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Monsieur Mouette
Guest
Hej, Psychonauts !
Publié dans le groupe "Hadra", et envie de rendre ça visible pour le reste du forum. Bonne lecture !
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La transcendance boueuse de la Mouette lysergée.
Voici mon témoignage du Hadra 2012. Ce n'est pas exactement un TR. Ca ne parle que peu de prods. Mais ça en parle un peu quand même, et j'ai besoin de le chier quelque part. Mes amis, je peux leur parler de certaines parties, mais pas leur donner tout, tout ça, tout ce qu'il s'est passé. Si à vous tous, vous en intégrez chacun une partie, si vous, tous ensemble, digérez un tout petit morceau de cet évènement chacun, alors je serai heureux Si jamais j'ai pu restituer l'intensité et la richesse de l'expérience que j'ai vécue, ou même l'approcher, la toucher du doigt, je suis content.
Cependant, je vous demande de lire ça posé, pas de manière transversale, de lire seulement si vous êtes vraiment curieux de ce que j'ai à raconter. Je préviens, c'est pas transcendant, c'est pas... C'est un pas un TR psychonautique typique, c'est juste mon témoignage, brut.
J'ai envie de vous raconter une histoire, à vous les Psychonauts, parce que vous avez fait partie du Hadra. C'est marrant à dire, ça n'est pas sorti des drogues que j'ai prises ; simplement, quand je retrouvais un Psycho, j'avais l'impression d'avoir retrouvé le festival. Tiens, le festival se balade par là ! Tiens, le festival va chier ?! Tiens, le Hadra a trop pris de K !
Chaque Psychonautien était un organe, un nerf, de l'entité Hadra. Mes amis A et E en étaient déconnectés. Vous, vous viviez l'event. Vous le laissiez exister. J'ai été assez muet avec vous. J'avais qu'à vous regarder. Stonix, Azra, Stylo, Hatsu, Larry, tous, j'avais pas besoin de parler et de parler, alors que dans ma vie je suis plutôt tonique et j'arrête pas, j'arrête pas, j'arrête jamais de raconter des conneries et de sauter et de courir, là, j'existais, juste. Et ça me suffisait. C'était surprenant. J'ai découvert ce qu'était "être calme" au Hadra. Le calme. Juste. Je ne connaissais pas, je ne savais pas.
J'ai beau faire, j'ai toujours un amour réel pour l'univers des free, des festivals, des teufs, pour les chéper' aux yeux hallucinés, pour toutes les connexions syntaxiques et lexicales COMPLETEMENT BARJES induites par les prises de lsd, pour les points de pression qu'on retrouve des fois quelques jours plus tard, morts de rire, en se disant "Ah ouais mais graaaaaaaaaaaave c'était trop ça !"
Le Hadra, pour moi, c'était vraiment un big trip d'éveil. Un éveil qui était déjà arrivé, mais moins fort. Là, c'était ultra-bourrin, j'ai pas su aligner des mots correctement à partir du dimanche jusqu'à quelques jours après. C'était bien.
Avant de raconter mon bordel, qui va être assez séquentiel avec juste des morceaux choisis (j'ai pas mal raté les deux premiers jours / soirs à part la soirée de jeudi soir de grosse poilade avec Larry) ben avant de raconter mon bordel... Rien en fait. Finalement. Haha.
Les premiers Psycho.
" - Monsieur Moueeeeeet' !"
Quoi ? J'ai été lu ? Quelqu'un a retenu que je pouvais apparaître comme par magie ? Ouaaaaaaaaaais !
J'avais passé bien deux heures à errer un peu, à partir de mon arrivée sur le Hadra à 1h30 vendredi matin, ou jeudi soir, bref, me baladant, examinant le festival, l'araignée, le main stage, le alt stage, les shops, refusant tout ce qu'on me proposait. J'avais juste fait un achat miraculeux de 20 euros, pour de l'herbe. Si j'avais su à ce moment que c'était aussi miraculeux (ce dont je me suis rendu compte à la première taf de cette herbe magique), je lui aurais vidé son stock et je me serais même pas fait chier à consommer des produits aussi foireux que ceux que j'ai gobé.
Enfin, des gens ! Et des Psychos ! Je vais rouler un joint.
Hatsu, Stonix, Larry,et un quatrième que j'ai malheureusement oublié (Sauf si c'était Ambulance, auquel cas je m'en souviens ! Haha), posés au chill.
Hatsu semblait revenir d'un pays lointain, conquis à la pointe de la baguette magique, induisant tout un tas de nouvelles questions à se poser, tout plein de nouvelles choses à aller chercher, mais quoi, la réalité est-elle si étendue ? En tout cas, c'étaient ce que tes yeux disaient. Avec pas mal de "Je sais pas trop ce qui m'est tombée dessus mais... Aoutch." aussi. Et d'autres choses. Tu semblais en plein ré-agencement. Ca avait l'air de computer sévère.
Larry a parlé de Kétamine. Du coup, on en a pris. Dépucelage pour moi. Je m'attendais à un truc immonde à taper. En fait non, ça passe mieux que la md (oui j'en ai tapé par le pif. J'avoue. Il y a longtemps.) et c'est pas aussi mauvais au goût que le speed. On s'est plus lâchés pendant toute la soirée, j'ai adoré ces délires avec toi Larry ! On s'est pris une chaîne dans les jambes (c'était avec toi, hein ? Mes souvenirs me font des blagues), une chaîne qu'on avait pas vue parce qu'on était trop occupés à regarder nos pieds se dissocier par nos yeux dissociés et puis tout ce rire qu'il y avait tout partout, et ces gens qui me suivaient, enfin ces moi qui me suivaient plutôt... Mais j'ai vraiment failli tomber, moi, l'air de rien !
Il y avait aussi ce pic de montagne qu'on voyait depuis le QG des Psycho, aussi, bordel, qu'est-ce qu'il avait à être aussi riche ? C'était un organisme à part, c'étaient quoi ces petits machins, des arbres, des maisons, mais je comprends rien, c'est des lego qui sont devant moi ou c'est une montagne qui est à cent kilomètres ?? Et cette brume, cette chose, là, tu vois, là, mais si je te dis !
Sludge, à ma gauche : " - Non, je vois pas, vraiment, j'ai beau faire, je vois pas."
Ce flegme, Sludge, peu importe quand, peu importe où, je le reconnaîtrai d'oreille même parmi mille personnes. Je suis content de t'avoir rencontré Sludge, IRL. Juste, ce flegme.You got the attitude.
Reste Stonix, pour ce jeudi soir.
Stonix.
Franchement, tu m'as fait penser à moi en teuf bretonne hardcore. T'es pas une pile Duracell, nan, t'es pire, t'es une centrale nucléaire, t'as tellement besoin d'exploser qu'à la moindre sollicitation, BAM ! C'était über-cool de te voir pendant le set de Penta. Ca défouraillait, tu défouraillais, les gens autour hallucinaient, et moi j'étais bien. Entre deux dissociations, s'entend. Mec, t'as pas besoin de prendre de carton, c'est toi le carton. C'est toi le LSD. Dixit Slash, un vieil ami, "Tu ES le fer forgé !"
Tu exprimes ce qui se passe dans le flux, ou plutôt dans le Flux, tu captes l'énergies, tu la renvoies partout, dans toutes les directions, en même temps, tu sors ce que t'as à sortir, tu le sors en dur, en virevoltant, bordel, t'es une expérience à toi tout seul, et ça, ça poutre. Content de t'avoir rencontré.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus pourquoi, je ne sais plus d'où, mais j'en suis parti pour rentrer dans ma tente. Redevenu sobre. - je précise que je ne bois pas d'alcool, je me suis permis un ch'tit verre d'absinthe pure samedi soir pour aller avec un para, mais c'est tout. Disons que j'aime bien les bons produits, genre un Buchmill bien vieilli dans une soirée posée, en capacité de savourer... Mais sinon, l'ivresse, la mauvaise bière et le mauvais vin... non.
Sobre ? Je rentre dans ma tente. Difficilement. Ah, ça me rappelle autre chose que j'ai oublié de raconter...
Comme quand je suis revenu, à un moment précédent dans la soirée, pour prendre un truc dans ma tente : je suis arrivé devant, ai cherché, longuement, les clefs de la tente. Dans toutes mes poches. " - Meeeeerde je les ai laissées là-bas !" Je repars. Je fais cent mètres...
Les clefs de ta tente ? Mais t'es con ou t'es perché ?
Oh galère.
Mais revenons à nos moutons : je rentre dans la tente, le soir, sobre.
Sobre ? Et ben putain... Je suis resté une heure (véridique, j'ai regardé) assis dans ma tente. A chaque fois que je bougeais, je me rappelais de pourquoi j'étais venu, qui j'étais, ce que je devais faire, oui mais dans quel ordre, attends j'ai envie de fumer une clope, ouais mais faut que j'enlève mes pompes, oh mais, quoi, oui, c'est vrai, mais c'est cool ici, blablabla... Rho la K c'est cool, quand même. J'étais entré dans une autre dimension encastrée dans une autre dimension encastrée dans une autre dimension, jusqu'à saturation. Comme deux miroirs qui se regardent, dédoublant à l'infini, c'est exactement ce que j'ai ressenti avec la Ké. J'ai finalement réussi à me déssaper, à me mettre dans mon duvet. Moins difficile que sous LSD, moins de concentration nécessaire, mais quand même, ça c'était d'la mission ! J'ai même pas fumé de clope, conscient du fait qu'il fallait que je les cherche dans mon pantalon, loin de mes mains. Et que ça allait être une grande mission, aussi. Dur. Pas envie. Fatigué. Alors j'ai dormi. Pouf.
La journée de merde.
