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La dissociation (part4) - Les différentes petites voix dans sa tête

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Deleted-1

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Articles précédents :

http://www.psychonaut.com/psychonau...1-featuring-la-petite-voix-freud-et-jamy.html
http://www.psychonaut.com/psychonau...-clinique-et-exemples-de-la-vie-courante.html
http://www.psychonaut.com/psychonau...mort-renaissance-et-matrices-perinatales.html



A partir du mécanisme de dissociation, lorsque l’on pense en se regardant penser (en s’en rendant compte, ou pas), j’ai essayé d’identifier et distinguer les petites voix à l’intérieur de notre esprit, selon leurs fonctions et utilités. Les exemples donnés peuvent être exprimés autant à l’oral, que formulés dans sa tête en étant gardés pour soi. Dans les deux cas il s’agit de témoigner ou justifier d’une manière d’être, de son comportement, ou d’entretenir un échange entre individus ou interpersonnel avec soi-même.

Il n'est pas indispensable mais conseillé d'avoir lu ces articles pour comprendre au mieux celui-ci :

http://www.psychonaut.com/psychonautique/58128-les-instance-psychiques-le-ca.html
http://www.psychonaut.com/psychonautique/58129-les-instance-psychiques-le-moi.html
http://www.psychonaut.com/psychonautique/58131-les-instance-psychiques-le-surmoi.html
http://www.psychonaut.com/psychonautique/58140-les-instance-psychiques-le-moi-ideal.html
http://www.psychonaut.com/psychonautique/58246-les-instance-psychiques-lideal-du-moi.html



LE MOI - Image projetée de soi, surface de nos illusions et des masques constituant notre personnalité

Le Moi constitue l’individualité du sujet, dans sa personnalité qui s’affirme en excluant les autres. Il désigne la personne humaine en tant qu’elle est consciente d’elle-même et objet de la pensée.

« Moi, je pense donc je suis. Je suis untel, donc appelle-moi comme tel »


IDENTIFICATION

Le Moi sera remanié tout au long de la vie, par des processus d'introjection et de projection, c’est-à-dire qu'il y aura un travail d'appropriation et de rejet d'images formées sur des objets extérieurs à la personne, par le biais d'identifications, comme l'identification projective (lorsque l'on s'identifie à un de ses parents par exemple, et que l'on se construit par rapport à l'image que l'on s'en fait).

« Je suis comme ça / pas comme ça, comme lui / pas comme lui » (utilisation du présent pour s’affirmer en se projetant dans l’ici et le maintenant)

Le processus d’identification transforme le Moi sur le modèle de l’autre, dans un mimétisme verbal et comportemental, en reproduisant les mêmes expressions, tonalités, et mimiques qu’une personne appréciée ou idéalisée.


MOI FAIBLE VS MOI FORT


De la force et de la solidité du Moi dépend la capacité à tolérer la réalité et de ne pas systématiquement être l’objet de nos désirs ou de nos émotions. Un Moi fort et sachant renoncer est donc plus responsable (« j’accepte la frustration quand on me dit non »), qu’un Moi faible (« je me laisse aller à mes passions et envies, je me frustre quand on refuse mes caprices »). Si son Moi est faible, le sujet prendra ses désirs pour des réalités, cherchera à obtenir coûte que coûte, et même par la contrainte, ce qu’il souhaite (illusion précaire de toute puissance, tel l’enfant-roi faisant la loi). Le Moi fait donc référence à la raison où à la déraison, le Moi des enfants étant fragile, ils ne sont donc pas toujours raisonnables en se laissant influencer par leurs désirs, remarque les adultes aussi...

Adulte s’ennuyant : « j’ai envie d’une clope, je vais en refumer une autre »


DISSOCIATION

Le Moi est la partie de la personnalité la plus consciente, toujours en contact avec la réalité extérieure. Soumis au principe de réalité, il a un rôle défensif de régulateur et de médiateur de nos pulsions, en fonction des exigences imposées par la réalité. Ses opérations sont inconscientes (mécanismes de défense). Par exemple le refoulement (clivage horizontal), est un des nombreux mécanismes de défense du Moi. Il se manifeste lorsque le désir et les pulsions ne peuvent être acceptés et doivent être dérivés de leur objet, pour ne pas en pâtir quand l’objet nous est angoissant.

