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Les frontières du Moi - Intellectuelles, sensorielles, émotionnelles

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Deleted-1

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Cet article est une composition de copier/coller et réécriture de   différents paragraphes issus de différents articles. Je l'ai constitué   pour proposer une approche simpliste mais se voulant la plus complète   des frontières du Moi, d'après les travaux de Paul Federn. Les instances psychiques sont des   élaborations métaphysiques faisant parties de l'appareil psychique, et   offrant un système d'interprétation des mécanismes de l'esprit. Il est conseillé d'avoir lu ces deux articles avant de s'aventurer dans ce long texte : http://www.psychonaut.com/psychonau...isation-et-derealisation-troubles-du-moi.html http://www.psychonaut.com/psychonautique/58129-les-instance-psychiques-le-moi.html Globalement, il s'agit dans cet article de traiter des différentes orientations et mode d'action du Moi, lorsqu'il permet à l'esprit d’interagir de de la réalité extérieure à son intériorité, de passer de l’inconscient au conscient en passant par le préconscient, d'aller de l’organique au psychique, via le corps physique, les pensées  métaphysiques et les sens qui appréhendent intuitivement l’essence des  choses et objets intérieurs et extérieurs (dans des dynamiques d'extraversion et d'introversion). Autrement il s'agit de traiter les mécanismes de projection, d'identification, et d'introjection par les investissements  libidinaux et l’action du narcissisme. Pour schématiser, il y a des frontières du Moi conscientes, inconscientes et préconscientes, touchant aux domaines du psychique, du sensoriel, du mental, de l'organique qui englobe le tout : Conscientes - intellectuelles (pensées, intuitions et raison) - mentales Préconscientes - sensorielles (sens et sensations ressenties) - mentales et corporelles Inconscientes - émotionnelles (affects et sentiments éprouvées) – corporelles On verra aussi comment les affects de peur et d’angoisse diffèrent, selon leur implication dans les frontières du Moi. DÉFINITION DU SOI
En  étudiant l’opération de la frontière-contact dans le champ  organisme-environnement, de la philosophie à la psychologie et à la  psychanalyse, ces différentes branches de la pensée ont permise  d’élaborer les notions de Soi et de Moi. Le Soi (Self) représenterait  les frontières contacts en action, il est donc le système de relations  et de réponses de l’organisme à l’environnement, au niveau des  frontières où les échanges se produisent entre les deux. Le rôle du Moi vis-à-vis du Soi (sentiment d’exister et délimitations de sa personne, de ses frontières mentales et corporelles) Le Moi est un organe sensoriel psychique permettant de percevoir la  réalité. Il est le soutien indispensable de la personnalité en  l’unifiant dans son ensemble, que sont le corps et l’esprit (l’individu  en soi). Le Moi n’est pas passif, il synthétise les objets et sens  perçus, en ressentis, en sensations, et en pensées, tout en agissant en  faisant tampon avec ce qui est à l’extérieur de soi : « Le Moi est une  unité d’investissement fonctionnelle, changeant avec chaque pensée et  perception actuelles, mais retenant le même sentiment de son existence à  l’intérieur de frontières distinctes ». « Voilà une bonne description  de ce que nous avons appelé plus haut la “personnalité”. Le Self en tant  que tel ne ressent pas tant sa propre existence que l’unité de son  contact ». On pourrait cependant objecter que le Self ressent sa propre  existence lorsqu’il est en contact avec lui-même, dans un mouvement  auto-réflexif où il se prend lui-même comme figure, c'est-à-dire lorsque  l’on prend conscience de soi, de son existence. « Le Self conscient n’a  pas de frontières fixes ; il existe, dans chaque cas, dans le contact  avec la situation actuelle et il est limité par le contexte de la  préoccupation, par l’intérêt dominant et les identifications et  aliénations qui s’en suivent ». LES FRONTIÈRES DU MOI – D’après les travaux de Paul Federn Federn conçoit la frontière comme une frontière contact qui à la fois  sépare et relie l’intérieur et l’extérieur, le Moi et l’environnement.  Le sentiment du Moi est donc la conjonction du sentiment d'une unité  dans le temps, du sentiment d'unité dans l'espace, et du sentiment d'une  causalité. Ce mélange fait que l’on se sent exister en soi, plus  précisément qu’on est conscient de soi, de part ce qu’on éprouve via son  Moi. Ces limites du Moi forment la "frontière mentale et corporelle du  Moi". L'évidence du monde extérieur dépend de l'investissement libidinal  (énergie psychique et pas que sexuelle) des frontières corporelles du  Moi. Nous possédons donc un sentiment permanent d'évidence du monde  extérieur qui prend son origine dans le fait que les impressions du  monde extérieur passent à travers une frontière corporelle du Moi  chargée d'une qualité particulière de sensations, et de sentiments  corporels du Moi. Nécessité de définir des limites entre soi et le monde. L'intérêt se porte sur les états de passage, les transitions, comme par  exemple le passage entre sommeil et réveil. Il s’agit donc d’une  conception dynamique de la notion de limite. La limite n'est pas un  obstacle étanche, une coupure radicale, mais une condition essentielle  au fonctionnement de l'appareil psychique permettant d'établir des  différences internes comme externes tout en permettant des échanges. De  plus cette limite, "les frontières du Moi", n'est pas fixée une fois  pour toute, elle est en perpétuel changement, variant et fluctuant selon  les moments, les situations et les personnes. On prendra pour la suite  le terme de « frontière du moi » dans son sens littéral, à savoir  jusqu’où s’étend le moi selon ce que nous sentons, ou plus exactement,  le point au-delà duquel le Moi ne s’étend pas. Moi / Non Moi. Le sentiment du Moi implique la notion de frontière qui distingue ce qui  est ressenti comme Moi, et ce qui est ressenti comme Non-Moi : « Le  terme de « frontière du Moi » ne désigne rien d’autre que l’existence  d’une perception de l’étendue de notre sentiment du Moi ». La frontière  s’instaure lorsque les objets de l’environnement sont ressentis comme  extérieurs à l’individu ; ce processus opérant peu à peu dans le  développement de l’enfant, et perdurant toute la vie durant.

ORIGINES Le sentiment du Moi, sorte d’auto-sensation de soi-même, existe pour  Federn « depuis le début, bien qu’il soit tout d’abord vague et pauvre  en contenu », il est en lui-même agréable « sans revêtir un sentiment de  satisfaction particulière », il lui reconnaît « la qualité d’un  “avant-plaisir” agréable ». Il considère deux aspects à ce sentiment,  l’investissement libidinal du Moi psychique et celui du corps propre,  l’ensemble constituant le sentiment du Moi global. Le terme de «  frontières du Moi » désignant donc le sentiment d’étendue du domaine du  Moi (autant mentale que corporelle), « l’éventail des fonctions du Moi  ». On peut alors décrire le sentiment du moi « comme sentiment des  relations corporelles et mentales, du point de vue du temps et du  contenu ». Le sentiment corporel du Moi ne se confond pas avec la  perception immédiate que l’on peut avoir de son corps ; c’est plutôt «  un sentiment composite qui inclut tous les souvenirs moteurs et  sensoriels concernant notre propre personne. Il n’est pas cependant  identique à ces souvenirs mais représente plutôt un sentiment unifié des  investissements libidinaux des appareils moteurs et sensoriels ».
Satisfaction vs déception
En grandissant naturellement et selon ses expériences et acquis, avec la  maturation du corps et de l’esprit, les frontières du Moi corporelles  et psychiques s’étendent progressivement toutes deux. Néanmoins les  frontières du Moi se retirent des objets chaque fois que l’enfant est  déçu par ces objets, chaque fois qu’il trouve que ceux-ci ne sont pas  soumis à ses désirs, et chaque fois qu’ils lui font éprouver de la  douleur, de la peine, de l’angoisse et même de la peur. On pourrait  interpréter dans ce sens le mouvement de projection où des parties  internes du Moi ne sont plus ressenties comme appartenant au Moi mais  projetées au-delà de ses frontières dans les objets externes (je dénie  un sentiment qui est mien, mais dont je ne suis pas conscient et je  l’attribue à autrui : « Ce n’est pas moi qui le déteste, c’est lui qui  me hait ».
Au  contraire, plus un enfant où un adulte est satisfait de l’objet qu’il  investit (par exemple rouler avec sa nouvelle voiture), plus les  frontières de son Moi s‘étendent dans un sentiment très plaisant de  conduire un véhicule qui nous appartient et avec lequel on fait un, en  plus de se renseigner sur les caractéristiques de celui-ci (à la manière  d’un passionné qui voudrait toujours en apprendre d’avantage sur son  sujet). MOBILITÉS - Fixes vs variables Le terme de « frontière du Moi » ne désignera rien d’autre que  l’existence d’une perception de l’étendue de notre sentiment du Moi. Il  ne s’agit pas d’une frontière rigide. C’est le contraire qui est vrai.  Ces frontières (l’éventail des fonctions du Moi), qui, investies de  sentiment du moi (donc de libido), appartiennent toujours au moi, et  sont perpétuellement en changement.

Les  frontières du Moi ne sont ni statiques ni figées ; elles sont au  contraire changeantes et mouvantes. Il s’agit d’un processus dynamique,  la frontière située à la périphérie du moi jouant le rôle d’organe  sensoriel permettant le contact avec l’environnement, lorsqu’un individu  sent intuitivement où son Moi finit, et en particulier le moment où la  frontière vient de changer. C’est donc davantage une frontière  subjective qu’une frontière physique (même si elle prend appui sur la  perception des limites du corps). Si les frontières du moi, dans ses différentes manifestations, sont  fluctuantes en extension et en intensité, il faut selon Federn, en  conclure qu’elles sont investies énergétiquement de façon variable. Il  postule donc l’existence d’une énergie pulsionnelle qui s’attache  spécifiquement aux frontières et dont les changements d’intensité  provoquent les mouvements et les fluctuations de la conscience de ces  frontières. Cet investissement peut revêtir différents modes, le plus  commun et courant étant l’attention que l’on porte aux choses. « On fait  l’expérience de l’investissement actif du Moi dans les projets, la  pensée, les actes et sous sa forme la plus élémentaire du phénomène de  l’attention. L’investissement passif du Moi détermine le besoin de  stimuli. L’investissement réfléchi se manifeste dans l’amour ou la haine  de soi ».
Les frontières n’ont donc rien de fixe mais changent sans cesse, dans  des investissements ou désinvestissement du Moi ou des objets Il s’agit d’un changement d’étendue en fonction des objets rencontrés à  la périphérie du Moi et des mouvements de la libido qui lui  correspondent et qui s’accompagnent de sentiment d’étrangeté ou de  dépersonnalisation, en particulier en cas de repli des investissements.  L’antithèse, économique donc, s’établit entre « l’investissement du Moi »  et « l’investissement d’objet », et Federn insiste sur la nécessité de  distinguer entre investissements mobiles et investissements statiques.  Il souligne que le sentiment du Moi, à sa périphérie, est renforcé à  chaque fois que la libido se mobilise à sa frontière, et que «  l’attention ou la volonté sont dirigées sur un objet ». Les plaisirs  préliminaires renforçant le sentiment du Moi mental et corporel.

Les  frontières du Moi peuvent envelopper ou absorber les objets ou les  rejeter : « Il est des personnes qui à tout moment étendent leur  frontière du Moi pour inclure chaque impression nouvelle ; de ce fait,  elles sont toujours prêtes à absorber dans le Moi des objets nouveaux et  différents – autrement dit, prêtes à les investir de sentiment du Moi,  de libido narcissique – et ainsi à s’engager dans des identifications  toujours nouvelles » (exemple du passionné). Ainsi Federn montre bien  que la frontière est une frontière contact, fortement investie d’énergie  libidinale (c’est-à-dire de mouvement d’attraction ou de répulsion) et  qui sert en quelque sorte à « palper » l’environnement pour s’en  approprier des éléments et en rejeter d’autres.
Les perceptions du Moi se font donc sur deux plans, l’un psychique, et  l’autre physique. Sur le plan psychique on parle d’aperception, quand  l’individu a des prises de conscience claires d'une perception, ou d'une  connaissance. Sur le plan physique on parle de proprioception,  perception qu'à l'homme de son propre corps dans l’espace et le temps. MENTALES Le sentiment psychique du moi est la représentation mentale que l’on a  de sa propre personne. Cette représentation induit le rapport qu’à  l’individu avec sa propre existence, en se reconnaissant dans son  intériorité (ses émotions et ressentis), et dans son environnement (ses  possessions, ses activités, son entourage). Par l’intermédiaire des  frontières du sentiment du Moi mental, nous devenons conscients du fait  que nous ressentons des émotions, des pensées, des perceptions de toutes  sortes, des souvenirs, et notre propre parole, notre mouvement, comme  pénétrant de l’extérieur dans la zone du Moi, dans notre individualité.  Par exemple, je fais mien cet épisode de True Detective quand je le  regarde, jusqu’à ce que je mette le suivant, et que je le fasse mien de  la même manière, en investissant la série, en me projetant à la place  des personnages, dans leur rôle et ressentis selon les situations  présentées à l’écran. Selon mon empathie et ma sympathie, varient mes frontières du Moi. CORPORELLES Le sentiment physique du Moi est une représentation psychique des  frontières corporelles de sa personne. Une personne normale avec un Moi  sain, garde de façon permanente un sentiment plein des frontières de son  corps qui, inconsciemment le démarque du monde extérieur. Physiquement  l’étendue de la frontière dépend de jusqu’où nos sens et ressentis  corporels peuvent nous faire percevoir de la réalité, l’étendue de la  frontière de notre Moi définissant notre propre réalité, c’est en cela  qu’elle est subjective. Par exemple l’automobiliste qui étend toujours  son Moi corporel aux pare-chocs de sa voiture.

