VVakan
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Comme convenu je relate ici mes expériences avec l’Iboga.
Je vais tacher de condenser et aller à l’essentiel parce d’une part c’est long et d’autre part je ne me rappelle pas de tout et je vais faire au mieux pour être factuel. Sachant qu’il ne s’agit que de mon expérience.
Au total en 4 ans j’aurai participé à 4 week-end en France à l’époque ou c’était légal et une semaine au Gabon en 2008. Plus quelques autres prises depuis en solo. Je reprécise, je ne suis pas connaisseur des drogues psychédéliques, à part l’Iboga (et alcool et rarement un peu de beuh) je n’ai rien testé.
Je démarre par mes expériences en France.
Les week-end en France avaient tous le même format : arrivée le samedi, prise de la plante le samedi soir et départ le dimanche après midi. Il faut être à jeun et avoir mangé léger les jours précédents, pas d’alcool, pas de sexe et il faut venir avec 3 intentions. Bien sûr il est absolument interdit de prendre de la drogue quand on prend l’Iboga. C’est la seule contre-indication d’après ce que j’ai appris.
Ma demande principale était de me libérer de la peur de la mort afin de vivre plus pleinement. En France à chaque fois nous étions un petit groupe de 6 à 8 personnes, 4 qui font l’expérience et 3 ou 4 qui assistent + notre guide qui est un gabonais, initié, Nganga. Il y a une cérémonie traditionnelle, la plante est sacrée, elle est considérée comme une entité. Toute l’initiation se déroule dans une grande pièce, nous sommes sur des matelas au sol et nous prenons la plante (appelée le bois sacré) qui est sous forme de poudre de racine séchée, à la cuillère. Une fois elle était mélangée dans du miel. Une musique traditionnelle Gabonaise (arc en bouche ou harpe) très rapide nous accompagne toute la soirée qui se termine vers 3h du matin ou parfois jusqu’au petit matin. Ensuite tout le monde se couche.
La prise de la plante est une réelle épreuve en soi. C’est hard en général. Extrêmement amer plus quelque chose de difficile à décrire comme si ça piquait un peu la bouche. Mais parfois c’est plus facile que d’autres. Pour la quantité en France je ne suis pas sûr de mes souvenirs. Je crois que c’était pour moi de l’ordre de 2 à 3 cuillères à soupe de poudre directement dans la bouche avec un peu d’eau. Sur les 4 weekend en France je n’ai pas vomi à chaque fois, je pense 3 fois sur 4.
Le premier week-end , ma première fois je ne l’oublierai jamais. Ma demande donc c’était d’apprivoiser la peur de la mort.
Entre 40mn et 1h après l’ingestion, le corps devient progressivement très lourd, il est difficile de se déplacer, même pour aller aux toilettes par contre l’esprit est très clair. Il faut avoir une bassine à côté de soi pour vomir, ce qui arrive très fréquemment mais pas systématiquement. En général une grande partie du groupe vomi, chacun sa bassine, c’est joyeux.
