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BOUCLES A L’ÉCHELLE MICROSCOPIQUE
En comparaison d’une vision macroscopique d’une vie humaine, à l’échelle microscopique d’une journée le phénomène de bouclage apparait dans la répétition des rotations de la Terre sur son axe, du lever au coucher du Soleil. Du petit déjeuner du matin, au repas du soir, l’individu mange et boit, puis urine et défèque, dans la continuité du cycle de digestion.
Intéressons nous à quelques mécanismes psychique et physiologique amenant l’individu à répéter des actes, mais sans rentrer dans les logiques de dépendance et d’addiction, qui seront traiter dans des articles à part entière. Le débouché de cet article se fera sur le concept d’Éternel Retour de Nietzsche, permettant d'accepter le Tout dans la grande répétition du vivant, des matériaux inconscients qui nous animent perpétuellement et intérieurement depuis l'aurore de l'humanité.
L’IMPULSIVITÉ - La répétition du même, chaque jour, chaque semaine, tout le temps
Sa caractéristique principale est le manque de jugement analytique avec lequel sont analysées les conséquences des actes qui sont commit. Il y a donc souvent un évitement des regrets et des conséquences typiques et postérieurs qui envahissent les personnes agissant impulsivement (absence de culpabilité consciente, d’où la répétition). En voici quatre composantes basiques :
- Incapacité de planification et de prévision : en agissant sous le contrôle de nos pulsions, nous ne pouvons pas prévoir les conséquences espérées et logiques de nos actes.
- Basse capacité de contrôle : une autre cigarette, une autre part de gâteau, un autre commentaire impertinent et inapproprié à la situation. L’individu est sans frein ni autocontrôle.
- Faible persévérance : procrastination pour les tâches qui résulte peu attractives. L’individu suit le chemin de l’émotion exacerbée et non sa raison.
- Recherche constante de nouvelles expériences et impatience pour les obtenir : tendance à agir en conséquence de l’état émotionnel intense, positif ou négatif, qui déforme la capacité de planification et d’évaluation des actions alternatives.
Deux cas de gure peuvent être distingués :
- Les impulsifs intolérantes à la frustration : ils ont beaucoup de mal à accepter une nuisance, même légère, ou simplement à accepter de ne pas obtenir ce dont ils ont envie. Même si ils ne se laissent pas abattre par les écueils (puisqu’ils sont tout à fait capables de répondre énergiquement à une situation-problème), à la longue cette débauche d’énergie les use psychologiquement (problème des comportements inadéquates). Pire, comme il est impossible d’évoluer durablement dans la société sans pouvoir tolérer un minimum d’insatisfaction, les impulsifs vont alors au devant de beaucoup de déconvenues, voire de complications personnelles et professionnelles. Ils ont généralement beaucoup de mal à effectuer des concessions ou à discuter calmement, ce qui peut les handicaper gravement dans leurs relations sociales. Le pire avec l’impulsivité, c’est que ceux qui en sont victimes ne se rendent pas vraiment compte qu’ils se font du mal en se détruisant à petit feu, et sont toujours, à terme, victimes de leur tempérament.
- L’impulsif qui accumule les tensions en prenant sur lui les insatisfactions : ce processus où l’individu encaisse et soure peut durer des mois voire des années. Et par un processus évoquant une cocotte-minute, lorsque le seuil finit par être atteint, la personne explose pour des motifs totalement futiles, qui donnent extérieurement l’impression que la personne est impulsive. Généralement, la personne critique elle-même son geste, et peut à ce moment en concevoir rétrospectivement une importante culpabilité. Puis elle reprend naturellement son attitude habituelle, où elle tend à encaisser les frustrations en silence…jusqu’à la prochaine explosion.
Quelles sont les causes d’un comportement impulsif ?
Il est bien évident que l’état psychique de la personne a une influence sur sa capacité à se contrôler et à accepter les frustrations. La tristesse, la colère ou la peur sont des émotions qui vont favoriser l’impulsivité. Le comportement impulsif est intimement lié aux neurotransmetteurs de la dopamine, substance qui est également liée aux processus d’apprentissage et de récompense (l’impulsivité est très souvent en lien avec des comportements addictifs).
TIC ET TAC – Quoi de neuf docteur ?
