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UNE QUESTION D'ESTIME DE SOI, ET QUELQUES PISTES PROPOSÉES PAR CHRISTOPHE ANDRÉ
Article précédent : LES PRINCIPAUX CARACTÈRES ÉGOTIQUES
Cet article est sourcé à partir du livre de vulgarisation psychologique de Christophe André "Imparfait, libre et heureux", et inspiré de la philosophie de Spinoza et de Nietzsche. N'ayant pas mis entre guillemet ce que j'ai directement recopié du travail d'André lors de ma lecture de son livre il y a plusieurs semaines, je ne sais plus ce que j'ai moi-même reformulé ou pas. Dernier article des masques de l'ego, je vous propose ici de comprendre quelques mécanismes égotiques faisant que son estime de soi est fragilisée par ses croyances et idéaux, ses susceptibilités et vulnérabilités, par ses ruminations incessantes. Il sera aussi question de voir comment passer de la théorie à la pratique afin de ne pas chambouler son esprit dans un remue ménage de ses convictions, et de mettre en place un éventuel cadre permettant d'aller de l'avant en ne répétant plus quelques schémas néfastes à son épanouissement personnel et relationnel.
L'HOMME EST UN ANIMAL PSYCHO-SOCIAL, MÉTAPHYSIQUE ET POLITIQUE
Dans une société en perte de valeurs morales et éthiques, l'individu livré à lui-même dans une perte de repères identitaires, temporels, historiques et politiques, cherche à trouver du sens à son existence, une confiance en sa vie, et surtout en soi. Cela passe par l'estime de soi, par l'équilibre de ses passions et de l'idée qu'il se fait de lui-même, en s'évaluant plus ou moins positivement, plus ou moins objectivement selon ses difficultés auxquelles il n'ose pas toujours se confronter, vis à vis de ce qu'il ne veut pas voir chez soi (problématique des masques de l'ego).
L'estime de soi quand elle n'est pas équilibrée et objective (narcissisme sain), produit différents troubles identitaires (problématique narcissique) se divisant en deux grandes catégories opposées :
- Les individus ayant une basse estime de soi (tendance à se dévaloriser, à se sous-estimer)
- Les individus à haute estime de soi fragile (tendance à être trop fier, à se sur-estimer, mais à s'effondrer en cas de déconvenues).
Dans tous les cas, qu'il s'agisse d'un succès trop grand ou d'un échec trop dur, le prix à payer en matière de stress sera élevé, comme toujours chez les sujets à haute estime de soi fragile, ou à basse estime. Seront proposés quelques réflexions sur l'estime de soi, pouvant ouvrir sur de possibles travaux dont le but serait de recouvrer une meilleure estime de soi, c'est à dire de gagner en objectivité vis à vis de soi-même, et de ne plus se laisser influencer à tort par son ego, par ses susceptibilités et autres frustrations (surestimation abusives et trop grandes convictions, doutes, dévalorisations, déceptions, culpabilités, hontes, etc) qui entrainent toutes sortes de problèmes relationnels, vis à vis de soi et d'autrui (quand on va mal, on a du mal à entretenir des relations cordiales avec les gens en général).
COMPRENDRE LE FONCTIONNEMENT DE L'ESTIME DE SOI
L'estime de soi est une évaluation de l'image que l'on se fait de soi, une estimation entre la personne que l'on pense être, et celle que l'on est véritablement. Plus l'on est objectif et amical avec soi-même, meilleure est son estime de soi. Autrement l'estime de soi est statique (faculté de se connaitre et de comprendre qui l'on est à un moment précis de sa vie) et dynamique (faculté de s’adapter à des situations et de trouver des solutions au fil de sa vie).
Un schéma néfaste à son épanouissement personnel à dégager serait donc qu'à force de dévalorisation ou de survalorisation, l'individu dont l'estime de soi est fragile ou trop grande, tenterait de vouloir se changer au travers d'une redécouverte de soi, quitte à s'idéaliser en cherchant à atteindre une image de soi illusoire, parce qu'absolue (c'est à dire qu'il veut figer son estime de soi dans une représentation idéale de sa personne, alors qu'on sait bien que la vie est une dynamique, faisant que nos personnalités sont en perpétuelles transformations selon les situations rencontrées et les conditions de son milieu variant inlassablement).
