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Styloplume
Guest
Alors voilà, les cocos, sur le forum je vais me contenter de poster les extraits les moins ennuyants de mon TR, que je met en pièce jointe ici:
Voir la pièce jointe 5328
Dans le PDF il y a quelques éléments en plus, pff ça commence à faire, ces TRs super longs... on s'en sort plus, hein? Bon, il y en a pour 14 000 mots, soit trois quarts d'heure de lecture. La version du forum est un peu abrégée, une demi-heure devrait suffire.
Le PDF est quand même mieux présenté.
Le plateau 3 par la face Nord
Trip Report d'une prise de DXM
faite le 23 octobre 2011
Chers amis psychonautes,
Voilà un trip qui me marquera longtemps je pense, et beaucoup plus l’aspect spirituel que la défonce pure. J’ai découvert le pouvoir du set & setting, les écueils de ma propre psychés, j’ai fait le lien avec toute ma vie, je me suis replacé. Un trip peut servir à l’amélioration et à l’entretien de sa santé mentale, mais alors il faut s’accrocher, il faut pas perdre pied.
Je ne vous conseille pas de tenter l’expérience du DXM à moins de bien vous être préparé. Le DXM n’est pas une drogue gentille comme la MDMA ou le LSD. Le DXM on y trouve ce qu’on y met.
Bref. Voilà le TR d’un trip qui vient chambouler ma relation avec le DXM.
Comment tout a commencé
Rédigé le premier octobre, trois semaines avant le trip.
Le prochain trip DXM c'est un trip réparatif. Ca y est! Je m'y met, je vais enfin me réconcilier avec cette merde de DXM que je prends par souci d'autodesctruction depuis plus d'un an déjà. Cette préparation je la fait bien à l'avance pour avoir un set & setting en béton et être sûr d'atteindre mon objectif: le plateau 3.
Pour qu'on s'explique, je vais noter ce qui est nécessaire à mes refléxions à propos du DXM et de mon histoire avec le DXM.
Déjà, le DXM, ou dextrométhorphane, est un médicament contre la toux, disponible sans ordonance. C'est à haute dose une drogue dissociative (comme la kétamine) et psychédélique, qui nous perche violemment en coupant les ponts avec le corps. Bien sûr, les effets sont fonction de la dose, d'ailleurs le DXM et ses effet sont bien documentés, ainsi on peut découper le niveau de défonce en quatre plateaux:
1er plateau: Défonce légère, sentiment d'être bourré mais en plus clair mentalement.
2ème plateau: Visuels yeux fermés, plus dur de marcher, impression d'être méchamment perché sans trop comprendre grand-chose. La confusion grossit avec la dose, les pensées se tordent dans tous les sens, et bien sûr toutes les impressions sont renforcées. C'est le plateau mindfuck, le gros bordel, le zbeul. C'est marrant un temps.
3ème plateau: Ca fait tilt, et hop bienvenue dans le monde magique du DXM. On ne marche plus du tout, on est dissocié du corps, c'est le voyage psychédélique façon LSD.
4ème plateau: Région peu connue des naunautes français, c'est une contrée située dans une autre dimension, le voyage devient spatial, certains parlent avec les extraterrestres.
On passe d'un plateau à l'autre en augmentant la dose, MAIS le passage du plateau 2 au plateau 3 n'est pas automatique. Il faut être un minimum préparé, s'alonger, lâcher prise. Sinon on reste dans le plateau 2, qui devient d'autant plus violent et déroutant.
Bien sûr j'écrit ça pour résumer énormément, ça me sert juste de principe.
Mon histoire avec le DXM.
Contexte: Mars 2010. je venais d'arrêter la fac, grosse crise personnelle et avec la famille.
Je m'intéressais surtout au LSD, je venais de découvrir le cannabis, alors j'ai voulu trouver le meilleur moyen de me défoncer spirituellement. Haha. La défonce spirituelle c'est possible. Le LSD ne court pas les rues, alors j'ai découvert le DXM et je me suis mis sérieusement à l'étude des états de conscience altérés. Ouais, je me suis défoncé, quoi.
Les premiers essais sont concluants, tous au plateau 2
Premier essai: je trouve ma dose
Deuxième essai: l'éclate totale en concert
Troisième essai: j'explore des nouvelles choses: cinéma, méditation...
Quatrième essai: expérience ultime au cinéma, soirée géniale avec des potes, plateau 2 méchant, je commence à voir de la violence sous DXM.
Ca c'est la lune de miel (même si la fin est déjà un peu dure). Cette première période a duré un mois: DXM tous les samedis, de l'abus en fait.
J'ai arrêté la fac, donc je déménage avec en tête un vague projet de devenir informaticien autodidacte. Je me fait une nouvelle vie avec un boulot et des collocs, avec en toile de fond une grosse indécision sur quoi faire de ma vie.
Le début de mes problèmes au DXM
On arrive au cinquième trip au DXM, celui qui a tout déclenché.
Je gobe 400 mg de DXM et je vais voir Shutter Island au cinéma, avec Leonardo Dicaprio dans le rôle d'un schizophrène méchament atteint. Un film d'angoisse sous plateau 2 ça pardonne pas. Je crois devenir fou.
A partir de ce moment-là, j'ai commencé à ressentir des moments d'angoisse, des sentiments dépressifs, qui ressemblaient comme deux gouttes d'eau à ce que j'ai ressenti pendant cette expérience dans la folie. Je pense devenir fou, je doute de ma santé mentale. Cette angoisse ne semble venir de nulle part, d'un coup je n'ai plus envie de rien, je ne crois plus en rien, tout est remis en question, je pourrai aussi bien crever.
Le modèle de l’enfant intérieur
J'entame une psychothérapie de l'enfant intérieur, qui m'aide à affronter mon problème, que je pensais être une dépression à l'époque. Ce modèle de l'enfant intérieur divise notre psyché en deux catégories fonctionnelles:
L'enfant intérieur: la partie émotionnelle, source des besoins, origine des émotions
L'adulte: la personne qui réfléchit, prend des décisions, agit et est responsable de l'enfant.
Le rôle de l'adulte est d'agir pour le bien de l'enfant, de l'aimer. Quand l'adulte se montre responsable de l'enfant, quand ses décisions prennent en compte ses besoins, on est dans l'amour, l'amour de soi, l'amour-propre. L'enfant se sent écouté et compris, en sécurité. On est sur le chemin de la paix intérieure et de l'amour cosmique mon frère.
Si l'adulte agit sans prendre l'enfant en compte, si il prends des décisions qui ne tiennent pas compte des besoins de l'enfant, celui-ci se sent lésé, ignoré, bref, il ne se sent pas aimé. L'enfant non aimé est une source de frustrations sans fin. L'adulte non aimant est coupable du ratage de la vie de celui qui ne s'aime pas lui-même.
Pour faire court, Jésus a dit: "Aime ton prochain comme toi-même". Ca veut dire: Aime-toi toi-même si tu espères aimer les autres!
Bon, est-ce que je m'aime moi-même? Mon gars, j'ai foutu ma vie en l'air, j'ai arrêté mes études, je sais pas quoi faire de ma vie, honnêtement pourquoi tu poses la question?
Impossible d’atteindre le plateau 3
Voilà pourquoi toutes mes tentatives pour retrouver une certaine euphorie au DXM ont été des échecs. J'en ai repris à intervales plus grands (deux-trois semaines), à 300-400mg, par curiosité ou par compulsion
J’ai tenté le plateau 3 à 720mg. 720 mg: De quoi percher largement au plateau 3 le commun des psychonautes. Et ben, ça n'a pas marché pour moi. Outre le set & setting perfectible, j'étais toujours dans la peur. Peur du DXM, peur de la peur, peur de je ne sais pas quoi. Du coup, je suis toujours resté dans le plateau 2, d'autant plus violent que la dose était forte.
Ai-je arrêté le DXM? Oui. J'ai arrêté pendant 5 mois, et l'angoisse n'est pas partie. Quelque chose cloche.
En août 2010 je teste la MDMA et même cette expérience a été teintée d'angoisse, c'est dire si j'étais atteint par l'analogie drogue=angoisse.
Au moins, l'arrêt du DXM a permis de ne pas empirer la situation. J'ai commencé à voyager et à me poser les bonnes questions. Je finit par me rendre compte que je vais devenir psy, que c'est ça qui me va. Encore un an avant d'entamer les études. Pendant l'année qui a suivi, 2011 quoi, le DXM m'a servi à nouveau quelques fois (intervales de 2-3 mois), j'ai voulu retenter le plateau 3 une fois chez un pote, échouage complet. Je trouve quand même du sens dans le plateau 2 que je commence à connaître, ça fait juste 14 trips alignés sur un an et demi. Le DXM est un bon révélateur de mon état d'esprit. Le plateau 2 est plus ou moins intenable en fonction de mon degré de connection intérieure, de confiance en moi.
Amélioration de mon état
Pendant ce temps-là, ma thérapie va son train, je fait mon bonhomme de chemin, je comprends de mieux en mieux l'enfant intérieur. En Juillet je teste enfin le LSD au Hadra, et une semaine plus tard je fait le voyage complet avec 5 buvards. Mort, renaissance, ça y est, j'ai fait le trip extrême, je ne suis plus en quête de sensations fortes, j'ai tout compris, l'amour cosmique et ainsi de suite. J'ai tout compris, haha, turn on, tune in, drop out, voilà, le pote Leary l'a dit.
Dernier trip DXM en date: quatre jours avant le début des cours à la fac, je décide spontanément de taper le DXM (370 mg) pour travailler un conflit que j'ai avec un pote. L'enfant intérieur se plaint, le DXM ça ne l'amuse pas vraiment (tu m'étonnes, haha). J'hésite franchement, et je fait le trip quand même, en expliquant à l'enfant que tout va bien je vais prendre soin de toi etc.
Pendant le trip, cette présence de l'adulte me permet de gérer un minimum le plateau 2 habituel. Une espèce d'angoisse sourde est là, je l'exprime, ça fait mal, mais j'avance. Je me pose sous le soleil dans un endroit superbe de la forêt. Je décide de vider ma tête de mes pensées noires, je me relaxe et là, SURPRISE! Bienvenue au plateau 3 mon pote. La musique passe en mode LSD, l'esprit devient clair, cosmique, ça y est, on y est les gars.
Je refuse de laisser le contrôle de ma tête au DXM, je veux pas être un drogué, alors je me lève et part. Rebienvenue dans le plateau 2, tu vas en chier pour ton arrogance jeune padawan. Effectivement j'en ai chié.
Ma nouvelle vie va bien
Les cours ont commencé à la fac, et je suis enfin à ma place. Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. L'angoisse revient parfois, mais je sais d'où elle vient, ou alors j'ai toujours quelque chose à faire pour arranger ça, je m'occupe de l'enfant intérieur, et en deux jours maximum c'est parti. Je me connait moi-même, je suis dans mes rails.
