Laura Revenudelaba
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En suite de cette série d'articles sur le film cérébral dans sa tête.
Quelques définitions à propos de ce que nous disent les neurosciences et la psychanalyse sur la subjectivité :
- Qualité (inconsciente ou intérieure) de ce qui appartient seulement au sujet pensant (dimension ontologique).
- Le moi, la conscience (dimension égotique réflexive, reflet apparent de l’ego à la surface de l’esprit, dans nos représentations mentales).
- Présence du sujet parlant dans son discours (dimension symbolique du langage).
- Appréciation, attitude qui résulte d'une perception de la réalité, d'un choix effectué en fonction de ses états de conscience (dimension morale et éthique, quand les valeurs qui animent nos subjectivités nous orientent dans nos actions, par exemple : dans un magasin j’achète ou je n’achète pas ceci ou cela malgré la pub qui m’y incite, je fume ou ne fume pas cette clope, je respect tel principe, etc.
CONSTITUTION DE LA SUBJECTIVITÉ, QUI EST UN PROCESSUS PSYCHO-PHYSIQUE ET NON UNE CHOSE
Le processus de subjectivation repose sur trois composantes essentielles que sont les perspectives orientées, la perception des émotions et l’intégration des expériences. Le processus est donc dynamique, en liant ces trois composantes dans :
- L’élaboration d’une perspective personnelle propre à nos images mentales (image de soi, d’un objet, de tout ce qui compose l’esprit et que l’on rapporte à soi, dans une approche égocentrée ---> on est notre propre référence, via nos 5 sens qui appréhendent le corps dans l’environnement, avant de s’en faire une idée mentale, via nos sentiments de soi, des choses)
- L’accompagnement de ces images sensorielles et mentales par les sentiments donc, qui sont les piliers de notre subjectivité (dans le sens où nos sentiments sont les reflets psychiques de nos émotions physiques. Il y a perception des émotions physiques à un niveau psychique, mental, dans notre esprit, qui est notre point de référence, via notre corps sensible).
- L’intégration des images perçues (et les perspectives subjectives associées) dans des canevas mentaux plus ou moins étendus. C’est-à-dire des idées, des opinions, des constructions mentales qui structurent nos visions de la réalité, avec une dimension politique selon ses orientations morales.
Ainsi nos images mentales définissent notre rapport au monde, selon nos affinités politiques qui, moralement, se constituent physiologiquement. On développera ça dans un autre article, qui présentera la manière dont les appréhensions morales, du corps à l’esprit, façonne la culture, et inversement dans des dynamiques de réciprocité (liens idéologiques entre individus/collectifs et institutions, ou comment l’on est structuré dans nos pensées/comportements/habitudes via une intériorisation de normes plus ou moins imposées par la société, et contre lesquelles on se rebelle plus ou moins, selon nos valeurs et réactions morales face aux injustices).
ORIGINES DE LA SUBJECTIVITÉ (DIMENSION ONTOLOGIQUE)
La subjectivité émerge dans la dimension réflexive du moi, en train de se percevoir (dimension morale dans une auto-observation justifiant/critiquant son existence - sentiment d’exister en soi, par soi). Ce réfléchissement égotique, d’après un point de référence auto-centré (ni bien ni mal, c’est ainsi), répond à l’influence de la représentation intérieure (dans l’esprit) d’un objet extérieur sur notre propre organisme. Je vois une belle personne ou j’entends une belle idée, ça provoque un affect en moi, qui me renvoie à moi par rapport à un stimuli extérieur.
« Pour que la subjectivité puisse exister, il faut que la fabrication des images soit orientée selon une perspective, un point de vue précis - et il faut que notre sentiment d’ensemble omniprésent accompagne le traitement des images. Ces deux phénomènes proviennent directement du corps proprement dit. » - Antonio Damasio
« Les systèmes neuraux requis pour engendrer le phénomène de subjectivité doivent au minimum, comprendre des cortex sensoriels fondamentaux (dont, notamment, les cortex somatosensoriels) ainsi que des régions d’association corticales sensorielles et motrices et des noyaux subcorticaux (principalement le thalamus et les ganglions de la base) présentant des propriétés de convergence, les rendant capables de fonctionner en tant qu’ensembles de « tierce partie ». » - Antonio Damasio
On comprend que la subjectivité émerge entre le corps et l’esprit, dans l’organisation fabuleuse qu’est le système nerveux central (cerveau+moelle épinière), entre interactions hormonales et neurales. Cette convergence, entre hormones et neurones dans notre système nerveux, permet l’émergence de l’esprit du corps, dont le point d’émission est la subjectivité (l’esprit se percevant lui-même, d'où va émerger la conscience réflexive, autrement dit de soi).
