Allahdamnit
Matrice Périnatale
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- 25/9/15
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Holà tout le monde! Je fais le trip report de mon premier trip d'acide, presque un an après sa prise. J'ai attendu un certain temps avant d'écrire, par pure procrastination, mais comme ça vous aurez les meilleurs moments sans trop de détails, car j'ai tendance à m'étendre, et de toutes façons, l'expérience fut telle que certaines scènes resteront gravées dans ma mémoire jusqu'à la fin de mes jours. Ce TR est très personnel, chaque participant pourrait en écrire un très différent selon sa vision de l'expérience. Mais passons.
CADRE TEMPOREL:
début décembre 2014, je suis en stage en entreprise et je travaille de 15 heures à minuit, je ne vois presque personne et j'ai le goût de passer du temps avec des amis pour une fois. J'ai acheté 10 doses de 120µ dont le surplus sera pour plus tard, d'un ami d'une amie, le type comme tel se révélera plus tard être un sympathique luron.
SETTING [noms modifiés]:
Mon appartement avec Jul, un coloc; Oli et Sam. Nous sommes tous amis d'enfance ou presque et c'est tous notre première fois. Nous sommes accompagnés d'un sitter, Frank, ami psychonaute récemment rencontré, d'une force mentale et spirituelle surprenante, probablement le gars le plus rassurant qui puisse nous être donné comme accompagnateur. Il ne dose pas avec nous ce soir-là. Est aussi présent mon autre coloc qui ne dosera pas non plus et qui avait un examen à passer le lendemain, puisse-t-il nous pardonner.
LE DÉBUT
Je reviens tout fébrile à mon appartement de ce vendredi de travail, Oli est déjà là, Frank et Sam nous rejoignent bientôt, et éventuellement on se décide à prendre une demi dose (60µg) chaque sur recommandation de Frank, histoire de voir comment ça monte. C'est tranquille, on jase, on joue de la musique et à divers jeux vidéo dans le salon, on teste le nouveau pouf géant que j'ai cousu moi-même pour l'occasion et bourré avec des morceaux de mousse grossièrement coupés, ce qui lui vaudra le nom de "La Tumeur". Peu après, arrivent par surprise mon amie mentionnée précédemment et son contact qui m'a fourni le stock. Il se trouve que ce dernier est un artiste de musique trance psychédélique (géniale, d'ailleurs), il nous fait écouter ses sets pendant que ça monte très lentement. Très bon setting. Ils nous proposent de fumer un ou deux joints, mais on refuse, on veut être réveillés et 100% sobres quand le LSD embarquera.
La montée se fait sentir après environ 45 minutes, c'est très léger pour commencer: une sensation de contraction dans l'estomac, qui ne me quittera pas de toute la nuit. Puis viennent une espèce de "détachement" corporel dur à décrire, c'est comme si tous mes gestes étaient effectués d'abord conceptuellement dans ma tête, puis ensuite physiquement, je ne le vois plus en direct, mais en différé. C'est très étrange. Puis vient un effet d'abord semblable aux bons sativas, de tête dans les nuages, un "buzz" mental particulièrement euphorique et agréable. Plus le temps avance, plus ce buzz prend une teinte qui lui est propre, c'est indescriptible, mais en gros c'est comme si toute ma tête vibrait à très haute fréquence, recevant et émettant des informations.
À ce moment, on décide d'essayer quelques activités amusantes, tenter des jams musicaux entre autres: je me rends compte que ma dextérité est très réduite, j'ai une misère folle à jouer de la basse correctement. Jul se met à avoir une certaine peur de "La Tumeur", il s'imagine que les bosses apparentes sous le tissu, causé par les cubes de mousse, sont des membres et des têtes humaines hurlantes. Pour faire passer le bad, il s'écrase confortablement le cul dedans, comme ça il ne la voit plus. Problème réglé.
