Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

Le forum des amateurs de drogues et des explorateurs de l'esprit

dosage truffes pour une expérience thérapeutique ?

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Jeb
  • Date de début Date de début

Jeb

Matrice Périnatale
Inscrit
27/9/22
Messages
10
Hello,
J'ai eu une première expérience avec truffes Valhalla fraîches dosées à 15 grammes.
Je précise que je ne les ai pas prises à des fins récréatives mais thérapeutiques. J'ai lu et vu que lors des essais cliniques sur la psilo, on administrait des doses de 30 grammes, parfois même associées à d'autres substances pour provoquer une expérience mystique.
Mon expérience a été très forte, spirituelle, mais m'a laissé en partie sur ma faim. Contrairement aux récits que j'ai pu lire de trips sous hautes doses dans le cadre de ces essais, je n'ai revêcu aucun événement de ma vie, revisité aucun trauma, même pas vu de proches ou d'êtres humains, J'étais en connexion avec la "substance de la plante", et au-delà, avec une entité dont l'énergie m'apparaissait à l'origine de toute chose (je résume ici mais je peux partager le récit complet si ça intéresse quelqu'un). Une semaine plus tard, le souvenir de l'expérience est bien plus vague, comme si je me souvenais simplement d'un rêve.
J'ai donc pensé que la dose n'était pas suffisante.
Avec 15 grammes, j'ai déjà pas mal voyagé et 30 grammes me paraît beaucoup, mais je voudrais avoir confirmation que cela est possible (peut-être avec une autre variété que Valhalla ?)
Pour info, je pèse 64 kilos pour 175 cm.  
Cordialement,
Jeb
 
Salut, je doute que le dosage ait quelque chose à voir : ton set & setting (les conditions mentales et environnementales) était simplement différent du set & setting en conditions thérapeutiques (c'est à dire dans un espace dédié en présence d'un médecin que tu vois régulièrement dans le cadre de la thérapie).

Également, toutes les personnes qui prennent des champis en thérapie ne vivent pas de réminiscence d'épisodes de vie etc, ou pas la 1ère fois, mais ça ce n'est pas toujours précisé. Il est évident que les récits communiqués au public sont les plus spectaculaires et les plus vendeurs ;)

30g de truffes c'est vraiment balaise. Si le trip est mal intégré (et ce risque est multiplié hors cadre thérapeutique) cela peut causer bien plus de dégâts que c'était censé en réparer.
 
Bonjour,

Dans les essais cliniques, les patients sont sous surveillance médicale permanente. C'est un paramètre à prendre en compte aussi. Copier le dosage ne suffit pas. Déjà, 15g. de Valhalla d'un coup pour une 1ère fois, c'est risquer un bad trip.

AMHA, passer directement à 30g est une folie.
Il vaut sans doute mieux attendre quelques semaines, un mois ou 2 et prendre une dose proche de la 1ère.
Mais d'autres membres te diront mieux que moi, qui suis débutante (2 trips).

Sinon, oui pour un TR complet de ton expérience, qui semble avoir été formidable. Et en effet, il faut rédiger les TR rapidement. De mon côté, je les commence le jour même car autrement, j'oublie vite, bien que ça marque beaucoup plus la mémoire qu'un rêve, dans mon cas.

Edit : je m'aperçois que Biquette a répondu juste avant moi.
 
Peut-être aussi qu’il y a trop d’attentes envers les truffes et la dimension thérapeutique. C’est-à-dire que revoir des traumas ou halluciner des trucs autonomes, ce n’est pas si courant (par contre tu peux facilement te taper un flash-back traumatique si tu y es sujet, et ce n’est vraiment pas rigolo). Pour t’en convaincre que je te propose de lire quelques TR de la partie « trip reports : champignons, LSD et tryptamines ».

De plus, des expériences aussi fortes, même si tu les vivais, n’auraient pas forcément une valeur thérapeutique. Elles pourraient tout aussi bien s’évaporer dans le non-sens ou te blesser profondément.

