El Sha
Matrice Périnatale
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- 14/6/12
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(Edit : Putain, désolée, c'est un vrai pavelard.)
Plusieurs jours que je me tâtais, après avoir trainé sur les forums. L'envie d'essayer. P'têtre pour résoudre mes soucis. Ou plutôt, essayer d'en connaître la nature...
Mais j'ai surtout envie de décoller. J'me sens bien dans ma peau, bien dans ma tête, mais lourde. J'avais envie d'un peu de légèreté. Quelque chose me tire vers le bas.
Le jour même, manque de chance, atteinte d'une maladie, je passe la matinée en crise, prostrée dans la douleur. À midi, je me relève, fatiguée mais soulagée, comme à chaque fin de crise, où j'ai l'impression de revenir de la tourmente. J'me tate un peu… Prendra, prendra pas…
Je file à la pharmacie. Demande une boite de comprimé.
Une, ça suffira pour le moment.
Dans ma tête, je me dis : "oui, oui, on va juste faire un test allergique."
Chez moi, j'hésite longuement, pense cette après-midi où je n'ai rien à faire. Arrache d'un coup d'ongle un comprimé, puis un deuxième. Finalement, un troisième.
"Juste un test allergique."
Je gobe mes 90mg. Pendant 10 minutes, je regarde l'heure, guettant le moindre effet, en sachant pertinemment que rien ne va se produire. En fait, j'ai peur de la réaction allergique. Je prend le numéro de l'hôpital, le met en dernier appel. Au cas où, juste au cas où.
Finalement, je sentirai juste l'intérieur de ma gorge gonfler un peu, comme il m'arrive souvent, et en dehors de tout prod'.
Je passe les 3h suivantes à mater des séries, dans mon lit, un peu nauséeuse. J'ai fermé les volets, laissé le temps gris pluie derrière. Mouais. Je finis par m'endormir, près de deux heures.
Je me réveille, la vessie pleine, me lève de mon lit où je me vautre depuis le matin. Je fais quelque part, me marre. Mon corps est vachement plus léger. Je sautille, j'ai l'impression de ne rien peser. J'évalue mal un virage, me cogne tout doucement à la porte de la salle de bain.
"Pas mal."
"Pour un test allergique. Pas mal." Je ricane un peu jaune.
Je me sens défoncée, à mi-chemin entre le joint et l'alcool. Mais en léger, beaucoup plus léger… Euphorique, aussi.
J'essaye d'écouter de la musique, mais impossible. Ce qui m'embête, c'est que je ne sais absolument pas quoi faire. Je décide de redropper 3, non, finalement, 2 cachets. 60mg en plus. Je voulais juste rester dans cet état de défonce très douce, très légère. 150mg, en tout, près de 2,5mg/kg.
Juste après avoir avalé les deux cachets, buuurh, le ventre proteste un peu. Je le sens qui travaille. Je décide de me coucher, remettre de la musique. Je textote un peu aux gens autour de moi.
"À quelle heure tu vas chez X ?"
Merde. La soirée.
Ce soir, c'est fin d'année. La dernière fois que je verrais ma promo réunie, avant deux mois. Et encore, certains vont disparaître pendant ce temps. On a passé près d'un an à vivre les uns sur les autres, impossible que j'y aille pas. Tant pis, j'irai "comme ça".
Je sens que le corps travaille le DXM que j'ai dans le bidet. Ou c'est l'inverse.
Je rejoins L, on va chez X. On est les premières.
Je sais que les interactions médicament-alcool sont déconseillés, notamment avec le DXM. C'est pas grave. Je prend une bière.
Les gens arrivent.
Une deuxième bière.
Je suis déjà bien plus "relaxée" qu'à l'arrivée. De plus en plus euphorique, en fait. Je discute à droite, à gauche, j'essaye de planquer un peu aux gens de ma promo que je suis défoncée. Seuls quelques uns de mes potes me captent, directement.
L'un, pas au courant de la situation, m'offre un joint.