Le dernier épisode d'angoisse cette semaine a été l'occasion de calculer la part de DXM là-dedans. Résultat: Le DXM n'a rien à voir avec mon angoisse existentielle, celui-ci a juste déclenché celle-là, qui serait venue d'elle-même tôt ou tard.
Alors, qu'est-ce qu'on attend, les cocos? On a trouvé l'équilibre, on a la vie qu'on voulait, l'adulte prends soin de l'enfant, alors qu'est-ce qui se pose en travers de nous et de ce fameux plateau 3, de ce Saint-Graal cosmique du DXM, la consécration de l'avancement intérieur du jeune padawan?
Réponse: On va juste attendre le bon moment, on va faire un set & setting en BÉTON, on va se préparer intérieurement, mettre toutes les chances de notre côté, et après GO GO GO GO on va tripper mon pote, on va atteindre la septième bordure de la galaxie je te dit! On y va!
Carnet de bord : extraits
Ici je ne donne que quelques morceaux, dans le PDF il y en a toute une tartine.
Après avoir noté ça dans un coin de mon ordi, je me suis mis à cogiter sur ce trip à venir, et à noter compulsivement son organisation et comment je me sens vis-à-vis de cette expérience à venir.
AU 07-10-2011
Pas mal de trucs cette semaine, en gros, depuis la semaine dernière je me suis pas mal occupé de moi. Quelques décalages avec les étudiants sur le plan de la maturité, ça me travaille un peu, mais j'ai pas mal cogité: je vais rester ici et je vais faire mon trou. La connection avec l'enfant intérieur se fait bien, hier la conversation intérieure (enfin, à voix haute) s'est bien passée, ça ressemblait à ce que j'avait vécu pendant mon trip ultime au LSD, une grosse confiance en moi. Cette confiance en moi est d'autant plus forte que je prépare pas ce trip n'importe comment. Chaque fois que j'y pense à ce trip DXM à venir je me dit: 'ouais, non, pas ce week-end, je suis trop occupé avec ci ou ça... Mmh, une autre fois, ça presse pas'.
Aujourd'hui j'ai récupéré le médicament à la pharmacie, nickel. Pas trouvé de cache pour les yeux, je vais chercher encore.
Bref, je vois venir, je sens que ça va être génial.
AU 16/10/2011
Je me trouve deux états simples et différents dans lesquels je peux me trouver. Soit l'un, soit l'autre:
la JOIE: quand mes émotions coulent (même tristes!), que j'entends le OUI de Dieu et que la musique a goût de LSD. En général je ris, je chante, je danse. La vie.
la DEPRESSION: quand j'assume pas mes émotions, que je doute du bonheur et que la musique me fait peur. En général, je me renferme sur moi. La mort.
Ces deux états sont en opposition radicale, d'ailleurs ils veulent se détruire l'un l'autre:
Quand j'ai la joie, j'ai aussi la conviction que la dépression c'est très con et que je vivrai un jour sans, que ce jour ça peut être maintenant
Quand j'ai la dépression y'a le diable qui me dit que la joie est fausse, que le bonheur n'est pas possible.
C'est quand même ouf et c'est si simple!
Pour être sûr d'atteindre la joie je vais accepter la mort. Mourir c'est renaître.
AU 20/10/2011
Journée pas super facile, pas mal de tensions. Gérées, mais des tensions quand même. Je remarque que j'ai vite fait de me vexer pour des affaires qui laisseraient le commun des mortels plutôt froid. Typique de moi depuis un an et demi, quand j'ai commencé la drogue. Je ne pense pas que ça change, je voudrais juste y voir plus clair.
AU 21/10/2011
Le premier demi-semestre est passé, je vais pouvoir me poser dans les jours qui viennent et être dans les meilleures conditions pour passer mon trip.
Là je me dit que c'est bien beau de mourir, il va falloir penser à renaître après, et le LSD m'a montré que c'est pas facile. Mmh, je vais devoir penser à ce que je veux construire de nouveau chez moi.
Viens de causer avec Noé.
C'est décidé, tous ces trucs de fac qu'on apprends en psychologie sociale c'est super, mais quand je vois un exposé sur Genre et Religion qui parle que de la discrimination sexuelle dans les différentes traditions religieuses, je me dis merde, il y en a qui ne voient que ce qu'ils veulent voir.
Et toi, Styloplume, tu ne voies pas que ce que tu veux voir? Dans la religion tout ce qui t'intéresse c'est la spiritualité, le social tu t'en moques bien!
Et ben oui, je suis conditionné. Grosse cogitation bouddhiste sur l'importance des opinions et idées préconcues sur notre vision du monde. Je vois la voie bouddhiste: me libérer de mon conditionnement.
Ouais, bon, je suis pas à une fac bouddhiste, je suis dans un endroit où je veux me construire intellectuellement et où ce chemin est semé d'embûches quand on cogite à 100 à l'heure dès qu'un prof dit quelque chose d'intéressant, ce qui arrive souvent.
En causant avec Noé, je me suis dit, merde, d'accord, on trouve ce qu'on cherche, maintenant c'est à Styloplume adulte de décider quoi chercher. Et voilà, rechercher la joie ça me semble bien, la paix intérieure, ça me botte, c'est mon chemin.
Je vais donc m'affirmer de ce côté-là. Je vais renoncer en partie à me remettre en question, si cette mise en question me pousse dans les abîmes de la dépression.
Maintenant la remarque: me remettre en question, c'est pourtant le principe du chemin vers l'illumination!
OUAIS BEN pour une fois je vais RESTREINDRE MA VOIE. Là!
Dieu que je suis content de cette réflexion.
AU 22/10/2011
Non, je dois construire le nouveau Styloplume, lâcher l'angoisse, la comprendre, continuer de bâtir ma nouvelle personnalité, et la nuance avec hier, c'est: non en fermant des portes, mais en m'assurant d'être bien sur mon chemin vers la joie.
Je vais me replacer sur mon propre chemin.
Plus je me rapproche du trip (je pense triper demain dimanche), plus je suis en train de lâcher cet aspect psychologique énorme. Soyons franc. Je vais triper pour m'éclater, si je me prends 570 voir 600 mg avec un joint je serai tellement perché que je m'en souviendrai même pas, je vais me retrouver de l'autre côté du mirroir, et au moment de revenir j'aurai tout plein d'explications, mais en fait, je serai juste content d'avoir atteint le plateau 3, d'avoir eu ma perche cosmique, d'être gavé du trip.
Après un trip psychédélique on se sent mieux parceque le conscient et l'inconscient se sont mis en contact, ça équilibre automatiquement la personnalité. Alors, voilà, je vais triper pour triper. Mes réflexions valent ce qu'elles valent, elle vont sûrement porter, cette longue préparation aura eu une utilité, certainement, j'attaque ce trip dans les meilleurs conditions.
Plus tard. Le gosse (l'enfant intérieur) a peur, mais enfin bon, c'est normal, après tout quand je pense à la drogue avec des idées noires hors de ma portée dans l'inconscient, elles s'amplifient. Il faut que j'explique au gamin qu'il y a pas de raison de s'en faire, sous drogue la conscience est unifiée avec l'inconscient, pas de souci de ce genre. Les sentiments de dépression sont très différents de ce qu'on vit perché.
Donc, bonne après-midi aujourd'hui, demain c'est le grand jour!
Le set & setting
Setting:
Un dimanche dans ma chambre d'étudiant. Prise de la dose vers 10 heures le matin pour que le trip dure aussi longtemps qu'il faut sans que je sois embêté pour m'endormir le soir. Je ne pense pas prendre de petit-déjeuner, ou alors plusieurs heures avant, quelque chose de sucré.
Dose: Je vise un plateau 3. D'après la DXM-FAQ, il commence à 7,5 mg/kg. Soit 540 mg pour moi (72kg). Le jeûne devrait amplifier l'effet, et pour être sûr je vais taper 600mg, soit 8.3 mg/kg.
Médicament: Je me suis commandé deux boîtes de P à la pharmacie, pour moins de 5€ j'ai 720 mg, d'où l'avantage de commander, c'est juré, plus jamais de Tx ou de sirop pourri! Je vais préparer tous mes trips à l'avance dans le futur!
La chambre: volets fermés, porte fermée à clé.
Moi: Posé sur mon lit avec mon casque MP3, avec un cache sur les yeux. Le cache est là plus comme règle que comme aide: toi tu restes posé sur ton lit, si tu enlèves le cache c'est que quelque chose ne va pas. On va causer et s'entendre, et ensuite on reprends le cours du trip. D'ailleur il faut que je l'achète, donc, je vais cogiter là-dessus et sur les différents scénarios possibles.
La musique: La même que d'habitude je pense. Voici comment la musique est rangée sur mon MP3: il y a six répertoires, un par genre de musique, avec dans chaque une petite compile de mes morceaux préférés de chaque genre.
Un répertoire Goa dans lequel je vais passer du temps: Lost Buddha, AP, Hallucinogen
Un répertoire Ambient Goa: les mêmes en down tempo.
Un répertoire Trip-hop: Presque que du Massive Attack
Un répertoire "Très Calme": Thomas Newman, Michael Brook, Ludovico Einaudi
Un répertoire "Groovy": Gorillaz, Monofocus, un peu de hip-hop
Un répertoire Rock Costaud: Monster Magnet, Rammstein, Kaizers Orchestra (la révélation de la semaine)
Avec tout ça, si je passe pas un bon trip...
Important : le cahier avec mon styloplume pour tout noter en cours de route. C’est très pratique pour « refaire le trip ».
Set:
Ceci est complété par le carnet de bord.
L'adulte est là pour accepter l'effet du DXM et laisser l'enfant apprécier l'expérience pleinement. Le but est de laisser venir le 3ème plateau sans me défendre comme la dernière fois.
Si l'enfant a peur de l'angoisse, c'est le rôle de l'adulte de le mettre en confiance. D'ailleurs, le fait de m'y préparer à l'avance va permettre à l'enfant de me faire part de ses inquiétudes.
Je compte laisser une grande marge de manoeuvre au DXM, lui faire confiance. Le DXM n'est pas du tout évolutif comme le LSD, aussi ce sera à l'adulte de résoudre les éventuelles embûches mentales qui se présenteront. Mais tant que le DXM ne me pousse pas à enlever le cache de mes yeux, à sortir de chez moi, je vais le laisser faire. C'est un maître dur, très dur, mais si je me prépare bien il sera sympa avec moi.
Avant le trip et montée
Pour la suite, je reprends en quote mes annotations faites en live pendant le trip, sur le cahier. Ca a été pour le moins une gageure. J’ai du régulièrement m’enlever le cache des yeux, arrêter la musique, noter l’heure sur mon portable, cacher un œil d’une main (saloperie de double vue au DXM), pour fébrilement noter sur le cahier des remarques bien perchées au styloplume (haha). Saloperie de DXM, par moment je trouvais quelque chose de génial et le temps de le noter je l’avais déjà oublié !
De l’autre côté, ce que je raconte de mémoire.
