Tridimensionnel
Cheval théorique
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Je me suis d’abord intéressée à cette étude parce que j’avais vu passer sur d’autres topics que le cannabis pourrait « aider à soigner l’autisme » ce qui, sur le coup, m’avait semblé fumeux : je ne voyais pas comment l’on pourrait « soigner » un trouble du comportement aussi large que l’autisme, qui s’apparente souvent plus à une identité qu’à une maladie (c’est en tout cas l’impression que m’a donné la fréquentation IVL de groupes de discussions entre personnes autistes). Ne fallait-il pas plutôt y voir une façon d’angéliser cette plante tout en créant le buzz ? (cette drogue injustement interdite, qui pourrait même soigner l’autisme !) (toujours se méfier des remèdes-miracle)
J’ai également été sensibilisée au danger des promesses de « guérison » comme paravent de la normalisation forcée : cf. ces « thérapies » où l’on apprend au patient à masquer ses symptômes afin qu’il passe mieux en société, sans respect pour son ressenti. Si jouer les caméléons est souvent une question de survie sociale lorsqu’on a un trouble du comportement, il faut quand même se poser la question de démarches de soin qui se concentrent plus sur le lissage des apparences que sur l’émancipation du sujet.
Bref, j’avais donc ces deux alertes pour me mener à l’a-priori que ces titres (« soigner l’autisme avec du cannabis ! ») étaient au mieux racoleurs, au pire dangereux.
Donc j’ai fait trois recherches et je suis tombée sur cette étude : Effects of CBD-Enriched Cannabis sativa Extract on Autism Spectrum Disorder Symptoms: An Observational Study of 18 Participants Undergoing Compassionate Use
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fneur.2019.01145/full
Ce qui, en bon français, donne : « Effets de l'extrait de Cannabis sativa enrichi en CBD sur les symptômes du trouble du spectre autistique : une étude par observation de 18 participants ayant consommé du cannabis pour des raisons médicales. »
→ jackpot, une étude récente et entièrement gratuite : quelle bonne occasion d’en savoir plus ! Bon alors comme d’hab la prudence est de mise, une étude ce n’est quasi rien, il faudrait la répliquer et lui faire plein de petites sœurs pour pouvoir affirmer quoi que ce soit. Ce que je puis en dire, c’est que ma position dubitative a été un peu ébranlée. L’ensemble m’a paru crédible.
Résumé de l’étude
Les troubles du spectre autistique peuvent entraîner des déficits fonctionnels et par là un manque d’autonomie et de la détresse. Il s’agit donc là de soigner non pas l’autisme mais ses symptômes handicapants.
Des données indiquent l’efficacité du CBD dans le traitement de symptômes autistiques chez les patients épileptiques, et d’autres données appuient l’hypothèse selon laquelle l’autisme et l’épilepsie auraient des causes communes (il y aurait d’ailleurs une certaine prévalence entre ces deux affections). D’où l’intérêt de tester le CBD chez des patients autistes épileptiques ou non.
Cette étude porte sur 18 personnes autistes, âgées de 6 à 17 ans, traitées avec un cannabis médical (rapport CBD/THC de 75/1). Après ajustements, la dose journalière moyenne de CBD administrée à chaque patient était de 4.55mg/kg, et de 0.06mg/kg de THC, oralement sous forme de gélule.
15 personnes ont adhéré au traitement. Trois ont cessé le traitement avant un mois en raison d’effets indésirables.
Les données étaient collectées sous forme d’un questionnaire d’évaluation de la gravité des symptômes, envoyé mensuellement aux parents et aux soignants. Les résultats sont mesurés par l’écart entre les réponses dans le temps.
Après 6-9 mois de traitement, la plupart des patients ont montré des améliorations et particulièrement les patients non-épileptiques. Les plus notables concernaient les crises d'épilepsie, le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité, les troubles du sommeil et les déficits de communication et d'interaction sociale.
Il est évident que l'amélioration de la qualité du sommeil et la réduction du TDA/H ont des effets positifs importants sur l'humeur et l'état de santé général, ainsi que sur l'efficacité des interventions thérapeutiques psychopédagogiques. De plus, dans une perspective à long terme, la thérapie psychopédagogique peut potentialiser les avantages sociaux, cognitifs et comportementaux observés après le traitement.
Les effets les moins prononcés ont été observés sur l'amélioration des déficits d'autonomie. Cela peut indiquer la nécessité d'un intervalle de temps plus long pour permettre de remodeler les routines et les modèles comportementaux consolidés, tant des patients que des soignants, avant de pouvoir tirer un quelconque avantage de ce traitement.