« En apparence je suis normal, mais dans le fond un peu tsoin tsoin quand même »

Lors de la dissociation, le Moi peut se scinder en trois parties :

- Se regarder en train de penser (analyse de ses pensées et idées, en lien avec la raison et le mental)
- Se regarder en train de ressentir (analyse de ses sensations et émotions, en lien avec le corps)
- Se regarder en train de se regarder penser et/ou ressentir (dépersonnalisation, détachement total de sa personne)

On différencie aussi différent clivage du Moi :

- Moi-jugeant (« Je te culpabilise ») et un Moi-jugé (« Je me sens culpabilisé »)
- Moi sujet (« Je suis bel et bien moi, et pas un autre » = forte personnalité) et Moi objet (« Je ferais ce que tu veux de moi » - idéal pour rentrer dans le moule en se soumettant aux volontés de son patron)

La principale tâche du Moi étant de gérer les échanges entre les instances psychiques et la réalité extérieure, il est dans une position difficile entre Ça et Surmoi, mais aussi entre le monde intérieur de l’esprit et le monde matérielle de la réalité extérieure. Ce dont le Moi se protège en priorité, c'est de l'angoisse. Le symptôme est le produit du refoulement ou du déni, qui consiste en un retour du refoulé sur le plan somatique. Le symptôme sert donc à échapper à l'angoisse, dans une manifestation plus ou moins anxieuse.

Quand on te dit que t’es complètement bourré : « Mais non, j’ai vomi parce que j’ai avalé une chips de travers » (déni d’avoir vomi en ayant trop bu, et refoulement de la honte d’avoir vomi)


TEMPORALITÉ, AGIR ET RÉPÉTITION

C'est avec la constitution du Moi qu'apparaît le temps vécu du parcours subjectif, l'Histoire du sujet avec ses repères de passé, présent et futur. Les événements psychiques seront dès lors décrits comme des mouvements du corps, et le langage usuel ne permet pas de décrire autrement le temps : c'est le parcours d'un corps à travers l'espace qui mesure pour nous le temps.

« J’ai été acheté de la tise à l’épicier, ça m’a prit deux minutes en courant »

Au fil de ses actes, l’individu pense laisser le passé derrière lui, être en route vers l'avenir. Il existe donc une distinction essentielle entre changement apparent (perçu dans la temporalité linéaire du Moi) et changement structural (celui qui met fin à la répétition). On comprendra alors mieux qu'un désir de changement (apparent) puisse n'être qu'une résistance de plus au changement (structural). En d'autre terme, plus on croit changer (en apparence), plus on se conforte dans un modèle déterminé (structural), et dont on cherchait au départ à s'éloigner. On en revient aux apparences liées à l'identité imaginée et virtuelle que le Moi figure et présente à l'individu. En s'y référant on se leurre soi-même sans même s'en rendre compte, puisque l'on est persuadé d'effectuer un changement structural alors qu'il n'est qu'apparent.

« J’ai changé quatre fois ma photo de profil en un mois, j’ai l’impression d’être une nouvelle personne »


En croyant changer, on ne fait que résister à un véritable changement en perdurant dans des actes répétitifs, dont nous ne sommes pas toujours conscients (addictions et autres dépendances amenant à réagir au lieu d'agir, tout en croyant que l'on agit de part sa propre et seule volonté).

« Je ne bois plus six bières par soir, mais uniquement deux verres de vodka, j’ai diminué ma consommation d’alcool »



LA CONSTITUTION DU MOI DÉPEND DU LANGAGE

C'est dans et par le langage que le corps fantasmé va parler : à travers les métaphores mettant en jeu l'image et la géométrie du corps, les pulsions partielles vont se satisfaire dans le cadre du fantasme, le Moi du sujet gardant l'illusion de conduire l'opération. Effectivement nous sommes guidés et animés par nos pulsions déterminant inconsciemment nos passions, ensuite seulement le Moi (notre ego), croit agir selon ses désirs et propres choix.

« Que je suis beau dans ses habits neufs et tendances, toutes ces marques qu’on remarque, je me sens si heureux »


Si le Moi est ainsi le lieu de réception des traces mnésiques laissées par les mots, il est au cœur du système de perception. A noter que si l'ego est synonyme du Moi, le "Je" est différent du Moi, en tant qu’il est le pilote à l’intérieur du Moi, celui qui dans l’auto-analyse cherchera qui il est.

« Je suis qui ? Moi ou un autre ? »

MOI IDÉAL – Lieu des fantasmes, illusions et délires de grandeur de type mégalomaniaque

Le Moi Idéal désigne le Moi qui aurait été l'objet des toutes premières satisfactions narcissiques, dans un état d'omnipotence où le petit enfant se croyait tout puissant. Plus tard, l'individu tend à retrouver ce Moi Idéal, caractéristique de l'état dit de toute-puissance, du narcissisme infantile, du temps où l'enfant était à lui-même son propre idéal. Le Moi Idéal est la part fantasmée et subjective de l'individu.