On parle de théories fumeuses, de situations invraisemblables et d'autres trucs louches. Pour nous faire réfléchir ou flipper, Frank nous dit:
"imaginez-vous une femme qui donne naissance à une petite fille qui grandit très rapidement, la femme disparait et la petite fille devient cette exacte femme, qui donne aussitôt naissance à une petite fille..." et ainsi de suite comme une boucle étrange. Alors que normalement l'image m'aurait rendu incrédule, je me souviens l'avoir regardé et de lui dire candidement : "mais ce que tu me dis là a beaucoup de bon sens!"
LA THÉORIE DES ONDES
Nos deux arrivants-surprise finissent par partir. Mon coloc va dormir. On décide d'écouter de la musique, du Infected Mushroom et du Gorillaz. Après quelques chansons, Jul tente d'écrire les titres pour s'en rappeler, les trouvant très bonnes; mais il est trop gelé pour les écrire correctement, les lettres s'entassent et deviennent un amas informe d'encre ou l'on peut distinguer vaguement "Heavyfeahfh" et "Gorillaz Dawr", ou approximativement. Une frénésie d'écriture s'empare alors du groupe: Oli se met à écrire ses propres 3 lignes de conneries, Sam aussi. Ils peinent à aller plus loin, trop pétés qu'ils sont.
Personnellement, il me prend la même chose, mais assorti d'une espèce d'illumination scientifico-divine. J'ai eu l'impression pendant un moment de comprendre l'Univers entier: celui-ci n'est fait uniquement que d'ondes! Un amas gigantesque d'énergie qui vibre à tout un tas de fréquences différentes, les atomes se tiennent grâce aux vibrations, les cerveaux des animaux émettent et reçoivent des vibrations qui peuvent être interprétées (j'ai littéralement imaginé de la thélépathie), je conceptualise les relations humaines et le langage non-verbal par les vibrations, chaque personne a son "aura", sa "vibe" selon son état.
Je me retrouve cependant frustré à ne pouvoir faire ce sortir ce capharnaüm titanesque d'idées que par un petit crayon. J'angoisse un moment au vu de la tâche colossale de rédaction qui se dresse devant moi, mais bientôt, je me rassène: l'univers contient toute cette information déjà. Tout un tas de livres et d'ouvrages ont été rédigés sur le sujet, je n'aurai qu'à faire un minimum de recherche. Je me contente donc d'écrire à peu près:
"imaginez que chaque personne est une onde pure oscillant à des fréquences lui étant propres selon son état d'esprit. Chaque interaction humaine est une opération faisant interagir ses ondes (interférences constructives/destructives). Insérer la physique des ondes là dedans".
Finalement, mon texte n'aura pas fait plus que 3 lignes non plus. Je suis bel et bien défoncé.
L'EXPÉDITION
Frank nous propose éventuellement de sortir dehors. L'idée est acceptée dans un enthousiasme général et nous nous mettons en branle tout de suite: cela nous prendra un solide 30 minutes à se lever, enfiler nos bottes et nos manteaux et sortir dehors.
La première chose qui me frappe est la température: elle est parfaite. Il ne fait pas trop chaud ni trop froid. D'énormes flocons de neige tombent, la nuit est magnifique. Premier visuel: les branches nues des arbres semblent gigoter comme plein de petits doigts. C'est soir de tempête, les rues sont bloquées comme jamais. Nous nous enfonçons dans la partie huppée du quartier, et le spectacle est absolument hilarant: les rues sont tellement encombrées de neige qu'elles sont tout à fait impraticables en automobile. On a tout juste pour nous, piétons sous l'effet de l'acide, riant de bon cœur devant l'échec de la civilisation face à Dame Nature. Chaque nouvelle rue ridiculement enneigée est une nouvelle occasion de se marrer encore plus fort.
