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Styloplume
Guest
Bouddha au jardin,
Mouette et sa 8.6,
le kif complet
DXM + Cubensis
rédigé par
Styloplume
Haha. On a tous pris cher. Du coup je me retiens pas. Ça faisait longtemps que j'avais pas écris un bon gros TR de vingt pages. Z'en avez pour au moins une demi-heure de lecture, alors roulez-vous un petch et profitez du voyage. (Oh oui j'ai confiance en moi, je suis beau et intelligent, oh oui Styloplume, oh oui encore !)
Un petit disclaimer aussi : ce TR parle de moi, de moi et encore de moi (bon, et des autres aussi, mais de mon point de vue). Moi je moi je m'aime, je raconte les choses de mon point de vue, avec mon opinion. À mon avis, la drogue est moins importante que ce qu'il m'arrive psychologiquement, du coup je raconte tout de la même manière. Si vous voulez lire un TR qui explique, grosso modo, que je me suis pris telle drogue et que j'ai kiffé parce que j'ai pris telle drogue, et ben passez votre chemin. (ceci dit j'ai effectivement pris de la drogue et j'ai effectivement kiffé, mais pas que pour la drogue, mvoyez)
Par contre, si vous aimez les prises de chou psychonautiques, la psychologie de comptoir, la spiritualité à deux francs, les descriptions de Mouette avec sa 8.6, les démonstrations d'humour gras, et ben faites-vous plaiz'.
La Beurre-Tagne c'est moins loin que Katmandou
En avant pour cette ''petite sauterie psychonautique'' chez Mouette.
Je monte dans le train avec tout plein de pensées en tête. J'ai fait un trip au THC la veille, qui était franchement chaotique sur toute la descente, et où j'ai bouclé sévère, mais sévère. Pendant ce trip ma principale pensée parasite c'était : « Et merde, je pars me droguer ce week-end alors que j'ai du retard dans mes statistiques ».
Pas brillant.
Mais je monte dans ce train quand même, évidemment. Mouette m'a invité, je vais retrouver tout le monde, je peux pas rater ça. Je veux les voir. Je n'ai pas d'autres attentes. Je veux juste les rencontrer. Oui, bon, j'ai apporté une bonne quantité de DXM, mais c'est plus histoire de ne pas venir les mains vides. Je doute que quiconque prenne du DXM ce week-end, le DXM c'est flou, c'est pas populaire, surtout pas en mode social. Et puis de toutes façons, il y aura plein d'autres produits, sûrement.
Donc je monte dans le train, je laisse mes soucis de statistiques derrière moi. Je laisse beaucoup de choses derrière moi. Je sens qu'il va se passer quelque chose d'important.
Pendant le trajet je m'ennuie alors sur mon portable je consulte mes TRs en ligne, je me fait une rétrospective nostalgique d'un pseudo-âge d'or où je prenais du DXM tous les deux mois et où j'en tirais les leçons avec un fat TR. Ce temps est révolu, il faut passer à autre chose.
Bref. Me voilà arrivé. Il est 18:00, vendredi 31 novembre 2012.
Des retrouvailles minées à la kéta
Maismaismais ! Je le connais ces mecs sur le quai de la gare ! Mouette et Larry ! Ah !
Retrouvailles nickel. On marche une minute pour se retrouver chez Mouette, il vit dans ce qui ressemble à une ancienne dépendance de ferme, aménagée pour vivre. Il y a une entrée, une cuisine, un salon, d'où part un escalier qui va dans la chambre du dessus. Cette chambre, au dessus, couvre la surface cumulée du salon et de la cuisine. On a de la place ici.
Nous voilà à trois, on attends Piou piou, Lullaby et Grisâtre. Sludge doit arriver un peu plus tard, ah, j'ai pas envie de me prendre le chou à détailler tout ce qui se passe, on fait un saut jusqu'à 22 heures, quand Sludge arrive.
Bien, tout le monde est là pour le vendredi soir. Les seuls à venir encore sont Mario et Peach, demain. Mouette, pendant qu'on prépare quelques affaires, a le temps de nous raconter sa vie, avec la dose d'auto-vannage qui lui est propre. C'est beau à voir, putain, et c'est beau à entendre. Lullaby a ramené un gâteau aux choco-pops+carambar+marshmallow, ah, c'est over puissant ce truc !
On est tous posés dans le salon, un gros chill bien cool avec des lumières sympa, autour du saladier magique. Le saladier magique, c'est un récipient dans lequel on a mis en commun tout ce qu'on avait : de la salvia en veut-tu en voilà, les quatres plaquettes de DXM que j'ai apporté, des 2C-x à n'en plus finir, de la MXE il me semble bien, de la kéta, des RCs que je ne connais pas, la kéta de Piou piou (beaucoup de kéta), de la MD peut-être... sans compter que Sludge n'y a pas mis ses champis et sa DMT et tous ses supers RCs.
