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Egocentrisme 0 - Introduction - pédagogie critique, écologie sociale, pensée systémik

Laura Revenudelaba

Elfe Mécanique
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12/7/22
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ÉGOCENTRISME – PÉDAGOGIE CRITIQUE – ÉCOLOGIE SOCIALE – PENSÉE SYSTÉMIQUE


Ton père, ta mère, ton copain ou ta copine qui ne t’écoute pas ni te considère plus que ça, tes gosses qui te reprochent les mêmes choses alors que tu ne voulais pas reproduire les erreurs de tes parents vis-à-vis de toi, ce collègue de bureau, ce militant ou cet internaute buté avec qui il est compliqué d’échanger, ou bien tous ces politiciens jugés hors sol, déconnectés des réalités et incapables d’empathie...quels rapports entre toutes ces dimensions qui peuvent nous affecter quotidiennement, à divers degrés et de différentes manières ? Comment expliquer nos difficultés à comprendre l’autre dans ses subjectivités ? A appréhender nos propres subjectivités ?  Pourquoi certains sont incapables de se mettre à la place d’autrui en respectant sa souveraineté de penser, que ça soit au sein de la famille, entre amis, au travail, entre institutions et plus largement dans les relations internationales ?

Lectrices et lecteurs, bienvenu.e.s dans cette présentation sur l’égocentrisme.

Si ce terme vous dit surement quelque chose, en tant que trait de caractère des personnes centrées sur elles-mêmes, on peut rapprocher ce phénomène psychique au concept de théorie de l’esprit, qui consiste à justement se décentrer de soi en prenant en compte des points de vue autres que les siens.

En m’intéressant au développement moteur, cognitif et relationnel des enfants, mais également au rapport au monde des adultes en général (que ça soit entre eux ou vis-à-vis de tout ce qui nous entoure), l’hypothèse développée sera que nous sommes tous égocentrés, structurellement, de part notre condition individuelle singulière. Et ce à des degrés allant de la normalité au pathologique, selon que notre égocentrisme prend des formes problématiques dans nos relations intra, interpersonnelles et environnementales. A partir de cette idée, je me suis demandé en quelle mesure une structure psychique naturelle, commune à chacun, pouvait se refléter dans nos structures institutionnelles et administratives, qui, tout comme certaines personnes, sont trop souvent sourdes et aveugles à tout ce qui diffère de leur angle d’approche du réel.

A partir du fait que chacun est son propre référentiel lorsqu’il s’agit de percevoir et interpréter le monde, il s’agira de définir cette structure égocentrique dans ses aspects affectif, cognitif, comportemental et institutionnel.

Nous verrons comment, via une longue socialisation et de nombreux apprentissages tels que la marche, le langage, le raisonnement hypothético-déductif, tout individu s’émancipe de son égocentrisme dit enfantin, en se décentrant. Qui dit décentration dit ouverture au monde, à tous les possibles selon ses capacités de compréhension et d’action, ce qui revêt des dimensions morales et éthiques. Donc politiques, puisque notre vision du monde, plus ou moins ouverte et tolérante, définit notre rapport avec tout notre environnement en régulant nos comportements, plus ou moins vertueux et sociaux. On comprendra qu’un individu égocentré, individualisé dans un aveuglement narcissique le ramenant toujours à lui, aura plus de mal à appréhender l’aspect systémique d’un phénomène comme la crise climatique actuelle, qu’une personne ayant opérée un travail de décentrement quand aux modalités matérielles et culturelles de son existence, au-delà de son foyer, de sa ville, de son pays, de son continent...jusqu'au cosmos.

En réponse au phénomène de dépolitisation dans des formes d’individualisation égoïstes et atomiques, il sera question de saisir tout ce que revêt la construction d’une approche macroscopique des choses, en apprenant à se décentrer.