Enfin, comme tu le constates, le souvenir se ternit vite et il en est de même des leçons qu’on croit en tirer. J’insiste dessus pour souligner que les drogues ne sont pas des médicaments magiques. Il arrive qu’elles changent le pdv sur quelque-chose mais il y a un travail de fond à effectuer sobre si l’on veut l’intégrer dans sa vie de tous les jours.
 
Merci pour vos réponses.

Pour contextualiser, en début d’année, j’ai été diagnostiqué pour une pancréatite chronique héréditaire. Je trainais des symptômes depuis une dizaine d’années sans que l’on parvienne à poser un diagnostic, puis deux crises m’ont valu deux hospitalisations en urgence et le diagnostic a été posé par test ADN (j’ai un allèle défectueux présent chez une partie de la population et qui, dans un % infime de cas, peut causer des pancréatites). Personne avant moi, et d’aussi loin que la mémoire familiale remonte, n’a connaissance de parents qui auraient souffert de cette pathologie ou même eu des problèmes de pancréas.

Rapidement, j’ai commencé à me demander ce qui pouvait expliquer que la maladie se déclare chez moi, qui plus est aussi tard dans ma vie.

Je suis par ailleurs sous antidépresseurs depuis de nombreuses années, en doses « de confort », pour m’aider à supporter une tendance à la dépression et une anxiété omniprésente.

Bref, j’ai entendu parler de la psilocybine récemment, vu quelques documentaires, lu quelques articles sur le sujet. J’avais déjà envisagé l’ayahuasca comme une piste d’exploration intéressante, sans trouver le courage ou la ressource nécessaire pour en faire le projet d’un voyage en Amérique du Sud.

Je dois préciser que je suis très cartésien, que je n’ai jamais eu aucun attrait pour les drogues et que les expériences qui m’ont été relatées jusque-là de trip sous psychédéliques et autres transes chamaniques m’avaient semblé pour le moins « folkloriques ».

Je pratique pourtant la méditation depuis plusieurs années, m’intéresse particulièrement au bouddhisme, mais les questions d’ego, d’interdépendance des phénomènes, de vacuité, si elles me passionnent d’un point de vue théorique, restaient à mes yeux des concepts abstraits que je ne parvenais pas à saisir véritablement, enfermé que j’étais dans mes perceptions.

Je précise que je n’attends pas de solution miracle ni de guérison, mais la psilo m’a semblé être un moyen d’atteindre plus rapidement le cœur du problème, l’origine émotionnelle, s’il y en avait une, de la maladie.

Voici ce que j’ai noté (pour moi-même) le lendemain de ma première prise:

Hier, à 12h37, prise de 15 g de truffes Valhalla. Je me suis installé au jardin et n’ai d’abord rien senti. J’ai pensé que cela n’aurait aucun effet. Puis j’ai commencé à bailler et me suis installé dans le canapé. Un fou rire nerveux a commencé à me prendre par intermittences, accompagné de larmes. Je suis monté m’allonger dans la chambre et S. (Mon compagnon) a mis une playlist de cloches tibétaines. Je me suis enfoncé dans une semi-inconscience, les sons se sont décuplés.

Une présence m’est apparue, quelque chose d’une grande beauté, faite d’ondes énergétiques, qui serait à l’origine de toute chose. Ce n’était ni animal ni végétal mais doté d’une vie propre et d’une intelligence souveraine. Cela se déployait et dansait sans cesse, se décuplait, lançait des sortes de tentacules, comme une algue proliférante ou une anémone de mer.

Il m’était possible de communiquer avec elle, c’était une présence bienveillante, qui m’accueillait de façon évidente. Par instant une partie de mon esprit essayait de rationnaliser ce que je voyais, mais la présence me faisait aussitôt comprendre que c’était inutile, qu’il y avait une logique à tout cela qui échappait au langage.