Vendredi. Commencé par un café, fini par une fille qui s'est retrouvée dans ma tente de manière mécanique. Qui s'en est retournée non moins mécaniquement. Comme si c'était juste... Un système. Quelque chose qui fonctionnait comme ça, et pis c'est tout.
Ah mais attends, avant il y a eu plein d'autres choses, nan ? Ouais, je vais commencer par le début.
Je ne sais plus trop quand dans la journée, rencontre de Castles et Hallu. On a parlé, on a chillé, on a parlé, on a fumé un pétard, on a gobé les faux cartons que j'avais acheté. On le savait pas qu'ils étaient faux ! Haha. A un moment, ça monte, mais ça monte, j'ai vraiment envie de me marrer ! Je me dis OUAIS ! C'EST COOL ! DU LSD !! ... Pour rappel, j'étais dans l'optique de me faire un Candyflipping de malade.
Castles ou Hallu, je ne sais plus : " - Mec, on vient de fumer, c'est ça que tu sens."
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Putain. La MD non plus marche pas. Ya que cette beu qui est une valeur sûre. Reste ici, beu. Tu seras garante de mon rire pendant tout le festival.
T'es vraiment con d'avoir acheté des produits de merde.
La ferme l'enfant intérieur. Je sais. Pas besoin de toi, là, maintenant, je sais pas, je sais plus, je veux aller de l'autre côté. La fille d'à côté de nous s'appelait Cléo. Ca, je m'en rappelle. De quoi on a parlé, je m'en rappelle plus. Pourquoi je l'ai embrassée, je sais plus. Pourquoi elle a fini à poil et moi avec, je sais plus. Placebo de copie de copie de copie de MD surcoupée. M'en fous : elle est partie, je peux enfin dormir.
J'ai passé un bon moment avec vous Castles et Hallu, et d'autres bons moments pendant tout le festival, jusqu'au largage final à Gre avec mon fratras de festivalier. Merci entre autres choses pour cette après-midi chez un facteur de didjeridus, c'était un bon moment après la tempête.
Décollaaaaaaage ! Et tellement plus...
Samedi ? Samedi ? Hé mais il y a une teuf ce soir ! Hé mais c'est quoi ce truc là, pourquoi je peux plus bouger ?
C'est ton duvet, imbécile.
... Ok. Et ça ?
C'est ta tente.
Tiens c'est vrai, je suis au Hadra ! J'ouvre la tente. Je sais plus trop ce que j'ai fait toute la journée, mais je crois que c'était coule. J'ai rencontré D, un ami qui a déménagé de Rennes vers Grenoble (Azriel, que certains connaissent) il y a quelques années, et que j'avais une furieuse envie de voir au Hadra. Une tête connue, dans le même trip que moi, avec A, son amie, diablement intéressante, deux personnes qui ont formé un bon repère pour le jeune homme un peu perdu que j'étais.
J'ai bu un café, aussi. Pis j'ai trouvé des para de MD bien dosés qui avaient l'air pas trop mal. Enfin, trouvés, achetés, bien sûr. Et "on" (si tu sais qui tu es, dis-le moi, moi je le sais mais j'ai oublié ton nom, sacrebordeldemerde) m'a payé une goutte de lsd. J'ai commencé la soirée avec A et E, mes deux compères de route avec qui je suis venu ; on s'est dit " - on essaie de pas se lâcher". (On est d'accord : D et A vont ensemble, A et E vont ensemble, ce ne sont pas les mêmes !
Je me suis retenu jusqu'à une heure avancée de consommer le moindre produit. Je voulais des repères avant de faire le grand saut du candyflip. J'avais toujours ma bouteille d'eau à la main, je savais ce qu'elle contenait, on me demandait de l'eau, je refusais et j'expliquais pourquoi, on comprenait et on me souhaitait un bon voyage. Dans les festivals et les free ici, j'ai rarement rencontré autant de gens bien, concentrés sur un même évènement. Comme ce gars avec qui j'ai parlé dans la journée de samedi. Il venait de Vannes. " - Je suis venu en stop, je suis arrivé en bas de la montagne, ils voulaient pas mettre de navette ni vendre de billet, je suis reparti... Vers le haut. J'ai mis quatre heures, mais je suis LA !!" Le warrior. J'ai bien rigolé avec A et ce type dont j'ai oublié le nom.
Vers je ne sais pas quelle heure, je me retrouve au chill avec A et E. Roulons un joint. Ah vous prenez un carton ? Ah bon d'accord. Je vide la bouteille d'eau qui contenait mon précieux. Je prends un para avec. Quelques minutes plus tard, ***** DESOLE POUR LA RDR ***** DESOLE POUR LA RDR ****** DESOLE POUR LA RDR ****** je me regobe un deuxième para. Dès que je l'ai sentie montée, peut-être vers 23h30, je savais qu'elle était tout juste correcte et vraiment très légère. Du coup j'ai gobé le reste au fil de la nuit.
Avec A et E au main, que j'avais retrouvés après les avoir perdus je ne sais plus pourquoi, ça monte un peu, le lsd se bat avec la md, ça redescend, les couleurs, tout ça, enfin le bazar que vous connaissez. C'est pas maintenant l'important. C'est plus tard, vous comprendrez pourquoi. On se dit qu'on se quitte pas, on se dit des trucs bien, je les regarde, et je sais que c'est pas là que je dois être. La musique, la Trance, c'est bien, mais c'est pas... c'est pas assez... C'est trop structuré, je suis un enfant de l'expérimental, de l'improvisation, ce n'est pas pour la musique que je suis venu, je le sais, je cherche autre chose. On est environ 5/6h après la prise de lsd/md.
Alors je m'en vais, la md remonte, une vague de bien-être, un peu d'acide, une montée de "j'ai envie de faire le con", je me met à sautiller dans la boue vers le stage 2, en bas, en bas, toujours plus bas. Grosse montée d'acide. Je gerbe sur place, j'arrive pas à contenir. Dans ma tête, ça fait comme " - Je m'en fous c'est de la goutte ! C'est pas un carton j'ai pas besoin de me retenir c'est déjà dans le sang !" J'arrive sous le pont. Deuxième montée d'acide. Je réussis à contenir. Je monte vers l'ombre, le talus, l'herbe, je vomis tout ce que j'ai (en l'occurence, presque rien. De la bile. Des trucs qui font mal. Un peu oublié de manger.). Ca fait mal, je pleure d'acidité. Putain ça fait super mal, je repasse dans le tunnel en titubant, des larmes plein les yeux, tentant d'étouffer les derniers soubresauts de mon ventre. Je ne regarde pas les gens, je veux pas qu'ils me voient, j'en chie grave. Je voudrais ne pas avoir un putain de bonnet orange, des lunettes de soleil blanches et un keffieh blanc et ne pas être visible à cent mètres, du haut de mon mètre 83. Je veux que ça s'arrête, j'en chie, mais je sais que c'est pas grave, c'est l'avant, je cherche le pendant, je cherche l'Endroit.
J'ai l'impression de conquérir ma perche, de la payer. Je vais me manger un truc à la tente. Ca passe dur. C'était quoi déjà ? Des sardines au piment. Oh putain, merde. Je sens mon intérieur qui s'enflamme. Je range, fume une clope, bois de l'eau, me lave les dents, bois de l'eau, je déconseille le menthol sur piment, ça fait très mal.
Je redescends vers le alt stage. J'en chie stomakalement mais moins. Des choses louches se passent, puis en fait pas tant que ça, non, cette goutte est très soft, très light, très... nature. Malgré ma sensibilité extrême à l'acide, mais ça... rien ne change, eh. Je sais pas comment le décrire, je suis juste un enfant. Je commence à le comprendre. On est plus de 6h après la prise de md/lsd. Je commence à bien sentir le lsd. C'est chouette, ça aussi. Un enfant. Haha.
Je croise D et A. Ils sont beaux !
T'as pris de la mdma. Bien sûr qu'ils sont beaux.
Oui bon ça va... Bref, je croise D et A. Je venais d'acheter un bonnet orange ridicule et un keffieh blanc, pour bien saisir la nuance entre juste ne pas avoir froid, ce qui était le cas depuis le début du Hadra vu comme j'étais équipé, et avoir chaud, bref, le confort, l'agréabilité de la soirée, tout ça. J'avais une barre verticale de peinture bleu fluo sur le visage. J'étais presque prêt.
" - On cherche un massage !
- Un MASSAGE ? Ici ? Waaa grave !"
Trop jouace. Trop content. J'étais avec des gens bien, dans un endroit bien, dans les montagnes, je commençais enfin à réaliser ce que j'étais venu faire, ce que je faisais, ce que j'allais faire, où j'étais. Et tant pis s'il m'a fallu une perche au lsd pour le réaliser. Alors on cherche la nana qui fait des massages ! On cherche. On cherche... On trouve pas... On était au niveau des shops, ceux d'avant de descendre vers l'alternative stage. Avec la recherche de la masseuse, une autre quête commençait, au niveau d'en-dessous, dans le monde des formes. Peut-être celle de moi-même. Je me sentais si proche... Si bien...
On ne trouve pas la masseuse. Du coup, un coup d'absinthe, et vers le son du alt stage. Au bout d'un moment, D veut aller se reposer un peu, on le laisse aller, je me retrouve avec A ! On discute, et à un moment, on voit un chemin (à côté du grand truc orange fluo où ils avaient fait des perfs, des ateliers, des trucs visuels pendant tout l'event) inconnu, on y va... On tombe sur des gens, un mini-chillout et une pancarte. "Massage, 5 €'".
On a trouvé. Moi j'ai trouvé l'Endroit que je cherchais depuis le début. Un endroit à taille humaine, un moment, une petite famille du moment. Deux personnes étaient là, un couple, d'ailleurs.