Devant ça, Mouette est assis, installé comme un roi, et lance à la cantonnade : « Je sais pas pour vous, mais moi je me vois bien prendre quelque chose. Seulement, je ne sais pas quoi. »
Nous non plus on sait pas quoi. Piou piou propose qu'on pioche au hasard. Sludge imagine un jeu de dé : « Un dé pour le prod, un dé pour la dose, un dé pour la ROA... »
On tombe sur un consensus : la ké c'est convivial, ça se prend en trace, et puis y'en a assez pour tout le monde. À côté de ça, Lullaby a ramené un petit bout de Haschich dont Larry tire quelques joints au cours de la soirée.
C'est ainsi que je découvre la saveur piquante de la kétamine dans mes fosses nasales. C'est assez affreux, le drip a un goût horrible, mais la petite trace de débutant que m'a faite Larry monte joliement, je danse en mode shewing-gum, c'est cool, et pendant ce temps tout le monde partage des discussions bien sympa.
Tout le monde échange sa vie, son expérience des drogues, ses blagues, ses histoires... ça fait vraiment plaisir de voir le forum prendre vie. C'est comme au Hadra, en plus normal. Ici, nous sommes chez Mouette, dans nos vies, en mode convivial. Ça ressemble beaucoup plus à notre façon d'apprécier la drogue : on n'est bien que chez soi, là où on peut vomir tranquille, jouer à Mario Kart, redroper safe, se coucher quand on veut, et surtout se poser sur un bon canapé. Rien à voir avec le Hadra. Plus qu'un intérêt pour la drogue, c'est un mode de vie qu'on partage : des RCs sur la table, un miroir où poutrer la kéta, des trip toys, de la musique dans les enceintes, des gens qu'on aime. Voilà quelque chose qui nous correspond, à tous.
Pas de gros trip report sur cette première soirée. C'est surtout l'occasion de faire connaissance. Piou Piou et moi débattons pour nous mettre d'accord sur une chose : nous ne sommes pas d'accord.
Larry et moi nous aspirons chacun une grosse poutrasse de ké qui nous emmène beaucoup trop loin, et il se passe quelque chose que nous n'avons pas envie de raconter. C'est dur. Nous savourons ensuite quelque chose de simple : demain nous en reparlerons quand nous serons sobres.
Mouette prends sa race aux champis, il rigole d'un bout à l'autre, ça fait plaisir.
Sludge, pour moi, prends le rôle du modo des prods. Avec son savoir encyclopédique, il fait autorité pour moi sur les doses, les voies d'administration, les combos, etc. Ça fait du bien de sentir la présence d'un gars qui a passé du temps sur erowid et qui fait de la RDR sur le forum. Ça cadre.
Quelques tentatives de DMT auxquelles je ne participe pas, mais ça rate plus qu'autre chose apparemment, et puis le set & setting ne s'y prête pas vraiment.
« Une pensée émue pour Hatsu qui se prends un trip au 2C-D chez elle, les amis ! » Mon amoureuse, en effet, est assez dégoûtée de pas pouvoir être là avec nous. Je parviens à installer Skype sur l'ordi de Mouette (prouesse sous ké), et Hatsu partage notre soirée en meublant l'écran. L'ordinateur passe de bras en bras, tout le monde parle avec Hatsu, l'un après l'autre.
Grisâtre me fait un massage, aaahhh sous kétamine+THC c'est un bonheur. Merci mec !
Défoncé par le contact humain, je décide de faire mon numéro, et je raconte, devant tout le monde (dont Mouette, dont les yeux me contemplent, hallucinés), les TRs que je n'ai pas publiés sur le forum. Le THC aidant, ça devient méchament mélo-dramatique, je vide mon cœur, je m'ouvre, je m'ouvre, je raconte les choses que j'ai faites et qui m'ont marquées, que j'ai regrettées en même temps que je les faisais... ça fait du bien. Ah, il paraît que mes confessions ont bercé Lullaby. Je sais pas si j'ai mis les gens mal à l'aise, mais moi je me suis bien lâché. Larry vient et me prends dans ses bras, ça me permet de me calmer. Sludge me tient la main, aaaahhh ça fait du bien d'avoir des psychopotes qui me comprennent. Merci les mecs, merci merci.
Mouette et Piou Piou sont dans la cuisine. Piou Piou, affalé par terre, kiffe sa vie, ne calcule rien. Il l'a dit : « Je suis venu me mettre une mine, et je me met une mine. Je suis par terre dans une cuisine à 800 km de chez moi, défoncé à la ké, avec des gens que je ne connais pas, tout va bien ! » Et Mouette qui en profite pour faire de Piou Piou la victime de ses vannes en majeure partie auto-critiques. Ça fait plaisir de voir ça.