Aussi  les frontières corporelles ne correspondent pas toujours aux frontières  psychiques. Des fluctuations entre les frontières corporelles et  psychiques sont courantes au cours du développement. Le corps est  ressenti psychiquement comme extérieur au Moi (dépersonnalisation ou  déréalisation), ou au contraire les objets extérieurs envahissent  l’espace de la pensée (obsessions et ruminations). NARCISSISME - Instance assurant son sentiment d'exister, selon l'estime  que l'on se porte d'après l'image que l'on se fait de soi Paul Federn a apporté sa pierre à l’édifice du narcissisme en  introduisant les notions de « sentiment du Moi » et d’étendue du Moi, à  travers la notion de « frontières du Moi ». Il les conçoit en fonction  des quantités de libido investies sur le Moi lui-même, et sur la part de   celle-ci qui s’étend aux objets (il y a donc une libido narcissique  s'investissant sur le Moi, et indispensable à son propre sentiment  d'existence, et une libido d'objet indispensable pour faire exister et  donner de la valeur aux gens et aux choses autour de soi). Processus normal d’investir narcissiquement son Moi, pour se sentir exister. En règle générale nous pouvons considérer ce processus d'investissement  narcissique comme normal, si  le Moi dans sa totalité conserve un équilibre psychique – c’est-à-dire,  s’il ne perd pas ses investissements narcissiques – malgré l’apparition  d’une réussite particulière, par exemple d’un engagement affectif  intense. L'idée étant de ne pas se donner corps et âmes à autrui ou à un  objet, au risque de n'exister qu'au travers d'une personne ou d'un  objet idéalisé, en n'étant plus soi-même, ou complètement effacé pour  laisser briller l'objet monopolisant son énergie psychique, au détriment  de sa propre personne. Dans le cas contraire, à trop investir son Moi  en narcissisme via sa libido, la personne devient un monstre d'ego et  d'auto-satisfaction, et dans une dimension organique en vient à  manifester une volonté de puissance, de domination en s’appropriant son  environnement, et autrui (les personnalités narcissiques prenant les  gens pour des objets). Du narcissisme à la dépersonnalisation.

Ces investissements et désinvestissements libidinaux et narcissiques  décrivent le fait d’entrer dans le conscient, de  continuer dans celui-ci et d’en disparaître de manière naturelle comme  on vit chaque choses et évènements au quotidien, s’il n’y avait le  phénomène  suivant : tout d’abord, dans le cas d’investissement de libido  déficient des frontières du Moi, les expériences psychiques sont  conscientes comme d’habitude, mais cependant ressenties avec un  sentiment  d’étrangeté . D’une part, ce qui devient  conscient reste dans le conscient comme faisant partie du monde  extérieur et séparé du Moi (ce portable qui sonne est mon portable, sauf  que je n'ai pas l'impression qu'il m'appartient, c'est une sensation  étrange), tandis que d’autres part, certains contenus en devenant  conscients sont absorbés par le Moi, avant d'être assimilés puis  intégrés sans qu'il soit question de doute et de sentiment d'étrangeté  (c'est mon portable qui sonne, je décroche sans trouver cet acte  étrange). La différence est due au fait qu’il y a une grande diversité de  frontières du Moi, mais qu’il n’y a qu’une frontière où ait lieu la  pénétration dans  le conscient. Donc au moment où mon portable sonne, si l'identification à  mon portable ne correspond pas à la frontière en lien avec mon portable  (la case téléphonie dans sa tête pour imager la chose), alors le  phénomène de sonnerie est en contact avec mon Moi à la frontière  auditive, mais tout en n’ayant aucun contact avec aucune  autre frontière du Moi. Ainsi je sais consciemment que mon  portable sonne, mais dans un désinvestissement narcissique de l'objet  (ça ne me fait pas kiffer que mon téléphone sonne), je reconnais et considère le phénomène comme appartenant au monde extérieur, bien qu’il occupe momentanément ma frontière auditive du Moi, d'où le fait que je n'éprouve  pas la sensation qu'il fait partie de Moi, telle une extension de ma  personne. Je l'ai dissocié de ma personne faute de lui associer une  frontière définie et en harmonie avec ce que je ressens (on y reviendra  dans la partie des affects).

Ces  états de sentiments d'étrangeté à l'égard de soi ou d'objet, mais aussi  de dépersonnalisation et de déréalisation lorsque le Moi ou les objets  environnants sont désinvestis en libido, oblige à distinguer le  conscient de la  frontière du Moi qui implique une inclusion dans le Moi (par où va  sortir ou rentrer l'énergie psychique donnant de la valeur à soi, aux  objets et aux choses). Effectivement il existe en nous un grand nombre  d’états divers non conscients du Moi, avec une diversité de contenus et  de frontières, qui peuvent devenir  conscients mais qui, de façon préconsciente ou inconsciente, ont  toujours un rôle à jouer dans l’influence exercée sur nos sentiments et  nos pensées. Autrement dit, du conscient à l'inconscient en passant par le  préconscient, nos frontières du Moi mentales et corporelles peuvent nous  laisser coi, nous faisant sembler étranger à nous-même. Qu'il s'agisse  d'un état normal ou pathologique, le phénomène de dissociation est le même, mais à des degrés et intensités différents.

LES TROUBLES DISSOCIATIFS VIS A VIS DES FRONTIÈRES DU MOI - Doute vs convictions La notion de frontière du Moi n’est pas chez Federn une simple  construction intellectuelle. L'expérience subjective  de "sentiment du Moi" a une utilité pratique en assurant une  continuité existentielle entre le dedans et le dehors de soi (si la frontière du Moi perd son  investissement énergétique, la frontière s’estompe, le Moi n’est plus  capable de distinguer clairement l’intérieur et l’extérieur, ce qui se  passe « en dedans » et ce qui se passe « en dehors »). C’est  l’investissement des frontières du Moi qui permet  de différencier le Moi de la réalité extérieure. Et ce sont les  fluctuations de cet investissement qui expliquent les perturbations  pouvant atteindre le sentiment de réalité. Par exemple les sentiments  d’étrangeté et de dépersonnalisation  peuvent intervenir dans la vie normale, et sont souvent  l’expression d’une perte normale ou pathologique du sens du réel. C’est  l’origine  des hallucinations où le malade situe dans la réalité extérieure des  images, des pensées, des paroles qui se forment à l’intérieur de lui.   Sentiment d'étrangeté - Impression de déjà-vu Il faut se représenter le Moi comme une expérience continue du  psychisme. Si le sentiment du Moi manque, il se produit le  phénomène de sentiment d’étrangeté, qui se décompose en un sentiment intérieur et un sentiment extérieur.  L’étrangeté intérieure porte sur les les émotions, les pensées et idées  existentielles, et sur ce qui nous introvertie en général. L’étrangeté  extérieure porte sur ce qui nous extravertie, à savoir nos aperceptions  et intellectualisations qui apparaissent comme manquant de familiarité  (quand nos prises de conscience ne semblent pas nous appartenir). Elle  porte aussi sur nos perceptions qui manquent de chaleur, de vitalité et  de spontanéité. L’étrangeté de sa propre voix réunit  l’étrangeté intérieure et extérieure, et alors ses perceptions et  aperceptions étrangères ont un caractère commun d’éloignement,  constituant souvent le stade initial de la dépersonnalisation. Les objets et les êtres extérieurs sont ressentis comme étranges,  perdent leur aspect de familiarité et peuvent même apparaître comme  dépourvus de vie ou comme irréels. Federn explique ce phénomène par une  perte d’investissement des frontières du Moi, affectant sa sensation de  réalité.
L'impression de déjà-vu est fréquent chez celui qui remet en doute  sa perception de la réalité, en lui faisant revivre le passé comme si c’était  le présent, et inversement. Plus précisément, c’est une impression subjective et inappropriée, laissant pour familière une expérience indéfinie entre présent  et passé. Il s’agirait d’une confusion attentionnelle, lorsque sortant  d'un instant d'inattention, l’individu se concentrant à nouveau sur le  réel, serait confronté à une double lecture dans son esprit, celle du moment présent et d'un souvenir refoulé. Ce qui l’amènerait à vivre simultanément le  réel et l’émotion d’un réel déjà éprouvé par le passé. Ainsi il  reconnait son émotion passé, mais sans pouvoir l’associer au souvenir  lui correspondant, puisqu’il est attentionné au présent.
Dépersonnalisation - Impression de se redécouvrir Arrivé au stade de la dépersonnalisation, l’individu a le sentiment de  ne plus exister comme il ne se ressent pas, ou alors de manière floue.  Il peut en venir à ne pas se reconnaitre dans un miroir, en s’étonnant  d’être soi, plutôt qu’un autre (désinvestissement du Moi en libido  narcissique). Ayant perdu son sentiment d’unité et  d’individualité, la notion même du vivant devient relative, et ses  sensations ne lui paraissent plus évidentes et immédiates. En perdant la  continuité existentielles psychiques et physiques de son  être, l’individu change de point de vue en n’étant plus le centre de ses  réflexions, et il se met à s’observer depuis une position périphérique.  De ce nouveau référentiel plus objectif mais dénué d’humanité,  l’individu se perçoit comme un être ou objet automatisé, un organisme  biologique très développé et évoluant dans une réalité absurde. C’est le sentiment même du Moi qui est atteint. Il y a une perte de  conscience de la continuité de soi : « Je ne suis plus moi », « je  n’existe plus » pourra dire le dépersonnalisé.  Pour Federn, il y a alors « perte de la fermeté interne du Moi » par  dissolution des frontières. On peut alors « définir la  dépersonnalisation comme l’expérience subjective de l’éclatement du Moi  ». Si des représentations (en particulier celles du corps),  qui à l’ordinaire appartiennent exclusivement au Moi conscient, perdent  leur sentiment  du Moi, il s’ensuit un état de dépersonnalisation. Cela se produit dans  le phénomène de rupture dans le réveil anormal (quand on ne sait plus où  l'on est, qui l'on est, ni où se trouve le haut du bas, la droite de la  gauche). Alors  le corps est ressenti comme n’appartenant qu’au monde extérieur, hors  du Moi, et relié au Moi (historique) uniquement par la mémoire. Ainsi il  est  véritablement dépersonnalisé. Cependant, il n’est pas ressenti avec un  sentiment d’étrangeté, mais comme phénomène jamais encore vécu. Déréalisation - Origine de la déréalité La déréalisation modifie les ressentis au point que l’individu a  l’impression que tout est irréel, comme s’il évoluait dans un rêve. Tout  lui parait si distant qu’il se voit comme spectateur de sa vie, sa  conscience flottant à côté de son corps. La réalité du déréalisé lui  parait fausse, tel un décor de cinéma, et il ne ressent plus son  environnement intuitivement (pertes des frontières dans un  désinvestissement libidinal des objets extérieurs). Ainsi plus rien n’a  de valeurs et de  significations émotionnelles ou humaines, et il interprète les choses en  les analysant au lieu de les vivre, les décortiquant en données  statistiques et caractéristiques toujours plus techniques. D’une vie  sensorielle lui permettant d’apprécier son monde, le déréalisé fait  l’expérience d’un vécu exclusivement mental, son appareil cognitif ayant  prit le dessus sur ses capacités à s’émouvoir de la beauté de la  nature, ou de ses relations amicales, familiales et amoureuses. C'est donc le désinvestissement libidinal des frontières qui met en échec la capacité du Moi à  distinguer réalité interne et réalité externe, produisant ainsi une  "fausse réalité", un sentiment de déréalité. Cette frontière, cette  limite, est victime d'une véritable mutilation narcissique, le repli  libidinal massif est alors secondaire et reste hémorragique, ne trouvant  plus à se fixer. " La production d'une réalité fausse est le stade  initial de la schizophrénie, la fusion narcissique régressive est un  stade tardif. " Les états et troubles dissociatifs font varier les frontières et modifient dans une baisse ou  une intensification le sentiment de soi. INDIVIDUALITÉ ET UNIFORMITÉ DU CARACTÈRE VIS A VIS DES FRONTIÈRES ET DES AFFECTS L’uniformité d’un caractère repose sur l’existence de quelques états du  Moi fermement établis et invariables, dans lesquels les principales  frontières sont inchangeables du point de vue de leur contenu et de leur  étendue ; elle repose aussi sur la manière dont ces états sont investis  de libido – ils deviennent conscients à la suite de diverses  impressions, particulièrement lors d’occasions qui stimulent des affects  analogues (sensations de plaisir/déplaisir selon son état de tension ou  de relâchement). Plus de tels états invariables ont été formés ou  prédisposés  chez une personne, plus ces fondements réactionnels du Moi attachent de  nouveaux contenus et de nouvelles directions réactionnelles,  à des secteurs individuels du Moi et à leur frontière du Moi. C'est à  dire que plus la psyché d'un individu est stimulée et développée dans  des orientations variées, plus riche  est l’individualité de  l'individu alors capable d'appréhender des états individuels nouveaux,  et d'accéder à une meilleure sélection de ses états et multiples  facettes de sa personnalité, pour s'adapter au mieux au réel.
Il  s'agit là d'évoluer en développant sa personnalité, ses potentiels et  autres compétences intrinsèques, selon comment on gère ses affects en  fonction des situations (par exemple si face à un problème on fuit en se  déresponsabilisant, on se fige et on attend, ou l'on cherche une  solution en allant de l'avant). On retrouve là aussi différentes  manières d'être, que ça soit de construction de soi dans  l’action ou l'entreprise d'activité (agir), de stagnation dans la  passivité (attendre), ou destruction dans la réaction impulsive,  inadaptée et disproportionnée (réagir).
Les affects vis à vis du corps

