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Fiche info Kétamine, tout savoir pour une première fois

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Enantiomères de la kétamine
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Sommaire​


La kétamine, c'est quoi ?​

La kétamine est une drogue issue de la famille chimique des arylcyclohexylamines, avec des effets dissociatifs et légèrement opioïdes. Crée en 1962 par Calvin L. Stevens en tant que produit anesthésiant moins dangereux que la PCP[source], la kétamine a rencontré un franc succès dans le milieu des anesthésiques au début des années 70 de part sa rapidité d’action, ses faibles pouvoirs excitants et sa sécurité pour les patients[source]. Son usage détourné est apparu rapidement vers le milieu des années 80 dans les clubs et le courant rave. Son usage potentiel en tant qu’antidépresseur a été découvert au début des années 2000[source], mais n’a gagné que récemment de la visibilité.

Les différentes formes de la kétamine

La kétamine est composée de cristaux blancs, souvent effilés (appelés shards), plus ou moins broyés. On la trouve aussi broyée très finement sous un aspect qui rappelle le sucre glace, elle est alors appelée sugar. Plus rarement, on la trouve sous forme de gros cristaux appelés rock, plus ou moins translucides.
La forme des cristaux n'est pas un indicateur de qualité.

Les formes médicales se trouvent généralement en solution dans de l’eau stérile, pour en faire une forme injectable dans le but de réaliser des anesthésies ou des sprays nasaux.

Shards de kétamine
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Quels sont les effets de la kétamine ?​

La kétamine est un dissociatif : par là, on entend un décalage entre les pensées et tout ce qui relève de la perception (y compris la perception de soi). Beaucoup des effets de la kétamine sont liés à ce décalage, qui peut causer de la confusion, et à forte dose peut devenir une déconnexion (voir la partie sur la K-hole).
On considère aussi que la kétamine a des effets psychédéliques. En effet, la kétamine ne se contente pas de réduire les perceptions et la pensée. Egalement, elle les altère de façon créative, provoquant des hallucinations, des raisonnements, des émotions très vives, sous la forme de réflexions voire de voyages intérieurs.
La montée des effets peut provoquer un sentiment de rupture de la continuité de la conscience, avec un "avant la kétamine" et un "après", où le monde est perçu de façon nouvelle et transformée.[source]
Lors de la redescente peut se produire un effet rebond, avec une phase de stimulation et d'accélération de la pensée.[source]

Effets physiques​

  • Diminution du contrôle moteur, voire une perte de contrôle totale.
  • Anesthésie, allant de superficielle à déconnexion complète d’avec son corps, en fonction de la dose.
  • Sensation de légèreté, voire de stimulation. A faible dose, se mouvoir demande moins d’efforts. [source]
  • Augmentation de la pression artérielle (hypertension).
  • Nausées (parfois). Cet effet est augmenté si l’on a mangé un repas lourd, si l’on essaye de bouger alors que la perception est trop altérée (effet de “mal de mer”) ou si l’on mélange avec des produits dépresseurs tels que l’alcool.
  • Nystagmus (mouvements involontaires d’un ou des yeux), difficulté à focaliser les yeux, causant une vision double ou floue.[source]

Effets cognitifs​

  • Altération de la perception du temps.
  • Boucles mentales. [source]
  • Altération de la perception de soi, dépersonnalisation : on peut se sentir étranger à soi-même, trouver bizarre d’être “soi” ; porter des jugements sur soi-même comme si on était une autre personne ; avoir l’impression de fusionner avec d’autres entités (des personnes, des objets) ; se sentir super-puissant, ou au contraire impuissant.[source]
  • Altération de la proprioception (= la perception de soi dans l’espace). On peut avoir l’impression que son corps est différent de d’habitude, sentir les mouvements de façon plus fluide ou plus mécanique. [source] Avec une forte dose, il y a souvent l’impression de piloter son corps à distance, comme un robot.
  • Altération de la pensée et de la concentration – suivre un raisonnement peut devenir difficile, tandis qu'il devient facile de faire des rapprochements créatifs ou surprenants entre des concepts éloignés. [source]
  • Interprétation délirante du réel.[source]
  • Altération des émotions. Celles-ci peuvent sembler supprimées. Au contraire, elles peuvent devenir très vives. Combiné aux autres altérations (des pensées, du temps, de la perception de soi...), cela peut donner des vécus très forts et impactants.