Cette première fois donc ça à commencé par un bourdonnement. Je pensais qu’il y avait un gros frelon dans la pièce. Un bourdonnement très fort au dessus de moi, au plafond et qui tourne en cercle. C’est une constante pour moi quand la dose est élevée car ça c’est reproduit exactement au Gabon. S’en suit une forte tension entre les sourcils. Là je commence à voir des images de ma vie qui défilent. Toute ma vie. Comme on dit quand on meurt on voit défiler sa vie, je suppose que c’est ça, mais à une vitesse folle, des images qui s’enchaînent. C’est fréquemment le cas la première fois parait il. Mon attention semble aiguisée comme un laser. Je suis super focus. Puis il y a des pauses. Je sens la détente du corps qui est lourd comme une pierre. Pas de peur. Ensuite je ne sais plus dans quel ordre ça s’est passé. Le type à côté de moi semble suffoquer. Mais je ne sais pas si c’est réel ou imaginaire. J’angoisse. J’entends les autres qui s’agitent et il y a bien un problème. J’ai l’impression qu’il est entrain de mourrir. Magique pour moi qui vient avec comme thème la peur de la mort. Je commence à être vraiment pas bien. Je vois (mentalement) des visages déformés qui se suivent, comme fondus et je suis dans des angoisses de mort. Le gars a côté a été évacué et le Nganga est revenu. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’apprendrai plus tard qu’il a fait une sorte d’arrêt respiratoire et à priori était coutumier du fait, mais le Nganga a bien géré. Le type est revenu s’allonger ensuite. Bref je demande de l’aide parce que je n’arrive pas à gérer mes angoisses. Le Nganga me parle. Il est calme, sur de lui. Il sait exactement ou je suis, ce que je vis, je le sens. Ca c’est important. Que ce soit en France ou au Gabon ils connaissent le terrain de l’esprit et ces mondes. Ce sont des experts de ça. Il m’apaise. Je continue l’expérience. Je sens mon corps qui bouge dans tous les sens, comme si il voulait sortir de son enveloppe. C’est extrêmement puissant. Mais il reste bloqué au niveau du front. J’ai l’impression que mon corps est à la verticale, la tête en bas. La plante veut m’emmener. Mais je résiste. Impossible de lâcher prise. Je sens l’impuissance, la résistance et donc l’angoisse. Énorme angoisse. J’essaye de toutes mes forces de lâcher prise (hé oui sic) mais la peur est tellement forte que tout mon corps est crispé ainsi que mon esprit. Trop de peurs. Mais là il s’est passé quelque chose. J’avais vraiment peur. J’ai sentis que la plante pouvait m’emmener mais qu’elle restait à ma limite. Quand c’était trop fort pour moi, elle se retirait. Vraiment j’ai senti de la bienveillance ( le mot est trop réducteur). Ca a été une lutte comme ça pendant des heures. Puis la force de la plante commençait à réduire. Je passe sur différents aspects de l’expérience, notamment les sens qui sont hyper développés. En fait l’ esprit qui est vaste et silencieux, comme un lac de montagne la nuit sans vent. Le moindre bruissement est vu et entendu. C’est une sensation de paix extrêmement agréable et un état propice à la réflexion, l’analyse et l’introspection.
Pour les 3 autres fois, j’ai moins à développer. Je dirais juste qu’une fois j’ai eu le blues pendant 3 mois en rentrant chez moi car j’ai vécu lors de l’initiation une vraie expérience mystique qui m’a marqué. Un sentiment de paix très fort m’a imprégné et s’est effacé au fil des jours progressivement. Le perdre à été difficile. J’étais attaché à l’expérience. Et puis j’ai compris que vivre une expérience aussi belle soit elle est inévitablement éphémère, ce n’est qu’une expérience qui devient un souvenir, c’est un cadeau sans doute car cela lève un voile, après on ne croit plus, on sait, mais cela relève plus du divertissement que de la transformation. Alors qu’une prise de conscience , une réalisation, peut changer une vie à jamais.
Une autre fois, en rentrant le dimanche soir je me suis couché et encore bien imprégné de la plante. J’avais les yeux fermés dans mon lit et je voyais comme si j’avais les yeux ouverts. Je voyais mes mains que je passais devant mon visage, avec des fils de lumières qui émanaient des doigts. La plante ouvre nos sens psychiques.
Une autre fois, j’étais malade (enrhumé) et il ne s’est rien passé de spécial.
Le Gabon
Là c’est un autre registre. À cause du milieu culturel et de la dose.
Je suis arrivé un dimanche sur place, dans un village Bwiti, pas très loin de l’aéroport de Libreville. Nous sommes présentés au chef,. Dans le village on sort d’une précédente cérémonie, il y a des gens habillés en militaire ou dans d’autres accoutrements, le visage peint en blanc, rien n’est logique, il n’y a aucun code que je puisse comprendre. Les toilettes sont au milieu du village, un trou dans la terre entouré de tôles et avec un porte d’où s’échappent des milliards de moustiques. Le lundi on commence l’initiation qui durera jusqu’au dimanche avec la prise de la plante le jeudi, et on entre dans ce qui est appelé une chambre (pièce). Il y a 3 chambres différentes selon nos aspirations. C’est le chef du village qui détermine dans quelle pièce on sera. Par chance ma chambre est une toute nouvelle construction en dur, avec des toilettes. Ils reçoivent de plus en plus d’occidentaux et grâce à l’argent ils améliorent les conditions. Je partage cette pièce avec un ami. Nous avons un cahier et nous devons rester dans cette pièce, allonger la plupart du temps et faire 3 choses :
On nous sert de délicieux plats de riz et de poisson frais et de bananes plantains, un délice, vraiment c’était succulent.
