Le plus appelle le plus est à prendre avec des pincettes, parce que moins par moins ça fait plus, et que le moins aussi appelle le moins. Une spirale est autant ascendante que descendante, et l'on en vient vite à faire du sur place tout en croyant avancer, et il n'y a que dans le temps que l'on peut juger de la dynamique dans laquelle on se trouvait il y a X temps.
La spirale psychédélique est une quête existentielle qui a de nombreuses facettes, la principale étant de tendre à se trouver en se cherchant en soi, c'est à dire en repoussant les limites de son moi afin de savoir ce qu'on vaut, qui l'on est, ce qu'il y a en nous, sous la surface de nos apparences. Le moi a autant de facettes que l'on a de complexes disait Nietzsche, et s'explorer ne se fait pas en un trip ultime qui nous révèlerait un truc incroyable que l'on ne saurait pas déjà (à ce niveau là il peut être préférable de rester complexer plutôt que de se livrer à une exaltation de ses pulsions et passions, sans savoir si l'on arrivera à garder la maitrise de soi une fois la boite de Pandore ouverte. On a tous cru qu'on gérait, jusqu'au moment où l'on se rend compte qu'on est "mal digéré" et devenu dépendant ou qu'on a juste détruit plus de chose autour de soi qu'on a en édifié...la drogue fait perdre en amitié, en amour, en confiance, mais encore une fois l'orgueil humain laisse facilement croire que moi, ouai MOI je ne tomberais pas dans le piège, et c'est en se croyant plus fort que soi que l'on se fait avoir, parce que son pire ennemi, c'est sa part d'ombre que l'on refuse de voir en préférant vivre dans quelques fantasmes, dans son imaginaire au lieu de coller au réel, m'enfin à ce niveau là on ne gère pas grand chose, on est tributaire de son destin dont le les pages du livre de sa vie se tourne chaque jour que la nature engrange).
La problématique du trip ultime est donc comme souvent une croyance en un avenir meilleur après trip, c'est à dire une solution que l'on trouverait dans l'attente/l'espérance d'un ailleurs...il est donc question d'une transcendance, de l'attente d'une réponse venant de là bas, pour ne pas dire de là haut...amen.
Au final cette problématique de ne pas savoir qui l'on est et de chercher à le découvrir révèle un manque de subjectivation, c'est à dire de dialogue intérieur qui nous ferait défaut en nous masquant une réalité en nous mêmes (c'est ça de vivre plus dans son imaginaire que dans le réel, du fait d'un défaut de symbolisation dans ses structures psychiques, problèmes d'étayage et de confiance en soi). Et chacun sachant que les psychés ouvrent les portes de la perception, il est facile d'en consommer en excès en croyant que tripper va résoudre ses problèmes, ou du moins apporter des réponses à des questionnements que l'on ne s'est pas formulé (TOUT EST LA ! le problème vient de ce manque de formulation de soi, et non du manque de réponse).
Qui suis-je ? Quelle est ma place ? Pourquoi j'ai l'impression de flotter dans un vertige sans cadre, sans valeur sur lesquelles m'appuyer, me soutenir quand moralement je flanche ?
Donc tripper sans savoir pourquoi n'apportera rien d'autres qu'encore plus de doutes et d'incertitudes, que son esprit comblera par des raisonnements rassurants, ou pas (se traumatiser avec une grosse dose laisse plutôt dans un état d'anxiété généralisé, de désorientation, de dépersonnalisation/déréalisation ou de déprime, plutôt que de sérénité....et j'en sais quelque chose pour avoir frôlé la mort ou la folie à de nombreuses reprises, y a rien de miraculeux là dedans, juste l'expression d'un profond mal-être que des petites prises ont amené à faire remonter à la surface, un peu comme de petits traumatismes en forme un grand). Je ne connais personne qui en s'étant overdosé la tête mène aujourd'hui une vie paisible et joyeuse. Si le trip peut apporter des réponses, c'est en se rendant compte que l'on est un être vivant souffrant et mortel, et que l'on a autant peur de vivre que de mourir. Voila la base du problème de tout à chacun ---> son manque de clairvoyance quant à ses propres angoisses de vie et de mort.
A partir de là libre à chacun de trouver les solutions qui lui apporteront sagesse, spiritualité et stabilité dans sa vie, qu'il s'agisse
- de trouver du sens à son pourquoi du comment dans des réflexions intellectuelles ou des thérapies en tout genre (psychanalyse, cognitivistes et comportementales, familiales, médicalisées)
- d'en passer par une forme de religiosité apportant le réconfort social et personnel qu'on leur connait
- d'en passer par le corps dans une volonté de reconnecter avec soi par la voie somatique
Il n'y a pas de voie privilégiée, chacun étant différent de son prochain tout en ayant les mêmes problèmes existentiels, les mêmes pertes de repères morales et identitaires, les mêmes doutes et inquiétudes face à un avenir qui semble des plus incertains quand on voit que la société privilégie la quantité de biens à consommer à la qualité de vie.
Le trip ultime qui règlerait les problèmes n'existe pas, il n'y a derrière la défonce que souffrance et connexion à ses angoisses (donc au réel qu'on fuit), ou déconnexion du réel dans une fuite en avant encore plus grandes, avec le lot de symptômes que cela peut engendrer (somatisation, troubles de la personnalité en tout genre, etc).
Donc si t'aime bien la misère, avec les grosses doses de psyché tu ne seras pas malheureux. Mais gare à ne pas se fourvoyer dans des croyances ou des impulsivités laissant libre cours à ses pulsions de mort.
La tristesse ou la colère ne se dépasse qu'en trouvant le moyen de remplacer ses fortes émotions par une émotion de joie encore plus puissante, nous portant à exprimer nos pulsions de vie dans une dynamique constructiviste et positiviste.