fromsaturnwithlove
Neurotransmetteur
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- 9/4/15
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Bonjour à tous,
Je vais vous faire part de quelque chose que j'ai vécu il y maintenant 6 mois, c'était ma première prise de LSD.
Les écrits qui suivent sont principalement tirés d'un texte que j'ai couché au sur-lendemain du trip.
Je précise que j'ai 20 ans, je suis quelqu'un d'ultra sensible et introspectif, avec une expérience des drogues relativement conséquente au vu de la variété de mes expériences, mais maîtrisée en termes d'addiction/fréquence (si ce n'est pour le cannabis).
Je précise également qu'il n'y a ni invention ni exagération dans ce que je vous livre.
Le timing est approximatif mais bien dans l'ordre chronologique.
Set & setting:
Rien n'était prévu. Du moins rien de ce que mon expérience de surface pouvait percevoir.
Au départ je ne voulais vraiment pas sortir, j'étais juste passé voir un pote chez lui, un bon gars serbe, il m'a fait boire ses alcools artisanaux et on a fumé de la weed bodybuildée. Deux heures plus tard je me retrouve à l'intérieur d'un club parisien dans une grosse soirée techno avec quelques dizaines d'euros en poche, avancés par mon pote. Je précise qu'il a un côté assez bourrin, malgré une vraie intelligence ce n'est pas quelqu'un de réceptif avec qui je pourrais me "connecter" mentalement.
01h00: (T+0) La rencontre annonciatrice:
Je suis dans le club, je commence à décuver un peu et à me demander ce que je fous dans cet endroit que je n'aime pas.
Je suis accompagné de mon pote, on sort dans le fumoir extérieur s'allumer une clope et on fait rapidement la rencontre d'un couple d'une trentaine d'années, ils sont Suisses. Je commence à bien parler avec la fille et au bout d'une vingtaine de minutes elle m'explique qu'elle a une planche de buvards dans son sac et qu'elle peut m'en faire un pour 10e, que ça vient de chez eux et qu'ils sont vraiment puissants. Je lui dis oui sans hésiter. Elle part aux toilettes pendant que je discute avec son mec puis revient 10 minutes après avec la chose, m'avertissant une nouvelle fois qu'elle se perche tous les weekend mais qu'elle continue à drop par 1/4.
L'échange se fait puis je pars aux toilettes me coller 1/2 d'office.
Mon compagnon de soirée n'en prendra pas il a trouvé un para juste avant.
02h00: (T+1) Premiers mouvements...:
Je suis assez renfermé, je commence à avoir du mal à parler et je recale tout le monde gentiment au bout de 30 secondes, je sens le bodyload violent qui arrive avec un gros sentiment d'appréhension mentale. Une meuf mignonne m'aborde et me dit avec un aplomb déconcertant qu'elle me connait, son visage m'est familier et ça commence à me faire phaser.
Les gens ont des mains reptiliennes et fument des grosses lianes, l'ambiance me parait très glauque.
02h45: (T+1h45) …puis re-drop:
Je commence à être vraiment défoncé, sans encore vraiment mesurer ce que je fais je vais boire et j'avale l'autre moitié du toncar.
Je croise la fille qui me l'a vendu, elle me demande où j'en suis, quand je lui dis que je viens de tout prendre elle me regarde assez intensément, me tient par l'épaule et me dit quelque chose que je n'ai pas entendu (du style "viens me voir toute à l'heure").
03h45 (T+2h45) Prémices d'un autre monde:
J'arrive dans le fumoir et je ne vois plus aucun visages, seulement les essences des gens qui m'entourent, des boules lumineuses de différentes teintes de gris/blanc dans leur plexus. Je ne comprends plus personne, tout le monde parle russe, espagnol, japonais, hébreux, grec ou mandarin. Je déambule un moment au milieu d'eux en les observant puis je repars dans le couloir, où des pans entiers de ma vision se détachent et s'entre-balayent dans différents jeux de reliefs, de teintes et de textures.
Gros trip psyché qui commence et que je gère dans le calme.