Le jeudi on ne mange que le matin.
Le jeudi soir on prend le bois sacré. La dose pour chacun a été choisi avec les Cauris, coquillages qui servent à l’art divinatoire.
On est préparés, lavés, habillés tout en blanc. La musique bat son plein. Christian, un grand black super balaise nous donne le bois sacré. On est à genoux. Il est devant nous. La musique toujours. Il a des mains de la taille d’une pelle. Le bois n’est pas en poudre séchée mais sous forme de racines fraîches, préparées je ne sais pas comment. Ca fait une espèce de pate filandreuse. Mon ami a droit à 5 poignées ! C’est énorme. Je suis effrayé et en même temps mon esprit de dérision ne peut s’empêcher d’être mort de rire. 5 putains de poignées de Hulk de racines fraîches direct dans la gorge !! Mon Dieu… C’est surréaliste. Mais mon ami, pas plus que notre hôte ne rigolent. Avaler une seule poignée est extrêmement difficile. Surtout qu’il te donne un 1/4 de verre d’eau…. Mon pote a failli recracher la 2e, la réponse autoritaire de Christian « si tu recraches un seul morceau je te redonne toute la dose ». Ha oui ce n’est pas la même ambiance qu’en France. Ensuite c’est mon tour j’ai droit à 3 poignées. Ouf, c’est un peu mieux. Il faut avaler un énorme paquet de racines, c’est très amer, bizarre, avec très peu d’eau. Mais c’est LE moment qu’on attend depuis longtemps. Alors on avale. Comme on peut. Et puis on s’allonge et on attend…
Je commence par entendre ce bourdonnement au plafond. Ca tourne en rond, c’est très fort. Je sens une tension forte au dessus des yeux. Je vomis. À partir de là je vomirai 24h non stop. Non stop. Je déteste vomir. Mais là, à force de vomir j’ai aimé ça, vraiment, ça a été libérateur… à la fin je hurlais en vomissant, et ça faisait du bien, tout le village m’entendait, je pense que c’était une purification de tout mon être en profondeur. Je reviens à l’expérience. Donc ça bourdonne. Mon corps physique est collé au sol, lourd, et en même temps mon corps (subtil) bouge dans tous les sens comme si il voulait sortir. Encore une fois il est retenu par le front. Il est à la verticale. J’essaye de lâcher prise mais je n’y arrive pas. La plante est mon alliée, je la sens bienveillante. Un moment j’ouvre les yeux et je vois des musiciens partout dans la pièce autour de moi, plus d’une dizaine qui jouent et qui sont avec moi qui m’aident à lâcher prise. En réalité il y avait 3 musiciens. Je vois d’autres choses durant cette nuit. Pour moi ce n’étaient pas des visions imaginaires mais bien des expériences réelles, palpables, présentes. Avec la plante ma conscience est aiguisée comme un laser. Il y a un espace immense qui s’ouvre dans mon esprit et un sujet étudié l’est avec toute ma puissance, sous tous ses aspects, objectivement, sans passion. On sort de nos ornières psychologiques et on voit clair. Ca peut être violent. J’ai pris conscience de ma petitesse, de ma médiocrité, j’ai réalisé toutes les pensées négatives automatiques que j’avais à l’encontre de mes proches, même envers mon fils, lorsque j’étais frustré ou en colère, j’ai vu ce que j’envoyais, la dureté que ça représentait dans ce qu’on ne voit pas. La violence que c’est. Cela n’est pas anodin. Ca a été difficile. Honte et culpabilité et tristesse qui s’est dissoute ensuite grâce aux prières des jours suivants. Et en même temps j’ai eu des réponses. D’où viennent les pensées, à quel point elles sont automatiques et sans fin. Et ce que je devais faire pour avancer dans ma vie. Notamment prier pour un secret de famille (vérifié par la suite) que j’ignorais et deux autres actions.