Un autre problème étant de se mirer dans des masques égotiques, dans des visions de soi inatteignables ou ne correspondant pas à sa véritable personnalité, lorsque l'on espère ressembler à quelqu'un d'autre que soit, par exemple à un canon sociétal d'après une esthétique véhiculée par la publicité, et mise en exergue dans les médias ou au travers des modes. Le piège serait alors de se perdre dans une construction mentale théorique et conditionnée de sa personne, et de ne plus se vivre qu'en paraissant tel que l'on se rêverait, tel que l'on se l'exigerait, d'après un idéal de soi impossible à réaliser donc. En découlerait des intellectualisations et des généralisations induisant en erreur et faisant s'égarer entre ce que l'on croit être et ce que l'on voudrait être, ce qui entrainerait des ruminations et des déceptions évidentes vis à vis de soi, et des autres puisqu'on attend aussi des autres qu'ils soient à la hauteur de nos propres idéaux (défaut de reconnaissance empathique des sensibilités d'autrui, différentes des siennes). Donc si changement il doit y avoir dans ses comportements, il est impératif de travailler sur son estime de soi au lieu de croire pouvoir se changer en devenant un autre que soi, et pour cela un travail quotidien sur soi est indispensable afin de devenir lucide en acceptant ses torts autant que ses forces, et ce sans en pâtir, sans se croire plus petit ou plus grand qu'on ne l'est.
Arrêter d'avancer en pilote automatique et reprendre la barre du cours de sa vie
Le problème d'aller voir au fond des choses, c'est de s’enliser et ne plus arriver à remonter. Si l'on n'est pas un aventurier prêt à en chier, il vaut mieux travailler à changer des petites choses du quotidien que remuer tout son esprit, sinon on accroisse le risque le mettre sans dessus dessous. Pour garder un rythme de vie agréable, il faut travailler sur son estime de soi avec régularité et continuité, comme si l'on était son maitre et son disciple dans un labeur quotidien, mais payant au long terme. Plutôt que de vouloir se changer à tout prix, il vaut mieux viser une évolution progressive dans un changement de son cadre de vie, en élaborant des règles à respecter pour ne pas retomber dans ses travers (re)connus, et donc anticipables. Il faut faire ce travail dans une harmonie avec soi au lieu de se culpabiliser ou de mettre la barre trop haute en étant trop exigeant, sinon l'on est sur de ne jamais arriver à atteindre ses objectifs, ce qui va amener à se dénigrer et se déprimer au moindre échec. Il faut être tolérant avec soi, parce que travailler sur son estime de soi se fait sur des années, c'est le travail de toute une vie. Il faut donc accepter de ne pas y arriver immédiatement, admettre les échecs momentanés, et apprendre à différer le plaisir de la satisfaction.
Une éventuelle solution serait de se voir comme faisant partie de la solution plutôt que comme un problème, puisque si nous sommes responsables de nos actes, nous ne sommes pas la cause de nos difficultés étant donné que nous sommes déterminés génétiquement et socialement à reproduire certains comportements malgré nous (il ne faut néanmoins pas oublier que l'on reste cause de soi-même, donc toute déresponsabilisation est à éviter lorsque l'on projette facilement et naturellement nos torts sur autrui).
IDENTIFIER SES COMPLEXES, SES OBSESSIONS, SES DÉCEPTIONS ET FRUSTRATIONS, SES SUSCEPTIBILITÉS ET VULNÉRABILITÉS
On ne nait pas affirmé, on le devient en surmontant ses complexes, en réfléchissant au pourquoi du comment de son blocage psychologique. Un complexe, c'est un doute qui se transforme en douleur, et qui dépasse largement le stade de l'insatisfaction occasionnelle en se reproduisant inlassablement. C'est la focalisation douloureuse et obsédante, constante ou très fréquente, sur une partie de son corps ou de sa personnalité jugée inadéquate ou insuffisante, au point de nous faire souffrir moralement. On peut ainsi complexer sur tout. Le problème du complexe n'est pas son objet, mais la souffrance qu'il induit. Le but, c'est d'avoir le choix de présenter ou non ses défauts aux autres, alors que les complexes n'offrent pas ce choix quand ils nous forcent à nous cacher.