Quasiment tous les patients qui prenaient d’autres médicaments ont conservé leurs améliorations même après avoir cessé ou réduit ceux-ci.
Bref : les résultats présentés ici appuient la notion selon laquelle de nombreux symptômes de l'autisme sont associés à l'hyperexcitabilité neuronale. Ils indiquent que le cannabis enrichie en CBD produit des effets positifs sur de multiples symptômes autistiques, sans causer les effets secondaires typiques observés chez les patients atteints de TSA médicamentés. Il en résulte une augmentation substantielle de la qualité de vie des patients atteints de TSA et des soignants.
Dans l’introduction, une partie en particulier m’a interpellée car elle proposait une explication à l’efficacité supposée du CBD en matière d’autisme :
J’ai également été sensibilisée au danger des promesses de « guérison » comme paravent de la normalisation forcée : cf. ces « thérapies » où l’on apprend au patient à masquer ses symptômes afin qu’il passe mieux en société, sans respect pour son ressenti. Si jouer les caméléons est souvent une question de survie sociale lorsqu’on a un trouble du comportement, il faut quand même se poser la question de démarches de soin qui se concentrent plus sur le lissage des apparences que sur l’émancipation du sujet.
Bref, j’avais donc ces deux alertes pour me mener à l’a-priori que ces titres (« soigner l’autisme avec du cannabis ! ») étaient au mieux racoleurs, au pire dangereux.
Donc j’ai fait trois recherches et je suis tombée sur cette étude : Effects of CBD-Enriched Cannabis sativa Extract on Autism Spectrum Disorder Symptoms: An Observational Study of 18 Participants Undergoing Compassionate Use
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fneur.2019.01145/full
Ce qui, en bon français, donne : « Effets de l'extrait de Cannabis sativa enrichi en CBD sur les symptômes du trouble du spectre autistique : une étude par observation de 18 participants ayant consommé du cannabis pour des raisons médicales. »
→ jackpot, une étude récente et entièrement gratuite : quelle bonne occasion d’en savoir plus ! Bon alors comme d’hab la prudence est de mise, une étude ce n’est quasi rien, il faudrait la répliquer et lui faire plein de petites sœurs pour pouvoir affirmer quoi que ce soit. Ce que je puis en dire, c’est que ma position dubitative a été un peu ébranlée. L’ensemble m’a paru crédible.
Résumé de l’étude
Les troubles du spectre autistique peuvent entraîner des déficits fonctionnels et par là un manque d’autonomie et de la détresse. Il s’agit donc là de soigner non pas l’autisme mais ses symptômes handicapants.
Des données indiquent l’efficacité du CBD dans le traitement de symptômes autistiques chez les patients épileptiques, et d’autres données appuient l’hypothèse selon laquelle l’autisme et l’épilepsie auraient des causes communes (il y aurait d’ailleurs une certaine prévalence entre ces deux affections). D’où l’intérêt de tester le CBD chez des patients autistes épileptiques ou non.
Cette étude porte sur 18 personnes autistes, âgées de 6 à 17 ans, traitées avec un cannabis médical (rapport CBD/THC de 75/1). Après ajustements, la dose journalière moyenne de CBD administrée à chaque patient était de 4.55mg/kg, et de 0.06mg/kg de THC, oralement sous forme de gélule.
15 personnes ont adhéré au traitement. Trois ont cessé le traitement avant un mois en raison d’effets indésirables.
Les données étaient collectées sous forme d’un questionnaire d’évaluation de la gravité des symptômes, envoyé mensuellement aux parents et aux soignants. Les résultats sont mesurés par l’écart entre les réponses dans le temps.
Après 6-9 mois de traitement, la plupart des patients ont montré des améliorations et particulièrement les patients non-épileptiques. Les plus notables concernaient les crises d'épilepsie, le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité, les troubles du sommeil et les déficits de communication et d'interaction sociale.
Il est évident que l'amélioration de la qualité du sommeil et la réduction du TDA/H ont des effets positifs importants sur l'humeur et l'état de santé général, ainsi que sur l'efficacité des interventions thérapeutiques psychopédagogiques. De plus, dans une perspective à long terme, la thérapie psychopédagogique peut potentialiser les avantages sociaux, cognitifs et comportementaux observés après le traitement.
Les effets les moins prononcés ont été observés sur l'amélioration des déficits d'autonomie. Cela peut indiquer la nécessité d'un intervalle de temps plus long pour permettre de remodeler les routines et les modèles comportementaux consolidés, tant des patients que des soignants, avant de pouvoir tirer un quelconque avantage de ce traitement.