La plante a été prise le jeudi soir mais son action se fait sentir pendant plusieurs jours. Le samedi soir il y a une cérémonie de clôture toute la nuit. Autant dire qu’on est encore complètement dans le gaz. C’est très codifié, tout le village est là, il y a de la musique et des offrandes, plein de choses. Un moment on doit se regarder dans un miroir et là j’ai vu beaucoup de visages différents. On a aussi un débriefing avec le chef et d’autres choses. Rituels et enseignements. Puis vient le moment du départ. Encore sous l’effet de la plante.
En bilan:
Voilà… si vous avez des questions et que je peux répondre ce sera avec plaisir.
Je vais tacher de condenser et aller à l’essentiel parce d’une part c’est long et d’autre part je ne me rappelle pas de tout et je vais faire au mieux pour être factuel. Sachant qu’il ne s’agit que de mon expérience.
Au total en 4 ans j’aurai participé à 4 week-end en France à l’époque ou c’était légal et une semaine au Gabon en 2008. Plus quelques autres prises depuis en solo. Je reprécise, je ne suis pas connaisseur des drogues psychédéliques, à part l’Iboga (et alcool et rarement un peu de beuh) je n’ai rien testé.
Je démarre par mes expériences en France.
Les week-end en France avaient tous le même format : arrivée le samedi, prise de la plante le samedi soir et départ le dimanche après midi. Il faut être à jeun et avoir mangé léger les jours précédents, pas d’alcool, pas de sexe et il faut venir avec 3 intentions. Bien sûr il est absolument interdit de prendre de la drogue quand on prend l’Iboga. C’est la seule contre-indication d’après ce que j’ai appris.
Ma demande principale était de me libérer de la peur de la mort afin de vivre plus pleinement. En France à chaque fois nous étions un petit groupe de 6 à 8 personnes, 4 qui font l’expérience et 3 ou 4 qui assistent + notre guide qui est un gabonais, initié, Nganga. Il y a une cérémonie traditionnelle, la plante est sacrée, elle est considérée comme une entité. Toute l’initiation se déroule dans une grande pièce, nous sommes sur des matelas au sol et nous prenons la plante (appelée le bois sacré) qui est sous forme de poudre de racine séchée, à la cuillère. Une fois elle était mélangée dans du miel. Une musique traditionnelle Gabonaise (arc en bouche ou harpe) très rapide nous accompagne toute la soirée qui se termine vers 3h du matin ou parfois jusqu’au petit matin. Ensuite tout le monde se couche.
La prise de la plante est une réelle épreuve en soi. C’est hard en général. Extrêmement amer plus quelque chose de difficile à décrire comme si ça piquait un peu la bouche. Mais parfois c’est plus facile que d’autres. Pour la quantité en France je ne suis pas sûr de mes souvenirs. Je crois que c’était pour moi de l’ordre de 2 à 3 cuillères à soupe de poudre directement dans la bouche avec un peu d’eau. Sur les 4 weekend en France je n’ai pas vomi à chaque fois, je pense 3 fois sur 4.
Le premier week-end , ma première fois je ne l’oublierai jamais. Ma demande donc c’était d’apprivoiser la peur de la mort.
Entre 40mn et 1h après l’ingestion, le corps devient progressivement très lourd, il est difficile de se déplacer, même pour aller aux toilettes par contre l’esprit est très clair. Il faut avoir une bassine à côté de soi pour vomir, ce qui arrive très fréquemment mais pas systématiquement. En général une grande partie du groupe vomi, chacun sa bassine, c’est joyeux.