Je n'arrive pas à raconter ça autrement qu'en survol, je ne peux pas coucher l'expérience réellement sur le papier, c'est entièrement intérieur, mais à toi qui me lis, c'est à partir de maintenant qu'a commencé l'exceptionnel, l'intense, le familier, le nouveau, les formes, le divin. Tout ça à la fois, et pendant une semaine.
L'éveil.
Les deux personnes qui étaient déjà assises, je les nommerai Belle et Chep. Je ne connais pas leurs noms, ils étaient MD-tés au possible, mais elle était diablement jolie et lui marrant. J'ai fait mon spectacle, ce que je fais usuellement quand j'ai pris du lsd. J'ai toujours envie de faire le con. Enfin, plus que d'habitude ! J'annonce. " - JE ROULE UN PETARD !" Ovation générale. La masseuse sort de son camion, avec la personne qu'elle venait de masser. Alice y va, je lui souhaite un bon moment, et retourne à mes choses. Bref. Pétard. Puis j'ai envie de leur faire des dessins sur le visage, à eux deux. Je propose, Belle me fait un joli signe pour me dire qu'elle veut, quelque chose se passe, c'est chouette ;
Mon cerveau part dans tous les sens, parce que je voulais aussi reprendre un para, enlever mes chaussures, me faire masser, leur faire des dessins sur le visage, c'était intense, je m'investissais à fond dans chaque chose que je faisais sans réussir à y rester collé. J'ai réussi à retrouver un gros feutre bleu fluo dans ma poche entre deux essais de roulage de joint, je me suis approché de Belle, j'étais à fond dans le maquillage. Dans son visage. Dans elle. Elle aussi. Elle avait fermé les yeux, elle était tout entière dans le contact du feutre sur son visage, c'était palpable, et ultra intense.
" - Tu kiffes ?" Je lui demande.
Elle ouvre un peu les yeux : " - Je suis en extase...." Elle ne mentait pas. C'était pas pour dire des conneries, c'était un putain de moment. Juste waw. Toutes les connexions invisibles, les liens, tout ce qui s'est tendu autour de nous juste pour ce petit moment... Je dis oui et merci. Déjà et toujours comme dit Deleuze.
Je termine mon dessin, son mec me fait en souriant " - Et alors ce pétard ?"
Tu vois, t'es vraiment perché, tu as complètement oublié que t'étais en train de rouler un joint. Boulet.
Ooooooh la goutte ! Sérieusement, gros mindfuck sur le moment. Je sais même plus si j'ai fini de rouler le joint. J'ai vu A sortir du camion, et derrière elle une petite nana asiatique sortir avec elle, et demander : " - Quelqu'un pour un massage ?"
J'ai levé les deux bras avec un grand sourire de gamin en faisant un grand " Ouiiiiiiiiiii" !! Haha. Un enfant, je vous dis.
Je me lève, elle m'invite à enlever mes chaussures (Quoi ? Je les ai pas déjà enlevées ? Ah non merde ! Rha fait chier euuuuh), je me retrouve dans son camion, porte fermée, entouré par le calme, ça sent bon. On parle un peu. Peu, en fait. Je pose des questions, essaie de me recentrer dans l'univers normal, sur moi, sur ce qui m'entoure, comprenant que la personne à qui je m'adressais était complètement clean et faisait ce qu'elle faisait très sérieusement, enfin, je veux dire, que ça allait être une vraie expérience, lente, progressive, quelque chose de... Ouais, bref, vous verrez.
Elle me demande d'enlever le haut (ou plutôt, les hauts vu la température du dehors), de m'allonger en diagonale sur le lit. Je m'exécute. Entend un "diiing", bol tibétain. Elle parle... Elle parle, et commence.
Le monde des formes.
Le monde des formes, c'est une chose que j'ai formalisée il y a quelques mois. C'est un monde qui se rapporte au primitif, à l'enfant, qui ne connaît pas la durée. Un monde de flux, de reflux, d'ondulations, un monde de Vie. Une source. La notion qui pourrait s'y rapporter serait le chaos de Deleuze. Vitesse infinie. Source.
Dès le début du massage, j'y étais plongé. C'était une expérience hallucinante. Hors du commun. J'ai connu, j'ai éprouvé physiquement ce que je sentais de manière diffuse, ce que j'intellectualisais depuis deux ans. J'ai connu le Tout, et j'y étais de la tête aux pieds immergé. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. C'était tellement intense... Le lsd a décuplé le potentiel de ce massage, la md m'y a rendu plus réceptif, j'étais tellement enveloppé, tellement bien, l'impression d'être entouré de Vie, d'éclater de tous les rires de la terre... J'étais... j'étais halluciné par ce que je venais de vivre, elle l'a vu !
" - Je te laisse faire le point sur ce que tu viens de vivre, et te relever quand tu seras prêt."
C'était un massage énergétique, utilisant l'énergie du corps, les points de pression, les chakras. Thailandais. Ca m'a apporté plus que toutes les drogues que j'ai consommé. Plus que ma propre musique. Plus que tout. Elle s'appelle S. Et je repense à elle encore maintenant, J+15. Je planais.
" - Je te dois combien ?
- Je fais cinq euros les dix minutes, je ne sais pas combien de temps ça a duré. Peut-être vingt, peut-être quarante... tu donnes ce que tu veux..."
J'ai donné plus d'argent que j'aurais donné pour n'importe quoi que j'aurais pu acheter pendant ce festival de fous. Je voulais la remercier, et vraiment, simplement parce qu'elle existait et qu'elle m'a donné ça. Ca. Juste ça, ce truc de taré qui m'a retourné, complètement. Et moi, tout ce que j'avais, c'était du fric, et pour une fois que j'en avais, que ça serve à quelqu'un, bordel !
Elle m'a remercié en ouvrant de grands yeux, bla, bla, bla, je suis sorti. Et là.... La blague.
Sur la petite table du chill, il y avait :
- Une boîte avec ma beu, ouverte
- Une feuille slim
- Un carton pour le pétard
- Mon sachet avec quelques paras de md
- Un feutre bleu fluo
- Mes lunettes de soleil
- Mon briquet
- Mon tabac, mes feuilles, mes filtres.
Sérieux. Il y avait des gens que je ne connaissais pas assis, personne n'avait rien vu, ou bien ils étaient trop respectueux pour prendre quelque chose (je penche pour la première option).
J'ai tout remis dans mes poches, mes lunettes de soleil sur les yeux, gobé un para, allumé une clope, et... EETTT.....
" - Plus personne ne veut se faire masser ? " J'entends.
" - Non merci !
" - Bon, bah moi, je vais TRANCER !!"
Et je regarde cette petite nana fermer son camion, je lui dis de venir, et on bouge devant le son du alt stage.
LA GUERRE !!
J'étais remonté à bloc. Je voyais, sentais, entendais, d'une manière.. Tellement reposé par le massage, tellement harmonisé, les prods étaient au plateau, j'étais pas archi-défoncé, je planais juste, envie de triper, de faire le pitre, de VIVRE. J'étais bien !
Et le son... Il y avait ces basses, tellement intenses, à moitié dub, assez dubsteppa, quelque chose de bien aussi. Et je regardais S. Diable que je la regardais, elle vivait la musique, elle vivait le Flux, comme Stonix, mais le renvoyait d'une manière différente, centrée sur son être, en transe, quasi chamanique, plus du tout dans le monde matériel, entourée de formes, en connexion.
T'as pris de la md. Oublie pas. T'es fasciné par une fille et tu es sous md. Blaireau.
Hé ducon je suis pas fou, j'ai pas dit qu'elle était beeeelle, c'est pas la md qui parle, c'est quelqu'un de.... de terreux, de connecté, quelqu'un qui a trouvé ce que JE cherche, et avec qui je veux parler encore pour trouver ce que JE cherche, alors lâche-moi la grappe BORDEL ! Laisse-moi !
Le son... Le son... Le son s'énerve... Le son... Le......
BAM BAM BAM BAM BAM KAN KAN KAN
Aaaaaaaaaaaah !!! Du HARDCORE !! (C'était pas du hardcore. C'était... juste un kick, rapide, mais brut, tellement solide, ça m'a retourné la gueule. Et m'a fait partir en guerre.)
LA GUEEEEERRE !!!
A ce moment, j'ai envoyé des textos pour communiquer.
"C'EST LA GUERRE YA DU HARDCORE !! OUAIS FAITES-MOI PETER LE TOUT WOUHOUUUUUU OUAAAAAISSS !!"
"Neurones déffractés - C'est la guerre ici - BAM BAM KAN KAN PAF - J'suis complètement collé devant la scène 2"
"PUTAIN OUUAIIS C'EST LA GUERRE JE SUIS COLLE COMPLETEMENT RAMENEZ-VOUS DEVANT LA SCENE 2 LE CUL DANS LA BOUE ET LA DENT SUR L'PAVE WOUHOUUUUUUUUU"
......
Mais c'était la guerre, mais pas celle où on tue. Je sais pas, Stonix, comment tu vois la chose. Mais ma guerre, c'était un putain de truc trop heureux, tellement brut, tellement primitif, mais plus dans le genre guerre des éléments, au milieu de la boue, de la grêle, de tout ça, tellement intense, manquait plus que de l'orage, tellement fou, avec ce SON.... Rhaaaa le moment de folie pure. Quetzal, c'était la guerre, vraiment, mais une guerre de gens pacifique avec un sourire sur la gueule parce qu'il prennent cher et parce qu'ils en veulent encore PLUS.
Mec ! Mec ! Enlève tes lunettes de soleil ! Il y a un truc bizarre à douze heures !!
Je commençais à être en phase avec mon enfant intérieur. On fusionnait. Mais je n'avais pas encore trouvé le lien.
En effet, j'enlève mes lunettes de soleil, et je vois deux mecs prosternés devant moi.
" - Tu es le guerrier de la lumière !
- Il est le guerrier de la lumière !"