Le sentiment de vulnérabilité
Conscient chez ceux qui ont une basse estime d’eux-mêmes, moins conscient voire inconscient chez ceux qui ont une haute estime fragile. On peut passer de l’un à l’autre selon les phases de sa vie, selon les variations de sa conscience réflexive, de ses volontés introspectives et méditatives. Admettre ses vulnérabilités est la base de tout travail sur son estime de soi. Nier ses faiblesses c'est se perdre dans des apparences pouvant amener à des difficultés évidentes, par exemple certaines hautes estimes de soi fragiles, les personnalités narcissiques et orgueilleuses ou vaniteuses, se montrent menaçantes pour paraitre convaincantes. Autrement ils leur arrivent de croire que pour paraitre plus âgées et matures, il faut être cassant en se durcissant (abus de pouvoir et d'autorité au nom de la justice).
Lutter contre son sentiment d’insuffisance personnelle, ses illusions, les masques de son ego
Les problèmes d'estime de soi ne proviennent pas de nos faiblesses, mais de nos incapacités à les assumer. Et toutes nos déresponsabilisations nous amènent à des comportements le plus souvent inadéquates, nous mettant alors dans des positions difficiles, et que l'on ne reconnait pas forcément tant qu'on est prit dans des logiques nous dépassant complètement. Les comportements inhérents à nos troubles personnels nous poussent à reproduire des schémas dans lesquels nous ne nous épanouissons pas comme nous tournons en rond, et dont on se rend compte qu'ils nous sont néfastes en se souvenant alors avoir déjà constatés par le passé des échecs similaires chez soi. A ce niveau là, consommer de la drogue est de l'illusion en barre, et s'en servir pour découvrir des vérités personnelles est à double tranchant, lorsque se focaliser sur certaines choses revient à en nier d'autres, forcément. En plus de tout ce qu'on ne peut pas savoir sur soi, du fait d'un manque de connaissances pratiques et théoriques pour formuler et appréhender ses intuitions, ses schémas que l'on ne comprend pas faute d'avoir un recul suffisant sur soi, sur sa vie et les multiples facettes de sa personnalité complexe, évoluant tout en restant inchangée.
Une éventuelle solution serait d'écouter les critiques que l'on nous fait (surtout si ce sont toujours les mêmes), en se forçant à adopter le point de vue d'autrui au lieu de le critiquer sans prendre le temps de peser les pour et les contre. Il faut aussi se garder d'admettre vite fait ses torts pour mieux s'en déresponsabiliser en se racontant des histoires nous donnant le bon rôle au final, ou au contraire de nous accuser de tous les torts en se mettant plus bas que terre. Il y a aussi le fait de comprendre quelles difficultés ont traversé et traversent nos parents, parce que leurs difficultés sont très souvent nos difficultés, et l'on sait bien que les relations parents/enfants sont la source de tous nos maux, dans une époque et un lieu donnés afin de mettre sa vie en perspective. Il faut s'accepter malgré ses vulnérabilités et ses manques, puis travailler dessus en ne se laissant pas avoir par ses propres sentiment d’infériorité, par ses susceptibilités lorsqu'on entend une remarque, une critique, une moquerie. Il faut apprendre à se détacher de ce qui nous faisait défaut par le passé, et oser aller de l'avant en n'ayant pas peur de l'échec.
PROBLÉMATIQUE DE L’IDÉALISATION DE SOI, DU MONDE - Se perdre entre ses idéaux et la réalité
L'estime de soi se construit au fil de sa vie sur des rêves brisés, des désillusions, des pertes d'idéaux, lorsque l'on dépasse ses illusions enfantines, puis adolescentes, en gagnant en maturité et en sagesse (dans l'idéal). Certains sont éprit d'une volonté de radicalité existentielle, de passions et d'une force de vie les poussant à foncer et voir après ce qu'il en est, quand d'autres stagnent dans un manque à être déprimant, une apathie les condamnant à se conformer à des exigences extérieures, à suivre des décisions que jamais ils ne prennent d'eux-mêmes, (mais qu'ils disent décider pour sauver les apparences, (se) laisser croire qu'ils ont un minimum de libre arbitre, alors qu'en fait ils n'en ont pas plus que les passionnés s'activant sans cesse).