Plus tard, en haut dans le lit de Mouette, je me retrouve avec Larry et Sludge. Je prends la guitare, joue quelques mélodies pendant que Larry parle, haha, ça fait super mélodramatique, Larry arrive même pas à parler, il a l'impression d'être dans un film. Moi j'aime bien pourtant.
Ensuite je chante mes trucs, et puis je tâche d'improviser sur les thèmes dont Larry parle, afin de faire un partage intellectuel sur le truc. Larry suit pas trop, alors d'accord, je joue mes trucs gentils, et l'hymne de nos campagnes. Sludge se met à chanter avec moi, haha, je suis content.
Et la soirée s'allonge, s'allonge... et finalement, autour de 6 heures je me couche, pour m'endormir direct.
Samedi matin, 10 heures
Je me réveille à moitié pour entendre Sludge : « Quelqu'un vient avec moi chercher Mario et Peach ? » Go go go. J'enfile mon manteau sur mon pyjama et c'est parti.
Ils sont là ! Arrivés de la gare en covoiturage, voilà Mario, et voilà Peach. Première remarque : Hé, mais Mario, hé mais il est Noir ! Je phase, ravi, sur sa salopette (ça fait un bon costume de Mario), sur son sourire géantissime, sur ses cheveux crépus. Stylo en mode gamin qui découvre le monde : « Je peux toucher tes cheveux ? »
Et Peach, super sympa. Les deux super sympas. Ils arrivent, il se posent, on échange direct en mode ''on se connaît pas mais on va bien s'entendre'', et voilà que ça suffit, du coup on s'entend très bien.
Le reste de la maison s'éveille petit à petit.
Brace yourselves, epic night is coming
Donc, toute cette journée est consacrée à faire le ménage, à se laver, à manger un bout, à faire connaissance, encore, à dormir un peu plus pour ceux qui en ont besoin.
Larry et moi partons nous promener et avoir la conversation sobre qu'on voulait avoir depuis hier. Ah, ça fait du bien. On discute beaucoup de moi. C'est que, comme la plupart des psychonautes, je me confronte beaucoup à l'image que je renvoie de moi. En plus de ça, chaque fois que je trouve quelque chose qui me plaît, je l'impose aux autres, j'en fait une religion, je balance ça avec parfois pas mal de violence... Grosse remise en question.
Larry a beaucoup de pacience avec moi. C'est que j'ai la tête dure, c'est pas facile de trouver mon compromis entre me remettre en question et m'affirmer avec ce que j'aime être.
On discute aussi, évidemment, du trip kétaminé de la veille. Le trip auquel on a presque rien compris et pendant lequel j'ai eu un comportement un peu douteux. On a fait peur aux autres, je pense.
Bref. Larry et moi on se ressemble par plusieurs aspects, on se reconnaît comme amis, et on prépare le terrain pour ce soir aussi. On fait du set.
Dans ma tête, c'est... mmh. Qu'est-ce que je vais faire ce soir ? Les 2C-x ça me tente pas. La ké non plus. Le DXM c'est une option un peu trop Stylo à mon goût. Marre de mes trips au DXM. L'idéal serait du LSD bien sûr. Bon, il y a des champis, mais j'ai pas envie de me limiter à ça.
Je me confronte avec la façon de triper des autres. Elle consiste, principalement, à droper plusieurs fois une substance, et à redroper la même ou une autre quand ça retombe. Par exemple, un 2C, puis de la ké au bout d'une heure, quand ça se présente, puis, quelques heures plus tard, un autre psyché, plusieurs heures après.
L'effet obtenu me semble être une perche en plateau ondulé : des moments forts, des retombées, un moment fort à nouveau.
Mmh. Ça ne me parle pas du tout. Je ne me vois pas faire comme ça, ça me semble trop déstructuré pour moi. Les redrops de kéta d'hier et le tartinage de THC par dessus m'ont un peu épuisé. Je préfère triper avec un début, une montée, un plateau qui contient un pic, et puis une descente.
Un seul drop alors ? Oui, mais quelle substance ? Aucune ne m'intéresse en particulier. Alors, autant faire un combo. Oui, un combo ! Voilà qui ressemble à la mentalité des autres, et à ma volonté de ne faire qu'un drop. Mais un bon gros drop alors.
Le combo qui depuis longtemps me fascine, bien sûr, c'est celui de mes deux produits favoris : LSD et DXM. J'ai lu un TR sur erowid, il m'a marqué, je veux tenter cela.
