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L'ADDICTION - INTRODUCTION

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Deleted-1

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LA DÉPENDANCE EST UN ÉLÉMENT INTRINSÈQUE DE LA CONDITION HUMAINE




Tout commence par la dépendance à la mère-sein, puis les trajectoires de nos vies continuent d'êtres prises en étau dans une série de dépendances multiples, même si nous n’en sommes pas toujours conscients, en ce sens que la nature humaine cherche à vivre en conformité avec les standards socioculturels dans lesquels elle baigne. Nous sommes donc tous dépendants et soumis à une série d’idéaux collectifs qui sont à la base de tout contrat social. Et ce même si nous n’avons rien demandé, parce que tout ça a toujours existé avant nous. Nous nous voyons donc obligés de nous plier à ces dépendances aux normes, aux limites, aux déterminismes sociaux et naturels, et d’accepter les ravages du temps, de l'Histoire, comme par ailleurs d’être dépendants du langage qui exerce sur notre construction psychosexuelle et notre structure psychologique une marque indélébile. En résumé, la dépendance est notre destinée, de même que la lutte incessante et inhumaine que nous menons contre elle, pour essayer d’y échapper. Nous sommes donc paradoxales, et il parait indispensable de connaitre ses paradoxes dans l'optique d'advenir à soi-même.

Les victimes de l’addiction sont toutes engagées dans une lutte contre les dépendances universelles propres à l’être humain, y compris l’illusion de redécouvrir la nostalgie du paradis perdu de l’enfance, l'impression de liberté, l’absence de toute responsabilité et de la notion du temps qui passe. Cependant certains acceptent de reconnaître qu’ils n’ont pas pu exprimer leurs terreurs primitives ou qu’ils les ont refoulées en raison de fantasmes prégénitaux violents, en refusant ainsi l’essentiel des relations humaines qu'est d'exprimer leurs émotions, mais plutôt en s'embarquant dans une quête effréné de sensations, bref il est question de traumatisme enfantin (mais que personne ne veut reconnaitre chez lui bien sur). Aussi ces personnes craignent parfois d’être désintégrées par une relation amoureuse dans laquelle l’amour est assimilé à la mort, quand l'engagement est perçu comme une atteinte à leur volonté d'être libre. Alors s’efforcer de trouver les mots pour communiquer et élaborer ses sentiments est une expérience inaugurale pour tout individu.

Faire de la conduite addictive, qui est une pure répétition d'actes impulsives, un symptôme ne suffit pas. En effet, s’il paraît logique que le sujet puisse se sortir concrètement de la conduite manifeste et, ce, par les moyens que les institutions et la société mettent à sa disposition, un problème reste en suspens : celui du statut du symptôme. Si, dans le cadre de la cure, le sujet réussit à faire du symptôme la question de son rapport à l’addiction et à son objet, ce symptôme compulsif (qui ne se confond plus avec la dépendance concrète à un objet) assure une cohésion du sujet, en tant qu'il donne ou fait sens à son existence. S’interroger sur l’addiction, le rapport à l’objet, c’est bien questionner le rapport à l’errance, à la déréliction qu’il évite, mais aussi la nature de ce qu’il permet (à quoi sert-il ? en quoi la drogue nous est utile en tant qu'objet de substitution, et non comme raison de notre mal-être).

Il est donc question de besoin, de temps, de choix et d'une envie de liberté

L’addiction concrète se manifeste comme une réponse dans le réel à une interrogation sur le désir, la jouissance, le rapport à la société. Pour aliénante qu’elle soit, cette réponse n’en constitue pas moins quelque chose avec laquelle le sujet doit apprendre à vivre. En effet, si la disparition de la conduite concrète d’addiction peut être considérée comme une évolution extrêmement positive, puisque le sujet n’a plus recours à cette solution illusoire, il reste que certaines abstinences restent tout autant addictives que la dépendance. Le processus addictif persiste, puisque la consommation ou la rencontre avec l’objet ou le produit entraînent un risque de reprise de la dépendance, de rechute souvent lié à des facteurs stressants. La question analytique est alors de soutenir le sujet dans un travail d’analyse et d’assomption des potentialités addictives qui agissent en lui, et qu’il lui appartient de situer par rapport à son désir.