Les tics sont des mouvements compulsifs surprenant par leur caractère brusque et inapproprié à la situation. Le désordre des tics est classé parmi les troubles d'impulsions. Un tic présente ordinairement les caractères suivants :
- suggestibilité : le degré d'émotivité et l'attention du sujet influent sur le déclenchement du tic
- involontaire ou semi-volontaire : le tic est spontané, ou parasite un mouvement délibéré
- suppressible temporairement : le tic répond passagèrement à un effort de contrôle
- besoin réalisé, le tic en est la récompense dans un déchargement de ses tensions
- rémittent : la fréquence des tics connaît des diminutions passagères
Le stress, la fatigue, la nervosité ou l'ennui peuvent être des facteurs déclencheurs de tics. Les gens qui ont des tics ont un cerveau plus activé, ce qui se traduit par une augmentation des réflexes actifs et de l'activité cérébrale chimique. Les tics sont situationnels et semblent le plus souvent se produire lorsque la personne est ennuyée, anxieuse ou frustrée. Souvent, notre façon de penser ou d'anticiper peut engendrer un tic.
T'ES PAS UN PEU TOC TOC ?
Le trouble obsessionnel compulsif est un trouble mental caractérisé par l'apparition répétée de pensées intrusives (les obsessions) produisant de l'inconfort, de l'inquiétude, de l'appréhension, et/ou par l’apparition de comportements répétés et ritualisés (les compulsions) pouvant avoir l'eet de diminuer l'anxiété ou de soulager une tension. Les obsessions et les compulsions sont souvent associées (mais pas toujours) et sont généralement reconnues comme irrationnelles par les personnes sujettes au TOC. Elles sont irrépressibles et envahissantes, diminuant le temps disponible pour d'autres activités, et menant parfois jusqu'à la mise en danger. Elles ne se fondent généralement pas sur des interprétations délirantes.
LA NÉVROSE OBSESSIONNELLE
Elle se caractérise essentiellement par des obsessions ou des compulsions. Ces éléments peuvent être associés à :
- Un syndrome dépressif
- A des attaques de panique
- A une phobie sociale
La névrose obsessionnelle, qui survient le plus souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte (reviviscence des angoisses enfantines et traumatiques), consiste en une idée ou un ensemble d’idées qui parasite le comportement du patient du fait qu’elles viennent constamment dans les pensées de celui-ci. La personne ne peut se détacher de ses idées générant de l’angoisse, il va donc ruminer. Il va essayer de lutter en interne contre ces ruminations (répétition d’actes du même thème récurrent dans tout discours). Ces actes vont être compulsifs quand les idées ne peuvent être contrôlées. La personne est soumise en permanence au doute du fait de la recherche d’un compromis. Elle essaye de chasser ces idées de sa pensée en les remplaçant par d’autres ou par des rituels (TOC). Cette lutte interne fatigue psychiquement l’obsessionnel.
Cognitif
Le névrosé obsessionnel va souvent donner l’impression de toute-puissance. La pensée va être érotisée, assimilée à une sorte de pouvoir, à une emprise sur son monde environnant (mode ego +++). Le mode de pensée de l’obsessionnel est le raisonnement, l’intellectualisation, le goût de l’abstraction au détriment de l’affect.
Traits de caractères
- Scrupules, crises de conscience, doutes
- Ruminations
- TOC
- Tendance excessive à l’ordre et à la ponctualité, à la propreté, à l’entêtement et l’autorité rigide, à la parcimonie, au collectivisme et à l’obséquiosité (Qui porte à l'excès les marques de politesse, les égards, le respect ou l'empressement envers quelqu'un).
L’ÉTERNEL RETOUR DU MÊME - Oseras-tu vivre et revivre ta vie ? Si oui, quelle dose de vérité pourras-tu supporter ?
« Que dirais-tu si un jour, si une nuit , un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie telle que tu l’as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois ; et il n’y aura rien de nouveau en elle, si ce n’est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu’il y a d’indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi, et le tout dans le même ordre et la même succession […]. L’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau – et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière ! » - Le Gai Savoir (aphorisme 341)
Sous forme d’expérience de pensée, Nietzsche propose ici d’examiner une épreuve qui consiste dans la répétition cyclique ad vitam æternam de tous les évènements (physiques et psychiques) de notre existence, de la vie et du monde en général. Le but de cette expérience imaginaire est de savoir quelle serait notre réaction face à cette épreuve. Deux comportements sont envisageables : prendre cette annonce du Retour Éternel du même comme une malédiction, une terrible nouvelle, un fardeau ; ou au contraire, recevoir avec joie cette nouvelle et accepter pleinement cet Éternel Retour du même, le Tout dans lequel on vit.
