FunkyDuck
Sale drogué·e
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Bonjour à tous et me voilà pour un premier TR, sur une expérience phénomenale que j'ai eu la chance de vivre il y'a 2 ans.
31 Decembre 2011, 22h30.
Sous la pluie et face au tram qui devait nous emmener au centre ville afin d'y trouver un bar pour célébrer le nouvel an, je prends la décision.
-"Le tram pour la gare arrive. Faut le prendre si on veut se faire les douze coups en teuf."
L'info venait de tomber. On abandonne les amis de C et traversons les voies du tram pour prendre celui qui nous éloignerait du centre ville, puis de la ville en soi...
Remettons les choses en ordre: C, c'est mon amie. Moi, je suis de Gre, C de Nantes. Je squatte chez elle pour le Niou Yire. Je ne suis jamais allée en teuf, j'ai jamais prodé non plus malgré une imposante consommation de marie jeanne. J'ai 17 ans depuis peu. Je suis pas fan de musiques électroniques (psych rock forever), mais je souhaite vivre l'experience teuf. L'imagerie, l'ambiance, la liberté du truc m'intriguent.
Mon amie a déja participé à une free, et a consommé md et lsd une fois ou deux. Je lui fais toute confiance.
Donc nous voilà, sac à dos bourré de pulls, bouffe et bouteilles d'eau.
On arrive à la gare, chopons en skreud le petit ter et c'est parti. On s'arrête à l'arrêt le plus près de notre info, et commence la marche. Il est 23h30.
1 Janvier 2013, on rigole en faisant le décompte, on se fait la bise. Seules au milieu de nulle part... Ratés pour les douze coups devant le mur!
Avec la participation d'une charmante famille portugaise qui nous prend en stop a minuit trente (un miracle pour un premier de l'an!!!), on arrive dans le coin vers 1h.
Une demi heure plus tard, guidées par le boum boum, on arrive enfin (après une mémorable traversée de la nationale en courant).
Le mur mesure un peu près 2 mètres de haut sur 4 de large, plutôt petit donc. Je pense qu'il y'avait une grosse centaine de personnes.
On va se mettre devant le son, on kiffe un coup (première pour moi, j'apprécie!). Et on décide d'aller se chercher notre manne.
Petit tour vers les camtar, la teuf n'est pas très fournie (keta, coco et md). Un seul gars vend de la md, mais selon tous les gens présents de la bonne.
Transparente et brunatre/jaunatre avec présence de gros cristaux. On en prend un demi gramme.
-"faites chiez avec vos demis g... J'vous le fait a l'oeil."
Il sépare son gramme, fait 2 tas dont un plus gros que l'autre.
-"yen a un peu plus, j'vous le met?" il nous dit en rigolant.
Il faisait le g a 50, et nous fait donc ce gros demi a 30. Le mec est sympa et on a pas envie de se prendre la tête donc on couine pas pour 5 euros et on va se faire les paras.
Avec le recul, on a été complètement connes, car on s'est fait 2 paras de je dirais 0.2 voir 0.25... Ca en restait après mais pas beaucoup, au cas où. Vues nos corpulences ( 50 kilos chacunes), c'était du suicide, surtout pour moi qu'avait jamais taté!
On avale les paras et on va se fumer un bédo devant le son.
On retourne vers les camtar plus tard et on croise S, une amie de C, ainsi que d'autres connaissances.
On discute avec eux, et la C se tourne vers moi et me dit:
-"Putain c'est monté, et elle est vraiment bonne"
Bon moi pas d'effet pour l'instant.
On discute un peu avec tout le monde, puis on va s'asseoir sous un arbre à l'écart pour discuter.
-"les arbres ils bougent" me dit C.
Et la, je me souviens plus de comment, mais me voilà convaincue que tous les arbres sont des ents.
C'était monté! Sans bodyload, sans angoisse, juste bam, ultra perche.
Mon amie va au son et la suivant, je passe devant un arbre.
Je m'arrête, fascinée.
Et je commence à lui parler.
Je suis completement exaltée, je caresse tendrement l'écorce de ce bouleau, les aspérités humides dérapent lentement sur mes mains.