« Je m’aime, je suis génial »

Le Moi Idéal sert ensuite de support à nos identifications à des modèles héroïques (identification à des personnages exceptionnels et prestigieux), et qui fera fantasmée l'individu s'identifiant à des personnages aux pouvoirs extraordinaires.

« Je me suis déguisé en Superman parce que c’est le meilleur, il est plus fort que Batman et Spiderman réunis »

Le Moi Idéal est encore révélé par des admirations passionnées pour de grands personnages de l’histoire ou de la vie contemporaine, que caractérisent leur indépendance, leur orgueil, leur ascendant.

« Macron c’est mon amoureux, il est jeune, beau, et c’est un président dynamique porteur de changement »

Le Moi idéal, s'il dénote un travail de différenciation entre le dedans et le dehors, s'accorde certains avantages quand il rejette à l'extérieur toute faute – ou plutôt tout déplaisir, toute imperfection – et se pense comme la somme de tout bien. Il tend à se prendre pour un idéal absolu, d’où une introjection du bon en soi, et une projection du mauvais vers l’extérieur, lorsque l'enfant s'approprie ce qu'il juge de bon, et projette ou garde à l'extérieur de sa personne ce qu'il juge comme mauvais.

« Ce n'est jamais de ma faute, mais celle des autres. Ce verre est tombé tout seul quand je suis passé à côté »

Le Moi Idéal a des implications sado-masochistes, notamment la négation de l’autre, corrélative à l’affirmation de soi quand l'individu se perd dans l'illusion de son fantasme de toute puissance, et qu'il n'arrive pas à se sortir de cette omnipotence en se croyant meilleur qu'autrui, alors que ça n'est pas le cas. Il en vient ainsi à ne plus reconnaitre autrui, en s'attribuant des mérites et autres forces n'existant que dans son délire de grandeur, à tendance mégalomaniaque.

« Je suis le plus fort, c’est ce que j’ai toujours été, le plus fort. Les autres sont des moins que rien »


En résumé le Moi Idéal rend l'individu avide de pouvoir, sans pour autant lui procurer une puissance nécessaire pour agir dans la vraie vie. Le problème de l’individu prit dans le délire de grandeur de son Moi Idéal, est de ne pas toujours s'en rendre compte, faute d'arriver à s'avouer ses torts et faiblesses au travers d'une remise en cause de soi, qui est impossible tant que l'individu se leurre dans le miroir de ses apparences.

« J’ai toujours raison, et les autres ont tort de me dire le contraire. Personne ne me comprend, je suis le seul à détenir la vérité »


RAPPORT A LA MORT, A L’INANIMÉ

Le Moi Idéal n’aspire pas à la destructivité mais désinvestit les objets extérieurs en énergie psychique, pour la tourner vers soi en se rêvant comme un héros. Il ne cherche donc pas à détruire son monde, comme pourraient le faire d'autres dynamiques de l'esprit.

« Tant que je peux jouer à WOW, je m’en fiche de tout le reste »

Cet état de fait conformiste perdure tant que l’individu se satisfait dans un divertissement qui le déresponsabilise et entretient son illusion de gérer sa vie, alors qu’il la fige dans un déni aussi manifeste qu’évident. On parle alors d’« idéal de mort » inscrit dans la psyché et dont l’aspiration serait d’exister dans un état d’immobilité, c’est-à-dire un état sans tension ni mouvement psycho-sexuel, et de conserver un état végétatif où l’on aurait ses marques bien à soi, et où l’on ne prendrait aucun risque pouvant entrainer un éventuel changement. Il y a là un retour vers l’état d’apaisement des tensions, dans le but de satisfaire une tendance de mort en refusant la vie réelle, dans une fuite dans des réalités virtuelles.

« J’aime tuer des zombies, ça m’évite de tuer mes chers contemporains, et puis j’ai rencontré une fille en ligne, on ne s’est jamais vu en vrai, mais on a les mêmes passions on est amoureux »


LA SUBJECTIVITÉ, DIALOGUE INTÉRIEUR INCONSCIENT

On l’a retrouve dans une dialectique entre les instances du Moi Idéal et de l’Idéal du Moi. C’est au travers de cette dialectique que s’effectue une large part de nos dialogues intérieurs inconscients. Du passage du Moi Idéal à l’Idéal du Moi, il y a une appropriation de valeurs éthiques, morales et culturelles par la transmission de l’éducation, qui permettent à l’enfant de sortir de son Moi Idéal en s’émancipant au travers du développement de son Idéal du Moi, porteur de valeurs familiales et sociétales. Cette transmission est à situer du côté du symbolique, et elle peut avoir des conséquences dans le rapport structural qu’entretient le Moi Idéal et l’Idéal du Moi, c’est à dire dans la dialectique de subjectivation entre ces deux instances (la subjectivisation permettant à l'individu d’entretenir un dialogue avec lui-même, on comprend donc que sans cette subjectivation, on reste prisonnier de son Moi Idéal, et en tant qu’adulte on passe pour un grand enfant cherchant à se déresponsabiliser et fuyant la réalité).

