Laura Revenudelaba
Elfe Mécanique
- Inscrit
- 12/7/22
- Messages
- 395
Qu’est-ce qu’un schème ? Quels rôles opèrent-ils dans nos cognitions ? En quoi nous permettent-ils d’appliquer notre intelligence dans des opérations logiques à des fins pratiques ? Quels liens entre schèmes et égocentrisme, lorsqu’en décentrant nos raisonnements nous gagnons en objectivité ?
Les réponses apportées à ces questions seront principalement basées sur les travaux de Jean Piaget, qui a définit des schèmes dans nos structures cognitives. Seront proposés des exemples d'opérations mentales en liens avec la crise climatique, quand il s'agit de connaître ce dont il relève, toujours dans la volonté d'une approche systémique.
En Psychologie génétique, le schème est ce qui, dans une action, est transposable dans les mêmes situations ou généralisable en des situations analogues. Le schème est une représentation intermédiaire entre les phénomènes perçus par les sens et les catégories de l'entendement. Il correspond à l’organisation d’une structure cognitive interne, qui adopte une forme générale à partir d’organisations externes. Des données extérieures à la personne s’en retrouvent ainsi conceptualisées dans la psyché. Voyons comment fonctionne cette intériorisation des structures externes en structures internes opérantes.
FORMATION DES SCHÈMES
Les schèmes cognitifs s’établissent au travers d’actions organisatrices et structurantes.
Les schèmes se construisent par l’action de l’enfant sur le milieu, action corporelle directe ou mentale. Ils s’organisent en structures qui se réorganisent entièrement au fil du développement de l’enfant, jusqu’à l’âge adulte. Les schèmes cognitifs s’établissent d’après des cartes neurales, issues d’une permanente cartographie du corps dans l’environnement par le cerveau. La formation de schèmes cognitifs assure la synthétisation d’informations dans des réseaux neuronaux toujours plus complexes et structurés. Les schèmes sont donc caractérisés par des structures cognitives, autour desquelles s’articulent nos conduites (exemple lorsqu’on apprend à marcher ou à compter, à rester concentrer sur une tâche ou utiliser un nouveau logiciel).
L’élaboration des schèmes est un processus dynamique continuel de structuration cognitive.
Les schèmes primaires dérivent des réflexes : voir attraper, sucer, crier, etc. Les schèmes secondaires, issus des précédents, sont plus élaborés : tirer, secouer, poser au dessus de, faire, défaire, refaire, etc. De là s’engendreront des schèmes toujours plus développés au cours des différentes phases de construction des opérations mentales, grâce à l’extrême plasticité cérébrale des premières années de vie. Chaque nouvelles structures cognitives construites s’intègrent aux précédentes, qui constituent le fondement indispensable à tout développement cérébral de ses fonctions exécutives (attention/concentration, inhibition, mémoire de travail). A partir de nouveaux schèmes mentaux, il y a donc une reconfiguration de conduites acquises antérieurement, ainsi réactualisées à partir de l’existant.
Une structure nouvelle n’abolit pas l’ancienne, elle l’alimente.
Les propriétés caractéristiques d’établissement des schèmes au travers de réseaux neuronaux ne sont pas une simple juxtaposition de structures cognitives, empilées les unes sur les autres. Au contraire, les structures s’intègrent les unes aux autres avec complémentarité, dans un perpétuel remaniement d’après les expériences et situations rencontrées. On parle d'incorporation ou de reconfigurations des schèmes. Ce faisant les schèmes s’articulent en une structure d’ensemble cohérente qui coordonne avec logique les informations perçues. Les schèmes s’élaborant dans l’interaction entre le sujet et l’objet, il y a développement cérébral et cognitif à la condition que chacun soit défini par une structure d’ensemble permettant l’intégration et la diffusion d’un niveau inférieur au niveau plus élevé.
Voyons quelques schèmes et leurs mécanismes dans des logiques d’apprentissage, en lien avec la crise climatique.
ASSIMILATION
En phase d’apprentissage, l’assimilation est l’incorporation d’un nouveau schème à une structure opératoire existante.