Je lui parle car personne n'en a jamais pris la peine, je lui parle car je sais qu'il est vivant, je lui parle car je suis comme lui.
Je repere à sa surface deux yeux, un nez et une bouche. De sa bouche sort une branche qui me rappelle un pétard.
J'vais passer alors un certain temps, entre une demi heure et une heure, à lui parler doucement.
-"Personne s'est jamais intéressé à toi, hein? On est pareils toi et moi, on est de la même espèce, de ceux qui attendent et observent..."
Prise de pitié quand à son immobilité, je décide de le laver de tous ses parasites. J'arrache à mains nues les ronces, le lierre et la mousse. J'ai les doigts pleins d'épines, les mains zébrées de sang. Mais qu'importe, à cet instant j'étais au sommet, j'aidais un dieu!
Je rigole avec lui, le prends dans mes bras et, dans le délire total, lui fais des soufflettes. La fumée se refroidit dans le glacial air de cet hiver breton. Elle coule à la surface du bouleau, en suit les reliefs.
Mon amie C me tirera alors de cette contemplation. S et les autres sont réunies vers nous. S est en train de vomir. J'arrive vers elle et l'enlace, lui masse le dos en lui disant que tout va bien.
Elle me repousse gentiment. J'apprendrais vite que cette gentilesse est la tolérance qu'ont les consommateurs sobres alors face aux sheppers. On comprend que l'autre est perché, et on respecte cet état alteré. Elle, ainsi que d'autres, souhaitent aller au parking pour trouver une voiture ou elle pourra se reposer.
-"Moi je reste, je retournes voir Albator". Albator, c'est mon arbre, ainsi nommé car une balafre zèbre son "visage".
-"Y'a pas moyen, je laisses pas une meuf completement perchée seule, elle va finir dans un camtar" dit S.
J'insiste un peu mais elle est ferme. Un de ses amis reste avec moi. Je lui présente mon arbre, lui invite à faire des souflettes. Ca le fait marrer, mais pas la même gentilesse que S. Lui, je l'apprends vite, est dans mon cas. Jamais prodé, première teuf. Il me dit qu'il a pris y'a une petite demi heure. Il s'inquiète de ne pas avoir d'effet. Je le rassures: y en aura, oh que oui y en aura...
A ce moment la je ressens alors l'effet love de la md: je trouve cet inconnu, dont je discerne à peine le visage dans l'obscurité, attirant. Spirituellement, physiquement.
Vite tirée à ces contemplations, C revient avec les autres, mais sans S. Apparemment, elle a disparu, introuvable. Elle qui me mettait en garde peu avant...
La nuit continue, j'alterne entre mur et forêt, en restant toujours proche de C. Je ne connais pas encore bien la substance donc je préfère me méfier.
Le son paraît incroyable, j'ai réellement l'impression qu'il occupe l'espace, qu'il est matériel. Je fume un petit bédo, que je fais tourner au hasard aux danseurs près de moi. Il me revient peu après. Je réalise aussi que mes dents serrent, mais je me focalise pas dessus.
Couchée dans un champ avec C, je regarde le ciel. Je remarque qu'au bout de chaque branche de l'arbre qui me surplombe se trouve une étoile. Emue presqu'au larmes, je réalise que le ciel ressemble à un lavis d'encre de chine. Jamais je n'avais ressenti avant cette impression de beauté parfaite, de fantasmagorie, de poésie... Merveilleux. Tout est si incroyable, tout semble se mettre en branle autour de moi.
C'est alors que je ressens l'énergie fondatrice, le dieu qui m'entoure. Je comprends alors que ce lien qui me relie à la nature bat en intensité tout ce que je connaissais. Je suis devenue Dieu, il est moi. Un est tout, tout est un.
L'arbre sous lequel nous sommes est un ent. Comment le sait on? Mon bouleau, après que je l'ai dénudé de tous parasites, me l'a indiqué. Cet ent a un nom et c'est C qui me l'apprend.
-"cet arbre, c'est un chien qui monte a un serpent. C'est canis... Canis... Aniscanis." elle me dit.