Chaque  affect est un phénomène qui a une origine dynamique et qui  contient des énergies d’investissement qui à tout moment imprègnent le Moi dans les limites de ses frontières, d’une qualité  spécifique de sentiment et d’excitation, et qui continuent d’agir à la  même frontière ou à d’autres frontières, de telle sorte que d’autres  affects puissent naître d’une nouvelle rencontre avec une frontière du  Moi investie de façon affective ou pulsionnelle. Il est question de ce  que l'on vit au quotidien, quand l'on passe d'un sentiment à un autre,  en s'en rendant plus ou moins compte selon le degré de conscience ou  d'inconscience des deux frontières du Moi permettant l'expression et le  ressenti du sentiment. Le surplus d’énergie s’écoulant alors dans  le système somatique, par des tensions musculaires, des gestes nerveux,  des gargouillements gastriques, des modifications du rythme cardiaque et  respiratoire, et autres sudations.

En amour La personne aimée nous apparaît en vérité comme étrange si tout à coup  nous ne ressentons plus rien pour elle, c’est-à-dire si nous avons  enlevé la libido du Moi dont sa représentation était jusque-là investie.  Pas facile d’aimer ses proches quand on est dissocié (clivage du Moi)  et dépersonnalisé en les ayant mis à distance (clivage d'objet). Dans le sentiment d’étrangeté du monde intérieur,  qui est une forme de dépersonnalisation, le patient ne ressent plus ses  affects comme reliés à son Moi. En conséquence, si tous les affects, ou  un grand nombre d’entre eux,  agissent entre deux frontières du Moi qui se  touchent, le non-contact de ses deux frontières empêchent de ressentir  ses affects, de les associer à sa personne, et donc d'éprouver de  l'amour pour ses proches.
Dépersonnalisation comme cause des affects d’angoisse Les expériences de terreur et d’angoisse sont très souvent la cause  des états de sentiment d’étrangeté et de dépersonnalisation,  c’est-à-dire du retrait de la  frontière du Moi à l'endroit du stress (après un accident de voiture,  l'individu s'est coupé de ses affects et parait comme éteint). Il existe  une autre sorte de faiblesse du Moi qui est à distinguer en  principe de l’instabilité des frontières du Moi ; la stabilité ou de l’instabilité des attitudes du Moi dépendant de son sentiment du Moi, des ses frontières et des contre-investissements  narcissiques. Différence entre la peur et l’angoisse Freud a autrefois suggéré, sans jamais revenir là-dessus,  que l’angoisse et la peur se distinguent l’une de l’autre par le fait  que la peur a un objet tandis que l’angoisse est un état mental sans  objet. Il se peut qu'il n’en soit pas ainsi. La différence la plus significative réside  en ce que l’angoisse s’empare du Moi dans sa totalité, et que la peur  ne s’empare que d’une partie du Moi, à la frontière qui est orientée  vers l’objet redouté. Dans le cas de la peur, la sensation de danger  n’existe qu’à la frontière du Moi menacée par le danger. L’appréhension  du Moi dans sa totalité par le sentiment de danger ou par une peur hallucinée, gêne l’observation de la direction de  l’objet d’où menace le danger. De plus, un sentiment de peur peut être  intense sans qu’il devienne angoisse, et un sentiment d’angoisse peut  être d’une intensité faible ; mais ce dernier est bien un sentiment  d’angoisse, car le Moi tout entier a été saisi d’un sentiment de danger,  bien que faiblement. Il existe une autre différence entre la peur et  l’angoisse qui est parallèle à celle-ci. En comparant les deux  sentiments, tous deux contiennent le concept de terreur ; Adler a  également décrit l’angoisse comme danger halluciné. Mais l’angoisse est  le sentiment d’une fuite inhibée par la pensée de la terreur, et la peur  le sentiment d’une autodéfense inhibée de la même façon. En conséquence  l’être angoissé « sent » la menace du danger comme venant toujours de  derrière ; l’être apeuré a la menace devant les yeux, mentalement ou  réellement. Ainsi l’angoisse peut se joindre à la peur ou la peur à  l’angoisse, ou l’une peut se transformer en l’autre. OBJECTIVITÉ, JUSTICE ET PITIÉ SELON LA FERMETÉ DU MOI La résistance des frontières du Moi (la fermeté du Moi) est une  condition préalable de la cruauté aussi bien que de la justice, de la  constance et de la compréhension objective ; l’absence de résistance de  la frontière du Moi est une condition préalable de la pitié, des  sentiments sociaux et de l’humanitarisme, de l’empathie et de la  conciliation. Des frontières du Moi étendues jusqu’à une identification  commune peuvent obtenir un investissement narcissique extrêmement fort  sans que cela soit préjudiciable à la continuation simultanée de la  frontière du Moi individuelle (par exemple dans le nationalisme, les  associations religieuses et politiques, ou les unités militaires) et  par leur résistance elles fournissent aux individus un appui fortement  désiré (sentiment que l'union fait la force). Cette classification caractérologique est en fait bien plus  complexe, car chez un même individu certaines frontières du Moi peuvent  être très résistantes tandis que d’autres le sont moins. Des personnes  dont les frontières du Moi résistent très fortement aux influences  religieuses peuvent d’un autre côté céder à toute autre influence  idéologique importante (politique ou nationaliste par exemple). Ceci est  dû au fait que les  contre-investissements narcissiques sont de force variable et ne sont  pas reliés de la même façon aux différents domaines du Moi, par rapport  aux différents groupes d’objets ou occasions d’identification, et à  leurs  éléments constitutifs efficaces, conscients ou inconscients. Il y a là  un équilibre à trouver entre les différentes frontières de son Moi, pour  rester sur de soi. VIS A VIS DE L’ATTENTION QUE L’ON PORTE A SOI ET AUX CHOSES Non seulement nous sommes conscients des processus qui nous animent, mais en plus nous  sentons la vivacité et la réalité de la perception ou de la pensée, mais aussi de l’affect. Pour une frontière du Moi particulière,  l’intensité de l’investissement libidinal du Moi peut aller du sentiment du Moi le plus vivace (à son plus haut degré  dans la manie ou l’enthousiasme) à son absence dans le sentiment  d’étrangeté (et l'apathie à son plus haut degré), de même, la satisfaction et la sensation d’une expérience  pleine et totale peuvent se produire avec une intensité variable, à tous  les degrés. Ce que Schilder désigne comme « éloignement du Moi » et «  proximité du Moi » ne peut pas s’expliquer en termes de  degré de séparation par rapport au Moi ; et ne peut pas non  plus être conscient à des degrés variables. Au contraire, l’intensité  libidinale de la frontière du Moi est d’une importance très variable.  Chaque union de la libido du Moi et de la libido d’objet contient le  fait qu’elle demeure consciente, et permet de ressentir pleinement son affect.  
Autrement, dans les états dits dissociés, l’attention est diminuée lorsque la vue se floute, l’esprit se  perd dans une diminution des sens qui ne font plus repères, s'opère une montée  d’angoisse suivie d'une phase de dépersonnalisation pour s'en protéger. Du corps à  l’esprit, on en vient à des pensées parasites d’anxiété, et/ou un  déroulement de la pensée dans des liens d’idées instantanées passant  du coq à l’âne, qui entrainent l’esprit dans des ailleurs en quelques  secondes.

En espérant que la frontière de votre Moi intellectuel n'est pas trop décrochée de ce texte long et parfois compliqué.
 