Je réfléchis avant. Comme d'habitude. Évaluation des risques, de mon état… Je sais qu'elle va m'envoyer loin, cette weed, je le sens. Mais je sais pas où.
Et effectivement…
Au bout d'un certain temps, ça commence à hurler sous mon crâne. Je passe de "douce défonce" à un mindfuck level 4. Je capte plus grand chose à ce qu'il se passe, je sais plus non plus quoi faire. C'est la tempête sous mon crâne, et je bénis mon self-control d'avoir sauvegardé ma dignité.
Déjà, en arrivant, j'avais une putain d'envie de faire des conneries. Mais là… Je sais plus, j'arrive même plus à réfléchir. La plupart des choses me semblent absurdes et drôles. J'essaye de suivre les conversations, mais ça n'a plus aucun sens. Pas les conversations, mais mon cerveau. C'est ça, mon cerveau n'a plus aucun sens.
Et puis soudainement, une éclaircie.
Putain, de la musique, il me faut de la musique.
J'interromps un pote en pleine conversation pour lui prendre son MP3. Il me le file, et je m'isole dans une chambre noire. J'allume le petit engin, et je prie, je prie, je prie pour qu'il l'ai, pour trouver…
Of Porcelain - You are the sun.
J'exulte. Putain. Ouais.
Un écouteur, deux écouteurs, je m'allonge en croix sur le lit, au dessus des sacs, rien à foutre.
Je ferme les yeux.
Je me sens tomber "en moi-même". Comme si j'atteignais des niveaux d'obscurité de plus en plus profond. Je me détend. Travaille ma respiration. Peu à peu, ça danse autour de moi. Je ne "vois" pas vraiment les choses, mais je les ressens. Je sens l'espace, autour de moi. Et je tournoie. D'abord avec le lit, sur lequel je me sens très lourde, écrasée, puis finalement juste avec l'esprit. Le corps disparait. Je me laisse faire, petit à petit. Parfois, je remue le bout des doigts, juste pour savoir si je suis toujours là, si j'ai gardé la connexion avec mon corps.
Sur mes paupières se projettent la lumière au rythme de la musique. Ça m'a semblé durer des heures. J'avais l'impression de me trouver entre chaque son. J'étais dans la musique, et j'investissais ses espaces, ses interstices, de lumière.
Je me laisse faire par la musique, qui se termine après ce qui me semble un temps infini…
J'ouvre les yeux. Je me dis fuck, fuck, fuck, il faut absolument que je me rappelle de ce moment. Je me relève, en position assise sur le lit, et j'écris un SMS à un autre pote.
Je met "Signal the Captain", toujours de Of Porcelain, et j'écris. Je suis surprise de voir aussi clair. J'ai aucun problème de vision trouble, comme ça peut m'arriver avec la MD quand je suis totalement perchée.
Pendant ce temps là, la musique coule au dessus de moi comme un flot d'onde bleue. C'est très dur d'écrire, je sens la musique le long de mes bras, mais je suis très bien, au dessous de cette douche d'onde.
Après ce SMS, je décide d'arrêter.
Je me lève, j'éteins la musique, un peu à regret, et je reviens dans la soirée. Complètement décalée, mais le cerveau beaucoup beaucoup plus clair, et apaisée. Je réalise seulement à ce moment là à quel point ça été la tempête sous mon crâne quelques minutes auparavant. Ça me semble irréaliste, d'ailleurs, j'ai l'impression d'être partie trois-quart d'heure, une heure… Mais je sais qu'en rationalisant, avec le nombre de morceau que j'ai écouté, je ne suis partie que dix minutes, à peine.
Je reviendrais deux ou trois fois dans la chambre sombre, pour partir dans mes trip musicaux.
"Comme une droguée qui viendrait faire son shoot", j'ai pensé en fermant la porte. "J'ai gloussé". J'ai pas gloussé, mais j'ai pensé, "j'ai gloussé".
Au deuxième trip, j'ai lancé MitiS, et son EP "Delivrance".