A partir d’un stimuli extérieur ou d’une prise de connaissance, l’assimilation est l’intégration d’un nouveau schème aux structures dont dispose l’individu. L’assimilation est peu déstabilisante en comparaison de l’accommodation. Lorsque l’individu découvre quelque chose, l’assimilation modifie moins le sujet qu’elle ne réorganise l’objet.
Par exemple, en prenant conscience du phénomène de boucles rétroactives dans les transformations du climat, l’individu assimile cette nouvelle connaissance en revoyant sa vision de la crise climatique, dont la gravité semble plus prononcée qu’initialement envisagée, mais sans que cela ne modifie forcément son comportement.
ACCOMMODATION
Création d’une structure cognitive nouvelle et réorganisation structurelle profonde.
En phase d’apprentissage, lorsqu’un nouveau schème ne peut s’intégrer directement à l’ensemble des structures cognitives, cela implique soit la création d’une structure nouvelle, soit la réorganisation profonde de la structure ancienne. Dans les deux cas, le processus entraîne une forte déstabilisation cognitive et donc comportementale. L’accommodation est une sorte d’envers de l’assimilation. L’accommodation ne peut exister sans l’assimilation, qui constitue le moteur de l’acte cognitif.
Par exemple, après avoir prit conscience du phénomène de boucle rétroactive (assimilation), lorsque le changement climatique se manifeste au cours d’un phénomène qui bouleverse matériellement ses habitudes, l’individu est contraint de changer d’attitudes, d’adapter ses comportements dans une réorganisation de ses structures cognitives (accommodation).
CONFLIT COGNITIF
Le conflit cognitif est un déséquilibre qui apparaît lorsqu’un objet externe ou un schème nouveau s’oppose à un schème mentalement constitué. Par exemple, lorsque Homo œconomicus, vivant jusque là sereinement d’après le modèle idéal d’une croissance aux ressources infinie, comprend qu’il vit en réalité dans un monde finit (et que le futur sera pénuries), en lui opère un trouble affectivo-cognitif déstabilisant. En découle un rééquilibrage interne entre ses croyances anciennes rassurantes et ces idées nouvelles perturbantes. Le résultat amènera à plus ou moins de fuites ou d’implications selon l’importance du trouble généré par la confrontation avec le réel :
- Si le déséquilibre marquant ce passage est de faible amplitude, il est alors aisément résolu par intégration de nouveaux schèmes à la structure dont dispose l’individu : c’est l’assimilation. Grâce à un mécanisme de clivage, l’information dérangeante ainsi mise de côté, l’individu égocentré retrouve son état de déni habituel en se centrant sur lui. Il sait qu’il y a un problème, mais sans prise en compte totale du réel alentour, de nouveau il s’illusionne dans la croyance idéale du progrès technico-économique. Jusqu’à ce que le réel se rappelle à lui lors d’un prochain choc.
- Si le déséquilibre est plus important, il est dans ce cas résolu par réorganisation structurale des schèmes : c’est l’accommodation. L’individu qui ne peut plus dénier sa réalité est alors forcé de composer avec les données qui s’imposent à lui, sur un mode plutôt subit parce que contraint. Pour survivre, l’individu est forcé de trouver des solutions adaptatives en se décentrant de ses structures passées, à dépasser dans la création de nouvelles modalités existentielles, plus sobres et durables.
Selon Piaget, la condition du développement, son moteur, est le conflit ou contradiction cognitive, qui permet alors de se décentrer en gagnant en objectivité (dépassement de son paradigme égocentré d’alors). Selon Barbel Inhelder, « la source des progrès se situe dans les déséquilibres qui incitent le sujet à dépasser son état actuel pour chercher des solutions nouvelles. »
ÉQUILIBRATION
L’équilibration est un processus harmonisant la complémentarité entre assimilation et accommodation.
