom : c'est L qui arrive. Je me tourne vers elle et la supplie : "Aide nous avec ces lacets de l'enfer!!!". Elle me regarde, éclate de rire, et défait les lacets en un rien de temps. Tout va bien, ce soir les problèmes se résolvent d'eux-mêmes.
On retrouve alors le reste du groupe, notamment C, P et H. Pour situer, C est la meilleure amie de ma copine, qui ne prod pas et n'est pas là. Elle veille donc un peu sur moi. Et là, elle m'explique qu'elle a eu très peur (elle a partagé un buvard avec P) : "Je t'ai perdu, et après, je voyais plein de coccinelles, je me disais nooooooon, il a fait des bébés, il s'est reproduit de partout, comment je vais expliquer ça à sa copine!!!!!!". Du coup tout va bien, je lui explique que j'ai pas du tout eu d'enfants. Je retrouve un repère temporel, à ce moment là il est autour de 4h30. J'ai à ce moment là une super interaction avec H, que je connaissais pas. Il tape de la C et pète la forme. Il m'emprunte mes ailes de coccinelle et commence à courir dans la foule en se dirigeant vers le son pour atteindre la barrière. Je le suis, enthousiasmé, et le regarde kiffer, dos au son, le regard vers la foule, le bras en l'air, un énorme sourire aux lèvres.
T+4h30 : l'énergie
On reste tous ensemble devant le son, pendant un moment je pense, avant de se séparer de nouveau. A un moment, on s'assoit, un peu fatigué. Je crois que c'est à ce moment là qu'un truc marrant est arrivé : une fille s'assoit entre R et moi, et pose une jambe sur chacun de nous, avant de s'allonger en arrière, toujours les jambes sur nous. Elle a l'air d'être parti très loin. On rigole un peu, avant de s'écarter d'elle pour s'asseoir ailleurs. Le gros est passé, je me dis. Héhé. Sur les hallus, le gros est effectivement passé. Mais alors que les premiers sons de La Conquista del Paraiso commence, on se regarde avec R, et on se relève au rythme des basses. C'est alors que commence ma phase super énergique, qui va durer globalement jusqu'à la fin de la soirée. Je danse n'importe comment, je saute, mais en suivant des mouvements que je crois géométriques. Quand j'ai dit ça à R le lendemain, il m'a répondu qu'on voyait pas trop le côté géométrique, on avait plus l'impression que je faisais n'importe quoi en kiffant le son, mais que c'était très drôle. Pendant ce temps, il est dans une phase très très mentale. Reality Grid assure avec un set très très lourd, le changement de style par rapport à Lunarave est brutal.
A partir de là, les souvenirs sont un peu plus flous, mais il se passe encore pas mal de choses.
A partir de 5h, on passe en mode teuf, on peut entrer et sortir de la salle, et même amener des bouteilles en verre à l'intérieur. Notre première sortie avec R a lieu vers 8 h je pense. On se dirige vers la voiture, on commence tout juste à émerger. On va aller manger les rillettes que j'ai amenées, on est très content. Et là, scène de carnage dans la voiture : une des trois boîtes de rillettes gît, vide, sur la banquette arrière, entourée de miettes de pain. Je sais très bien qui a fait ça : j'appelle L immédiatement et lui demande si elle a rien à me dire sur les rillettes! Elle éclate de rire et dit qu'elle nous rejoint. Pendant ce temps, on savoure comme il se doit notre petit dej. Puis on se pose sur une barrière pour attendre L et L2. Là, en regardant l'herbe, on se rend compte qu'on est encore perchés, en fait. R se met pieds nus pour apprécier la douceur de la nature, je fais de même, mais le froid me pousse assez vite à remettre mes chaussures.
On croise un couple super sympa. Au début, on entend un "Attention OBSTACLE!!!". Un mec allait essayer de franchir la barrière (d'environ 50 cm de hauteur) avec sa copine. Elle passe sans problèmes, ça a l'air d'être beaucoup plus compliqué pour lui, vu qu'il a une bière à la main. Je l'aide à passer, on discute un peu, il nous dit qu'il a accidentellement pris une goutte, et il me fait beaucoup rire. C'est sur ces entrefaites que L et L arrivent, et elles sourient en nous voyant, on rigole assez fort apparemment^^
Le couple nous quitte et on peut faire le point…sur les rillettes! Elles ont craqué vers 5h apparemment, et sont venues manger. Pas de problèmes, vu qu'elle ont laissé les autres boîtes. On discute un peu, on rigole, retour dans le son.