Cette fois-ci, j'étais assise sur le lit. Et je me suis mise à tomber très doucement, au fur et à mesure de la musique, pour me prostrer, jusqu'à ce que ma tête touche mon genoux. C'était, dans ma tête, une réelle plongée dans mon esprit. Je cherchais le vice. Je voulais trouver ce qui n'allait pas. J'étais acharnée. Mon corps, en suivant le mouvement, était le moteur de cette plongée interne.
Le seul problème, c'est qu'à chaque fois que ma tête touchait mon genou, je n'arrivais plus à descendre. Un peu, mais je stagnais. J'étais donc obligée de mettre mon trip sur pause, en sortir, me relever, et repartir plus profond.
À l'intérieur de moi, j'élimine petit à petit les choses superficielles. C'est une vraie chute, comme le long d'un immense tunnel de plus en plus sombre. L'obscurité de mes paupières closes se fait de plus en plus dense, et les visions de plus en plus précises.
Ma tête finit par toucher mon genou à nouveau.
Et je pense : "Si seulement c'était possible rester à l'intérieur, mais de me relever" Et mon trip m'obéit. Et je fais le mouvement inverse. Je me relève. Mais dans ma tête, c'est complètement différent. Je m'élève. Plus je m'élève, plus je vais vers une forme réelle d'orgasme.
"Putain, mais c'était ça. C'est pas au fond qu'il fallait chercher. C'était en haut."
"C'était en haut".
Y'a un truc qui a changé à ce moment là. Il m'a semblé réaliser que j'avais pas arrêté de chercher "au fond de moi", mais que je n'avais aucune idée de ce qui se passait "en haut de moi".
Je n'avais pas confiance en moi, et je cherchais quelque chose qui n'allait pas là où tout allait bien. Les bases étaient saines. Je n'étais plus rongée par quelque chose. Il me fallait juste du temps pour faire grandir tout ça.
"C'était en haut."
Et puis soudainement, je contrôlais tout. Mon corps était encore sous mon contrôle, mais mon esprit aussi. Et de continuer de monter, monter, monter… Il y avait des pensées qui se formaient sur le chemin, des parapluies (oui oui) qui fleurissaient, c'était beaucoup plus profond et complexe qu'une simple ascension.
Je crois sincèrement que j'ai eu un orgasme à un moment. J'étais tellement heureuse, tellement soulagée d'avoir réalisé que "c'était en haut" que je ne cherchais plus rien d'autre que cette montée, montée… Le paysage duquel je m'élevais était doux, blanc, duveteux, un peu comme des lambeaux de lumière ou de brume. Et de monter, monter.
Je ne sais même plus à quel moment, comment, ou pourquoi je suis sortie de cet état, et de la chambre.
Les autres fois où je me suis isolée dans la soirée étaient moins intenses.
Mais je contrôlais toujours tout. J'étais d'une lucidité incroyable. Déjà, quand je prend de la drogue (haha, c'est fun, dit comme ça), je deviens mystique. J'ai tendance à croire que je peux tout faire avec mon esprit, ou presque.
Mais là… Je me suis dis qu'après avoir exploré l'espace "en haut/en bas", j'allais exploré l'espace de façon latérale. Et puis après ça, j'ai décidé de provoquer volontairement des hallucinations à oeil ouvert. J'ai d'abord commencé par faire bouger les murs de la pièce. Mais c'était lent, et assez pénible, il y avait comme un temps de latence. Mes hallucinations "lagguaient". J'avais aussi du mal à apporter des hallucinations directement venue de mon imagination. Ça me demandait une concentration folle, et quand j'y arrivais, ça restait extrêmement vacillant. Par contre, j'étais tout à libre de moduler ce que je voyais déjà. Les couleurs, c'était le plus simple. J'ai surtout modifié l'espace. J'avançais, et reculais les murs et le plafond.
J'ai aussi essayé de m'extraire de mon corps, d'en effacer les contours, et de me regarder, mais je restais irrémédiablement coincée à un certain stade... Je crois que j'étais pas prête à abandonner mon corps. J'avais peur que, tout seul, il fasse une dépression respiratoire, ou qu'il tombe dans le coma.