A ce sujet là, Spinoza nous dit que : "Les hommes se croient libres pour la seule raison qu'ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par quoi elles sont déterminées."
Ainsi l'on vit sa vie sans se rendre compte que l'on rejoue et prolonge les carences affectives de son enfance dans ses caractères égotiques, lorsque l'on a mal, ou pas été assez aimé dans son jeune âge (c'est plus compliqué et subtil que ça, mais l'on va s'en tenir au fait qu'à l'adolescence il y est une reviviscence de ses angoisses passées, de ses traumatismes enfantins qui poussent à reproduire des scènes de son passé que l'on n'a pas assimilé pour pouvoir se développer sereinement ensuite). Disons que c'est la réactivation de sa faille narcissique à l'adolescence, qui fait que ses vulnérabilités reviennent sur le devant de la scène alors qu'on était préservé par ses idéaux parentaux et sociétaux jusque là (ses illusions qui nous rassurent), mais que lorsque les masques tombent l'on se retrouve livré à soi-même, à ses faiblesses que l'on doit réapprendre à maitriser pour gérer ses émotions, ses déceptions, ses frustrations, la déprime, le nihilisme suivant ses désillusions.
Une éventuelle solution pour ne plus être victime de ses idéaux, serait de se cultiver, se poser des questions sur ses doutes et convictions, se renseigner afin de critiquer les messages culpabilisant véhiculés par la société au travers des idéologies, et que l'on retrouve dans les médias, à l'école, chez soi dans sa famille, en soi dans ses morales propres. C'est à dire ne plus se déprécier et être déçu de soi en croyant ne pas être à la hauteur, parce qu'on n'aurait pas eu de bonnes notes à l'école, ou qu'un connard nous aurait promit un avenir merdique (en troisième on m'a invité à passer une visite médical afin d'envisager de faire un CAP, je n'y suis pas allé et en fin de compte j'ai passé un bac S). Il s'agit de comprendre les mécanismes de sa morale liant ses culpabilités à ses hontes de n'être que ce qu'on est, ou ce qu'on n'est pas (en comparaison des idoles et icônes que les médias mettent en exergue).
PROBLÉMATIQUE DE LA MENTALISATION - " Si une idée te gêne, reconnais-la, et examine cette idée. " Marc Aurèle
Face à un problème, les deux principales tendances sont de chasser les pensées en se disant "n'y pense plus", soit de les ruminer (sans s'en rendre toujours compte). Dans le premier cas ça fonctionne à court terme, avant que les pensées réprimées surgissent avec force, et même si cela fonctionne, il en résulte un inconfort émotionnel souvent dénié (quand on reste fier en disant que ça va alors que ça se voit qu'il y a un malaise quelque part). De leur côté les ruminations occupent une place d'arrière-fond dans l'activité mentale des personnes concernées, qui en ont conscience ou non (souvent l'on se rend compte après coup que l'on est partit loin dans sa tête, en pensant à des choses plus ou moins intéressantes ou étranges, comme lorsque l'on se tourne des films ou qu'au fond de soi on critique un tel pour se justifier d'une remarque nous restant en travers de la gorge).
Alors comment dépasser ces deux façons d'être communes ?
Tout d'abord il est utile de comprendre comment fonctionne sa scène mentale (son intellect), de quelles natures sont ses scénarios intérieurs (différence entre raison et imagination), comment l'on se projette dans des histoires imaginaires et fantasques où l'on y réalise ses fantasmes, ou comment l'on réécrit l'histoire déjà passée ou à venir, mais encore comment l'on cherche des solutions en se voulant sage, raisonnée, et logique dans ses réflexions. L'important étant de toujours distinguer ses délires imaginatifs du réel, ses rêveries des faits concrets et avérés. Aussi trop s'écouter parler déconnecte de la réalité, et l'on vit en décalage d'avec les autres, hors du temps et des évènements lorsque l'on se berce d'illusions (ce qui n'empêche pas d'être compétent dans ses activités, par exemple lorsque l'on est un créatif ou un intellectuel dont l'expérience de pensée abstraite est au cœur de son métier).
