Laura Revenudelaba
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ÉGOCENTRISME STRUCTUREL - SUBJECTIVITÉ ET BIOPOLITIQUE
Après avoir vu comment le corps et l’esprit s’auto-perçoivent en permanence au travers d’incessantes cartographies de l’organisme dans son environnement, précisons le rôle de la subjectivité dans la structure égocentrique, inhérente à toute entité individuelle douée d’esprit.
NATURE ET FONCTIONS DE LA SUBJECTIVITÉ - NOUS SOMMES NOTRE PROPRE RÉFÉRENTIEL
Quelques définitions de la subjectivité :
- Qualité (inconsciente ou intérieure) de ce qui appartient seulement au sujet pensant (dimension ontologique).
- Le moi, la conscience (dimension égotique réflexive, reflet apparent de l’ego à la surface de l’esprit, dans nos représentations mentales).
- Présence du sujet parlant dans son discours (dimension symbolique du langage).
- Appréciation, attitude qui résulte d'une perception de la réalité, d'un choix effectué en fonction de ses états de conscience (dimension morale et éthique, quand les valeurs qui animent nos subjectivités orientent nos actions).
Le sentiment de soi apporte une orientation à l’esprit conscient.
La subjectivité est liée au sentiment de soi-même. Elle permet de s’approprier ce que l’on sent et ressent, d’affirmer que c’est « ma conscience ». La subjectivité offre la possibilité de décrire ce qui nous passe par la tête, de se pencher sur les images qui nous traversent, de les inspecter avec plus ou moins de clarté, plus ou moins d’effort. A partir de la compréhension de ses subjectivités, il y a donc possibilité de gagner objectivité, dans une abstraction réfléchie des phénomènes observés (en soi et autour de soi).
ORIGINES DE LA SUBJECTIVITÉ (DIMENSION NEUROBIOLOGIQUE DE LA STRUCTURE ÉGOCENTRIQUE)
La subjectivité est la propriété de l’esprit conscient qui permet aux être complexes d’être spectateurs d’eux-mêmes.
« Les systèmes neuraux requis pour engendrer le phénomène de subjectivité doivent au minimum, comprendre des cortex sensoriels fondamentaux (dont, notamment, les cortex somatosensoriels) ainsi que des régions d’association corticales sensorielles et motrices et des noyaux subcorticaux (principalement le thalamus et les ganglions de la base) présentant des propriétés de convergence, les rendant capables de fonctionner en tant qu’ensembles de « tierce partie ». » - Antonio Damasio
On comprend que la subjectivité émerge du corps à l’esprit, grâce à l’organisation fabuleuse qu’est le système nerveux central (cerveau+moelle épinière), entre interactions hormonales, neurales et gliales. Cette convergence, entre hormones et neurones dans notre système nerveux, permet l’émergence de l’esprit du corps, dont le point d’émission est la subjectivité (l’organisme se perçoit lui-même via l’esprit réfléchissant mentalement ses propres états corporels au travers de cartographies).
Le processus de subjectivation repose sur trois composantes essentielles que sont les perspectives orientées, la perception des émotions et l’intégration des expériences. Le processus est donc dynamique, en liant ces trois composantes dans :
- L’élaboration d’une perspective personnelle propre à nos images mentales (image de soi, d’un objet, de tout ce qui compose l’esprit et que l’on rapporte à soi, dans une approche égocentrée ---> nous sommes notre propre référence, via nos 5 sens qui appréhendent le corps dans l’environnement, avant de s’en faire une idée mentale, via nos sentiments de soi, des choses).
« Les portails sensoriels près desquels les données servant à former des images sont rassemblées offrent à l’esprit le point de référence d’après lequel l’organisme se situe par rapport à un objet. Il dérive de l’ensemble des régions corporelles dont proviennent les perceptions. » - Antonio Damasio
« Pour que la subjectivité puisse exister, il faut que la fabrication des images soit orientée selon une perspective, un point de vue précis - et il faut que notre sentiment d’ensemble omniprésent accompagne le traitement des images. Ces deux phénomènes proviennent directement du corps proprement dit. » - Antonio Damasio
- L’accompagnement de ces images sensorielles et mentales par les sentiments donc, qui sont les piliers de notre subjectivité (dans le sens où nos sentiments sont les reflets psychiques de nos émotions physiques. Il y a perception des émotions corporelles à un niveau mental sous forme de sentiments dans notre esprit, dont la subjectivité est notre point de référence).
