Stylo 2.0
Holofractale de l'hypervérité
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Chers amis de la branlette cosmogonique,
Comment utiliser le LSD ? Après une première fois, après la lune de miel, après la désillusion, après la sagesse de l'abstinence, comment appréhender une telle expérience ?
Je fais ici un retour d'expérience et propose deux ou trois principes directeurs, ça vaut ce que ça vaut.
Les premiers gars que j'ai rencontrés qui prenaient de l'acide étaient des gars réfléchis. « Le LSD est tellement propre », qu'ils disaient. « Une ou deux fois par an, pour me souvenir », qu'ils rajoutaient. Et moi je lisait les études des années 1950 et 1960, qui disaient qu'une personne sur cinq vivaient une expérience religieuse, je VOULAIS essayer. Je voulais faire l'expérience de Dieu et qu'on n'en parle plus.
Dix ans plus tard...
... je suis devenu l'un de ces gars réfléchis, qui prends du LSD une ou deux fois par an. « Pour mettre à jour », comme ils disaient.
LA PREMIÈRE FOIS
Hadra 2011. Ma carrière de psychonaute est déjà bien entamée, cette première fois à l'acide est là surtout pour tester, parce que ce que j'ai en tête, c'est ...
LA MORT ET LA RENAISSANCE
Été 2011. J'ai oublié comment je m'appelle, je me verse de l'eau sur la peau, au fond de ma baignoire. Après m'être vu dans le miroir et avoir rangé ma chambre, j'allume mon ordi et tente d'écrire ce qui m'arrive. Quand les fils se touchent, je comprends que je suis mort et ressuscité. La reconstruction de la personnalité s'ensuit. L'expérience est marquante, très marquante, ce qui nous amène au point suivant...
LE PIÈGE
Quand on vit une expérience si profonde, on se met à voir le monde à l'aulne de cette expérience. On se reconstruit dans de nouveaux rails. Quel que soit le système de pensée spirituel, philosophique, métaphysique que vous vous êtes fabriqué depuis cette expérience incroyable...
... vous avez tort.
Et le tort tue,
Le tort tue !
Comme un ninja,
Il s'infiltre en toi,
Et tire les ficelles
De ton angoisse
Existentielle.
J'ai tenté de revivre cette expérience de mort et de renaissance, et ça n'a. pas. marché. Jamais plus. Fini.
Voilà notre problème.
Le LSD ne respecte rien. Il détruit toute la pensée, aussi élevée, aussi spirituelle, aussi métaphysique soit-elle.
À peine as-tu digéré ta dernière expérience,
à peine as-tu enfin fignolé ta théorie sur le monde sensible/invisible,
à peine as-tu parachevé ton modèle des trous noirs qui manifestent la vacuité bouddhique,
à peine es-tu enfin réconcilié avec la transcendance,
que le LSD vient tout détruire.
Diantre.
Fichtre.
Qu'allons-nous faire ?
Réponse honnête : je sais pas.
Réponse personnelle : attendre six mois après la dernière claque à l'acide. Quand j'étais jeune, je revenais gratouiller la fractale plus régulièrement, pour mieux me faire aplatir. Maintenant que j'attends plus longtemps, je me fais toujours aplatir pareil, mais je m'en remets mieux. Je crois.
Le LSD n'est pas une sorte de potion magique qui agit toujours pareil. Ça peut sembler être le cas, si l'on regarde ses effets sur notre corps (les pupilles, la faim, le sommeil, les boucles...) mais ses effets sur l'esprit sont au mieux imprévisibles. Ah, j'aurais aimé écrire cette rétrospective dans un ton plus serein, plus savant, mais en fait...
... j'ai pas la moindre foutue idée de ce que fait l'acide.
J'ai pas la moindre foutue idée de ce que je suis. Ou plutôt, si, mais c'est inadmissible.
Sous LSD, j'ai écrit, euphorique, après une seconde d'extase, sur mon cahier : « JE SUIS DIEU !!! » et ensuite j'ai passé cinq ans à me prendre la tête avec ça. Cinq ans.
Dieu c'est moi.
Voilà une pensée inacceptable.
Et curieusement, celle-là n'a jamais été balayée par l'expérience de l'acide.
Voilà ce que fait le LSD : il nous montre ce que nous sommes, il est le miroir parfait. Nos petits défauts, nos grandes qualités, nos traits de personnalités, nos peurs, tout y passe, tout est dilaté, illustré, instant-présenté. Et nous serions bien en peine de nous attacher à cette image que nous avons de nous, parce que l'acide la détruira la prochaine fois.