Effets perceptifs​

  • Immersion dans la musique. Celle-ci donne l’impression d’être perçue autrement, ou mieux comprise. Peut aussi provoquer l'effet inverse, la musique sera vécue comme distante.
  • Immersion dans les contenus audiovisuels, tels que les films. [source]
  • Hallucinations yeux ouverts (OEV), souvent sous la forme de changements de perspective. [source]
  • Hallucinations les yeux fermés, aboutissant parfois à des scènes ou paysages très détaillés. [source]
  • Synesthésie

Le K-Hole, c’est quoi ?​

Même si le K-Hole n’a pas une définition claire et que celle-ci est sujette à débats, il est devenu célèbre parmi les consommateurs et est parfois recherché activement – ou évité.
Il peut être décrit comme un état d’anesthésie générale où la conscience est partiellement préservée. La plupart des sensations physiques sont absentes et la confusion peut devenir intense, s’accompagnant chez certaines personnes de mouvements incontrôlés, voire d’actions apparentées à du somnambulisme. La mémoire peut être fortement diminuée, conduisant à une dissolution de l’égo. Les hallucinations peuvent devenir très vives, impliquant des structures géométriques complexes, des voyages mentaux, des paysages très détaillés… A l’inverse, il arrive que l’expérience se cantonne à la contemplation d’un vide perceptif voire la sensation de mourir, ce qui peut être vécu de façon neutre, angoissante ou paisible selon les personnes.[source] [source]
Les descriptions données ici n’ont pas valeur de vérité absolue, provenant d’une part de la compilation de témoignages et d’autre part du fait que le k-hole peut se manifester de manière très différentes, y compris pour une même personne.

Comment se consomme la kétamine ?​

La kétamine est généralement consommée récréativement par la voie intranasale (en sniff), elle est plus rarement injectée par intramusculaire ou intraveineuse. De très rares témoignages existent pour la prise de kétamine en oral, en intrarectal ou en sublingual, cependant au vu de la faible biodisponibilité de la kétamine par ces moyens, leur intérêt est limité. Voici un graphique résumant les concentrations sanguines dans le temps, selon les différentes voies d’administration :

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(graphique réalisé par Snap2 pour l’association Rave It Safe) Source des données

Des précautions particulières sont à prendre avec l’injection : les effets apparaissant particulièrement rapidement, il vaut mieux être accompagné pour éviter de se blesser avec la seringue (par ex. en la retirant trop brusquement, voire en tombant dessus dans les cas extrêmes).

Faut-il recuisiner la ké ?​

Diluer sa kétamine dans de l'eau puis la faire évaporer au bain-marie ou directement dans une poêle, pour obtenir des cristaux fin, est une pratique courante. Mais c'est une tradition qui n'a pas vraiment d'utilité : tout ce qu'il se passe c'est que la ké est diluée dans l'eau, puis reste dans la poêle quand l'eau s'évapore, ce qui ne change rien à sa qualité. La même expérience peut être reproduite avec du sel de cuisine.
La différence se situe au niveau de la taille des cristaux : la recristallisation se faisant rapidement, ça donne des cristaux de petite taille, ce qui est plus agréable à sniffer et améliore la biodisponibilité (meilleure répartition sur les muqueuses). Si c'est là le but recherché, autant broyer directement sa kétamine sans passer par l'étape cuisine, le résultat sera meilleur avec moins d'efforts !

Dosages​

Les dosages suivants sont pour la kétamine racémique pure consommée en intranasal, sur une personne n’ayant pas de tolérance. Une adaptation des doses est à faire selon le mode d’administration, la tolérance de l’usager·e et la pureté de la kétamine. Ces dosages sont tirés d’une compilation des rapports d’usagers sur divers sites de RdR dont : Erowid, Psychonautwiki, Tripsit…

Puissance des effetsDosage sniff
Perceptible10 - 20 mg
Faible20 - 40 mg
Moyen40 - 60 mg
Fort60 - 80 mg
Très fort80+ mg

La biodisponibilité des drogues pouvant varier selon l’état des muqueuses et la plupart des études ayant été réalisées sont faites avec des sprays nasaux, l’équivalence des dosages avec l’insufflation de poudres peut être source de variance importante.