Rêverie vs réflexion
Très souvent nous croyons réfléchir alors qu'en fait nous écoutons le murmure de notre esprit confus, notre mental qui parle et qui parle pour nous rassurer en nous perdant dans des illusions diverses, en nous idéalisant d'après nos valeurs, en se comparant à des icônes auxquelles on s'identifie. Rarement nous trouvons la solution à nos problèmes, même si nous y croyons au point de se mentir en mentant à autrui, lorsqu'on affirme avoir changé, ou qu'on ne recommencera pas à déconner (alors que deux semaines ou deux mois plus tard on ne peut plus nier l'évidence, on est retombé dans ses travers, on est retourné fricoter avec son ex, à picoler un peu trop, à s'emporter dans des colères, jalousies ou rancunes qui n'ont pas lieu d'être, etc)
Comment repérer et anticiper ses difficultés dans ses attitudes problématiques
Il est utile de pointer du doigt le moment exact où son équilibre émotionnel a basculé, de saisir tout l'enchainement des causes nous ayant poussé à déconner une nouvelle fois. Dégager des schémas permet de mieux se connaitre et donc reconnaitre les situations à risque. Par exemple lorsque l'on va au devant d'une déception, que l'on sent monter en soi la frustration, et que l'on sombre ensuite dans la déprime, avec les conséquences que l'on connait (consommation de drogue, de jeux-vidéos, de sexe, etc, pour retrouver du plaisir dans une jouissance immédiate). Il est donc question de dépasser ses réflexes de crispations ou de dissimulations, que l'on trouve normaux tant il font parties de notre comportements, de nos attitudes et caractères, au point de ne plus y prêter attention. La première étape douloureuse consiste à en prendre conscience (de chaque agacement, de chaque justification, de chaque énervement). Ensuite commence le travail d'effort quotidien pour s'en tenir à un cadre mis en place afin de se protéger de soi-même.
Une éventuelle solution de cadre (mental pour le coup) serait de préférez porter son attention sur les faits en se remémorant ce qu'il s'est passé au moment d'un échec (donc repérer ses émotions, les pensées qui en ont découlé, puis ses réactions inappropriées quand à la situation), plutôt que d'évaluer l'échec (établir des causes et de s'en accuser, élaborer des significations et juger des conséquences avec tous les risques de culpabilisation de soi ou d'autrui que cela implique). Si il est important de déterminer les causes par lesquelles nous sommes déterminées, chercher du sens après coup n'est utile que lorsqu'on a accepter ce qui nous tracasse, qu'on a reconnu un échec ou un tort. Autrement donner immédiatement du sens à un évènement, sans même avoir pris le temps de l'appréhender complètement au point de l'assimiler dans ses complexités, fait que l'on calque sur les évènements un sens qui nous arrange, souvent qui nous déresponsabilise en omettant une partie de la réalité, ses émotions, ses pensées et ses réactions (plus besoin d'introspection quand on s'est fait une raison en balayant d'une idée préconçue la réalité).
Une seconde solution éventuelle serait de reconnaitre les choses telles qu'elles sont en les acceptant, au lieu de les vouloir telles qu'on le voudrait en les idéalisant. On se change mieux en s'acceptant, c'est à dire en reconnaissant ses imperfections, ses torts, en dévoilant ses masques, donc en différenciant ce qu'on idéalise dans notre discours et pensées, de ce qu'on reconnait du réel (se dire : "il faudrait" correspond à une idéalisation, alors qu'affirmer : "c'est ainsi" correspond à un fait concret).