Départ fulgurant
Le joint pousse costaud. Je ferme les volets, je veux poser le cendrier quelque part, en même temps je me demande comment je pourrai vomir au cas où, je commence à pousser la poubelle près du lit, et oulà.... Ca pousse fort, J’ai vraiment du mal à poser une pensée après l’autre, je suis en plein dans une montée violente. Allez on se pose.
Je ferme la fenêtre, je me couche sur le lit, je met le cache sur les yeux, et j'envoie la musique, la playlist ''Très calme''. Rapidement je suis parti.
Je pense à mon enfant intérieur, et assez vite je tombe sur une représentation de lui. C'est une jeune femme blonde qui se tient derrière les barreaux d'une rembarde. Derrière elle, le soleil se couche sur la mer. C'est la plage de notre dernière conversation sous LSD, les barreaux prouvent que je suis coupé d'elle.
Je commence à parler de manière hésitante, à lui témoigner de mon amour, dans un discours qui n'est pas sans rappeller la dernière scène d'une comédie romantique. "Tu sais, j'aimerai savoir comment tu te portes, j'aimerai mieux te connaître... je voudrais te voir rire, te voir sourire, te sentir heureuse..."
Les mots viennent difficilement, j'en tremble d'émotion, vraiment cette montée est dure à gérer, j'ai trop d'émotion.
"Et je voudrais que tu me dises... ce dont tu as besoin... ce que tu voudrais... ce qui te manques encore..."
Je m'arrête pour tenter de gérer, de faire le point rapidement. Bon, ça c'est dit, la parole passe à l'enfant, et là, attention coco, tu fais pas le malin quand t'entends ça:
"J'ai besoin... de toi. J'ai besoin que tu me dises... que j'ai de la valeur. Je voudrais que tu me donnes une raison d'être, que tu m'accompagnes, que tu ne me quittes pas. Je voudrais que tu me dises... que tu m'aimes".
Pendant qu’il parle, l’enfant fait des gestes équivoques : il se touche les bras, se serre les épaules, cherche un réconfort.
J'ai du mal à assumer ce qui vient de se dire. Je commence à pleurer, et là l'adulte se dit que ça risque de faire trop, qu'on risque de pas gérer si on se met à pleurer maintenant. On va plutôt se concentrer sur la musique et triper safe.
Je suis dans un bon trip. Le peu de lumière qui parvient à filtrer au travers de la fenêtre et de mon cache sur les yeux me dérange un peu, ça fait un faisceau de lumière qui vient du bas et qui dirige les halus. Je pars pas vraiment. Alors je tente de danser un coup. Oohh c'est revenu, c'est la fameuse danse que j'ai apprise au LSD, ça coule sans problème.
Je me pose à nouveau, je suis dans la playlist "Ambient Goa", sur Boris Blenn. Des images défilent, beaucoup d'images, beaucoup de trucs personnels. Toutes mes questions perchées sur la psychologie des profondeurs, sur la psycho sociale, tout ça remonte d'un coup, les images répondent mais ça va trop vite pour que je capte tout.
On va laisser tout ça à une future psychanalyse, en attendant le trip va bien, on est ouvert aux questions.
Je veux des infos sur la dépression.
Les réponses ne tardent pas. Rapidement on me confirme que j'ai déjà fait beaucoup pour lutter contre la dépression, je me suis fait un bon environnement, je part dans la bonne direction.
Je suis assez enthousiaste, je pose d'autres questions, plusieurs à la fois.
Blocages : sortie du plateau 3
C'est pas anodin de penser à mon père. Je pense que jusqu'à ce moment j'était dans la première matrice périnatale de Grof. Ca allait un peu trop bien, ça semblait un peu trop beau pour être vrai. D'ailleurs, je fais preuve de paresse, je laisse mon père se soucier de moi.
Haha, la première matrice appelle la deuxième, jeune padawan! C'est à toi d'être ton propre père, si t'es pas présent tu pars en vrille!
Effectivement je part en vrille.
Mon adulte ne gère pas vraiment. La musique me tue effectivement mais sur le coup je ne comprends pas que c'est le processus de mort-renaissance. Je me sens refaire un bad-trip au DXM avec des images pourries, et je le fuis.
Pourtant, maintenant que j’y repense, c’était différent d’un de mes bads classique au DXM. C’était plus l’impression de mourir bientôt, le bad complet, beaucoup plus dur, certainement un passage vers la renaissance. Je me sentais partir dans un délire de mort, un truc affreux qui nous bouffe, pas juste quelques images dégueulasses.
Enfin, de toutes façons je ne le sens pas.
La preuve que j'assume pas:
J'arrive plus à fixer mes pensées, je suis clairement dans le plateau 2.
Une tentative de reprendre le dialogue, mais ce que dit l'adulte n'est clairement pas suffisant, les halus tournent au crado de chez crado.
Je vois des halus pourries. Mon amie Anja qui était aussi l’image de mon anima lors de mon dernier trip au LSD m’apparaît avec un visage souriant, puis sa bouche s’ouvre, ses dents deviennent énormes et veulent m’engloutir. Non non j’assume pas.
Je vois des images de sexe crade, sans amour. De la merde, des humains transpercés, le sang couler, boarf, vous voulez plus de détails ?
Plateau 2 full power.
Je suis en train de prendre tout ça au sérieux.
Reprise en main du trip
Bon je décide d'agir. Je lâche la musique, je lâche le cache sur les yeux, je me met en mode "adult only", haha, sans mauvais jeu de mots.
Le soleil rentre à flot par la fenêtre que je viens d'ouvrir. Je profite du super set & setting, je suis dans les meilleures conditions pour bader safe.
Evidemment je suis débordé avec tout ça, c'est pour ça que je bade. Je me sens comme dans la phase de vide au LSD: la tête tourne, j'ai les yeux comme des spirales, une saloperie de double vue, je peux pas écrire sans me cacher un oeil.
Je me sens coupable de quelque chose de terrible, j'ai pris de la drogue, je suis encore en train de remettre mon existence en doute.
Impossible de penser clairement. Je dois faire appel à toute ma force mentale pour me décider à parler avec l'enfant. Ma vraie victoire c'est que dans ce moment-là j'ai réussi à lui parler et un seul truc est venu, le truc le plus absolu possible, le seul dont je fusse sûr, ce que j'avais cogité avant le trip: "Je veux la paix intérieure". D'ailleurs, ce n’est pas l’enfant qui a parlé, c’est moi. Je décide moi-même de ma psyché, c’est ça la force de ma volonté !
Plusieurs fois j'ai eu envie de m'allonger sur le lit pour oublier tout ça. Ouah, c'est vrai ce qu'on a vu en cours, c'est ça la clinophilie, c'est fuir nos problèmes.
Non non non, je veux les affronter. Je décide de chanter une sorte de mantra que j'aime bien. Pas trop d'effet, sinon que j'arrive à voir un tout petit peu plus clair. Il faut dialoguer encore.
Là je ne sais plus trop ce que j'ai dit, ce qui s'est passé, mais ça a marché sans le dialogue. Ce qu'il fallait c'est que j'agisse, et j'ai agit. :
Le fait d'avoir ouvert la fenêtre, d'avoir noté tout sur mon cahier, d'avoir tenté de chanter, tout prouve ma bonne foi. D'une façon ou d'une autre l'enfant a accepté tout ça.
Pour être safe je veux tester voir si la musique coule bien. Si la musique va bien, tout va bien. Je choisis un morceau de ma playlist "Rock costaud", un truc que j'adore et bien énergique de Kaizers Orchestra. Une musique norvégienne bien barrée. Si cette musique passe, la playlist « Très calme » ne devrait pas poser de problème.
Ca a marché apparement. La musique de Kaizers Orchestra pousse bien, le soleil est là, tout va bien en fait, je suis en sécurité. C'est parti pour le joint.
Retour au plateau 3
Je me pose sur mon lit sans même refermer la fenêtre. C'est parti pour la goa ambient.
Je me met le casque, le cache sur les yeux, et là, heu... oulà. Quelque chose a changé.
...
PUISSANT. La musique est exactement la même que sous LSD. Bordel! Yaaaaaaaaa!!!!!
Que le saint buvard me ramolisse!
J'ai atteint le plateau 3!
Ca y est les images viennent, beaucoup plus claires cette fois, plus précises, plus belles.
Alors, sale gosse, tu l'as, hein, ça y est! Tu le voulais, tu l'as maintenant!
Oh putain oui, je l'ai oui, et putain je vais profiter! Haha!
Mise au point rapide...
Les pensées défilent, ça cavale à fond, je me laisse bercer, ou plutôt, je me fond avec complaisance dans cette avalanche synesthésique. C'est d'une beauté à vous couper le souffle, ça pousse incroyable, un trip terrible.
A un moment je trouve une conclusion juste géniale qui explique le sens de ma vie. J'essaie de la noter et merde je l’ai oubliée.
Je veux pas repartir en bad. Je prends ça très au sérieux.
Je coupe la musique, j'enlève le cache, et - surprise! Le soleil rentre toujours a flots! Haha tu parles des soucis que je me faisais pour un mince faisceau de lumière qui passait au travers des volets et sous mon cache!
Bon, je me débranche, donc, je finit le joint (beurk, pas mon truc), et je trouve à noter:
…et c’est reparti !
Je referme quand même la fenêtre, je me rebranche, et je retourne dans la spirale. La musique pousse très très fort, je suis clairement dans la matrice 4, la matrice safe de celui qui a passé la mort et la renaissance. Il faut croire que mes efforts pour reprendre le trip en main on porté leurs fruits et compensent mon échec de midi pour mourir.
Bref, l'expérience devient clairement monstrueusement psychédélique.
Je tâche de me concentrer sur la pensée que je venais de perdre juste avant, et je pense la retrouver. Je retient des images de la fac, et le mot "digne".
Bon, tout ça c'est réglé, j'ai plus qu'à partir, alors hop je lâche prise et je pars dans la musique. Je suis toujours sur la playlist Goa, ça enchaîne mes morceaux préférés d'Astral Projection et Hallucinogen. Pfiouuuu c'est vraiment plus les mêmes. C'est comme si j'étais passé du film noir & blanc au cinéma 3D IMAX. Une fontaine de vie, un OUI perpétuel, ça y est, je l'ai, JE L'AI!
Et voilà, Styloplume, tu l'as. C'est l'expérience mystique. Dieu est là, il n'y a pas d'autre mot. Les psychonautes ont plein de mots qui partent dans tous les sens pour en parler, n'empêche que c'est plus simple d'avoir un seul mot: j'entends Dieu.
Une source de joie pas possible, la vérité pure, un oui à toute vie, le sens de l'existence, du monde, l'explication finale, tout est parfait, tout est beau, tout est nickel.
Dark Magnus commence, et c'est à peine si je reconnait ce morceau, tellement il est devenu VRAI. Les nappes de synthés s'enchaînent et ce sont autant d'anges qui louent la beauté de Dieu. Rha, ouais, c'est le mot. Un choeur d'ange au ciel qui chante Hosanna, y'a pas d'autre mots.