Mon pote est éclaté à la md mais je comprends qu'il essaie de savoir ce que je vis, je lui explique que je suis incapable de relater quoi que ce soit sur le moment.
04h40 (T+3h40) De l'autre côté:
Je suis près du son, je danse seul et je commence à rire sans pouvoir m'arrêter pour une vingtaine de minutes.
A partir de là les choses sont bien moins aisées à raconter et les mots ne suffiront pas.
J'ai commencé à voir des milliards de chiffres et de signes défiler dans tous les sens, toutes les lois qui régissent nos sensations, j'étais derrière le rideau de l'illusion, je comprenais que l'on pouvait être programmés complètement autrement, j'avais des flashs de l'homme de vitruve, des pyramides d'égypte, des logos de marques qui défilaient, le penseur de rodin qui flottait dans le cosmos.
Je sentais mon égo se dissoudre, je me sentais me dépouiller de tout conditionnement.
C'était déjà fort mais seulement visuel, je savais que j'étais perché.
D'un coup je n'entends plus la musique et je ne sens plus mon corps.
Je ne sais plus si mes yeux sont ouverts ou fermés, je n'ai plus conscience de ce qui m'entoure et je suis pris de projections incroyablement puissantes et indescriptibles, dans des montagnes, et dans le coeur battant d'un lion, en pleine savane.
Au sortir de ces visions je raccroche mon esprit à la "réalité" du moment -j'ai pris un tonc et je suis dans un club- puis je pense à mon départ à New York qui doit se faire quelques semaines plus tard, l'illusion de l'espace/temps me frappe de plein fouet alors que j'imagine l'avion au dessus de l'océan.
05h20 (T+4h20) Piégé derrière le voile:
J'ai des voix dans la tête, des dizaines de phrases qui m'ont été dites par des proches.
Des scènes de ma vie, des textes que j'ai lu. Tout converge. Tout s'emboîte et tout prend sens, les réponses à 12 années de questionnements sur l'univers et l'existence m'arrivent en rafale d'une évidence criante.
J'ai trop tourné autour du vide depuis longtemps et cette fois je suis tombé dedans, abandonné à une vie figée, condamné à cette vérité impossible à supporter ou à partager. Plus jamais je ne pourrai vivre normalement en me laissant bercer par l'illusion, par le cadeau qu'est la vie dans sa simplicité, j'en sais trop et le prix à payer est d'y laisser mon âme, je n'avais rien contrôlé mais je m'étais condamné au néant.
La fatalité.
05h35 (T+4h35) Sortie du club:
Mon pote s'aperçoit que je suis déphasé, il me propose qu'on aille se poser chez lui (c'est quasiment à côté).
Sur le chemin ça pousse énormément, comme des forces qui luttent du fin fond de mes entrailles, qui s'étirent jusqu'en dehors de mon corps et me tirent le souffle, c'est extrêmement fort, j'ai envie d'hurler, je sens que ça expierait quelque chose, que ça me libérerait réellement… mais je me retiens (malheureusement).
06h00 (T+5h) Le passage vers la renaissance:
Mon pote se couche, moi je fais les cent pas entre le balcon et la chambre pendant une demi-heure.
Je finis par m'allonger sur une banquette et fermer les yeux. La suite est encore une fois au delà des mots, au moins une heure à me tordre le corps dans un état indescriptible dans les champs infinis d'une autre dimension, un périple à travers des tunnels cosmiques. Quand je reprends conscience de moi dans la pièce et que j'ouvre les yeux je sens l'odeur du sang, je suis un nouveau-né, je vois la lumière du jour qui se lève en même temps que moi.
07h20 (T+6h20) Rentrer "chez moi":
(Je vous passe certaines perceptions trop personnelles)
Je sors de la machine à laver mais j'ai vraiment l'impression d'être bien disposé pour ma nouvelle vie, je ramasse mes affaires tant bien que mal et m'en vais de chez mon pote. Je marche vers le métro, je me dis qu'il ne doit pas y avoir trop de monde et que je peux le prendre sans craquer. Erreur. Une fois dans le wagon je commence à lever les yeux vers les gens et je me rends compte qu'ils m'observent quasiment tous, j'ai la vision en mode fish-eye et ils ont la peau qui dégouline, certains ont des cornes, des rictus déformés, dépressifs et carnassiers, ils sont tous longilignes et courbés comme des ombres échappées et fixes.
