Après avoir relu les règles du fofo, j'me suis aperçu que le N2O était toléré dans les discussions, alors j'ai décidé de faire ici un Tr Kétamine, où le N2O a joué un rôle assez marquant.
C'était donc ma toute première fois à la K. Je zapperai le contexte, enfin, on va dire que c'est pas bon pour la Rdr. Disons donc simplement que j'étais en teuf, après une nuit formidable dans la boue et mon moi intérieur.
Récit :
1. Les chemins, et le mou.
Il doit être aux alentours de midi. Le soleil s'est levé, on a même le droit à quelques rayons directement sur nous, c'est parfait. J'traine un peu avec des potes avant qu'ils ne partent, essaie de les motiver à rester plus mais rien à faire, et au fond j'les comprends, même si... Bon, tant pis pour eux hein, j'leur taxe une dernière fois le bang et m'en vais retrouver le type qui m'a amené, un peu plus loin dans une autre voiture. Il est posé avec des gens que j'ai -forcément- croisé la veille, mais pas spécialement parlé avec eux, c'est l'occasion de le faire. Puis, un ''Tu veux une trace de K ?'' de la part de mon chauffeur, ce sont justement les autres qui régalent, légère hésitation interne (''Est-ce que c'est bien ou pas, est-ce que j'en ai vraiment envie ? .. bon j'me lance, j'l'attends tellement cette première!''), et j'accepte donc. Il me dit qu'il m'en a fait une pas mal, lui même vient juste de tirer, à mon tour. Ca tombe dans la narine et s'y bloque, goût étrange.
J'suis donc là, à l'arrière de cette voiture et on reste un peu, puis je commence à sentir la chose monter. C'est très étrange en fait, je me sens vraiment bien là où je suis, tout devient ''mou'', moi également, corps cotonneux et sensation de bien être dans l'espace. C'est mou et ça coule, la vision se floute un peu comme avec l'alcool, je regarde la gadoue qui coule en différents endroits, et tout qui semble converger vers un même point.. Tout ça très subtilement. On se décide alors à se lever, on va aller un peu devant le son ! J'me retrouve donc à me mettre debout, et là déjà c'est plus périlleux, ça coule vraiment, et ça tangue. J'arrive à récupérer l'équilibre et commence à me déplacer. C'est alors que tout semble très harmonisé, même si ça coule, tangue, que ma vision n'est pas tout à fait claire et mon équilibre imparfait, pourtant, c'est normal, et il y a même quelque chose de majestueux là dedans. C'est lent. Mon chauffeur passe des ballons de proto à droite à gauche, m'en propose un, je refuse, pas de suite, j'attends d'abord de voir la chose bien montée.
Et ça ne se fait pas attendre, enfin, dur à dire vu ma perception du temps. J'décide de fermer les yeux un instant pour regarder si jamais j'ai des cev, et c'est le cas, je vois des carrés vides, qui scintillent et changent de couleurs de bord en permanence. Ils tournoient sur eux-mêmes, et ça avance, lentement. Mais bon, pas trop envie de rester les yeux fermés, alors je ne m'éternise pas, mais me dis que ça, ça doit être bien fun seul posé. Normal.
J'lève les yeux au ciel et me,retrouve diablement impressionné par l'immensité qui m'entoure. Les nuages forment clairement des ''chemins'', qu'ils empruntent par groupe. C'est comme s'ils étaient sur des plans de perspective et de réalité différents, sur ces chemins qui en spirale qui finissent par s'étendre en une ligne droite qui plonge lentement vers je ne sais où, là-bas derrière les arbres, loin dans le monde. Oh mais.. Et mais c'est comme la salvia ! Ces ''barres'' qui se tordent, rentrent dans mon corps et me plaquent au sol, là c'est pareil, mais en plus lent, et à l'échelle cosmique. C'est impressionnant. Mmh, je saurais bien incapable de dire où ils vont moi ces chemins.. Une sorte de vertige cosmique, mais je ne peux détacher mon regard. J'accroche alors visuellement un de ces trajets et le suis, c'est évident, je m'y suis accroché alors je dois finir de le suivre jusqu'à sa fin, mais là il ne se plonge pas dans l'infini, il me mène droit à cette fille à coté de moi, et son pote. Elle me regarde avec un sourire, je les reconnais, ce sont eux qui m'ont payé la trace de K. Que les chemins sont bien tracés ! Mon vertige se finit, j'ai de quoi me rattacher au sol. Danse lente, je me sens terriblement bien mais n'arrive pas à vraiment faire les mouvements que mon corps aimerait faire, alors je stoppe.