L’Éternel Retour du même : une volonté et éthique
Selon Nietzsche, il faut pleinement accepter la vie, ses évènements, qu’ils soient agréables ou désagréables et, finalement, sa position dans le monde. La philosophie de l’Éternel Retour du même, c’est être capable d’accepter la vie telle qu’on la vit, ne pas nourrir de rancœur, de déception, de ressentiment, et être capable d’accepter que ce que l’on vit puisse se répéter éternellement. Si je fais sans cesse des choses que je regrette, que je n’accepte pas au fond de moi, je ne suis pas sur la voie de l’épanouissement. Nietzsche nous invite ici à nous questionner sur le sens et la valeur de nos actes, sur nos idées et affects que nous avons par rapport à ce que nous vivons (disparition tragique de l’être tant aimé, égarements de jeunesse dans l’oubli et la fuite de soi, « erreurs » de parcours, plaisirs éprouvés, rencontres magiques, et autres émerveillements). L’Éternel Retour du même consiste à prêcher l’acceptation de la vie, dans son inévitable parcours tortueux. La question serait : « et si finalement, je devenais capable de revivre, ou plus précisément de vouloir revivre, tous ces événements traumatisants de ma vie, au même titre que mes plus grandes joies ? »
Nietzsche, en fin de compte, nous invite à mettre cette question au cœur de nos vies, à lui donner toute son importance pour nous élever à une vie plus riche, plus accomplie :
« Si cette question exerçait sur toi son empire, elle te transformerait, faisant de toi, tel que tu es, un autre, te broyant peut-être : la question posée à propos de tout et de chaque chose : « voudrais-tu ceci encore une fois et d’innombrables fois ? » pèserait comme le poids le plus lourd sur ton agir ! Ou bien ne te faudrait-il pas témoigner de bienveillance envers toi-même et la vie, pour ne désirer plus rien que cette dernière, éternelle confirmation, cette dernière, éternelle sanction ! » - Le Gai Savoir (aphorisme 341)
Face à l’hypothèse du Retour Éternel du Même, il dépend de nous d’y voir une libération et de vivre plus pleinement, d’atteindre un plus haut degré de sentiment de notre puissance ou de vivre dans le regret et d’y voir un éternel fardeau. Ce changement éventuel d’attitude par rapport à notre vie vaut aussi bien pour le passé (accepter ce que l’on a vécu, y compris le moins agréable) que pour le présent et, bien sûr, le futur. L’Éternel Retour du même sert ainsi à la formulation d’un principe de vie, d’une règle morale : il faut vouloir que tout événement vécu se reproduise indéfiniment et accepter avec joie cette répétition innie. L’Éternel Retour du même constitue ainsi l’expérience éthique par excellence. Finalement, il faut s’accepter, avec tous ses désirs, ses pulsions, ses bassesses, accepter l’humain dans sa médiocrité, accepter les « coups bas » de la vie car, autre thèse essentielle, « ce qu’il y a de pire en l’homme est nécessaire pour ce qu’il y a en lui de meilleur ». On retrouve à peu de choses près la célèbre formule selon laquelle ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
La thèse de l’Éternel Retour du même prend la forme de la roue, du cercle ou de l’anneau, image la plus proche de la vie et de son éternel recommencement. On peut également noter que Nietzsche récuse toute idée de but, de finalité de la vie et du monde, ou de cause unique. Pas d’unité (à part l’Éternel Retour du même) : la multiplicité règne partout, il est donc indispensable de dépasser son individualisme, sa vanité, son orgueil et son égocentrisme, les masques de son ego pour accéder à la multiplicité du Tout environnant, à tout ce que la vie peut nous offrir, en lui disant OUI. Cette théorie s’oppose par excellence aux croyances d’un monde de l’au-delà, d’un arrière-monde tel que celui proposé par exemple par les grandes religions. Nietzsche affirme, au passage, la mortalité de l’âme.
Quoi qu’il en soit, je ne reviendrai pas pour une vie différente et nouvelle, ou une vie semblable, mais véritablement pour une vie identique. L’inconscient serait alors l’éternel retour du même : des millénaires condensés en un instant, en cet instant. L’éternel retour, c’est l’éternité vécue.
« Toutes les choses dansent d’elles-mêmes : tout vient et se tend la main et rit et s’enfuie, et revient.
Tout s’en va, tout revient ; éternellement roule la roue de l’être. Tout meurt, tout refleurit, éternellement se déroule l’année de l’être.
Tout se brise, tout est assemblé de nouveau, éternellement se bâtit la même maison de l’être. Tout se sépare, tout se retrouve ; éternellement l’anneau de l’être reste fidèle à lui-même.
A chaque bref instant commence l’être, autour de chaque ici roule la sphère là-bas. Le milieu est partout. Le chemin de l’éternité est courbe. »
– Ainsi Parlait Zarathoustra, Le convalescent
Source : http://djaphil.fr/textes/leternel-retour-du-meme-nietzsche-386[/LEFT]