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Lettre à Mr le Législateur (tu es un con)

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Supervixen
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Supervixen

Holofractale de l'hypervérité
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5/2/09
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Antonin Artaud était un acteur (fou). Et apparemment, plutôt attaché à sa liberté individuelle. Ce texte est extrait de la lettre qu'il a envoyée au législateur, en 1925. Je ne dis pas qu'il a raison sur tout, mais sa verve lui fait honneur. J'ai mis en gras les passages qui séduisent le plus, pour ceux qui ont la flemme de tout lire.

"Monsieur le législateur,

Monsieur le législateur de la loi de 1916, agrémentée du décret de juillet 1917 sur les stupéfiants, tu es un con.

Ta loi ne sert qu’à embêter la pharmacie mondiale sans profit pour l’étiage toxicomanique de la nation parce que

1° Le nombre des toxicomanes qui s’approvisionnent chez le pharmacien est infime ;

2° Les vrais toxicomanes ne s’approvisionnent pas chez le pharmacien ;

3° Les toxicomanes qui s’approvisionnent chez le pharmacien sont tous des malades ;

4° Le nombre des toxicomanes malades est infime par rapport à celui des toxicomanes voluptueux ;

5° Les restrictions pharmaceutiques de la drogue ne gêneront jamais les toxicomanes voluptueux et organisés ;

6° Il y aura toujours des fraudeurs ;

7° Il y aura toujours des toxicomanes par vice de forme, par passion ;

Les toxicomanes malades ont sur la société un droit imprescriptible, qui est celui qu’on leur foute la paix.

C’est avant tout une question de conscience.

La loi sur les stupéfiants met entre les mains de l’inspecteur-usurpateur de la santé publique le droit de disposer de la douleur des hommes : c’est une prétention singulière de la médecine moderne que de vouloir dicter ses devoirs à la conscience de chacun.

Tous les bêlements de la charte officielle sont sans pouvoir d’action contre ce fait de conscience : à savoir, que, plus encore de la mort, je suis le maître de ma douleur. Tout homme est juge, et juge exclusif, de la quantité de douleur physique, ou encore de la vacuité mentale qu’il peut honnêtement supporter.


Lucidité ou non lucidité, il y a une lucidité que nulle maladie ne m’enlèvera jamais, c’est celle qui me dicte le sentiment de ma vie physique. Et si j’ai perdu ma lucidité, la médecine n’a qu’une chose à faire, c’est de me donner les substances qui me permettent de recouvrer l’usage de cette lucidité.

Messieurs les dictateurs de l’école pharmaceutique de France, vous êtes des cuistres rognés : il y a une chose que vous devriez mieux mesurer ; c’est que l’opium est cette imprescriptible et impérieuse substance qui permet de rentrer dans la vie de leur âme à ceux qui ont eu le malheur de l’avoir perdue.

Il y a un mal contre lequel l’opium est souverain et ce mal s’appelle l’Angoisse, dans sa forme mentale, médicale, physiologique, logique ou pharmaceutique, comme vous voudrez.

L’Angoisse qui fait les fous.

L’Angoisse qui fait les suicidés.

L’Angoisse qui fait les damnés.

L’Angoisse que la médecine ne connaît pas.

L’Angoisse que votre docteur n’entend pas.

L’Angoisse qui lèse la vie.

L’Angoisse qui pince la corde ombilicale de la vie.

Par votre loi inique vous mettez entre les mains de gens en qui je n’ai aucune espèce de confiance, cons en médecine, pharmaciens en fumier, juges en mal-façon, docteurs, sages-femmes, inspecteurs-doctoraux, le droit le disposer de mon angoisse, d’une angoisse en moi aussi fine que les aiguilles de toutes les boussoles de l’enfer.

Tremblements du corps ou de l’âme, il n’existe pas de sismographe humain qui permette à qui me regarde d’arriver à une évaluation de ma douleur précise, de celle, foudroyante, de mon esprit !

Toute la science hasardeuse des hommes n’est pas supérieure à la connaissance immédiate que je puis avoir de mon être. Je suis seul juge de ce qui est en moi.

Rentrez dans vos greniers, médicales punaises, et toi aussi, Monsieur le Législateur Moutonnier, ce n’est pas par amour des hommes que tu délires, c’est par tradition d’imbécillité. Ton ignorance de ce que c’est un homme n’a d’égale que ta sottise à la limiter.

Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi."
 
Arf, demain je me renseigne sur Tonio juste pour savoir s'il a finit au bagne !!

Il a signé la lettre lorsqu'il la envoyé ?

Supervixen a dit:
Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi."

Pas content du tout le bonhomme en tout cas...
 
Nan, il a pas fini au bagne. Il est mort d'un cancer en 1948, après moult séjours en HP et (ironiquement, ou pas) quelques tentatives de désintoxication. Selon internet (le dico est loin... pas à portée de main, en tout cas).

Et oui, je pense qu'il avait signé sa lettre. Z'avaient des couilles, à l'époque (et même après, voir mon idole : H.S. Thompson).
 
Antonin fut un martyr de l'Art, un personnage extrêmement intrigant qui est loin d'avoir livré tous ces secrets.
 
Les électrochoc, ca te requinque un bonhomme. Regarde Arthur Shawcross, ca lui a plutôt réussi, haha.
 
On dit pas "électrochocs", on dit "sismothérapie", c'est plus poli.
 
Merci Vixen pour cette lettre poétique et qui est dans un style très "Paf dans ta gueule" mais bien tournée et soignée !!
Je connaissais pas du tout et en effet ils avaient des couilles à l'époque !! Le pire c'est que le mec qui l'a reçue a dû se torcher avec (ou faire une paille pour sniffer son héroine :bear: ) et ça c'est rageant !!

Un bon moment de lecture qui m'a fait du bien !!
 
Mais quelle fougue, quelle impertinence. J'aime.

Supervixen a dit:
On dit pas "électrochocs", on dit "sismothérapie", c'est plus poli.
Et si on veut faire poli *et* pédant, on dit "électroconvulsivothérapie".
ECT, si on a le souci du groove.
 
Ah, j'sais pas, j'ai plus entendu parler de Sismothérapie que d'ECt.

Mais bon, l'un dans l'autre, ça ou la gégène, c'est du pareil au même.
 
Hypothèse n°1 :
La politesse est peut être plus répandue que la pédanterie.

Hypothèse n° 2 :
C'est imprononçable.
 
Contrehypothèse 1: Au sein du corps médical, la pédanterie est considérée comme une qualité

Contrehypothèse 2: Au sein du corps médical, moins c'est prononçable, plus ça plait. Ainsi, on ne dit plus TS(tentative de suicide), mais TA (tentative d'autolyse), parceque maintenant les non-initiés comprennent TS et risquent de nous casser les couilles et de remettre en doute la véracité de nos diagnostics ainsi que notre compétence professionnelle.


En revanche, si je n'ai aps entendu parler d'ECT, c'est peut-être tout bonnement parceque je n'aime pas fréquenter els psys et que plus loin d'eux je suis, mieux je me porte? :bear:
 
Saankan a dit:
En revanche, si je n'ai aps entendu parler d'ECT, c'est peut-être tout bonnement parceque je n'aime pas fréquenter els psys et que plus loin d'eux je suis, mieux je me porte? :bear:

C'est comme pour tout...y en a des bons et des pas bons...

ambulance a dit:
Et vive les electrochocs.

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