Nous verrons l’importance de bien structurer nos fonctions exécutives et autres schèmes cognitifs dès l’enfance, afin de parvenir à comprendre les complexités matérielles, économiques, sociales et politiques du monde, ainsi que de travailler en équipe. En plus d’aider à sortir d’une présentéité qui prive les savoirs de mise en perspective historique, tant nécessaire pour prendre du recul sur soi dans l’ordre des choses. Face à une nature qui désormais change plus rapidement que les sociétés innovent technologiquement, les formes structurelles et gestionnaires de plus en plus autoritaires que prend l’ultra-libéralisme doivent être revues en profondeur. L'intériorisation du modèle économique capitaliste sur le plan anthropologique a façonné nos cognitions en préfigurant l’homo œconomicus que nous sommes devenus, que nous continuons d’être dans une évolution de plus en plus rapide que la digitalisation du monde s’opère avec impériosité.

S’il n’y a pas de vérité mais qu’une multitudes de perspectives, quel rapport entretient-on avec l’objectivité quand nous sommes soumis à tant de biais cognitifs ?

La crise climatique s’accélérant, assimiler les connaissances nécessaires pour l’appréhender dans toute ses complexités (prise de conscience) et envisager comment s’en accommoder (agir adéquatement avec planification au niveau local/mondial) demande de sérieuses transformations dans nos cognitions et comportements, à des échelles autant individuelles qu’institutionnelles, nationales et internationales. D’où l’importance de bien saisir la notion de structure, quand la personnalité de l’individu n’est autre que l’intériorisation de structures sociétales externes. A l’ère de la mondialisation, les solutions étant collectives du fait d’une inter-dépendance totale, il nous faut ensemble nous regarder dans un miroir, sans plus voir l’autre comme un ennemi sur lequel projeter nos torts par faiblesse morale, mais tel l’allié nécessaire à notre survie commune. Pour cela nous aborderons la notion de subjectivité en lien avec notre égocentrisme, en détaillant comment les structures de nos cognitions influencent nos comportements égotiques, avec ce que la gestion de nos émotions impliquent sur le plan relationnel.

Égocentrisme et biopolitique, la question morale, entre obscurantisme 2.0 et capacité à accepter de révoltantes vérités.

Tout contrôle social en passe par un encadrement moral, dans une maîtrise des comportements, donc des corps et des esprits, assujettis à des formes insidieuses de biopouvoir (nudges, publicité ciblée, propagande, numérisation forcée dans une virtualisation des échanges). A partir de la notion de subjectivité et d’égocentrisme structurel, nous tâcherons de comprendre comment certaines structures cognitives, s’adaptant aux formes que prennent nos conditions d’existence, matérielles comme idéologiques avec ses lots d’injonction à obéir en consommant individuellement, préforment nos comportements sociaux. Quand les formes prises par le spectacle médiatique à l’ère de l’ultra-communication politique nous transforment en marchandise, avoir une conscience politique portée sur le sociétal ne suffit pas. Exemple du féminisme qui, s’il ne s’impose pas sur le plan économique dans l’établissement de véritables politiques du care, n’apportera pas les changements structurels globaux souhaités. Résister aux formes les plus contemporaines que revêt la biopolitique nécessite d’acquérir des connaissances multiples, dans l'élaboration d'approches systémiques plus pertinentes pour démystifier les idéologies passées et nuisibles. En finir avec les injonctions contradictoires qui sclérosent nos corps et esprits dissonants, ne demandant qu’à se repolitiser dans des formes mobilisatrices d’engagement, démocratiquement plus directes, pro-sociales et environnementales.

Osons rêver, quand seule l’utopie emplie de valeurs étayantes et d’affects puissants pousse à l’action.

D’un idéal d’une écologie sociale et populaire autorisant à se donner les moyens de changer nos destins en ne servant plus les puissants, à notre échelle partagée, d’une essentielle volonté d’apprendre à apprendre, dans un esprit nouveau, plus durable et renouvelable, bâtir collectivement le monde de demain, d’où l’intérêt de nouvelles formes de pédagogie, critiques dans une approche holistique, redonnant du pouvoir aux citoyens éveillés et impliqués, parce que décentrés.​
 
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