Je leur fais face pendant deux stations puis je descends en me disant que je ne pourrais pas tenir davantage.
Je vais donc rentrer à pieds, et après m'être perdu entre deux trottoirs pendant une demi-heure je parviens enfin jusqu'à chez moi.
09h -> 00h (T+8 jusqu'à T+23) Longue descente:
Sans surprise, impossible de dormir.
J'ai quelques joints de bedo sous mon canapé, ça me sera utile dans la journée.
Les choses que j'ai vécu commencent à remonter et l'angoisse revient.
J'ai des dépressions auditives, comme des coups de sifflets filtrés, j'entends des ruissellements métalliques.
Je vois un léger voile bleu devant tout ce que j'observe, je vois l'acide dans l'eau du robinet, dans les chiottes, j'entends "juste une goutte" et je vois la goutte, elle est partout, elle fait "PLOC" dans les lacs, les océans, la goutte est la vie, j'ai pris cette goûte et toute ma vie va en avoir le goût. Je voulais savoir et maintenant j'en sais trop.
Gros coup de stress quand je réalise que la meuf de l'agence immobilière a prévu une visite pour de nouveaux locataires pour l'appart dans la journée, je l'ai appelé pour annuler mais à peine la moitié des mots que j'alignais sortaient de ma bouche, elle m'a pris pour un fada. Heureusement que j'y ai pensé cela dit, ça aurait été dur à gérer de les voir débarquer.
Jusqu'à minuit ça a été impossible de dormir, 16 heures de descente dans ma prison mentale, une torture incessante avec moi-même, je tirais des raisonnements trop insensés je devenais fou, j'étais persuadé que je reprendrai plus jamais goût à la vie, que j'avais touché le truc qu'il me fallait pas, j'avais des visions très noires et des angoisses très lourdes, j'ai failli appeler les urgences plusieurs fois mais je voulais pas me réveiller en hp ou défoncé aux benzos… Alors j'ai encaissé, j'ai vraiment lutté et un pote d'enfance m'a un peu aidé au téléphone.
Bilan:
Le lendemain je devais me rendre à l'anniversaire d'un membre de ma famille, j'y suis allé et j'étais fluide, encore un peu choqué mais assez naturel et spontané, sauf que j'étais complètement dépersonnalisé, je m'entendais parler, j'étais en extérieur à mes gestes, ça a duré plusieurs jours. Une semaine plus tard des choses profondes sont remontées en moi, comme une projection astrale que j'ai vécu à 13 ans et qui ne m'était jamais revenu à l'esprit alors que j'avais même lu un livre sur le sujet en road trip au maroc quelques mois auparavant, et qu'il était toujours posé sur ma table de nuit… j'ai tout de suite appelé mon pote d'enfance qui m'avait aidé pendant la descente et il s'en rappelait très bien, je lui en avait touché mot à l'époque et maintenant toute la scène me revient avec une grande clarté.
Je me suis aussi souvenu d'un rêve que j'avais fait quelques mois auparavant, pendant lequel j'étais en train de perdre mes dents dans un club, je dansais et je les écrasait sous mes pas, j'en avais plein les mains…vous connaissez certainement la symbolique liée à cela.
C'est une expérience qui m'a renforcé car je l'ai bien intégré, et je sais que quelque part je cherchais ce qui m'est arrivé, j'ai également l'impression que certaines forces et influences qui me dépassent m'ont mené à la vivre.
Ce n'est pas quelque chose que je recommanderais à n'importe qui, je pense que de lourdes séquelles sont possibles.
Je vous laisse survoler ce que j'ai vécu et j'attends vos éventuels commentaires.