Voilà les points fort de mes expériences sous acide :
J'ai vu un serpent à piquants qui venait me manger, j'ai vécu la présence de Dieu dans les boulons de mon radiateur, j'ai fusionné avec la musique, l'univers m'a fait l'amour, j'ai vu le silence s'ouvrir et ma conscience s'y introduire en faisant le bruit du silence, j'ai accueilli dans ma tête des voyageurs des intermondes...
... et alors ?
Et alors ?
Toutes ces expériences ne sont que des bruits parasites. Des manifestations qui cachent la vérité insaisissable.
Je sens que je m'éparpille, alors voilà les principes directeurs.
LE LSD EST UN MIROIR
Tout ce que vous vivez sous acide, c'est vous. Que ce soit le sourire d'un pote ou la psytrance qui vous rentre par le cul, tout ça c'est vous.
Mais il ne vous reflète qu'en partie, il ne reflète que ce que vous êtes aujourd'hui. Il y a des parties de vous que vous ne connaissez pas encore.
Ne vous attachez pas à ce reflet.
C'était mon seul principe directeur en fait.
« De toute vérité, le contraire est également vrai », écrivait Hermann Hesse.
Tout ce que j'écris ici est vrai, alors surtout ne le croyez pas ! Vivez les choses vous-mêmes ! Trouvez vos propres vérités, qui se feront détruire en leur temps !
Il existe, je le crois, une vérité insaisissable, celle qui n'a pas de contraire, celle qui ne se prononce pas. Pour la trouver, il est d'abord nécessaire de prononcer toutes les autres vérités, toutes les hypothèses, tous les fantasmes. Une fois ces choses énoncées, elles se feront balayer. Et à la fin, il ne restera rien.
Comment utiliser le LSD ?
Une à deux fois par an, c'est bien. Pour un rappel à l'ordre. Avec le temps, je n'en aurai plus besoin, sa conscience s'imprimera en entier dans mon quotidien. Je pourrai me lever chaque jour en sachant qui je suis. N'est-ce pas merveilleux ?
edit : Dans le narcissisme éhonté qui me caractérise, je n'ai pas rédigé d'ouverture. Alors voici.
ET VOUS DONC ?
Considérez-vous le LSD de cette façon-là ? Combien de temps vous faut-il pour digérer une expérience, et surtout : est-ce qu'avec le temps, vous le digérez mieux, moins bien, plus lentement, plus rapidement ? Voilà un sujet qui m'intéresse, parce que vraiment on est pas fait pareil. J'ai un pote capable de DORMIR sous acide ()".
Comment utiliser le LSD ? Après une première fois, après la lune de miel, après la désillusion, après la sagesse de l'abstinence, comment appréhender une telle expérience ?
Je fais ici un retour d'expérience et propose deux ou trois principes directeurs, ça vaut ce que ça vaut.
Les premiers gars que j'ai rencontrés qui prenaient de l'acide étaient des gars réfléchis. « Le LSD est tellement propre », qu'ils disaient. « Une ou deux fois par an, pour me souvenir », qu'ils rajoutaient. Et moi je lisait les études des années 1950 et 1960, qui disaient qu'une personne sur cinq vivaient une expérience religieuse, je VOULAIS essayer. Je voulais faire l'expérience de Dieu et qu'on n'en parle plus.
Dix ans plus tard...
... je suis devenu l'un de ces gars réfléchis, qui prends du LSD une ou deux fois par an. « Pour mettre à jour », comme ils disaient.
LA PREMIÈRE FOIS
Hadra 2011. Ma carrière de psychonaute est déjà bien entamée, cette première fois à l'acide est là surtout pour tester, parce que ce que j'ai en tête, c'est ...
LA MORT ET LA RENAISSANCE
Été 2011. J'ai oublié comment je m'appelle, je me verse de l'eau sur la peau, au fond de ma baignoire. Après m'être vu dans le miroir et avoir rangé ma chambre, j'allume mon ordi et tente d'écrire ce qui m'arrive. Quand les fils se touchent, je comprends que je suis mort et ressuscité. La reconstruction de la personnalité s'ensuit. L'expérience est marquante, très marquante, ce qui nous amène au point suivant...
LE PIÈGE
Quand on vit une expérience si profonde, on se met à voir le monde à l'aulne de cette expérience. On se reconstruit dans de nouveaux rails. Quel que soit le système de pensée spirituel, philosophique, métaphysique que vous vous êtes fabriqué depuis cette expérience incroyable...
... vous avez tort.
Et le tort tue,
Le tort tue !
Comme un ninja,
Il s'infiltre en toi,
Et tire les ficelles
De ton angoisse
Existentielle.
J'ai tenté de revivre cette expérience de mort et de renaissance, et ça n'a. pas. marché. Jamais plus. Fini.
Voilà notre problème.