A ce stade la vous devez probablement vous dire qu'on avait completement débloqué. Mais non. J'ai déja été confrontée aux effets délirogènes de la MD en grande dose, aux confusions du lsd, à l'ahurissement de la ké, mais rien ne battra cette première fois à la md: on était parties, avec C, pour ne revenir que bien tard. On était conscientes! Lucides! Mais on avait choisi d'etre naives, de croire en la magie qui nous entourait. Nous étions comme des enfants, redécouvrant la beauté qui les entoures avec émerveillement.
Mais il y eut quand même, a un point de la soirée, une idée pourrave. Très.
Un ruisseau coulait près de la teuf. En se baladant autour, on le trouve. Je marche dedans. Le froid qui mord instantément mes pieds est une sensation étrange. Fascinante et irréelle. J'explose de rire et dis à C de me rejoindre. On discute chiffon, avec les pieds dans l'eau gelée. Il devait faire entre 0 et 5 degrés dehors.
Jusqu'ici le froid était supportable, grace à la défonce. Les pieds trempés on ressort. Malgré qu'on ait nulle part ou se réfugier, on tient. On va au son, on tripe vers Aniscanis, et attirés comme des moustiques par la lumière on retourne au ruisseau.
En y allant, je sens la nature et la forêt se tordre devant mes pas et créer un chemin. Je crie en remerciant les ents de nous guider, je ris, en pleine extase, et commence à courir, bondir, habitée par la puissance sans limite de ce lieu. C, j'aurais l'occasion de reprendre des prods avec elle, est d'habitude dans l'introspection. Mais la, elle aussi est exaltée. Extasiées. Que cette drogue porte bien son nom! Je suis ce chemin de l'esprit jusqu'au ruisseau en marchant comme duke dans las vegas parano. Je retrouverai cette démarche avec d'autres prods. Bien vu, ce film...
Au ruisseau, tout aurait pu basculer. Pieds dans l'eau, je perds l'équilibre. J'arrive à me réequilibrer, mais en tombant sur les genoux. Je suis trempée jusqu'aux genoux. La gelure immédiate me redescend sur terre. Je remercie dieu (je ne suis pas croyante!), re-escalade la montagne de la perchitude et m' installe au sommet. Tout commence à geler, mais pas grave. On va au son.
On y restera de 5h30 à 7h30, en alternant entre la danse, pour se réchauffer entre descente, humidité et froid, et s'asseoir devant le son en discutant et fumant avec des potes.
On sera restées 95% du temps juste les deux. Trip très personnel.
Derniers instants de magie face au mur, un sample de jeu vidéo dans un son hardcore. Je me dandine comme une folle, j'attrape les lasers et m'emplit les naseaux de la fumée, entre celle des machines et celle des imposants bangs qui circulent.
Je vois devant moi ( on était assises sur une grande planche de bois devant le son, avec d'autres teuffeurs éreintés ) un homme, penché. Il semble embrasser une fille. Ca me surprend, je n'avais pas vu beaucoup d'amoureux ce soir là.
Je demande à C: "hey, tu crois qu'il vomit ou qu'il emballe?"
Elle regarde puis "de qui?"
Ma seule hallucination "md" like de la soirée. Y avait personne! Flippant.
Je l'ai pas dit plus tôt mais j'ai eu des CEV magnifiques pendant la soirée, des carrés multicolores qui se transformaient en losange (puis en carré etc...) en s'applatissant par les cotés. C'était très beau, mais la nature qui m'entourait était bien plus intéressante.
On décide de partir avec le soleil. On arrive sur la nationale, un coup de stop et on est vite prises, malgré notre couverture de boue et démarche hagarde.
PS: J'ai envoyé pas mal de sms pendant la nuit, dont voilà un florilège.
"Vive la vie mec! Mets toi dehors et regarde les etoiles! Regarde la lune!
Les gens c'est pas important, les etoiles le monde et le temps qui s'ecoule
Les ondes du son, les ondes de la lumiere tout ca c'est visible si tu sais te concentrer. Ouvre tes yeux!
Je vous aime " ce fut mon sms de nouvel an!