L’équilibration (processus) permet l’équilibre (état) entre assimilation et accommodation, suite à un conflit cognitif. L’équilibre dont il est question n’est pas forcément fixe puisque toujours soumis à l’interaction sujet-milieu, qui ne cesse jamais d’enrichir la personnalité de l’enfant et de l’adulte en développement. L’équilibration est alors le processus par lequel se développent des capacités opératoires de plus en plus poussées, toujours en se décentrant. Il s’agit une fois adulte de pouvoir penser de manière réfléchie et structurée, avec nuance et complexité, sans emportement affectif ou positionnement moraux jugeant et clivant, nuisant à tout débat, à toute recherche et mise en place de solutions planifiées.
Cette décentration rationnelle et objective est nécessaire à l’élaboration d’approche systémique, avec prise en compte des relations entres les multiples dimensions d’un même problème. Cette vision macroscopique à différentes échelles est essentielle à toutes planifications, en vue de subir le moins possible les bouleversements à venir.
DÉCENTRATION
La décentration est la coordination de centrations multiples.
Cette coordination permet de prendre du recul dans une synthèse d’idées, qui auparavant gravitaient éparses dans l’esprit, avec plus ou moins de confusion. La décentration de ses impressions immédiates résulte de la prise de conscience par l’enfant de son action, ainsi que de la possibilité de retourner son action (opération de réversibilité, quand il s’agit de faire et défaire en connaissances des conséquences de ses actes. Il est question de responsabilisation - entre géo-ingénierie et géo-mimétisme, il faut choisir). Se décentrer est source d’intériorisation des actions (réflexion quant à son comportement plutôt qu’agir par automatisme avec aliénation dans l'habitude). La décentration prépare à la constitution des possibles. Ainsi l’individu aura une ouverture plus ou moins grande au monde selon ses capacités à se décentrer, à gagner en abstraction objective.
Comprendre l’aspect systémique de la crise climatique nécessite donc de nombreux décentrements, dans toutes les dimensions de nos existences. Si certains médias véhiculent l’idée que l’empreinte carbone de la France diminue depuis 2005 (consommation intérieure), en incorporant les émissions importées, qui elles sont en constante augmentation, l’empreinte carbone de la France à l’international augmente depuis 2005. Notre vision des choses dépend donc de notre positionnement, plus ou moins décentré en prenant en compte telles ou telles informations.
Après tout est question d’accepter de revoir ses avis dans ses schèmes cognitifs, ce qui relève de l’inférence, à savoir notre capacité à changer d’avis en adoptant de nouveaux points de vue. On y croit, et parce qu'on le veut on se meut.
Les réponses apportées à ces questions seront principalement basées sur les travaux de Jean Piaget, qui a définit des schèmes dans nos structures cognitives. Seront proposés des exemples d'opérations mentales en liens avec la crise climatique, quand il s'agit de connaître ce dont il relève, toujours dans la volonté d'une approche systémique.
En Psychologie génétique, le schème est ce qui, dans une action, est transposable dans les mêmes situations ou généralisable en des situations analogues. Le schème est une représentation intermédiaire entre les phénomènes perçus par les sens et les catégories de l'entendement. Il correspond à l’organisation d’une structure cognitive interne, qui adopte une forme générale à partir d’organisations externes. Des données extérieures à la personne s’en retrouvent ainsi conceptualisées dans la psyché. Voyons comment fonctionne cette intériorisation des structures externes en structures internes opérantes.
FORMATION DES SCHÈMES
Les schèmes cognitifs s’établissent au travers d’actions organisatrices et structurantes.
Les schèmes se construisent par l’action de l’enfant sur le milieu, action corporelle directe ou mentale. Ils s’organisent en structures qui se réorganisent entièrement au fil du développement de l’enfant, jusqu’à l’âge adulte. Les schèmes cognitifs s’établissent d’après des cartes neurales, issues d’une permanente cartographie du corps dans l’environnement par le cerveau. La formation de schèmes cognitifs assure la synthétisation d’informations dans des réseaux neuronaux toujours plus complexes et structurés. Les schèmes sont donc caractérisés par des structures cognitives, autour desquelles s’articulent nos conduites (exemple lorsqu’on apprend à marcher ou à compter, à rester concentrer sur une tâche ou utiliser un nouveau logiciel).
L’élaboration des schèmes est un processus dynamique continuel de structuration cognitive.