Cette première fois donc ça à commencé par un bourdonnement. Je pensais qu’il y avait un gros frelon dans la pièce. Un bourdonnement très fort au dessus de moi, au plafond et qui tourne en cercle. C’est une constante pour moi quand la dose est élevée car ça c’est reproduit exactement au Gabon. S’en suit une forte tension entre les sourcils. Là je commence à voir des images de ma vie qui défilent. Toute ma vie. Comme on dit quand on meurt on voit défiler sa vie, je suppose que c’est ça, mais à une vitesse folle, des images qui s’enchaînent. C’est fréquemment le cas la première fois parait il. Mon attention semble aiguisée comme un laser. Je suis super focus. Puis il y a des pauses. Je sens la détente du corps qui est lourd comme une pierre. Pas de peur. Ensuite je ne sais plus dans quel ordre ça s’est passé. Le type à côté de moi semble suffoquer. Mais je ne sais pas si c’est réel ou imaginaire. J’angoisse. J’entends les autres qui s’agitent et il y a bien un problème. J’ai l’impression qu’il est entrain de mourrir. Magique pour moi qui vient avec comme thème la peur de la mort. Je commence à être vraiment pas bien. Je vois (mentalement) des visages déformés qui se suivent, comme fondus et je suis dans des angoisses de mort. Le gars a côté a été évacué et le Nganga est revenu. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’apprendrai plus tard qu’il a fait une sorte d’arrêt respiratoire et à priori était coutumier du fait, mais le Nganga a bien géré. Le type est revenu s’allonger ensuite. Bref je demande de l’aide parce que je n’arrive pas à gérer mes angoisses. Le Nganga me parle. Il est calme, sur de lui. Il sait exactement ou je suis, ce que je vis, je le sens. Ca c’est important. Que ce soit en France ou au Gabon ils connaissent le terrain de l’esprit et ces mondes. Ce sont des experts de ça. Il m’apaise. Je continue l’expérience. Je sens mon corps qui bouge dans tous les sens, comme si il voulait sortir de son enveloppe. C’est extrêmement puissant. Mais il reste bloqué au niveau du front. J’ai l’impression que mon corps est à la verticale, la tête en bas. La plante veut m’emmener. Mais je résiste. Impossible de lâcher prise. Je sens l’impuissance, la résistance et donc l’angoisse. Énorme angoisse. J’essaye de toutes mes forces de lâcher prise (hé oui sic) mais la peur est tellement forte que tout mon corps est crispé ainsi que mon esprit. Trop de peurs. Mais là il s’est passé quelque chose. J’avais vraiment peur. J’ai sentis que la plante pouvait m’emmener mais qu’elle restait à ma limite. Quand c’était trop fort pour moi, elle se retirait. Vraiment j’ai senti de la bienveillance ( le mot est trop réducteur). Ca a été une lutte comme ça pendant des heures. Puis la force de la plante commençait à réduire. Je passe sur différents aspects de l’expérience, notamment les sens qui sont hyper développés. En fait l’ esprit qui est vaste et silencieux, comme un lac de montagne la nuit sans vent. Le moindre bruissement est vu et entendu. C’est une sensation de paix extrêmement agréable et un état propice à la réflexion, l’analyse et l’introspection.
Pour les 3 autres fois, j’ai moins à développer. Je dirais juste qu’une fois j’ai eu le blues pendant 3 mois en rentrant chez moi car j’ai vécu lors de l’initiation une vraie expérience mystique qui m’a marqué. Un sentiment de paix très fort m’a imprégné et s’est effacé au fil des jours progressivement. Le perdre à été difficile. J’étais attaché à l’expérience. Et puis j’ai compris que vivre une expérience aussi belle soit elle est inévitablement éphémère, ce n’est qu’une expérience qui devient un souvenir, c’est un cadeau sans doute car cela lève un voile, après on ne croit plus, on sait, mais cela relève plus du divertissement que de la transformation. Alors qu’une prise de conscience , une réalisation, peut changer une vie à jamais.
Une autre fois, en rentrant le dimanche soir je me suis couché et encore bien imprégné de la plante. J’avais les yeux fermés dans mon lit et je voyais comme si j’avais les yeux ouverts. Je voyais mes mains que je passais devant mon visage, avec des fils de lumières qui émanaient des doigts. La plante ouvre nos sens psychiques.
Une autre fois, j’étais malade (enrhumé) et il ne s’est rien passé de spécial.