On change de cap et on se dirige vers un grand parc vide à cette heure. Sur le chemin, je remarque qu’Oli est seul dans son coin derrière nous et a la tête en l'air, distant. Je ralentis un peu pour lui jaser de son propre trip, et il me dit simplement qu'il profite du silence pour ressentir pleinement les effets. Le ciel a l'air foutument plus intéressant pour lui à ce moment que tout le reste du monde, je comprends qu'il a son buzz personnel, je rejoins les autres.
On arrive au parc, la neige est encore vierge. Citation épique de Jul: "Tabarnak que j'ai le goût de fourrer!". Fou rire. C'était tellement brutalement honnête et inattendu. On devient des vrais enfants à nouveau, on oublie que nous sommes tous des étudiants sérieux; gambadant dans la neige, riant sans raison. Sam et Jul s'amusent dans les modules pour enfants, on voit que ça les fait reconnecter avec des beaux moments. Oli, encore dans les vapes, regarde les arbres avec insistance. Je parle avec Frank de ma théorie des ondes, il semble vivement intéressé. Je crois que j'écrirai un ouvrage plus sérieux sur le sujet bientôt.
Du coin de l'oeil, je vois Sam et Jul tomber mollement dans la neige pour admirer le ciel, mais à ce moment je crois les voir tomber face contre terre. Riant, je leur demande: "venez-vous de faire un faceplant?" (se dit de l'acte de tomber mollement face première sur le sol comme un cadavre). "Imaginez que quelqu'un, comme ça, sans raison, fasse un faceplant dans la neige vierge! Ce serait la chose la plus vulgairement drôle et sans but que j'aie vue!"
J'avais exprimé l'idée sans aucune intention, sans ne m’attendre à rien, mais Oli, encore fixé sur les arbres, avait entendu. Je le vois alors se laisser tomber mollement, comme un cadavre, face première dans la belle neige blanche, et cette image restera en moi toute ma vie. Rire comme ça, je pensais mourir.
Je suis tombé sur le sol et j'ai pleuré de rire pendant deux bonnes minutes. Il venait de donner vie au meilleur gag du monde. Évidemment, attirés par le bruit, tout le monde arrive et, de fil en aiguille, tout le monde finit par faire son propre faceplant dans l'hilarité générale.
L'épisode du parc se conclut sur une résolution de ne jamais perdre son coeur d'enfant. On parle un peu de la naissance de l'univers, j'émets l'idée que notre univers est en expansion et qu'éventuellement, il deviendra un fatras de vibrations de toutes les fréquences (appelé bruit blanc). puiis se répandra en un néant d'énergie dispersée. Et que se passera-t-il après le néant? PAF! sans raison, un homme tombant face première dans la neige blanche fera naître un univers nouveau.
À ce moment là, j'aime tout le monde, je me sens en communion avec notre petit groupe. Ostie que je les aime! C'est le moment que Jul, pourtant très peu démonstratif, choisit pour se retourner, me regarder avec un grand sérieux, et de me donner une étreinte amicale franche et chaleureuse. Je devrai réellement regarder de plus près le fait que nos états d'esprit sont des ondes et interagissent sans qu'on en ait conscience.
LA VILLE MAJESTUEUSE
Nos pas nous mènent vers l'oratoire Saint-Joseph, monument de Montréal, dont la cour est totalement déserte en cette nuit enneigée. Encore une fois, tout ça juste pour nous
Voir la pièce jointe 17625
Jul et Sam ont un sévère visuel avec la grande statue : ils s’imaginent que la tête se tourne pour les suivre des yeux. Ils la regardent avec un mélange de crainte/curiosité. Je ne vois personnellement rien. Deux d’entre nous grimpent la butte pour observer la ville, je reste avec Frank et un autre près de la statue. Après un moment, Frank sort son celulaire et met la chanson « Time to pretend » de MGMT. C’est un événement! Je sens l’énergie monter en moi, et Frank nous encourage à courir vers le sommet de la butte. Au moment où la batterie embarque, c’est le départ : au rythme du drum, je cours au-devant de la majestueuse bâtisse, le vent dans les cheveux, la neige sous mes pieds, le sourire aux lèvres, c’est l’extase.