Un type essaie de me parler, mais je ne comprends pas ce qu'il me dit, alors je lui demande de répéter. Encore une fois. Encore une fois. Là, je commence à me demander à quel point je suis perché. Encore une fois. Je comprends ce qu'il me dit, mais tout ça me semble tellement déformé, étrange, et ne me souvenant même plus de quoi on parlait au départ, que non, je ne comprends en fait pas. J'arrête d'essayer, tant pis hein, je fais comme si. Je tourne les yeux vers la fille, elle me regarde avec un petit sourire du style ''j'ai bien compris que t'avais rien compris'', et elle continue à danser lentement...
Bon, j'vais me rouler une clope moi ! J'essaie de trouver mes feuilles, et je regarde ce bras, qui me semble totalement étranger et qui semble bouger tout seul à coté de moi, avant de m'apercevoir que c'est le mien. Enfin, je le savais que c'était le mien, mais je n'ai vraiment pas l'impression de le controler, ni qu'il est fixé à mon corps. Je suis ''décalé'' sur la droite en fait, et mon bras gauche est trop distant, vide. Il bouge cependant à merveille et je parviens à me rouler ma clope sans trop de soucis.
2. Mort et renaissance, ou "l'erreur" (qui n'en était pas une) du protoxyde.
C't'alors que je retrouve mon chauffeur, toujours en train de distribuer des ballons, mort de rire. J'regarde mon portable, avec comme idée d'écrire à Larry, mais j'vois alors l'heure, et j'suis drolement étonné du temps qui passe, et oublie d'écrire le message. Je lève la tête et me retrouve face à un ptit type avec un grand sourire et le ballon à la main, je ris. ''Ben quoi ?'', avec son grand sourire. ''Ah non non rien, je sais pas, j'ai juste ris.'' ''Ah.. Non mais ça va me faire quoi ? Parce que moi j'ai jamais rien pris hein !'' Nous nous engageons alors dans une grande conversation que j'essaie tant bien que mal de bien tenir, et il finit par ne pas le vouloir (tout en sachant que je n'ai en aucun cas tenté d'influencer son jugement, j'ai au contraire joué les deux parties),et me le laisse en main. Bon. Ok. J'en fais quoi moi.. ? Je tourne un peu en rond, puis personne de trop motivé, alors j'me dis que j'vais ptetre me lancer; j'le sens bien là.
J'croise mon chauffeur, il cherchait justement le ballon, lui aussi voulait s'en faire un. La magie des chemins. J'décide quand même d'attendre le bon moment, et me trimballe encore un peu le ballon à la main, avant de tomber sur une demoiselle charmante, couverte de boue (comme la plupart des gens), aux yeux d'un bleu pale à y fondre, et elle me demande ce qu'il y a dans le ballon. Je lui réponds, elle me dit qu'elle pensait que c'était de l'hélium, et que du coup elle hésite, on lui en a dit beaucoup de bien mais n'a jamais testé. ''Prends le d'abord, ensuite je verrai !''. J'aspire, il y en a trop pour moi, je lui passe la fin, elle aspire.