- L’intégration des images perçues (et les perspectives subjectives associées) dans des canevas mentaux plus ou moins étendus. C’est-à-dire des idées, des opinions, des constructions mentales qui structurent nos visions de la réalité.
Ainsi, du corps percevant à l’esprit interprétant, nos images mentales définissent notre rapport au monde, selon les représentations que l’on s’en fait, avec plus ou moins de décentrement.
Certains seront en capacité de s’abstraire émotionnellement du moment présent et gagner en objectivité, quand d’autres resteront en prise avec leur subjectivités, coller au moment présent, dans une affectivité dont ils ne parviennent à s’abstraire. Exemple extrême des autistes, dont les cas les plus marqués sont totalement auto-centrés, sans aucune altérité ni abstraction intellectuelle logique possible. On comprend donc que la structure de l’égocentrisme fondamental dans la personnalité, à l’origine dépendante (le petit enfant ne peut se développer seul), se régule dans un équilibre entre subjectivité et objectivité, selon les capacités propres à chacun de se décentrer et s’autonomiser. Cette autonomisation dans une pensée libre et critique dépendra de la construction de schèmes de pensées, structuration cognitive reposant sur les cartes neurales vues précédemment. Un article sur les schèmes et biais cognitifs, dans une optique de construction d’un cadre de pensée logique décentré, sera proposé par la suite.
LANGAGE ET ORIGINE DU JE (DIMENSION SYMBOLIQUE DE LA STRUCTURE ÉGOCENTRIQUE)
Ce n’est que lorsqu’un cerveau développe un protagoniste capable de porter témoignage que la conscience apparait, et ce n’est que lorsqu’un cerveau développe un langage élaboré que l’esprit prend connaissance du fait qu’il existe.
La subjectivité est une narration personnelle, à l’origine composée d’images mentales se succédant dans le défilé incessant du film cérébral de l’esprit conscient. A partir de ces représentations imagées, issues de cartes neurales, nous autres humains, comme d’autres animaux, avons développé des formes de langage. Notre particularité humaine est d’inscrire nos récits personnels dans des formes langagières verbalisées et auto-biographiques, via l’expression subjective du « Je ». Ainsi nous existons individuellement dans la collectivité.
« La subjectivité est l’inlassable construction d’un récit. Ce récit dépend des circonstances dans lesquelles se trouvent les organismes disposant des caractéristiques cérébrales requises ; cela dépend aussi de leurs interactions avec le monde qui les entoure, avec le monde de leurs souvenirs et avec leur monde intérieur. C’est là l’essence même des mystères de la conscience. » - Antonio Damasio
« Les êtres humains possèdent des capacités narratives de second ordre, fournies par le langage, grâce auxquelles peuvent être construites des narrations verbales à partir des non verbales. La forme raffinée de subjectivité qui est la nôtre émerge sans doute de ce dernier processus. Le langage n’est peut-être pas à l’origine du moi, mais il est très certainement à la source du « Je ». » - Antonio Damasio
Le « Je » en soi est le sujet auquel se réfère le moi de l’individu (le moi étant son ego).
Le moi, en tant qu’entité psychique, est le reflet de soi-même en soi-même, image fictionnelle de sa propre individualité, à laquelle le sujet est aliénée en devant nécessairement s’y référer (on ne peut pas sortir de soi, excepté dans certaine forme de transe hypnotisante). Ainsi l’objet moi se prend inévitablement pour sujet du fait d’être intriquée dans sa propre subjectivité, le « Je » étant la forme langagière de l’expression symbolique de sa subjectivité dans ce dédoublement réflexif. Pour schématiser, le moi est l’expression égotique de soi, tandis que le « Je » est l’expression de son individualité dans sa propre structure égocentrique.
STRUCTURE ÉGOCENTRIQUE NARRATIVE NON-VERBALE ET MÉTA-MOI
La structure égocentrique fondamentale se détermine au travers d’une construction narrative non verbale individuelle, lorsque l’organisme se perçoit lui-même dans l’espace-temps, via la proprioception.