On arrive en haut, et on tourne le dos à l’oratoire pour admirer la ville. Frank nous met cette fois « Where is my mind » des Pixies, la chanson de la fin du film Fight Club. Debouts devant l’immensité du paysage urbain sous la neige, fiers et défoncés au sommet de la colline, on peut presque voir les grattes-ciels s’effondrer au loin devant nous, même si il n’y en a pas dans cette partie de la ville. C’est monumental.
LA DESCENTE
On retourne chez moi après toutes ces émotions. On s’assure de ne pas faire trop de bruit, on parle en silence, on fume un batte pour que la descente se fasse tranquillement. On commence à faire un retour sur la soirée. Éventuellement, Oli retourne chez lui, c’est le premier à quitter le groupe, je ressens un pincement, j’apprécie peu que la bulle éclate. Les autres restent dormir. Je le raccompagne à la porte en me jurant que demain j’irai le voir pour faire un bon récapitulatif à tête froide.
Je ne m’endors pas, je suis incapable de dormir sur les psychédéliques. Je m’imagine 1000 scénarios, certains étranges, d’autres inquiétants. C’est surprenant comme je deviens anxieux facilement quand j’essaie de dormir sur les psychédéliques. Je me bats contre mon badtrip, je le questionne. Je finis par comprendre en l’analysant que j’ai peur de perdre mes proches, et en poussant plus lois, réalise que j’ai simplement peur de ne pas avoir le temps de leur dire que je les aime avant qu’ils ne disparaissent. Pour commencer à me réconcilier, je finis par envoyer de puissantes ondes d’amour à mes amis et au monde entier, ce qui m’emmène tranquillement vers le sommeil, bien enfoncé dans La Tumeur.
Le lendemain, on ira dans un restaurant de déjeuners se faire le plein d’énergie, et je passerai voir Oli pour ne laisser personne en reste.
J’ai très apprécié la première expérience du LSD. J’ai vécu des expériences personnelles et humaines profondes, et j’ai affronté et compris des peurs internes profondément ancrées en moi.
Et vous, qu’en pensez-vous?
CADRE TEMPOREL:
début décembre 2014, je suis en stage en entreprise et je travaille de 15 heures à minuit, je ne vois presque personne et j'ai le goût de passer du temps avec des amis pour une fois. J'ai acheté 10 doses de 120µ dont le surplus sera pour plus tard, d'un ami d'une amie, le type comme tel se révélera plus tard être un sympathique luron.
SETTING [noms modifiés]:
Mon appartement avec Jul, un coloc; Oli et Sam. Nous sommes tous amis d'enfance ou presque et c'est tous notre première fois. Nous sommes accompagnés d'un sitter, Frank, ami psychonaute récemment rencontré, d'une force mentale et spirituelle surprenante, probablement le gars le plus rassurant qui puisse nous être donné comme accompagnateur. Il ne dose pas avec nous ce soir-là. Est aussi présent mon autre coloc qui ne dosera pas non plus et qui avait un examen à passer le lendemain, puisse-t-il nous pardonner.
LE DÉBUT
Je reviens tout fébrile à mon appartement de ce vendredi de travail, Oli est déjà là, Frank et Sam nous rejoignent bientôt, et éventuellement on se décide à prendre une demi dose (60µg) chaque sur recommandation de Frank, histoire de voir comment ça monte. C'est tranquille, on jase, on joue de la musique et à divers jeux vidéo dans le salon, on teste le nouveau pouf géant que j'ai cousu moi-même pour l'occasion et bourré avec des morceaux de mousse grossièrement coupés, ce qui lui vaudra le nom de "La Tumeur". Peu après, arrivent par surprise mon amie mentionnée précédemment et son contact qui m'a fourni le stock. Il se trouve que ce dernier est un artiste de musique trance psychédélique (géniale, d'ailleurs), il nous fait écouter ses sets pendant que ça monte très lentement. Très bon setting. Ils nous proposent de fumer un ou deux joints, mais on refuse, on veut être réveillés et 100% sobres quand le LSD embarquera.
