Éleusis a dit:
Je me vois pas dire à quelqu'un qu'il va "rencontrer son soi intérieur" alors que le mec en a rien à battre et veux juste savoir à quoi ressemble une hallu.
C'est à ce moment là qu'il est bon de mesurer ton propos en fonction de l'attente de ton interlocuteur et de son degré de capacité à comprendre, ce que tu peux lui dire sur le sujet de la drogue.
Perso quand il s'agit d'expliquer une hallucination, je commence par rappeler comme dit plus haut, qu'il s'agit d'un "visuel", ou autrement dit une simple déformation de ta vision, plutôt que d'une hallucination, en prenant toujours un exemple clair et net : jamais tu ne verras un éléphant rose apparaitre après avoir prit du LSD, ou alors c'est que la dose est très très très conséquente. C'est une forme de contradiction pouvant susciter une conversation amenant à gagner en raison.
Sans être cassant et pour m'expliquer, j'essaye de toujours contextualiser mon propos en le situant dans un cadre, sans jamais rentrer dans des exemples genre cette fois où j'ai prit ça et vu cela, et que je m'enfonce dans mon souvenir à parler de mes ressentis et sensations pendant le trip, ce qui me fait passer pour un illuminé complètement aliéné, et manquant d'objectivité. Donc je préfère m’appuyer sur mon environnement avant d'expliquer quelques détails techniques, et je m'assure que la personne à qui je m'adresse est attentionnée et prête à m'écouter au moins deux minutes.
Quand je m'exprime je parle vite mais de manière compréhensible, en lui témoignant une émotion vive afin qu'elle voit que je parle avec passion, sans non plus être débordant d'émotion extravagante, c'est à dire en restant logique et mesuré dans mes propos. Une fois cet équilibre trouvé dans ma façon de m'exprimer, et l'attention de mon interlocuteur captivée, je ne cherche pas à le convaincre, juste à être objectif en déconstruisant ses préjugés sans lui rentrer dedans et sans le faire passer pour un blaireau, genre moi le drogué je sais tout parce que j'ai pris de la drogue, le piège type quoi.
Bref après lui avoir expliqué que les hallucinations et autres drogués sautant du 5ème étage sont des croyances populaires, véhiculées par des non initiés, ou des usagers avide de faire flipper les gens crédules, j'explique néanmoins que l'on peut voir des déformations visuelles principalement issues de contrastes de couleurs vives et ternes le jour, et de luminosité et d'ombrage la nuit. Pour décrire le fonctionnement du système, je continue en disant qu'en regardant devant soi sans poser son regard, on peut ne pas voir de déformation visuelle si son esprit est prit dans ses pensées, alors qu'au moment où l'on fixe avec attention son regard sur une chose, plus le temps de pose est long, plus ce qui se passe autour du point fixé se modifie. Pas besoin d'aller plus loin dans la description d'un visuel, je me contente juste de préciser que le degré de transformation visuelle est proportionnel à la quantité de drogue ingérée, et dépendant du contexte dans lequel je suis défoncé, en gros en fonction de si l'ambiance est stressante ou pas.
Si pour toi ça semble plus que logique, c'est nouveau pour ton interlocuteur, donc il faut lui laisser le temps de digérer ce que tu lui as dis, mais normalement si tu t'es bien exprimé, et que le gars n'est pas trop teubé, il a compris que si t'en prends beaucoup tu peux voir des choses vraiment onduler, et qu'à plus petite dose les visuels sont moins prenants, et aussi qu'en fonction de la qualité de l'ambiance, l'intensité des visuels peut varier. Il peut être intéressant de montrer cette vidéo par exemple :
Dans le cas où la personne serait plus enclin à poursuivre la conversation, tu peux lui parler de distorsion temporelle avec une accélération du temps, ou un ralentissement de celui-ci, comme dans les films (très bon d'utiliser des références cinématographique pour imager ou métaphoriser tes propos). Mais là non plus il n'y a pas forcément besoin d'aller plus loin dans le sujet, sauf si t'es face à un mec qui a fait S, tu peux lui dire qu'en plus du temps, une altération spatiale est possible, en te faisant sentir tout petit ou très grand, et que la drogue a le pouvoir de faire se replier le temps sur l'espace même, comme l'explique la théorie de la Relativité de Einstein lol. Même si c'est très approximatif, ça passe ! Sauf qu'à ce niveau là tu commences à passer pour un illuminé, donc ça peut être bon pour ton image de simplifier la chose en expliquant que c'est dû à l'augmentation de ton activité cérébrale, à tes émotions exacerbées qui prennent le dessus sur ta raison, ce qui développe ton potentiel d'imagination, et te fait voir des visuels, ou vivre dans une réalité parallèle illusoire.
Là t'as transféré le sujet d'une vision physique à un plan psychologique, en montrant que t'étais conscient des pouvoirs de la drogue, et en faisant même un lien avec le thème abordé précédemment (les visuels). Ce qui devrait un peu perdre le gars, mais il pourrait alors croire que tu gères de ouf même si c'est pas vraiment le cas, en fait tu ne fais que parler de chose qu'il ne connait pas, et que toi tu découvres.
Mais ça tu le gardes pour toi, et en enchainant sur une définition plus psychologisante, tu peux expliquer que la drogue t’apporte une confiance en toi qui te désinhibe et te fait te sentir bien, tu oses alors plus t'exprimer verbalement, danser, ou même créer des choses artistiques. Pour ne pas trop faire rêver ou donner envie, tu peux expliquer qu'il faut quand même faire gaffe au bad trip, parce que tu as compris que ton pire ennemi c'est toi même (petite phrase philo finissant de prouver que t'es pas un sale drogué ignare), et que la drogue peut être problématique à différents moments et échelles. Quant à ta vie de tous les jours, trop de confiance en soi peut amener à un trop plein d'égo nuisant à tes relations sociales, et l'excès peut mener à un repli sur soi et une baisse d'activité physique et cérébrale, en plus du risque de tomber dans la dépendance. Pour parler du trip en lui même, tu peux expliquer que le bad trip peut marquer un esprit assez fortement et avec une violence psychique quasi insurmontable, mais que ça n'est pas une fatalité ou une finalité pour autant, aussi qu'en respectant des règles de conduites saines, le bad est très peu probable. En partant un peu trop loin dans ton envie de t'exprimer sur le sujet, et parce que tu commences à avoir un coup dans le nez, tu peux en venir à dire que dans le cas où le bad surgisse sans prévenir, il est préférable de l'accepter au lieu de lutter et s'enfoncer dedans, et qu'il peut être après coup bénéfique, parce que ce qui nous ne tue pas nous rend plus fort.
Mais bon là ça devient trop complexe, donc il faut mieux conclure que si le risque est présent, il fait partie du trip, et que l'appréhension peut être une motivation inconsciente, palliant à l'ennui du quotidien. Pourquoi pas rajouter que la drogue prise dans un cadre méditatif, peut amener à prendre du recul sur soi, et gagner en mesure de toute chose expérimentée, parce que l'on parle alors en connaissance de cause...
Pas besoin d'aller plus loin dans la conclusion, rester énigmatique ça joue énormément sur l'effet que tu produis sur autrui. Et si le mec est vraiment ouvert d'esprit, vous pouvez continuer de converser en abordant des thèmes plus politiques, économiques ou sociologiques sur la drogue, voire même rentrer dans une relation plus intime en partageant des expériences et ressentis personnels, en comparant les psychés avec le cannabis ou l'alcool par exemple.