Le Moi Idéal est en rapport avec un Sujet idéal (« je me kiffe »), et l'Idéal du Moi est en rapport avec un Objet idéal (« Je kiffe ce jeux vidéos, cette objet qui n’est pas moi, mais qui me fait kiffer »). La subjectivation permet de passer d’un intérêt uniquement pour soi à des intérêts pour des objets extérieurs.

IDÉAL DU MOI - Instance critique d’après des codes moraux, culturels et esthétiques, et qui décide de ses propres objectifs de vie
Instance symbolique du discours, qui parle beaucoup avec le Moi (ses deux facettes aux intérêts narcissiques étant le Moi Idéal et l’Idéal du Moi). Le passage du Moi Idéal à l’Idéal du Moi fait passer d’un état de croyance omnipotent de « Je peux tout » à « Je voudrais tout pouvoir », dans une prise de conscience de ses incapacités et limites. L’Idéal du Moi est le garant de ce qui est supérieur dans la vie humaine. Ses attributs sont l’auto-observation, la conscience et la fonction d’idéal. Il est l’avocat de l’aspiration au perfectionnement, et permet de se sortir des mauvais pas en redonnant espoir.

« Tu devrais faire ceci pour réussir cela » (en se parlant à soi même, ou en proposant à autrui son avis, selon son propre idéal)

L'Idéal du Moi est une instance qui accompagne le processus de socialisation, tout au long de la formation de la personnalité. Il est le lieu psychique porteur de l’idéal que le sujet établit en lui, d'après des identifications aux parents, à leurs substituts et aux idéaux collectifs. C'est une instance de la personnalité constituant un modèle auquel le sujet cherche à se conformer, en se comparant à des figures qu'il idéalise, et auquel il mesure son Moi actuel.

« Je voudrais être comme cela, plutôt que comme ça, comme lui plutôt que comme moi je suis » (expression d’une volonté, utilisation du conditionnel)

L'Idéal du Moi est une formation nettement différenciée du Moi, qui permet de rendre compte notamment de la fascination amoureuse, de la dépendance à l’égard de l’hypnotiseur et de la soumission au leader : autant de cas où une personne étrangère est mise par le sujet à la place de son Idéal du Moi. Exemple d'un groupement politique idéalisant un seul homme :

« Non mais vraiment, Macron sera un super président, il est anti-système, différent des autres politiciens, et son projet c’est mon projet »

Un tel processus psychique est au principe de la constitution de groupe humain, mais aussi de la diversité des modèles d'individualité. Entre le Moi Idéal et l'Idéal du Moi, on pourra définir quatre grands idéaux que sont l’idéal de plaisir, l’idéal de puissance, l’idéal de moralité, et l’idéal de culture. Chaque individu fait partie de plusieurs groupes, sa personnalité a de nombreuses facettes, et il est donc lié de plusieurs côtés en ayant construit son Idéal du Moi d’après les modèles les plus divers.

« Moi j’écoute de tout, parce que j’aime tous les styles, et j’ai des fréquentations et manières d’être diverses selon si je suis au sport, au boulot ou entres amis »


DISSOCIATION - Les idéaux dans la quête d'absolu, et comme condition du refoulement

L'Idéal du Moi rassemble des images, en proposant au Moi des identifications. L'Idéal du Moi est donc une instance du discours. Aussi il serait, à côté du Moi, la condition du refoulement et du déni lorsqu'une pensée ou une pulsion ne satisferait pas l'individu quand à ses idéaux.

« Mais non je ne suis pas comme ça » (alors qu’en fait si...)

L’idéal que chacun porte en soi, et sa quête d’y arriver pour se réaliser, n’est qu’une tentative de retrouver l’unité première de l’enfance passée dans le Moi Idéal, cette satisfaction et cette jouissance première de ce temps où l’enfant baignant dans un tout absolu, était à lui-même son propre idéal, et qui ne comportait donc ni insatisfaction, ni désir, ni perte. Cet état idéalisé continue d’exister en nous comme l’engramme du bonheur parfait et permanent, un paradis perdu.