La montée se fait sentir après environ 45 minutes, c'est très léger pour commencer: une sensation de contraction dans l'estomac, qui ne me quittera pas de toute la nuit. Puis viennent une espèce de "détachement" corporel dur à décrire, c'est comme si tous mes gestes étaient effectués d'abord conceptuellement dans ma tête, puis ensuite physiquement, je ne le vois plus en direct, mais en différé. C'est très étrange. Puis vient un effet d'abord semblable aux bons sativas, de tête dans les nuages, un "buzz" mental particulièrement euphorique et agréable. Plus le temps avance, plus ce buzz prend une teinte qui lui est propre, c'est indescriptible, mais en gros c'est comme si toute ma tête vibrait à très haute fréquence, recevant et émettant des informations.
À ce moment, on décide d'essayer quelques activités amusantes, tenter des jams musicaux entre autres: je me rends compte que ma dextérité est très réduite, j'ai une misère folle à jouer de la basse correctement. Jul se met à avoir une certaine peur de "La Tumeur", il s'imagine que les bosses apparentes sous le tissu, causé par les cubes de mousse, sont des membres et des têtes humaines hurlantes. Pour faire passer le bad, il s'écrase confortablement le cul dedans, comme ça il ne la voit plus. Problème réglé.
On parle de théories fumeuses, de situations invraisemblables et d'autres trucs louches. Pour nous faire réfléchir ou flipper, Frank nous dit:
"imaginez-vous une femme qui donne naissance à une petite fille qui grandit très rapidement, la femme disparait et la petite fille devient cette exacte femme, qui donne aussitôt naissance à une petite fille..." et ainsi de suite comme une boucle étrange. Alors que normalement l'image m'aurait rendu incrédule, je me souviens l'avoir regardé et de lui dire candidement : "mais ce que tu me dis là a beaucoup de bon sens!"
LA THÉORIE DES ONDES
Nos deux arrivants-surprise finissent par partir. Mon coloc va dormir. On décide d'écouter de la musique, du Infected Mushroom et du Gorillaz. Après quelques chansons, Jul tente d'écrire les titres pour s'en rappeler, les trouvant très bonnes; mais il est trop gelé pour les écrire correctement, les lettres s'entassent et deviennent un amas informe d'encre ou l'on peut distinguer vaguement "Heavyfeahfh" et "Gorillaz Dawr", ou approximativement. Une frénésie d'écriture s'empare alors du groupe: Oli se met à écrire ses propres 3 lignes de conneries, Sam aussi. Ils peinent à aller plus loin, trop pétés qu'ils sont.
Personnellement, il me prend la même chose, mais assorti d'une espèce d'illumination scientifico-divine. J'ai eu l'impression pendant un moment de comprendre l'Univers entier: celui-ci n'est fait uniquement que d'ondes! Un amas gigantesque d'énergie qui vibre à tout un tas de fréquences différentes, les atomes se tiennent grâce aux vibrations, les cerveaux des animaux émettent et reçoivent des vibrations qui peuvent être interprétées (j'ai littéralement imaginé de la thélépathie), je conceptualise les relations humaines et le langage non-verbal par les vibrations, chaque personne a son "aura", sa "vibe" selon son état.
Je me retrouve cependant frustré à ne pouvoir faire ce sortir ce capharnaüm titanesque d'idées que par un petit crayon. J'angoisse un moment au vu de la tâche colossale de rédaction qui se dresse devant moi, mais bientôt, je me rassène: l'univers contient toute cette information déjà. Tout un tas de livres et d'ouvrages ont été rédigés sur le sujet, je n'aurai qu'à faire un minimum de recherche. Je me contente donc d'écrire à peu près:
"imaginez que chaque personne est une onde pure oscillant à des fréquences lui étant propres selon son état d'esprit. Chaque interaction humaine est une opération faisant interagir ses ondes (interférences constructives/destructives). Insérer la physique des ondes là dedans".