Je lui ai demandé de me montrer la réalité des choses et j’ai vu un grand paysage, une montagne, mais tout n’était qu’ondes, appartenant à une unique matrice, en perpétuelle transformation. Il n’existait aucun antagonisme, ni bien, ni mal, ni vie, ni mort.

J’ai compris que c’était de cela dont il était question dans les textes bouddhistes qui évoquent l’éveil, le Nirvâna, l’interdépendance des phénomènes et leur vacuité. Le sutra du cœur, qui m’a toujours fasciné et que je porte en médaillon, mais dont le sens me semblait obscur, m’est apparu avec une clarté évidente :
« Ainsi, dans le vide, il n’y a ni forme,
Ni sensation, pensée ou choix,
Ni non plus de conscience.
Ni œil, oreille, nez, langue, corps, esprit;
Ni couleur, son, odeur, saveur, toucher,
Ni rien que l’esprit puisse saisir,
Ni même acte de sentir.
Ni ignorance, ni fin de celle-ci,
Ni rien de ce qui vient de l’ignorance,
Ni déclin, ni mort,
Ni fin de ceux-ci.
Il n’y a pas non plus de douleur, ni de cause de douleur, Ni cessation de la douleur, ni noble chemin
Menant hors de la douleur;
Ni même sagesse à atteindre !
L’atteinte aussi est vacuité. »

Rien d’autre n’existe qu’une harmonie profonde, d’où naissent des formes qui disparaissent et ressurgissent indéfiniment, et tout ce que nous percevons n’est qu’une création de l’esprit. Je pleurais d’émotion devant tant de beauté, d’harmonie, d’évidence. Je comprenais dans le même temps qu’il me serait impossible d’emporter tout cela dans mon état conscient et que le langage serait impuissant à le restituer.

Ce qui m’est aussi apparu, c’est que ce message ne provenait pas de l’intérieur de moi, de ce que mon esprit pourrait concevoir sous l’effet de la substance, mais d’une entité extérieure à moi qui provenait du champignon. Je voyais clairement cette matière, cette « plante », comme un immense réseau (un peu semblable aux images des galaxies ou à celles des myceliums vues au microscope), formant des voûtes immenses, prenant par instant des formes de fleurs, de pistils, de corolles.

J’ai demandé à la plante si elle pouvait me soigner de ma pancréatite. Je ne me souviens pas avoir obtenu de réponse mais elle m’a montré que je portais en moi des « poches » de tristesse, d’une tristesse très ancienne, peut-être même plus ancienne que moi. Par moment j’ai vu un courant de lumière qui cherchait à emporter cette tristesse. C’était comme si des abcès se crevaient et se déversaient.

Je me souviens avoir dit à haute voix qu’il était impossible de porter en soi tant de peine. Je pleurais à chaudes larmes, je sentais les digues qui contenaient cette tristesse céder une à une, et la « plante » m’en libérer sciemment, volontairement.

Par instants, S., dont je ressentais la présence, essayait de me rassurer. J’entendais ce qu’il me disait, mais je savais qu’il ne servait à rien de parler, de tenter de verbaliser quoi que ce soit, que tout cela était un chemin qu’il me fallait suivre en lâchant prise.
Tout ce temps, N (mon chat nu) a été extrêmement présent, lové contre moi, me léchant le visage, me réconfortant.

C’était, de mon point de vue, comme un lien avec le monde réel, un compagnon de voyage. Je pouvais communiquer avec lui sans aucun mal, et d’une façon radicalement différente de ce qu’est d’ordinaire notre lien humain/animal. Il n’existait plus de frontière entre nous.

Ensuite, j’ai traversé une phase plus hilarante, où mon attention s’est focalisée sur lui. Je le voyais comme un être incroyable, pour lequel je débordais d’amour. La texture de sa peau, ses plis, ses coussinets, sa queue. Je savais que c’était un chat mais il me semblait être au croisement d’autre chose, comme une anémone de mer, ce qui me faisait hurler de rire.