« C’était mieux avant, j’étais en forme et plein de vie, et quand j’étais bébé je n’avais aucun soucis, tout le monde s’occupait de moi, c’était trop bien »


L’établissement de l’Idéal du Moi fait suite à l’échec des demandes de sympathie et de sécurisations primaires. Devant les rebuffades et les humiliations que vit l'enfant, le besoin qui sert la cause du Moi Idéal sera refoulé et masqué au profit d’un plus ambitieux Idéal du Moi servant un but final. L’établissement d’un Idéal du Moi dans le Moi étant la condition du refoulement, quand l’individu en vient à refouler ses hontes passées, parce qu’elles ne correspondent pas à son idéal qu’il a pour lui aujourd’hui.

« Je suis méchant avec mes collègues parce qu’à l’école ils étaient méchants avec moi, je les domine pour ne plus être leur victime »


IDÉAL DU MOI, AMOUR ET VIOLENCE - L’idéal du Moi permet de conserver l’amour, mais attise aussi colère et haine.

Cette distinction ramène l'Idéal du Moi à une partie, une des fonctions du Moi, ou encore à l'un de ses aspects : la satisfaction de l'identification quand celle-ci permet de conserver l'amour, c’est à dire lorsque l'identification se présente comme cohérente avec les autres représentations, d’après ses idéaux moraux et culturels. Alors l'individu se sent en accord avec lui-même, lorsque ses actes et désirs s'accordent avec ses buts et idéaux. En d'autres cas, si l’idéalisation qui tend à magnifier le positif et à réduire ou contre-idéaliser le négatif, elle aboutit bien souvent à la libération brutale et incontrôlée d’une violence désintriquée. Exemple des colères adolescentes, lorsque l'individu n'arrive pas à satisfaire ses objectifs d'après ses idéaux, et en vient alors à devenir violent d'une manière physique et/ou verbale/symbolique. La violence peut entrainer des comportements agressifs, portés sur autrui (bagarre), sur des objets (vandalisme), ou sur soi (addiction, auto-mutilation).

« J’aime ce que tu véhicules parce que ça correspond à mes idéaux / je te méprise parce nos valeurs et coutumes sont différentes »


CULPABILITÉ ET SENTIMENT D’INFÉRIORITÉ

L’Idéal du Moi et le Surmoi contiennent, en toile de fond, un énoncé sur la finalité à laquelle le sujet aspire. Le Surmoi apparaît comme une structure englobant trois fonctions : auto-observation, conscience morale et fonction d’idéal. La distinction entre ces deux dernières fonctions s’illustre notamment dans les différences entre sentiment de culpabilité et sentiment d’infériorité. Ces deux sentiments sont le résultat d’une tension entre le Moi et le Surmoi ; la culpabilité est en rapport avec la conscience morale (« ce que je fais est mal »), et le sentiment d’infériorité est en rapport avec l’Idéal du Moi, en tant qu’il est aimé plutôt que redouté ( « je ne suis pas à la hauteur de ses/mes attentes » (selon la forme de langage utilisée)).


SURMOI - Le Surmoi observe sans cesse le Moi actuel et le mesure à l'Idéal du Moi.

Le Surmoi désigne la structure morale (conception du bien et du mal) et judiciaire (capacité de récompense ou de punition) de notre psychisme. Il s'agit d'une instance souvent sévère et cruelle, surtout formée d'injonctions qui contraignent l'individu tel un juge, un censeur en opposition aux désirs et aux pulsions. Il incarne l'interdiction et le renoncement, la culpabilité, la « grosse voix » d'un Père responsable, par son autorité, de tous les maux de l'individu, et ainsi peut être auto-punitif.

« Tu dois faire ça / Tu ne dois pas faire ça »

Les rapports du Surmoi avec le Moi ne se limitent pas à ce précepte : « Tu dois être ainsi » (comme le père) ; ils comprennent aussi cette interdiction : « Tu n’as pas le droit d’être ainsi » (comme le père) ; c’est-à-dire, de faire tout ce qu’il fait ; beaucoup de choses lui sont réservées. En ça le Surmoi détermine des limites que l'individu ne peut dépasser. À ces fonctions, il convient d'ajouter la fonction bienveillante, qui protège et encourage. Il se fait tour à tour auto-accusateur dans la mélancolie jusqu'à jeter la mort dans l'âme, persécuteur par projection au dehors dans la paranoïa, ségrégateur et obsédant dans l'automatisme mental.