Il n'y a plus que son visage. Autour, que du noir. Je suis pris d'une peur jusque là inconnue, la peur du rien, sentiment que je n'avais jamais éprouvé. C'est une peur sans frayeur, une peur de mon calme aussi. Au dessus de son visage, il y a une aiguille en ondulation qui tourne, et sur son lent passage, le noir prend des teintes de plus en plus vertes. Jusqu'à reprendre la couleur des arbres et de l'herbe qui m'entouraient auparavant, le monde reprend un semblant d'existence. Un géant passe devant mon champ de vision, j'ai deux ''photos'' de lui qui passent devant le visage de la fille et l'aiguille.. Je le reconnais, je l'ai vu hier. J'essaie de lui parler, de crier, mais rien, et il est déjà hors de ma vue de toute façon. Me revoila plongé dans ce vert, qui devient de plus en plus clair à chaque passage de l'aiguille...
Bientôt, le visage de la fille s'évanouit, et c'est moi qui suit là dans l'herbe, allongé. L'aiguille ne se distingue plus du fond. Je suis mort. Je le sais. Je suis mort parce qu'il n'y a plus de monde. C'est l'évidence même. Je n'ai pas spécialement peur à cet instant.
Puis, je vois la foret, un chemin dans la clairière qui se trace devant mon être. Et là, l'instant se distord à l'infini. Le chemin commence à se détendre, s'expandre, il devient de plus en plus long, infini. Et la seconde, l'instant figé, le suit. Elle s'étire dans l'espace. Il s'écoule une éternité. Je me vois, là, perdu dans l'immensité. Je vois mon être, mon moi intérieur, plus que jamais. Je le vois, l'analyse, le comprends, j'ai peur, je meurs dans cette seconde, dans ce temps infini. Mon être se déconstruit, s'éparpille dans sa complexité. Un arrêt de toute chose. Plus rien n'est.
Et, alors que l'infini s'est écoulé, tout commence à se rétracter. Le chemin se rapetisse, revient vers sa position initiale. Les particules de mon moi se reconstruisent. Tout revient, d'un seul coup, à sa position initiale, faisant le chemin inverse parfait de l'aller vers l'infini. On rembobine. Je sais que je suis sauvé. Un instant, je me demande si je ne vais pas me réveiller allongé dans la boue. Mais je m'en fiche.
Retour au monde, au vrai, qui n'est pas mort dans ce trou noir. Je n'ai pas bougé d'un poil, et tout ça n'a pas du durer bien longtemps, 2/3 minutes maximum en fait. J'ai la gueule défractée, le coté gauche tout tordu, en un rictus figé que je sens profondément. Ca me rappelle quand ''la molécule'' se battait sous ma peau lors de ma perche dxm/champis, sauf que là, c'est figé. J'comprends vachement de choses, je me rappelle des gens en festival. ''Ceux là étaient sous K en fait.'' J'le comprends. J'essaie d'aller vers des gens, tente de balbutier quelques mots, leur expliquer, mais non, impossible de faire fonctionner mon raisonnement pour l'articuler avec ma parole. Je me sens profondément seul et dévasté de l'intérieur.
Mon chauffeur n'est pas loin, et il a lui aussi tiré son ballon. Il va s'asseoir dans une voiture assez proche, je l'imite. Il n'en peut plus, pareil, il s'est envolé bien trop loin. Il nous explique qu'il a faillit mourir, il a vu la mort en face de lui et a hésité à rester là. Ca lui semblait si normal.. Je me sens soudainement moins seul, et j'arrive à parler un peu avec lui, nous avons vécu les mêmes choses aux mêmes moments (ou du moins les mêmes ressentis), depuis plusieurs heures déjà. Je me sens moins seul, et je n'ai plus peur.
3. Un lutin dans la forêt..
La joie reprend peu à peu son chemin et je suis tout joyeux, bien que pas mal préoccupé par ce que je viens de vivre. Je ne le ressens cependant pas comme quelque chose qui m'a blessé, ou qui m'a perturbé ''à vie'', c'était juste très perturbant. Je décide d'aller pisser un coup, et me retrouve embarquer à la lisière de la forêt. C'est juste magnifique, et ça me donne envie de continuer mon chemin, il est tout tracé en fait, je sais où je dois avancer, alors j'y vais et m'enfonce un peu plus. Parfois, je dois éviter des branches au niveau de ma tête, et quand je les contourne, les regarder m'apparait comme une sensation tout à fait nouvelle, avec une impression de 3D absolument neuve. Je continue à avancer et à m'extasier sur la beauté de cette nature, parfois je bloque sur un détail et c'est comme si je zoomais dessus, tout autour devient flou et lui devient plus que net, j'observe chaque détail.