Le morceau s'intensifie, il dure, il dure, et là, hop, je le vois. C'est mon pote Jésus (ou n'importe quel prophète barbu, mais ça me plaît de croire que c'est Jésus) qui me regarde avec un oeil de prof. Il semble vachement sévère et me fait un air: "Regarde, toi, l'étudiant, t'es arrivé là, alors je te montre tes cours, fais gaffe que t'as intérêt à bien les réviser". Pour appuyer ça il a la main posée sur des tablettes d'argile gravée avec des choses sans doute très spirituelles, même si je n'y comprends rien. Enfin, je fixe sur les tablettes, les écritures pulsent, oui, c'est sans doute vachement important. Je retient ça, promis.
Après une telle découverte, puisque tout va bien, pourquoi pas repasser par le cycle mort/renaissance maintenant? J'essaye, je tâche de me faire écraser par la musique, mais les choses ne sont pas si simples. Si je veux mourir sous DXM, il faudra que j'accepte les halus bien crades et que je passe au travers. La mort c'est pas pour maintenant, pour le moment je suis au ciel, alors on va profiter.
J'enchaîne quelques mises au point spirituelles. Notamment, la différence entre les halus crades de la dépression et l'expérience de Dieu que je suis en train de faire. Pour moi c'est très clair, quand je suis en bad, je suis prisonnier de l'instant présent, car je ne l'accepte pas. Et quand je suis en moi, quand tout coule, alors je suis l'instant présent lui-même, je ne suis rien, je suis tout, l'unité Atman/Brahman résume bien la situation.
Je suis en train de manger mon trip, oulàlà, ça cavale à fond, ça fait vraiment beaucoup. Je laisse la musique stéréo m'écraser de chaque côté de la tête, les mélodies sont commes deux gouttes qui foncent l'une sur l'autre en venant de la gauche et de la droite, elles s'écrasent l'une contre l'autre, sans se mélanger, mais en s'étalant sur toutes les directions perpendiculaires à leurs trajectoires. Et moi, je suis entre les deux, je ne suis plus rien.
Ouch, c'est costaud quand même cette quasi-dissolution du Moi. J'ai pas besoin du cycle mort/renaissance, OK, alors je décide de passer dans un trip plus calme. Ca marche bien. Sur le coup je m'imagine pouvoir changer de matrice à volonté, en fait je ne fait que suivre la logique du trip. Ca fait quand même plus de six heures que ça dure.
Je décide que j'en ai eu assez, et effectivement j'en ai eu assez. Pour ne pas partir en live chez moi sans rien faire, je vais me promener, et on va causer.
La descente
Je me débranche.
J'ouvre la fenêtre. Je prépare mes affaires. Bouteille d'eau, casque, cahier, chaussures, hop c'est parti.
Je sors. Oulà, le monde est beau mais ça tangue. En chemin je ne suis pas sûr d'avoir fermé chez moi, alors je reviens sur mes pas. Je croise un étudiant dans l'escalier, je sors ma personnalité ordinaire pour lui causer, mais ça me fait vraiment bizarre. J'ai bien fait pour mon set & setting de n'avoir pas pris le risque de croiser quelqu'un d'autre. C'est bon, ma porte est fermée, j'y retourne.
Alors on fait le point. Je me sens claqué, vidé, et en même temps que je me pose sur des feuilles mortes le petit bosquet d'un espace vert, je ressens que le monde entier a à nouveau du sens pour moi. Cette foutue dépression des semaines dernières est partie! Yaha! J'ai eu le plateau 3, j'ai entendu Dieu, il me l'a bien martelé dans le crâne: OUI! Plus de questions dépressives à la con, juste une grosse certitude, une certitude absolue: je suis sur mon chemin et j'y suis bien.
Ah, nickel, je me promène, je danse, c'est parfait.
En chemin je suis pris d'une grosse grosse fatigue dans les jambes, je baille comme pas possible, et chaque baillement se répercute dans tout le corps, j'ai carrément du mal à marcher. Allez on rentre, et vite!
En chemin je suis pris de quelques doutes, le spectre de la dépression. Alors là : hop! Je met l'adulte en route, et il cause pour expliquer que si, si, la joie est possible, les pensées noires ne sont qu'une épreuve à passer avant d'avoir la joie. Plop, je repasse du côté de la joie. Ce petit cirque dure encore deux jours après le trip, c'est parceque je ne suis pas passé par la mort et que je n'ai pas "digéré" les images crados ni accepté la mort.
Je suis crevé comme jamais je l'ai été de ma vie. Une fois rentré, je me pose dans mon lit, complètement hors service.
Je dors pas non plus.
Je retombe dans les matrices moches, à nouveau des images dégueulasses d'humains pas beaux, tout plein de défauts. C'est pour moi le diable qui me parle, l'imparfait qu'il y a en moi, la souffrance de ne pas être connecté avec Dieu.
C'est aussi pour ça que je suis là sur Terre, c'est pour apprendre à surmonter mes peurs, faire des efforts moi-même pour atteindre Dieu.
Alors, je raisonne l'enfant, je lui explique que non, ce n'est pas si grave, c'est juste une matrice non résolue qui remonte, et oui, on va le résoudre, en attendant ça nous sert à rien d'y rester. Le fait de parler me permet de cogiter dessus et d'en tirer quelques conclusions, entre autre que ce qui me fait peur chez les autres c'est ce que je n'assume pas en moi. Le fait de cogiter tout ça me permet de résoudre mon petit conflit intérieur.
Ensuite, une pensée très particulière: je vois des vieux tchékistes communistes (ceux qui envoyaient les gens à la mort au Goulag) qui se retrouvent après la chute de la dictature stalinienne. Ils se rassemblent, tout plein de vieux mecs pourris jusqu'à la moëlle, déchus de leurs fonctions de petits tyrans, plus bon à rien. Ils ont l'air triste de ne plus avoir de pouvoir (tu m'étonnes, haha). Ils font une réunion dans l'ombre pour voir ce qu'ils peuvent faire pour pourrir le système à nouveau.
Ca me semble une bonne représentation du diable: un abruti qu'a rien compris et qui s'entête dans sa connerie.
J'y prends pas. J'analyse bien tout. L'image passe, et la méchante matrice ne se montre plus. Je finit par m'endormir.
Réveillé une fois à 1:30 le matin. Chiotte et dodo. Mâchoire dure.
Voir la pièce jointe 5328
Dans le PDF il y a quelques éléments en plus, pff ça commence à faire, ces TRs super longs... on s'en sort plus, hein? Bon, il y en a pour 14 000 mots, soit trois quarts d'heure de lecture. La version du forum est un peu abrégée, une demi-heure devrait suffire.
Le PDF est quand même mieux présenté.
Le plateau 3 par la face Nord
Trip Report d'une prise de DXM
faite le 23 octobre 2011
Chers amis psychonautes,
Voilà un trip qui me marquera longtemps je pense, et beaucoup plus l’aspect spirituel que la défonce pure. J’ai découvert le pouvoir du set & setting, les écueils de ma propre psychés, j’ai fait le lien avec toute ma vie, je me suis replacé. Un trip peut servir à l’amélioration et à l’entretien de sa santé mentale, mais alors il faut s’accrocher, il faut pas perdre pied.
Je ne vous conseille pas de tenter l’expérience du DXM à moins de bien vous être préparé. Le DXM n’est pas une drogue gentille comme la MDMA ou le LSD. Le DXM on y trouve ce qu’on y met.
Bref. Voilà le TR d’un trip qui vient chambouler ma relation avec le DXM.
Comment tout a commencé
Rédigé le premier octobre, trois semaines avant le trip.
Le prochain trip DXM c'est un trip réparatif. Ca y est! Je m'y met, je vais enfin me réconcilier avec cette merde de DXM que je prends par souci d'autodesctruction depuis plus d'un an déjà. Cette préparation je la fait bien à l'avance pour avoir un set & setting en béton et être sûr d'atteindre mon objectif: le plateau 3.
Pour qu'on s'explique, je vais noter ce qui est nécessaire à mes refléxions à propos du DXM et de mon histoire avec le DXM.
Déjà, le DXM, ou dextrométhorphane, est un médicament contre la toux, disponible sans ordonance. C'est à haute dose une drogue dissociative (comme la kétamine) et psychédélique, qui nous perche violemment en coupant les ponts avec le corps. Bien sûr, les effets sont fonction de la dose, d'ailleurs le DXM et ses effet sont bien documentés, ainsi on peut découper le niveau de défonce en quatre plateaux:
1er plateau: Défonce légère, sentiment d'être bourré mais en plus clair mentalement.
2ème plateau: Visuels yeux fermés, plus dur de marcher, impression d'être méchamment perché sans trop comprendre grand-chose. La confusion grossit avec la dose, les pensées se tordent dans tous les sens, et bien sûr toutes les impressions sont renforcées. C'est le plateau mindfuck, le gros bordel, le zbeul. C'est marrant un temps.
3ème plateau: Ca fait tilt, et hop bienvenue dans le monde magique du DXM. On ne marche plus du tout, on est dissocié du corps, c'est le voyage psychédélique façon LSD.
4ème plateau: Région peu connue des naunautes français, c'est une contrée située dans une autre dimension, le voyage devient spatial, certains parlent avec les extraterrestres.
On passe d'un plateau à l'autre en augmentant la dose, MAIS le passage du plateau 2 au plateau 3 n'est pas automatique. Il faut être un minimum préparé, s'alonger, lâcher prise. Sinon on reste dans le plateau 2, qui devient d'autant plus violent et déroutant.
Bien sûr j'écrit ça pour résumer énormément, ça me sert juste de principe.
Mon histoire avec le DXM.
Contexte: Mars 2010. je venais d'arrêter la fac, grosse crise personnelle et avec la famille.
Je m'intéressais surtout au LSD, je venais de découvrir le cannabis, alors j'ai voulu trouver le meilleur moyen de me défoncer spirituellement. Haha. La défonce spirituelle c'est possible. Le LSD ne court pas les rues, alors j'ai découvert le DXM et je me suis mis sérieusement à l'étude des états de conscience altérés. Ouais, je me suis défoncé, quoi.
Les premiers essais sont concluants, tous au plateau 2
Premier essai: je trouve ma dose
Deuxième essai: l'éclate totale en concert
Troisième essai: j'explore des nouvelles choses: cinéma, méditation...
Quatrième essai: expérience ultime au cinéma, soirée géniale avec des potes, plateau 2 méchant, je commence à voir de la violence sous DXM.
Ca c'est la lune de miel (même si la fin est déjà un peu dure). Cette première période a duré un mois: DXM tous les samedis, de l'abus en fait.
J'ai arrêté la fac, donc je déménage avec en tête un vague projet de devenir informaticien autodidacte. Je me fait une nouvelle vie avec un boulot et des collocs, avec en toile de fond une grosse indécision sur quoi faire de ma vie.
Le début de mes problèmes au DXM
On arrive au cinquième trip au DXM, celui qui a tout déclenché.
Je gobe 400 mg de DXM et je vais voir Shutter Island au cinéma, avec Leonardo Dicaprio dans le rôle d'un schizophrène méchament atteint. Un film d'angoisse sous plateau 2 ça pardonne pas. Je crois devenir fou.