Puis bon, ce qui devait arriver arriva, quand on choisit un setting aussi moisi, à savoir que quelqu'un de bourré est brusquement entrée dans la chambre. Déconcentration totale. J'ai préféré m'enfuir, et rejoindre la soirée.
Je suis doucement redescendue, malgré deux autres essais dans la chambre, pour finir par rentrer vers 3h du matin. Fatiguée, mais contente du voyage.
"Pour un test allergique."
C'était donc un trip absolument pas prévu comme tel. Bien 6h de bodyload, avant les premiers effets… Tout ça s'est fait très tranquillement, mais je me suis pris une bonne petite claque, quand même. Je m'y attendais pas du tout, pour dose quand même assez faible (2,5mg/kg), et répartie en deux fois.
La prochaine fois, je bosserai un peu plus sur le lieu, quoique celui là n'était pas déplaisant, j'étais souvent prise entre l'envie de profiter de la soirée, et celle de profiter de la molécule…
Finalement j'aurai réussi à faire les deux. J'ai aussi conscience que le mélange de l'alcool/joint/DXM aurait pu se révélé mauvais pour une première fois, mais tout ça s'est fait avec beaucoup de contrôle de soi. J'ai passé la journée à checker mon état pour savoir si c'était possible de boire/fumer/redropper, chose que je suis arrivée à faire avec plus ou moins de lucidité (contrairement à la MD, dernièrement, m'a fait complétement perdre les pédales, et redropper au limite du mauvais trip.).
Je pense que l'état méditatif avec lequel j'ai mené l'expérience à bien plus poussé la chose que le DXM tout seul. Bref, à recommencer, mais pas dans les prochaines semaines. J'aimerai bien mener l'expérience beaucoup plus loin, et travailler sur cet abandon du corps, essayer d'être un peu moins "controlfreak".
Voilà. Navrée pour l'écrire (et une concordance des temps hasardeuse). C'est mon premier TR que voilà.
Plusieurs jours que je me tâtais, après avoir trainé sur les forums. L'envie d'essayer. P'têtre pour résoudre mes soucis. Ou plutôt, essayer d'en connaître la nature...
Mais j'ai surtout envie de décoller. J'me sens bien dans ma peau, bien dans ma tête, mais lourde. J'avais envie d'un peu de légèreté. Quelque chose me tire vers le bas.
Le jour même, manque de chance, atteinte d'une maladie, je passe la matinée en crise, prostrée dans la douleur. À midi, je me relève, fatiguée mais soulagée, comme à chaque fin de crise, où j'ai l'impression de revenir de la tourmente. J'me tate un peu… Prendra, prendra pas…
Je file à la pharmacie. Demande une boite de comprimé.
Une, ça suffira pour le moment.
Dans ma tête, je me dis : "oui, oui, on va juste faire un test allergique."
Chez moi, j'hésite longuement, pense cette après-midi où je n'ai rien à faire. Arrache d'un coup d'ongle un comprimé, puis un deuxième. Finalement, un troisième.
"Juste un test allergique."
Je gobe mes 90mg. Pendant 10 minutes, je regarde l'heure, guettant le moindre effet, en sachant pertinemment que rien ne va se produire. En fait, j'ai peur de la réaction allergique. Je prend le numéro de l'hôpital, le met en dernier appel. Au cas où, juste au cas où.
Finalement, je sentirai juste l'intérieur de ma gorge gonfler un peu, comme il m'arrive souvent, et en dehors de tout prod'.
Je passe les 3h suivantes à mater des séries, dans mon lit, un peu nauséeuse. J'ai fermé les volets, laissé le temps gris pluie derrière. Mouais. Je finis par m'endormir, près de deux heures.
Je me réveille, la vessie pleine, me lève de mon lit où je me vautre depuis le matin. Je fais quelque part, me marre. Mon corps est vachement plus léger. Je sautille, j'ai l'impression de ne rien peser. J'évalue mal un virage, me cogne tout doucement à la porte de la salle de bain.
