Ah que coucou, topic intéressant comme d'hab.
Il y a une notion simple concernant la mémoire, qui démontre que notre cognition et nos capacités de mémorisation s'appuient davantage sur un sens que sur d'autres. T'y es-tu intéressé ? Par exemple, il y aura des gens plus auditifs, plus visuels, plus tactiles... De là s'articule une grande part de notre rapport au monde, le fondement de ce rapport étant nos sens. Evidemment, on est pas exclusivement auditif ou visuel, on est un peu plus l'un et un peu moins l'autre. C'est pas forcément facile à identifier, mais cette connaissance de soi est particulièrement utile.
Le clivage entre esprit concret/abstrait est intéressant, ainsi que la différence entre les personnes qui sont dans l'action et les personnes qui sont dans la réflexion. Aucun n'est supérieur à l'autre, c'est plutôt relié au principe extra/introversion - certains agiront sans trop se prendre la tête et d'autres vivront d'abord l'acte en pensée, ce qui amène parfois à... ne pas agir du tout (une des grandes caractéristiques de certains timides par exemple).
Dans les trips, tout ceci est amplifié, mélangé, hyperconnecté.
Tu parles de flux continu de phrases, ne serait-ce pas un signe d'une intelligence plutôt auditive ? Dans les trips, comme dans la vie de tous les jours, lorsque tu réfléchis, que tu te sens inspiré ou même tout le temps, n'as-tu pas cette petite voix qui ressemble à la tienne, qui te raconte le monde, qui analyse, explique, crée des connexions nouvelles entre des concepts, et qui généralement est supeeer loin dans sa réflexion, au point qu'il est difficile de l'intégrer à ton environnement immédiat, ou qu'il te faut redescendre sur terre depuis assez loin pour répondre à une question directe ?
Quitte à ne pas avoir d'hallus visuelles sous psyché (ce que je comprends assez bien), t'as essayé d'axer tes hallus sur tes autres sens ? Les délires auditifs que peut produire le LSD sont dingues, par des petits exercices ludiques d'immersion.
De mon côté, suite à mes premières hallus, j'ai cherché à développer par des exercices une synesthésie auditif/visuel. Je suis qqun d'assez visuel de base, du coup les images et schémas viennent tout seul quand je réfléchis, mais c'est toujours hyper-abstrait : c'est davantage des suggestions hypnotiques issues d'une transe réflexive que des matériaux psychiques exploitables tels quels.
Je sais que je m'en sors globalement mal dans les conversations, et que mes faiblesses principales sont les dialogues concrets ou les interactions sociales qui demandent le recours à des répliques stéréotypées (faire preuve de répondant en société, en gros).
Ca va généralement me donner un côté assez ennuyant en société, vu que je l'ouvre pas beaucoup et que je réponds à côté de ce qui est attendu de moi.
Par contre, je sais (ou plutôt crois savoir) qu'un de mes points forts est la création ou l'intégration de systèmes conceptuels, puis leur synthèse. J'ai beaucoup de mal à expliquer quelque chose à l'oral, sauf dans les cas où je parviens, avec la confiance nécessaire, à ne plus être spectateur de mon flux de pensée (l'écoute passive de mes pensées en gros) mais à incarner un flux donné et l'exprimer tel qu'il vient, comme si j'ouvrais une brèche pour que ma logique intuitive s'exprime d'elle-même.
C'est un peu comme ouvrir subitement une porte béante sur mon monde intérieur - un ami définissait la chose comme quasiment hypnotique car à cet instant, je ne pense plus : je suis ma pensée.
C'est une façon de faire - "de faire la pensée" - qui est obsolète dans beaucoup de cas, mais qui a l'avantage d'unifier plutôt que de fragmenter les concepts entre eux. Ce qui amène à dépasser l'habituelle dialectique vrai/faux puisque ça veut tendre vers l'absolu.
Tant que j'y suis, je me demande si on ne pourrait pas profiter de la neuroplasticité pour transformer sa façon de penser, par entrainement régulier à un exercice donné.
C'est le principe et la définition même de la méditation.
Il n'est pas possible de faire d'une chèvre un écureuil, ça non. Mais il est possible de changer les habitudes cognitives de la chèvre, ça oui. Pas toutes, parce que certaines remontent à l'enfance et que passé un stade les connexions neuronales ne peuvent plus se faire, mais pour beaucoup d'autres choses oui c'est toujours possible.
Par exemple, même si un enfant naît avec une cataracte et qu'il n'a donc jamais sollicité sa vision, on a jusqu'à l'âge d'un an environ pour lui ôter sa cataracte et lui donner la vue. Son cerveau pourra alors former les connexions, mais passé le délai d'un an, si on ne l'a toujours pas opéré, il sera trop tard.