Bien, pas de LSD. Ah, mais on a des champis, ça a un fonctionnement équivalent, même si la durée est plus courte. Je n'ai jamais essayé les cubensis, mais je m'en moque, rien ne peut me faire peur en terme de psychédélique classique, après ce que j'ai vécu au LSD.
Donc, je me met à prévoir un combo DXM+cubensis. Maintenant que j'y pense, il y a aussi, bien sûr, le TR de DXM+champotes qu'Ubik a publié, qui m'a influencé. Un TR enthéogénique au possible avec des yeux de chat partout.
La soirée se rapproche. C'est bien. On se met en condition mentale. Tout le monde est là, Mario et Peach on fait connaissance avec tout le monde et se sont intégrés sans aucun problème dans ce groupe de toutes façons encore jeune. On a une bonne cohésion, un respect total entre les personnes, beaucoup moins de raison de partir en cacahuète qu'au Hadra (le setting est bien meilleur), donc le set & setting est, je trouve, très très bon.
Il est six heures, après cette journée conviviale, les gens se mettent à droper ci et ça. Moi j'ai sommeil, je n'ai dormi que 3 heures la nuit dernière, mais je ne veux pas rater la soirée (la suite m'a montré que j'aurai mieux fait de dormir quelques heures... mais c'est pas grave).
Étrange. Je ne vois pas quoi raconter avant mon drop. Les gens sont ensembles, voilà tout. Et c'est très bien comme ça. Je prends ma douche, je suis content de me mettre propre.
Donc, les gens se mettent à droper. Et c'est là que moi aussi je drope. Et là on passe en mode détaillé.
Double drop !
Donc, c'est parti. Allez, je chope une plaquette de T ne dans le saladier magique, je décapsule, je gobe ça comme un gros junkie, je fais passer avec de l'eau. Pendant l'après-midi, j'ai bu une bonne quantité de jus de pamplemousse que m'a ramenée Super Mario (merci mec!). Je doute de l'efficacité du jus, c'est qu'il contient peu de pamplemousse blanc, je pense (c'est un mix pamplemousse blanc/pamplemousse rose). Mais peu importe. Je gobe.
Pendant ce temps, je réserve une dose standard de cubensis auprès de Sludge : 1,4 grammes. J'ai bien fait de réserver, Sludge fait office de Carrefour Market avec ses 8 grammes de champotes. Larry, lui, semble me regarder droper mon DXM et réserver mes champis d'un œil intéressé.
18:30 Drop de 360 mg de DXM.
Et je vais vaquer à mes occupations. Je monte à la chambre, je redescends... souvenir flous. Qu'est-ce que j'ai fait en une heure ? Je m'allonge sur le matelas au milieu de tout le monde, je m'étale. Les gens m'aiment, c'est la seule chose importante pour moi : je peux être moi-même et faire ce dont j'ai envie.
Les démangeaisons s'installent. Je me gratte, je sais que ça ne dure pas. Je comprends vaguement que Larry (qui est en train de se prendre un trace de ké), compte faire le même combo que moi. Il a déjà dropé son DXM et a aussi réservé ses cubensis au Sludge Supermarché.
Bon Dieu mais pourquoi j'arrive pas à me souvenir des gens, à ce moment-là ? Un effort. Je suis juste allongé au milieu des psychonautes, j'entends Lullaby raconter des trucs, Mouette est à côté de moi, avec sa 8.6 à la main, ou pas encore, mais pour moi le souvenir de Mouette c'est : affalé sur une chaise, sa 8.6 à la main, avec un gros smile de porcasse bien satisfait sur le visage. Piou Piou reste distant de moi depuis hier soir, même s'il m'a fait un câlin surprise tout à l'heure. Grisâtre je ne le voit pas, Mario est omniprésent avec son sourire, en fait il a tendance à s'effacer beaucoup pour rentrer en empathie avec les gens, il fait ça super bien. Peach est super sociable, s'intéresse à tout. Ah, faut le dire pour ceux qu'on pas encore capté : Peach c'est une fille, comme Lullaby ! D'ailleurs elles sont toutes deux franchement jolies, ça fait descendre le rapport testostérone/oestrogène d'avoir des filles avec nous, ça calme les mecs, bref c'est bien. Sludge, lui est près de la table, le maître de la balance, des champis, des paras, et de la DMT. Il est à sa place. Larry, j'en suis proche depuis cet aprèm et depuis longtemps dans ma vie, mais je ne sais pas ce qu'il pense ou ressent en ce moment.
Donc, je suis au milieu de tout ce beau monde, sur le matelas, et je me gratte la tête parce que ça monte. Je me suis dit, comme pour le TR DXM+LSD lu sur erowid, que je laisserai monter le DXM avant de droper les cubensis. Je veux laisser monter les cubensis sur le bodyload désagréable de la montée de DXM (ce bodyload qui disparaît au bout d'une heure).