Les schèmes primaires dérivent des réflexes : voir attraper, sucer, crier, etc. Les schèmes secondaires, issus des précédents, sont plus élaborés : tirer, secouer, poser au dessus de, faire, défaire, refaire, etc. De là s’engendreront des schèmes toujours plus développés au cours des différentes phases de construction des opérations mentales, grâce à l’extrême plasticité cérébrale des premières années de vie. Chaque nouvelles structures cognitives construites s’intègrent aux précédentes, qui constituent le fondement indispensable à tout développement cérébral de ses fonctions exécutives (attention/concentration, inhibition, mémoire de travail). A partir de nouveaux schèmes mentaux, il y a donc une reconfiguration de conduites acquises antérieurement, ainsi réactualisées à partir de l’existant.
Une structure nouvelle n’abolit pas l’ancienne, elle l’alimente.
Les propriétés caractéristiques d’établissement des schèmes au travers de réseaux neuronaux ne sont pas une simple juxtaposition de structures cognitives, empilées les unes sur les autres. Au contraire, les structures s’intègrent les unes aux autres avec complémentarité, dans un perpétuel remaniement d’après les expériences et situations rencontrées. On parle d'incorporation ou de reconfigurations des schèmes. Ce faisant les schèmes s’articulent en une structure d’ensemble cohérente qui coordonne avec logique les informations perçues. Les schèmes s’élaborant dans l’interaction entre le sujet et l’objet, il y a développement cérébral et cognitif à la condition que chacun soit défini par une structure d’ensemble permettant l’intégration et la diffusion d’un niveau inférieur au niveau plus élevé.
Voyons quelques schèmes et leurs mécanismes dans des logiques d’apprentissage, en lien avec la crise climatique.
ASSIMILATION
En phase d’apprentissage, l’assimilation est l’incorporation d’un nouveau schème à une structure opératoire existante.
A partir d’un stimuli extérieur ou d’une prise de connaissance, l’assimilation est l’intégration d’un nouveau schème aux structures dont dispose l’individu. L’assimilation est peu déstabilisante en comparaison de l’accommodation. Lorsque l’individu découvre quelque chose, l’assimilation modifie moins le sujet qu’elle ne réorganise l’objet.
Par exemple, en prenant conscience du phénomène de boucles rétroactives dans les transformations du climat, l’individu assimile cette nouvelle connaissance en revoyant sa vision de la crise climatique, dont la gravité semble plus prononcée qu’initialement envisagée, mais sans que cela ne modifie forcément son comportement.
ACCOMMODATION
Création d’une structure cognitive nouvelle et réorganisation structurelle profonde.
En phase d’apprentissage, lorsqu’un nouveau schème ne peut s’intégrer directement à l’ensemble des structures cognitives, cela implique soit la création d’une structure nouvelle, soit la réorganisation profonde de la structure ancienne. Dans les deux cas, le processus entraîne une forte déstabilisation cognitive et donc comportementale. L’accommodation est une sorte d’envers de l’assimilation. L’accommodation ne peut exister sans l’assimilation, qui constitue le moteur de l’acte cognitif.
Par exemple, après avoir prit conscience du phénomène de boucle rétroactive (assimilation), lorsque le changement climatique se manifeste au cours d’un phénomène qui bouleverse matériellement ses habitudes, l’individu est contraint de changer d’attitudes, d’adapter ses comportements dans une réorganisation de ses structures cognitives (accommodation).
CONFLIT COGNITIF
Le conflit cognitif est un déséquilibre qui apparaît lorsqu’un objet externe ou un schème nouveau s’oppose à un schème mentalement constitué. Par exemple, lorsque Homo œconomicus, vivant jusque là sereinement d’après le modèle idéal d’une croissance aux ressources infinie, comprend qu’il vit en réalité dans un monde finit (et que le futur sera pénuries), en lui opère un trouble affectivo-cognitif déstabilisant. En découle un rééquilibrage interne entre ses croyances anciennes rassurantes et ces idées nouvelles perturbantes. Le résultat amènera à plus ou moins de fuites ou d’implications selon l’importance du trouble généré par la confrontation avec le réel :
- Si le déséquilibre marquant ce passage est de faible amplitude, il est alors aisément résolu par intégration de nouveaux schèmes à la structure dont dispose l’individu : c’est l’assimilation. Grâce à un mécanisme de clivage, l’information dérangeante ainsi mise de côté, l’individu égocentré retrouve son état de déni habituel en se centrant sur lui. Il sait qu’il y a un problème, mais sans prise en compte totale du réel alentour, de nouveau il s’illusionne dans la croyance idéale du progrès technico-économique. Jusqu’à ce que le réel se rappelle à lui lors d’un prochain choc.
