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LE MONDE DES SENSATIONS (2) - DES SENSATIONS A LA CONNAISSANCE

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Deleted-1

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 LE MONDE DES SENSATIONS (2) - SENSATION ET CONNAISSANCE



Tiré d'un cours du CNED (La raison et le réel), et de lectures diverses​



Tout ce qui est dans notre esprit nous vient des sens et de l'expérience, et non pas de notre esprit. Toutes nos connaissances nous viennent des sens, exceptées ce qui dans nos connaissances, relève des mécanismes de notre esprit lui-même, c'est à dire ce que l'on peut apercevoir par la réflexion, l’introspection. La sensibilité se rapporte aux fonctions de l'esprit que sont la généralisation, l'identification, la distinction, la mémoire, l'imagination, l'anticipation et le jugement. Sentir et percevoir revient à toujours percevoir quelque chose de déterminé, d'identifié par rapport à une classe générale d'objets, et de distingué par rapport à d’autres choses (on distingue un chat d'un chien, qui sont des idées générales relevant respectivement d'une espèce animale spécifique). Percevoir, c'est donc toujours juger, identifier et se souvenir de ce qu'on a perçu de ressemblant, de semblable et de différent, c'est généraliser et mettre en relation.​

La problématique soulevée sera de déterminer ce qui est objectif et subjectif dans le schéma sensation - perception - interprétation, étant donné qu'une sensation est objective, et que l'interprétation de cette sensation est subjective.​

La sensation est présente à tous les animaux dès la naissance, leur permettant avant même de pouvoir se déplacer et explorer leur monde, d'être en relation avec l'environnement via les sens. Grâce à la sensation, le monde parait se donner au sujet, se présenter à lui-même. La sensibilité est donc une forme de réceptivité et de passivité pure, et les sens semblent fournir des connaissances de la façon la plus simple, la plus naturelle, la plus ancienne, et la plus constante qui soit. Mais toutes nos connaissances sont-elles fournies par les sens où découlent t-elles d’autres sources comme la tradition, l'instruction, la réflexion, le raisonnement ou le calcul par exemple ? Tout notre savoir nous vient-il des sens ou nos connaissances doivent-elles être élaborées, rendues possibles ou accessibles par d'autres fonctions de l'esprit, telles la raison, l'intelligence, l'entendement (faculté de comprendre, de saisir l'intelligible par opposition aux sensations) ? Après tout les mathématiques sont une forme de connaissance non issue des sens.​

La réponse est que les sens en tant que fonction de l'esprit mettant en relation directe le sujet avec les réalités considérées comme des objets déterminés et délimités, ne suffissent pas à fournir toutes les connaissances, qui sont aussi liées à d'autres types d'apprentissage rationnel et intellectuel (raison et entendement) ou irrationnel et émotionnel (imitation de type sympathique et/ou empathique, production d'états affectifs, de représentations subjectives à partir de sentiments, de croyances ou d'illusions). Effectivement, la sensibilité recouvre autant le pouvoir de percevoir subjectivement des affects et des sentiments (sensations internes), que de percevoir objectivement des objets et des informations (sensations externes). La problématique pouvant se situer dans cette transition très complexe de l'objectivité des perceptions à la subjectivité des interprétations, avant d'en revenir à une connaissance expérimentale raisonnée et plus ou moins objective, dite scientifique (posons l'équation croyance + vérité = connaissance vraie).​

Le problème de faire confiance à ses sens et à ses interprétations étant de risquer de prendre ce qui est faux pour vrai (voir masque de l'ego), et de manquer de discerner le réel de l’imaginaire, l'existant du possible. La prise de connaissance est donc propre à chaque sensibilité, à chaque corps selon ses capacités sensorielles et intellectuelles.​


DEUX VOIES ISSUES DES SENSATIONS MENANT A LA CONNAISSANCE - L'imagination et l'entendement

La première voie est celle de l'imagination, qui est confuse en procédant par une surimpression des images mentales, qui sont autant d’empreintes reçues passivement par l’esprit à l’occasion de la rencontre sensationnelle, et dont le résultat est une image globale, approximative. L'imagination permet des connaissances passives amenant à représenter par une image mentale confuse l'être humain par le mot "homme". C'est une généralité qui n'apprend rien de la nature intrinsèque de l'être humain, parce que les êtres humains sont aussi différents que pluriels : « Sitôt que les images se confondent entièrement dans le Corps, l'Âme aussi imaginera tous les corps confusément, sans nulle distinction, et les comprendra en quelque sorte sous un même attribut […] Ces termes signifient des idées au plus haut degré confuses." - Spinoza.​

La seconde voie est celle de l'entendement, cette faculté de comprendre intellectuellement les choses en tant qu'idée affirmant une chose, en la définissant et la déterminant dans un concept, et non dans une vision, ou une forme tirée d'une image mentale issue de l’imagination. Confondre les idées/concepts et les images mentales revient à se tromper entre ce qui relève de son entendement et de son imagination : « Ceux qui, en effet, font consister les idées dans les images qui se forment en nous par la rencontre des corps […] regardent les idées comme des peintures muettes sur un panneau et, l'esprit occupé par ce préjugé, ne voient pas qu'une  idée,  en  tant  qu'elle  est  idée,  enveloppe  une  affirmation  ou  une négation.  » -  Spinoza.​

Les sens influencent donc l'imagination et l'entendement en divisant la substance du monde, c'est à dire en la séparant dans des représentations visuelles (images mentales) ou des représentations conceptuelles (idées/pensées). L'esprit humain par les sens, ne peut saisir la globalité du monde, pour cela il faut en passer par l'intuition.​

Sensibilité et compréhension du Tout infini, une question d'illusion sur fond d'intuition​