Durées​

Ces durées sont tirés d’une compilation des rapports d’usagers sur divers sites de RdR dont : Erowid, Psychonautwiki, Tripsit…

Durée des effetsVoie intranasale
Début des effets5-10 min
Montée10-20 min
Pic d’intensité30-40 min
Descente30-40 min
Total1.5-2.5h

Comment savoir si j’ai bien de la kétamine en pratiquant le testage ?​

La kétamine ne donnera pas de couleur lors de la réaction avec le test de Mecke et le teste de Froehde. Sur un test de Liebermann, elle ne changera pas non-plus de couleur, éventuellement en tirant sur le jaune si les doses utilisées sont élevées (plus de 5 mg). Finalement, sur un test de Morris, elle apparaitra violet-bleu.[Source] Les tests colorimétriques ne suffisent pas à distinguer la kétamine de certains analogues tels que la 2F-DCK. Pour cela, il faut utiliser une HPLC ou une GC-MS. L’usage de spectromètre infrarouge est également possible pour différencier les autres isomères[Source]. La plupart des laboratoires ne font pas d’analyses des éniantiomères R et S des échantillons de kétamine, cependant ceux qui s’y sont essayé n’ont rien obtenu d’autre que de la kétamine racémique[Source]. Cependant pour les aventureux à petit budget, ce guide vous permettra de réaliser un polarimètre maison à moins de 30€ pour vérifier quel(s) éniantomère(s) de kétamine vous avez.

Les interactions à connaître​

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Les risques liés à la consommation de kétamine​

Consommation aiguë :​

  • Dépersonnalisation et déréalisation
  • Perte de répères durant l’expérience
  • Phase hypomaniaque post-consommation
  • Expérience traumatisante
  • Anxiété (rare mais possible)
  • Blessures diverses à cause de l’anesthésie
  • Chute
  • Amnésie
  • Dépression respiratoire en cas de mélange avec un dépresseur. (La kétamine seule n'impacte pas la respiration)

Consommation chronique :​

  • Néphrotoxicité (dommages aux reins), y compris sur les voies urinaires source, expliqués dans cette vidéo à 34:20
  • Neurotoxicité, surtout à hautes doses [source], via des mécanismes expliqués dans cette vidéo à 40:20
  • Addiction

Conseils pour réduire les risques​

  • Bien s’hydrater pendant et dans les heures qui suivent pour drainer les reins.
  • Ne pas conduire, utiliser de machines etc. Même si vous vous sentez lucide, la motricité est diminuée, et vous n’êtes pas seuls sur la route.
  • Consommer dans un endroit familier pour minimiser la perte de repères.
  • Si vous consommez une dose élevée, prévoir un endroit tranquille où s’allonger en cas de k-hole.
  • Comme pour toute drogue qui se sniffe, ne pas partager sa paille et privilégier les roule-ta-paille.
  • Sniffer sur une surface propre, idéalement désinfectée avec un peu d’alcool.
  • Pour l’injection, utiliser de préférence un filtre toupie, une aiguille neuve et ne partagez pas la seringue.
  • Eviter de consommer avant 20-25 ans.
  • Ne pas consommer si l’on est fatigué, démoralisé, ou si l’on a des antécédents psychiatriques ou cardio-vasculaires.
  • Ne pas le faire par pression sociale : les effets sont de toute façon moins agréables que lorsque la consommation est désirée.
  • Consommer dans un cadre agréable, entouré de personnes de confiance. Veiller les uns sur les autres.
  • Faire tester son produit.
  • Éviter les mélanges ou les faire en conscience. Cela concerne aussi les médicaments.