Le LSD ne respecte rien. Il détruit toute la pensée, aussi élevée, aussi spirituelle, aussi métaphysique soit-elle.
À peine as-tu digéré ta dernière expérience,
à peine as-tu enfin fignolé ta théorie sur le monde sensible/invisible,
à peine as-tu parachevé ton modèle des trous noirs qui manifestent la vacuité bouddhique,
à peine es-tu enfin réconcilié avec la transcendance,
que le LSD vient tout détruire.
Diantre.
Fichtre.
Qu'allons-nous faire ?
Réponse honnête : je sais pas.
Réponse personnelle : attendre six mois après la dernière claque à l'acide. Quand j'étais jeune, je revenais gratouiller la fractale plus régulièrement, pour mieux me faire aplatir. Maintenant que j'attends plus longtemps, je me fais toujours aplatir pareil, mais je m'en remets mieux. Je crois.
Le LSD n'est pas une sorte de potion magique qui agit toujours pareil. Ça peut sembler être le cas, si l'on regarde ses effets sur notre corps (les pupilles, la faim, le sommeil, les boucles...) mais ses effets sur l'esprit sont au mieux imprévisibles. Ah, j'aurais aimé écrire cette rétrospective dans un ton plus serein, plus savant, mais en fait...
... j'ai pas la moindre foutue idée de ce que fait l'acide.
J'ai pas la moindre foutue idée de ce que je suis. Ou plutôt, si, mais c'est inadmissible.
Sous LSD, j'ai écrit, euphorique, après une seconde d'extase, sur mon cahier : « JE SUIS DIEU !!! » et ensuite j'ai passé cinq ans à me prendre la tête avec ça. Cinq ans.
Dieu c'est moi.
Voilà une pensée inacceptable.
Et curieusement, celle-là n'a jamais été balayée par l'expérience de l'acide.
Voilà ce que fait le LSD : il nous montre ce que nous sommes, il est le miroir parfait. Nos petits défauts, nos grandes qualités, nos traits de personnalités, nos peurs, tout y passe, tout est dilaté, illustré, instant-présenté. Et nous serions bien en peine de nous attacher à cette image que nous avons de nous, parce que l'acide la détruira la prochaine fois.
Voilà les points fort de mes expériences sous acide :
J'ai vu un serpent à piquants qui venait me manger, j'ai vécu la présence de Dieu dans les boulons de mon radiateur, j'ai fusionné avec la musique, l'univers m'a fait l'amour, j'ai vu le silence s'ouvrir et ma conscience s'y introduire en faisant le bruit du silence, j'ai accueilli dans ma tête des voyageurs des intermondes...
... et alors ?
Et alors ?
Toutes ces expériences ne sont que des bruits parasites. Des manifestations qui cachent la vérité insaisissable.
Je sens que je m'éparpille, alors voilà les principes directeurs.
LE LSD EST UN MIROIR
Tout ce que vous vivez sous acide, c'est vous. Que ce soit le sourire d'un pote ou la psytrance qui vous rentre par le cul, tout ça c'est vous.
Mais il ne vous reflète qu'en partie, il ne reflète que ce que vous êtes aujourd'hui. Il y a des parties de vous que vous ne connaissez pas encore.
Ne vous attachez pas à ce reflet.
C'était mon seul principe directeur en fait.
« De toute vérité, le contraire est également vrai », écrivait Hermann Hesse.
Tout ce que j'écris ici est vrai, alors surtout ne le croyez pas ! Vivez les choses vous-mêmes ! Trouvez vos propres vérités, qui se feront détruire en leur temps !
Il existe, je le crois, une vérité insaisissable, celle qui n'a pas de contraire, celle qui ne se prononce pas. Pour la trouver, il est d'abord nécessaire de prononcer toutes les autres vérités, toutes les hypothèses, tous les fantasmes. Une fois ces choses énoncées, elles se feront balayer. Et à la fin, il ne restera rien.
Comment utiliser le LSD ?
Une à deux fois par an, c'est bien. Pour un rappel à l'ordre. Avec le temps, je n'en aurai plus besoin, sa conscience s'imprimera en entier dans mon quotidien. Je pourrai me lever chaque jour en sachant qui je suis. N'est-ce pas merveilleux ?
edit : Dans le narcissisme éhonté qui me caractérise, je n'ai pas rédigé d'ouverture. Alors voici.
ET VOUS DONC ?
Considérez-vous le LSD de cette façon-là ? Combien de temps vous faut-il pour digérer une expérience, et surtout : est-ce qu'avec le temps, vous le digérez mieux, moins bien, plus lentement, plus rapidement ? Voilà un sujet qui m'intéresse, parce que vraiment on est pas fait pareil. J'ai un pote capable de DORMIR sous acide ()".