Le Gabon
Là c’est un autre registre. À cause du milieu culturel et de la dose.
Je suis arrivé un dimanche sur place, dans un village Bwiti, pas très loin de l’aéroport de Libreville. Nous sommes présentés au chef,. Dans le village on sort d’une précédente cérémonie, il y a des gens habillés en militaire ou dans d’autres accoutrements, le visage peint en blanc, rien n’est logique, il n’y a aucun code que je puisse comprendre. Les toilettes sont au milieu du village, un trou dans la terre entouré de tôles et avec un porte d’où s’échappent des milliards de moustiques. Le lundi on commence l’initiation qui durera jusqu’au dimanche avec la prise de la plante le jeudi, et on entre dans ce qui est appelé une chambre (pièce). Il y a 3 chambres différentes selon nos aspirations. C’est le chef du village qui détermine dans quelle pièce on sera. Par chance ma chambre est une toute nouvelle construction en dur, avec des toilettes. Ils reçoivent de plus en plus d’occidentaux et grâce à l’argent ils améliorent les conditions. Je partage cette pièce avec un ami. Nous avons un cahier et nous devons rester dans cette pièce, allonger la plupart du temps et faire 3 choses :
- noter nos rêves
- Se nettoyer avec une bassine dans laquelle des plantes de la jungle macèrent
- Prier, devant la Harpe sacrée
On nous sert de délicieux plats de riz et de poisson frais et de bananes plantains, un délice, vraiment c’était succulent.
Le jeudi on ne mange que le matin.
Le jeudi soir on prend le bois sacré. La dose pour chacun a été choisi avec les Cauris, coquillages qui servent à l’art divinatoire.
On est préparés, lavés, habillés tout en blanc. La musique bat son plein. Christian, un grand black super balaise nous donne le bois sacré. On est à genoux. Il est devant nous. La musique toujours. Il a des mains de la taille d’une pelle. Le bois n’est pas en poudre séchée mais sous forme de racines fraîches, préparées je ne sais pas comment. Ca fait une espèce de pate filandreuse. Mon ami a droit à 5 poignées ! C’est énorme. Je suis effrayé et en même temps mon esprit de dérision ne peut s’empêcher d’être mort de rire. 5 putains de poignées de Hulk de racines fraîches direct dans la gorge !! Mon Dieu… C’est surréaliste. Mais mon ami, pas plus que notre hôte ne rigolent. Avaler une seule poignée est extrêmement difficile. Surtout qu’il te donne un 1/4 de verre d’eau…. Mon pote a failli recracher la 2e, la réponse autoritaire de Christian « si tu recraches un seul morceau je te redonne toute la dose ». Ha oui ce n’est pas la même ambiance qu’en France. Ensuite c’est mon tour j’ai droit à 3 poignées. Ouf, c’est un peu mieux. Il faut avaler un énorme paquet de racines, c’est très amer, bizarre, avec très peu d’eau. Mais c’est LE moment qu’on attend depuis longtemps. Alors on avale. Comme on peut. Et puis on s’allonge et on attend…
Je commence par entendre ce bourdonnement au plafond. Ca tourne en rond, c’est très fort. Je sens une tension forte au dessus des yeux. Je vomis. À partir de là je vomirai 24h non stop. Non stop. Je déteste vomir. Mais là, à force de vomir j’ai aimé ça, vraiment, ça a été libérateur… à la fin je hurlais en vomissant, et ça faisait du bien, tout le village m’entendait, je pense que c’était une purification de tout mon être en profondeur. Je reviens à l’expérience. Donc ça bourdonne. Mon corps physique est collé au sol, lourd, et en même temps mon corps (subtil) bouge dans tous les sens comme si il voulait sortir. Encore une fois il est retenu par le front. Il est à la verticale. J’essaye de lâcher prise mais je n’y arrive pas. La plante est mon alliée, je la sens bienveillante. Un moment j’ouvre les yeux et je vois des musiciens partout dans la pièce autour de moi, plus d’une dizaine qui jouent et qui sont avec moi qui m’aident à lâcher prise. En réalité il y avait 3 musiciens. Je vois d’autres choses durant cette nuit. Pour moi ce n’étaient pas des visions imaginaires mais bien des expériences réelles, palpables, présentes. Avec la plante ma conscience est aiguisée comme un laser. Il y a un espace immense qui s’ouvre dans mon esprit et un sujet étudié l’est avec toute ma puissance, sous tous ses aspects, objectivement, sans passion. On sort de nos ornières psychologiques et on voit clair. Ca peut être violent. J’ai pris conscience de ma petitesse, de ma médiocrité, j’ai réalisé toutes les pensées négatives automatiques que j’avais à l’encontre de mes proches, même envers mon fils, lorsque j’étais frustré ou en colère, j’ai vu ce que j’envoyais, la dureté que ça représentait dans ce qu’on ne voit pas. La violence que c’est. Cela n’est pas anodin. Ca a été difficile. Honte et culpabilité et tristesse qui s’est dissoute ensuite grâce aux prières des jours suivants. Et en même temps j’ai eu des réponses. D’où viennent les pensées, à quel point elles sont automatiques et sans fin. Et ce que je devais faire pour avancer dans ma vie. Notamment prier pour un secret de famille (vérifié par la suite) que j’ignorais et deux autres actions.