LANGAGE ET ORIGINE DU JE (DIMENSION SYMBOLIQUE)
« Les êtres humains possèdent des capacités narratives de second ordre, fournies par le langage, grâce auxquelles peuvent être construites des narrations verbales à partir des non verbales. La forme raffinée de subjectivité qui est la nôtre émerge sans doute de ce dernier processus. Le langage n’est peut-être pas à l’origine du moi, mais il est très certainement à la source du « Je ». » - Antonio Damasio
Ce « Je » en soi, est le sujet auquel se réfère le moi (le moi étant son ego), quand le « Je » est la forme langagière de l’expression symbolique de sa subjectivité.
« La subjectivité est l’inlassable construction d’un récit. Ce récit dépend des circonstances dans lesquelles se trouvent les organismes disposant des caractéristiques cérébrales requises ; cela dépend aussi de leurs interactions avec le monde qui les entoure, avec le monde de leurs souvenirs et avec leur monde intérieur. C’est là l’essence même des mystères de la conscience. » - Antonio Damasio
FONCTIONS DE LA SUBJECTIVITÉ (DIMENSION MORALE ET ÉTHIQUE - POLITIQUE)
Le sentiment de soi apporte une orientation à l’esprit conscient
La subjectivité permet de s’approprier ce que l’on sent et ressent, d’affirmer que c’est « ma conscience ». Elle permet de décrire ce qui nous passe par la tête, de se pencher sur les images qui nous traversent, de les inspecter avec plus ou moins de clarté, plus ou moins d’effort.
Lorsque les images (perçues ou remémorées) sont insérées dans les contenus mentaux, ils sont entrecoupés de percepts du moment présent (ce qui est perçu comme tel mentalement, sans référence à des concepts comme résultats de l'acte de la perception - en gros on se perçoit simplement, sans mettre de mot ni d’idée conceptualisée dessus, on se ressent le plus basiquement qui soit, au niveau psychique - je me sens moi-même, tout simplement). Ces percepts sont structurés et personnalisés, en constituant des « points d’ancrage » où vont s’élaborer nos subjectivités. Points d’ancrage nécessaires pour que notre perspective individuelle existe.
Lorsque l'on fait une ego death, on réduit sa subjectivité a peu de chose, dans une diminution de son sentiment d'exister en soi, par soi, pour soi (on ne rapporte plus à rien à soi-même, du fait que plus rien n'a d'intérêt ni valeur). Au plus fort d'une expérience de mort imminente, sa subjectivité est (presque) réduite à néant dans une désintégration de sa personnalité, dont les points d'ancrage ne constitue plus une structure capable d'opérer la coordination des éléments nécessaires à l'avènement de sa conscience propre. On est au-delà de l'état de veille, comme mort.
La question du libre arbitre
Autrement dit nous n’inventons rien (ou presque), mais faisons que répéter des idées articulées tout autour de nous, qui orientent nos prises de décisions, inconscientes comme conscientes. La subjectivité nous fait rapporter à nous-mêmes, nous approprier des idées, des constructions de pensées d’après des points de vue, diffusés de proche en proche dans la société.
La question de l'aliénation dans ce qui nous détermine
D’où l’intérêt de connaître les mécanismes de subjectivation afin de ne pas se faire manipuler, notamment par le neuromarketting ou des cabinets de conseils organisant les flux inter-personnels pour mieux diriger les populations (en bien comme en mal). Les discours politiques, aux rhétoriques bien ficelées pour s’imprégner dans le rhizome de nos schémas neuronaux avec le plus d’efficacité, de prégnance dans le temps à force de répétition dans les médias, à l’école, dans les familles, constituent nos imaginaires. Imaginaires étayés d’idéologies qui façonnent nos subjectivités, dans des inclinations d’après telles valeurs et vers tels horizons politiques. On en revient à l’apport nietzschéen qu’est de questionner les valeurs de nos valeurs, dans l’intériorisation de normes libérales à teneur capitalistiques :
- Qualité (inconsciente ou intérieure) de ce qui appartient seulement au sujet pensant (dimension ontologique).