Faut dire que je m'étais couvert de sticks fluo en arrivant, ça a pris trop de temps, j'étais au milieu des gens en train de me barder de fluo, avec mes lunettes blanches, mon keffieh blanc, et mon feutre sur la tête façon guerrier Breton partant défier Rome, ben...
" - Merci, mes amis ! Merci ! Je vous aime ! Je suis le guerrier de la lumière !! C'EST LA GUEEERRRE !!!"
Et je regardais S. Je lui ai dit :
" - Je leur ai menti... C'est toi, le guerrier de la lumière..."
Elle a souri. Elle m'a demandé si je pouvais rouler un pétard, elle ne consomme aucun prod, juste de l'herbe. J'ai fait, et suis reparti dans mon délire. Puis elle est partie vers 3h du matin, se coucher. Hygiène de vie, dédication à la danse, au massage, à l'énergie, au corps. Je comprends, je fais la même chez moi, ou j'essaie. Dédication à mes pratiques musicales. Je l'ai regardée partir, la remerciant intérieurement, pour ce qu'elle était, vivait, faisait.
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Note pour les ceusses qui pourraient me reprocher de faire l'apologie des prods que j'ai pris ou du fait d'en prendre :
Le Hadra c'était un putain de truc de warrior. Comme les teufs qui m'ont vu ici, dans le centre bien profond de la Bretagne bien profonde. Mois de février, de la pluie, de la boue, le groupe électrogène qui déconne, rien à branler, on y va quand même, le son qui saute, on gueule un coup et on répare, le terrain est à chier, on s'en fout nous aussi on est à chier !! Mais bref. Vu la longueur du TR et de tout ce que j'ai à sortir, je me suis dit que j'allais pas en rajouter. Mais ya eu des moments de merde. Avec des gens de merde (rarement), avec la solitude, (plus souvent, beaucoup plus souvent) avec l'éternel "qu'est-ce que je fous là ?". C'était hardcore dans tous les sens, dans le beau, dans le moche. "Sous la merde, le beau". Je retiens ça du Hadra. J'en ai chié et je suis bien content d'en avoir chié. Faire la fête dans ces conditions, c'est riche, intense, c'est pas la facilité, ça demande un minimum d'investissement et du nerf !! Haha. (Et de l'équipement. Je sais plus, je crois que c'est avec Stonix qu'on disait ça : ici, faut venir armé !)
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S partie, je fais le pitre, encore, encore, encore, je saute partout, je vis, encore. Je croise E. Les yeux écarquillés par les prods. Et toute la soirée se précipite, mes souvenirs ne sont plus très clairs. J'avais dormi 4h avant le Hadra, la nuit encore d'avant je sais plus mais saison trop intense à trop travailler trop longtemps sans forcément de jour de congé, j'étais dans un état de tension et de fatigue assez extrême en arrivant. J'ai vécu le Hadra comme un rêve éveillé, un de ces rêves pas forcément que bisounours Mais pour me souvenir de tout, c'est mission impossible, pas mal de choses se sont perdues, et c'est dommage. Pour le Hadra 2013, s'il arrive : préparation physique, cure de sommeil, être prêt pour grimper de la montagne et activer le mode Fripon 2000.
Bref, le samedi soir, je suis allé me coucher, je sais plus vers quelle heure, vers 7-8h retrouvé A et E, on a fumé un buzz dans ma tente, D et A étaient couchés tous les deux, A complètement shootée par le massage, D en mode sieste. Je m'endors dans les vapeurs de pétard, les deux potes rentrés dans leur tente, c'est coule.
Renaissance.
Et c'est ainsi que tout commença...
Je me suis réveillé le dimanche après-midi, dans un état, mais dans un état... En symbiose, équilibré, savourant les montagnes, la moindre chose, en phase avec moi, avec l'enfant, effet retour du massage, peut-être l'afterglow de la goutte (j'ai eu des mini-mindfuck jusqu'à dimanche soir)... Journée géniale. Objectivement il s'est pas passé tant de choses ; mais la sérénité, la montagne qu'on voyait enfin, un petit beau temps, et surtout l'intérieur, j'avais des frissons toutes les deux minutes, c'était... whoua. Mes potes sont partis à Grenoble. J'suis resté, on a trimballé ma tente jusqu'au campement Psycho, on a fait un cercle, on a installé de la bâche au-dessus. Des bougies. Des fluosticks plantés dans le sol (mais si c'est très joli et très hippie aussi.)
Trouvaille de Mario : une chouette ex-tente qui avait dû prendre cher, à utiliser en bâche. Niiice.
Franchement, à ceux qui étaient là tout au long de l'après-midi et de la soirée, j'étais là, hein, sisi je vous jure, j'étais pas aussi absent que mon manque de paroles voulait bien le laisser croire. Mais j'étais drogué à l'intensité, drogué au primitif, à l'enfant, aux montagnes, lavé, je me sentais pur, j'avais juste besoin de rester là. Encore un peu.
J'ai gribouillé un truc le lendemain pour le carnet de Stylo, je voulais laisser un peu de moi. Comme pour dire à l'univers qu'à ce moment, j'ai fait partie du Tout. Puis on est partis avec Castles et Hallu, et presque Quetzal qui est finalement resté au rdv navette pour tenter de trouver une bagnole pour Valence en direct.
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Hasard...
Trois jours plus tard, après un soir (lundi) à Grenoble et un jour/nuit à Corençon (Mardi) (vers.... les montagnes, en haut encore) dans un gîte que la tante de E nous prêtait, je prenais mon sac à dos ; A et E redescendaient vers Grenoble, chez la cousine de E ; moi, je marchais vers Villard-de-Lans. On m'avait dit qu'il y avait peut-être des bus pour Grenoble, alors bon.
J'ai pris un chemin. C'était pas ça. J'ai pris un autre chemin. C'était toujours pas ça. J'ai dit "putain" et puis j'ai pris la route pour descendre. La route pour les voitures. Corençon --> Villard par les chemins de rando : 1h55. Par la route : 55 min. Hahaaaa impec ! Bon, je me suis à moitié jeté par terre plusieurs fois pour éviter des bagnoles, plaqué contre la montagne, sauté dans une rivière, mais grosso merdo ça l'a fait, rien à déclarer, rien à déplorer, juste des cyclistes morts de rire quand ils me voyaient éviter subrepticement un camping-car. J'ai marché un peu dans la forêt aussi, en parallèle d'un tronçon de route de montagne.
Après on m'a dit que c'était dangereux, alors je le referais pas. Si on m'indique gentiment la route à suivre pour ce putain de chemin de rando que j'ai pas trouvé. Ou si on me donne une carte. Haha.
Bref, arrivé à Villard-de-Lans, j'achète un 'dwich et une bouteille d'eau. Je sors de l'épicerie. Je vois une sorte de hippie avec une table, un grand récipient, et une pancarte : "Thé tchaï, prix libre"... Mieux que de l'eau !
Demoiselle au chapeau, qu'il me semble avoir déjà...
Je sens une main dans ton dos...
" - Salut !"
S !!! La masseuse. La demoiselle au chapeau était une amie à elle, qui habitait le camion de droite de celui de S. Je riais. J'étais bien. J'étais avec S, je l'avais retrouvée, par hasard, comme ça. Un grand coup de vie dans la gueule, elle rayonnait, moi je me sentais tout, tout, tout petit.... Je bafouillais, je rougissais... Un gamin...
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... Je n'ai plus rien à raconter. Le reste de ce que j'ai à dire, c'est des choses à propos desquelles on a parlé avec S. Un dialogue dont le résultat a été de révolutionner la façon dont je perçois ma vie, la musique que je fais surtout, de me donner une clef suprême pour avancer, et surtout un but à atteindre, une façon de le toucher... C'est tellement intriqué à des trucs intimes que ça n'a pas besoin d'être raconté. Ca n'aurait pas la substance que ça a maintenant, à l'intérieur de moi.
Je suis bien sûr tombé éperdument amoureux de S ; mais plutôt comme quelqu'un que je sais très loin de moi géographiquement, et pas du tout au même niveau spirituellement et dans sa façon de gérer sa vie... Là, clairement, je ne suis qu'un gamin, qui découvre. J'ai gardé la petite carte de visite qui va bien... Et puis peut-être un jour... Dans longtemps...
Je suis redescendu vers Grenoble, y ai passé mercredi soir, et jeudi, et vendredi matin, et le soir j'arrivais chez moi par le train. Depuis, c'est véritablement la guerre. Je change tout. Mes habitudes pourries. Je fais la guerre à la clope. Je me fais la guerre. Mais j'accepte aussi des choses, que je rejetais avant. Et je formalise enfin mon projet de vie, je veux dire, le début, je me suis posé des questions que je m'étais jamais posées, et... Hahaaaaaaaaaa putain c'est COOOOOOOOOOOL !!!!! Et c'est hardcore aussi. Ya des soirs où je vaux pas bien cher, à me poser plein de questions. La séance de psychothérapie le lendemain de mon retour à décuplé le champ des possibles, et m'a fait voir ce qui s'était vraiment passé. Etc. Etc. Etc. Etc.
Il m'a fallu deux semaines pour digérer et enfin témoigner. J'oublie plein de choses, mais c'est déjà un TR bien trop long, qui ne concerne que peu les prods, que peu la psychonautique, un TR que j'avais besoin de chier comme ça quelque part tellement c'est encore présent en moi, besoin qu'il prenne une forme définitive, que cette histoire se solidifie après m'avoir solidifié. J'ai chialé une fois, à Corençon, j'étais seul, entouré par la montagne, submergé par la beauté et l'intensité et la richesse de ce qui s'offrait à moi. J'ai failli chialer plusieurs fois depuis. Trop massif. Et le calme... Ce calme dont je parlais au début du texte... J'étais terrassé par sa puissance. Si simple, si essentiel, si oublié...
" - Les montagnes, mec, les MONTAGNES !!"