A partir de ce moment-là, j'ai commencé à ressentir des moments d'angoisse, des sentiments dépressifs, qui ressemblaient comme deux gouttes d'eau à ce que j'ai ressenti pendant cette expérience dans la folie. Je pense devenir fou, je doute de ma santé mentale. Cette angoisse ne semble venir de nulle part, d'un coup je n'ai plus envie de rien, je ne crois plus en rien, tout est remis en question, je pourrai aussi bien crever.
Le modèle de l’enfant intérieur
J'entame une psychothérapie de l'enfant intérieur, qui m'aide à affronter mon problème, que je pensais être une dépression à l'époque. Ce modèle de l'enfant intérieur divise notre psyché en deux catégories fonctionnelles:
L'enfant intérieur: la partie émotionnelle, source des besoins, origine des émotions
L'adulte: la personne qui réfléchit, prend des décisions, agit et est responsable de l'enfant.
Le rôle de l'adulte est d'agir pour le bien de l'enfant, de l'aimer. Quand l'adulte se montre responsable de l'enfant, quand ses décisions prennent en compte ses besoins, on est dans l'amour, l'amour de soi, l'amour-propre. L'enfant se sent écouté et compris, en sécurité. On est sur le chemin de la paix intérieure et de l'amour cosmique mon frère.
Si l'adulte agit sans prendre l'enfant en compte, si il prends des décisions qui ne tiennent pas compte des besoins de l'enfant, celui-ci se sent lésé, ignoré, bref, il ne se sent pas aimé. L'enfant non aimé est une source de frustrations sans fin. L'adulte non aimant est coupable du ratage de la vie de celui qui ne s'aime pas lui-même.
Pour faire court, Jésus a dit: "Aime ton prochain comme toi-même". Ca veut dire: Aime-toi toi-même si tu espères aimer les autres!
Bon, est-ce que je m'aime moi-même? Mon gars, j'ai foutu ma vie en l'air, j'ai arrêté mes études, je sais pas quoi faire de ma vie, honnêtement pourquoi tu poses la question?
Impossible d’atteindre le plateau 3
Voilà pourquoi toutes mes tentatives pour retrouver une certaine euphorie au DXM ont été des échecs. J'en ai repris à intervales plus grands (deux-trois semaines), à 300-400mg, par curiosité ou par compulsion
J’ai tenté le plateau 3 à 720mg. 720 mg: De quoi percher largement au plateau 3 le commun des psychonautes. Et ben, ça n'a pas marché pour moi. Outre le set & setting perfectible, j'étais toujours dans la peur. Peur du DXM, peur de la peur, peur de je ne sais pas quoi. Du coup, je suis toujours resté dans le plateau 2, d'autant plus violent que la dose était forte.
Ai-je arrêté le DXM? Oui. J'ai arrêté pendant 5 mois, et l'angoisse n'est pas partie. Quelque chose cloche.
En août 2010 je teste la MDMA et même cette expérience a été teintée d'angoisse, c'est dire si j'étais atteint par l'analogie drogue=angoisse.
Au moins, l'arrêt du DXM a permis de ne pas empirer la situation. J'ai commencé à voyager et à me poser les bonnes questions. Je finit par me rendre compte que je vais devenir psy, que c'est ça qui me va. Encore un an avant d'entamer les études. Pendant l'année qui a suivi, 2011 quoi, le DXM m'a servi à nouveau quelques fois (intervales de 2-3 mois), j'ai voulu retenter le plateau 3 une fois chez un pote, échouage complet. Je trouve quand même du sens dans le plateau 2 que je commence à connaître, ça fait juste 14 trips alignés sur un an et demi. Le DXM est un bon révélateur de mon état d'esprit. Le plateau 2 est plus ou moins intenable en fonction de mon degré de connection intérieure, de confiance en moi.
Amélioration de mon état
Pendant ce temps-là, ma thérapie va son train, je fait mon bonhomme de chemin, je comprends de mieux en mieux l'enfant intérieur. En Juillet je teste enfin le LSD au Hadra, et une semaine plus tard je fait le voyage complet avec 5 buvards. Mort, renaissance, ça y est, j'ai fait le trip extrême, je ne suis plus en quête de sensations fortes, j'ai tout compris, l'amour cosmique et ainsi de suite. J'ai tout compris, haha, turn on, tune in, drop out, voilà, le pote Leary l'a dit.
Dernier trip DXM en date: quatre jours avant le début des cours à la fac, je décide spontanément de taper le DXM (370 mg) pour travailler un conflit que j'ai avec un pote. L'enfant intérieur se plaint, le DXM ça ne l'amuse pas vraiment (tu m'étonnes, haha). J'hésite franchement, et je fait le trip quand même, en expliquant à l'enfant que tout va bien je vais prendre soin de toi etc.
Pendant le trip, cette présence de l'adulte me permet de gérer un minimum le plateau 2 habituel. Une espèce d'angoisse sourde est là, je l'exprime, ça fait mal, mais j'avance. Je me pose sous le soleil dans un endroit superbe de la forêt. Je décide de vider ma tête de mes pensées noires, je me relaxe et là, SURPRISE! Bienvenue au plateau 3 mon pote. La musique passe en mode LSD, l'esprit devient clair, cosmique, ça y est, on y est les gars.
Je refuse de laisser le contrôle de ma tête au DXM, je veux pas être un drogué, alors je me lève et part. Rebienvenue dans le plateau 2, tu vas en chier pour ton arrogance jeune padawan. Effectivement j'en ai chié.
Ma nouvelle vie va bien
Les cours ont commencé à la fac, et je suis enfin à ma place. Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. L'angoisse revient parfois, mais je sais d'où elle vient, ou alors j'ai toujours quelque chose à faire pour arranger ça, je m'occupe de l'enfant intérieur, et en deux jours maximum c'est parti. Je me connait moi-même, je suis dans mes rails.
Le dernier épisode d'angoisse cette semaine a été l'occasion de calculer la part de DXM là-dedans. Résultat: Le DXM n'a rien à voir avec mon angoisse existentielle, celui-ci a juste déclenché celle-là, qui serait venue d'elle-même tôt ou tard.
Alors, qu'est-ce qu'on attend, les cocos? On a trouvé l'équilibre, on a la vie qu'on voulait, l'adulte prends soin de l'enfant, alors qu'est-ce qui se pose en travers de nous et de ce fameux plateau 3, de ce Saint-Graal cosmique du DXM, la consécration de l'avancement intérieur du jeune padawan?
Réponse: On va juste attendre le bon moment, on va faire un set & setting en BÉTON, on va se préparer intérieurement, mettre toutes les chances de notre côté, et après GO GO GO GO on va tripper mon pote, on va atteindre la septième bordure de la galaxie je te dit! On y va!
Carnet de bord : extraits
Ici je ne donne que quelques morceaux, dans le PDF il y en a toute une tartine.
Après avoir noté ça dans un coin de mon ordi, je me suis mis à cogiter sur ce trip à venir, et à noter compulsivement son organisation et comment je me sens vis-à-vis de cette expérience à venir.
AU 07-10-2011
Pas mal de trucs cette semaine, en gros, depuis la semaine dernière je me suis pas mal occupé de moi. Quelques décalages avec les étudiants sur le plan de la maturité, ça me travaille un peu, mais j'ai pas mal cogité: je vais rester ici et je vais faire mon trou. La connection avec l'enfant intérieur se fait bien, hier la conversation intérieure (enfin, à voix haute) s'est bien passée, ça ressemblait à ce que j'avait vécu pendant mon trip ultime au LSD, une grosse confiance en moi. Cette confiance en moi est d'autant plus forte que je prépare pas ce trip n'importe comment. Chaque fois que j'y pense à ce trip DXM à venir je me dit: 'ouais, non, pas ce week-end, je suis trop occupé avec ci ou ça... Mmh, une autre fois, ça presse pas'.
Aujourd'hui j'ai récupéré le médicament à la pharmacie, nickel. Pas trouvé de cache pour les yeux, je vais chercher encore.
Bref, je vois venir, je sens que ça va être génial.
AU 16/10/2011
Je me trouve deux états simples et différents dans lesquels je peux me trouver. Soit l'un, soit l'autre:
la JOIE: quand mes émotions coulent (même tristes!), que j'entends le OUI de Dieu et que la musique a goût de LSD. En général je ris, je chante, je danse. La vie.
la DEPRESSION: quand j'assume pas mes émotions, que je doute du bonheur et que la musique me fait peur. En général, je me renferme sur moi. La mort.
Ces deux états sont en opposition radicale, d'ailleurs ils veulent se détruire l'un l'autre:
Quand j'ai la joie, j'ai aussi la conviction que la dépression c'est très con et que je vivrai un jour sans, que ce jour ça peut être maintenant
Quand j'ai la dépression y'a le diable qui me dit que la joie est fausse, que le bonheur n'est pas possible.
C'est quand même ouf et c'est si simple!
Pour être sûr d'atteindre la joie je vais accepter la mort. Mourir c'est renaître.
AU 20/10/2011
Journée pas super facile, pas mal de tensions. Gérées, mais des tensions quand même. Je remarque que j'ai vite fait de me vexer pour des affaires qui laisseraient le commun des mortels plutôt froid. Typique de moi depuis un an et demi, quand j'ai commencé la drogue. Je ne pense pas que ça change, je voudrais juste y voir plus clair.
AU 21/10/2011
Le premier demi-semestre est passé, je vais pouvoir me poser dans les jours qui viennent et être dans les meilleures conditions pour passer mon trip.
Là je me dit que c'est bien beau de mourir, il va falloir penser à renaître après, et le LSD m'a montré que c'est pas facile. Mmh, je vais devoir penser à ce que je veux construire de nouveau chez moi.
Viens de causer avec Noé.
C'est décidé, tous ces trucs de fac qu'on apprends en psychologie sociale c'est super, mais quand je vois un exposé sur Genre et Religion qui parle que de la discrimination sexuelle dans les différentes traditions religieuses, je me dis merde, il y en a qui ne voient que ce qu'ils veulent voir.
Et toi, Styloplume, tu ne voies pas que ce que tu veux voir? Dans la religion tout ce qui t'intéresse c'est la spiritualité, le social tu t'en moques bien!
Et ben oui, je suis conditionné. Grosse cogitation bouddhiste sur l'importance des opinions et idées préconcues sur notre vision du monde. Je vois la voie bouddhiste: me libérer de mon conditionnement.
Ouais, bon, je suis pas à une fac bouddhiste, je suis dans un endroit où je veux me construire intellectuellement et où ce chemin est semé d'embûches quand on cogite à 100 à l'heure dès qu'un prof dit quelque chose d'intéressant, ce qui arrive souvent.
En causant avec Noé, je me suis dit, merde, d'accord, on trouve ce qu'on cherche, maintenant c'est à Styloplume adulte de décider quoi chercher. Et voilà, rechercher la joie ça me semble bien, la paix intérieure, ça me botte, c'est mon chemin.