Après cette longue euphorie, un moment plus extatique est revenu. J’ai senti le besoin de me masser le ventre, le plexus solaire, l’estomac. Il me semblait que mes doigts pouvaient pénétrer mon corps. Puis, les ondes se sont rétractées, comme une marée qui se retire. À 17 heures, j’ai senti que c’était terminé.

Voilà, ce n’est qu’un compte rendu tapé à la va-vite sur mon téléphone. Je suis content de le partager avec vous. En le relisant je me dis que c’est fou d’avoir vécu ça et d’en garder si peu, du moins de façon consciente, à seulement quelques jours de distance !
 
Hello,

Sacré expérience ! tu peux t' estimé chanceux d'avoir vécu ca du premier coup :)

C'est normal que tu ais l'impression d'en garder si peu. Ca fait ca à peu près tout le monde qui vit des expériences comme la tienne je pense. Mais à te lire il y a quand même des très beaux enseignements et des pistes à tirer de cette expérience.

Je ne sais pas si on peux espérer beaucoup plus en fait. Tu auras toujours le témoignage du mec qui fait une cérémonie d' ayahuasca et qui se libère de son plus gros trauma ou de sa dépression d'un coup. Il faut prendre ca avec des pincettes, souvent ce sont des témoignages recueillis peux de temps après l'expérience (ca serait intéressant de voir ce que ca donne qq mois plus tard, spoiler alerte souvent les problèmes sont en partie revenus^^). Et si ca peut vraiment marcher chez qq personnes, ca reste l' exception.

Après je comprend ce sentiment de frustration de gouter à des états de bien-être incroyable, d'avoir le sentiment d'avoir des compréhensions sur soi-même libératrice et puis tu reviens à la normale et pouf c'est fini^^ Ca me fais ca aussi et c'est pas facile à vivre.

Mais tu peux savourer l'expérience pour ce quelle est, qq chose d' exceptionnel et provisoire et libre à toi d' en faire qq chose de positif pour la suite :)
 
Je vois… En effet, j’ai sans doute idéalisé ce que ça pouvait être. Mais oui, sur l’instant j’ai eu conscience de ma chance de vivre une chose pareille. En tout cas, ça m’a ouvert une porte dont je ne soupçonnais pas l’existence.
 
C'est très beau et profondément émouvant.
Il mérite vraiment d'être lu. J'y retrouve un peu de ma propre expérience de la perfection et la "perpétuelle transformation". Mais tu es allé beaucoup plus loin que moi en richesse et profondeur.
Merci pour ce partage.

Si tu penses que ton récit est achevé tu pourras le poster dans la rubrique consacrée aux TR des champis, ici : 

Champignons, DMT et tryptamines  (rubriques "topics normaux")

Comme cela, il sera classé avec les autres TR de psilo.

Mais please, prends le temps de le compléter si comme tu le dis, tu l'as tapé rapidement et qu'il reste des parties intéressantes.
 
Je pense qu’il est complet car désormais le souvenir est moins vif, atténué. Peut-être que des éléments me reviendront ? Je vais attendre un peu et je verrai.
 
Jeb a dit:
Merci pour vos réponses.

Pour contextualiser, en début d’année, j’ai été diagnostiqué pour une pancréatite chronique héréditaire. Je trainais des symptômes depuis une dizaine d’années sans que l’on parvienne à poser un diagnostic, puis deux crises m’ont valu deux hospitalisations en urgence et le diagnostic a été posé par test ADN (j’ai un allèle défectueux présent chez une partie de la population et qui, dans un % infime de cas, peut causer des pancréatites). Personne avant moi, et d’aussi loin que la mémoire familiale remonte, n’a connaissance de parents qui auraient souffert de cette pathologie ou même eu des problèmes de pancréas.

Rapidement, j’ai commencé à me demander ce qui pouvait expliquer que la maladie se déclare chez moi, qui plus est aussi tard dans ma vie.

Je suis par ailleurs sous antidépresseurs depuis de nombreuses années, en doses « de confort », pour m’aider à supporter une tendance à la dépression et une anxiété omniprésente.