Publié dans le groupe "Hadra", et envie de rendre ça visible pour le reste du forum. Bonne lecture !
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La transcendance boueuse de la Mouette lysergée.
Voici mon témoignage du Hadra 2012. Ce n'est pas exactement un TR. Ca ne parle que peu de prods. Mais ça en parle un peu quand même, et j'ai besoin de le chier quelque part. Mes amis, je peux leur parler de certaines parties, mais pas leur donner tout, tout ça, tout ce qu'il s'est passé. Si à vous tous, vous en intégrez chacun une partie, si vous, tous ensemble, digérez un tout petit morceau de cet évènement chacun, alors je serai heureux Si jamais j'ai pu restituer l'intensité et la richesse de l'expérience que j'ai vécue, ou même l'approcher, la toucher du doigt, je suis content.
Cependant, je vous demande de lire ça posé, pas de manière transversale, de lire seulement si vous êtes vraiment curieux de ce que j'ai à raconter. Je préviens, c'est pas transcendant, c'est pas... C'est un pas un TR psychonautique typique, c'est juste mon témoignage, brut.
J'ai envie de vous raconter une histoire, à vous les Psychonauts, parce que vous avez fait partie du Hadra. C'est marrant à dire, ça n'est pas sorti des drogues que j'ai prises ; simplement, quand je retrouvais un Psycho, j'avais l'impression d'avoir retrouvé le festival. Tiens, le festival se balade par là ! Tiens, le festival va chier ?! Tiens, le Hadra a trop pris de K !
Chaque Psychonautien était un organe, un nerf, de l'entité Hadra. Mes amis A et E en étaient déconnectés. Vous, vous viviez l'event. Vous le laissiez exister. J'ai été assez muet avec vous. J'avais qu'à vous regarder. Stonix, Azra, Stylo, Hatsu, Larry, tous, j'avais pas besoin de parler et de parler, alors que dans ma vie je suis plutôt tonique et j'arrête pas, j'arrête pas, j'arrête jamais de raconter des conneries et de sauter et de courir, là, j'existais, juste. Et ça me suffisait. C'était surprenant. J'ai découvert ce qu'était "être calme" au Hadra. Le calme. Juste. Je ne connaissais pas, je ne savais pas.
J'ai beau faire, j'ai toujours un amour réel pour l'univers des free, des festivals, des teufs, pour les chéper' aux yeux hallucinés, pour toutes les connexions syntaxiques et lexicales COMPLETEMENT BARJES induites par les prises de lsd, pour les points de pression qu'on retrouve des fois quelques jours plus tard, morts de rire, en se disant "Ah ouais mais graaaaaaaaaaaave c'était trop ça !"
Le Hadra, pour moi, c'était vraiment un big trip d'éveil. Un éveil qui était déjà arrivé, mais moins fort. Là, c'était ultra-bourrin, j'ai pas su aligner des mots correctement à partir du dimanche jusqu'à quelques jours après. C'était bien.
Avant de raconter mon bordel, qui va être assez séquentiel avec juste des morceaux choisis (j'ai pas mal raté les deux premiers jours / soirs à part la soirée de jeudi soir de grosse poilade avec Larry) ben avant de raconter mon bordel... Rien en fait. Finalement. Haha.
Les premiers Psycho.
" - Monsieur Moueeeeeet' !"
Quoi ? J'ai été lu ? Quelqu'un a retenu que je pouvais apparaître comme par magie ? Ouaaaaaaaaaais !
J'avais passé bien deux heures à errer un peu, à partir de mon arrivée sur le Hadra à 1h30 vendredi matin, ou jeudi soir, bref, me baladant, examinant le festival, l'araignée, le main stage, le alt stage, les shops, refusant tout ce qu'on me proposait. J'avais juste fait un achat miraculeux de 20 euros, pour de l'herbe. Si j'avais su à ce moment que c'était aussi miraculeux (ce dont je me suis rendu compte à la première taf de cette herbe magique), je lui aurais vidé son stock et je me serais même pas fait chier à consommer des produits aussi foireux que ceux que j'ai gobé.
Enfin, des gens ! Et des Psychos ! Je vais rouler un joint.
Hatsu, Stonix, Larry,et un quatrième que j'ai malheureusement oublié (Sauf si c'était Ambulance, auquel cas je m'en souviens ! Haha), posés au chill.
Hatsu semblait revenir d'un pays lointain, conquis à la pointe de la baguette magique, induisant tout un tas de nouvelles questions à se poser, tout plein de nouvelles choses à aller chercher, mais quoi, la réalité est-elle si étendue ? En tout cas, c'étaient ce que tes yeux disaient. Avec pas mal de "Je sais pas trop ce qui m'est tombée dessus mais... Aoutch." aussi. Et d'autres choses. Tu semblais en plein ré-agencement. Ca avait l'air de computer sévère.
Larry a parlé de Kétamine. Du coup, on en a pris. Dépucelage pour moi. Je m'attendais à un truc immonde à taper. En fait non, ça passe mieux que la md (oui j'en ai tapé par le pif. J'avoue. Il y a longtemps.) et c'est pas aussi mauvais au goût que le speed. On s'est plus lâchés pendant toute la soirée, j'ai adoré ces délires avec toi Larry ! On s'est pris une chaîne dans les jambes (c'était avec toi, hein ? Mes souvenirs me font des blagues), une chaîne qu'on avait pas vue parce qu'on était trop occupés à regarder nos pieds se dissocier par nos yeux dissociés et puis tout ce rire qu'il y avait tout partout, et ces gens qui me suivaient, enfin ces moi qui me suivaient plutôt... Mais j'ai vraiment failli tomber, moi, l'air de rien !
Il y avait aussi ce pic de montagne qu'on voyait depuis le QG des Psycho, aussi, bordel, qu'est-ce qu'il avait à être aussi riche ? C'était un organisme à part, c'étaient quoi ces petits machins, des arbres, des maisons, mais je comprends rien, c'est des lego qui sont devant moi ou c'est une montagne qui est à cent kilomètres ?? Et cette brume, cette chose, là, tu vois, là, mais si je te dis !
Sludge, à ma gauche : " - Non, je vois pas, vraiment, j'ai beau faire, je vois pas."
Ce flegme, Sludge, peu importe quand, peu importe où, je le reconnaîtrai d'oreille même parmi mille personnes. Je suis content de t'avoir rencontré Sludge, IRL. Juste, ce flegme.You got the attitude.
Reste Stonix, pour ce jeudi soir.
Stonix.
Franchement, tu m'as fait penser à moi en teuf bretonne hardcore. T'es pas une pile Duracell, nan, t'es pire, t'es une centrale nucléaire, t'as tellement besoin d'exploser qu'à la moindre sollicitation, BAM ! C'était über-cool de te voir pendant le set de Penta. Ca défouraillait, tu défouraillais, les gens autour hallucinaient, et moi j'étais bien. Entre deux dissociations, s'entend. Mec, t'as pas besoin de prendre de carton, c'est toi le carton. C'est toi le LSD. Dixit Slash, un vieil ami, "Tu ES le fer forgé !"
Tu exprimes ce qui se passe dans le flux, ou plutôt dans le Flux, tu captes l'énergies, tu la renvoies partout, dans toutes les directions, en même temps, tu sors ce que t'as à sortir, tu le sors en dur, en virevoltant, bordel, t'es une expérience à toi tout seul, et ça, ça poutre. Content de t'avoir rencontré.
Je ne sais plus quand, je ne sais plus pourquoi, je ne sais plus d'où, mais j'en suis parti pour rentrer dans ma tente. Redevenu sobre. - je précise que je ne bois pas d'alcool, je me suis permis un ch'tit verre d'absinthe pure samedi soir pour aller avec un para, mais c'est tout. Disons que j'aime bien les bons produits, genre un Buchmill bien vieilli dans une soirée posée, en capacité de savourer... Mais sinon, l'ivresse, la mauvaise bière et le mauvais vin... non.
Sobre ? Je rentre dans ma tente. Difficilement. Ah, ça me rappelle autre chose que j'ai oublié de raconter...
Comme quand je suis revenu, à un moment précédent dans la soirée, pour prendre un truc dans ma tente : je suis arrivé devant, ai cherché, longuement, les clefs de la tente. Dans toutes mes poches. " - Meeeeerde je les ai laissées là-bas !" Je repars. Je fais cent mètres...
Les clefs de ta tente ? Mais t'es con ou t'es perché ?
Oh galère.
Mais revenons à nos moutons : je rentre dans la tente, le soir, sobre.
Sobre ? Et ben putain... Je suis resté une heure (véridique, j'ai regardé) assis dans ma tente. A chaque fois que je bougeais, je me rappelais de pourquoi j'étais venu, qui j'étais, ce que je devais faire, oui mais dans quel ordre, attends j'ai envie de fumer une clope, ouais mais faut que j'enlève mes pompes, oh mais, quoi, oui, c'est vrai, mais c'est cool ici, blablabla... Rho la K c'est cool, quand même. J'étais entré dans une autre dimension encastrée dans une autre dimension encastrée dans une autre dimension, jusqu'à saturation. Comme deux miroirs qui se regardent, dédoublant à l'infini, c'est exactement ce que j'ai ressenti avec la Ké. J'ai finalement réussi à me déssaper, à me mettre dans mon duvet. Moins difficile que sous LSD, moins de concentration nécessaire, mais quand même, ça c'était d'la mission ! J'ai même pas fumé de clope, conscient du fait qu'il fallait que je les cherche dans mon pantalon, loin de mes mains. Et que ça allait être une grande mission, aussi. Dur. Pas envie. Fatigué. Alors j'ai dormi. Pouf.
La journée de merde.
Vendredi. Commencé par un café, fini par une fille qui s'est retrouvée dans ma tente de manière mécanique. Qui s'en est retournée non moins mécaniquement. Comme si c'était juste... Un système. Quelque chose qui fonctionnait comme ça, et pis c'est tout.