Je vais donc m'affirmer de ce côté-là. Je vais renoncer en partie à me remettre en question, si cette mise en question me pousse dans les abîmes de la dépression.
Maintenant la remarque: me remettre en question, c'est pourtant le principe du chemin vers l'illumination!
OUAIS BEN pour une fois je vais RESTREINDRE MA VOIE. Là!
Dieu que je suis content de cette réflexion.
AU 22/10/2011
Non, je dois construire le nouveau Styloplume, lâcher l'angoisse, la comprendre, continuer de bâtir ma nouvelle personnalité, et la nuance avec hier, c'est: non en fermant des portes, mais en m'assurant d'être bien sur mon chemin vers la joie.
Je vais me replacer sur mon propre chemin.
Plus je me rapproche du trip (je pense triper demain dimanche), plus je suis en train de lâcher cet aspect psychologique énorme. Soyons franc. Je vais triper pour m'éclater, si je me prends 570 voir 600 mg avec un joint je serai tellement perché que je m'en souviendrai même pas, je vais me retrouver de l'autre côté du mirroir, et au moment de revenir j'aurai tout plein d'explications, mais en fait, je serai juste content d'avoir atteint le plateau 3, d'avoir eu ma perche cosmique, d'être gavé du trip.
Après un trip psychédélique on se sent mieux parceque le conscient et l'inconscient se sont mis en contact, ça équilibre automatiquement la personnalité. Alors, voilà, je vais triper pour triper. Mes réflexions valent ce qu'elles valent, elle vont sûrement porter, cette longue préparation aura eu une utilité, certainement, j'attaque ce trip dans les meilleurs conditions.
Plus tard. Le gosse (l'enfant intérieur) a peur, mais enfin bon, c'est normal, après tout quand je pense à la drogue avec des idées noires hors de ma portée dans l'inconscient, elles s'amplifient. Il faut que j'explique au gamin qu'il y a pas de raison de s'en faire, sous drogue la conscience est unifiée avec l'inconscient, pas de souci de ce genre. Les sentiments de dépression sont très différents de ce qu'on vit perché.
Donc, bonne après-midi aujourd'hui, demain c'est le grand jour!
Le set & setting
Setting:
Un dimanche dans ma chambre d'étudiant. Prise de la dose vers 10 heures le matin pour que le trip dure aussi longtemps qu'il faut sans que je sois embêté pour m'endormir le soir. Je ne pense pas prendre de petit-déjeuner, ou alors plusieurs heures avant, quelque chose de sucré.
Dose: Je vise un plateau 3. D'après la DXM-FAQ, il commence à 7,5 mg/kg. Soit 540 mg pour moi (72kg). Le jeûne devrait amplifier l'effet, et pour être sûr je vais taper 600mg, soit 8.3 mg/kg.
Médicament: Je me suis commandé deux boîtes de P à la pharmacie, pour moins de 5€ j'ai 720 mg, d'où l'avantage de commander, c'est juré, plus jamais de Tx ou de sirop pourri! Je vais préparer tous mes trips à l'avance dans le futur!
La chambre: volets fermés, porte fermée à clé.
Moi: Posé sur mon lit avec mon casque MP3, avec un cache sur les yeux. Le cache est là plus comme règle que comme aide: toi tu restes posé sur ton lit, si tu enlèves le cache c'est que quelque chose ne va pas. On va causer et s'entendre, et ensuite on reprends le cours du trip. D'ailleur il faut que je l'achète, donc, je vais cogiter là-dessus et sur les différents scénarios possibles.
La musique: La même que d'habitude je pense. Voici comment la musique est rangée sur mon MP3: il y a six répertoires, un par genre de musique, avec dans chaque une petite compile de mes morceaux préférés de chaque genre.
Un répertoire Goa dans lequel je vais passer du temps: Lost Buddha, AP, Hallucinogen
Un répertoire Ambient Goa: les mêmes en down tempo.
Un répertoire Trip-hop: Presque que du Massive Attack
Un répertoire "Très Calme": Thomas Newman, Michael Brook, Ludovico Einaudi
Un répertoire "Groovy": Gorillaz, Monofocus, un peu de hip-hop
Un répertoire Rock Costaud: Monster Magnet, Rammstein, Kaizers Orchestra (la révélation de la semaine)
Avec tout ça, si je passe pas un bon trip...
Important : le cahier avec mon styloplume pour tout noter en cours de route. C’est très pratique pour « refaire le trip ».
Set:
Ceci est complété par le carnet de bord.
L'adulte est là pour accepter l'effet du DXM et laisser l'enfant apprécier l'expérience pleinement. Le but est de laisser venir le 3ème plateau sans me défendre comme la dernière fois.
Si l'enfant a peur de l'angoisse, c'est le rôle de l'adulte de le mettre en confiance. D'ailleurs, le fait de m'y préparer à l'avance va permettre à l'enfant de me faire part de ses inquiétudes.
Je compte laisser une grande marge de manoeuvre au DXM, lui faire confiance. Le DXM n'est pas du tout évolutif comme le LSD, aussi ce sera à l'adulte de résoudre les éventuelles embûches mentales qui se présenteront. Mais tant que le DXM ne me pousse pas à enlever le cache de mes yeux, à sortir de chez moi, je vais le laisser faire. C'est un maître dur, très dur, mais si je me prépare bien il sera sympa avec moi.
Avant le trip et montée
7:30
Ca y est! C'est le grand jour! Réveillé à sept heure moins vingt, pas moyen de me rendormir! Enfin, j'ai faim, hop, aujourd'hui c'est LE jour.
Lol, ça fait bizarre de planifier un trip comme ça. Après tout, tout est parfait: le joint, le médoc, le lecteur mp3, le cache pour les yeux, une journée entière pour digérer le trip, demain est prévu pour me reposer et rédiger le TR. Tout ceci est fort raisonnable, hin hin.
8:10
Fini le petit-dèj: un bol de thé et quatre petits pain au nutella. Ca me casse un peu cette nourriture, ça me gênera pas de tout vomir plus tard![]()
8:26
Petite conversation chat avec Larry Golade. Ca fait du bien de se confier: aujourd'hui je part à la conquête du plateau 3!
8:58
Le mantra des Benegesserit que j'ai traduit:
« Je ne dois pas avoir peur. La peur est la tueuse de l'esprit.
La peur est la petite mort qui apporte l'oblitération totale.
Je ferai face à ma peur.
Je lui permettrai de passer au-dessus et à travers moi.
Et quand elle sera passée je tournerai mon œil intérieur pour voir son chemin.
Où la peur sera passée, il n'y aura rien.
Moi seul resterai. »
9:11
J'éteins l'ordi et je me met à préparer le trip, je sens que le stress monte. Prendre une douche, ranger ma chambre, prendre le DXM, causer avec moi surtout. Allez! On s'y met! Toutes les notes qui suivent sont prises sur le cahier.
9:25
Point intérieur avant de prendre le DXM: je suis excité, le coeur qui bat, j'ai peur et je suis enthousiaste à la fois. Petit dialogue intérieur. Ca va mieux.
9:36
17*30 = 510 WTF? Minute. Il manque 2 cachetons. Ah! Ils steack hachés dans la plaquette!
19*30 = 570 mg. Tout va bien.
Purée 19 cachetons quand même!
Voilà, c'est avalé pour les cachets.
600-570 = 30 mg à prendre en sirop. Haha, tous les jours 3 fois par jour.
30mg / 1,33mg.ml-1 = 20,3 ml.
(J'ai fait une faute dans mon cahier, à la vérification c'est 22,5.)
Allez on arrondit à 20 ml?
9:47
Et voilà! 600 mg dans le bide! Et maintenant à la douche!
10:03
Une douche ça fait du bien. Sous l'eau je me suis fait la réflexion: Va pas falloir trop fumer avant que le DXM monte, sinon, je risque de vomir mes cachetons. Voilà bien une réflexion de drogué!
10:04
Je viens de m'éclater à prendre des photos bien délire de moi sur mon lit
10:24
Un peu de guitare, je me lève et ouh ça monte. Allons-y pour quelques taffes.
10:28
Le joint monte dur ouh c'est bon.
Pour la suite, je reprends en quote mes annotations faites en live pendant le trip, sur le cahier. Ca a été pour le moins une gageure. J’ai du régulièrement m’enlever le cache des yeux, arrêter la musique, noter l’heure sur mon portable, cacher un œil d’une main (saloperie de double vue au DXM), pour fébrilement noter sur le cahier des remarques bien perchées au styloplume (haha). Saloperie de DXM, par moment je trouvais quelque chose de génial et le temps de le noter je l’avais déjà oublié !
De l’autre côté, ce que je raconte de mémoire.
Départ fulgurant
Le joint pousse costaud. Je ferme les volets, je veux poser le cendrier quelque part, en même temps je me demande comment je pourrai vomir au cas où, je commence à pousser la poubelle près du lit, et oulà.... Ca pousse fort, J’ai vraiment du mal à poser une pensée après l’autre, je suis en plein dans une montée violente. Allez on se pose.
Je ferme la fenêtre, je me couche sur le lit, je met le cache sur les yeux, et j'envoie la musique, la playlist ''Très calme''. Rapidement je suis parti.
Je pense à mon enfant intérieur, et assez vite je tombe sur une représentation de lui. C'est une jeune femme blonde qui se tient derrière les barreaux d'une rembarde. Derrière elle, le soleil se couche sur la mer. C'est la plage de notre dernière conversation sous LSD, les barreaux prouvent que je suis coupé d'elle.
Je commence à parler de manière hésitante, à lui témoigner de mon amour, dans un discours qui n'est pas sans rappeller la dernière scène d'une comédie romantique. "Tu sais, j'aimerai savoir comment tu te portes, j'aimerai mieux te connaître... je voudrais te voir rire, te voir sourire, te sentir heureuse..."
Les mots viennent difficilement, j'en tremble d'émotion, vraiment cette montée est dure à gérer, j'ai trop d'émotion.
"Et je voudrais que tu me dises... ce dont tu as besoin... ce que tu voudrais... ce qui te manques encore..."
Je m'arrête pour tenter de gérer, de faire le point rapidement. Bon, ça c'est dit, la parole passe à l'enfant, et là, attention coco, tu fais pas le malin quand t'entends ça:
"J'ai besoin... de toi. J'ai besoin que tu me dises... que j'ai de la valeur. Je voudrais que tu me donnes une raison d'être, que tu m'accompagnes, que tu ne me quittes pas. Je voudrais que tu me dises... que tu m'aimes".
Pendant qu’il parle, l’enfant fait des gestes équivoques : il se touche les bras, se serre les épaules, cherche un réconfort.
J'ai du mal à assumer ce qui vient de se dire. Je commence à pleurer, et là l'adulte se dit que ça risque de faire trop, qu'on risque de pas gérer si on se met à pleurer maintenant. On va plutôt se concentrer sur la musique et triper safe.
11:00
Ca déchire je tripe à bloc. Causé avec l'enfant.