L'IMPORTANCE D'AVOIR UN ESPRIT CRITIQUE - Mais pas trop
Plus on est critique envers soi, plus l'on peut progresser dans un domaine précis, mais au prix d'un coût émotionnel très important, et d'une fragilisation de son estime de soi global au final. Il faut donc apprendre à se juger avec mesure et parcimonie, pour que le jugement (favorable ou défavorable) soit pertinent et constructif. La critique intérieure se nourrit de ses confusions émotionnelles, de ses angoisses faisant défaut dans ses représentations mentales de ses propres affects (voir angoisse et anxiété). On en revient au fait de différencier les faits de ses interprétations, la réalité de ses préjugés, parce que son intellect n'est qu'une construction mentale de sa réalité subjective (d'après ce que l'on connait et ce que l'on croit). Il s'agit donc d'interprétations mentales directement influencées par son ego, puisque si l'observation est neutre (ses sensations sont objectives), le jugement de valeur est subjectif (ses constructions mentales sont partiales). Il ne faut donc pas confondre un discours (auto)critique avec un discours réaliste, parce que cela nous empêche de prendre du recul sur les situations, en croyant être dans le vrai.
Lorsque nous venons de commettre une erreur, nous surestimons la sévérité du regard des autres
Ceci du fait de notre égocentrisme lorsqu'on se prend pour le centre du monde, et que l'on a du mal à se détacher de sa personne tant l'émotion nous submerge. Et alors ? L'humain est ainsi fait, il n'y a pas a en avoir honte, juste l'accepter pour travailler à ce que son égocentrisme ne soit pas systématique et problématique, mais là réside la première difficulté qu'est de reconnaitre que l'on a un ego faisant que l'on rapporte tout à soi, en se prenant pour référence malgré soi. L'égocentrique (mais aussi l’orgueilleux, le vaniteux ou le narcissique) est très critique à l'égard des autres, puisque son principal tort est de projeter sur eux tout ce qu'il ne veut pas voir et admettre chez lui. Ainsi tout le monde est égocentrique à différents degrés selon les phases de sa vie et les situations rencontrées, donc lorsque l'on commente ses performances ou celles d'un tiers, plus celles-ci ont été médiocres, plus il faut être précis en ciblant ses critiques pour éviter toutes généralités et globalisations du raté. Tout n'est pas nul, encore une fois il faut faire la part des choses, en nuançant ses propos pouvant être très dur (à son encontre comme envers autrui, mais c'est un travail très difficile à tenir dans le temps).
Une éventuelle solution serait d'éviter les personnes toxiques, par exemples ces gens qui passent leur temps à chercher de la réassurance auprès d'autrui, qui posent toujours les mêmes questions nuisibles au point de saouler leur entourage, sans jamais en écouter les réponses. Ils continuent à tourner en rond dans leur schéma néfaste, en racontant ce qui les arrange sans intégrer l'avis d'autrui dans leur pensée, et tout en se dévalorisant ou en se victimisant (volonté d’échec), quitte à entrainer dans leur chute les personnes qui tenteraient de les aider, c'est à dire en bouffant toute leur énergie, voire leurs économies.
VIS A VIS DE SOI PUIS D'AUTRUI - "Quand on ne trouve pas son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs." - La Rochefoucauld
L'être humain étant un animal social, cette composante relationnelle est constante dans les problématiques individuelles. Lorsqu'un individu va mal, il en veut le plus souvent aux autres, voire à la terre entière (ressentiment et misanthropie). Ainsi il est nécessaire de toujours jongler entre soi et autrui dans ses analyses introspectives, afin de comprendre comment s'articulent nos comportements entre ce que l'on croit être dans ses actes, et la façon dont on agit réellement en société, entre ce que l'on projette sur les autres, et ce qui nous caractérise personnellement. Trop souvent nous pensons avoir été correct alors qu'en fait nous avons heurté la sensibilité d'autrui, ou au contraire nous croyons avoir été désobligeant alors que pas du tout.