Je réalise soudain que je pourrais continuer comme ça bien longtemps, et décide de repartir voir les autres.
Du temps se passe, le protoxyde m'a mis dans un foutu état. Toutes les sensations de vertige, de mou, d'incompréhension des autres, sont grandement amplifiées, et alors que je n'ai pas perdu le contrôle une seule fois de toute la nuit, là je sais qu'il y a vraiment deux mondes distincts, celui qui m'entoure, et celui qu'il y a dans mon crane. Et c'n'est pas toujours facile de faire la liaison entre les deux, je me perds dans des raisonnements en avançant dans cette molle harmonie.
''Tu viens avec nous ?, ils ont embourbé leur voiture hier on va aller les aider.'' Allez ! Alors que nous partons, j'entends du Sexy Sushi et je sors mon portable pour écrire un sms à un pote, j'essaierai pendant tout le trajet presque, mais impossible.
Je les suis donc sur le petit chemin, à travers la foret. Je le suis sur le petit chemin. Les autres ont complétement disparu de ma vision. Tiens mais. Pourquoi je marche ici moi. Où est-ce que je vais en fait là ? Impossible à dire.. Mais bon le chemin est tout tracé, alors je le suis. Je me verrais très mal faire demi-tour. Et puis, là, il y a ce lutin qui avance devant moi, à travers cette foret qui scintille de milles lumières, d'un vert éclatant... Oh le lutin disparaît. Merde je suis seul, où est-ce que je dois aller ? Je ne sais pas, je galère, j'avance, oh, c'est bon, il est là, il m'attend. Ah tiens mais c'n'est pas un lutin, c'est mon pote. Et la forêt n'est pas une forêt d'heroic fantasy comme je l'imaginais avant en fait. Le gars m'attend et me parle, je tente de lui expliquer, je sors le mot lutin, baragouine deux trois trucs, me concentre, formule une phrase enfin correcte et non délirante, mais je n'arriverai pas à beaucoup plus. Je lui dis d'y aller, que je les rejoins, que j'en chie vraiment. Il part devant, et je me remets à suivre le lutin, tout en sachant cette fois au fond de moi que ce n'en est pas vraiment un.
Nous arrivons à la voiture, et moi ça va mieux. Je me rappelle soudainement pourquoi j'ai fait tout ce trajet en fait, et les choses commencent un peu à s'organiser dans ma tête. C'est bon. J'arrive à être dans le monde. Je les aide avec la voiture, monte dans le coffre, et nous voilà repartit pour la teuf. Je me sens drolement bien, à l'arrière comme ça, coffre ouvert, et je redeviens moi même le temps du trajet.
Et voilà. C'est ainsi que s'achève ce récit, de ma première à la K. Pas forcément fier du coup du protoxyde, mais pas mécontent non plus. Mais ça m'a mis vraiment en vrac, et j'ai eu un ressenti étrange à l'intérieur de moi jusqu'au soir. Je le réutiliserai probablement avec des psychés, mais occasionnellement, avec une vraie parcimonie. Dangereux ce truc.
Par contre la K... C'était une sensation totalement nouvelle, je saisis mieux l'image de Larry du ''gorille trébuchant''. Je saisis mieux les types incapables de parler en fin de festoch, qui baragouinent des trucs incompréhensibles. J'comprends mieux l'attirance, la folie, la malice de cette drogue, et les grands chemins qu'elle semble pouvoir montrer. De l'ordre cosmique. Et la mort aussi. Enfin l'absence de tout. Cette sensation toute nouvelle.. La peur sans peur du vide, mais du vide cosmique. C'est déroutant, et impressionnant. Une drogue qui a plein de choses à offrir et peut prendre beaucoup..