Bref, j’ai entendu parler de la psilocybine récemment, vu quelques documentaires, lu quelques articles sur le sujet. J’avais déjà envisagé l’ayahuasca comme une piste d’exploration intéressante, sans trouver le courage ou la ressource nécessaire pour en faire le projet d’un voyage en Amérique du Sud.

Je dois préciser que je suis très cartésien, que je n’ai jamais eu aucun attrait pour les drogues et que les expériences qui m’ont été relatées jusque-là de trip sous psychédéliques et autres transes chamaniques m’avaient semblé pour le moins « folkloriques ».

Je pratique pourtant la méditation depuis plusieurs années, m’intéresse particulièrement au bouddhisme, mais les questions d’ego, d’interdépendance des phénomènes, de vacuité, si elles me passionnent d’un point de vue théorique, restaient à mes yeux des concepts abstraits que je ne parvenais pas à saisir véritablement, enfermé que j’étais dans mes perceptions.

Je précise que je n’attends pas de solution miracle ni de guérison, mais la psilo m’a semblé être un moyen d’atteindre plus rapidement le cœur du problème, l’origine émotionnelle, s’il y en avait une, de la maladie.

Voici ce que j’ai noté (pour moi-même) le lendemain de ma première prise:

Hier, à 12h37, prise de 15 g de truffes Valhalla. Je me suis installé au jardin et n’ai d’abord rien senti. J’ai pensé que cela n’aurait aucun effet. Puis j’ai commencé à bailler et me suis installé dans le canapé. Un fou rire nerveux a commencé à me prendre par intermittences, accompagné de larmes. Je suis monté m’allonger dans la chambre et S. (Mon compagnon) a mis une playlist de cloches tibétaines. Je me suis enfoncé dans une semi-inconscience, les sons se sont décuplés.

Une présence m’est apparue, quelque chose d’une grande beauté, faite d’ondes énergétiques, qui serait à l’origine de toute chose. Ce n’était ni animal ni végétal mais doté d’une vie propre et d’une intelligence souveraine. Cela se déployait et dansait sans cesse, se décuplait, lançait des sortes de tentacules, comme une algue proliférante ou une anémone de mer.

Il m’était possible de communiquer avec elle, c’était une présence bienveillante, qui m’accueillait de façon évidente. Par instant une partie de mon esprit essayait de rationnaliser ce que je voyais, mais la présence me faisait aussitôt comprendre que c’était inutile, qu’il y avait une logique à tout cela qui échappait au langage.

Je lui ai demandé de me montrer la réalité des choses et j’ai vu un grand paysage, une montagne, mais tout n’était qu’ondes, appartenant à une unique matrice, en perpétuelle transformation. Il n’existait aucun antagonisme, ni bien, ni mal, ni vie, ni mort.

J’ai compris que c’était de cela dont il était question dans les textes bouddhistes qui évoquent l’éveil, le Nirvâna, l’interdépendance des phénomènes et leur vacuité. Le sutra du cœur, qui m’a toujours fasciné et que je porte en médaillon, mais dont le sens me semblait obscur, m’est apparu avec une clarté évidente :
« Ainsi, dans le vide, il n’y a ni forme,
Ni sensation, pensée ou choix,
Ni non plus de conscience.
Ni œil, oreille, nez, langue, corps, esprit;
Ni couleur, son, odeur, saveur, toucher,
Ni rien que l’esprit puisse saisir,
Ni même acte de sentir.
Ni ignorance, ni fin de celle-ci,
Ni rien de ce qui vient de l’ignorance,
Ni déclin, ni mort,
Ni fin de ceux-ci.
Il n’y a pas non plus de douleur, ni de cause de douleur, Ni cessation de la douleur, ni noble chemin
Menant hors de la douleur;
Ni même sagesse à atteindre !
L’atteinte aussi est vacuité. »

Rien d’autre n’existe qu’une harmonie profonde, d’où naissent des formes qui disparaissent et ressurgissent indéfiniment, et tout ce que nous percevons n’est qu’une création de l’esprit. Je pleurais d’émotion devant tant de beauté, d’harmonie, d’évidence. Je comprenais dans le même temps qu’il me serait impossible d’emporter tout cela dans mon état conscient et que le langage serait impuissant à le restituer.