Finalement, mon texte n'aura pas fait plus que 3 lignes non plus. Je suis bel et bien défoncé.
L'EXPÉDITION
Frank nous propose éventuellement de sortir dehors. L'idée est acceptée dans un enthousiasme général et nous nous mettons en branle tout de suite: cela nous prendra un solide 30 minutes à se lever, enfiler nos bottes et nos manteaux et sortir dehors.
La première chose qui me frappe est la température: elle est parfaite. Il ne fait pas trop chaud ni trop froid. D'énormes flocons de neige tombent, la nuit est magnifique. Premier visuel: les branches nues des arbres semblent gigoter comme plein de petits doigts. C'est soir de tempête, les rues sont bloquées comme jamais. Nous nous enfonçons dans la partie huppée du quartier, et le spectacle est absolument hilarant: les rues sont tellement encombrées de neige qu'elles sont tout à fait impraticables en automobile. On a tout juste pour nous, piétons sous l'effet de l'acide, riant de bon cœur devant l'échec de la civilisation face à Dame Nature. Chaque nouvelle rue ridiculement enneigée est une nouvelle occasion de se marrer encore plus fort.
On change de cap et on se dirige vers un grand parc vide à cette heure. Sur le chemin, je remarque qu’Oli est seul dans son coin derrière nous et a la tête en l'air, distant. Je ralentis un peu pour lui jaser de son propre trip, et il me dit simplement qu'il profite du silence pour ressentir pleinement les effets. Le ciel a l'air foutument plus intéressant pour lui à ce moment que tout le reste du monde, je comprends qu'il a son buzz personnel, je rejoins les autres.
On arrive au parc, la neige est encore vierge. Citation épique de Jul: "Tabarnak que j'ai le goût de fourrer!". Fou rire. C'était tellement brutalement honnête et inattendu. On devient des vrais enfants à nouveau, on oublie que nous sommes tous des étudiants sérieux; gambadant dans la neige, riant sans raison. Sam et Jul s'amusent dans les modules pour enfants, on voit que ça les fait reconnecter avec des beaux moments. Oli, encore dans les vapes, regarde les arbres avec insistance. Je parle avec Frank de ma théorie des ondes, il semble vivement intéressé. Je crois que j'écrirai un ouvrage plus sérieux sur le sujet bientôt.
Du coin de l'oeil, je vois Sam et Jul tomber mollement dans la neige pour admirer le ciel, mais à ce moment je crois les voir tomber face contre terre. Riant, je leur demande: "venez-vous de faire un faceplant?" (se dit de l'acte de tomber mollement face première sur le sol comme un cadavre). "Imaginez que quelqu'un, comme ça, sans raison, fasse un faceplant dans la neige vierge! Ce serait la chose la plus vulgairement drôle et sans but que j'aie vue!"
J'avais exprimé l'idée sans aucune intention, sans ne m’attendre à rien, mais Oli, encore fixé sur les arbres, avait entendu. Je le vois alors se laisser tomber mollement, comme un cadavre, face première dans la belle neige blanche, et cette image restera en moi toute ma vie. Rire comme ça, je pensais mourir.
Je suis tombé sur le sol et j'ai pleuré de rire pendant deux bonnes minutes. Il venait de donner vie au meilleur gag du monde. Évidemment, attirés par le bruit, tout le monde arrive et, de fil en aiguille, tout le monde finit par faire son propre faceplant dans l'hilarité générale.