Quasiment tous les patients qui prenaient d’autres médicaments ont conservé leurs améliorations même après avoir cessé ou réduit ceux-ci.
Bref : les résultats présentés ici appuient la notion selon laquelle de nombreux symptômes de l'autisme sont associés à l'hyperexcitabilité neuronale. Ils indiquent que le cannabis enrichie en CBD produit des effets positifs sur de multiples symptômes autistiques, sans causer les effets secondaires typiques observés chez les patients atteints de TSA médicamentés. Il en résulte une augmentation substantielle de la qualité de vie des patients atteints de TSA et des soignants.
Dans l’introduction, une partie en particulier m’a interpellée car elle proposait une explication à l’efficacité supposée du CBD en matière d’autisme :
Des changements dans l'expression des récepteurs cannabinoïdes périphériques ont été vérifiés chez des patients autistes, ce qui suggère des déficiences possibles dans la production et la régulation des cannabinoïdes endogènes dans les TSA (61). Cette hypothèse a été récemment confirmée spécifiquement pour l'anandamide, un endocannabinoïde majeur, qui est réduit chez les patients atteints de TSA (62).
La compréhension des mécanismes possibles impliquant le système endocannabinoïde dans l'étiologie des TSA a été obtenue par la recherche fondamentale sur des modèles animaux. Une attention particulière a été accordée à l'hypothèse de l'hyperexcitabilité neuronale et à sa relation possible avec le système endocannabinoïde, qui pourrait également expliquer l'incidence plus élevée de l'épilepsie chez les patients atteints de TSA (63-68). Une activité EEG épileptique importante a été enregistrée même dans le système nerveux central d'enfants autistes non épileptiques (69), ce qui est conforme à l''hypothèse du monde intense", qui associe les symptômes autistiques à une activité et une connectivité neuronales excessives (70).
Ensemble, ces résultats appuient fortement la nécessité de tester les extraits de Cannabis sativa (EC) et les phytocannabinoïdes isolés comme approches pharmacologiques pour contrôler les symptômes graves chez les patients autistes épileptiques et non épileptiques (68). De plus, il a été démontré que le CBD a des effets anxiolytiques (71-75) et antipsychotiques (76-79) chez les humains. Il est plausible de supposer que ces effets sont, au moins en partie, entraînés par l'accumulation de l'anandamide endocannabinoïde induite par le CBD (80). Bien que les mécanismes qui sous-tendent les effets antiépileptiques induits par le CBD ne soient pas tout à fait clairs, la modulation de l'anandamide est susceptible de jouer un rôle important (68).
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que l'accumulation d'anandamide, causée par des inhibiteurs de sa dégradation métabolique, entraîne une réduction des déficits d'interaction sociale dans le modèle animal de l'autisme traité au valproate (81).
Critiques et mises en garde :
Les limites intrinsèques de la présente étude, en raison de sa nature observationnelle, sont l'absence de groupes témoins, la petite taille de la cohorte et les effets placebo potentiellement importants. D'autres essais cliniques sont justifiés pour confirmer ces premières constatations.
On peut soupçonner des interactions médicamenteuses indésirables entre le cannabis enrichi en CBD et les antipsychotiques (→ nécessité de prudence et de graduation dans l'introduction et le retrait).
De faible de dose de THC pur avaient déjà été rapportées comme réduisant les symptômes épileptiques d’enfants, donc ces résultats positifs sont peut-être à porter + au crédit du THC qu'à celui du CBD.
Du fait que les comportements/symptômes ont été annotés par les soignants, les résultats sur l'amélioration du comportement contiennent un degré important de subjectivité.
Personnellement, je m’interroge sur l’intérêt de choisir pour une telle étude des patients mineurs et apparemment pas en état de donner leur avis sur le traitement (en tout cas, cet avis n’a pas été demandé). Certes, l’autisme peut être extrêmement invalidant mais il y a beaucoup de concerné/e/s susceptibles de bénéficier d’un tel traitement ET majeurs ET assez communicants pour répondre eux-mêmes à un questionnaire.
Pour moi, ça pose une question d’éthique (consentement) et aussi une autre de justesse, car si les symptômes se sont améliorés, c’était du point de vue de l’entourage (= plus de confort pour lui) mais on ne sait pas ce qu’en ont pensé les patients.
Même s’il faut prendre ces résultats avec des pincettes, je suis assez intéressée par l’amélioration présentée pour les troubles de l’attention et les troubles du sommeil. Je pense creuser cette piste en cherchant des témoignages de personnages TDA/H qui prennent ou ont déjà pris du CBD.