Voilà voilà en espérant que ce petit (long) récit vous aura plu !
Bien à vous.
UbiK/
C'était donc ma toute première fois à la K. Je zapperai le contexte, enfin, on va dire que c'est pas bon pour la Rdr. Disons donc simplement que j'étais en teuf, après une nuit formidable dans la boue et mon moi intérieur.
Récit :
1. Les chemins, et le mou.
Il doit être aux alentours de midi. Le soleil s'est levé, on a même le droit à quelques rayons directement sur nous, c'est parfait. J'traine un peu avec des potes avant qu'ils ne partent, essaie de les motiver à rester plus mais rien à faire, et au fond j'les comprends, même si... Bon, tant pis pour eux hein, j'leur taxe une dernière fois le bang et m'en vais retrouver le type qui m'a amené, un peu plus loin dans une autre voiture. Il est posé avec des gens que j'ai -forcément- croisé la veille, mais pas spécialement parlé avec eux, c'est l'occasion de le faire. Puis, un ''Tu veux une trace de K ?'' de la part de mon chauffeur, ce sont justement les autres qui régalent, légère hésitation interne (''Est-ce que c'est bien ou pas, est-ce que j'en ai vraiment envie ? .. bon j'me lance, j'l'attends tellement cette première!''), et j'accepte donc. Il me dit qu'il m'en a fait une pas mal, lui même vient juste de tirer, à mon tour. Ca tombe dans la narine et s'y bloque, goût étrange.
J'suis donc là, à l'arrière de cette voiture et on reste un peu, puis je commence à sentir la chose monter. C'est très étrange en fait, je me sens vraiment bien là où je suis, tout devient ''mou'', moi également, corps cotonneux et sensation de bien être dans l'espace. C'est mou et ça coule, la vision se floute un peu comme avec l'alcool, je regarde la gadoue qui coule en différents endroits, et tout qui semble converger vers un même point.. Tout ça très subtilement. On se décide alors à se lever, on va aller un peu devant le son ! J'me retrouve donc à me mettre debout, et là déjà c'est plus périlleux, ça coule vraiment, et ça tangue. J'arrive à récupérer l'équilibre et commence à me déplacer. C'est alors que tout semble très harmonisé, même si ça coule, tangue, que ma vision n'est pas tout à fait claire et mon équilibre imparfait, pourtant, c'est normal, et il y a même quelque chose de majestueux là dedans. C'est lent. Mon chauffeur passe des ballons de proto à droite à gauche, m'en propose un, je refuse, pas de suite, j'attends d'abord de voir la chose bien montée.
Et ça ne se fait pas attendre, enfin, dur à dire vu ma perception du temps. J'décide de fermer les yeux un instant pour regarder si jamais j'ai des cev, et c'est le cas, je vois des carrés vides, qui scintillent et changent de couleurs de bord en permanence. Ils tournoient sur eux-mêmes, et ça avance, lentement. Mais bon, pas trop envie de rester les yeux fermés, alors je ne m'éternise pas, mais me dis que ça, ça doit être bien fun seul posé. Normal.
J'lève les yeux au ciel et me,retrouve diablement impressionné par l'immensité qui m'entoure. Les nuages forment clairement des ''chemins'', qu'ils empruntent par groupe. C'est comme s'ils étaient sur des plans de perspective et de réalité différents, sur ces chemins qui en spirale qui finissent par s'étendre en une ligne droite qui plonge lentement vers je ne sais où, là-bas derrière les arbres, loin dans le monde. Oh mais.. Et mais c'est comme la salvia ! Ces ''barres'' qui se tordent, rentrent dans mon corps et me plaquent au sol, là c'est pareil, mais en plus lent, et à l'échelle cosmique. C'est impressionnant. Mmh, je saurais bien incapable de dire où ils vont moi ces chemins.. Une sorte de vertige cosmique, mais je ne peux détacher mon regard. J'accroche alors visuellement un de ces trajets et le suis, c'est évident, je m'y suis accroché alors je dois finir de le suivre jusqu'à sa fin, mais là il ne se plonge pas dans l'infini, il me mène droit à cette fille à coté de moi, et son pote. Elle me regarde avec un sourire, je les reconnais, ce sont eux qui m'ont payé la trace de K. Que les chemins sont bien tracés ! Mon vertige se finit, j'ai de quoi me rattacher au sol. Danse lente, je me sens terriblement bien mais n'arrive pas à vraiment faire les mouvements que mon corps aimerait faire, alors je stoppe.