Ce qui m’est aussi apparu, c’est que ce message ne provenait pas de l’intérieur de moi, de ce que mon esprit pourrait concevoir sous l’effet de la substance, mais d’une entité extérieure à moi qui provenait du champignon. Je voyais clairement cette matière, cette « plante », comme un immense réseau (un peu semblable aux images des galaxies ou à celles des myceliums vues au microscope), formant des voûtes immenses, prenant par instant des formes de fleurs, de pistils, de corolles.

J’ai demandé à la plante si elle pouvait me soigner de ma pancréatite. Je ne me souviens pas avoir obtenu de réponse mais elle m’a montré que je portais en moi des « poches » de tristesse, d’une tristesse très ancienne, peut-être même plus ancienne que moi. Par moment j’ai vu un courant de lumière qui cherchait à emporter cette tristesse. C’était comme si des abcès se crevaient et se déversaient.

Je me souviens avoir dit à haute voix qu’il était impossible de porter en soi tant de peine. Je pleurais à chaudes larmes, je sentais les digues qui contenaient cette tristesse céder une à une, et la « plante » m’en libérer sciemment, volontairement.

Par instants, S., dont je ressentais la présence, essayait de me rassurer. J’entendais ce qu’il me disait, mais je savais qu’il ne servait à rien de parler, de tenter de verbaliser quoi que ce soit, que tout cela était un chemin qu’il me fallait suivre en lâchant prise.
Tout ce temps, N (mon chat nu) a été extrêmement présent, lové contre moi, me léchant le visage, me réconfortant.

C’était, de mon point de vue, comme un lien avec le monde réel, un compagnon de voyage. Je pouvais communiquer avec lui sans aucun mal, et d’une façon radicalement différente de ce qu’est d’ordinaire notre lien humain/animal. Il n’existait plus de frontière entre nous.

Ensuite, j’ai traversé une phase plus hilarante, où mon attention s’est focalisée sur lui. Je le voyais comme un être incroyable, pour lequel je débordais d’amour. La texture de sa peau, ses plis, ses coussinets, sa queue. Je savais que c’était un chat mais il me semblait être au croisement d’autre chose, comme une anémone de mer, ce qui me faisait hurler de rire.

Après cette longue euphorie, un moment plus extatique est revenu. J’ai senti le besoin de me masser le ventre, le plexus solaire, l’estomac. Il me semblait que mes doigts pouvaient pénétrer mon corps. Puis, les ondes se sont rétractées, comme une marée qui se retire. À 17 heures, j’ai senti que c’était terminé.

Voilà, ce n’est qu’un compte rendu tapé à la va-vite sur mon téléphone. Je suis content de le partager avec vous. En le relisant je me dis que c’est fou d’avoir vécu ça et d’en garder si peu, du moins de façon consciente, à seulement quelques jours de distance !

Où en est votre pancréatite aujourd'hui?
 
Sacrée expérience, merci pour le retour.
 
Je me retrouve pas mal dans ton histoire moins la composante principale, la pancréatite... ce qui n'est pas rien.
Très cartésien, découverte de la méditation et découverte des thérapeutiques psychédéliques depuis peu.

On m'a également fortement conseillé de ne pas avoir trop d'attente et ce sera certainement plus simple pour moi.
Mais ce que je lis n'est pas du tout une expérience décevante, au contraire, j'ai hâte d'essayer à mon tour et j'espère une expérience similaire.

J'ai compris qu'en méditation aussi l'attente n'aide pas. C'est un paradoxe, car si on ne s'attendait à rien avec la psilocybine, pourquoi en prendre et risquer un bad trip ? Idem pour la pratique de la méditation. Mais je comprends aussi que l'attente n'aide pas, quand cela devient obsessionnel... Est-ce le message ?