Bien à vous,
Avec toutes mes bonnes ondes,
Fromsaturnwithlove :-o
Je vais vous faire part de quelque chose que j'ai vécu il y maintenant 6 mois, c'était ma première prise de LSD.
Les écrits qui suivent sont principalement tirés d'un texte que j'ai couché au sur-lendemain du trip.
Je précise que j'ai 20 ans, je suis quelqu'un d'ultra sensible et introspectif, avec une expérience des drogues relativement conséquente au vu de la variété de mes expériences, mais maîtrisée en termes d'addiction/fréquence (si ce n'est pour le cannabis).
Je précise également qu'il n'y a ni invention ni exagération dans ce que je vous livre.
Le timing est approximatif mais bien dans l'ordre chronologique.
Set & setting:
Rien n'était prévu. Du moins rien de ce que mon expérience de surface pouvait percevoir.
Au départ je ne voulais vraiment pas sortir, j'étais juste passé voir un pote chez lui, un bon gars serbe, il m'a fait boire ses alcools artisanaux et on a fumé de la weed bodybuildée. Deux heures plus tard je me retrouve à l'intérieur d'un club parisien dans une grosse soirée techno avec quelques dizaines d'euros en poche, avancés par mon pote. Je précise qu'il a un côté assez bourrin, malgré une vraie intelligence ce n'est pas quelqu'un de réceptif avec qui je pourrais me "connecter" mentalement.
01h00: (T+0) La rencontre annonciatrice:
Je suis dans le club, je commence à décuver un peu et à me demander ce que je fous dans cet endroit que je n'aime pas.
Je suis accompagné de mon pote, on sort dans le fumoir extérieur s'allumer une clope et on fait rapidement la rencontre d'un couple d'une trentaine d'années, ils sont Suisses. Je commence à bien parler avec la fille et au bout d'une vingtaine de minutes elle m'explique qu'elle a une planche de buvards dans son sac et qu'elle peut m'en faire un pour 10e, que ça vient de chez eux et qu'ils sont vraiment puissants. Je lui dis oui sans hésiter. Elle part aux toilettes pendant que je discute avec son mec puis revient 10 minutes après avec la chose, m'avertissant une nouvelle fois qu'elle se perche tous les weekend mais qu'elle continue à drop par 1/4.
L'échange se fait puis je pars aux toilettes me coller 1/2 d'office.
Mon compagnon de soirée n'en prendra pas il a trouvé un para juste avant.
02h00: (T+1) Premiers mouvements...:
Je suis assez renfermé, je commence à avoir du mal à parler et je recale tout le monde gentiment au bout de 30 secondes, je sens le bodyload violent qui arrive avec un gros sentiment d'appréhension mentale. Une meuf mignonne m'aborde et me dit avec un aplomb déconcertant qu'elle me connait, son visage m'est familier et ça commence à me faire phaser.
Les gens ont des mains reptiliennes et fument des grosses lianes, l'ambiance me parait très glauque.
02h45: (T+1h45) …puis re-drop:
Je commence à être vraiment défoncé, sans encore vraiment mesurer ce que je fais je vais boire et j'avale l'autre moitié du toncar.
Je croise la fille qui me l'a vendu, elle me demande où j'en suis, quand je lui dis que je viens de tout prendre elle me regarde assez intensément, me tient par l'épaule et me dit quelque chose que je n'ai pas entendu (du style "viens me voir toute à l'heure").
03h45 (T+2h45) Prémices d'un autre monde:
J'arrive dans le fumoir et je ne vois plus aucun visages, seulement les essences des gens qui m'entourent, des boules lumineuses de différentes teintes de gris/blanc dans leur plexus. Je ne comprends plus personne, tout le monde parle russe, espagnol, japonais, hébreux, grec ou mandarin. Je déambule un moment au milieu d'eux en les observant puis je repars dans le couloir, où des pans entiers de ma vision se détachent et s'entre-balayent dans différents jeux de reliefs, de teintes et de textures.
Gros trip psyché qui commence et que je gère dans le calme.