"Pas mal."
"Pour un test allergique. Pas mal." Je ricane un peu jaune.
Je me sens défoncée, à mi-chemin entre le joint et l'alcool. Mais en léger, beaucoup plus léger… Euphorique, aussi.
J'essaye d'écouter de la musique, mais impossible. Ce qui m'embête, c'est que je ne sais absolument pas quoi faire. Je décide de redropper 3, non, finalement, 2 cachets. 60mg en plus. Je voulais juste rester dans cet état de défonce très douce, très légère. 150mg, en tout, près de 2,5mg/kg.
Juste après avoir avalé les deux cachets, buuurh, le ventre proteste un peu. Je le sens qui travaille. Je décide de me coucher, remettre de la musique. Je textote un peu aux gens autour de moi.
"À quelle heure tu vas chez X ?"
Merde. La soirée.
Ce soir, c'est fin d'année. La dernière fois que je verrais ma promo réunie, avant deux mois. Et encore, certains vont disparaître pendant ce temps. On a passé près d'un an à vivre les uns sur les autres, impossible que j'y aille pas. Tant pis, j'irai "comme ça".
Je sens que le corps travaille le DXM que j'ai dans le bidet. Ou c'est l'inverse.
Je rejoins L, on va chez X. On est les premières.
Je sais que les interactions médicament-alcool sont déconseillés, notamment avec le DXM. C'est pas grave. Je prend une bière.
Les gens arrivent.
Une deuxième bière.
Je suis déjà bien plus "relaxée" qu'à l'arrivée. De plus en plus euphorique, en fait. Je discute à droite, à gauche, j'essaye de planquer un peu aux gens de ma promo que je suis défoncée. Seuls quelques uns de mes potes me captent, directement.
L'un, pas au courant de la situation, m'offre un joint.
Je réfléchis avant. Comme d'habitude. Évaluation des risques, de mon état… Je sais qu'elle va m'envoyer loin, cette weed, je le sens. Mais je sais pas où.
Et effectivement…
Au bout d'un certain temps, ça commence à hurler sous mon crâne. Je passe de "douce défonce" à un mindfuck level 4. Je capte plus grand chose à ce qu'il se passe, je sais plus non plus quoi faire. C'est la tempête sous mon crâne, et je bénis mon self-control d'avoir sauvegardé ma dignité.
Déjà, en arrivant, j'avais une putain d'envie de faire des conneries. Mais là… Je sais plus, j'arrive même plus à réfléchir. La plupart des choses me semblent absurdes et drôles. J'essaye de suivre les conversations, mais ça n'a plus aucun sens. Pas les conversations, mais mon cerveau. C'est ça, mon cerveau n'a plus aucun sens.
Et puis soudainement, une éclaircie.
Putain, de la musique, il me faut de la musique.
J'interromps un pote en pleine conversation pour lui prendre son MP3. Il me le file, et je m'isole dans une chambre noire. J'allume le petit engin, et je prie, je prie, je prie pour qu'il l'ai, pour trouver…
Of Porcelain - You are the sun.
J'exulte. Putain. Ouais.
Un écouteur, deux écouteurs, je m'allonge en croix sur le lit, au dessus des sacs, rien à foutre.
Je ferme les yeux.
Je me sens tomber "en moi-même". Comme si j'atteignais des niveaux d'obscurité de plus en plus profond. Je me détend. Travaille ma respiration. Peu à peu, ça danse autour de moi. Je ne "vois" pas vraiment les choses, mais je les ressens. Je sens l'espace, autour de moi. Et je tournoie. D'abord avec le lit, sur lequel je me sens très lourde, écrasée, puis finalement juste avec l'esprit. Le corps disparait. Je me laisse faire, petit à petit. Parfois, je remue le bout des doigts, juste pour savoir si je suis toujours là, si j'ai gardé la connexion avec mon corps.
