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Extraits littéraires à propos des drogues

Sorence

zolpinaute de la sapience
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11/10/22
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Salut ! J'aime bien que les drogues surgissent dans l'ordinaire d'un récit, c'est-à-dire quand ellee sont présentes mais pas centrales, quand on les mentionne sans trop en parler, quand ça fait partie du récit parce que ça fait partie de la vie. Je vous propose donc ce topic pour regrouper de telles citations.

Le cadre que je voudrais y poser :
  • La drogue évoquée ne joue pas un rôle majeur dans l'intrigue (ex : le personnage principal, dealer de cannabis, se roule un joint)
  • Les drogues ne sont pas, dans la narration, un outil de dénigrement d'un personnage ou d'une situation (ex: le naratteur arrive à une fête, et on montre que ses hôtes sont des dégénérés par le fait qu'ils prennent de la cocaïne).
  • Ajout tardif : les drogues ne sont pas mentionnées à seule fin de dire qu'on va, ou qu'il faut, arrêter (ou éviter) d'en prendre.
Et voilà, n'oubliez pas de préciser le titre de l'ouvrage !
 
Tu prends aussi les drogues légales ? Parce que pour les illégales c'est plutôt rare comme cas de figure quand même ^^"
 
Justement !

(le Bechdel test des drogues, ce génie)
 
"Son traitement expérimental au BP 897 devrait le débarrasser totalement du manque de cocaïne. Si tout se passe bien, il pourra bientôt regarder une Carte bleue sans éternuer."

"Il était temps pour lui de changer. Il était beaucoup trop années 80 avec sa coke, ses costumes noirs, sa thune et son cynisme à deux balles"

Frederic Beigbeder - 99 FRANCS
2000
 
Pour continuer sur Frederic Beigbeder, il a également écrit un recueil nommé Nouvelles sous ecstasy (que j'ai par découvert lors d'un stage dans une entreprise pour l'anecdote). Je ne l'a pas lu, j'ai vérifié les synopsis pour être sûr que ce n'est pas l'intrigue principal, ça n'a pas l'air d'être le cas. Apparemment il écrit surtout sa réflexion sur l'amour et la folie, la MDMA étant introduite en fond comme appui de réflexions sur ces concepts et surtout avec des comportements et des pensées des personnages qui rappellent l'effet de l'ecsta, et il est dit qu'il a écrit ces nouvelles sous l'influence de la MD.
 
Pour continuer sur Frederic Beigbeder, il a également écrit un recueil nommé Nouvelles sous ecstasy (que j'ai par découvert lors d'un stage dans une entreprise pour l'anecdote). Je ne l'a pas lu, j'ai vérifié les synopsis pour être sûr que ce n'est pas l'intrigue principal, ça n'a pas l'air d'être le cas. Apparemment il écrit surtout sa réflexion sur l'amour et la folie, la MDMA étant introduite en fond comme appui de réflexions sur ces concepts et surtout avec des comportements et des pensées des personnages qui rappellent l'effet de l'ecsta, et il est dit qu'il a écrit ces nouvelles sous l'influence de la MD
Hyper alléchant !

Tu prends aussi les drogues légales ? Parce que pour les illégales c'est plutôt rare comme cas de figure quand même ^^"
Justement comme dit l'autre ! C'est une entreprise de collection. Ensuite, légal ou illégal, peu importe : je laisse l'appréciation aux lecteurs. Mais l'idée est bien d'aller chercher des petits bouts de cultures à propos de nos amours stigmatisées.

Frederic Beigbeder - 99 FRANCS
Un peu limite les extraits choisis, sur la deuxième règle : on sent que la cocaïne sert ici à dénigrer les personnages. Mais ça passe parce que le bouquin entier sert à dénigrer les personnages, et que le premier extrait est très drôle.

Ton choix me remet en mémoire la troisième règle (qui m'avait échappée au moment de créer le topic) : "les drogues ne sont pas mentionnées à seule fin de dire qu'on va, ou qu'il faut, arrêter (ou éviter) d'en prendre."
Avec ce cadre, je pense qu'on peut effectivement prétendre à un
Bechdel test des drogues
:3
 
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Le Combat Ordinaire

Ca ne satisfait pas tout à fait à la règle n°1, les benzos étant la réponse aux crises d'angoisses du protagoniste, et ces crises jouent un rôle important dans l'intrigue, mais les drogues ne sont jamais au premier plan, elles sont traitées comme quelque chose d'ordinaire...
 
Super j'adore Manu Larcenet, en fait on peut même parler de ses autres BD. Dans Le Retour à la terre, plus humoristique on voit de ponctuelles apparitions de la drogue (alcool et cannabis).
Dans Blast la drogue est assez centrale dans l'intrigue donc peut être que ça correspond pas à tes critères.
Ce qui est intéressant c'est aussi de savoir que la place de la drogue dans ses BD qui sont toutes en partie autobiographiques se rapporte aussi à sa vie et donc à sa vision et relation avec la drogue.
 
Dans Blast la drogue est assez centrale dans l'intrigue donc peut être que ça correspond pas à tes critères.
J'avoue que c'est trouble. Une drogue (héro je crois ?) a une fonction de déclencheur, mais l'intrigue pourrait aussi se jouer sans. Le personnage principal n'a pas toujours recours aux drogues pour déclencher les blasts. Mais elles surviennent dans le parcours du personnage. De même que les anxios à certains moments.
Du coup, pour moi ça passe !