Ton histoire me touche beaucoup. Bon courage.
 
Salut !

Merci pour ton partage c'est très intéressant !
J'avoue ne pas être un spécialiste en la matière ( n'ayant moi même jamais pris de champi..) mais je me renseigne énormément sur la question et surtout sur l'application thérapeutique de ces substances...

Effectivement comme les autres psychonautes ont pu te dire le trip en lui même n'est pas l'unique clé de l'application thérapeutique des champi, il faut un suivi régulier et des séances de psychothérapies pour fixer dans la durée ce que tu découvre pendant ton trip.

Je m'intéresse pas mal à la thérapie ACT ((méthode de psychothérapie ). Je te conseil ce livre qui décrit bien la méthode :
"Passer a l'Act" de Russ harris

Ou alors encore mieux de trouver un psychologue qui pratique cette méthode près de chez toi... Les champi ne sont peut être pas légal où tu habite mais rien n'empêche maintenant que tu as déjà fait ton trop de renforcer ce que tu y as découvert avec un psychologue.

Et en autre lecture je te propose le protocole de Yale pour soigner la dépression par la psilocybine associée à la thérapie Act et comment ces 2 techniques (psilocybine et Act) fonctionnent en synergie.

https://www.researchgate.net/public...and_Commitment_Therapy_as_a_Therapeutic_Frame

En tout cas je te souhaite de trouver les réponses que tu cherches !

Prends soin de toi
Prenez soins de vous tous et de la nature !
Peace
 
Jeb a dit:
Je vois… En effet, j’ai sans doute idéalisé ce que ça pouvait être. Mais oui, sur l’instant j’ai eu conscience de ma chance de vivre une chose pareille. En tout cas, ça m’a ouvert une porte dont je ne soupçonnais pas l’existence.


Tu as quand même vécu une sacré expérience je trouve ! Je suis également intrigué de savoir si le fait d'avoir pu décharger toute cette tristesse et tout le reste a pu générer une amélioration de tes symptômes ? 

Concernant les attentes, le souci je trouve, c'est que si tu cherches consciemment à vouloir vivre quelque chose de précis (que tu idéalises peut être), tu fermes les canaux par lesquels tu pourrais vivre autre chose dont tu aurais encore plus besoin sur le moment !
 
@H.Putnam c’est intéressant cette question de l’attente que tu soulèves. Ça me rappelle cette critique légitime qu’on fait à la doctrine de la « pensée positive », qui réclame que les adeptes formulent des vœux sans espérer qu’ils ne se réalisent, ce qui est évidemment paradoxal et irréalisable. Une telle exigence serait assez malsaine en fait, tu fais bien de le souligner.

Bien sûr qu’on a des attentes lorsqu’on fait la démarche de se renseigner sur des produits réprouvés par la société puis de les acheter afin de les consommer. Qu’on souhaite guérir, voyager ou simplement s’amuser.

En fait, ce qu’on, ou en tout cas ce que je pointe par « essaye de ne pas avoir trop d’attentes » ce sont les promesses des hérauts de la médecine psychédélique etc. Leurs discours grossissent les bénéfices en minimisant les risques, et souvent passent complètement sous silence cette dimension pourtant essentielle des psychédéliques qui est : ça se passe rarement comme prévu. Ils créent des attentes inadaptées, et donc des déceptions, ce que je trouve pas cool envers des gen·tes qui se tournent déjà vers les psychés par désespoir.

La bonne formulation ne serait en fait pas « n’ayez pas d’attentes », ce qui est irréalisable. Mais « corrigez vos attentes ». L’idée étant, en abordant l’expérience psychédélique avec plus de réalisme, d’être également plus ouvert·e à ses opportunités.

@Jeb j’adore ton avatar, L’araignée qui pleure d’Odilon Redon. Un de mes artistes favoris. Il y a L’araignée souriante, aussi !
 