"Jai pris de l'ecstasy c'est genial tu dois trop essayer mec!
Dehors y a des ents et ils nous protgenent ils sont super beau " celui que je regretterai le plus. Je nai pas réussi à me controler et j'ai envoyé ca à un type de ma classe (Tle à l'époque). Il a été assez cool mais merde, je regrette.
Les réconciliations sous MD: "Je vais me renseigner a mort a gre paske honnetement c'est trop bien. Tu vois ces derniers temps on a fait plein de bars, on est trop beaucoup et c a me stresse, ca me manque les soiray posay chez
Et la en fait c'est mieux que les 2: md>alcool md>complexes sociaux son teuf>son posé
C'est trop bon on s'en fera quoi srx "
On dit souvent que la première descente est pas trop dure: "Hmmm la ca tourne autour de "jaifroidjaifaimmaisjkiffemarace" vers "jaienviedenreprendre" a "jeretournesenacheterpourgrenoble?" ^^ c'est vraiment chelou la descente c'est comme un trip a l'envers en fait on est pas mal on en chie pas quoi! Mais c'est trop chelou: genre un peu comme en debut de soiree mega tot tas envie de dormir et que t essayes de rester debout car tu sais qu'il te reste plein plein de trucs a faire donc fautr pas dodo " AAAAAA je risque plus jamais de dire ca!! :Oo:
J'ai également laisser 8 messages de 5mn (OUI!!) à un "pote" ou j'ai completement déconné. Prenez la folie de mon TR, mettez la à l'oral avec une voix exaltée et dingue, rajoutez quelques insultes car ce mec est très... Normal, hype, kéké quoi. Le dernier message se terminera pas "tout ce qui nous entoure est vivant, c'est nous, je suis dieu et toi aussi, mais tu ne le sais pas encore"
Comment je pourrais résumer cette expérience? J'ai l'impression que ce que je viens d'écrire est très vain, et je comprendrais que ce TR vous ai emmerdés. Mais je voulais partager cette expérience spirituelle phénomenale, qui m'a fait passer d'une conception triste du monde, à une vision remplie de beauté.
Merci de m'avoir lu! Et que l'amour soit avec vous.
31 Decembre 2011, 22h30.
Sous la pluie et face au tram qui devait nous emmener au centre ville afin d'y trouver un bar pour célébrer le nouvel an, je prends la décision.
-"Le tram pour la gare arrive. Faut le prendre si on veut se faire les douze coups en teuf."
L'info venait de tomber. On abandonne les amis de C et traversons les voies du tram pour prendre celui qui nous éloignerait du centre ville, puis de la ville en soi...
Remettons les choses en ordre: C, c'est mon amie. Moi, je suis de Gre, C de Nantes. Je squatte chez elle pour le Niou Yire. Je ne suis jamais allée en teuf, j'ai jamais prodé non plus malgré une imposante consommation de marie jeanne. J'ai 17 ans depuis peu. Je suis pas fan de musiques électroniques (psych rock forever), mais je souhaite vivre l'experience teuf. L'imagerie, l'ambiance, la liberté du truc m'intriguent.
Mon amie a déja participé à une free, et a consommé md et lsd une fois ou deux. Je lui fais toute confiance.
Donc nous voilà, sac à dos bourré de pulls, bouffe et bouteilles d'eau.
On arrive à la gare, chopons en skreud le petit ter et c'est parti. On s'arrête à l'arrêt le plus près de notre info, et commence la marche. Il est 23h30.
1 Janvier 2013, on rigole en faisant le décompte, on se fait la bise. Seules au milieu de nulle part... Ratés pour les douze coups devant le mur!
Avec la participation d'une charmante famille portugaise qui nous prend en stop a minuit trente (un miracle pour un premier de l'an!!!), on arrive dans le coin vers 1h.
Une demi heure plus tard, guidées par le boum boum, on arrive enfin (après une mémorable traversée de la nationale en courant).
Le mur mesure un peu près 2 mètres de haut sur 4 de large, plutôt petit donc. Je pense qu'il y'avait une grosse centaine de personnes.