Les drogues dans les romans de Philipe Djian.


Maudit Manège (1986) :

– Tu veux que je te montre ce que j'ai acheté ? Tu me diras ce que tu en penses...
– Bien sûr, on a tout le temps...
[...]
Lorsqu'elle est enfin apparue, j'ai failli m'étrangler. J'en aurais versé des larmes sur ma condition d'homme si je ne m'étais pas desséché d'un seul coup, si mon cerveau n'avait pas pris feu. J'ai éprouvé une vague de tendresse pour la terre entière puis j'ai croisé les jambes et je me suis tenu les genoux pendant qu'elle s'avançait vers moi.
Tout ce que l'on pouvait en dire, c'est que ça brillait, que c'était court, ouvert sur le devant et envahi de rubans, ça faisait très mal, c'était à mi-chemin entre le sous-vêtement et une pilule d'acide, et ça se resserrait étrangement autour de la taille, ça donnait l'impression de coller à la peau.


Zone érogène (2001 ?) :

J’ai fermé la porte à clé et pendant qu’il tombait à genoux à côté de la baignoire et reniflait, j’ai fouillé dans l’armoire à pharmacie. Ensuite j’ai attrapé son bras malade et je l’ai nettoyé sous la douche. C’était une belle coupure, dans le pli de la main, en plein dans sa ligne de vie. Je lui ai fait un pansement et il s’est calmé, il me fixait simplement d’un air hébété.
— Alors, ça va mieux ? j’ai demandé.
— Nan… la mâchoire bloquée…
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Peux pas parler. J’ai mal.
Il s’est appuyé contre la baignoire, les muscles noués et agité de petits tremblements. Je suis resté accroupi près de lui, je l’ai regardé, me demandant ce que j’allais faire de lui. Il s’est laissé glisser sur le tapis éponge en fermant les yeux, les bras glissés entre les deux jambes :
— Jamais été aussi mal avec un acide, il a fait.
Je me suis souvenu d’une boîte de Valium dans la pharmacie. Je me suis levé et j’ai attrapé la boîte.
— Reste tranquille, je lui ai dit, j’ai trouvé un truc.
Je me suis penché et je lui ai pété deux ampoules entre les dents, il a même pas fait la grimace. Après ça, j’ai pris une bonne douche.
Quand je suis sorti de là-dessous, il dormait.

J’avais mis la radio et un type braillait là-dedans avec un fort accent pour annoncer que Paul Simon et Art Garfunkel venaient d’arriver sur scène, ces deux salauds ont failli me faire pleurer vingt ans après en chantant At the Zoo, c’était l’époque où je prenais mon premier acide, ha ha, on savait rigoler dans ce temps-là, on serrait un peu moins les fesses, je me suis envoyé le concert pendant tout le voyage, j’ai passé un excellent moment, entre deux eaux.

J’ai fait un peu de lessive pour me changer les idées, je lui ai lavé trois culottes, dont une avec des taches de sang, j’ai dû frotter comme un dingue. Ensuite je me suis roulé un joint et je suis allé pendre les culottes dans la salle de bains avec le truc coincé entre les lèvres.

Il s’est gratté la tête et a levé les yeux vers le croissant de lune qui venait de sortir au-dessus des arbres.
— Bon, alors dis-moi une chose, il a fait. D’où est-ce qu’elles sortent toutes ces saloperies de canettes… ? D’où vient tout cet alcool, hein, dis-moi… ?
— Hé, tu plaisantes, c’est pas vraiment de l’alcool !
— Bien sûr. Et tu vas sans doute nous sortir quelques joints dans un moment, ou une cochonnerie de ce genre…
— Là, vieux, tu me fais de la peine.
Il a réfléchi un instant puis il m’a regardé des pieds à la tête.
— Bon, il a fait, je crois que je vais tirer un trait sur cet incident mais tâche de t’intégrer un peu plus à l’esprit du groupe à l’avenir. Ça peut te faire que du bien.
— Je sais pas ce qui m’a pris, j’ai fait.

En attendant, Yan a roulé un joint et on l’a fumé tranquillement pendant que des trucs grésillaient dans la cuisine. Je me suis retrouvé dans un fauteuil géant avec le sourire aux lèvres et un verre à la main.
— Une fois de plus, j’ai fait, je suis heureux de constater que le plaisir et la douleur s’équilibrent.
— Bon, alors tout va bien. Je suis pas encore au bout du compte, il a fait.
— Merde, j’ai dit, faut que je me lève avant que ce fauteuil me digère complètement.

On a mangé rapidement en discutant de choses et d’autres comme si rien s’était passé et à la fin du repas j’ai fait circuler quelques joints dans tous les sens pour maintenir une bonne ambiance et je suis arrivé à ce que je voulais. Les choses ont commencé à flotter tout doucement.
J’ai mis un peu de musique et j’ai aidé Annie à débarrasser et c’est vrai que l’autre a pas fait un seul geste pour soulever une assiette, il restait accroché à Yan comme un type dont le parachute s’est pas ouvert. Je suis resté avec elle dans la cuisine, j’avais l’esprit serein.
— Tu vois comment il est ? elle a fait. C’est tout le temps comme ça. Voilà le genre de trou du cul qu’il est allé dénicher.
— D’accord, mais il est jeune. C’est normal qu’il fasse pas attention aux autres. Il faut lui laisser le temps.
— Ouais, seulement c’est pas toi qui vis avec lui !
 
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