Ah mais attends, avant il y a eu plein d'autres choses, nan ? Ouais, je vais commencer par le début.
Je ne sais plus trop quand dans la journée, rencontre de Castles et Hallu. On a parlé, on a chillé, on a parlé, on a fumé un pétard, on a gobé les faux cartons que j'avais acheté. On le savait pas qu'ils étaient faux ! Haha. A un moment, ça monte, mais ça monte, j'ai vraiment envie de me marrer ! Je me dis OUAIS ! C'EST COOL ! DU LSD !! ... Pour rappel, j'étais dans l'optique de me faire un Candyflipping de malade.
Castles ou Hallu, je ne sais plus : " - Mec, on vient de fumer, c'est ça que tu sens."
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Putain. La MD non plus marche pas. Ya que cette beu qui est une valeur sûre. Reste ici, beu. Tu seras garante de mon rire pendant tout le festival.
T'es vraiment con d'avoir acheté des produits de merde.
La ferme l'enfant intérieur. Je sais. Pas besoin de toi, là, maintenant, je sais pas, je sais plus, je veux aller de l'autre côté. La fille d'à côté de nous s'appelait Cléo. Ca, je m'en rappelle. De quoi on a parlé, je m'en rappelle plus. Pourquoi je l'ai embrassée, je sais plus. Pourquoi elle a fini à poil et moi avec, je sais plus. Placebo de copie de copie de copie de MD surcoupée. M'en fous : elle est partie, je peux enfin dormir.
J'ai passé un bon moment avec vous Castles et Hallu, et d'autres bons moments pendant tout le festival, jusqu'au largage final à Gre avec mon fratras de festivalier. Merci entre autres choses pour cette après-midi chez un facteur de didjeridus, c'était un bon moment après la tempête.
Décollaaaaaaage ! Et tellement plus...
Samedi ? Samedi ? Hé mais il y a une teuf ce soir ! Hé mais c'est quoi ce truc là, pourquoi je peux plus bouger ?
C'est ton duvet, imbécile.
... Ok. Et ça ?
C'est ta tente.
Tiens c'est vrai, je suis au Hadra ! J'ouvre la tente. Je sais plus trop ce que j'ai fait toute la journée, mais je crois que c'était coule. J'ai rencontré D, un ami qui a déménagé de Rennes vers Grenoble (Azriel, que certains connaissent) il y a quelques années, et que j'avais une furieuse envie de voir au Hadra. Une tête connue, dans le même trip que moi, avec A, son amie, diablement intéressante, deux personnes qui ont formé un bon repère pour le jeune homme un peu perdu que j'étais.
J'ai bu un café, aussi. Pis j'ai trouvé des para de MD bien dosés qui avaient l'air pas trop mal. Enfin, trouvés, achetés, bien sûr. Et "on" (si tu sais qui tu es, dis-le moi, moi je le sais mais j'ai oublié ton nom, sacrebordeldemerde) m'a payé une goutte de lsd. J'ai commencé la soirée avec A et E, mes deux compères de route avec qui je suis venu ; on s'est dit " - on essaie de pas se lâcher". (On est d'accord : D et A vont ensemble, A et E vont ensemble, ce ne sont pas les mêmes !
Je me suis retenu jusqu'à une heure avancée de consommer le moindre produit. Je voulais des repères avant de faire le grand saut du candyflip. J'avais toujours ma bouteille d'eau à la main, je savais ce qu'elle contenait, on me demandait de l'eau, je refusais et j'expliquais pourquoi, on comprenait et on me souhaitait un bon voyage. Dans les festivals et les free ici, j'ai rarement rencontré autant de gens bien, concentrés sur un même évènement. Comme ce gars avec qui j'ai parlé dans la journée de samedi. Il venait de Vannes. " - Je suis venu en stop, je suis arrivé en bas de la montagne, ils voulaient pas mettre de navette ni vendre de billet, je suis reparti... Vers le haut. J'ai mis quatre heures, mais je suis LA !!" Le warrior. J'ai bien rigolé avec A et ce type dont j'ai oublié le nom.
Vers je ne sais pas quelle heure, je me retrouve au chill avec A et E. Roulons un joint. Ah vous prenez un carton ? Ah bon d'accord. Je vide la bouteille d'eau qui contenait mon précieux. Je prends un para avec. Quelques minutes plus tard, ***** DESOLE POUR LA RDR ***** DESOLE POUR LA RDR ****** DESOLE POUR LA RDR ****** je me regobe un deuxième para. Dès que je l'ai sentie montée, peut-être vers 23h30, je savais qu'elle était tout juste correcte et vraiment très légère. Du coup j'ai gobé le reste au fil de la nuit.
Avec A et E au main, que j'avais retrouvés après les avoir perdus je ne sais plus pourquoi, ça monte un peu, le lsd se bat avec la md, ça redescend, les couleurs, tout ça, enfin le bazar que vous connaissez. C'est pas maintenant l'important. C'est plus tard, vous comprendrez pourquoi. On se dit qu'on se quitte pas, on se dit des trucs bien, je les regarde, et je sais que c'est pas là que je dois être. La musique, la Trance, c'est bien, mais c'est pas... c'est pas assez... C'est trop structuré, je suis un enfant de l'expérimental, de l'improvisation, ce n'est pas pour la musique que je suis venu, je le sais, je cherche autre chose. On est environ 5/6h après la prise de lsd/md.
Alors je m'en vais, la md remonte, une vague de bien-être, un peu d'acide, une montée de "j'ai envie de faire le con", je me met à sautiller dans la boue vers le stage 2, en bas, en bas, toujours plus bas. Grosse montée d'acide. Je gerbe sur place, j'arrive pas à contenir. Dans ma tête, ça fait comme " - Je m'en fous c'est de la goutte ! C'est pas un carton j'ai pas besoin de me retenir c'est déjà dans le sang !" J'arrive sous le pont. Deuxième montée d'acide. Je réussis à contenir. Je monte vers l'ombre, le talus, l'herbe, je vomis tout ce que j'ai (en l'occurence, presque rien. De la bile. Des trucs qui font mal. Un peu oublié de manger.). Ca fait mal, je pleure d'acidité. Putain ça fait super mal, je repasse dans le tunnel en titubant, des larmes plein les yeux, tentant d'étouffer les derniers soubresauts de mon ventre. Je ne regarde pas les gens, je veux pas qu'ils me voient, j'en chie grave. Je voudrais ne pas avoir un putain de bonnet orange, des lunettes de soleil blanches et un keffieh blanc et ne pas être visible à cent mètres, du haut de mon mètre 83. Je veux que ça s'arrête, j'en chie, mais je sais que c'est pas grave, c'est l'avant, je cherche le pendant, je cherche l'Endroit.
J'ai l'impression de conquérir ma perche, de la payer. Je vais me manger un truc à la tente. Ca passe dur. C'était quoi déjà ? Des sardines au piment. Oh putain, merde. Je sens mon intérieur qui s'enflamme. Je range, fume une clope, bois de l'eau, me lave les dents, bois de l'eau, je déconseille le menthol sur piment, ça fait très mal.
Je redescends vers le alt stage. J'en chie stomakalement mais moins. Des choses louches se passent, puis en fait pas tant que ça, non, cette goutte est très soft, très light, très... nature. Malgré ma sensibilité extrême à l'acide, mais ça... rien ne change, eh. Je sais pas comment le décrire, je suis juste un enfant. Je commence à le comprendre. On est plus de 6h après la prise de md/lsd. Je commence à bien sentir le lsd. C'est chouette, ça aussi. Un enfant. Haha.
Je croise D et A. Ils sont beaux !
T'as pris de la mdma. Bien sûr qu'ils sont beaux.
Oui bon ça va... Bref, je croise D et A. Je venais d'acheter un bonnet orange ridicule et un keffieh blanc, pour bien saisir la nuance entre juste ne pas avoir froid, ce qui était le cas depuis le début du Hadra vu comme j'étais équipé, et avoir chaud, bref, le confort, l'agréabilité de la soirée, tout ça. J'avais une barre verticale de peinture bleu fluo sur le visage. J'étais presque prêt.
" - On cherche un massage !
- Un MASSAGE ? Ici ? Waaa grave !"
Trop jouace. Trop content. J'étais avec des gens bien, dans un endroit bien, dans les montagnes, je commençais enfin à réaliser ce que j'étais venu faire, ce que je faisais, ce que j'allais faire, où j'étais. Et tant pis s'il m'a fallu une perche au lsd pour le réaliser. Alors on cherche la nana qui fait des massages ! On cherche. On cherche... On trouve pas... On était au niveau des shops, ceux d'avant de descendre vers l'alternative stage. Avec la recherche de la masseuse, une autre quête commençait, au niveau d'en-dessous, dans le monde des formes. Peut-être celle de moi-même. Je me sentais si proche... Si bien...
On ne trouve pas la masseuse. Du coup, un coup d'absinthe, et vers le son du alt stage. Au bout d'un moment, D veut aller se reposer un peu, on le laisse aller, je me retrouve avec A ! On discute, et à un moment, on voit un chemin (à côté du grand truc orange fluo où ils avaient fait des perfs, des ateliers, des trucs visuels pendant tout l'event) inconnu, on y va... On tombe sur des gens, un mini-chillout et une pancarte. "Massage, 5 €'".
On a trouvé. Moi j'ai trouvé l'Endroit que je cherchais depuis le début. Un endroit à taille humaine, un moment, une petite famille du moment. Deux personnes étaient là, un couple, d'ailleurs.
Je n'arrive pas à raconter ça autrement qu'en survol, je ne peux pas coucher l'expérience réellement sur le papier, c'est entièrement intérieur, mais à toi qui me lis, c'est à partir de maintenant qu'a commencé l'exceptionnel, l'intense, le familier, le nouveau, les formes, le divin. Tout ça à la fois, et pendant une semaine.