- Si le déséquilibre est plus important, il est dans ce cas résolu par réorganisation structurale des schèmes : c’est l’accommodation. L’individu qui ne peut plus dénier sa réalité est alors forcé de composer avec les données qui s’imposent à lui, sur un mode plutôt subit parce que contraint. Pour survivre, l’individu est forcé de trouver des solutions adaptatives en se décentrant de ses structures passées, à dépasser dans la création de nouvelles modalités existentielles, plus sobres et durables.
Selon Piaget, la condition du développement, son moteur, est le conflit ou contradiction cognitive, qui permet alors de se décentrer en gagnant en objectivité (dépassement de son paradigme égocentré d’alors). Selon Barbel Inhelder, « la source des progrès se situe dans les déséquilibres qui incitent le sujet à dépasser son état actuel pour chercher des solutions nouvelles. »
ÉQUILIBRATION
L’équilibration est un processus harmonisant la complémentarité entre assimilation et accommodation.
L’équilibration (processus) permet l’équilibre (état) entre assimilation et accommodation, suite à un conflit cognitif. L’équilibre dont il est question n’est pas forcément fixe puisque toujours soumis à l’interaction sujet-milieu, qui ne cesse jamais d’enrichir la personnalité de l’enfant et de l’adulte en développement. L’équilibration est alors le processus par lequel se développent des capacités opératoires de plus en plus poussées, toujours en se décentrant. Il s’agit une fois adulte de pouvoir penser de manière réfléchie et structurée, avec nuance et complexité, sans emportement affectif ou positionnement moraux jugeant et clivant, nuisant à tout débat, à toute recherche et mise en place de solutions planifiées.
Cette décentration rationnelle et objective est nécessaire à l’élaboration d’approche systémique, avec prise en compte des relations entres les multiples dimensions d’un même problème. Cette vision macroscopique à différentes échelles est essentielle à toutes planifications, en vue de subir le moins possible les bouleversements à venir.
DÉCENTRATION
La décentration est la coordination de centrations multiples.
Cette coordination permet de prendre du recul dans une synthèse d’idées, qui auparavant gravitaient éparses dans l’esprit, avec plus ou moins de confusion. La décentration de ses impressions immédiates résulte de la prise de conscience par l’enfant de son action, ainsi que de la possibilité de retourner son action (opération de réversibilité, quand il s’agit de faire et défaire en connaissances des conséquences de ses actes. Il est question de responsabilisation - entre géo-ingénierie et géo-mimétisme, il faut choisir). Se décentrer est source d’intériorisation des actions (réflexion quant à son comportement plutôt qu’agir par automatisme avec aliénation dans l'habitude). La décentration prépare à la constitution des possibles. Ainsi l’individu aura une ouverture plus ou moins grande au monde selon ses capacités à se décentrer, à gagner en abstraction objective.
Comprendre l’aspect systémique de la crise climatique nécessite donc de nombreux décentrements, dans toutes les dimensions de nos existences. Si certains médias véhiculent l’idée que l’empreinte carbone de la France diminue depuis 2005 (consommation intérieure), en incorporant les émissions importées, qui elles sont en constante augmentation, l’empreinte carbone de la France à l’international augmente depuis 2005. Notre vision des choses dépend donc de notre positionnement, plus ou moins décentré en prenant en compte telles ou telles informations.
Après tout est question d’accepter de revoir ses avis dans ses schèmes cognitifs, ce qui relève de l’inférence, à savoir notre capacité à changer d’avis en adoptant de nouveaux points de vue. On y croit, et parce qu'on le veut on se meut.