Donc, très bien.
19:30 Drop de 1,4 grammes de psylocybes cubensis secs.
Je mâche mes champignons rapidement, ça a un peu de goût, pas trop, et puis zut. Gloups gloups j'avale les champis. Et puis hop, ça y est, c'est fait, alea jacta est.
Montée et vague malaise
Une fois que c'est dropé, je bouge un peu, je monte à l'étage, où il n'y a personne. J'échange des SMS avec Hatsu régulièrement depuis le début de la journée, mais d'un coup je phase. J'ai pas envie du tout de triper en échangeant des SMS avec elle ou en téléphonant régulièrement. Je veux être seul dans mon trip, sans me sentir attaché au téléphone. J'en parle avec d'autres, et Sludge me confirme que c'est mieux de triper sans être gêné par des choses extérieures. J'envoie un SMS à Hatsu pour dire que je me met en mode avion, et je le fais. Mais je le fais de façon pas très matûre, du genre « Sludge m'a dit que, alors je fais comme ça », ce qui est une justification pas très propre. J'ai pas assumé de mettre Hatsu en dehors de ma vie comme ça. Mais je l'ai fait et ça a fait du bien. Bam, un gros paquet de pensées en moins, d'un coup.
Peach me confirme que c'est normal de se séparer de son compagnon pendant un trip.
Il est huit heures. Ça monte sévère, mais moi je reste tranquille.
Avec la montée j'ai le petit malaise qui monte. C'est un malaise qui maintenant je le sais est commun à presque tous les psychos, du moins ceux qui sont ici. Mouette décris très bien le truc : « Je regarde autour de moi et je me demande ce que je fous là, au milieu de gens drogués que je ne connais pas. » Moi aussi, je me demande ce que je fous là.
J'étais en haut, je redescend pour voir les gens assis sur les canapés et chaises, Mouette avec 8.6 à la main, et tout le monde discute. Et c'est tout.
C'est tout ? Tout le monde discute ? Elle est où la psychonautique là-dedans ? Elle est où ma recherche de Dieu ?
Ah, je suis en train de reprocher aux autres de pas être comme moi.
Donc, je ne me sens pas intégré dans le groupe avec ma différence.
Il faut que je m'affirme. Où est ma guitare ?
Shaman guitar
Donc, j'ai chopé ma guitare, et je m'assois devant le canapé où trônent Piou Piou, Lullaby, Grisâtre. À ma gauche, Mouette, assis sur sa chaise avec sa 8.6 (bordel mais c'est tout ce que je retiendrai de lui!). Plus loin, Larry, Sludge, Mario.
Je m'accorde et je commence à jouer. Une remarque fuse, elle vient de Sludge : « Hé, on chante pas encore Tryo ! » Ah, Sludge en a marre, j'ai déjà joué deux fois l'hymne de nos campagnes. (J'en profite au passage pour dire que Sludge chante volontiers et qu'il a une jolie voix ! C'était cool de chanter avec lui)
Bon, je ne joue pas Tryo. Bien. Je vais jouer ce que j'aime.
Et BAM, je joue ce que j'aime. Je ne sais pas combien de temps ça dure, je dirais, une demi-heure. Piou Piou me contemple, un rubik's cube appuyé contre la joue. De temps en temps, quelqu'un parle, échange une remarque, et tout de suite je me met à baliser : « Ah, ils parlent ! Ah, il ne m'écoutent pas ! Ah, je n'existe plus ! » et puis je me dit « Et merde, bon, je joue mes trucs quand même. »
Alors je joue, je chante, j'enchaîne les mélodies que je connaît. Aydishe Rastaman, Seven Nation Army, L'Amant de Saint-Jean, Moonlight densetsu, tout est passé au remix Stylo. J'enchaîne les morceaux avec des transitions assez smooth, je cale le texte que je veux sur le rythme qui me plaît, je je je je je ah putain oui c'est moi qui fait tout ça, je m'affirme, je joue mes propres compositions, je cale ma voix bien grave pour faire des vocalises chamanesques, et puis j'arrive presque à atteindre le moment où ce je disparaît, où je laisse place à la musique, où je peux m'effacer. Je sais qu'il est possible de jouer et de chanter comme ça, je l'ai déjà fait, plusieurs fois.
Mais là, j'en ai fait assez, si on voulais aller plus loin, il faudrais que tout le monde joue avec moi, qu'on fasse des boîte à rythme, qu'on chante à plusieurs, et je sens qu'on n'en est pas là, on n'a pas atteint ce mood tous ensemble.
Mouette me confirme qu'on a atteint je ne sais quelle limite, en poussant un rot tonitruant à la fin d'un morceau. J'en profite pour me marrer et échanger des vannes avec lui.