Je suis dans un bon trip. Le peu de lumière qui parvient à filtrer au travers de la fenêtre et de mon cache sur les yeux me dérange un peu, ça fait un faisceau de lumière qui vient du bas et qui dirige les halus. Je pars pas vraiment. Alors je tente de danser un coup. Oohh c'est revenu, c'est la fameuse danse que j'ai apprise au LSD, ça coule sans problème.
11:25
Plateau 3
Danser
Je me pose à nouveau, je suis dans la playlist "Ambient Goa", sur Boris Blenn. Des images défilent, beaucoup d'images, beaucoup de trucs personnels. Toutes mes questions perchées sur la psychologie des profondeurs, sur la psycho sociale, tout ça remonte d'un coup, les images répondent mais ça va trop vite pour que je capte tout.
On va laisser tout ça à une future psychanalyse, en attendant le trip va bien, on est ouvert aux questions.
Je veux des infos sur la dépression.
11:49
On devrait laisser ça à la psychanalyse
Plateau 2 => 3 Bravo! Maintenant DXM=LSD
Pourquoi faire? Toi seul vis là-dedans.
La psychanalyse c'est plus académique.
LA MUSIQUE POUSSE OUF DE CHEZ OUF
Délire complet, j'en fais ce que je veux
Aujourd'hui ni mort ni renaissance, Stylo gère et pose les questions. On est ici et maintenant. Tu veux savoir quoi ?
Demande : La dépression.
Les réponses ne tardent pas. Rapidement on me confirme que j'ai déjà fait beaucoup pour lutter contre la dépression, je me suis fait un bon environnement, je part dans la bonne direction.
Je suis assez enthousiaste, je pose d'autres questions, plusieurs à la fois.
11:55
Ouais, c'est cool, on est en train de se replacer.
Ca pousse méchant.
Pas de souci pour la fac, je vais gérer ça. Allez, trippe, on causera plus tard. Prochaine question?
La psycho sociale,
rapports homme/femme,
mon frère et mon père en fait
L'adulte dit: nous ne penserons pas au frère mais au père.
Papa?
Blocages : sortie du plateau 3
C'est pas anodin de penser à mon père. Je pense que jusqu'à ce moment j'était dans la première matrice périnatale de Grof. Ca allait un peu trop bien, ça semblait un peu trop beau pour être vrai. D'ailleurs, je fais preuve de paresse, je laisse mon père se soucier de moi.
12:01
Papa, Dieu, le moule. Je vous laisse tous mes soucis je me laisse porter.
Haha, la première matrice appelle la deuxième, jeune padawan! C'est à toi d'être ton propre père, si t'es pas présent tu pars en vrille!
Effectivement je part en vrille.
Mon adulte ne gère pas vraiment. La musique me tue effectivement mais sur le coup je ne comprends pas que c'est le processus de mort-renaissance. Je me sens refaire un bad-trip au DXM avec des images pourries, et je le fuis.
Pourtant, maintenant que j’y repense, c’était différent d’un de mes bads classique au DXM. C’était plus l’impression de mourir bientôt, le bad complet, beaucoup plus dur, certainement un passage vers la renaissance. Je me sentais partir dans un délire de mort, un truc affreux qui nous bouffe, pas juste quelques images dégueulasses.
Enfin, de toutes façons je ne le sens pas.
12:12
Délires pas cool, pas de mort non plus.
J'appelle l'adulte.
L'adulte: ne t'inquiète pas de la peur, je suis auprès de toi.
Passons l'épreuve. Cette musique me tue.
La preuve que j'assume pas:
12:15
Je décide de changer de musique. Du groovy pour s'amuser.
J'arrive plus à fixer mes pensées, je suis clairement dans le plateau 2.
12:21
Styloplume, merde, laisse tomber
Quoi? Je ne sais plus? Oubli de la souffrance.
Pose-toi.
Angelic Particles.
J'ai peur de mourir.
Une tentative de reprendre le dialogue, mais ce que dit l'adulte n'est clairement pas suffisant, les halus tournent au crado de chez crado.
Je vois des halus pourries. Mon amie Anja qui était aussi l’image de mon anima lors de mon dernier trip au LSD m’apparaît avec un visage souriant, puis sa bouche s’ouvre, ses dents deviennent énormes et veulent m’engloutir. Non non j’assume pas.
Je vois des images de sexe crade, sans amour. De la merde, des humains transpercés, le sang couler, boarf, vous voulez plus de détails ?
12:44
Perché à bloc.
Pensées d’amour.
(allemand) Et maintenant, l’adulte va-t-il faire quelque chose ?
Et maintenant, qu’est-ce que tu veux, petit enfant? (Boris Blenn)
Je veux vivre bien ici dans cette ville.
Je veux devenir quelqu'un de bien.
Je suis l'adulte, je me le dit, allez, viens, allez, vient, l'enfant on est tranquille
Goa ambient
Merci Styloplume.
Pourquoi tant de sexe et de sang dans les images?
Plateau 2 full power.
13:30
Trop perché pour rapporter.
Je DOIS prendre soin de moi.
13:54
On fait le point
Goa ambient
On a eu plein de délires à la manière du plateau 2. On retourne au 3. Toujours des humains moches.
Je suis en train de prendre tout ça au sérieux.
14:00
Je suis rentré sur le plateau 2 dégueulasse. Ca veut dire qu'il faut faire quelque chose.
Reprise en main du trip
Bon je décide d'agir. Je lâche la musique, je lâche le cache sur les yeux, je me met en mode "adult only", haha, sans mauvais jeu de mots.
Le soleil rentre à flot par la fenêtre que je viens d'ouvrir. Je profite du super set & setting, je suis dans les meilleures conditions pour bader safe.
Evidemment je suis débordé avec tout ça, c'est pour ça que je bade. Je me sens comme dans la phase de vide au LSD: la tête tourne, j'ai les yeux comme des spirales, une saloperie de double vue, je peux pas écrire sans me cacher un oeil.
Je me sens coupable de quelque chose de terrible, j'ai pris de la drogue, je suis encore en train de remettre mon existence en doute.
Impossible de penser clairement. Je dois faire appel à toute ma force mentale pour me décider à parler avec l'enfant. Ma vraie victoire c'est que dans ce moment-là j'ai réussi à lui parler et un seul truc est venu, le truc le plus absolu possible, le seul dont je fusse sûr, ce que j'avais cogité avant le trip: "Je veux la paix intérieure". D'ailleurs, ce n’est pas l’enfant qui a parlé, c’est moi. Je décide moi-même de ma psyché, c’est ça la force de ma volonté !
Plusieurs fois j'ai eu envie de m'allonger sur le lit pour oublier tout ça. Ouah, c'est vrai ce qu'on a vu en cours, c'est ça la clinophilie, c'est fuir nos problèmes.
Non non non, je veux les affronter. Je décide de chanter une sorte de mantra que j'aime bien. Pas trop d'effet, sinon que j'arrive à voir un tout petit peu plus clair. Il faut dialoguer encore.
Là je ne sais plus trop ce que j'ai dit, ce qui s'est passé, mais ça a marché sans le dialogue. Ce qu'il fallait c'est que j'agisse, et j'ai agit. :
Le fait d'avoir ouvert la fenêtre, d'avoir noté tout sur mon cahier, d'avoir tenté de chanter, tout prouve ma bonne foi. D'une façon ou d'une autre l'enfant a accepté tout ça.
Pour être safe je veux tester voir si la musique coule bien. Si la musique va bien, tout va bien. Je choisis un morceau de ma playlist "Rock costaud", un truc que j'adore et bien énergique de Kaizers Orchestra. Une musique norvégienne bien barrée. Si cette musique passe, la playlist « Très calme » ne devrait pas poser de problème.
14:03
Je viens d'ouvrir la fenêtre. Double vue.
Vu que je suis retombé dans le 2 dégueulasse, il faut que je parle avec l'enfant.
14:05
Bon, voilà. T'es trippé à bloc, et à quoi ça va te servir?
14:11
4 heures depuis la prise.
14:07
Je douille, double vue et tout.
Qu'est-ce qu'on cherche?
14:10
Bon alors qu'est-ce qu'on demande?
L'adulte vois pas trop quoi faire. L'enfant?
L'enfant fait mine de se coucher. Et bah non, on est en plein trip. Qu'est-ce que tu veux?
14:14
L'enfant: Je veux la paix intérieure.
Okay on va voir. L'angoisse, elle, elle se verra par la psychothérapie.
En attendant j'ai atteint le plateau 3.
Oui c'est ça, c'est le plateau trois.
14:20
Saloperie de plateau 2 je vais chanter pour remettre de l'ordre.
Je suis Styloplume, étudiant, chanteur, intelligent. C'est moi qui décide de mon humeur.
L'adulte est de retour, on va chanter.
14:26
Je me pose sur mon lit ensoleillé après un court dialogue.
14:33
Et qu'est-ce qu'on fait maintenant?
Là on a eu ce qu'on voulait, le plateau 3, la musique spatiale (elle ne l'est plus, là)
On va tenter de pisser, si ça marche on boira et on finira le joint, histoire de s'amuser.
Mais qu'en est-il de l'enfant? Bon, on va causer avec lui.
14:40
Toujours la clinophilie.
L'enfant est angoissé. Des bruits, des trucs (saloperie de double vue)
Je vais réclamer le dialogue intérieur, si ça marche on finira le joint.
Rha putain chaque fois que je prends du DXM, avant j'oublie qu'on remet en question notre propre existence.
Je met Di Grind de Kaizers Orchestra.
Si on tripe dessus on fume le joint.
Ca a marché apparement. La musique de Kaizers Orchestra pousse bien, le soleil est là, tout va bien en fait, je suis en sécurité. C'est parti pour le joint.
14:49
Ouais, va y avoir moyen de tripper. Je fume.
Retour au plateau 3
Je me pose sur mon lit sans même refermer la fenêtre. C'est parti pour la goa ambient.
Je me met le casque, le cache sur les yeux, et là, heu... oulà. Quelque chose a changé.
...
PUISSANT. La musique est exactement la même que sous LSD. Bordel! Yaaaaaaaaa!!!!!
Que le saint buvard me ramolisse!
J'ai atteint le plateau 3!
15:17
Je suis revenu dans le plateau 3 depuis la dernière fois. Je maîtrise le DXM!!!!
Pas de mort ou de renaissance, juste un amour de soi dont il ne faut pas partir.
L'euphorie du 3 pousse fort.
Ca y est les images viennent, beaucoup plus claires cette fois, plus précises, plus belles.
15:21
Je peux étudier bordel de merde!
Je me suis trouvé. Je suis ...
DXM = LSD right now
Alors, sale gosse, tu l'as, hein, ça y est! Tu le voulais, tu l'as maintenant!
Oh putain oui, je l'ai oui, et putain je vais profiter! Haha!
15:25
Un plateau 3 ça mérite de la GOA
Mise au point rapide...
Les pensées défilent, ça cavale à fond, je me laisse bercer, ou plutôt, je me fond avec complaisance dans cette avalanche synesthésique. C'est d'une beauté à vous couper le souffle, ça pousse incroyable, un trip terrible.