On va se mettre devant le son, on kiffe un coup (première pour moi, j'apprécie!). Et on décide d'aller se chercher notre manne.
Petit tour vers les camtar, la teuf n'est pas très fournie (keta, coco et md). Un seul gars vend de la md, mais selon tous les gens présents de la bonne.
Transparente et brunatre/jaunatre avec présence de gros cristaux. On en prend un demi gramme.
-"faites chiez avec vos demis g... J'vous le fait a l'oeil."
Il sépare son gramme, fait 2 tas dont un plus gros que l'autre.
-"yen a un peu plus, j'vous le met?" il nous dit en rigolant.
Il faisait le g a 50, et nous fait donc ce gros demi a 30. Le mec est sympa et on a pas envie de se prendre la tête donc on couine pas pour 5 euros et on va se faire les paras.
Avec le recul, on a été complètement connes, car on s'est fait 2 paras de je dirais 0.2 voir 0.25... Ca en restait après mais pas beaucoup, au cas où. Vues nos corpulences ( 50 kilos chacunes), c'était du suicide, surtout pour moi qu'avait jamais taté!
On avale les paras et on va se fumer un bédo devant le son.
On retourne vers les camtar plus tard et on croise S, une amie de C, ainsi que d'autres connaissances.
On discute avec eux, et la C se tourne vers moi et me dit:
-"Putain c'est monté, et elle est vraiment bonne"
Bon moi pas d'effet pour l'instant.
On discute un peu avec tout le monde, puis on va s'asseoir sous un arbre à l'écart pour discuter.
-"les arbres ils bougent" me dit C.
Et la, je me souviens plus de comment, mais me voilà convaincue que tous les arbres sont des ents.
C'était monté! Sans bodyload, sans angoisse, juste bam, ultra perche.
Mon amie va au son et la suivant, je passe devant un arbre.
Je m'arrête, fascinée.
Et je commence à lui parler.
Je suis completement exaltée, je caresse tendrement l'écorce de ce bouleau, les aspérités humides dérapent lentement sur mes mains.
Je lui parle car personne n'en a jamais pris la peine, je lui parle car je sais qu'il est vivant, je lui parle car je suis comme lui.
Je repere à sa surface deux yeux, un nez et une bouche. De sa bouche sort une branche qui me rappelle un pétard.
J'vais passer alors un certain temps, entre une demi heure et une heure, à lui parler doucement.
-"Personne s'est jamais intéressé à toi, hein? On est pareils toi et moi, on est de la même espèce, de ceux qui attendent et observent..."
Prise de pitié quand à son immobilité, je décide de le laver de tous ses parasites. J'arrache à mains nues les ronces, le lierre et la mousse. J'ai les doigts pleins d'épines, les mains zébrées de sang. Mais qu'importe, à cet instant j'étais au sommet, j'aidais un dieu!
Je rigole avec lui, le prends dans mes bras et, dans le délire total, lui fais des soufflettes. La fumée se refroidit dans le glacial air de cet hiver breton. Elle coule à la surface du bouleau, en suit les reliefs.
Mon amie C me tirera alors de cette contemplation. S et les autres sont réunies vers nous. S est en train de vomir. J'arrive vers elle et l'enlace, lui masse le dos en lui disant que tout va bien.
Elle me repousse gentiment. J'apprendrais vite que cette gentilesse est la tolérance qu'ont les consommateurs sobres alors face aux sheppers. On comprend que l'autre est perché, et on respecte cet état alteré. Elle, ainsi que d'autres, souhaitent aller au parking pour trouver une voiture ou elle pourra se reposer.
-"Moi je reste, je retournes voir Albator". Albator, c'est mon arbre, ainsi nommé car une balafre zèbre son "visage".
-"Y'a pas moyen, je laisses pas une meuf completement perchée seule, elle va finir dans un camtar" dit S.
J'insiste un peu mais elle est ferme. Un de ses amis reste avec moi. Je lui présente mon arbre, lui invite à faire des souflettes. Ca le fait marrer, mais pas la même gentilesse que S. Lui, je l'apprends vite, est dans mon cas. Jamais prodé, première teuf. Il me dit qu'il a pris y'a une petite demi heure. Il s'inquiète de ne pas avoir d'effet. Je le rassures: y en aura, oh que oui y en aura...