Les autres me font des compliments sur mon jeu et je sens que je suis décidément sorti du malaise de la montée. Je suis dans le plateau, cette fois. Et je suis bien intégré au groupe, j'ai ma place, je sais qui je suis, et je sais où je suis.
Quelque chose reste à faire – sortir !
Bien, une fois que j'ai rangé ma guitare, je me met à vaquer à mes occupations, heu, quelles occupations ? Qu'est-ce que je fous là, maintenant ?
Merde, la question est revenue : qu'est-ce que je fous là ? Cette fois elle vient sans l'angoisse, et du coup la réponse est toute trouvée : je fais ce que je veux.
Qu'est-ce que je veux ? Un peu marre de traîner avec les gens, je voudrais être seul. Je ne sais pas pourquoi, mais ça se décide tout seul. Je décide de récupérer mes affaires.
En cherchant mes affaires je tombe sur Sludge et Larry en train de chiller sur le lit de Mouette, dans le noir. Je m'aperçois que je tape masse d'hallus dans le noir. Je reprends mon casque, je retrouve mon portable, même si Lullaby m'envoie une remarque bien nihiliste : « Mais tout le monde a déjà perdu son portable ici ! » Non non je fais la guerre, je retrouve mon portable, et hop.
J'enfile mon manteau, mes chaussures (le kif d'avoir des chaussures, quelle magnifique invention!), je sors.
Le jardin en mode half-life
Me voilà dehors. Au calme. Dans le jardin, que je décide d'explorer.
Tout doucement mon esprit se tait, et la nuit, la nuit splendide et éternelle, cette nuit ancestrale, prends la place. C'est comme un livre d'image qu'un enfant parcours en silence.
Le silence. Le silence !
Je m'avance dans le silence, et tout commence à devenir très, très cool.
Imaginez-vous dans half life, ou dans tout autre jeu d'aventures avec des grosses map angoissantes. Et vous vous retrouvez dans la forêt. Ou non. Pas une forêt, il y a de la pelouse, elle s'étend, s'étend, et ce jardin est grand, décidément. Je le découvre comme une map qui apparaît par à-coup, en jeux vidéo on appelle ça du cliping.
À ce moment il n'y a encore pas beaucoup de visuels. Je continue de m'avancer, et d'un coup je me demande ce qu'il y a qui me griffe les jambes. Je touche... une épine ! Ce jardin n'est pas très accueillant en fin de compte... voilà qui rajoute à l'effet half life.
Toujours dans un silence complet, rythmé seulement par mes bruits de pas, je m'avance religieusement vers une tache claire sous un arbre. Je me penche. L'obscurité rends tout difficile à voir : est-ce un banc, est-ce quelque chose d'accueillant ?
Je m'agenouille lentement, précautionneusement, pour tâter cette tâche claire que je vois. J'avance mes mains. Mes mains ! Elles sont bleues, bien dessinées, avec un contour HD rendu un peu flou par la faible lumière. Je peux les bouger sans manettes, c'est fascinant ce jeu. On dirait la vraie vie. Et en même temps, je sais que c'est la vraie vie, en mode plus plus. C'est fascinant.
J'avance ma main vers la tache claire, je vois que c'est un parpaing avec des pierres dessus. J'attrape doucement une pierre, je la soulève, comme on le fait dans un jeu d'aventures, quand on explore une map et qu'on examine tout minutieusement à la recherche d'objets utiles. Ainsi, ce n'est qu'un parpaing avec des pierres dessus. Je me suis agenouillé sur une petite surface en béton.
Je suis la bête
Assez exploré. Je relève la tête, et aperçois la nuit, bleue, floue, magnifique. L'horizon où se croisent le ciel, la terre, les branches de l'arbre sous lequel je me suis agenouillé... tout est teinté d'un parfum onirique, tout est piqueté de formes géométriques minuscules qui s'articulent pour devenir des arcs de cercles qui s'emboîtent. C'est magnifique.
Fini le jeu vidéo. Je suis une bête, un prédateur, plein de force et de pouvoir, un loup en chasse. Puissant, capable de vivre sans se poser de question. La force me remplit, me submerge, ma bouche se crispe en un rictus de puissance satisfaite. Je suis la bête.
Méditation double plus plus
Une intuition naît : je m'assied sur le béton, en demi-lotus, avec les mains posées sur les genoux. Je ferme les yeux.
Une colonne d'énergie monte, c'est très clair, c'est très propre. Des visuels précis s'installent partout, et j'observe tout ceci avec attention, en prenant soin de ne pas oublier que j'ai un corps, que je respire. Et je respire. Et plus je rentre dans mon corps, plus ça part loin.