Pharmacologie​

Les effets récréatifs et anesthésiques de la kétamine proviennent majoritairement de son action antagoniste sur les récepteurs NMDA.[source, source] Ces récepteurs facilitent la dépolarisation des neurones (et donc la transmission d’un signal nerveux), bloquer leur action vient donc interférer avec la bonne communication de différentes voies neuronales (ce qui explique l’anesthésie par exemple, certaines voies nociceptives perdant leur sensibilité). La kétamine favorise certaines protéines favorisant la plasticité cérébrale, ce qui expliquerait ses effets antidépresseurs.[source]
L’antagonisme NMDA stimule la sensibilité de glutamate après exposition (effet rebond), ce qui induirait la neurotoxicité en cas de consommation chronique à haute dose.[source, source]

Les énantiomères (formes R et S)​

La kétamine est un composé chiral, c'est à dire qu'elle existe sous deux formes, R et S, qui sont symétriques mais non superposables, à l'instar d'une main gauche et d'une main droite. Les énantiomères R et S sont normalement produits et administrés en quantités équitables, ce qui est appelé de la kétamine racémique. Les effets de chaque énantiomères sont sensiblement différents [source], cependant personne n’a encore réussi à prouver que de la kétamine d’une seule sorte soit vendue illégalement. En raison des coûts de productions élevés des formes R ou S isolées et de leur faible disponibilité, y compris dans le milieu médical, il est peu probable d’en trouver sur le marché noir [source].
La kétamine S serait l'énantiomère le plus potent, avec des effets anesthésiques plus prononcés, et la kétamine R aurait des effets antidépresseurs plus longs et possiblement plus marqués.


Légalité​

En France, la kétamine est classée comme stupéfiant au même titre que la cocaïne ou l’héroïne. Son utilisation et sa possession sont passibles de 3750€ d’amende et d’un an d’emprisonnement[source]. En Belgique, l’utilisation et la possession de kétamine sont passibles d’un emprisonnement de 3 mois à 5 ans et d’une amende de 1000 à 100’000€.[source]



Merci @snap2 pour avoir écrit le brouillon de la fiche et @Sorence pour les corrections et ajouts !
 

Fichiers joints

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    ketamine_art_light.png
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Le rendu est top (y)

Par contre le lien dans :

Les interactions à connaître​


(Discussions autour des combos)
est mort.
 
Incroyable ! Depuis le temps qu'on parle de cette fiche info sur la ké. Bravo à l'équipe et à ceux qui ont participé à la construire pour le boulot ^^. J'ai appris des trucs sue je savais pas sur lanké et ça c'est cool !

J'ai quelques remarques : il me semble qu'en plus d'être bien moins biodisponible, la voie orale est bien davantage toxique pour le foie et le réinstaller que la voie nasale ? Cependant, je ne sais pas si c'est dû au fait que cette ROA pousse à davantage à en prendre car moins biodisponible donc mécaniquement plus nocive, ou parce que la voie orale pour la ké pousse dans tous les cas à absorber plus de produit dans le corps que la voie nasale, ou les deux.
Un autre point, qui est ce pourquoi je pense que la ROA orale pousse dans tous les cas à se mettre plus de ké dans le corps que la voie nasale, c'est le coup de des "coulées de ké" : quand je prends de la ké, et mes potes également, on a quelques fois pendant le trip des remontées de goût amère dégueulasse accompagné d'un glaire. Mes potes m'ont dit que c'était la ké qui remontait et qu'il fallait cracher pour épargner davantage nos organes. Si c'est vrai, ça devrait figurer dans les conseils de réduction des risques. Parce que quand t'avales du coup tu peux pas recracher contrairement au nasal, d'où l'idée que tu t'en mets plus dans l'organisme
 
Dernière édition:
Pour la ké en oral :
Les reins, aucun risque supplémentaires. Si la biodispo est faible, ça ne fait pas plus de ké dans la circulation systémique et donc pas plus de ké dans les reins.
Pour le foie, on ne sait pas. Potentiellement, mais la ké n'est pas très hepatotoxique non-plus de ce que je sais. Et il faudra aussi savoir si la faible biodispo est liée à un manque d'absorption (dans ce cas pas de souci à se faire) ou de premier passage hépatique (et là ça peut éventuellement devenir embêtant).
Sinon oui, pas de mentions des k-cramps/remontées acides, mais c'est assez récent comme phénomène avec la généralisation de l'usage de ké ces dernières années, et il y a peu de littérature scientifique sur le sujet. Dans le doute, cracher la goutte ne fera en tout cas pas de mal.
 
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