« Pourquoi j'ai fais ça, je n'aurais pas du, il ne va pas être content, je vais être puni...et bla bla bla, et bla bla bla » (le Surmoi fait ruminer, empêche de se concentrer ou de dormir, rend colérique et agressif)

Le Surmoi est un agent critique, la plupart du temps inconscient, filtrant les pulsions au travers de normes intériorisées. Ces normes (interdits, exigences) peuvent être d'ordre moral, social ou culturel et sont plus ou moins contraignantes en fonction de la personnalité de l'individu, de son éducation. Le rôle des parents dans cette structuration durant l'enfance est déterminant, en particulier celui du père qui représente traditionnellement l'autorité, même si cela change avec le temps. Le Surmoi, par l'entremise du Moi, est l'instance qui génère le refoulement des pulsions jugées inacceptables. Il guide l'enfant devenu indépendant, et par la suite l'adulte, dans ses choix, en lui disant « ce qu'il convient de faire ».

Injonctions du Surmoi

Le Surmoi est une instance complexe, trop souvent considérée comme le « gendarme intérieur ». Ceci n'est pas faux mais un peu réducteur, surtout quand nous avons tendance à oublier que le "gendarme" protège autant qu'il interdit. Les injonctions du Surmoi sont de quatre types, et en contradiction :

- « Ne jouis pas ! » : Cette injonction vient de l'introjection du père interdicteur. C'est celui-là le vrai gendarme, ce qui ne veut pas dire que cette injonction est la plus importante.
- « Vas-y jouis ! » : Cette injonction est en contradiction parfaite avec la précédente, et vient de l'introjection de la mère (désirée et désirante). Cette contradiction fait émerger le symptôme afin de s'approcher de la jouissance, sans pour autant l'atteindre.
- « Sois parfait ! » : Cette injonction a pour origine le modèle à atteindre. C'est cette injonction qui amène parfois à des conduites d'évitement (« je n'y arriverai jamais… »).
- « Soumets-toi ! » : Issue de la figure paternelle ou autoritaire désirée, elle peut amener à des conduites masochistes.

Ces différentes injonctions font ressortir quatre types de surmoi :

- Le Surmoi interdicteur (celui qui dialogue avec le Moi)
- Le Surmoi de la jouissance (celui qui dialogue avec le Moi Idéal)
- Le Surmoi de l'idéal narcissique (celui qui dialogue avec l'Idéal du Moi)
- Le Surmoi sadique


REPÉRER SA FAÇON DE SE FLAGELLER, EN ANALYSANT SI SON SURMOI EST UN BON OU MAUVAIS JUGE


Tout dépend de l’histoire familiale, personnelle de chacun, et de la manière dont l’enfant puis l’adulte l’incorpore. Il n’est ni bon ni mauvais, il est juste notre loi intérieure. S’il régule nos rapports avec notre environnement, il peut aussi avoir des effets dévastateurs sur le psychisme quand il s’est mal construit. Selon Freud, chez les névrosés, le Surmoi est susceptible d’engendrer la culpabilité, de les inhiber, de les torturer et de les tourmenter. Il alimente la dépréciation de soi chez les mélancoliques (ou chez les dépressifs), et le sentiment d’angoisse chez les obsessionnels. Bref, il peut devenir une entité féroce transformant en bourreau de soi-même, réprimant des désirs qui ont été intériorisés comme étant interdits. Ce que veulent les humains, c’est aimer et se faire aimer, et ils ont parfois du mal à composer avec eux-mêmes, avec leur Surmoi trop féroce.

" Je me déteste d'être tout le temps fatigué et déprimé "

Le Surmoi définit les limites indispensables à l’équilibre affectif et psychique. Il fait office de rempart salutaire contre les poussées pulsionnelles qui nous agitent dès la naissance. Celles-ci sont de deux ordres, détaille Freud : pulsions de vie (éros) et pulsions de mort (thanatos). Les premières relèvent de l’amour, de la sexualité, de tout ce qui nous remue ; les secondes ont trait à la tentation de la destruction et en même temps à la conservation, au désir que rien ne bouge.

" Vais-je n'en faire qu'à ma tête et être dans la contradiction ? " (dynamique négative via une pulsion de mort, stagnante et régressive)
" Vais-je suivre ma raison selon mon Idéal du Moi et faire les choses du mieux que je peux ? " (dynamique positive via une pulsion de vie, permettant d'aller de l'avant)

Nous oscillons en permanence entre ces deux grandes tendances, qui, si elles ne sont pas disciplinées, nous mènent au chaos. Un Surmoi de « bonne qualité » permet de substituer à la jouissance instantanée de la décharge pulsionnelle les bénéfices de la culture, les avantages de la sublimation, le détournement de l’énergie sexuelle vers la créativité artistique, la réflexion intellectuelle.

