Moi je comprend ça avec une grille de lecture au niveau psychologique/bouddhiste.
1. Les psychédéliques font remonter du matériel inconscient à la conscience.
2. Ce matériel peut être agréable, ou désagréable durant le trip (ou alterner entre les 2).
3. Ce matériel peut prendre la forme de sensations psychosomatiques, d'émotions, de pensées.
4. C'est la façon dont on réagit au contenu du trip qui dicte les sensations d'afterglow ou de dépression/angoisse. Pour décharger du matériel psychique qui était refoulé, il faut l'observer sans y réagir, de façon équanime (avec une égalité d'esprit, sans fuir les sensations négatives ni s'accrocher aux sensations positives). Je crois que le terme en psychologie c'est l'abréaction.
Ducoup pendant et après un trip, les 2 cas de figure sont possibles (si on considère que les extrêmes) :
1. Si vous avez un trip qui est extrêmement agréable :
- il est possible de s'accrocher aux sensations agréables vécues pendant ce trip, et avoir une descente difficile : trip agréable + descente désagréable.
- ou alors vous réussissez à rester équanime, du matériel psychique inconscient est intégré à la conscience et vous êtes plus entier : trip agréable + afterglow.
2. Si vous avez un trip qui est extrêmement désagréable :
- vous n'arrivez pas à rester équanime face aux matériel psychique désagréable, il est amené à la conscience puis refoulé à nouveau : trip désagréable + mal digéré (anxiété post trip, rêves intenses qui montrent que tout n'as pas encore été digéré/intégré, voir flashbacks lorsque le trip a été tellement peu digéré qu'il a créé un traumatisme).
- vous arrivez à rester équanime face au matériel psychique désagréable : trip désagréable + afterglow.
J'ai l'impression que ce qui provoque le plus d'afterglow, c'est quand on arrive à intégrer des parties difficiles de sa conscience, quand on est dans le cas d'un trip très désagréable qu'on arrive à affronter. Mais un trip super agréable peut être aussi cathartique j'ai l'impression suite a mes lectures. Personnellement j'ai jamais vraiment connu ce cas de figure. Ayant un fond de trouble anxieux, la plupart de mes trips ou j'ai eu une sensation d'afterglow, c'est quand je m'étais confronté à mon anxiété pendant le trip.
Pour résumer, je pense que ce qui crée l'afterglow, c'est de passer d'un esprit peu unifié (avec beaucoup de choses refoulées dans l'inconscient), a un esprit plus unifié, plus entier. Les genres de mécanismes que je décris se passent aussi pendant la pratique de la méditation, même si l'intensité est bien moins importante généralement (à part en retraite intensive) :
- Une séance de méditation avec beaucoup d'agitation mais très peu de réaction face a cette agitation va créer un miniafterglow (Très comparable à un after glow de psychédélique : très bonne humeur, la musique est plus agréable, etc...).
- Une séance de méditation avec beaucoup de sensations agréables de calme mais une réaction d'envie face à ce coté positif va créer de l'agitation, et on perd le calme mental.
Après la question qui se pose, c'est comment réussir à maximiser l'abréaction pendant et après le trip ? Et si l'abréaction n'as pas été totale, comment aider à la bonne digestion/intégration du trip ?
Je pense que j'ai des tendances à la toxicomanie car je n'accepte pas facilement mes émotions, mes sensations, mon matériel psychique inconscient. J'ai tendance à le fuir, à n'accepter que les parties agréables et enfouir le reste. C'est une structure mentale qui adore les produits euphorisants, qui sont des outils extrêmement efficace pour refouler tout ce qui dérange. Je pense que les psychédéliques, pour ce genre de structure mentale, c'est à double tranchant. Le psychédélique permet l'accès à du matériel qui avait été profondément refoulé, mais lorsqu'il remonte, il faut viser l'abréaction au risque de stagner voir d'aggraver les choses (anxiété post-trip, flashbacks, cauchemars...).
Je pense que d'avoir un afterglow est vraiment le marqueur que le travail s'est bien effectué, que le trip a été bien digéré. Mais je pense aussi que c'est pas parce qu'un trip n'est pas parfaitement digéré tout de suite, qu'il sera négatif au long cour. On peut faciliter l'intégration avec le temps (les rêves s'en chargent de façon automatique), avec du sport, avec de la méditation, avec de l'écriture, de l'art, de la poésie... Le truc clef, c'est je pense ne pas libérer trop de matériel psychique d'un coup, sinon c'est crise de panique et anxiété au quotidien jusqu'à ce que le matériel activé soit dissipé.
Bon j'arrête là, je sais pas si j'ai été clair et je ne sais pas si mon modèle est vraiment exact. Mais j'ai l'impression que c'est vraiment clef de comprendre ces mécanismes si l'on veut avoir une utilisation thérapeutique des psychédéliques, de la méditation, ou de toutes autres pratiques faisant remonter du matériel psychique inconscient.
Ayahuasca is a plant tea containing the psychedelic 5-HT2A agonist N,N-dimethyltryptamine and harmala monoamine-oxidase inhibitors. Acute administration leads to neurophysiological modifications in brain regions of the default mode network, purportedly through a glutamatergic mechanism. Post-acutely, ayahuasca potentiates mindfulness capacities in volunteers and induces rapid and sustained antidepressant effects in treatment-resistant patients.
Le "default mode network", c'est un ensemble de zones du cerveau qui sont activées par défaut lorsque tu n'es pas concentré sur une activité particulière. L'activation de ce réseau est associé à des pensées de ruminations, et au sens du soi. Cette zone est sur-activé chez les dépressifs et les anxieux. L'efficacité de la méditation, c'est je pense de muscler le cerveau pour qu'il passe le moins de temps possible dans ce mode de fonctionnement délétère. Tu te concentre sur ta respiration ou l'instant présent, et ducoup ça diminue ton sens du soi et tes ruminations etc... Là ils décrivent que des changements dans cette zone se passent au niveau glutamergique, mais c'est juste parce qu'ils savent pas trop comment évaluer les changements. Ducoup ils prennent une substance radioactive qui se lie aux récepteurs glutamaergiques, et ils voient comment ça varie avant/après traitement. Avec cette étude, ils prouvent donc que y'a une réelle modification mesurable de l'activité neuronale à ce niveau. Mais ça veut pas vraiment dire que c'est cette activité qui crée l'effet antidépresseur, c'est peu être juste le reflet de l'adaptation du cerveau à un esprit moins déprimé. C'est la poule ou c'est l’œuf ? C'est le corps ou c'est l'esprit ?