Un type essaie de me parler, mais je ne comprends pas ce qu'il me dit, alors je lui demande de répéter. Encore une fois. Encore une fois. Là, je commence à me demander à quel point je suis perché. Encore une fois. Je comprends ce qu'il me dit, mais tout ça me semble tellement déformé, étrange, et ne me souvenant même plus de quoi on parlait au départ, que non, je ne comprends en fait pas. J'arrête d'essayer, tant pis hein, je fais comme si. Je tourne les yeux vers la fille, elle me regarde avec un petit sourire du style ''j'ai bien compris que t'avais rien compris'', et elle continue à danser lentement...
Bon, j'vais me rouler une clope moi ! J'essaie de trouver mes feuilles, et je regarde ce bras, qui me semble totalement étranger et qui semble bouger tout seul à coté de moi, avant de m'apercevoir que c'est le mien. Enfin, je le savais que c'était le mien, mais je n'ai vraiment pas l'impression de le controler, ni qu'il est fixé à mon corps. Je suis ''décalé'' sur la droite en fait, et mon bras gauche est trop distant, vide. Il bouge cependant à merveille et je parviens à me rouler ma clope sans trop de soucis.
2. Mort et renaissance, ou "l'erreur" (qui n'en était pas une) du protoxyde.
C't'alors que je retrouve mon chauffeur, toujours en train de distribuer des ballons, mort de rire. J'regarde mon portable, avec comme idée d'écrire à Larry, mais j'vois alors l'heure, et j'suis drolement étonné du temps qui passe, et oublie d'écrire le message. Je lève la tête et me retrouve face à un ptit type avec un grand sourire et le ballon à la main, je ris. ''Ben quoi ?'', avec son grand sourire. ''Ah non non rien, je sais pas, j'ai juste ris.'' ''Ah.. Non mais ça va me faire quoi ? Parce que moi j'ai jamais rien pris hein !'' Nous nous engageons alors dans une grande conversation que j'essaie tant bien que mal de bien tenir, et il finit par ne pas le vouloir (tout en sachant que je n'ai en aucun cas tenté d'influencer son jugement, j'ai au contraire joué les deux parties),et me le laisse en main. Bon. Ok. J'en fais quoi moi.. ? Je tourne un peu en rond, puis personne de trop motivé, alors j'me dis que j'vais ptetre me lancer; j'le sens bien là.
J'croise mon chauffeur, il cherchait justement le ballon, lui aussi voulait s'en faire un. La magie des chemins. J'décide quand même d'attendre le bon moment, et me trimballe encore un peu le ballon à la main, avant de tomber sur une demoiselle charmante, couverte de boue (comme la plupart des gens), aux yeux d'un bleu pale à y fondre, et elle me demande ce qu'il y a dans le ballon. Je lui réponds, elle me dit qu'elle pensait que c'était de l'hélium, et que du coup elle hésite, on lui en a dit beaucoup de bien mais n'a jamais testé. ''Prends le d'abord, ensuite je verrai !''. J'aspire, il y en a trop pour moi, je lui passe la fin, elle aspire.
Il n'y a plus que son visage. Autour, que du noir. Je suis pris d'une peur jusque là inconnue, la peur du rien, sentiment que je n'avais jamais éprouvé. C'est une peur sans frayeur, une peur de mon calme aussi. Au dessus de son visage, il y a une aiguille en ondulation qui tourne, et sur son lent passage, le noir prend des teintes de plus en plus vertes. Jusqu'à reprendre la couleur des arbres et de l'herbe qui m'entouraient auparavant, le monde reprend un semblant d'existence. Un géant passe devant mon champ de vision, j'ai deux ''photos'' de lui qui passent devant le visage de la fille et l'aiguille.. Je le reconnais, je l'ai vu hier. J'essaie de lui parler, de crier, mais rien, et il est déjà hors de ma vue de toute façon. Me revoila plongé dans ce vert, qui devient de plus en plus clair à chaque passage de l'aiguille...