Sur mes paupières se projettent la lumière au rythme de la musique. Ça m'a semblé durer des heures. J'avais l'impression de me trouver entre chaque son. J'étais dans la musique, et j'investissais ses espaces, ses interstices, de lumière.
Je me laisse faire par la musique, qui se termine après ce qui me semble un temps infini…
J'ouvre les yeux. Je me dis fuck, fuck, fuck, il faut absolument que je me rappelle de ce moment. Je me relève, en position assise sur le lit, et j'écris un SMS à un autre pote.
Je met "Signal the Captain", toujours de Of Porcelain, et j'écris. Je suis surprise de voir aussi clair. J'ai aucun problème de vision trouble, comme ça peut m'arriver avec la MD quand je suis totalement perchée.
Pendant ce temps là, la musique coule au dessus de moi comme un flot d'onde bleue. C'est très dur d'écrire, je sens la musique le long de mes bras, mais je suis très bien, au dessous de cette douche d'onde.
Après ce SMS, je décide d'arrêter.
Je me lève, j'éteins la musique, un peu à regret, et je reviens dans la soirée. Complètement décalée, mais le cerveau beaucoup beaucoup plus clair, et apaisée. Je réalise seulement à ce moment là à quel point ça été la tempête sous mon crâne quelques minutes auparavant. Ça me semble irréaliste, d'ailleurs, j'ai l'impression d'être partie trois-quart d'heure, une heure… Mais je sais qu'en rationalisant, avec le nombre de morceau que j'ai écouté, je ne suis partie que dix minutes, à peine.
Je reviendrais deux ou trois fois dans la chambre sombre, pour partir dans mes trip musicaux.
"Comme une droguée qui viendrait faire son shoot", j'ai pensé en fermant la porte. "J'ai gloussé". J'ai pas gloussé, mais j'ai pensé, "j'ai gloussé".
Au deuxième trip, j'ai lancé MitiS, et son EP "Delivrance".
Cette fois-ci, j'étais assise sur le lit. Et je me suis mise à tomber très doucement, au fur et à mesure de la musique, pour me prostrer, jusqu'à ce que ma tête touche mon genoux. C'était, dans ma tête, une réelle plongée dans mon esprit. Je cherchais le vice. Je voulais trouver ce qui n'allait pas. J'étais acharnée. Mon corps, en suivant le mouvement, était le moteur de cette plongée interne.
Le seul problème, c'est qu'à chaque fois que ma tête touchait mon genou, je n'arrivais plus à descendre. Un peu, mais je stagnais. J'étais donc obligée de mettre mon trip sur pause, en sortir, me relever, et repartir plus profond.
À l'intérieur de moi, j'élimine petit à petit les choses superficielles. C'est une vraie chute, comme le long d'un immense tunnel de plus en plus sombre. L'obscurité de mes paupières closes se fait de plus en plus dense, et les visions de plus en plus précises.
Ma tête finit par toucher mon genou à nouveau.
Et je pense : "Si seulement c'était possible rester à l'intérieur, mais de me relever" Et mon trip m'obéit. Et je fais le mouvement inverse. Je me relève. Mais dans ma tête, c'est complètement différent. Je m'élève. Plus je m'élève, plus je vais vers une forme réelle d'orgasme.
"Putain, mais c'était ça. C'est pas au fond qu'il fallait chercher. C'était en haut."
"C'était en haut".
Y'a un truc qui a changé à ce moment là. Il m'a semblé réaliser que j'avais pas arrêté de chercher "au fond de moi", mais que je n'avais aucune idée de ce qui se passait "en haut de moi".
Je n'avais pas confiance en moi, et je cherchais quelque chose qui n'allait pas là où tout allait bien. Les bases étaient saines. Je n'étais plus rongée par quelque chose. Il me fallait juste du temps pour faire grandir tout ça.
"C'était en haut."
Et puis soudainement, je contrôlais tout. Mon corps était encore sous mon contrôle, mais mon esprit aussi. Et de continuer de monter, monter, monter… Il y avait des pensées qui se formaient sur le chemin, des parapluies (oui oui) qui fleurissaient, c'était beaucoup plus profond et complexe qu'une simple ascension.