Le sujet prend donc connaissance des choses par le canal des sens, mais attention, les sens ne donnent pas toutes les connaissances, parce qu'ils cachent toujours quelque chose dans ce qu'ils font apparaitre. La forme apparente des choses qui apparait au sujet, enveloppe et cache ce qui est en dessous ou à l'intérieur des choses (on voit la surface de l'océan, mais pas les poissons nageant en dessous). On ne voit donc jamais tout d'une chose. Si l'expérience sensible est une condition nécessaire de l'objectivité, est-ce une condition suffisante pour croire à tout ce que l'on ressent, à tout ce que l'on pense ?​

Les sens ne suffissent pas à indiquer quelles impressions sont véritables et fiables, de celles qui ne le sont pas. Par exemple les sens ne sont pas capables de percevoir l'infiniment grand ou l'infiniment petit, concept qui ne peut être appréhender qu'intuitivement, ou au travers de données mathématiques, donc qui ne relève pas de la sensibilité (la différence sera faite dans l'article suivant). L'infini de l'univers ne peut être l'objet d'une expérience sensible, et non plus l'objet d'une connaissance objective possible aujourd'hui. C 'est une idée que l'on a du mal à penser, et qu'on tente tant bien que mal de conceptualiser dans une équation regroupant l’infiniment grand et l'infiniment petit (voir théorie du tout). On peut connaitre objectivement les multiples et différentes parties du monde, mais pas le monde en lui-même comme tout, puisque seule l'intuition permet de saisir l'univers dans son ensemble, mais que momentanément, très brièvement (plus le regard s'élargit, moins l'observation est précise). Le monde tout entier ne peut être perçu dans sa globalité, il ne peut être représenté qu'au moyen de points de vue divers, grâce à des sciences diverses basées sur des connaissances expérimentales, et non des données sensibles. Mais comment savoir si une connaissance est plutôt subjective ou objective ?​

Différence entre connaissance objective et connaissance subjective dans la relation d'un sujet à un objet​

Une connaissance est objective quand ce sont les propriétés de l'objet qui déterminent le contenu de la connaissance (on examine une roche selon ses composants chimiques et atomiques, qui sont des propriétés objectives). Une connaissance est subjective quand ce sont les propriétés du sujet (de l'observateur) qui déterminent son contenu (lorsque sa propre subjectivité dépendant de ses goûts, ses désirs, ses intérêts, ses préférences, ses préjugés, etc...influence ses perceptions et avis - par exemple lorsque l'on dit qu'on aime cette roche parce qu'on la trouve jolie, c'est une connaissance subjective que l'on se fait de la roche lorsque nos sens éveillent notre sensibilité esthétique). Dans le cas de connaissances transmises par la culture, l'enseignement, la lecture ou l'oral, ce que l'on sait réellement, c'est le fait d'avoir entendu ou lu un discours, et non si le contenu du discours est vrai.​

Si les informations données par les sens sont objectives, tout ce que les sens fournissent n'est pas connaissance objective, et ils ne nous donnent pas accès eux-mêmes sans médiation à tout ce qui est réalité objective. Il faut une élaboration de moyens théoriques et techniques pour permettre à la réalité d'être accessible aux sens. Il faut une élaboration rationnelle et conceptuelle de ce que nous fournissent les sens pour en faire une connaissance objective. Il faut une méthode, qu'on ne peut réduire au simple usage des sens et qui doit s'y ajouter de façon réfléchie comme une démarche intellectuelle, rationnelle, d'une part pour distinguer dans ce que fournissent les sens entre ce qui est illusoire ou biaisé, et ce qui est fiable et que qu' l'on peut garder et élaborer, d'autre part, pour atteindre, à partir de ce que fait apparaitre une première expérience par les sens, des réalité dérobées et insoupçonnées, qui ne se laissent pas atteindre aussi immédiatement par eux. Il faut enfin que cette démarche soit démonstrative, scientifique​


LE POINT DE VUE NIETZSCHÉEN

Sans rentrer dans la complexité de la philosophie de Nietzsche à propos de la vérité et de la connaissance, retenons que pour lui il est question d'une Petite Raison de l'esprit qui n'est rien en comparaison de la Grande Raison du corps, lorsque ça pense inconsciemment en soi avant que l'esprit intellectualise consciemment ce que le corps lui dit au travers des sens, des sensations, de ses sensibilités (on en revient au fait que les adultes posent des mots sur leur sensation, en interprétant les choses avant même de les ressentir pleinement, ils calquent une image ou un concept sur les informations que leurs sens leur apportent).​

La connaissance est d'abord corporelle et somatique avant d'être raisonnée et verbalisée par la psyché, en devenant intelligible​

De cette manière Nietzsche critique le dualisme platonicien et cartésien, lorsque Platon et Descartes dissocie l'esprit du corps, en privilégiant le monde intelligible au monde sensible pour le premier, et le cogito à l'être pour le second (je simplifie pour dire que l'ego n'est qu'un complexe résultant de nos affects et passions qui en font voir de toutes les couleurs à notre raison et à notre logique). Le problème étant de préférer croire aux idées plutôt qu'au réel, de dénier la réalité en écoutant son ego nous raconter ce qui nous rassure, au lieu d'écouter ses sens, ses intuitions, de comprendre les causes de ses déterminismes. Pour Nietzsche il ne faut ni préférer le corps, ni l'esprit, mais tendre à harmoniser son être (corps et esprit, sensations et raison) pour éprouver son âme de la manière la plus adéquate qui soit.​


Voyons maintenant les liens entre recherche de sensations et addiction : http://www.psychonaut.fr/thread-31894.html[/LEFT]
 
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