A ce moment la je ressens alors l'effet love de la md: je trouve cet inconnu, dont je discerne à peine le visage dans l'obscurité, attirant. Spirituellement, physiquement.
Vite tirée à ces contemplations, C revient avec les autres, mais sans S. Apparemment, elle a disparu, introuvable. Elle qui me mettait en garde peu avant...
La nuit continue, j'alterne entre mur et forêt, en restant toujours proche de C. Je ne connais pas encore bien la substance donc je préfère me méfier.
Le son paraît incroyable, j'ai réellement l'impression qu'il occupe l'espace, qu'il est matériel. Je fume un petit bédo, que je fais tourner au hasard aux danseurs près de moi. Il me revient peu après. Je réalise aussi que mes dents serrent, mais je me focalise pas dessus.
Couchée dans un champ avec C, je regarde le ciel. Je remarque qu'au bout de chaque branche de l'arbre qui me surplombe se trouve une étoile. Emue presqu'au larmes, je réalise que le ciel ressemble à un lavis d'encre de chine. Jamais je n'avais ressenti avant cette impression de beauté parfaite, de fantasmagorie, de poésie... Merveilleux. Tout est si incroyable, tout semble se mettre en branle autour de moi.
C'est alors que je ressens l'énergie fondatrice, le dieu qui m'entoure. Je comprends alors que ce lien qui me relie à la nature bat en intensité tout ce que je connaissais. Je suis devenue Dieu, il est moi. Un est tout, tout est un.
L'arbre sous lequel nous sommes est un ent. Comment le sait on? Mon bouleau, après que je l'ai dénudé de tous parasites, me l'a indiqué. Cet ent a un nom et c'est C qui me l'apprend.
-"cet arbre, c'est un chien qui monte a un serpent. C'est canis... Canis... Aniscanis." elle me dit.
A ce stade la vous devez probablement vous dire qu'on avait completement débloqué. Mais non. J'ai déja été confrontée aux effets délirogènes de la MD en grande dose, aux confusions du lsd, à l'ahurissement de la ké, mais rien ne battra cette première fois à la md: on était parties, avec C, pour ne revenir que bien tard. On était conscientes! Lucides! Mais on avait choisi d'etre naives, de croire en la magie qui nous entourait. Nous étions comme des enfants, redécouvrant la beauté qui les entoures avec émerveillement.
Mais il y eut quand même, a un point de la soirée, une idée pourrave. Très.
Un ruisseau coulait près de la teuf. En se baladant autour, on le trouve. Je marche dedans. Le froid qui mord instantément mes pieds est une sensation étrange. Fascinante et irréelle. J'explose de rire et dis à C de me rejoindre. On discute chiffon, avec les pieds dans l'eau gelée. Il devait faire entre 0 et 5 degrés dehors.
Jusqu'ici le froid était supportable, grace à la défonce. Les pieds trempés on ressort. Malgré qu'on ait nulle part ou se réfugier, on tient. On va au son, on tripe vers Aniscanis, et attirés comme des moustiques par la lumière on retourne au ruisseau.
En y allant, je sens la nature et la forêt se tordre devant mes pas et créer un chemin. Je crie en remerciant les ents de nous guider, je ris, en pleine extase, et commence à courir, bondir, habitée par la puissance sans limite de ce lieu. C, j'aurais l'occasion de reprendre des prods avec elle, est d'habitude dans l'introspection. Mais la, elle aussi est exaltée. Extasiées. Que cette drogue porte bien son nom! Je suis ce chemin de l'esprit jusqu'au ruisseau en marchant comme duke dans las vegas parano. Je retrouverai cette démarche avec d'autres prods. Bien vu, ce film...
Au ruisseau, tout aurait pu basculer. Pieds dans l'eau, je perds l'équilibre. J'arrive à me réequilibrer, mais en tombant sur les genoux. Je suis trempée jusqu'aux genoux. La gelure immédiate me redescend sur terre. Je remercie dieu (je ne suis pas croyante!), re-escalade la montagne de la perchitude et m' installe au sommet. Tout commence à geler, mais pas grave. On va au son.