T+9 à T+11 : les dernières forces dans la bataille
La fin de la soirée est assez magique. Je mange encore sacrément ma perche, je bout d'énergie. A partir de 10h, les toiles noires qui recouvraient les vitres se relèvent petit à petit en partant du fond, nous offrant une sorte de lever de soleil très agréable. Je jette toute mon énergie sur le dernier set. Le mec est tout content d'être là, il a la pêche, et il abuse un peu en jouant jusqu'à 11h20. J'ai adoré le moment où un orga vient lui parler à l'oreille et où il opine du chef… avant de nous regarder avec un grand sourire, cinq minutes plus tard, de faire un doigt sur le côté de la scène (tout gentil hein), et de lancer une dernière track, en levant ensuite les bras et s'éloignant de la console, genre "j'ai rien fait, ça joue tout seul"^^.
A partir de 11h30 : une descente toute douce
Après ça, on se rend tous dehors. Tout le groupe se reforme, on se pose dans l'herbe et reste là jusqu'à bien 15h. Je rigole encore beaucoup, et je me sens très bien. La fatigue a dû prendre le relais à un moment, mais je ne me sentais toujours pas dans mon état normal. Le retour se passe bien malgré une petite galère d'itinéraire. On rentre chez moi avec R, on fume un dernier pétard, il s'en va. Je me couche tôt, je dors 14h et le lendemain je me sens vraiment en forme. J'ai passé les jours suivant mon trip sur un petit nuage, sans aucun effet négatif.
Réflexions post-trip
-D'abord un moment que je suis incapable d'expliquer réellement et dont je ne saurais dire quand il s'est produit : j'allais refermer mon camelback dans lequel on avait mis des affaires, et là grosse phase… "R, est-ce que je suis dans le sac? Je peux pas le fermer je vais m'enfermer dedans!!". Le moment le plus WTF dans ma tête.
-Pour une première prise, je ne suis pas du tout déçu. J'ai clairement eu deux phases : une première très mentale, avec des hallus, la langue, tout ça, et une deuxième beaucoup plus physique, tout plein d'énergie. J'ai aussi énormément rigolé, à partir de 8h du matin et la première sortie. Je ne sais pas quelle était la dose sur le buvard, elle devait être correcte sans être trop élevée.
-Beaucoup des TR que j'ai pu lire racontaient des trips en intérieur. Je comprends totalement pourquoi, et j'ai très envie d'essayer aussi. A mon avis, c'est une expérience assez différente. On a quand même eu de la chance, le set&setting n'est pas forcément celui qui est recommandé pour une première fois. Ceci dit, on a été raisonnable, on a quasiment pas bu, sauf une bière au début et un whisky au ptit dej, et quelques pétards. En plus de ça, on était avec beaucoup de gens expérimentés qui auraient pu gérer si quelque chose s'était mal passé. Et le public était très très cool. On avait vraiment de la place pour danser, les gens n'était pas oppressant.
-Je n'ai pas eu de moment de réel introspection, de réflexion sur ma personnalité. Je pense que ça vient du fait que je me suis totalement laissé guidé par la musique. Et c'est ma manière d'écouter la musique qui a changé depuis, aussi parce que je consomme essentiellement pour les effets que la drogue a sur le son. Mon trip en appart tel que je le conçois, c'est une playliste de 12h préparé à l'avance, ou plusieurs playlists thématiques.
-Ce qui m'intrigue le plus en fait, c'est cette sensation de mon dos en fusion. C'était pas vraiment douloureux, mais je le ressentais très fort et très "physiquement" surtout. Dans les TR que j'ai pu lire j'ai pas souvenir de sensations de ce type.
Voilà, merci de m'avoir lu et n'hésitez pas à me dire s'il y a des choses à changer, c'est mon premier TR