Cet article est une composition de copier/coller et réécriture de différents paragraphes issus de différents articles. Je l'ai constitué pour proposer une approche simpliste mais se voulant la plus complète des frontières du Moi, d'après les travaux de Paul Federn. Les instances psychiques sont des élaborations métaphysiques faisant parties de l'appareil psychique, et offrant un système d'interprétation des mécanismes de l'esprit. Il est conseillé d'avoir lu ces deux articles avant de s'aventurer dans ce long texte : Dépersonnalisation et déréalisation - Troubles du moi Les instance psychiques - LE MOI Globalement, il s'agit dans cet article de traiter des différentes orientations et mode d'action du Moi, lorsqu'il permet à l'esprit d’interagir de de la réalité extérieure à son intériorité, de passer de l’inconscient au conscient en passant par le préconscient, d'aller de l’organique au psychique, via le corps physique, les pensées métaphysiques et les sens qui appréhendent intuitivement l’essence des choses et objets intérieurs et extérieurs (dans des dynamiques d'extraversion et d'introversion). Autrement il s'agit de traiter les mécanismes de projection, d'identification, et d'introjection par les investissements libidinaux et l’action du narcissisme. Pour schématiser, il y a des frontières du Moi conscientes, inconscientes et préconscientes, touchant aux domaines du psychique, du sensoriel, du mental, de l'organique qui englobe le tout : Conscientes - intellectuelles (pensées, intuitions et raison) - mentales Préconscientes - sensorielles (sens et sensations ressenties) - mentales et corporelles Inconscientes - émotionnelles (affects et sentiments éprouvées) – corporelles On verra aussi comment les affects de peur et d’angoisse diffèrent, selon leur implication dans les frontières du Moi. DÉFINITION DU SOI
En étudiant l’opération de la frontière-contact dans le champ organisme-environnement, de la philosophie à la psychologie et à la psychanalyse, ces différentes branches de la pensée ont permise d’élaborer les notions de Soi et de Moi. Le Soi (Self) représenterait les frontières contacts en action, il est donc le système de relations et de réponses de l’organisme à l’environnement, au niveau des frontières où les échanges se produisent entre les deux. Le rôle du Moi vis-à-vis du Soi (sentiment d’exister et délimitations de sa personne, de ses frontières mentales et corporelles) Le Moi est un organe sensoriel psychique permettant de percevoir la réalité. Il est le soutien indispensable de la personnalité en l’unifiant dans son ensemble, que sont le corps et l’esprit (l’individu en soi). Le Moi n’est pas passif, il synthétise les objets et sens perçus, en ressentis, en sensations, et en pensées, tout en agissant en faisant tampon avec ce qui est à l’extérieur de soi : « Le Moi est une unité d’investissement fonctionnelle, changeant avec chaque pensée et perception actuelles, mais retenant le même sentiment de son existence à l’intérieur de frontières distinctes ». « Voilà une bonne description de ce que nous avons appelé plus haut la “personnalité”. Le Self en tant que tel ne ressent pas tant sa propre existence que l’unité de son contact ». On pourrait cependant objecter que le Self ressent sa propre existence lorsqu’il est en contact avec lui-même, dans un mouvement auto-réflexif où il se prend lui-même comme figure, c'est-à-dire lorsque l’on prend conscience de soi, de son existence. « Le Self conscient n’a pas de frontières fixes ; il existe, dans chaque cas, dans le contact avec la situation actuelle et il est limité par le contexte de la préoccupation, par l’intérêt dominant et les identifications et aliénations qui s’en suivent ». LES FRONTIÈRES DU MOI – D’après les travaux de Paul Federn Federn conçoit la frontière comme une frontière contact qui à la fois sépare et relie l’intérieur et l’extérieur, le Moi et l’environnement. Le sentiment du Moi est donc la conjonction du sentiment d'une unité dans le temps, du sentiment d'unité dans l'espace, et du sentiment d'une causalité. Ce mélange fait que l’on se sent exister en soi, plus précisément qu’on est conscient de soi, de part ce qu’on éprouve via son Moi. Ces limites du Moi forment la "frontière mentale et corporelle du Moi". L'évidence du monde extérieur dépend de l'investissement libidinal (énergie psychique et pas que sexuelle) des frontières corporelles du Moi. Nous possédons donc un sentiment permanent d'évidence du monde extérieur qui prend son origine dans le fait que les impressions du monde extérieur passent à travers une frontière corporelle du Moi chargée d'une qualité particulière de sensations, et de sentiments corporels du Moi. Nécessité de définir des limites entre soi et le monde. L'intérêt se porte sur les états de passage, les transitions, comme par exemple le passage entre sommeil et réveil. Il s’agit donc d’une conception dynamique de la notion de limite. La limite n'est pas un obstacle étanche, une coupure radicale, mais une condition essentielle au fonctionnement de l'appareil psychique permettant d'établir des différences internes comme externes tout en permettant des échanges. De plus cette limite, "les frontières du Moi", n'est pas fixée une fois pour toute, elle est en perpétuel changement, variant et fluctuant selon les moments, les situations et les personnes. On prendra pour la suite le terme de « frontière du moi » dans son sens littéral, à savoir jusqu’où s’étend le moi selon ce que nous sentons, ou plus exactement, le point au-delà duquel le Moi ne s’étend pas. Moi / Non Moi. Le sentiment du Moi implique la notion de frontière qui distingue ce qui est ressenti comme Moi, et ce qui est ressenti comme Non-Moi : « Le terme de « frontière du Moi » ne désigne rien d’autre que l’existence d’une perception de l’étendue de notre sentiment du Moi ». La frontière s’instaure lorsque les objets de l’environnement sont ressentis comme extérieurs à l’individu ; ce processus opérant peu à peu dans le développement de l’enfant, et perdurant toute la vie durant.
ORIGINES Le sentiment du Moi, sorte d’auto-sensation de soi-même, existe pour Federn « depuis le début, bien qu’il soit tout d’abord vague et pauvre en contenu », il est en lui-même agréable « sans revêtir un sentiment de satisfaction particulière », il lui reconnaît « la qualité d’un “avant-plaisir” agréable ». Il considère deux aspects à ce sentiment, l’investissement libidinal du Moi psychique et celui du corps propre, l’ensemble constituant le sentiment du Moi global. Le terme de « frontières du Moi » désignant donc le sentiment d’étendue du domaine du Moi (autant mentale que corporelle), « l’éventail des fonctions du Moi ». On peut alors décrire le sentiment du moi « comme sentiment des relations corporelles et mentales, du point de vue du temps et du contenu ». Le sentiment corporel du Moi ne se confond pas avec la perception immédiate que l’on peut avoir de son corps ; c’est plutôt « un sentiment composite qui inclut tous les souvenirs moteurs et sensoriels concernant notre propre personne. Il n’est pas cependant identique à ces souvenirs mais représente plutôt un sentiment unifié des investissements libidinaux des appareils moteurs et sensoriels ».
Satisfaction vs déception
En grandissant naturellement et selon ses expériences et acquis, avec la maturation du corps et de l’esprit, les frontières du Moi corporelles et psychiques s’étendent progressivement toutes deux. Néanmoins les frontières du Moi se retirent des objets chaque fois que l’enfant est déçu par ces objets, chaque fois qu’il trouve que ceux-ci ne sont pas soumis à ses désirs, et chaque fois qu’ils lui font éprouver de la douleur, de la peine, de l’angoisse et même de la peur. On pourrait interpréter dans ce sens le mouvement de projection où des parties internes du Moi ne sont plus ressenties comme appartenant au Moi mais projetées au-delà de ses frontières dans les objets externes (je dénie un sentiment qui est mien, mais dont je ne suis pas conscient et je l’attribue à autrui : « Ce n’est pas moi qui le déteste, c’est lui qui me hait ».
Au contraire, plus un enfant où un adulte est satisfait de l’objet qu’il investit (par exemple rouler avec sa nouvelle voiture), plus les frontières de son Moi s‘étendent dans un sentiment très plaisant de conduire un véhicule qui nous appartient et avec lequel on fait un, en plus de se renseigner sur les caractéristiques de celui-ci (à la manière d’un passionné qui voudrait toujours en apprendre d’avantage sur son sujet). MOBILITÉS - Fixes vs variables Le terme de « frontière du Moi » ne désignera rien d’autre que l’existence d’une perception de l’étendue de notre sentiment du Moi. Il ne s’agit pas d’une frontière rigide. C’est le contraire qui est vrai. Ces frontières (l’éventail des fonctions du Moi), qui, investies de sentiment du moi (donc de libido), appartiennent toujours au moi, et sont perpétuellement en changement.

Les frontières du Moi ne sont ni statiques ni figées ; elles sont au contraire changeantes et mouvantes. Il s’agit d’un processus dynamique, la frontière située à la périphérie du moi jouant le rôle d’organe sensoriel permettant le contact avec l’environnement, lorsqu’un individu sent intuitivement où son Moi finit, et en particulier le moment où la frontière vient de changer. C’est donc davantage une frontière subjective qu’une frontière physique (même si elle prend appui sur la perception des limites du corps). Si les frontières du moi, dans ses différentes manifestations, sont fluctuantes en extension et en intensité, il faut selon Federn, en conclure qu’elles sont investies énergétiquement de façon variable. Il postule donc l’existence d’une énergie pulsionnelle qui s’attache spécifiquement aux frontières et dont les changements d’intensité provoquent les mouvements et les fluctuations de la conscience de ces frontières. Cet investissement peut revêtir différents modes, le plus commun et courant étant l’attention que l’on porte aux choses. « On fait l’expérience de l’investissement actif du Moi dans les projets, la pensée, les actes et sous sa forme la plus élémentaire du phénomène de l’attention. L’investissement passif du Moi détermine le besoin de stimuli. L’investissement réfléchi se manifeste dans l’amour ou la haine de soi ».
Les frontières n’ont donc rien de fixe mais changent sans cesse, dans des investissements ou désinvestissement du Moi ou des objets Il s’agit d’un changement d’étendue en fonction des objets rencontrés à la périphérie du Moi et des mouvements de la libido qui lui correspondent et qui s’accompagnent de sentiment d’étrangeté ou de dépersonnalisation, en particulier en cas de repli des investissements. L’antithèse, économique donc, s’établit entre « l’investissement du Moi » et « l’investissement d’objet », et Federn insiste sur la nécessité de distinguer entre investissements mobiles et investissements statiques. Il souligne que le sentiment du Moi, à sa périphérie, est renforcé à chaque fois que la libido se mobilise à sa frontière, et que « l’attention ou la volonté sont dirigées sur un objet ». Les plaisirs préliminaires renforçant le sentiment du Moi mental et corporel.

Les frontières du Moi peuvent envelopper ou absorber les objets ou les rejeter : « Il est des personnes qui à tout moment étendent leur frontière du Moi pour inclure chaque impression nouvelle ; de ce fait, elles sont toujours prêtes à absorber dans le Moi des objets nouveaux et différents – autrement dit, prêtes à les investir de sentiment du Moi, de libido narcissique – et ainsi à s’engager dans des identifications toujours nouvelles » (exemple du passionné). Ainsi Federn montre bien que la frontière est une frontière contact, fortement investie d’énergie libidinale (c’est-à-dire de mouvement d’attraction ou de répulsion) et qui sert en quelque sorte à « palper » l’environnement pour s’en approprier des éléments et en rejeter d’autres.
Les perceptions du Moi se font donc sur deux plans, l’un psychique, et l’autre physique. Sur le plan psychique on parle d’aperception, quand l’individu a des prises de conscience claires d'une perception, ou d'une connaissance. Sur le plan physique on parle de proprioception, perception qu'à l'homme de son propre corps dans l’espace et le temps. MENTALES Le sentiment psychique du moi est la représentation mentale que l’on a de sa propre personne. Cette représentation induit le rapport qu’à l’individu avec sa propre existence, en se reconnaissant dans son intériorité (ses émotions et ressentis), et dans son environnement (ses possessions, ses activités, son entourage). Par l’intermédiaire des frontières du sentiment du Moi mental, nous devenons conscients du fait que nous ressentons des émotions, des pensées, des perceptions de toutes sortes, des souvenirs, et notre propre parole, notre mouvement, comme pénétrant de l’extérieur dans la zone du Moi, dans notre individualité. Par exemple, je fais mien cet épisode de True Detective quand je le regarde, jusqu’à ce que je mette le suivant, et que je le fasse mien de la même manière, en investissant la série, en me projetant à la place des personnages, dans leur rôle et ressentis selon les situations présentées à l’écran. Selon mon empathie et ma sympathie, varient mes frontières du Moi. CORPORELLES Le sentiment physique du Moi est une représentation psychique des frontières corporelles de sa personne. Une personne normale avec un Moi sain, garde de façon permanente un sentiment plein des frontières de son corps qui, inconsciemment le démarque du monde extérieur. Physiquement l’étendue de la frontière dépend de jusqu’où nos sens et ressentis corporels peuvent nous faire percevoir de la réalité, l’étendue de la frontière de notre Moi définissant notre propre réalité, c’est en cela qu’elle est subjective. Par exemple l’automobiliste qui étend toujours son Moi corporel aux pare-chocs de sa voiture.

Aussi les frontières corporelles ne correspondent pas toujours aux frontières psychiques. Des fluctuations entre les frontières corporelles et psychiques sont courantes au cours du développement. Le corps est ressenti psychiquement comme extérieur au Moi (dépersonnalisation ou déréalisation), ou au contraire les objets extérieurs envahissent l’espace de la pensée (obsessions et ruminations). NARCISSISME - Instance assurant son sentiment d'exister, selon l'estime que l'on se porte d'après l'image que l'on se fait de soi Paul Federn a apporté sa pierre à l’édifice du narcissisme en introduisant les notions de « sentiment du Moi » et d’étendue du Moi, à travers la notion de « frontières du Moi ». Il les conçoit en fonction des quantités de libido investies sur le Moi lui-même, et sur la part de celle-ci qui s’étend aux objets (il y a donc une libido narcissique s'investissant sur le Moi, et indispensable à son propre sentiment d'existence, et une libido d'objet indispensable pour faire exister et donner de la valeur aux gens et aux choses autour de soi). Processus normal d’investir narcissiquement son Moi, pour se sentir exister. En règle générale nous pouvons considérer ce processus d'investissement narcissique comme normal, si le Moi dans sa totalité conserve un équilibre psychique – c’est-à-dire, s’il ne perd pas ses investissements narcissiques – malgré l’apparition d’une réussite particulière, par exemple d’un engagement affectif intense. L'idée étant de ne pas se donner corps et âmes à autrui ou à un objet, au risque de n'exister qu'au travers d'une personne ou d'un objet idéalisé, en n'étant plus soi-même, ou complètement effacé pour laisser briller l'objet monopolisant son énergie psychique, au détriment de sa propre personne. Dans le cas contraire, à trop investir son Moi en narcissisme via sa libido, la personne devient un monstre d'ego et d'auto-satisfaction, et dans une dimension organique en vient à manifester une volonté de puissance, de domination en s’appropriant son environnement, et autrui (les personnalités narcissiques prenant les gens pour des objets). Du narcissisme à la dépersonnalisation.