« Le « méta-moi » que j’envisage est une construction purement non verbale, une représentation schématique des rapports entre les protagonistes principaux, établie depuis un de vue extérieur à chacun d’eux. En fait, cette représentation tierce partie constitue une narration non verbale, moment après moment, des événements affectant ces protagonistes. Cette narration peut être faite sans utiliser le langage, mais en recourant aux mécanismes élémentaires de représentation dans l’espace et dans le temps des systèmes sensoriels et moteurs. Je ne vois pas de raison pour laquelle les animaux qui ne possèdent pas de langage n’élaboreraient pas de telles narrations. » - Antonio Damasio
L’humain, comme tout autre mammifère, connaît en temps réel son positionnement dans l’espace, via l’élaboration constante d’un récit de soi proprioceptif. Cette notion de représentation de soi dans l’espace et dans le temps est essentielle pour saisir comment se structure l’égocentrisme dans la personnalité douée de subjectivité.
Nous constatons qu’au départ le bébé n’a aucune notion d’espace ni de temps, et qu’au fil de son développement, il apprend à se positionner dans l’espace en s’orientant dans son propre corps. Et qui dit mouvement spatial dit appréciation d’une durée temporelle (le moi, dont les fondements sont corporels, mesure le temps en traversant l’espace). De ces déplacements du corps dans un champ spatial et temporel, s’élabore une narration proprioceptive constitutive de notre sentiment d’exister. La constitution de sa subjectivité est donc intrinsèquement liée à la construction d’un champ spatio-temporel dans ses structures cognitives, qui permettent d’appréhender l’environnement en s’y déplaçant et en agissant dessus. Autrement dit, en usant de son intelligence au travers de gestes précis, notamment par la préhension via ses mains. Ainsi chacun de nos mouvements s’inscrivent dans une narration individuelle, verbale ou non verbale, selon que nous agissons spontanément avec réflexe ou après réflexion.
VALENCE SUBJECTIVE ET ORIENTATION MORALE - LA QUESTION BIOPOLITIQUE
Notre rapport au monde dépend donc des formes somato-psychiques autour desquelles se structurent notre subjectivité, en lien avec des conditions extérieures déterminantes. Dans une perspective biopolitique, on comprend ainsi que les conditionnements structurels qui façonnent notre réalité influencent directement nos subjectivités, plus ou moins centrées ou décentrées selon les tendances empruntées au cours de nos expériences sociales. On se demande alors à quel point les normes éducatives, corrélées à des rhétoriques médiatiques et autres injonctions politiques à s’adapter, orientent nos décisions en favorisant une valence émotionnelle inclinant à préférer tel candidat ou viser telles études, plus favorables à d'autres dans une hiérarchisation de valeurs...évidemment morales. Mais l'on développera ça plus tard.
Après avoir vu comment le corps et l’esprit s’auto-perçoivent en permanence au travers d’incessantes cartographies de l’organisme dans son environnement, précisons le rôle de la subjectivité dans la structure égocentrique, inhérente à toute entité individuelle douée d’esprit.
NATURE ET FONCTIONS DE LA SUBJECTIVITÉ - NOUS SOMMES NOTRE PROPRE RÉFÉRENTIEL
Quelques définitions de la subjectivité :
- Qualité (inconsciente ou intérieure) de ce qui appartient seulement au sujet pensant (dimension ontologique).
- Le moi, la conscience (dimension égotique réflexive, reflet apparent de l’ego à la surface de l’esprit, dans nos représentations mentales).
- Présence du sujet parlant dans son discours (dimension symbolique du langage).
- Appréciation, attitude qui résulte d'une perception de la réalité, d'un choix effectué en fonction de ses états de conscience (dimension morale et éthique, quand les valeurs qui animent nos subjectivités orientent nos actions).
Le sentiment de soi apporte une orientation à l’esprit conscient.
La subjectivité est liée au sentiment de soi-même. Elle permet de s’approprier ce que l’on sent et ressent, d’affirmer que c’est « ma conscience ». La subjectivité offre la possibilité de décrire ce qui nous passe par la tête, de se pencher sur les images qui nous traversent, de les inspecter avec plus ou moins de clarté, plus ou moins d’effort. A partir de la compréhension de ses subjectivités, il y a donc possibilité de gagner objectivité, dans une abstraction réfléchie des phénomènes observés (en soi et autour de soi).
ORIGINES DE LA SUBJECTIVITÉ (DIMENSION NEUROBIOLOGIQUE DE LA STRUCTURE ÉGOCENTRIQUE)
La subjectivité est la propriété de l’esprit conscient qui permet aux être complexes d’être spectateurs d’eux-mêmes.