- Le moi, la conscience (dimension égotique réflexive, reflet apparent de l’ego à la surface de l’esprit, dans nos représentations mentales).
- Présence du sujet parlant dans son discours (dimension symbolique du langage).
- Appréciation, attitude qui résulte d'une perception de la réalité, d'un choix effectué en fonction de ses états de conscience (dimension morale et éthique, quand les valeurs qui animent nos subjectivités nous orientent dans nos actions, par exemple : dans un magasin j’achète ou je n’achète pas ceci ou cela malgré la pub qui m’y incite, je fume ou ne fume pas cette clope, je respect tel principe, etc.
CONSTITUTION DE LA SUBJECTIVITÉ, QUI EST UN PROCESSUS PSYCHO-PHYSIQUE ET NON UNE CHOSE
Le processus de subjectivation repose sur trois composantes essentielles que sont les perspectives orientées, la perception des émotions et l’intégration des expériences. Le processus est donc dynamique, en liant ces trois composantes dans :
- L’élaboration d’une perspective personnelle propre à nos images mentales (image de soi, d’un objet, de tout ce qui compose l’esprit et que l’on rapporte à soi, dans une approche égocentrée ---> on est notre propre référence, via nos 5 sens qui appréhendent le corps dans l’environnement, avant de s’en faire une idée mentale, via nos sentiments de soi, des choses)
- L’accompagnement de ces images sensorielles et mentales par les sentiments donc, qui sont les piliers de notre subjectivité (dans le sens où nos sentiments sont les reflets psychiques de nos émotions physiques. Il y a perception des émotions physiques à un niveau psychique, mental, dans notre esprit, qui est notre point de référence, via notre corps sensible).
- L’intégration des images perçues (et les perspectives subjectives associées) dans des canevas mentaux plus ou moins étendus. C’est-à-dire des idées, des opinions, des constructions mentales qui structurent nos visions de la réalité, avec une dimension politique selon ses orientations morales.
Ainsi nos images mentales définissent notre rapport au monde, selon nos affinités politiques qui, moralement, se constituent physiologiquement. On développera ça dans un autre article, qui présentera la manière dont les appréhensions morales, du corps à l’esprit, façonne la culture, et inversement dans des dynamiques de réciprocité (liens idéologiques entre individus/collectifs et institutions, ou comment l’on est structuré dans nos pensées/comportements/habitudes via une intériorisation de normes plus ou moins imposées par la société, et contre lesquelles on se rebelle plus ou moins, selon nos valeurs et réactions morales face aux injustices).
ORIGINES DE LA SUBJECTIVITÉ (DIMENSION ONTOLOGIQUE)
La subjectivité émerge dans la dimension réflexive du moi, en train de se percevoir (dimension morale dans une auto-observation justifiant/critiquant son existence - sentiment d’exister en soi, par soi). Ce réfléchissement égotique, d’après un point de référence auto-centré (ni bien ni mal, c’est ainsi), répond à l’influence de la représentation intérieure (dans l’esprit) d’un objet extérieur sur notre propre organisme. Je vois une belle personne ou j’entends une belle idée, ça provoque un affect en moi, qui me renvoie à moi par rapport à un stimuli extérieur.
« Pour que la subjectivité puisse exister, il faut que la fabrication des images soit orientée selon une perspective, un point de vue précis - et il faut que notre sentiment d’ensemble omniprésent accompagne le traitement des images. Ces deux phénomènes proviennent directement du corps proprement dit. » - Antonio Damasio
« Les systèmes neuraux requis pour engendrer le phénomène de subjectivité doivent au minimum, comprendre des cortex sensoriels fondamentaux (dont, notamment, les cortex somatosensoriels) ainsi que des régions d’association corticales sensorielles et motrices et des noyaux subcorticaux (principalement le thalamus et les ganglions de la base) présentant des propriétés de convergence, les rendant capables de fonctionner en tant qu’ensembles de « tierce partie ». » - Antonio Damasio
On comprend que la subjectivité émerge entre le corps et l’esprit, dans l’organisation fabuleuse qu’est le système nerveux central (cerveau+moelle épinière), entre interactions hormonales et neurales. Cette convergence, entre hormones et neurones dans notre système nerveux, permet l’émergence de l’esprit du corps, dont le point d’émission est la subjectivité (l’esprit se percevant lui-même, d'où va émerger la conscience réflexive, autrement dit de soi).