" Si je renonce à mon désir maintenant, je kifferais d'autant plus la semaine prochaine "

Même si son Surmoi hérité de ses parents est pétri d’interdits nocifs, qui nous exaspèrent et nous fait nous déprécier, nous continuons à aimer papa ou maman (selon le parent avec qui l'on est en différent) tout en nous détestant pour cela. Heureusement la situation n’est jamais désespérée, puisque ses relations avec son Surmoi sont dynamiques et peuvent changer. Son Surmoi se nourrit des identifications successives et complètement inconscientes à des êtres que nous admirons, idéalisons : un oncle, une tante, une grand-mère, puis un camarade de sport, de travail, un professeur de piano, de philosophie, un nouvel amour. Il faut donc s'imprégner des traits de ces personnes idéalisées, et nous approprier aussi leurs limites pour changer en bien par mimétisme. Ce qui peut nous permettre de tracer de nouvelles frontières intimes, moins destructrices et moins culpabilisantes (plus facile à dire qu'à faire).


REPRODUCTION DE LA RELATION AUTORITAIRE PARENTS-ENFANTS A L’INTÉRIEUR DE LA PERSONNALITÉ

L'Idéal du Moi et le Surmoi sont franchement séparés. Ils se distinguent quant aux motivations induites dans le Moi : « Alors que le Moi obéit au Surmoi par peur de la punition, il se soumet à l’Idéal du Moi par amour » ; et aussi quant à leur origine (l’Idéal du Moi serait formé principalement sur l’image des objets aimés, le Surmoi sur celle des personnages redoutés). On peut alors penser à un système Surmoi-Idéal du Moi à l’intérieur duquel s'établit une relation structurale, où se retrouve les rapports entre le Surmoi et l’Idéal du Moi, et ceux entre Idéal du Moi et Moi Idéal. Il s'agit de penser les relations entre les instances intra-psychiques sur le modèle d’une introjection, d’une intériorisation des relations entre personnes. « Dans le modèle personnologique, le Surmoi correspond à l’autorité, et l’Idéal du Moi à la façon dont le sujet doit se comporter pour répondre à l’attente de l’autorité ; le Moi-sujet s’identifie au Surmoi, c’est-à-dire à l’autorité, et le Moi-objet, lui, apparaît ou non conforme à l’Idéal du Moi. En d’autres termes, nous comprenons le Surmoi et l’Idéal du Moi comme formant un système qui reproduit, "à l’intérieur de la personnalité", la relation autoritaire parents-enfant. »

L'Idéal du Moi se distingue donc du Surmoi en ce que le Surmoi est une instance purement critique, opérant un retournement de la violence contre soi-même, par peur de perdre l'amour des parents. Là où le surmoi juge pour condamner, l'Idéal du Moi, présente un modèle d'identification : cette instance décrit in fine la satisfaction éprouvée face à la représentation conforme aux représentations investies comme positives, bonnes, bien.

Autrement le Surmoi juge le sujet d’après le modèle critique de son Idéal du Moi, modèle définissant par exemple l'idéal esthétique du sujet. Par exemples, c'est après avoir vu des millions de publicités montrant des top models photoshopés, et jouer des heures avec des Barbies difformes, que Laura une fois adulte, veut inconsciemment et malgré elle leur ressembler parce qu'elle est persuadée que pour plaire aux garçons, elle doit ressembler à une anorexique en plastique. Son idéal du Moi lui faisant rêver " J'aimerais tant avoir une taille de guêpe surmonter de gros seins bien ronds ", son Surmoi la culpabilise se référant à son idéal du Moi, lui fait alors se dire " Tu es grosse avec ce bourrelet débordant ", quand son Moi tente de se justifier " Mais je ne suis pas grosse, ce bourrelet est naturel, ce n'est que la peau de mon ventre qu'on voit apparente quand je suis assise ".