L'éveil.
Les deux personnes qui étaient déjà assises, je les nommerai Belle et Chep. Je ne connais pas leurs noms, ils étaient MD-tés au possible, mais elle était diablement jolie et lui marrant. J'ai fait mon spectacle, ce que je fais usuellement quand j'ai pris du lsd. J'ai toujours envie de faire le con. Enfin, plus que d'habitude ! J'annonce. " - JE ROULE UN PETARD !" Ovation générale. La masseuse sort de son camion, avec la personne qu'elle venait de masser. Alice y va, je lui souhaite un bon moment, et retourne à mes choses. Bref. Pétard. Puis j'ai envie de leur faire des dessins sur le visage, à eux deux. Je propose, Belle me fait un joli signe pour me dire qu'elle veut, quelque chose se passe, c'est chouette ;
Mon cerveau part dans tous les sens, parce que je voulais aussi reprendre un para, enlever mes chaussures, me faire masser, leur faire des dessins sur le visage, c'était intense, je m'investissais à fond dans chaque chose que je faisais sans réussir à y rester collé. J'ai réussi à retrouver un gros feutre bleu fluo dans ma poche entre deux essais de roulage de joint, je me suis approché de Belle, j'étais à fond dans le maquillage. Dans son visage. Dans elle. Elle aussi. Elle avait fermé les yeux, elle était tout entière dans le contact du feutre sur son visage, c'était palpable, et ultra intense.
" - Tu kiffes ?" Je lui demande.
Elle ouvre un peu les yeux : " - Je suis en extase...." Elle ne mentait pas. C'était pas pour dire des conneries, c'était un putain de moment. Juste waw. Toutes les connexions invisibles, les liens, tout ce qui s'est tendu autour de nous juste pour ce petit moment... Je dis oui et merci. Déjà et toujours comme dit Deleuze.
Je termine mon dessin, son mec me fait en souriant " - Et alors ce pétard ?"
Tu vois, t'es vraiment perché, tu as complètement oublié que t'étais en train de rouler un joint. Boulet.
Ooooooh la goutte ! Sérieusement, gros mindfuck sur le moment. Je sais même plus si j'ai fini de rouler le joint. J'ai vu A sortir du camion, et derrière elle une petite nana asiatique sortir avec elle, et demander : " - Quelqu'un pour un massage ?"
J'ai levé les deux bras avec un grand sourire de gamin en faisant un grand " Ouiiiiiiiiiii" !! Haha. Un enfant, je vous dis.
Je me lève, elle m'invite à enlever mes chaussures (Quoi ? Je les ai pas déjà enlevées ? Ah non merde ! Rha fait chier euuuuh), je me retrouve dans son camion, porte fermée, entouré par le calme, ça sent bon. On parle un peu. Peu, en fait. Je pose des questions, essaie de me recentrer dans l'univers normal, sur moi, sur ce qui m'entoure, comprenant que la personne à qui je m'adressais était complètement clean et faisait ce qu'elle faisait très sérieusement, enfin, je veux dire, que ça allait être une vraie expérience, lente, progressive, quelque chose de... Ouais, bref, vous verrez.
Elle me demande d'enlever le haut (ou plutôt, les hauts vu la température du dehors), de m'allonger en diagonale sur le lit. Je m'exécute. Entend un "diiing", bol tibétain. Elle parle... Elle parle, et commence.
Le monde des formes.
Le monde des formes, c'est une chose que j'ai formalisée il y a quelques mois. C'est un monde qui se rapporte au primitif, à l'enfant, qui ne connaît pas la durée. Un monde de flux, de reflux, d'ondulations, un monde de Vie. Une source. La notion qui pourrait s'y rapporter serait le chaos de Deleuze. Vitesse infinie. Source.
Dès le début du massage, j'y étais plongé. C'était une expérience hallucinante. Hors du commun. J'ai connu, j'ai éprouvé physiquement ce que je sentais de manière diffuse, ce que j'intellectualisais depuis deux ans. J'ai connu le Tout, et j'y étais de la tête aux pieds immergé. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. C'était tellement intense... Le lsd a décuplé le potentiel de ce massage, la md m'y a rendu plus réceptif, j'étais tellement enveloppé, tellement bien, l'impression d'être entouré de Vie, d'éclater de tous les rires de la terre... J'étais... j'étais halluciné par ce que je venais de vivre, elle l'a vu !
" - Je te laisse faire le point sur ce que tu viens de vivre, et te relever quand tu seras prêt."
C'était un massage énergétique, utilisant l'énergie du corps, les points de pression, les chakras. Thailandais. Ca m'a apporté plus que toutes les drogues que j'ai consommé. Plus que ma propre musique. Plus que tout. Elle s'appelle S. Et je repense à elle encore maintenant, J+15. Je planais.
" - Je te dois combien ?
- Je fais cinq euros les dix minutes, je ne sais pas combien de temps ça a duré. Peut-être vingt, peut-être quarante... tu donnes ce que tu veux..."
J'ai donné plus d'argent que j'aurais donné pour n'importe quoi que j'aurais pu acheter pendant ce festival de fous. Je voulais la remercier, et vraiment, simplement parce qu'elle existait et qu'elle m'a donné ça. Ca. Juste ça, ce truc de taré qui m'a retourné, complètement. Et moi, tout ce que j'avais, c'était du fric, et pour une fois que j'en avais, que ça serve à quelqu'un, bordel !
Elle m'a remercié en ouvrant de grands yeux, bla, bla, bla, je suis sorti. Et là.... La blague.
Sur la petite table du chill, il y avait :
- Une boîte avec ma beu, ouverte
- Une feuille slim
- Un carton pour le pétard
- Mon sachet avec quelques paras de md
- Un feutre bleu fluo
- Mes lunettes de soleil
- Mon briquet
- Mon tabac, mes feuilles, mes filtres.
Sérieux. Il y avait des gens que je ne connaissais pas assis, personne n'avait rien vu, ou bien ils étaient trop respectueux pour prendre quelque chose (je penche pour la première option).
J'ai tout remis dans mes poches, mes lunettes de soleil sur les yeux, gobé un para, allumé une clope, et... EETTT.....
" - Plus personne ne veut se faire masser ? " J'entends.
" - Non merci !
" - Bon, bah moi, je vais TRANCER !!"
Et je regarde cette petite nana fermer son camion, je lui dis de venir, et on bouge devant le son du alt stage.
LA GUERRE !!
J'étais remonté à bloc. Je voyais, sentais, entendais, d'une manière.. Tellement reposé par le massage, tellement harmonisé, les prods étaient au plateau, j'étais pas archi-défoncé, je planais juste, envie de triper, de faire le pitre, de VIVRE. J'étais bien !
Et le son... Il y avait ces basses, tellement intenses, à moitié dub, assez dubsteppa, quelque chose de bien aussi. Et je regardais S. Diable que je la regardais, elle vivait la musique, elle vivait le Flux, comme Stonix, mais le renvoyait d'une manière différente, centrée sur son être, en transe, quasi chamanique, plus du tout dans le monde matériel, entourée de formes, en connexion.
T'as pris de la md. Oublie pas. T'es fasciné par une fille et tu es sous md. Blaireau.
Hé ducon je suis pas fou, j'ai pas dit qu'elle était beeeelle, c'est pas la md qui parle, c'est quelqu'un de.... de terreux, de connecté, quelqu'un qui a trouvé ce que JE cherche, et avec qui je veux parler encore pour trouver ce que JE cherche, alors lâche-moi la grappe BORDEL ! Laisse-moi !
Le son... Le son... Le son s'énerve... Le son... Le......
BAM BAM BAM BAM BAM KAN KAN KAN
Aaaaaaaaaaaah !!! Du HARDCORE !! (C'était pas du hardcore. C'était... juste un kick, rapide, mais brut, tellement solide, ça m'a retourné la gueule. Et m'a fait partir en guerre.)
LA GUEEEEERRE !!!
A ce moment, j'ai envoyé des textos pour communiquer.
"C'EST LA GUERRE YA DU HARDCORE !! OUAIS FAITES-MOI PETER LE TOUT WOUHOUUUUUU OUAAAAAISSS !!"
"Neurones déffractés - C'est la guerre ici - BAM BAM KAN KAN PAF - J'suis complètement collé devant la scène 2"
"PUTAIN OUUAIIS C'EST LA GUERRE JE SUIS COLLE COMPLETEMENT RAMENEZ-VOUS DEVANT LA SCENE 2 LE CUL DANS LA BOUE ET LA DENT SUR L'PAVE WOUHOUUUUUUUUU"
......
Mais c'était la guerre, mais pas celle où on tue. Je sais pas, Stonix, comment tu vois la chose. Mais ma guerre, c'était un putain de truc trop heureux, tellement brut, tellement primitif, mais plus dans le genre guerre des éléments, au milieu de la boue, de la grêle, de tout ça, tellement intense, manquait plus que de l'orage, tellement fou, avec ce SON.... Rhaaaa le moment de folie pure. Quetzal, c'était la guerre, vraiment, mais une guerre de gens pacifique avec un sourire sur la gueule parce qu'il prennent cher et parce qu'ils en veulent encore PLUS.
Mec ! Mec ! Enlève tes lunettes de soleil ! Il y a un truc bizarre à douze heures !!
Je commençais à être en phase avec mon enfant intérieur. On fusionnait. Mais je n'avais pas encore trouvé le lien.
En effet, j'enlève mes lunettes de soleil, et je vois deux mecs prosternés devant moi.
" - Tu es le guerrier de la lumière !
- Il est le guerrier de la lumière !"