LANGAGE ET ORIGINE DU JE (DIMENSION SYMBOLIQUE)
« Les êtres humains possèdent des capacités narratives de second ordre, fournies par le langage, grâce auxquelles peuvent être construites des narrations verbales à partir des non verbales. La forme raffinée de subjectivité qui est la nôtre émerge sans doute de ce dernier processus. Le langage n’est peut-être pas à l’origine du moi, mais il est très certainement à la source du « Je ». » - Antonio Damasio
Ce « Je » en soi, est le sujet auquel se réfère le moi (le moi étant son ego), quand le « Je » est la forme langagière de l’expression symbolique de sa subjectivité.
« La subjectivité est l’inlassable construction d’un récit. Ce récit dépend des circonstances dans lesquelles se trouvent les organismes disposant des caractéristiques cérébrales requises ; cela dépend aussi de leurs interactions avec le monde qui les entoure, avec le monde de leurs souvenirs et avec leur monde intérieur. C’est là l’essence même des mystères de la conscience. » - Antonio Damasio
FONCTIONS DE LA SUBJECTIVITÉ (DIMENSION MORALE ET ÉTHIQUE - POLITIQUE)
Le sentiment de soi apporte une orientation à l’esprit conscient
La subjectivité permet de s’approprier ce que l’on sent et ressent, d’affirmer que c’est « ma conscience ». Elle permet de décrire ce qui nous passe par la tête, de se pencher sur les images qui nous traversent, de les inspecter avec plus ou moins de clarté, plus ou moins d’effort.
Lorsque les images (perçues ou remémorées) sont insérées dans les contenus mentaux, ils sont entrecoupés de percepts du moment présent (ce qui est perçu comme tel mentalement, sans référence à des concepts comme résultats de l'acte de la perception - en gros on se perçoit simplement, sans mettre de mot ni d’idée conceptualisée dessus, on se ressent le plus basiquement qui soit, au niveau psychique - je me sens moi-même, tout simplement). Ces percepts sont structurés et personnalisés, en constituant des « points d’ancrage » où vont s’élaborer nos subjectivités. Points d’ancrage nécessaires pour que notre perspective individuelle existe.
Lorsque l'on fait une ego death, on réduit sa subjectivité a peu de chose, dans une diminution de son sentiment d'exister en soi, par soi, pour soi (on ne rapporte plus à rien à soi-même, du fait que plus rien n'a d'intérêt ni valeur). Au plus fort d'une expérience de mort imminente, sa subjectivité est (presque) réduite à néant dans une désintégration de sa personnalité, dont les points d'ancrage ne constitue plus une structure capable d'opérer la coordination des éléments nécessaires à l'avènement de sa conscience propre. On est au-delà de l'état de veille, comme mort.
La question du libre arbitre
Autrement dit nous n’inventons rien (ou presque), mais faisons que répéter des idées articulées tout autour de nous, qui orientent nos prises de décisions, inconscientes comme conscientes. La subjectivité nous fait rapporter à nous-mêmes, nous approprier des idées, des constructions de pensées d’après des points de vue, diffusés de proche en proche dans la société.
La question de l'aliénation dans ce qui nous détermine
D’où l’intérêt de connaître les mécanismes de subjectivation afin de ne pas se faire manipuler, notamment par le neuromarketting ou des cabinets de conseils organisant les flux inter-personnels pour mieux diriger les populations (en bien comme en mal). Les discours politiques, aux rhétoriques bien ficelées pour s’imprégner dans le rhizome de nos schémas neuronaux avec le plus d’efficacité, de prégnance dans le temps à force de répétition dans les médias, à l’école, dans les familles, constituent nos imaginaires. Imaginaires étayés d’idéologies qui façonnent nos subjectivités, dans des inclinations d’après telles valeurs et vers tels horizons politiques. On en revient à l’apport nietzschéen qu’est de questionner les valeurs de nos valeurs, dans l’intériorisation de normes libérales à teneur capitalistiques :
- De quoi sommes-nous les produits ?
- A quelles valeurs obéissons nous plus ou moins volontairement ?
- Les valeurs de la société marchande dans la quelle nous évoluons nous reviennent-elles en bien, à des échelles personnelles comme collective ?
- Quels rôles, quelles prises a notre subjectivité sur le monde extérieur, ses organisations socio-économiques, culturelles et politiques, institutionnelles ?