Ces investissements et désinvestissements libidinaux et narcissiques décrivent le fait d’entrer dans le conscient, de continuer dans celui-ci et d’en disparaître de manière naturelle comme on vit chaque choses et évènements au quotidien, s’il n’y avait le phénomène suivant : tout d’abord, dans le cas d’investissement de libido déficient des frontières du Moi, les expériences psychiques sont conscientes comme d’habitude, mais cependant ressenties avec un sentiment d’étrangeté . D’une part, ce qui devient conscient reste dans le conscient comme faisant partie du monde extérieur et séparé du Moi (ce portable qui sonne est mon portable, sauf que je n'ai pas l'impression qu'il m'appartient, c'est une sensation étrange), tandis que d’autres part, certains contenus en devenant conscients sont absorbés par le Moi, avant d'être assimilés puis intégrés sans qu'il soit question de doute et de sentiment d'étrangeté (c'est mon portable qui sonne, je décroche sans trouver cet acte étrange). La différence est due au fait qu’il y a une grande diversité de frontières du Moi, mais qu’il n’y a qu’une frontière où ait lieu la pénétration dans le conscient. Donc au moment où mon portable sonne, si l'identification à mon portable ne correspond pas à la frontière en lien avec mon portable (la case téléphonie dans sa tête pour imager la chose), alors le phénomène de sonnerie est en contact avec mon Moi à la frontière auditive, mais tout en n’ayant aucun contact avec aucune autre frontière du Moi. Ainsi je sais consciemment que mon portable sonne, mais dans un désinvestissement narcissique de l'objet (ça ne me fait pas kiffer que mon téléphone sonne), je reconnais et considère le phénomène comme appartenant au monde extérieur, bien qu’il occupe momentanément ma frontière auditive du Moi, d'où le fait que je n'éprouve pas la sensation qu'il fait partie de Moi, telle une extension de ma personne. Je l'ai dissocié de ma personne faute de lui associer une frontière définie et en harmonie avec ce que je ressens (on y reviendra dans la partie des affects).

Ces états de sentiments d'étrangeté à l'égard de soi ou d'objet, mais aussi de dépersonnalisation et de déréalisation lorsque le Moi ou les objets environnants sont désinvestis en libido, oblige à distinguer le conscient de la frontière du Moi qui implique une inclusion dans le Moi (par où va sortir ou rentrer l'énergie psychique donnant de la valeur à soi, aux objets et aux choses). Effectivement il existe en nous un grand nombre d’états divers non conscients du Moi, avec une diversité de contenus et de frontières, qui peuvent devenir conscients mais qui, de façon préconsciente ou inconsciente, ont toujours un rôle à jouer dans l’influence exercée sur nos sentiments et nos pensées. Autrement dit, du conscient à l'inconscient en passant par le préconscient, nos frontières du Moi mentales et corporelles peuvent nous laisser coi, nous faisant sembler étranger à nous-même. Qu'il s'agisse d'un état normal ou pathologique, le phénomène de dissociation est le même, mais à des degrés et intensités différents.
LES TROUBLES DISSOCIATIFS VIS A VIS DES FRONTIÈRES DU MOI - Doute vs convictions La notion de frontière du Moi n’est pas chez Federn une simple construction intellectuelle. L'expérience subjective de "sentiment du Moi" a une utilité pratique en assurant une continuité existentielle entre le dedans et le dehors de soi (si la frontière du Moi perd son investissement énergétique, la frontière s’estompe, le Moi n’est plus capable de distinguer clairement l’intérieur et l’extérieur, ce qui se passe « en dedans » et ce qui se passe « en dehors »). C’est l’investissement des frontières du Moi qui permet de différencier le Moi de la réalité extérieure. Et ce sont les fluctuations de cet investissement qui expliquent les perturbations pouvant atteindre le sentiment de réalité. Par exemple les sentiments d’étrangeté et de dépersonnalisation peuvent intervenir dans la vie normale, et sont souvent l’expression d’une perte normale ou pathologique du sens du réel. C’est l’origine des hallucinations où le malade situe dans la réalité extérieure des images, des pensées, des paroles qui se forment à l’intérieur de lui. Sentiment d'étrangeté - Impression de déjà-vu Il faut se représenter le Moi comme une expérience continue du psychisme. Si le sentiment du Moi manque, il se produit le phénomène de sentiment d’étrangeté, qui se décompose en un sentiment intérieur et un sentiment extérieur. L’étrangeté intérieure porte sur les les émotions, les pensées et idées existentielles, et sur ce qui nous introvertie en général. L’étrangeté extérieure porte sur ce qui nous extravertie, à savoir nos aperceptions et intellectualisations qui apparaissent comme manquant de familiarité (quand nos prises de conscience ne semblent pas nous appartenir). Elle porte aussi sur nos perceptions qui manquent de chaleur, de vitalité et de spontanéité. L’étrangeté de sa propre voix réunit l’étrangeté intérieure et extérieure, et alors ses perceptions et aperceptions étrangères ont un caractère commun d’éloignement, constituant souvent le stade initial de la dépersonnalisation. Les objets et les êtres extérieurs sont ressentis comme étranges, perdent leur aspect de familiarité et peuvent même apparaître comme dépourvus de vie ou comme irréels. Federn explique ce phénomène par une perte d’investissement des frontières du Moi, affectant sa sensation de réalité.
L'impression de déjà-vu est fréquent chez celui qui remet en doute sa perception de la réalité, en lui faisant revivre le passé comme si c’était le présent, et inversement. Plus précisément, c’est une impression subjective et inappropriée, laissant pour familière une expérience indéfinie entre présent et passé. Il s’agirait d’une confusion attentionnelle, lorsque sortant d'un instant d'inattention, l’individu se concentrant à nouveau sur le réel, serait confronté à une double lecture dans son esprit, celle du moment présent et d'un souvenir refoulé. Ce qui l’amènerait à vivre simultanément le réel et l’émotion d’un réel déjà éprouvé par le passé. Ainsi il reconnait son émotion passé, mais sans pouvoir l’associer au souvenir lui correspondant, puisqu’il est attentionné au présent.
Dépersonnalisation - Impression de se redécouvrir Arrivé au stade de la dépersonnalisation, l’individu a le sentiment de ne plus exister comme il ne se ressent pas, ou alors de manière floue. Il peut en venir à ne pas se reconnaitre dans un miroir, en s’étonnant d’être soi, plutôt qu’un autre (désinvestissement du Moi en libido narcissique). Ayant perdu son sentiment d’unité et d’individualité, la notion même du vivant devient relative, et ses sensations ne lui paraissent plus évidentes et immédiates. En perdant la continuité existentielles psychiques et physiques de son être, l’individu change de point de vue en n’étant plus le centre de ses réflexions, et il se met à s’observer depuis une position périphérique. De ce nouveau référentiel plus objectif mais dénué d’humanité, l’individu se perçoit comme un être ou objet automatisé, un organisme biologique très développé et évoluant dans une réalité absurde. C’est le sentiment même du Moi qui est atteint. Il y a une perte de conscience de la continuité de soi : « Je ne suis plus moi », « je n’existe plus » pourra dire le dépersonnalisé. Pour Federn, il y a alors « perte de la fermeté interne du Moi » par dissolution des frontières. On peut alors « définir la dépersonnalisation comme l’expérience subjective de l’éclatement du Moi ». Si des représentations (en particulier celles du corps), qui à l’ordinaire appartiennent exclusivement au Moi conscient, perdent leur sentiment du Moi, il s’ensuit un état de dépersonnalisation. Cela se produit dans le phénomène de rupture dans le réveil anormal (quand on ne sait plus où l'on est, qui l'on est, ni où se trouve le haut du bas, la droite de la gauche). Alors le corps est ressenti comme n’appartenant qu’au monde extérieur, hors du Moi, et relié au Moi (historique) uniquement par la mémoire. Ainsi il est véritablement dépersonnalisé. Cependant, il n’est pas ressenti avec un sentiment d’étrangeté, mais comme phénomène jamais encore vécu. Déréalisation - Origine de la déréalité La déréalisation modifie les ressentis au point que l’individu a l’impression que tout est irréel, comme s’il évoluait dans un rêve. Tout lui parait si distant qu’il se voit comme spectateur de sa vie, sa conscience flottant à côté de son corps. La réalité du déréalisé lui parait fausse, tel un décor de cinéma, et il ne ressent plus son environnement intuitivement (pertes des frontières dans un désinvestissement libidinal des objets extérieurs). Ainsi plus rien n’a de valeurs et de significations émotionnelles ou humaines, et il interprète les choses en les analysant au lieu de les vivre, les décortiquant en données statistiques et caractéristiques toujours plus techniques. D’une vie sensorielle lui permettant d’apprécier son monde, le déréalisé fait l’expérience d’un vécu exclusivement mental, son appareil cognitif ayant prit le dessus sur ses capacités à s’émouvoir de la beauté de la nature, ou de ses relations amicales, familiales et amoureuses. C'est donc le désinvestissement libidinal des frontières qui met en échec la capacité du Moi à distinguer réalité interne et réalité externe, produisant ainsi une "fausse réalité", un sentiment de déréalité. Cette frontière, cette limite, est victime d'une véritable mutilation narcissique, le repli libidinal massif est alors secondaire et reste hémorragique, ne trouvant plus à se fixer. " La production d'une réalité fausse est le stade initial de la schizophrénie, la fusion narcissique régressive est un stade tardif. " Les états et troubles dissociatifs font varier les frontières et modifient dans une baisse ou une intensification le sentiment de soi. INDIVIDUALITÉ ET UNIFORMITÉ DU CARACTÈRE VIS A VIS DES FRONTIÈRES ET DES AFFECTS L’uniformité d’un caractère repose sur l’existence de quelques états du Moi fermement établis et invariables, dans lesquels les principales frontières sont inchangeables du point de vue de leur contenu et de leur étendue ; elle repose aussi sur la manière dont ces états sont investis de libido – ils deviennent conscients à la suite de diverses impressions, particulièrement lors d’occasions qui stimulent des affects analogues (sensations de plaisir/déplaisir selon son état de tension ou de relâchement). Plus de tels états invariables ont été formés ou prédisposés chez une personne, plus ces fondements réactionnels du Moi attachent de nouveaux contenus et de nouvelles directions réactionnelles, à des secteurs individuels du Moi et à leur frontière du Moi. C'est à dire que plus la psyché d'un individu est stimulée et développée dans des orientations variées, plus riche est l’individualité de l'individu alors capable d'appréhender des états individuels nouveaux, et d'accéder à une meilleure sélection de ses états et multiples facettes de sa personnalité, pour s'adapter au mieux au réel.
Il s'agit là d'évoluer en développant sa personnalité, ses potentiels et autres compétences intrinsèques, selon comment on gère ses affects en fonction des situations (par exemple si face à un problème on fuit en se déresponsabilisant, on se fige et on attend, ou l'on cherche une solution en allant de l'avant). On retrouve là aussi différentes manières d'être, que ça soit de construction de soi dans l’action ou l'entreprise d'activité (agir), de stagnation dans la passivité (attendre), ou destruction dans la réaction impulsive, inadaptée et disproportionnée (réagir).
Les affects vis à vis du corps

Chaque affect est un phénomène qui a une origine dynamique et qui contient des énergies d’investissement qui à tout moment imprègnent le Moi dans les limites de ses frontières, d’une qualité spécifique de sentiment et d’excitation, et qui continuent d’agir à la même frontière ou à d’autres frontières, de telle sorte que d’autres affects puissent naître d’une nouvelle rencontre avec une frontière du Moi investie de façon affective ou pulsionnelle. Il est question de ce que l'on vit au quotidien, quand l'on passe d'un sentiment à un autre, en s'en rendant plus ou moins compte selon le degré de conscience ou d'inconscience des deux frontières du Moi permettant l'expression et le ressenti du sentiment. Le surplus d’énergie s’écoulant alors dans le système somatique, par des tensions musculaires, des gestes nerveux, des gargouillements gastriques, des modifications du rythme cardiaque et respiratoire, et autres sudations.