L'épisode du parc se conclut sur une résolution de ne jamais perdre son coeur d'enfant. On parle un peu de la naissance de l'univers, j'émets l'idée que notre univers est en expansion et qu'éventuellement, il deviendra un fatras de vibrations de toutes les fréquences (appelé bruit blanc). puiis se répandra en un néant d'énergie dispersée. Et que se passera-t-il après le néant? PAF! sans raison, un homme tombant face première dans la neige blanche fera naître un univers nouveau.
À ce moment là, j'aime tout le monde, je me sens en communion avec notre petit groupe. Ostie que je les aime! C'est le moment que Jul, pourtant très peu démonstratif, choisit pour se retourner, me regarder avec un grand sérieux, et de me donner une étreinte amicale franche et chaleureuse. Je devrai réellement regarder de plus près le fait que nos états d'esprit sont des ondes et interagissent sans qu'on en ait conscience.
LA VILLE MAJESTUEUSE
Nos pas nous mènent vers l'oratoire Saint-Joseph, monument de Montréal, dont la cour est totalement déserte en cette nuit enneigée. Encore une fois, tout ça juste pour nous
Voir la pièce jointe 17625
Jul et Sam ont un sévère visuel avec la grande statue : ils s’imaginent que la tête se tourne pour les suivre des yeux. Ils la regardent avec un mélange de crainte/curiosité. Je ne vois personnellement rien. Deux d’entre nous grimpent la butte pour observer la ville, je reste avec Frank et un autre près de la statue. Après un moment, Frank sort son celulaire et met la chanson « Time to pretend » de MGMT. C’est un événement! Je sens l’énergie monter en moi, et Frank nous encourage à courir vers le sommet de la butte. Au moment où la batterie embarque, c’est le départ : au rythme du drum, je cours au-devant de la majestueuse bâtisse, le vent dans les cheveux, la neige sous mes pieds, le sourire aux lèvres, c’est l’extase.
On arrive en haut, et on tourne le dos à l’oratoire pour admirer la ville. Frank nous met cette fois « Where is my mind » des Pixies, la chanson de la fin du film Fight Club. Debouts devant l’immensité du paysage urbain sous la neige, fiers et défoncés au sommet de la colline, on peut presque voir les grattes-ciels s’effondrer au loin devant nous, même si il n’y en a pas dans cette partie de la ville. C’est monumental.
LA DESCENTE
On retourne chez moi après toutes ces émotions. On s’assure de ne pas faire trop de bruit, on parle en silence, on fume un batte pour que la descente se fasse tranquillement. On commence à faire un retour sur la soirée. Éventuellement, Oli retourne chez lui, c’est le premier à quitter le groupe, je ressens un pincement, j’apprécie peu que la bulle éclate. Les autres restent dormir. Je le raccompagne à la porte en me jurant que demain j’irai le voir pour faire un bon récapitulatif à tête froide.
Je ne m’endors pas, je suis incapable de dormir sur les psychédéliques. Je m’imagine 1000 scénarios, certains étranges, d’autres inquiétants. C’est surprenant comme je deviens anxieux facilement quand j’essaie de dormir sur les psychédéliques. Je me bats contre mon badtrip, je le questionne. Je finis par comprendre en l’analysant que j’ai peur de perdre mes proches, et en poussant plus lois, réalise que j’ai simplement peur de ne pas avoir le temps de leur dire que je les aime avant qu’ils ne disparaissent. Pour commencer à me réconcilier, je finis par envoyer de puissantes ondes d’amour à mes amis et au monde entier, ce qui m’emmène tranquillement vers le sommeil, bien enfoncé dans La Tumeur.
Le lendemain, on ira dans un restaurant de déjeuners se faire le plein d’énergie, et je passerai voir Oli pour ne laisser personne en reste.
J’ai très apprécié la première expérience du LSD. J’ai vécu des expériences personnelles et humaines profondes, et j’ai affronté et compris des peurs internes profondément ancrées en moi.
Et vous, qu’en pensez-vous?