''Ça'' part loin ? Qu'est-ce que ''ça'' ? C'est comme si quelque chose voulait s'échaper. Je suis pris entre deux options : laisser ''ça'' partir loin, me déconnecter de mon corps, partir ; et, autre option, rentrer dans mon corps.
Deuxième option. Je me souviens de ce que m'ont dit les bouddhistes (observer sa respiration) et de ce que vise Galaad (s'incarner). Donc, j'envoie chier tous les visuels et j'oriente mon focus attentionnel vers ma respiration.
Badabam. Mon corps est là, la respiration aussi, et les visuels sont en fait multipliés par cette connexion avec mon corps. Baaaaaaammmmmm ça part loin. Allez, on y va cette fois, on se laisse partir.
Donc je pars un peu. Je suis entre deux pans de l'univers, deux plans verticaux entre lesquels j'avance. Je vois la Mère s'avancer, notre mère à tous. C'est touchant, mais je n'en reste pas là, le visuel est encore fragile.
Retour au corps. Respiration, les mains les genoux, check. Je me sens vraiment comme Siddhartha Gautama, qui au moment de son illumination, tape des hallus monstres mais n'en a rien à foutre. Moi aussi, je m'en fous. Plein de gens paieraient cher pour voir ce qui passe devant mes yeux, mais moi je me paye le luxe royal de passer outre.
Je suis en train de suivre un courant d'énergie qui vient de mon corps, qui remonte, qui me fait cambrer la tête, bloque ma respiration... l'énergie est énorme, je n'ai rien d'autre à faire que d'obéir... bordel je manque d'air... bordel c'est la mort qui se pointe, oh oui, oh oui, oh non, ah, tout à la fois, l'énergie se concentre dans ma gorge bloquée... je n'ai plus d'air.... jusqu'où je suis prêt à aller ? Est-ce que je suis prêt à mourir d'asphyxie ?
Non. Hop, retour à la respiration. Et voilà, la connexion se remet à zéro, les hallus reviennent, comme toujours. Pas de mort aujourd'hui.
Connexion avec la bête, à nouveau. Mon visage se tord dans le rictus de puissance. La bête est là, pas de galère. Ah, c'est le kif cette méditation, je suis un chamane qui tripe à bloc dans son jardin.
Ainsi, la méditation sous psyché c'est plus facile que sans, mais l'effort à fournir est le même : passer outre les circuits de pensée, revenir à la respiration. Bien sûr, ces circuits, en ce moment, sont nettement plus intéressants qu'en temps normal. La Mère, la Mort, la Bête... autant d'archétypes passionnants.
Je tâche de me focaliser sur ma respiration, des pensées parasites viennent, repartent, c'est devenu une méditation normale, mais ce combo de taré, DXM+cubensis, la rends géante. Les champignons apportent la lumière, les connexions, les couleurs, les archétypes ; et le DXM permet d'évacuer les pensées parasites beaucoup plus facilement, il permet d'éviter de s'identifier aux pensées, m'en dissocie. Sludge, plus tard, a trouvé un bon mot pour qualifier le DXM dans mon combo : clinique.
Pendant toute cette méditation, je suis rempli d'une paix énorme, d'une confiance incomensurable en la vie. Je suis sur une île, je suis en moi. Ça baigne dans la lumière et la simplicité. Je suis en train de vivre ce que Gamida a vécu sous champignons, sur son fauteuil, dans le silence : un pur moment de tranquilité, de lumière, d'amour.
Je me dit que c'est quand même abusé ce que je fait, c'est juste trop facile, ha ha, dire que le monde se prends le chou pour des conneries alors qu'il y a tant de paix à portée de la main... à portée de ma main.
Des sons m'arrivent : il pleut légèrement pendant trente secondes, puis la pluie s'arrête. Et moi, en méditation, comme le Bouddha qui n'en a rien à carrer de la pluie, qui s'en cogne, mais alors, qui s'en cogne salement, et ben je ne bouge pas, j'observe la pluie venir et arriver, j'observe ma peur de la pluie, ma peur de finir mouillé, et ma peur s'en va comme la pluie s'en va. Toute sensation est éphémère. Ah, c'est franchement bouddhiste cette méditation.
Pas de mort-renaissance !
Donc, au bout de ce que j'estime être une demi-heure (mais ça fait sûrement 10 minutes, je suis trop perché), je commence à me demander ce que je vais faire de tout ce potentiel d'énergie. J'ai UNE envie : sortir de ce silence avec de la musique que je met sur mes oreilles. C'est même pas une envie, je le fais carrément.
Astral Projection – The Feelings. Peut-être ma track de Goa préférée.
J'essaie de continuer à méditer, mais c'est mort, c'est foutu, la musique bouge, je bouge aussi. Hop, je me lève.