La pauvre petite est inconsciemment culpabilisée par les influences de la culture dans laquelle elle a grandi, et ne se satisfera jamais de son corps qui n'est ni gros, ni maigre (juste normal quoi). Elle achètera donc des crèmes minceurs très chères (vu à la télé) et fera du sport en regardant des vidéos de filles aux seins refaits et avec des morphologies osseuses faisant qu'elles ne seront jamais grosses, voir continuellement maigrichonnes et malheureuses étant donné leur nature anxieuse qui les sèche physiquement, et les torture mentalement. Mais bon c'est pas facile d'être belle vu les standards du moment...donc en n'arrivant pas à s’accepter en étant soi-même, Laura cherche à être bonne et attractive en se grimant d'après des tutos Youtube. Ressemblant maintenant à une cruche repeinte, elle est enfin prête pour aller au prochain meeting de Macron, où elle espère y trouver un jeune et beau entrepreneur qui fera sa fortune en se disant " Je vais bien me faire baiser ".

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ET SI DE CE DIALOGUE INTÉRIEUR, ON DEVENAIT SOI-MÊME ?

Du point de vue de la restriction pulsionnelle, de la moralité, on peut dire : " Le Ça est totalement amoral, le Moi s'efforce d'être moral, le Surmoi peut devenir hyper-moral et alors aussi cruel que seul le Ça peut l'être. "

Un schéma récurent et constructeur émerge dès l'enfance lorsque l'on passe du Moi Idéal à l'Idéal du Moi, pour sortir d'une phase d'auto-érotisme et ainsi s'ouvrir au reste du monde, à autre chose qu'à soi-même (enfin à son plaisir immédiat au détriment d'autrui surtout) :

Moi idéal ---> Surmoi ---> Idéal du Moi
Fantasme de soi ---> jugement de soi ---> critique et objectif à réaliser
Régression infantile ---> réflexion adulte ---> affirmation mâture de soi

Étonnamment on en revient toujours à des régressions infantiles pour aller de l'avant, dans une boucle qui fait avancer (exemple des phases de vie/mort/renaissance, où l'on reconnecte avec son enfant intérieur). Comme si pour faire un pas en avant dans sa vie, il fallait se comporter à nouveau en gamin, avant de se montrer mâture en ayant "apprit" de ses erreurs, et alors se réaliser en assumant ses responsabilités. Comme si du Moi Idéal à l'Idéal du Moi, on en revenait toujours à son Moi Idéal, pour toujours plus édifier son Moi en satisfaisant les exigences de son Surmoi, en se pliant à ses propres règles. Autrement dit, en restant immature dans son Moi Idéal, on remettrait en cause l'autorité de ses parents et on se confronterait à son propre Surmoi (qu'on a hérité d'eux), c'est à dire qu'on reproduit dans sa tête le conflit parent-enfant. Aussi le seul moyen pour gagner en harmonie entre nos instances psychiques et permettre un dialogue intérieur plutôt constructif que destructeur, serait d'en passer par l'Idéal du Moi en accédant à ses propres volontés (c'est à dire faire ce qui nous plait vraiment, même si nos parents en ont décidé autrement en nous disant de faire ceci ou cela). L’ambiguïté est de leur dire, " je suis moi et pas toi, je vais faire ce qui me plait sans me laisser dicter mon comportement parce que je ne suis plus un enfant ", tout en acceptant les règles surmoïques que nos parents nous ont transmises pour notre bien, même si on ne l'admet pas parce qu'on est colère contre eux.

Il faut donc prendre possession de soi en s'écoutant et découvrant ses passions et intérêts, tout en comprenant pourquoi et comment nos parents nous ont éduqués, afin de travailler sur soi avec le matériel psychique et génétique qu'ils nous ont transmis (encore une fois c'est plus facile à dire qu'à faire).

Selon moi, le seul moyen de se sentir bien durablement serait de réaliser son idéal propre, et cela passe par la résolution de nos conflits avec nos parents. En acceptant les règles qu'ils nous ont imposé, l'on se libère d'un poids mental, et en les pardonnant on se pardonne à soi même d'être vivant. De là on s'autorise à agir au lieu de réagir par colère, et on sort des schémas répétitifs et régressifs de son Moi Idéal (on arrête d'être le gamin qui dit non par principe de faire chier ses parents, et fait le contredire de ce qu'ils disent, quitte à se mettre dans des situations handicapantes et devoir reconnaitre qu'ils avaient en fait raison de nous mettre en garde (après tout est une question de communication, de manière de se parler pour ne pas frustrer ou blesser son parent ou son enfant).

Ainsi en acceptant ses parents tels qu'ils sont, on s'accepte plus volontiers tel que l'on est, et en disant oui à soi, on cesse d'importuner ses amis, ses collègues, son ou sa partenaire, et on se sent en paix avec soi-même, rempli d'empathie, d'un désir de vie pour réaliser ce pourquoi on est fait, et se complaire dans ce qui nous fait kiffer en nous permettant d'aller de l'avant.
 
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