En amour La personne aimée nous apparaît en vérité comme étrange si tout à coup nous ne ressentons plus rien pour elle, c’est-à-dire si nous avons enlevé la libido du Moi dont sa représentation était jusque-là investie. Pas facile d’aimer ses proches quand on est dissocié (clivage du Moi) et dépersonnalisé en les ayant mis à distance (clivage d'objet). Dans le sentiment d’étrangeté du monde intérieur, qui est une forme de dépersonnalisation, le patient ne ressent plus ses affects comme reliés à son Moi. En conséquence, si tous les affects, ou un grand nombre d’entre eux, agissent entre deux frontières du Moi qui se touchent, le non-contact de ses deux frontières empêchent de ressentir ses affects, de les associer à sa personne, et donc d'éprouver de l'amour pour ses proches.
Dépersonnalisation comme cause des affects d’angoisse Les expériences de terreur et d’angoisse sont très souvent la cause des états de sentiment d’étrangeté et de dépersonnalisation, c’est-à-dire du retrait de la frontière du Moi à l'endroit du stress (après un accident de voiture, l'individu s'est coupé de ses affects et parait comme éteint). Il existe une autre sorte de faiblesse du Moi qui est à distinguer en principe de l’instabilité des frontières du Moi ; la stabilité ou de l’instabilité des attitudes du Moi dépendant de son sentiment du Moi, des ses frontières et des contre-investissements narcissiques. Différence entre la peur et l’angoisse Freud a autrefois suggéré, sans jamais revenir là-dessus, que l’angoisse et la peur se distinguent l’une de l’autre par le fait que la peur a un objet tandis que l’angoisse est un état mental sans objet. Il se peut qu'il n’en soit pas ainsi. La différence la plus significative réside en ce que l’angoisse s’empare du Moi dans sa totalité, et que la peur ne s’empare que d’une partie du Moi, à la frontière qui est orientée vers l’objet redouté. Dans le cas de la peur, la sensation de danger n’existe qu’à la frontière du Moi menacée par le danger. L’appréhension du Moi dans sa totalité par le sentiment de danger ou par une peur hallucinée, gêne l’observation de la direction de l’objet d’où menace le danger. De plus, un sentiment de peur peut être intense sans qu’il devienne angoisse, et un sentiment d’angoisse peut être d’une intensité faible ; mais ce dernier est bien un sentiment d’angoisse, car le Moi tout entier a été saisi d’un sentiment de danger, bien que faiblement. Il existe une autre différence entre la peur et l’angoisse qui est parallèle à celle-ci. En comparant les deux sentiments, tous deux contiennent le concept de terreur ; Adler a également décrit l’angoisse comme danger halluciné. Mais l’angoisse est le sentiment d’une fuite inhibée par la pensée de la terreur, et la peur le sentiment d’une autodéfense inhibée de la même façon. En conséquence l’être angoissé « sent » la menace du danger comme venant toujours de derrière ; l’être apeuré a la menace devant les yeux, mentalement ou réellement. Ainsi l’angoisse peut se joindre à la peur ou la peur à l’angoisse, ou l’une peut se transformer en l’autre. OBJECTIVITÉ, JUSTICE ET PITIÉ SELON LA FERMETÉ DU MOI La résistance des frontières du Moi (la fermeté du Moi) est une condition préalable de la cruauté aussi bien que de la justice, de la constance et de la compréhension objective ; l’absence de résistance de la frontière du Moi est une condition préalable de la pitié, des sentiments sociaux et de l’humanitarisme, de l’empathie et de la conciliation. Des frontières du Moi étendues jusqu’à une identification commune peuvent obtenir un investissement narcissique extrêmement fort sans que cela soit préjudiciable à la continuation simultanée de la frontière du Moi individuelle (par exemple dans le nationalisme, les associations religieuses et politiques, ou les unités militaires) et par leur résistance elles fournissent aux individus un appui fortement désiré (sentiment que l'union fait la force). Cette classification caractérologique est en fait bien plus complexe, car chez un même individu certaines frontières du Moi peuvent être très résistantes tandis que d’autres le sont moins. Des personnes dont les frontières du Moi résistent très fortement aux influences religieuses peuvent d’un autre côté céder à toute autre influence idéologique importante (politique ou nationaliste par exemple). Ceci est dû au fait que les contre-investissements narcissiques sont de force variable et ne sont pas reliés de la même façon aux différents domaines du Moi, par rapport aux différents groupes d’objets ou occasions d’identification, et à leurs éléments constitutifs efficaces, conscients ou inconscients. Il y a là un équilibre à trouver entre les différentes frontières de son Moi, pour rester sur de soi. VIS A VIS DE L’ATTENTION QUE L’ON PORTE A SOI ET AUX CHOSES Non seulement nous sommes conscients des processus qui nous animent, mais en plus nous sentons la vivacité et la réalité de la perception ou de la pensée, mais aussi de l’affect. Pour une frontière du Moi particulière, l’intensité de l’investissement libidinal du Moi peut aller du sentiment du Moi le plus vivace (à son plus haut degré dans la manie ou l’enthousiasme) à son absence dans le sentiment d’étrangeté (et l'apathie à son plus haut degré), de même, la satisfaction et la sensation d’une expérience pleine et totale peuvent se produire avec une intensité variable, à tous les degrés. Ce que Schilder désigne comme « éloignement du Moi » et « proximité du Moi » ne peut pas s’expliquer en termes de degré de séparation par rapport au Moi ; et ne peut pas non plus être conscient à des degrés variables. Au contraire, l’intensité libidinale de la frontière du Moi est d’une importance très variable. Chaque union de la libido du Moi et de la libido d’objet contient le fait qu’elle demeure consciente, et permet de ressentir pleinement son affect.
Autrement, dans les états dits dissociés, l’attention est diminuée lorsque la vue se floute, l’esprit se perd dans une diminution des sens qui ne font plus repères, s'opère une montée d’angoisse suivie d'une phase de dépersonnalisation pour s'en protéger. Du corps à l’esprit, on en vient à des pensées parasites d’anxiété, et/ou un déroulement de la pensée dans des liens d’idées instantanées passant du coq à l’âne, qui entrainent l’esprit dans des ailleurs en quelques secondes.

En espérant que la frontière de votre Moi intellectuel n'est pas trop décrochée de ce texte long et parfois compliqué.
 
[video=youtube;Rc2Z7c3vXDE]

[video=youtube;paW8gro3WP4]
 
J'ai écouté vite fait la première vidéo quand la prise de son est audible, ça n'a pas vraiment de rapport avec l'article, ou alors faudrait faire des liens entre la prise de conscience des frontières de son Moi, et sa volonté d'accéder au saint Soi...
 
Eh ouai... Le sentiment de moi est une chose qui déclenchera toujours de long discours, si on est honnete, si on le regarde il tremblote, disparait pour réapparaitre ailleurs, c'est kaleidoscopique, il faut avoir les bon yeux ^^
Du coup, approche réaliste (Laura zerty) ou spirituelle (Diego'n'co) ? Peut importe au final, ce qui importe c'est d'etre soi ^^
 
j'avoue que en fait de nouriture intellectuelle ce long texte a le goût du carton... (pas le petitounet hein) mais ptn j'ai quand même voulu lire en forçant toute la vapeur et arriver à piger ce que recèle ce texte très spécialisé. Je suis arrivé à la moitié...

Alors voila: je comprends que cela puisse être passionnant mais les interlocuteurs sont rares en la matière. C'est comme mon topic de la Lyre romantique... Il n'y a pas d'interlocuteur et pourtant il est d'une spécification totalement différente que l'étude ci-présente. On est malgré tout à la même enseigne. C'est de cette façon que je me suis permis de donner mon sentiment ici.


Et je v même participer (du coup je deviens un interlocuteur... quel bol pour Laura !! Ou plutôt quel bol pour son texte.).

J'ai envie de comparer le Moi et le Soi aux fonctions corporelles avec les gestes, les mouvements, que l'on initie par la volonté et ceux qui sont semimatiques (c'est un mot que j'invente... Quoi?).


Je décide de prendre un bibelot et de le poser ailleurs pour le faire cadrer dans la décoration et les meubles.
Ou je décide de prendre une bêche et de creuser au jardin pour retourner la terre et faire un parterre de fleurs ou une plate bande de légumes.
C'est le Moi.


Je respire. C'est un mécanisme semimatique que je peux faire varier (les intervalles entre inspiration et expiration) si je pense à le faire mais que je ne peux commander de façon définitive sous peine de virer au mauve et de mourir.
Ou alors un autre exemple, j'ai envie de faire des enfants...
C'est le Soi.


Là aussi le Moi et le Soi interfèrent entre eux et la frontière entre les deux fluctue mais laissera tjs au moins un espace ténu à l'un des deux ensembles qui font la personne.

Laura si tu trouves cette vulgarisation utilisable prends la. Autrement si tu la trouves exécrable et inapte cela ne me fera rien. C'est vrai que je prends un risque. Mais un interlocuteur est un interlocuteur.
 
amicale_du_pc a dit:
j'avoue que en fait de nouriture intellectuelle ce long texte a le goût du carton... (pas le petitounet hein) mais ptn j'ai quand même voulu lire en forçant toute la vapeur et arriver à piger ce que recèle ce texte très spécialisé. Je suis arrivé à la moitié...

Si tu fais référence à un blotter de LSD, la première fois ça déstabilise toujours plus que les suivantes quand le dosage est corsé :D faut s'accrocher et tenir bon sans s'avouer vaincu, tout n'est que partie remise à ce niveau là !


amicale_du_pc a dit:
Alors voila: je comprends que cela puisse être passionnant mais les interlocuteurs sont rares en la matière. C'est comme mon topic de la Lyre romantique... Il n'y a pas d'interlocuteur et pourtant il est d'une spécification totalement différente que l'étude ci-présente. On est malgré tout à la même enseigne. C'est de cette façon que je me suis permis de donner mon sentiment ici.

Merci de donner ton sentiment ici, effectivement c'est un topic "spécialisé" et pas facile d'accès si on n'est pas intéressé par le sujet, ou qu'on n'a pas la culture pour. Autant je m'y retrouve quand tu parles des Who ou d'autres groupes de rock des 60/70's dans ton travail de documentation, autant quand tu parles de hippies partis se fonceder à Goa, vu que c'est moins ma culture, mon époque et surtout mon délire, j'y accroche moins.

Maintenant en tant que passionné on écrit surtout pour nous, donc même si nous partageons notre travail, il est normal qu'il ne touche pas forcément le plus grand nombre. C'est là où tout dépend de la portée que l'on choisi à son travail. Pour ma part je souhaite pouvoir expliquer les phénomènes de défonce à partir de concepts "reconnus", donc j'essaye de me documenter à partir de travaux qui font autorités, même si comme pour cet article, la spécificité du sujet fait qu'il reste marginal comparé à d'autres articles que j'ai pu proposer. Mais j'ai quand même essayé de mettre des exemples les plus concrets que j'ai pu trouver, sans plus les développer c'est vrai, mais découvrant le sujet moi-même, c'est en synthétisant la théorie et en la laissant murir dans mon esprit, que j'arrive ensuite à l'assimiler et la rapprocher à des exemples de la vie courante.

Je fais aujourd'hui ce travail en sachant que je m'en servirai plus tard dans un travail beaucoup plus vulgarisé, quand j'aurais bien compris ce dont je parle dans mes articles théoriques (mon but étant de passer de la théorie à des exemples de la vie courante que chacun puisse comprendre aisément, ou pas ahah). En le proposant au forum cela me force à mettre en forme les idées choisies pour qu'elles soient au mieux expliquer (c'est à dire contenues dans une taille d'article que j'essaye de garder modérée pour ne pas assommer le lecteur et moi-même), et pour ceux qui lisent mes articles depuis le début, ils devraient commencer à voir que tout se recoupe progressivement, enfin j'essaye de constituer une maille à partir de quelques concepts psys de base. A partir de là faudra voir ce que chacun pourra en tirer, pour ma part je vais continuer dans mes recherches, même si je vais faire une pause sur les articles après celui-ci.


amicale_du_pc a dit:
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J'ai envie de comparer le Moi et le Soi aux fonctions corporelles avec les gestes, les mouvements, que l'on initie par la volonté et ceux qui sont semimatiques (c'est un mot que j'invente... Quoi?).


Je décide de prendre un bibelot et de le poser ailleurs pour le faire cadrer dans la décoration et les meubles.
Ou je décide de prendre une bêche et de creuser au jardin pour retourner la terre et faire un parterre de fleurs ou une plate bande de légumes.
C'est le Moi.


Je respire. C'est un mécanisme semimatique que je peux faire varier (les intervalles entre inspiration et expiration) si je pense à le faire mais que je ne peux commander de façon définitive sous peine de virer au mauve et de mourir.
Ou alors un autre exemple, j'ai envie de faire des enfants...
C'est le Soi.


Là aussi le Moi et le Soi interfèrent entre eux et la frontière entre les deux fluctue mais laissera tjs au moins un espace ténu à l'un des deux ensembles qui font la personne.

Laura si tu trouves cette vulgarisation utilisable prends la. Autrement si tu la trouves exécrable et inapte cela ne me fera rien. C'est vrai que je prends un risque. Mais un interlocuteur est un interlocuteur.

Quelle violence avec toi-même, comparer ta réponse à un apport inapte et exécrable lol..

Ta comparaison me semble pertinente, même si je ne suis pas un prof apte à dire si c'est bon ou pas.

De ce que j'ai compris du Moi, c'est qu'il se manifeste lorsque l'on se parle de soi à soi-même, comme tu l'as dis en utilisant le terme "décider". Du style "Je décide d'aller planter des jolies petites fleurs, je prend ma bêche etc". Le Moi fait se raconter notre propre histoire dans un délire qu'on s'imagine (la petite voie qui parle dans notre tête (souvent de manière imagée/métaphorique) en disant "Moi je")

Alors que le Soi est, tel que je suis, sans même que j'y pense ou décide de quoi que ce soit en me disant de faire ceci ou cela, sans même que je me projette dans une construction mentale, comme lorsqu'on jardine sans même y penser, dans le sens où on le ferait sans se poser de question ou se raconter d'histoire. Je me dis qu'à ce niveau là, on se rendrait compte après coup qu'on a jardiné en se le disant, de manière naturelle parce qu'on était en accord avec soi-même dans son action de jardiner.