Faut dire que je m'étais couvert de sticks fluo en arrivant, ça a pris trop de temps, j'étais au milieu des gens en train de me barder de fluo, avec mes lunettes blanches, mon keffieh blanc, et mon feutre sur la tête façon guerrier Breton partant défier Rome, ben...
" - Merci, mes amis ! Merci ! Je vous aime ! Je suis le guerrier de la lumière !! C'EST LA GUEEERRRE !!!"
Et je regardais S. Je lui ai dit :
" - Je leur ai menti... C'est toi, le guerrier de la lumière..."
Elle a souri. Elle m'a demandé si je pouvais rouler un pétard, elle ne consomme aucun prod, juste de l'herbe. J'ai fait, et suis reparti dans mon délire. Puis elle est partie vers 3h du matin, se coucher. Hygiène de vie, dédication à la danse, au massage, à l'énergie, au corps. Je comprends, je fais la même chez moi, ou j'essaie. Dédication à mes pratiques musicales. Je l'ai regardée partir, la remerciant intérieurement, pour ce qu'elle était, vivait, faisait.
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Note pour les ceusses qui pourraient me reprocher de faire l'apologie des prods que j'ai pris ou du fait d'en prendre :
Le Hadra c'était un putain de truc de warrior. Comme les teufs qui m'ont vu ici, dans le centre bien profond de la Bretagne bien profonde. Mois de février, de la pluie, de la boue, le groupe électrogène qui déconne, rien à branler, on y va quand même, le son qui saute, on gueule un coup et on répare, le terrain est à chier, on s'en fout nous aussi on est à chier !! Mais bref. Vu la longueur du TR et de tout ce que j'ai à sortir, je me suis dit que j'allais pas en rajouter. Mais ya eu des moments de merde. Avec des gens de merde (rarement), avec la solitude, (plus souvent, beaucoup plus souvent) avec l'éternel "qu'est-ce que je fous là ?". C'était hardcore dans tous les sens, dans le beau, dans le moche. "Sous la merde, le beau". Je retiens ça du Hadra. J'en ai chié et je suis bien content d'en avoir chié. Faire la fête dans ces conditions, c'est riche, intense, c'est pas la facilité, ça demande un minimum d'investissement et du nerf !! Haha. (Et de l'équipement. Je sais plus, je crois que c'est avec Stonix qu'on disait ça : ici, faut venir armé !)
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S partie, je fais le pitre, encore, encore, encore, je saute partout, je vis, encore. Je croise E. Les yeux écarquillés par les prods. Et toute la soirée se précipite, mes souvenirs ne sont plus très clairs. J'avais dormi 4h avant le Hadra, la nuit encore d'avant je sais plus mais saison trop intense à trop travailler trop longtemps sans forcément de jour de congé, j'étais dans un état de tension et de fatigue assez extrême en arrivant. J'ai vécu le Hadra comme un rêve éveillé, un de ces rêves pas forcément que bisounours Mais pour me souvenir de tout, c'est mission impossible, pas mal de choses se sont perdues, et c'est dommage. Pour le Hadra 2013, s'il arrive : préparation physique, cure de sommeil, être prêt pour grimper de la montagne et activer le mode Fripon 2000.
Bref, le samedi soir, je suis allé me coucher, je sais plus vers quelle heure, vers 7-8h retrouvé A et E, on a fumé un buzz dans ma tente, D et A étaient couchés tous les deux, A complètement shootée par le massage, D en mode sieste. Je m'endors dans les vapeurs de pétard, les deux potes rentrés dans leur tente, c'est coule.
Renaissance.
Et c'est ainsi que tout commença...
Je me suis réveillé le dimanche après-midi, dans un état, mais dans un état... En symbiose, équilibré, savourant les montagnes, la moindre chose, en phase avec moi, avec l'enfant, effet retour du massage, peut-être l'afterglow de la goutte (j'ai eu des mini-mindfuck jusqu'à dimanche soir)... Journée géniale. Objectivement il s'est pas passé tant de choses ; mais la sérénité, la montagne qu'on voyait enfin, un petit beau temps, et surtout l'intérieur, j'avais des frissons toutes les deux minutes, c'était... whoua. Mes potes sont partis à Grenoble. J'suis resté, on a trimballé ma tente jusqu'au campement Psycho, on a fait un cercle, on a installé de la bâche au-dessus. Des bougies. Des fluosticks plantés dans le sol (mais si c'est très joli et très hippie aussi.)
Trouvaille de Mario : une chouette ex-tente qui avait dû prendre cher, à utiliser en bâche. Niiice.
Franchement, à ceux qui étaient là tout au long de l'après-midi et de la soirée, j'étais là, hein, sisi je vous jure, j'étais pas aussi absent que mon manque de paroles voulait bien le laisser croire. Mais j'étais drogué à l'intensité, drogué au primitif, à l'enfant, aux montagnes, lavé, je me sentais pur, j'avais juste besoin de rester là. Encore un peu.
J'ai gribouillé un truc le lendemain pour le carnet de Stylo, je voulais laisser un peu de moi. Comme pour dire à l'univers qu'à ce moment, j'ai fait partie du Tout. Puis on est partis avec Castles et Hallu, et presque Quetzal qui est finalement resté au rdv navette pour tenter de trouver une bagnole pour Valence en direct.
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Hasard...
Trois jours plus tard, après un soir (lundi) à Grenoble et un jour/nuit à Corençon (Mardi) (vers.... les montagnes, en haut encore) dans un gîte que la tante de E nous prêtait, je prenais mon sac à dos ; A et E redescendaient vers Grenoble, chez la cousine de E ; moi, je marchais vers Villard-de-Lans. On m'avait dit qu'il y avait peut-être des bus pour Grenoble, alors bon.
J'ai pris un chemin. C'était pas ça. J'ai pris un autre chemin. C'était toujours pas ça. J'ai dit "putain" et puis j'ai pris la route pour descendre. La route pour les voitures. Corençon --> Villard par les chemins de rando : 1h55. Par la route : 55 min. Hahaaaa impec ! Bon, je me suis à moitié jeté par terre plusieurs fois pour éviter des bagnoles, plaqué contre la montagne, sauté dans une rivière, mais grosso merdo ça l'a fait, rien à déclarer, rien à déplorer, juste des cyclistes morts de rire quand ils me voyaient éviter subrepticement un camping-car. J'ai marché un peu dans la forêt aussi, en parallèle d'un tronçon de route de montagne.
Après on m'a dit que c'était dangereux, alors je le referais pas. Si on m'indique gentiment la route à suivre pour ce putain de chemin de rando que j'ai pas trouvé. Ou si on me donne une carte. Haha.
Bref, arrivé à Villard-de-Lans, j'achète un 'dwich et une bouteille d'eau. Je sors de l'épicerie. Je vois une sorte de hippie avec une table, un grand récipient, et une pancarte : "Thé tchaï, prix libre"... Mieux que de l'eau !
Demoiselle au chapeau, qu'il me semble avoir déjà...
Je sens une main dans ton dos...
" - Salut !"
S !!! La masseuse. La demoiselle au chapeau était une amie à elle, qui habitait le camion de droite de celui de S. Je riais. J'étais bien. J'étais avec S, je l'avais retrouvée, par hasard, comme ça. Un grand coup de vie dans la gueule, elle rayonnait, moi je me sentais tout, tout, tout petit.... Je bafouillais, je rougissais... Un gamin...
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... Je n'ai plus rien à raconter. Le reste de ce que j'ai à dire, c'est des choses à propos desquelles on a parlé avec S. Un dialogue dont le résultat a été de révolutionner la façon dont je perçois ma vie, la musique que je fais surtout, de me donner une clef suprême pour avancer, et surtout un but à atteindre, une façon de le toucher... C'est tellement intriqué à des trucs intimes que ça n'a pas besoin d'être raconté. Ca n'aurait pas la substance que ça a maintenant, à l'intérieur de moi.
Je suis bien sûr tombé éperdument amoureux de S ; mais plutôt comme quelqu'un que je sais très loin de moi géographiquement, et pas du tout au même niveau spirituellement et dans sa façon de gérer sa vie... Là, clairement, je ne suis qu'un gamin, qui découvre. J'ai gardé la petite carte de visite qui va bien... Et puis peut-être un jour... Dans longtemps...
Je suis redescendu vers Grenoble, y ai passé mercredi soir, et jeudi, et vendredi matin, et le soir j'arrivais chez moi par le train. Depuis, c'est véritablement la guerre. Je change tout. Mes habitudes pourries. Je fais la guerre à la clope. Je me fais la guerre. Mais j'accepte aussi des choses, que je rejetais avant. Et je formalise enfin mon projet de vie, je veux dire, le début, je me suis posé des questions que je m'étais jamais posées, et... Hahaaaaaaaaaa putain c'est COOOOOOOOOOOL !!!!! Et c'est hardcore aussi. Ya des soirs où je vaux pas bien cher, à me poser plein de questions. La séance de psychothérapie le lendemain de mon retour à décuplé le champ des possibles, et m'a fait voir ce qui s'était vraiment passé. Etc. Etc. Etc. Etc.
Il m'a fallu deux semaines pour digérer et enfin témoigner. J'oublie plein de choses, mais c'est déjà un TR bien trop long, qui ne concerne que peu les prods, que peu la psychonautique, un TR que j'avais besoin de chier comme ça quelque part tellement c'est encore présent en moi, besoin qu'il prenne une forme définitive, que cette histoire se solidifie après m'avoir solidifié. J'ai chialé une fois, à Corençon, j'étais seul, entouré par la montagne, submergé par la beauté et l'intensité et la richesse de ce qui s'offrait à moi. J'ai failli chialer plusieurs fois depuis. Trop massif. Et le calme... Ce calme dont je parlais au début du texte... J'étais terrassé par sa puissance. Si simple, si essentiel, si oublié...
" - Les montagnes, mec, les MONTAGNES !!"