La paix, mes frères, la paix. Je sors du jardin. La paix, l'énergie. L'énergie. Ah, Dieu, l'énergie ! Je marche dans la rue, je suis un homme, je suis libre, je suis moi, je suis Styloplume, je suis Dieu, je n'en ai rien à foutre de qui je suis, ça ne sert à rien le je, et en même temps ah c'est bon d'exister, je sens que je m'aime.
Bordel mais oui je m'aime. J'aime Styloplume, je kiffe ma vie, je kiffe le mec qui se fait appeler Stylo, qui est grand, beau, intelligent, qui est plein de bonne volonté, plein de talents, de force, j'en passe et des meilleures. Je kiffe mon extase parce que rien ne se met en travers d'elle. Je kiffe le trottoir, je kiffe le mur, je kiffe la musique, je veux dire à tout le monde :
PAS DE MORT-RENAISSANCE !
C'est des conneries ce que je racontais ! Pas besoin de mourir, mourir, mourir, bordel, parce qu'on est plein de vie ! Y'a qu'à vivre, bordel, et pas la peine de cogiter plus. Vivre, danser, kiffer la vie, kiffer les autres, kiffer la musique. Tiens, la musique a changé. Toujours d'Astral Projection, c'est la track Utopia, que je redécouvre. Je me suis mis sur un parking devant la gare, et maintenant mon gros kif c'est de regarder arriver et partir les trains, et pendant ce temps je transe, mmh, oh oui. L'énergie, je vous dit, l'énergie !
Il faut que je partage ça avec les autres. Hop direction chez Mouette.
Grisâtre !
Donc je rentre, je pose mes affaires, je m'aperçois qu'ils n'en avaient rien à carrer que je sois parti, bon très bien. Je trouve moyen de mettre mon morceau de musique pour que tout le monde en profite, en mode « j'ai tout compris, j'ai un truc à partager, je vais vous raconter ». Les gens me regardent vite fait et reprennent leurs conversation. Haha, laisse tomber Stylo. T'es qu'un gros camé en phase maniaque, pourquoi tu veux que ça les intéresse ton méga-trip ?
Bon, alors OK. Je me refais tout petit, je rentre dans le groupe. Le groupe est en grande conversation. Mouette, il me semble, comme toujours avec sa 8.6, affalé sur sa chaise. Sur le canapé, Grisâtre, Lullaby ; sur le matelas devant, Larry, Sludge, ou alors Mario et Peach, ou alors tout ça à la fois, je ne sais plus. Bref. Les psychonautes en conversation. Je m'approche, et je parle à Grisâtre.
Stupéfaction. Je n'entends pas ce que Grisâtre me dit. Il parle faiblement, met peu d'énergie et de motivation dans ce qu'il dit, et le résultat est incompréhensible pour moi. Je le fait répéter, sans résultat.
Oh ! Il faut faire quelque chose. Je prends Grisâtre par la main et l'entraîne dans le petit hall d'entrée, dans le calme, pour l'entendre enfin. Je fais ça tout naturellement, parce que je suis perché et parce que je sais en quoi je crois, je viens de vivre la lumière, je veux la partager avec Grisâtre.
Je lui demande ce qu'il veut faire de sa vie, ce qu'il aime, ce qui lui parle, et ensuite Grisâtre me raconte son trip. Grisâtre tripe sale, sale, mais sale ! Il me parle de tout ce qu'il y a de plus immonde en l'humain, de toutes les choses dégueulasses qu'on porte en nous, et qui remplissent sa tête. Il patauge dedans, il s'y complaît, il me dit « On peut pas faire sans, c'est dégueulasse mais c'est là, tu vois, c'est là. » On continue de discuter, il devient clair que Grisâtre tripe en noir. Il voit tout avec des yeux super pessimistes, etc.
Je suis effaré. Ah, quand même. J'arrive à faire face, moi aussi je suis passé dans le sale, j'ai vu l'immonde, dans mes trips, je sais comment ça marche, je veux dire, oui, j'ai vu de la merde, du sexe sale, de la violence, de la mort, etc. Donc, je fais face. Seulement, quoi faire ?
Grisâtre retourne vers les autres pour x raisons, et plus tard je lui parle à nouveau, on sors, on s'assied sur le trottoir, j'essaie de l'aider, sans l'aider vraiment. Et puis, de quel droit on peut aider quelqu'un ? Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je me permet ? Autant j'étais à l'aise pour le tirer vers le hall d'entrée pour parler (et Lulla a fait remarquer : « pour sortir Grisâtre du canapé faut le faire » ), autant là je suis démuni. Grisâtre me le fait remarquer : « Laisse tomber, mec, je te tire vers le bas. »
Bon. J'ai fait ce que j'ai pu. On rentre.