Pour ce qui est de la frontière entre le Moi et le Soi, je dirais qu'il n'y a pas de frontières entre ces deux instances, mais que le Moi s'emboiterait dans le Soi à la manière des poupées russes. Pour être Soi, il faudrait que son Moi soit en accord avec tout ce qui nous compose psychiquement et physiquement, que les différentes frontières du Moi soient raccord et fassent s'entendre le corps et l'esprit dans une harmonie où l'on pourrait être soi, sans se poser de question comme dans l'exemple que tu as donné.


Je devais poster deux autres articles sur le narcissisme et le Soi pour terminer ma proposition d'articles sur les instances psychiques, mais les articles doivent juste être mis en forme pour être postés, je vais voir si je me motive à les terminer prochainement. Je me suis laissé déborder ces derniers temps, j'ai eu pas mal de truc à gérer.
 
Ça continue à être bien stimulant, LZ, cool, et c'est encore mieux quand il y a de la participation comme ici.

amicale_du_pc a dit:
ptn j'ai quand même voulu lire en forçant toute la vapeur et arriver à piger ce que recèle ce texte très spécialisé. Je suis arrivé à la moitié... Alors voila: je comprends que cela puisse être passionnant mais les interlocuteurs sont rares en la matière.

Ça vaut en effet le coup de le souligner ! ;) Chacun ses domaines de prédilection, mais là on parle quand même de thèmes fondamentaux pour "la connaissance de soi", qui concernent peu ou prou tout le monde... mais qui peuvent probablement être dits plus complexes qu'aucuns autres si l'on s'attache résolument à creuser jusqu'à se sentir suffisamment éclairé (pour ça, faut y aller profond et essayer de cadrer la quête à une portion assez considérable de la durée de l'existence !).

Il y a une douzaine d'années, dans un "Libé Week-End", j'avais lu l'interview d'un directeur de grande école, je crois que c'était Sciences Po'. À la question sur le type de public qui s'y inscrivait, il avait terminé en mentionnant ceux qui y venaient dans le cadre d'un "projet de vie". Et il avait obligeamment poursuivi en définissant de façon bien concise ce qui pouvait caractériser un projet de vie : "Savoir qui l'on est et ce qu'on va dire aux autres". Mmm, comme c'est simplement et justement dit ! :)

On avance sur ces 2 points de façon "dialectique", en feedback d'une sous-quête sur l'autre. Et comme t'a répondu Zerty ("t'a Zerty répondu", ça sonne mieux ? ;>), et qui vaut pour moi aussi, quand on fait ses "gammes" de "ce qu'on va dire aux autres", le plus important, c'est de travailler à la formulation, avec un auditoire de destination en tête. Après, même s'il n'y a aucune réponse, tu as déjà fait 2-3 heures de boulot pour toi qui te fait avancer ne serait-ce que d'un chouïa (et là, pour ce que produit LZ en ce moment, c'est plus de l'ordre de la grande étape que du chouïa, clairement). Mais c'est mieux quand ça fait causer les autres, of course.


Diego'] [I](cf. "Le Moi a dit:
Le sentiment de moi, [...] si on le regarde il tremblote, disparait pour réapparaitre ailleurs, c'est kaleidoscopique, il faut avoir les bon yeux ^^

Du coup, approche réaliste (Laura zerty) ou spirituelle (Diego'n'co) ? Peut importe au final, ce qui importe c'est d'etre soi ^^

Oui et non. Tout importe (pour le dire vite ;>). Impossible à résoudre si on ne multiplie pas les angles d'approche. Et comme tu le dis plutôt bien, on ne peut pas se bien voir comme objet lorsqu'on est sujet (hé, au passage, l'étymologie, toujours très précieuse dans la quête de sens : "ob-jet" = ce qui est ou peut être "jeté" un peu loin ["ob"] pour être bien examiné ; "su-jet" = ce qui est jeté juste sous moi ["su"] et pas ailleurs, c'est plus dur à examiner !). Zerty a abordé le thème de la dissociation mesurée pour avancer dans la résolution de ce problème, du "recul", de la prise de distance. Comme tu y fais plus allusion, il y a aussi à "regarder un peu à côté", dans un domaine connexe, pour multiplier les figurations de soi "en creux", ou peut-être plus justement les "contours" de soi (puisque le centre est aveuglant) pour en déduire empiriquement le centre.

Ensuite, l'approche "fromage OU dessert" est réductrice, un peu trop manichéenne. Pas "réaliste ou spirituelle", les deux, si possible. D'ailleurs le gourou "Roger" de la "Psy. Éso." (c'est très gentiment que je me moque un peu, là, hein), cité par Diego​, tombe dans le même panneau en tenant absolument à ranger les humains entre ceux qui emprunteraient "la voie cardiaque" et ceux qui emprunteraient "la voie mentale". M'enfin, on n'est pas des roboïdes programmés à la naissance dans une caste ou une autre ! Nous marchons avec une jambe sur chacune de ces "voies", dans des proportions variables selon la personne, mais il me semble tomber sous le sens que plus ces deux façons d'être (affectée et rationnelle) sont équilibrées, mieux nous nous en trouvons.

Et pour revenir à la proposition de Diego, on peut très bien être dans le rationnel d'époque ( = "Bon, qu'on nous lâche avec l'imaginaire surnaturel, ça n'est plus de saison") ET dans le spirituel avec le Christ ("Ecce Homo", la figure exemplaire et inspirante de l'Humanisme) et le transcendantal "panthéiste" symbolique ( = "le moindre brin d'herbe me fascine et me met sur le cul, je pourrai l'examiner une heure, alors je te dis pas tout le reste !" :) ).

Bon, pour moi, les découvertes et la grille de lecture freudiennes sont fondamentales pour la 1ère sous-quête ("savoir qui l'on est", "Connais-toi toi-même") et on a eu l'occasion de bien "boeuffer" là-dessus avec LZ sur le fil "(Part1)". Mais il me semble indispensable de croiser ça avec d'autres approches pour "mieux voir". Freud lui-même a convoqué les mythologies sans discontinuer dans son oeuvre. Il a nommé des tours névrotiques précis d'après des références culturelles antiques (OEdipe, Andromaque, etc.) et a élargi son champ au collectif dans "Malaise dans la civilisation". Avant lui, Ludwig Feuerbach, dans "L'Essence du Christianisme", dès 1841, a fait une sorte de psychanalyse bienveillante et très pertinente au niveau collectif et diachronique de la religion.

Au carrefour de la psychologie et de la sociologie, Paul Ricoeur a établi et étayé le concept "d'identité narrative". L'esprit humain est presque constamment dans le récit intérieur, sur soi et sur les autres ; c'est en nous racontant des histoires ("dont nous sommes le héros") que nous nous construisons. L'Allemand Norbert Elias a rebondi en développant autour du concept plus large de "petit cinéma intérieur". Et comme je te l'ai dit, camarade Psychonaut Master, Jean-Claude Kaufmann fait une très belle synthèse de toutes ces contributions à travers les siècles dans "Ego -- Pour une sociologie de l'individu". Tu as abordé ces aspects dans tes derniers "papiers", et là, je cherche à faire mieux valoir que ces "aventures intérieures" n'ont rien en elles-mêmes de dévoyé (tout dépend "du scénariste" intérieur), au contraire.



amicale_du_pc a dit:
J'ai envie de comparer le Moi et le Soi aux fonctions corporelles avec les gestes, les mouvements, que l'on initie par la volonté et ceux qui sont semimatiques (c'est un mot que j'invente... Quoi?).

Excellent !

Et on comprend d'autant mieux qu'on incline à "faire un sort" à son moi tant il est dans la volonté, souvent bien trop. Il m'est apparu enfin bien clairement l'année dernière que nos dévoiements les plus problématiques étaient dus à un excès de volonté du moi. Ce volontarisme est quasiment toujours compensatoire (d'un noeud) et inefficace dans la vertu. Dans mon cas, il est clair que j'ai cherché à "forcer la virilité", surtout. Le pire, le plus funeste, c'est "forcer la force", ce qui est encore plus large, vise un retour factice, mis en scène avec artifice, de "toute-puissance des 2-3 ans" et précipite souvent "du côté obscur de la Force".

Mais attention, le Soi sans le Moi n'a plus trop de qualité humaine. J'ai une explication en stock dont je suis bien content et qui me semble en parler justement sur un thème connexe. Il s'agissait de faire sens d'un concept qui m'a toujours paru aberrant dans les Écritures, celui du "péché originel".

Les Écritures, anciennes et nouvelles, sont un corpus d'une grande cohérence, d'une grande pertinence sur l'Humain et nettement orientées dans le sens de la bienveillance et de l'élévation en conscience et en vertu. Que vient faire là-dedans cette énorme "tâche" originelle instillant une grosse dose de culpabilité chez tout le monde ??

Un jour, j'ai trouvé à croiser ça avec des considérations sur les animaux. Sous nos yeux (cf. l'émerveillement "panthéiste" devant les prodiges de la Nature vivante), ils manifestent ce qu'on peut légitimement nommer une "grâce d'être" : il nous apparaît qu'il y a une grande harmonie dans tous leurs gestes (hello, amicale_du_pc), qu'il y a une continuité sans quasiment de hiatus entre la formation d'une intention chez eux, sa détermination, et puis toujours une continuité hyper-esthétique et efficace entre l'intention et la concrétisation par l'action ; de plus, toutes leurs ressources (et pas "10%") sont mobilisées pour que l'action soit optimale.

Ils sont dans la grâce d'être la plus poussée... parce qu'ils n'ont pas ou peu de conscience réflexive.

Et là, je pensais (et pense toujours) avoir ma réponse : l'Homme observe ce fait, puis tourne son regard vers lui-même, et... se constate très "gauche", à côté d'eux, incapable de la même continuité sans hésitation entre intention et action, de la même mise en jeu de toutes ses capacités. "Mais comment ça ?? Je vois bien que nous sommes les créatures vivantes les plus évoluées, et ces animaux qui n'ont pas le quart du tiers de notre largeur et plasticité de facultés sont capables d'une harmonie, d'une grâce d'être incomparablement supérieure à la mienne, à la nôtre..." ==> "Nous avons fauté ! Nous l'avions, ça, bien sûr ; et ça a dû nous être enlevé pour une bonne raison".

Bref : il n'y a pas à "jouer le Soi contre le Moi", il y a 1) à aligner les deux, c'est-à-dire à ne pas se prendre pour un autre, se dévoyer, et 2) à reconstruire -- rationnellement et affectivement -- de la grâce d'être à partir d'un Moi humain conscient réflexif qui ne peut plus en disposer naturellement. Il n'y a rien à nier, il y a à devenir soi&moi [PS : OK pour l'image de l'emboîtement-poupées-russes du soi dans le moi ou du moi englobant harmonieusement le soi sans aller chercher à crécher ailleurs]. (Et punaise, comment ça peut occuper, quand on s'y attelle sérieusement ! :D)

╰⊰⊹✿ ✿⊹⊱╮
 
Laura Zerty a dit:
Merci de donner ton sentiment ici, effectivement c'est un topic "spécialisé" et pas facile d'accès si on n'est pas intéressé par le sujet, ou qu'on n'a pas la culture pour. ... Autant je m'y retrouve quand tu parles des Who ou d'autres groupes de rock des 60/70's dans ton travail de documentation, autant quand tu parles de hippies partis se fonceder à Goa, vu que c'est moins ma culture, mon époque et surtout mon délire, j'y accroche moins.

Maintenant en tant que passionné on écrit surtout pour nous, donc même si nous partageons notre travail, il est normal qu'il ne touche pas forcément le plus grand nombre. C'est là où tout dépend de la portée que l'on choisi à son travail... etc...

je réponds longtemps après... Les campings bloquent psychonaut comme un forum de gueux... Quand je serai à la maison ce sera plus commode. mais en attendant je précise déjà que les Whos, les 60/70 et les hippies ainsi que Goa ne doivent pas être ta culture ni ton délire mais c'est l'origine de la drogue dans notre monde industriel, alphabétisé et philosophique... Aujourd'hui aussi... Je fais mon topic pour mettre des choses à jour que l'on ne donne pas dans les livres. Les usagers de stups aujourd'hui ne sont pas des analphabètes de l'An Mil ou des sujets de la Cour des Miracles comme dans les anciennes fumeries d'opium et les campagnes... Il y avait klkes rejetons de bonne famille ayant mal tourné et idem dans les colonies. Ils étaient instruits mais ne représentaient qu'une infime fraction de cette masse de drogués dans le monde. A partir des années que je traite, ce n'est plus le cas pck il s'agit de générations étant passées par les bancs de l'école. la drogue devient alors un phénomène de société.