Mon pote est éclaté à la md mais je comprends qu'il essaie de savoir ce que je vis, je lui explique que je suis incapable de relater quoi que ce soit sur le moment.
04h40 (T+3h40) De l'autre côté:
Je suis près du son, je danse seul et je commence à rire sans pouvoir m'arrêter pour une vingtaine de minutes.
A partir de là les choses sont bien moins aisées à raconter et les mots ne suffiront pas.
J'ai commencé à voir des milliards de chiffres et de signes défiler dans tous les sens, toutes les lois qui régissent nos sensations, j'étais derrière le rideau de l'illusion, je comprenais que l'on pouvait être programmés complètement autrement, j'avais des flashs de l'homme de vitruve, des pyramides d'égypte, des logos de marques qui défilaient, le penseur de rodin qui flottait dans le cosmos.
Je sentais mon égo se dissoudre, je me sentais me dépouiller de tout conditionnement.
C'était déjà fort mais seulement visuel, je savais que j'étais perché.
D'un coup je n'entends plus la musique et je ne sens plus mon corps.
Je ne sais plus si mes yeux sont ouverts ou fermés, je n'ai plus conscience de ce qui m'entoure et je suis pris de projections incroyablement puissantes et indescriptibles, dans des montagnes, et dans le coeur battant d'un lion, en pleine savane.
Au sortir de ces visions je raccroche mon esprit à la "réalité" du moment -j'ai pris un tonc et je suis dans un club- puis je pense à mon départ à New York qui doit se faire quelques semaines plus tard, l'illusion de l'espace/temps me frappe de plein fouet alors que j'imagine l'avion au dessus de l'océan.
05h20 (T+4h20) Piégé derrière le voile:
J'ai des voix dans la tête, des dizaines de phrases qui m'ont été dites par des proches.
Des scènes de ma vie, des textes que j'ai lu. Tout converge. Tout s'emboîte et tout prend sens, les réponses à 12 années de questionnements sur l'univers et l'existence m'arrivent en rafale d'une évidence criante.
J'ai trop tourné autour du vide depuis longtemps et cette fois je suis tombé dedans, abandonné à une vie figée, condamné à cette vérité impossible à supporter ou à partager. Plus jamais je ne pourrai vivre normalement en me laissant bercer par l'illusion, par le cadeau qu'est la vie dans sa simplicité, j'en sais trop et le prix à payer est d'y laisser mon âme, je n'avais rien contrôlé mais je m'étais condamné au néant.
La fatalité.
05h35 (T+4h35) Sortie du club:
Mon pote s'aperçoit que je suis déphasé, il me propose qu'on aille se poser chez lui (c'est quasiment à côté).
Sur le chemin ça pousse énormément, comme des forces qui luttent du fin fond de mes entrailles, qui s'étirent jusqu'en dehors de mon corps et me tirent le souffle, c'est extrêmement fort, j'ai envie d'hurler, je sens que ça expierait quelque chose, que ça me libérerait réellement… mais je me retiens (malheureusement).
06h00 (T+5h) Le passage vers la renaissance:
Mon pote se couche, moi je fais les cent pas entre le balcon et la chambre pendant une demi-heure.
Je finis par m'allonger sur une banquette et fermer les yeux. La suite est encore une fois au delà des mots, au moins une heure à me tordre le corps dans un état indescriptible dans les champs infinis d'une autre dimension, un périple à travers des tunnels cosmiques. Quand je reprends conscience de moi dans la pièce et que j'ouvre les yeux je sens l'odeur du sang, je suis un nouveau-né, je vois la lumière du jour qui se lève en même temps que moi.
07h20 (T+6h20) Rentrer "chez moi":
(Je vous passe certaines perceptions trop personnelles)
Je sors de la machine à laver mais j'ai vraiment l'impression d'être bien disposé pour ma nouvelle vie, je ramasse mes affaires tant bien que mal et m'en vais de chez mon pote. Je marche vers le métro, je me dis qu'il ne doit pas y avoir trop de monde et que je peux le prendre sans craquer. Erreur. Une fois dans le wagon je commence à lever les yeux vers les gens et je me rends compte qu'ils m'observent quasiment tous, j'ai la vision en mode fish-eye et ils ont la peau qui dégouline, certains ont des cornes, des rictus déformés, dépressifs et carnassiers, ils sont tous longilignes et courbés comme des ombres échappées et fixes.