Bientôt, le visage de la fille s'évanouit, et c'est moi qui suit là dans l'herbe, allongé. L'aiguille ne se distingue plus du fond. Je suis mort. Je le sais. Je suis mort parce qu'il n'y a plus de monde. C'est l'évidence même. Je n'ai pas spécialement peur à cet instant.
Puis, je vois la foret, un chemin dans la clairière qui se trace devant mon être. Et là, l'instant se distord à l'infini. Le chemin commence à se détendre, s'expandre, il devient de plus en plus long, infini. Et la seconde, l'instant figé, le suit. Elle s'étire dans l'espace. Il s'écoule une éternité. Je me vois, là, perdu dans l'immensité. Je vois mon être, mon moi intérieur, plus que jamais. Je le vois, l'analyse, le comprends, j'ai peur, je meurs dans cette seconde, dans ce temps infini. Mon être se déconstruit, s'éparpille dans sa complexité. Un arrêt de toute chose. Plus rien n'est.
Et, alors que l'infini s'est écoulé, tout commence à se rétracter. Le chemin se rapetisse, revient vers sa position initiale. Les particules de mon moi se reconstruisent. Tout revient, d'un seul coup, à sa position initiale, faisant le chemin inverse parfait de l'aller vers l'infini. On rembobine. Je sais que je suis sauvé. Un instant, je me demande si je ne vais pas me réveiller allongé dans la boue. Mais je m'en fiche.
Retour au monde, au vrai, qui n'est pas mort dans ce trou noir. Je n'ai pas bougé d'un poil, et tout ça n'a pas du durer bien longtemps, 2/3 minutes maximum en fait. J'ai la gueule défractée, le coté gauche tout tordu, en un rictus figé que je sens profondément. Ca me rappelle quand ''la molécule'' se battait sous ma peau lors de ma perche dxm/champis, sauf que là, c'est figé. J'comprends vachement de choses, je me rappelle des gens en festival. ''Ceux là étaient sous K en fait.'' J'le comprends. J'essaie d'aller vers des gens, tente de balbutier quelques mots, leur expliquer, mais non, impossible de faire fonctionner mon raisonnement pour l'articuler avec ma parole. Je me sens profondément seul et dévasté de l'intérieur.
Mon chauffeur n'est pas loin, et il a lui aussi tiré son ballon. Il va s'asseoir dans une voiture assez proche, je l'imite. Il n'en peut plus, pareil, il s'est envolé bien trop loin. Il nous explique qu'il a faillit mourir, il a vu la mort en face de lui et a hésité à rester là. Ca lui semblait si normal.. Je me sens soudainement moins seul, et j'arrive à parler un peu avec lui, nous avons vécu les mêmes choses aux mêmes moments (ou du moins les mêmes ressentis), depuis plusieurs heures déjà. Je me sens moins seul, et je n'ai plus peur.
3. Un lutin dans la forêt..
La joie reprend peu à peu son chemin et je suis tout joyeux, bien que pas mal préoccupé par ce que je viens de vivre. Je ne le ressens cependant pas comme quelque chose qui m'a blessé, ou qui m'a perturbé ''à vie'', c'était juste très perturbant. Je décide d'aller pisser un coup, et me retrouve embarquer à la lisière de la forêt. C'est juste magnifique, et ça me donne envie de continuer mon chemin, il est tout tracé en fait, je sais où je dois avancer, alors j'y vais et m'enfonce un peu plus. Parfois, je dois éviter des branches au niveau de ma tête, et quand je les contourne, les regarder m'apparait comme une sensation tout à fait nouvelle, avec une impression de 3D absolument neuve. Je continue à avancer et à m'extasier sur la beauté de cette nature, parfois je bloque sur un détail et c'est comme si je zoomais dessus, tout autour devient flou et lui devient plus que net, j'observe chaque détail.