La plante a été prise le jeudi soir mais son action se fait sentir pendant plusieurs jours. Le samedi soir il y a une cérémonie de clôture toute la nuit. Autant dire qu’on est encore complètement dans le gaz. C’est très codifié, tout le village est là, il y a de la musique et des offrandes, plein de choses. Un moment on doit se regarder dans un miroir et là j’ai vu beaucoup de visages différents. On a aussi un débriefing avec le chef et d’autres choses. Rituels et enseignements. Puis vient le moment du départ. Encore sous l’effet de la plante.
En bilan:
- 15 ans après, je continue d’apprendre de ces expériences mais je ne suis pas un bon élève. Je n’ai pas relu mes notes ni réglé les sujets à régler etc. En revanche j’ai compris petit à petit la chose importante concernant ma demande initiale, la peur de la mort et j’ai avancé sur le sujet. Ces expériences m’ont mises face aux résistances, aux peurs, au contrôle. Il m’a fallu du temps pour comprendre. Et du temps pour être ok avec ça. Aujourd’hui je suis toujours sur ce chemin mais un peu plus loin. Je sais que la peur est toujours présente et prête à se manifester si le danger ou la perte de contrôle se présente mais j’ai un autre angle d’approche. Mais je sors du sujet de ce post.
- Je pense (et c’est une croyance) qu’il faut être bien construit psychiquement si on la prend seul, mais c’est sans doute comme tous les psychédéliques. A mon avis il vaut mieux être accompagné par quelqu’un qui est initié et en tout cas, toujours le faire avec le plus grand respect.
- Cela dit je crois que c’est à la portée de tout le monde, en tout cas au Gabon ça roule, mais ils n’ont pas le meme rapport à la vie et à la mort.
- C’est une épreuve, car on vomit, et l’ingestion est difficile.
- C’est très profond pour travailler sur soi
- Ouvre les sens psychiques
- Selon ce que j’ai appris, la plante était utilisée dans l’ancienne Égypte pour des rituels ésotériques, puis elle a été transmise aux Pygmées qui l’ont transmis au Gabonais.
- Prendre une douche très chaude aide à éliminer plus rapidement les effets de la plante.
- Ne surtout pas prendre de drogue en même temps. Un autre Nganga faisait des initiations à l’Iboga à cette époque en France et il le faisait avec de grands groupes. L’Iboga étant connu pour arrêter les addictions (en 1 fois) cela attirait beaucoup d’accros. Un soir un participant a pris une autre substance (je n’ai pas les détails) en prenant la plante. Il est mort. Suite à ça la plante a été interdite.
- Les Gabonais disent qu’il faut être initié pour prendre la plante.
- Pour une première fois se faire initier et écouter et respecter le Nganga. J’ai été témoin d’une mauvaise histoire qui a laissé des conséquences négatives très fortes pour la personne.
Voilà… si vous avez des questions et que je peux répondre ce sera avec plaisir.