Des schémas de méthodes scolastiques (<== voir remarque en-bas..) en divers domaines capitonnent les délires si on peut dire... Même si c'est souvent incohérent. Des chiffres, des lettres avoisinent le rêve à l'image de notre évolution. L'aura d'une psyché pour le moins alphabétisée marque le pas d'une différence avec les intoxiqués qui avant étaient issus du ruisseau, alors que au final la même dégénérescence se fait pourtant de plus haut. Tout devient plus fort, plus hard, même la dégénérescence.

J'ai été sur ces plages océanes immenses de l'ouest de la France. La baignade est parfois interdite ou se fait aux risques et périls du baigneur. Le ressac, à partir d'une distance assez précise du bord de l'eau, entraîne le nageur et cela devient impossible de rejoindre le sec. On est foutu. Les secours doivent intervenir. Il n'y a souvent personne dans l'eau sur des dizaines de klm à cause de ça. J'ai été dans l'eau. J'ai nagé près du bord avec l'avertissement en tête. Je suis revenu sur le sec sans m'être noyé. C'est exactement comme la drogue.

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EDIT: après coup je modifie pck c'est plus dans le sens de science, formation, école, que j'ai dit "scolastique" et pas dans le sens de religion. J'ai mal utilisé ce mot. j'en suis dsl.
 
amicale_du_pc a dit:
en attendant je précise déjà que les Whos, les 60/70 et les hippies ainsi que Goa ne doivent pas être ta culture ni ton délire mais c'est l'origine de la drogue dans notre monde industriel, alphabétisé et philosophique...

Les Hippies et Goa non, les Who et autres groupes de rock des 60/70's si.

Mes parents m'ont bercé avec ces sonorités et elles font parties de ma culture musicale. Si j'ai en avatar la pochette du premier album du Velet Underground, ce n'est pas parce que je trouvais rigolote la banane de Wharol :D


amicale_du_pc a dit:
Des schémas de méthodes scolastiques en divers domaines capitonnent les délires si on peut dire... Même si c'est souvent incohérent. Des chiffres, des lettres avoisinent le rêve à l'image de notre évolution. L'aura d'une psyché pour le moins alphabétisée marque le pas d'une différence avec les intoxiqués qui avant étaient issus du ruisseau, alors que au final la même dégénérescence se fait pourtant de plus haut. Tout devient plus fort, plus hard, même la dégénérescence.

C'est ça, on vit dans une société où l'on ne fait que repousser toujours plus loin les limites, et on dégénère tous à notre manière en se disant que c'est normal...c'est le problème du nihilisme contemporain, quand on ne veut plus rien d'autres que satisfaire ses envies le plus rapidement possible. On reste dans cette scolastique à tendance religieuse, alors qu'on ne croit plus en Dieu, donc en envoyant bouler toute autorité alors qu'on est intérieurement programmé pour respecter une autorité morale au dessus de soi, on en vient à développer tous les troubles existentielles possibles, plus on repousse les limites dans le crasse et l'indécent. Marylin Manson a bien représenté cette dégénérescence morale dans son clip "The dope show", quand il chante "We are stars now, in the dope show". On s'affiche dans l'extase et c'est cool, c'est devenu tendance que de montrer qu'on dit merde à l'autorité, et qu'on n'en fait qu'à sa tête en exigeant d'autrui ce que l'on veut...le modèle de l'enfant-roi quoi.


Lee-O a dit:
Bon, pour moi, les découvertes et la grille de lecture freudiennes sont fondamentales pour la 1ère sous-quête ("savoir qui l'on est", "Connais-toi toi-même") et on a eu l'occasion de bien "boeuffer" là-dessus avec LZ sur le fil "(Part1)". Mais il me semble indispensable de croiser ça avec d'autres approches pour "mieux voir".

Oui il est indispensable d'ouvrir ses grilles de lecture, les travaux de Jung me semble très intéressant, comme ceux de nombreux autres auteurs, mais il faut du temps pour s'y consacrer.


Lee-O a dit:
Et on comprend d'autant mieux qu'on incline à "faire un sort" à son moi tant il est dans la volonté, souvent bien trop. Il m'est apparu enfin bien clairement l'année dernière que nos dévoiements les plus problématiques étaient dus à un excès de volonté du moi. Ce volontarisme est quasiment toujours compensatoire (d'un noeud) et inefficace dans la vertu. Dans mon cas, il est clair que j'ai cherché à "forcer la virilité", surtout. Le pire, le plus funeste, c'est "forcer la force", ce qui est encore plus large, vise un retour factice, mis en scène avec artifice, de "toute-puissance des 2-3 ans" et précipite souvent "du côté obscur de la Force".

L'excès de volonté du Moi est un problème narcissique, quand on investit trop son Moi en libido, et qu'on en vient à nier l'autre en se mettant soi en avant, sans passer par la case altérité (la reconnaissance de l'autre). Dans la dialectique Moi Idéal-Idéal du Moi peut se former un n&#339;ud narcissique, et cet article est assez court et bien expliqué pour avoir un aperçu des n&#339;uds narcissiques :

https://plancreateur.wordpress.com/2009/11/06/le-noyau-narcissique/

On évolue dans sa vie en dénouant ce qui nous bloque et nous empêche d'avancer :

Différences entre un n&#339;ud surmonté, neutralisé, paralysant, subi, et imaginé :
&#8211; Un n&#339;ud surmonté existe, mais à été élevé à un niveau de conscience supérieur, nous le convertissons en quelque-chose d&#8217;artistique et d&#8217; utile. (Le n&#339;ud narcissique de Jodorowsky est un noyau surmonté)
&#8211; Un n&#339;ud neutralisé est un n&#339;ud que nous tenons sous contrôle, mais qui apparaît de temps à autre. (Quand nous cherchons des personnes qui sont nées le même jour que nous, essayant de voir en elles notre propre reflet et que nous prenons conscience de l&#8217;absurdité de cette démarche) En réalité il à cessé de nous faire souffrir.
&#8211; Les n&#339;uds paralysants sont ceux qui provoquent une maladie. Pour les identifier nous devons chercher parmi nos obstacles&#8230; Une preuve que le n&#339;ud est dans cette phase est que chaque fois qu&#8217;on aborde le « sujet » apparaissent des larmes ou l&#8217;humeur change.
&#8211; Les n&#339;uds subis sont ceux qui nous causent de la souffrance, nous abusent et nous répétons les abus à la génération suivante.
&#8211; Les n&#339;uds imaginés : nous fantasmons avec un n&#339;ud avec pour but de compenser quelque-chose de pire. Par exemple, le n&#339;ud narcissique du père se camoufle avec le n&#339;ud incestueux du fils.
 
Laura Zerty a dit:
Oui il est indispensable d'ouvrir ses grilles de lecture, les travaux de Jung me semble très intéressant, comme ceux de nombreux autres auteurs, mais il faut du temps pour s'y consacrer.
Beaucoup de temps, c'est certain. S'agissant de Carl Jung, je ferai une exception à ma prévention a priori contre les choix exclusifs : c'est quand même très nettement, dans ce cas particulier -- on le constate dans la pratique, chez les gens --, "Freud OU Jung". Et je te dis ça en ayant tout de même mis 200 balles pour offrir à ma femme l'édition topissime d'il y a quelques années du "Livre Rouge ("Liber Novus").

Pour aller vite, vu de chez moi, Freud, c'est l'approche qui s'efforce d'être la plus réaliste possible, Jung, c'est le choix de l'échappée mystique (sur ces bases psychologiques). On peut très bien poser un certain nombre de phénomènes collectifs sans en faire une mystique. Comme je l'ai écrit précédemment, Freud l'a fait, Feuerbach a livré une psychanalyse collective du phénomène religieux... (Bon, à part ça, j'ai adoré le film de Cronenberg là-dessus !)

Laura Zerty a dit:
L'excès de volonté du Moi est un problème narcissique, quand on investit trop son Moi en libido, et qu'on en vient à nier l'autre en se mettant soi en avant, sans passer par la case altérité (la reconnaissance de l'autre).
Ta citation sur les différents états ou sévérités d'un noeud me semble fort claire et pertinente, mais ce commentaire-ci me paraît trop schématique et généralisé. Dans mon expérience personnelle, cet excès de volontarisme était d'origine principale quasi opposée à celle que tu dis : une trop grande fixation sur un rôle à jouer pour ou vis-à-vis des autres.

Laura Zerty a dit:
C'est ça, on vit dans une société où l'on ne fait que repousser toujours plus loin les limites, et on dégénère tous à notre manière en se disant que c'est normal...c'est le problème du nihilisme contemporain, quand on ne veut plus rien d'autres que satisfaire ses envies le plus rapidement possible. On reste dans cette scolastique à tendance religieuse, alors qu'on ne croit plus en Dieu, donc en envoyant bouler toute autorité alors qu'on est intérieurement programmé pour respecter une autorité morale au dessus de soi, on en vient à développer tous les troubles existentielles possibles, plus on repousse les limites dans le crasse et l'indécent. [...]. On s'affiche dans l'extase et c'est cool, c'est devenu tendance que de montrer qu'on dit merde à l'autorité, et qu'on n'en fait qu'à sa tête en exigeant d'autrui ce que l'on veut...le modèle de l'enfant-roi quoi.
Très bien caractérisé, bravo !

Note que "programmé pour respecter une autorité morale au dessus de soi" et "tendance religieuse", c'est très corrélé. Qu'on ne soit plus en situation de "croire en Dieu" ne met pas automatiquement fin à toute perspective religieuse. Dans le prolongement de ce qu'on disait avec Diego, il me semble que le Christ peut rassembler de ce point de vue une bonne partie de l'humanité (mais dans une évolution nécessaire des religions actuellement constituées, c'est pas gagné, oui, je sais ;>), d'autant qu'Il est LA figure de l'émancipation de la subordination, jusque-là martelée par la plupart des formes religieuses antérieures.

J'en parlais comme du dernier "prophète", celui de l'Humanisme en tendance (ce qui caractérise le fil religieux judéochrétien et qui a participé à lui conférer son pouvoir civilisateur, c'est que la "cosmogonie" qu'il pose n'est plus cyclique et/ou intemporelle mais évolutive). Et je voulais l'autre jour mentionner -- je l'aurais fait si je n'avais pas déjà fait aussi long -- un article sur lequel j'étais tombé le matin même, à propos d'un bouquin dont le thème central est l'humanisme, et qui parle, comme nous ici... de Descartes, de dissociation, de Moi, de drogues|addictions, qui mentionne même le "Je est un autre" de Rimbaud, et dont la thèse centrale rejoint ton développement ci-dessus, que je peux cosigner !

L'article est un billet du blog hébergé par Libé d'Agnès Giard, "Les 400 culs", et le livre sur lequel il porte s'appelle "Pornoculture" et a été écrit par Claudia Attimonelli et Vincenzo Susca :

Les 400 culs - Le selfie, c’est porno ? - Libération.fr

Les auteurs partent du porno et s'en servent de fil conducteur, mais c'est en réalité dans une acception plus large que celle désignant des ébats sexuels crus filmés en gros plan, un peu comme la pensée commune étend elle-même la notion ces dernières années, notamment en ayant créé le concept de "Food Porn" (sans aucun organe sexuel impliqué !).

Le propos, en gros, est de dire que tout ce qui décloisonne le public du privé sape toute possibilité d'ordre constructif et progressiste -- humaniste -- et que c'est aujourd'hui un phénomène généralisé et quasi obsessionnel.

J'ai été très heureux de lire ça (même si Agnès Giard promet implicitement de démonter la thèse des auteurs dans son prochain billet ["what a cliffhanger", dis donc !]) : les auteurs semblent développer une thèse qui est similaire à ma propre vision des choses et je compte bien commander et lire "Pornoculture" sous peu.

Le titre me renvoie d'ailleurs à un autre, marquant pour moi, "Cyberculture", de Pierre Lévy (1997), parmi 3-4 autres qu'il a écrits au tournant XXè/XXIè, dont "World Philosophie" (2000). Avec un lyrisme marquant et un esprit de synthèse civilisationnelle remarquable (tenu pour partie de son maître, Michel Serres), Pierre Lévy y faisait sonner brillamment les trompettes d'un humanisme se saisissant des technologies et du virtuel pour être à la hauteur de la situation.

Vingt ans plus tard, on en est déjà revenus, la perspective semble inversée (et "c'est chaud !", au sens de "ça chie !"). Est-ce la fin des H....... ?
 
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