Je leur fais face pendant deux stations puis je descends en me disant que je ne pourrais pas tenir davantage.
Je vais donc rentrer à pieds, et après m'être perdu entre deux trottoirs pendant une demi-heure je parviens enfin jusqu'à chez moi.
09h -> 00h (T+8 jusqu'à T+23) Longue descente:
Sans surprise, impossible de dormir.
J'ai quelques joints de bedo sous mon canapé, ça me sera utile dans la journée.
Les choses que j'ai vécu commencent à remonter et l'angoisse revient.
J'ai des dépressions auditives, comme des coups de sifflets filtrés, j'entends des ruissellements métalliques.
Je vois un léger voile bleu devant tout ce que j'observe, je vois l'acide dans l'eau du robinet, dans les chiottes, j'entends "juste une goutte" et je vois la goutte, elle est partout, elle fait "PLOC" dans les lacs, les océans, la goutte est la vie, j'ai pris cette goûte et toute ma vie va en avoir le goût. Je voulais savoir et maintenant j'en sais trop.
Gros coup de stress quand je réalise que la meuf de l'agence immobilière a prévu une visite pour de nouveaux locataires pour l'appart dans la journée, je l'ai appelé pour annuler mais à peine la moitié des mots que j'alignais sortaient de ma bouche, elle m'a pris pour un fada. Heureusement que j'y ai pensé cela dit, ça aurait été dur à gérer de les voir débarquer.
Jusqu'à minuit ça a été impossible de dormir, 16 heures de descente dans ma prison mentale, une torture incessante avec moi-même, je tirais des raisonnements trop insensés je devenais fou, j'étais persuadé que je reprendrai plus jamais goût à la vie, que j'avais touché le truc qu'il me fallait pas, j'avais des visions très noires et des angoisses très lourdes, j'ai failli appeler les urgences plusieurs fois mais je voulais pas me réveiller en hp ou défoncé aux benzos… Alors j'ai encaissé, j'ai vraiment lutté et un pote d'enfance m'a un peu aidé au téléphone.
Bilan:
Le lendemain je devais me rendre à l'anniversaire d'un membre de ma famille, j'y suis allé et j'étais fluide, encore un peu choqué mais assez naturel et spontané, sauf que j'étais complètement dépersonnalisé, je m'entendais parler, j'étais en extérieur à mes gestes, ça a duré plusieurs jours. Une semaine plus tard des choses profondes sont remontées en moi, comme une projection astrale que j'ai vécu à 13 ans et qui ne m'était jamais revenu à l'esprit alors que j'avais même lu un livre sur le sujet en road trip au maroc quelques mois auparavant, et qu'il était toujours posé sur ma table de nuit… j'ai tout de suite appelé mon pote d'enfance qui m'avait aidé pendant la descente et il s'en rappelait très bien, je lui en avait touché mot à l'époque et maintenant toute la scène me revient avec une grande clarté.
Je me suis aussi souvenu d'un rêve que j'avais fait quelques mois auparavant, pendant lequel j'étais en train de perdre mes dents dans un club, je dansais et je les écrasait sous mes pas, j'en avais plein les mains…vous connaissez certainement la symbolique liée à cela.
C'est une expérience qui m'a renforcé car je l'ai bien intégré, et je sais que quelque part je cherchais ce qui m'est arrivé, j'ai également l'impression que certaines forces et influences qui me dépassent m'ont mené à la vivre.
Ce n'est pas quelque chose que je recommanderais à n'importe qui, je pense que de lourdes séquelles sont possibles.
Je vous laisse survoler ce que j'ai vécu et j'attends vos éventuels commentaires.
Bien à vous,
Avec toutes mes bonnes ondes,
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