A un moment je trouve une conclusion juste géniale qui explique le sens de ma vie. J'essaie de la noter et merde je l’ai oubliée.
15:31
Merde j'ai oublié!
C'est con, c'est le secret du bonheur que l'adulte avait trouvé, à la fac.
Je veux pas repartir en bad. Je prends ça très au sérieux.
15:35
Cet oubli marque une rupture. Je retourne dans le joint pour me retrouver.
La pensée perdue.
Je coupe la musique, j'enlève le cache, et - surprise! Le soleil rentre toujours a flots! Haha tu parles des soucis que je me faisais pour un mince faisceau de lumière qui passait au travers des volets et sous mon cache!
Bon, je me débranche, donc, je finit le joint (beurk, pas mon truc), et je trouve à noter:
15:39
LE PLATEAU 3 PAR LA FACE NORD.
…et c’est reparti !
Je referme quand même la fenêtre, je me rebranche, et je retourne dans la spirale. La musique pousse très très fort, je suis clairement dans la matrice 4, la matrice safe de celui qui a passé la mort et la renaissance. Il faut croire que mes efforts pour reprendre le trip en main on porté leurs fruits et compensent mon échec de midi pour mourir.
Bref, l'expérience devient clairement monstrueusement psychédélique.
Je tâche de me concentrer sur la pensée que je venais de perdre juste avant, et je pense la retrouver. Je retient des images de la fac, et le mot "digne".
15:42
Je suis DIGNE d'être un étudiant
Bon, tout ça c'est réglé, j'ai plus qu'à partir, alors hop je lâche prise et je pars dans la musique. Je suis toujours sur la playlist Goa, ça enchaîne mes morceaux préférés d'Astral Projection et Hallucinogen. Pfiouuuu c'est vraiment plus les mêmes. C'est comme si j'étais passé du film noir & blanc au cinéma 3D IMAX. Une fontaine de vie, un OUI perpétuel, ça y est, je l'ai, JE L'AI!
Et voilà, Styloplume, tu l'as. C'est l'expérience mystique. Dieu est là, il n'y a pas d'autre mot. Les psychonautes ont plein de mots qui partent dans tous les sens pour en parler, n'empêche que c'est plus simple d'avoir un seul mot: j'entends Dieu.
Une source de joie pas possible, la vérité pure, un oui à toute vie, le sens de l'existence, du monde, l'explication finale, tout est parfait, tout est beau, tout est nickel.
Dark Magnus commence, et c'est à peine si je reconnait ce morceau, tellement il est devenu VRAI. Les nappes de synthés s'enchaînent et ce sont autant d'anges qui louent la beauté de Dieu. Rha, ouais, c'est le mot. Un choeur d'ange au ciel qui chante Hosanna, y'a pas d'autre mots.
Le morceau s'intensifie, il dure, il dure, et là, hop, je le vois. C'est mon pote Jésus (ou n'importe quel prophète barbu, mais ça me plaît de croire que c'est Jésus) qui me regarde avec un oeil de prof. Il semble vachement sévère et me fait un air: "Regarde, toi, l'étudiant, t'es arrivé là, alors je te montre tes cours, fais gaffe que t'as intérêt à bien les réviser". Pour appuyer ça il a la main posée sur des tablettes d'argile gravée avec des choses sans doute très spirituelles, même si je n'y comprends rien. Enfin, je fixe sur les tablettes, les écritures pulsent, oui, c'est sans doute vachement important. Je retient ça, promis.
Après une telle découverte, puisque tout va bien, pourquoi pas repasser par le cycle mort/renaissance maintenant? J'essaye, je tâche de me faire écraser par la musique, mais les choses ne sont pas si simples. Si je veux mourir sous DXM, il faudra que j'accepte les halus bien crades et que je passe au travers. La mort c'est pas pour maintenant, pour le moment je suis au ciel, alors on va profiter.
J'enchaîne quelques mises au point spirituelles. Notamment, la différence entre les halus crades de la dépression et l'expérience de Dieu que je suis en train de faire. Pour moi c'est très clair, quand je suis en bad, je suis prisonnier de l'instant présent, car je ne l'accepte pas. Et quand je suis en moi, quand tout coule, alors je suis l'instant présent lui-même, je ne suis rien, je suis tout, l'unité Atman/Brahman résume bien la situation.
Je suis en train de manger mon trip, oulàlà, ça cavale à fond, ça fait vraiment beaucoup. Je laisse la musique stéréo m'écraser de chaque côté de la tête, les mélodies sont commes deux gouttes qui foncent l'une sur l'autre en venant de la gauche et de la droite, elles s'écrasent l'une contre l'autre, sans se mélanger, mais en s'étalant sur toutes les directions perpendiculaires à leurs trajectoires. Et moi, je suis entre les deux, je ne suis plus rien.
15:51
Dark Magnus=LSD
Jésus, les gravures
Puis la mort, raté
15:57
J'atteint le niveau LSD avec le DXM. Ouch ça pousse.
16:01
(allemand) Oui, j’ai réussi.
DXM (+THC?) = LSD
Prisonnier de l'instant présent (bad)
L'instant présent en lui-même (rha les halus de ouf les gars, enfin pas les halus, la musique: Hallucinogen!)
16:06
Et voilà mon bonhomme, t'es le roi du pétrole!
16:14
(allemand) J’entend le oui de Dieu !
2 => 3
Ecouter le oui de Dieu, oui à la vérité.
16:15
C'était
Je voulais dire que je suis content
16:25
J'entends le OUI de Dieu dans la musique. Une pensée va par là? OUI
Ouch, c'est costaud quand même cette quasi-dissolution du Moi. J'ai pas besoin du cycle mort/renaissance, OK, alors je décide de passer dans un trip plus calme. Ca marche bien. Sur le coup je m'imagine pouvoir changer de matrice à volonté, en fait je ne fait que suivre la logique du trip. Ca fait quand même plus de six heures que ça dure.
Je décide que j'en ai eu assez, et effectivement j'en ai eu assez. Pour ne pas partir en live chez moi sans rien faire, je vais me promener, et on va causer.
17:00
J'ai remarqué que je pouvais passer d'une matrice à l'autre
Contrôler les halus
La descente
Je me débranche.
J'ouvre la fenêtre. Je prépare mes affaires. Bouteille d'eau, casque, cahier, chaussures, hop c'est parti.
Je sors. Oulà, le monde est beau mais ça tangue. En chemin je ne suis pas sûr d'avoir fermé chez moi, alors je reviens sur mes pas. Je croise un étudiant dans l'escalier, je sors ma personnalité ordinaire pour lui causer, mais ça me fait vraiment bizarre. J'ai bien fait pour mon set & setting de n'avoir pas pris le risque de croiser quelqu'un d'autre. C'est bon, ma porte est fermée, j'y retourne.
Alors on fait le point. Je me sens claqué, vidé, et en même temps que je me pose sur des feuilles mortes le petit bosquet d'un espace vert, je ressens que le monde entier a à nouveau du sens pour moi. Cette foutue dépression des semaines dernières est partie! Yaha! J'ai eu le plateau 3, j'ai entendu Dieu, il me l'a bien martelé dans le crâne: OUI! Plus de questions dépressives à la con, juste une grosse certitude, une certitude absolue: je suis sur mon chemin et j'y suis bien.
Ah, nickel, je me promène, je danse, c'est parfait.
En chemin je suis pris d'une grosse grosse fatigue dans les jambes, je baille comme pas possible, et chaque baillement se répercute dans tout le corps, j'ai carrément du mal à marcher. Allez on rentre, et vite!
En chemin je suis pris de quelques doutes, le spectre de la dépression. Alors là : hop! Je met l'adulte en route, et il cause pour expliquer que si, si, la joie est possible, les pensées noires ne sont qu'une épreuve à passer avant d'avoir la joie. Plop, je repasse du côté de la joie. Ce petit cirque dure encore deux jours après le trip, c'est parceque je ne suis pas passé par la mort et que je n'ai pas "digéré" les images crados ni accepté la mort.
Je suis crevé comme jamais je l'ai été de ma vie. Une fois rentré, je me pose dans mon lit, complètement hors service.
17:44
Encore bien perché, dans un espace vert sous le ciel bleu. Ludovico Einaudi : Indaco.
La paix. Le trip est fini, l'objectif est atteint: je ne suis pas resté dans la dépression, je suis parti dans la joie. Celle-là est vraie, sans aucun doute! C'est la bonne, le joie authentique! Ah putain je suis heureux, je vois que je suis redescendu. J'en ai chié, putain! J'ai eu du mal, mais maintenant, c'est certain. J'ai toute ma tête. Putain de succès de fou!
19:13
Retour à la maison après une bonne promenade
19:24
Claqué claqué => au pieu.
Je dors pas non plus.
Je retombe dans les matrices moches, à nouveau des images dégueulasses d'humains pas beaux, tout plein de défauts. C'est pour moi le diable qui me parle, l'imparfait qu'il y a en moi, la souffrance de ne pas être connecté avec Dieu.
C'est aussi pour ça que je suis là sur Terre, c'est pour apprendre à surmonter mes peurs, faire des efforts moi-même pour atteindre Dieu.
Alors, je raisonne l'enfant, je lui explique que non, ce n'est pas si grave, c'est juste une matrice non résolue qui remonte, et oui, on va le résoudre, en attendant ça nous sert à rien d'y rester. Le fait de parler me permet de cogiter dessus et d'en tirer quelques conclusions, entre autre que ce qui me fait peur chez les autres c'est ce que je n'assume pas en moi. Le fait de cogiter tout ça me permet de résoudre mon petit conflit intérieur.
Ensuite, une pensée très particulière: je vois des vieux tchékistes communistes (ceux qui envoyaient les gens à la mort au Goulag) qui se retrouvent après la chute de la dictature stalinienne. Ils se rassemblent, tout plein de vieux mecs pourris jusqu'à la moëlle, déchus de leurs fonctions de petits tyrans, plus bon à rien. Ils ont l'air triste de ne plus avoir de pouvoir (tu m'étonnes, haha). Ils font une réunion dans l'ombre pour voir ce qu'ils peuvent faire pour pourrir le système à nouveau.
Ca me semble une bonne représentation du diable: un abruti qu'a rien compris et qui s'entête dans sa connerie.
J'y prends pas. J'analyse bien tout. L'image passe, et la méchante matrice ne se montre plus. Je finit par m'endormir.
Réveillé une fois à 1:30 le matin. Chiotte et dodo. Mâchoire dure.
21:47
Toujours des images d'humains sans espoir. Inconscient personnel.
Je ressens que:
- Je suis choqué chez les gens par ce que je ne veux pas voir en moi
- J'ai encore un vrai travail à faire pour accepter tout ça comme Jésus l'a fait.
Jésus est décidément très fort.
Une bande de vieux tchékistes russes (les fameux vieux tchéquistes de Soljenitsyne) se retrouvent en cachette pour comploter leurs prochain coup d'état.
Salauds! Vous m'aurez pas, haha!