Porter un regard amical sur soi, jouer avec soi même en se tournant en dérision
Je pense que tout travail introspectif débute par une analyse de sa personne (dans la pluralité de ses personnalités plus ou moins cachées en soi), afin de pouvoir mieux identifier par la suite les masques que l'on présente en société, selon les situations données. Ne plus se cacher à soi-même c'est accepter de se dévoiler à autrui. Ainsi accepter son ignorance quand à sa propre personne (que l'on croit connaitre parce que l'on vit dedans), c'est le début de l'apprentissage. On pense savoir qui l'on est jusqu'au moment où l'on nous demande de nous présenter, alors le flou s’installe, voire le vide, et c'est confus que l'on se confronte à ses manques de connaissances, de représentations de soi claires et distinctes. Aussi nous en apprenons sur soi à chaque fois que l'on découvre une pensée, une approche analytique ou descriptive de l'être humain, parmi tant d'autres. Au fond de soi, chacun ne désire pas tant être aimé que choisi et préféré par autrui, cela rassure son ego qui doute de son capital sympathie et attractif.
Une éventuelle solution envisagée par Spinoza serait de toujours chercher à comprendre, au lieu de se moquer, de pleurer, ou de haïr autrui. Chacun sait bien que l'on ne peut plaire à tout le monde, et qu'entre certains types d'individus le courant ne passera jamais du fait de leurs éducations, valeurs, idéaux et manières d'être respectives.
PASSER DE LA THÉORIE A LA PRATIQUE - Dépasser ses croyances et idéaux
Partir du principe que le changement psychologique relève davantage des lois de l'apprentissage (lorsque l'on s'entraine à pratiquer de nouveaux styles de comportements et de pensées) que de celles de la découverte cathartique de soi (découvrir enfin la cause de ses souffrances, problématique du trippeur idéaliste et naïf recherchant la vérité dans la défonce ultime). Dans le second cas qui est voué à l'échec, la tension et l'insatisfaction permanente engendrée deviennent néfastes et non mobilisatrices, car elles perturbent l'apprentissage (problématique de tourner en rond dans ses actions et réactions, dans ses consommations). Croire que force et sévérité envers soi suffissent pour changer, est une vision archaïque et inefficace, digne des brutes à l'ego surdimensionné. Ces pratiques égotiques et autoritaires peuvent même être dangereuses car peu à peu s'instaure une logique de la violence, de l'autoritarisme qui facilite le retour systématique des mêmes erreurs et du sentiment d'insatisfaction de soi : le résultat idéalisé n'arrive jamais et l'on redouble de violence envers soi, en augmentant la sévérité des punitions que l'on s'inflige, ou que l'on projette sur autrui (dynamique maso-chique ou sadique). C'est la logique de la double peine : à celle de l'échec s'ajoute celle de la punition, et chacun sait que souffrir inlassablement ne fait pas progresser.
S'émerveiller des petites choses, plutôt que de dénigrer vainement ce qui nous parait futile (combattre son nihilisme)
Seule l'appréhension de sa souffrance permet de la surmonter, en connaissant ses causes et ses conséquences. Alors il est envisageable de donner un sens concret à sa souffrance, et de travailler dessus en cherchant à la diminuer, et l'éviter autant que faire se peut pour gagner en joie et béatitude. Il s'agit de limiter ses déplaisirs pour maximiser ses plaisirs, plaisirs qui ne doivent pas dépendre du déplaisir d'autrui. Plus on pratique un comportement plaisant, plus celui-ci nous devient facile et évident. Et plus on recherche momentanément la joie afin d'être heureux, plus l'on a de chance d'en éprouver de manière essaimée mais jouissive. Alors que rechercher un bonheur durable, total et absolu (tel un idéal infini et éternel) est voué à l'échec. D'où l'importance d'exercices pratiques dans l'ici et maintenant lors d'un travail sur soi, aboutissement de son travail introspectif entreprit en amont (on est plus dans le "il faut" ou " je dois", mais dans le "je fais" - Il s'agit donc d'éviter la procrastination et le blabla mental en limitant le temps entre les dires et l'agir, parce que ce qui est fait n'est plus à faire, et que c'est en faisant que l'on avance).
Une éventuelle solution serait de tendre à transposer du mieux qu'on le peut ses réflexions en action, sinon les belles paroles font les beaux discours, mais en fin de compte rien n'aura changé tant que l'on continue de reproduire ses comportements inadéquates quand à son épanouissement. Évoluer dans le bon sens du terme c'est répéter une action adéquate à son émancipation et épanouissement personnel, même modeste.