On y restera de 5h30 à 7h30, en alternant entre la danse, pour se réchauffer entre descente, humidité et froid, et s'asseoir devant le son en discutant et fumant avec des potes.
On sera restées 95% du temps juste les deux. Trip très personnel.
Derniers instants de magie face au mur, un sample de jeu vidéo dans un son hardcore. Je me dandine comme une folle, j'attrape les lasers et m'emplit les naseaux de la fumée, entre celle des machines et celle des imposants bangs qui circulent.
Je vois devant moi ( on était assises sur une grande planche de bois devant le son, avec d'autres teuffeurs éreintés ) un homme, penché. Il semble embrasser une fille. Ca me surprend, je n'avais pas vu beaucoup d'amoureux ce soir là.
Je demande à C: "hey, tu crois qu'il vomit ou qu'il emballe?"
Elle regarde puis "de qui?"
Ma seule hallucination "md" like de la soirée. Y avait personne! Flippant.
Je l'ai pas dit plus tôt mais j'ai eu des CEV magnifiques pendant la soirée, des carrés multicolores qui se transformaient en losange (puis en carré etc...) en s'applatissant par les cotés. C'était très beau, mais la nature qui m'entourait était bien plus intéressante.
On décide de partir avec le soleil. On arrive sur la nationale, un coup de stop et on est vite prises, malgré notre couverture de boue et démarche hagarde.
PS: J'ai envoyé pas mal de sms pendant la nuit, dont voilà un florilège.
"Vive la vie mec! Mets toi dehors et regarde les etoiles! Regarde la lune!
Les gens c'est pas important, les etoiles le monde et le temps qui s'ecoule
Les ondes du son, les ondes de la lumiere tout ca c'est visible si tu sais te concentrer. Ouvre tes yeux!
Je vous aime " ce fut mon sms de nouvel an!
"Jai pris de l'ecstasy c'est genial tu dois trop essayer mec!
Dehors y a des ents et ils nous protgenent ils sont super beau " celui que je regretterai le plus. Je nai pas réussi à me controler et j'ai envoyé ca à un type de ma classe (Tle à l'époque). Il a été assez cool mais merde, je regrette.
Les réconciliations sous MD: "Je vais me renseigner a mort a gre paske honnetement c'est trop bien. Tu vois ces derniers temps on a fait plein de bars, on est trop beaucoup et c a me stresse, ca me manque les soiray posay chez
Et la en fait c'est mieux que les 2: md>alcool md>complexes sociaux son teuf>son posé
C'est trop bon on s'en fera quoi srx "
On dit souvent que la première descente est pas trop dure: "Hmmm la ca tourne autour de "jaifroidjaifaimmaisjkiffemarace" vers "jaienviedenreprendre" a "jeretournesenacheterpourgrenoble?" ^^ c'est vraiment chelou la descente c'est comme un trip a l'envers en fait on est pas mal on en chie pas quoi! Mais c'est trop chelou: genre un peu comme en debut de soiree mega tot tas envie de dormir et que t essayes de rester debout car tu sais qu'il te reste plein plein de trucs a faire donc fautr pas dodo " AAAAAA je risque plus jamais de dire ca!! :Oo:
J'ai également laisser 8 messages de 5mn (OUI!!) à un "pote" ou j'ai completement déconné. Prenez la folie de mon TR, mettez la à l'oral avec une voix exaltée et dingue, rajoutez quelques insultes car ce mec est très... Normal, hype, kéké quoi. Le dernier message se terminera pas "tout ce qui nous entoure est vivant, c'est nous, je suis dieu et toi aussi, mais tu ne le sais pas encore"
Comment je pourrais résumer cette expérience? J'ai l'impression que ce que je viens d'écrire est très vain, et je comprendrais que ce TR vous ai emmerdés. Mais je voulais partager cette expérience spirituelle phénomenale, qui m'a fait passer d'une conception triste du monde, à une vision remplie de beauté.
Merci de m'avoir lu! Et que l'amour soit avec vous.