Je crois sincèrement que j'ai eu un orgasme à un moment. J'étais tellement heureuse, tellement soulagée d'avoir réalisé que "c'était en haut" que je ne cherchais plus rien d'autre que cette montée, montée… Le paysage duquel je m'élevais était doux, blanc, duveteux, un peu comme des lambeaux de lumière ou de brume. Et de monter, monter.
Je ne sais même plus à quel moment, comment, ou pourquoi je suis sortie de cet état, et de la chambre.
Les autres fois où je me suis isolée dans la soirée étaient moins intenses.
Mais je contrôlais toujours tout. J'étais d'une lucidité incroyable. Déjà, quand je prend de la drogue (haha, c'est fun, dit comme ça), je deviens mystique. J'ai tendance à croire que je peux tout faire avec mon esprit, ou presque.
Mais là… Je me suis dis qu'après avoir exploré l'espace "en haut/en bas", j'allais exploré l'espace de façon latérale. Et puis après ça, j'ai décidé de provoquer volontairement des hallucinations à oeil ouvert. J'ai d'abord commencé par faire bouger les murs de la pièce. Mais c'était lent, et assez pénible, il y avait comme un temps de latence. Mes hallucinations "lagguaient". J'avais aussi du mal à apporter des hallucinations directement venue de mon imagination. Ça me demandait une concentration folle, et quand j'y arrivais, ça restait extrêmement vacillant. Par contre, j'étais tout à libre de moduler ce que je voyais déjà. Les couleurs, c'était le plus simple. J'ai surtout modifié l'espace. J'avançais, et reculais les murs et le plafond.
J'ai aussi essayé de m'extraire de mon corps, d'en effacer les contours, et de me regarder, mais je restais irrémédiablement coincée à un certain stade... Je crois que j'étais pas prête à abandonner mon corps. J'avais peur que, tout seul, il fasse une dépression respiratoire, ou qu'il tombe dans le coma.
Puis bon, ce qui devait arriver arriva, quand on choisit un setting aussi moisi, à savoir que quelqu'un de bourré est brusquement entrée dans la chambre. Déconcentration totale. J'ai préféré m'enfuir, et rejoindre la soirée.
Je suis doucement redescendue, malgré deux autres essais dans la chambre, pour finir par rentrer vers 3h du matin. Fatiguée, mais contente du voyage.
"Pour un test allergique."
C'était donc un trip absolument pas prévu comme tel. Bien 6h de bodyload, avant les premiers effets… Tout ça s'est fait très tranquillement, mais je me suis pris une bonne petite claque, quand même. Je m'y attendais pas du tout, pour dose quand même assez faible (2,5mg/kg), et répartie en deux fois.
La prochaine fois, je bosserai un peu plus sur le lieu, quoique celui là n'était pas déplaisant, j'étais souvent prise entre l'envie de profiter de la soirée, et celle de profiter de la molécule…
Finalement j'aurai réussi à faire les deux. J'ai aussi conscience que le mélange de l'alcool/joint/DXM aurait pu se révélé mauvais pour une première fois, mais tout ça s'est fait avec beaucoup de contrôle de soi. J'ai passé la journée à checker mon état pour savoir si c'était possible de boire/fumer/redropper, chose que je suis arrivée à faire avec plus ou moins de lucidité (contrairement à la MD, dernièrement, m'a fait complétement perdre les pédales, et redropper au limite du mauvais trip.).
Je pense que l'état méditatif avec lequel j'ai mené l'expérience à bien plus poussé la chose que le DXM tout seul. Bref, à recommencer, mais pas dans les prochaines semaines. J'aimerai bien mener l'expérience beaucoup plus loin, et travailler sur cet abandon du corps, essayer d'être un peu moins "controlfreak".
Voilà. Navrée pour l'écrire (et une concordance des temps hasardeuse). C'est mon premier TR que voilà.