Je réalise soudain que je pourrais continuer comme ça bien longtemps, et décide de repartir voir les autres.
Du temps se passe, le protoxyde m'a mis dans un foutu état. Toutes les sensations de vertige, de mou, d'incompréhension des autres, sont grandement amplifiées, et alors que je n'ai pas perdu le contrôle une seule fois de toute la nuit, là je sais qu'il y a vraiment deux mondes distincts, celui qui m'entoure, et celui qu'il y a dans mon crane. Et c'n'est pas toujours facile de faire la liaison entre les deux, je me perds dans des raisonnements en avançant dans cette molle harmonie.
''Tu viens avec nous ?, ils ont embourbé leur voiture hier on va aller les aider.'' Allez ! Alors que nous partons, j'entends du Sexy Sushi et je sors mon portable pour écrire un sms à un pote, j'essaierai pendant tout le trajet presque, mais impossible.
Je les suis donc sur le petit chemin, à travers la foret. Je le suis sur le petit chemin. Les autres ont complétement disparu de ma vision. Tiens mais. Pourquoi je marche ici moi. Où est-ce que je vais en fait là ? Impossible à dire.. Mais bon le chemin est tout tracé, alors je le suis. Je me verrais très mal faire demi-tour. Et puis, là, il y a ce lutin qui avance devant moi, à travers cette foret qui scintille de milles lumières, d'un vert éclatant... Oh le lutin disparaît. Merde je suis seul, où est-ce que je dois aller ? Je ne sais pas, je galère, j'avance, oh, c'est bon, il est là, il m'attend. Ah tiens mais c'n'est pas un lutin, c'est mon pote. Et la forêt n'est pas une forêt d'heroic fantasy comme je l'imaginais avant en fait. Le gars m'attend et me parle, je tente de lui expliquer, je sors le mot lutin, baragouine deux trois trucs, me concentre, formule une phrase enfin correcte et non délirante, mais je n'arriverai pas à beaucoup plus. Je lui dis d'y aller, que je les rejoins, que j'en chie vraiment. Il part devant, et je me remets à suivre le lutin, tout en sachant cette fois au fond de moi que ce n'en est pas vraiment un.
Nous arrivons à la voiture, et moi ça va mieux. Je me rappelle soudainement pourquoi j'ai fait tout ce trajet en fait, et les choses commencent un peu à s'organiser dans ma tête. C'est bon. J'arrive à être dans le monde. Je les aide avec la voiture, monte dans le coffre, et nous voilà repartit pour la teuf. Je me sens drolement bien, à l'arrière comme ça, coffre ouvert, et je redeviens moi même le temps du trajet.
Et voilà. C'est ainsi que s'achève ce récit, de ma première à la K. Pas forcément fier du coup du protoxyde, mais pas mécontent non plus. Mais ça m'a mis vraiment en vrac, et j'ai eu un ressenti étrange à l'intérieur de moi jusqu'au soir. Je le réutiliserai probablement avec des psychés, mais occasionnellement, avec une vraie parcimonie. Dangereux ce truc.
Par contre la K... C'était une sensation totalement nouvelle, je saisis mieux l'image de Larry du ''gorille trébuchant''. Je saisis mieux les types incapables de parler en fin de festoch, qui baragouinent des trucs incompréhensibles. J'comprends mieux l'attirance, la folie, la malice de cette drogue, et les grands chemins qu'elle semble pouvoir montrer. De l'ordre cosmique. Et la mort aussi. Enfin l'absence de tout. Cette sensation toute nouvelle.. La peur sans peur du vide, mais du vide cosmique. C'est déroutant, et impressionnant. Une drogue qui a plein de choses à offrir et peut prendre beaucoup..
Voilà voilà en espérant que ce petit (long) récit vous aura plu !
Bien à vous.
UbiK/