Aujourd’hui, la science médicale crée une nouvelle discipline qui s’impose au sein des hôpitaux généraux : l’addictologie

Elle propose une méthode active et efficace pour traiter les « nouvelles dépendances », dont la toxicomanie. Pour les sujets toxicomanes, on considère que l’abstinence au produit est l’objectif premier. Mais on sait d’expérience que cette forme de guérison n’est qu’éphémère et annonce les récidives ultérieures. Car l’abstinence obtenue par la maîtrise à l’aide des thérapies comportementales et cognitives (TCC) et des médicament de substitution (TSO) écarte le registre subjectif, le dialogue intérieur indispensable pour se comprendre. Les causes restent inentamées, masquées, et leur poussée contraint de recourir soit aux mêmes produits soit à la recherche d’autres toxiques et d’autres mélanges de substances psychoactives. Par exemple, on voit régulièrement des patients traités pour dépendance à l’héroïne passer à la cocaïne ou de la cocaïne à l’alcool, ou aux benzodiazépines, etc. De même, on rencontre aussi des sujets qui évitent leur thérapeute, car trop envahis par la honte d’avoir failli au contrat d’objectif d’abstinence proposé. Si, en effet, l’ennemi désigné par l’addictologue confirme ce dont vient se plaindre le sujet : l’objet drogue, alors il est promu comme le signifiant qui vient éclairer les malheurs du sujet, façon de dénier toute mise en cause du sujet en question. Il s’agit d’accuser de concert un objet toxique pour le plus grand soulagement du sujet et de la famille, et d’innocenter ainsi toute responsabilité des uns et des autres, rendant impossible la compréhension de la structure psychique poussant le sujet à être addict.

Ainsi la facilité et la mauvaise foi font que la majorité du temps la drogue est pointée du doigt, victime de nos fausses morales et de nos déresponsabilisations, alors qu'elle n'est que l'objet de nos consommations, de nos addictions. Et chacun sait que jamais la drogue n'a sauté dans le nez ou dans les veines d'un usager, le plus souvent c'est l'individu cause de lui-même qui s'est administré le produit. Maintenant qu'en est-il de la responsabilité de nos sociétés poussant à l'addiction, cette mécanique du système nous rendant dépendants dès le plus jeune âge à toutes sortes de produits et de biens, et que l'on accepte parce qu'ils font partis de notre quotidien, de nous-mêmes.



Cette introduction et les articles suivants sont des compositions faites à partir de nombreux articles, que j'ai rafistolé à ma guise afin de développer tous les points abordés dans cette introduction dense et générale, et pour en éclairer une grande partie des aspects de l'Addiction, avec un grand A :

1 - Qu'est-ce que l'addiction, les différents types et objets d'addiction, et modes de consommation

2 - Estime de soi et addiction, une problématique d’idéaux, d’absolu et d'image de soi trop ou pas assez valorisée
3 - Les origines de l'addiction, le noyau pathogène des toxicomanies vis à vis du fantasme, de la mère et du père
4 - Reviviscence des angoisses du passé, retour du refoulé et recherche de sensations fortes, le circuit de récompense
5 - Cliniques, vis à vis des structures névrotiques, psychotiques et cas-limites (borderlines)
6 - Dépression et addiction, d'éventuelles corrélations ?
7 - Pourquoi se droguer ? Quelques causes et raisons, manque de dialogue intérieur et problèmes identitaires
8 - Cadres, rites, temporalité et aliénation
9 - Adolescence et anxiété, quelle importance donner au facteur stress ?
10 - Les paradoxes du tox (PART 1) - Introduction à une introspection au marteau (-18)
11 - Les paradoxes du tox (PART 2) - Si tu lis, tu seras juge...De toi-même (-18)
12 - Les paradoxes du tox (PART 3) - Nihilisme et consommations de stupéfiant (-18)
13 - Les paradoxes du tox (PART 4) - Prendre du recul

Sources (celles que j'ai pu retrouver, ça fait un an que j'ai tout ça en gestation dans des dossiers empoussiérés) :​

 
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