« Les systèmes neuraux requis pour engendrer le phénomène de subjectivité doivent au minimum, comprendre des cortex sensoriels fondamentaux (dont, notamment, les cortex somatosensoriels) ainsi que des régions d’association corticales sensorielles et motrices et des noyaux subcorticaux (principalement le thalamus et les ganglions de la base) présentant des propriétés de convergence, les rendant capables de fonctionner en tant qu’ensembles de « tierce partie ». » - Antonio Damasio
On comprend que la subjectivité émerge du corps à l’esprit, grâce à l’organisation fabuleuse qu’est le système nerveux central (cerveau+moelle épinière), entre interactions hormonales, neurales et gliales. Cette convergence, entre hormones et neurones dans notre système nerveux, permet l’émergence de l’esprit du corps, dont le point d’émission est la subjectivité (l’organisme se perçoit lui-même via l’esprit réfléchissant mentalement ses propres états corporels au travers de cartographies).
Le processus de subjectivation repose sur trois composantes essentielles que sont les perspectives orientées, la perception des émotions et l’intégration des expériences. Le processus est donc dynamique, en liant ces trois composantes dans :
- L’élaboration d’une perspective personnelle propre à nos images mentales (image de soi, d’un objet, de tout ce qui compose l’esprit et que l’on rapporte à soi, dans une approche égocentrée ---> nous sommes notre propre référence, via nos 5 sens qui appréhendent le corps dans l’environnement, avant de s’en faire une idée mentale, via nos sentiments de soi, des choses).
« Les portails sensoriels près desquels les données servant à former des images sont rassemblées offrent à l’esprit le point de référence d’après lequel l’organisme se situe par rapport à un objet. Il dérive de l’ensemble des régions corporelles dont proviennent les perceptions. » - Antonio Damasio
« Pour que la subjectivité puisse exister, il faut que la fabrication des images soit orientée selon une perspective, un point de vue précis - et il faut que notre sentiment d’ensemble omniprésent accompagne le traitement des images. Ces deux phénomènes proviennent directement du corps proprement dit. » - Antonio Damasio
- L’accompagnement de ces images sensorielles et mentales par les sentiments donc, qui sont les piliers de notre subjectivité (dans le sens où nos sentiments sont les reflets psychiques de nos émotions physiques. Il y a perception des émotions corporelles à un niveau mental sous forme de sentiments dans notre esprit, dont la subjectivité est notre point de référence).
- L’intégration des images perçues (et les perspectives subjectives associées) dans des canevas mentaux plus ou moins étendus. C’est-à-dire des idées, des opinions, des constructions mentales qui structurent nos visions de la réalité.
Ainsi, du corps percevant à l’esprit interprétant, nos images mentales définissent notre rapport au monde, selon les représentations que l’on s’en fait, avec plus ou moins de décentrement.
Certains seront en capacité de s’abstraire émotionnellement du moment présent et gagner en objectivité, quand d’autres resteront en prise avec leur subjectivités, coller au moment présent, dans une affectivité dont ils ne parviennent à s’abstraire. Exemple extrême des autistes, dont les cas les plus marqués sont totalement auto-centrés, sans aucune altérité ni abstraction intellectuelle logique possible. On comprend donc que la structure de l’égocentrisme fondamental dans la personnalité, à l’origine dépendante (le petit enfant ne peut se développer seul), se régule dans un équilibre entre subjectivité et objectivité, selon les capacités propres à chacun de se décentrer et s’autonomiser. Cette autonomisation dans une pensée libre et critique dépendra de la construction de schèmes de pensées, structuration cognitive reposant sur les cartes neurales vues précédemment. Un article sur les schèmes et biais cognitifs, dans une optique de construction d’un cadre de pensée logique décentré, sera proposé par la suite.
LANGAGE ET ORIGINE DU JE (DIMENSION SYMBOLIQUE DE LA STRUCTURE ÉGOCENTRIQUE)
Ce n’est que lorsqu’un cerveau développe un protagoniste capable de porter témoignage que la conscience apparait, et ce n’est que lorsqu’un cerveau développe un langage élaboré que l’esprit prend connaissance du fait qu’il existe.
La subjectivité est une narration personnelle, à l’origine composée d’images mentales se succédant dans le défilé incessant du film cérébral de l’esprit conscient. A partir de ces représentations imagées, issues de cartes neurales, nous autres humains, comme d’autres animaux, avons développé des formes de langage. Notre particularité humaine est d’inscrire nos récits personnels dans des formes langagières verbalisées et auto-biographiques, via l’expression subjective du « Je ». Ainsi nous existons individuellement dans la collectivité.