Zak a dit:
Salut !

Merci pour ton partage c'est très intéressant !
J'avoue ne pas être un spécialiste en la matière ( n'ayant moi même jamais pris de champi..) mais je me renseigne énormément sur la question et surtout sur l'application thérapeutique de ces substances...

Effectivement comme les autres psychonautes ont pu te dire le trip en lui même n'est pas l'unique clé de l'application thérapeutique des champi, il faut un suivi régulier et des séances de psychothérapies pour fixer dans la durée ce que tu découvre pendant ton trip.

Je m'intéresse pas mal à la thérapie ACT ((méthode de psychothérapie ). Je te conseil ce livre qui décrit bien la méthode :
"Passer a l'Act" de Russ harris

Ou alors encore mieux de trouver un psychologue qui pratique cette méthode près de chez toi... Les champi ne sont peut être pas légal où tu habite mais rien n'empêche maintenant que tu as déjà fait ton trop de renforcer ce que tu y as découvert avec un psychologue.

Et en autre lecture je te propose le protocole de Yale pour soigner la dépression par la psilocybine associée à la thérapie Act et comment ces 2 techniques (psilocybine et Act) fonctionnent en synergie.

https://www.researchgate.net/public...and_Commitment_Therapy_as_a_Therapeutic_Frame

En tout cas je te souhaite de trouver les réponses que tu cherches !

Prends soin de toi
Prenez soins de vous tous et de la nature !
Peace

Bonjour Zak. Tu as l'air d'avoir pas mal de connaissances dans le domaine. Quelle est ton expérience avec le merveilleux monde des fongi ?
 
pepita a dit:
Bonjour Zak. Tu as l'air d'avoir pas mal de connaissances dans le domaine. Quelle est ton expérience avec le merveilleux monde des fongi ?

Salut,
Comme je disais dans mon post je ne suis pas un expert en champi et je n'en ai jamais pris (pas encore)..
Mais je lis beaucoup la littérature scientifique sur l'utilistation therapeutique des champis pour comprendre et parceque je trouve ça fascinant !
 
Zak a dit:
pepita a dit:
Bonjour Zak. Tu as l'air d'avoir pas mal de connaissances dans le domaine. Quelle est ton expérience avec le merveilleux monde des fongi ?

Salut,
Comme je disais dans mon post je ne suis pas un expert en champi et je n'en ai jamais pris (pas encore)..
Mais je lis beaucoup la littérature scientifique sur l'utilistation therapeutique des champis pour comprendre et parceque je trouve ça fascinant !

Moi aussi je trouve ça fascinant. J'ai d'ailleurs téléchargé le protocole que tu as mis en lien. Plus qu'à le lire. Tu as d'autres articles intéressants sur des expériences cliniques ? :)
 
pepita a dit:
Zak a dit:
pepita a dit:
Bonjour Zak. Tu as l'air d'avoir pas mal de connaissances dans le domaine. Quelle est ton expérience avec le merveilleux monde des fongi ?

Salut,
Comme je disais dans mon post je ne suis pas un expert en champi et je n'en ai jamais pris (pas encore)..
Mais je lis beaucoup la littérature scientifique sur l'utilistation therapeutique des champis pour comprendre et parceque je trouve ça fascinant !

Moi aussi je trouve ça fascinant. J'ai d'ailleurs téléchargé le protocole que tu as mis en lien. Plus qu'à le lire. Tu as d'autres articles intéressants sur des expériences cliniques ? :)

Hello 


Je te mets quelques articles interessants en lien
bonne lecture :)


https://docs.google.com/document/d/1qER_xh-QUVkRqbZvHdb5AzFfjSff8vPt-mEhfOF0fJQ/edit

https://sci-hub.tw/10.1016/j.neuroimage.2019.04.009

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29945469/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21674151/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16826400/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18593735/

paix a tous
 
Merci pour cette contribution et paix à toi ! :3
 
Retour
Haut