« La subjectivité est l’inlassable construction d’un récit. Ce récit dépend des circonstances dans lesquelles se trouvent les organismes disposant des caractéristiques cérébrales requises ; cela dépend aussi de leurs interactions avec le monde qui les entoure, avec le monde de leurs souvenirs et avec leur monde intérieur. C’est là l’essence même des mystères de la conscience. » - Antonio Damasio
« Les êtres humains possèdent des capacités narratives de second ordre, fournies par le langage, grâce auxquelles peuvent être construites des narrations verbales à partir des non verbales. La forme raffinée de subjectivité qui est la nôtre émerge sans doute de ce dernier processus. Le langage n’est peut-être pas à l’origine du moi, mais il est très certainement à la source du « Je ». » - Antonio Damasio
Le « Je » en soi est le sujet auquel se réfère le moi de l’individu (le moi étant son ego).
Le moi, en tant qu’entité psychique, est le reflet de soi-même en soi-même, image fictionnelle de sa propre individualité, à laquelle le sujet est aliénée en devant nécessairement s’y référer (on ne peut pas sortir de soi, excepté dans certaine forme de transe hypnotisante). Ainsi l’objet moi se prend inévitablement pour sujet du fait d’être intriquée dans sa propre subjectivité, le « Je » étant la forme langagière de l’expression symbolique de sa subjectivité dans ce dédoublement réflexif. Pour schématiser, le moi est l’expression égotique de soi, tandis que le « Je » est l’expression de son individualité dans sa propre structure égocentrique.
STRUCTURE ÉGOCENTRIQUE NARRATIVE NON-VERBALE ET MÉTA-MOI
La structure égocentrique fondamentale se détermine au travers d’une construction narrative non verbale individuelle, lorsque l’organisme se perçoit lui-même dans l’espace-temps, via la proprioception.
« Le « méta-moi » que j’envisage est une construction purement non verbale, une représentation schématique des rapports entre les protagonistes principaux, établie depuis un de vue extérieur à chacun d’eux. En fait, cette représentation tierce partie constitue une narration non verbale, moment après moment, des événements affectant ces protagonistes. Cette narration peut être faite sans utiliser le langage, mais en recourant aux mécanismes élémentaires de représentation dans l’espace et dans le temps des systèmes sensoriels et moteurs. Je ne vois pas de raison pour laquelle les animaux qui ne possèdent pas de langage n’élaboreraient pas de telles narrations. » - Antonio Damasio
L’humain, comme tout autre mammifère, connaît en temps réel son positionnement dans l’espace, via l’élaboration constante d’un récit de soi proprioceptif. Cette notion de représentation de soi dans l’espace et dans le temps est essentielle pour saisir comment se structure l’égocentrisme dans la personnalité douée de subjectivité.
Nous constatons qu’au départ le bébé n’a aucune notion d’espace ni de temps, et qu’au fil de son développement, il apprend à se positionner dans l’espace en s’orientant dans son propre corps. Et qui dit mouvement spatial dit appréciation d’une durée temporelle (le moi, dont les fondements sont corporels, mesure le temps en traversant l’espace). De ces déplacements du corps dans un champ spatial et temporel, s’élabore une narration proprioceptive constitutive de notre sentiment d’exister. La constitution de sa subjectivité est donc intrinsèquement liée à la construction d’un champ spatio-temporel dans ses structures cognitives, qui permettent d’appréhender l’environnement en s’y déplaçant et en agissant dessus. Autrement dit, en usant de son intelligence au travers de gestes précis, notamment par la préhension via ses mains. Ainsi chacun de nos mouvements s’inscrivent dans une narration individuelle, verbale ou non verbale, selon que nous agissons spontanément avec réflexe ou après réflexion.
VALENCE SUBJECTIVE ET ORIENTATION MORALE - LA QUESTION BIOPOLITIQUE
Notre rapport au monde dépend donc des formes somato-psychiques autour desquelles se structurent notre subjectivité, en lien avec des conditions extérieures déterminantes. Dans une perspective biopolitique, on comprend ainsi que les conditionnements structurels qui façonnent notre réalité influencent directement nos subjectivités, plus ou moins centrées ou décentrées selon les tendances empruntées au cours de nos expériences sociales. On se demande alors à quel point les normes éducatives, corrélées à des rhétoriques médiatiques et autres injonctions politiques à s’adapter, orientent nos décisions en favorisant une valence émotionnelle inclinant à préférer tel candidat ou viser telles études, plus favorables à d'autres dans une hiérarchisation de valeurs...évidemment morales. Mais l'on développera ça plus tard.