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De l'importance de la santé communautaire

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Lullaby
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Lullaby

Alpiniste Kundalini
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27/5/12
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Y a des vagues dans ma tête. 

Juste pour dire que je vous aime bien.
(edit avant de poster: j'allais répondre au topic éponyme, à la base) 

Déjà, et ça c'est récurrent même si maintenant ça arrive moins souvent qu'il fut un temps (ça rime), vous avez une place importante dans mes trips.
Oui, psychonaut est une entité. 

Mais ce soir j'ai pensé à vous de manière plus concrète. Ça m'arrive assez souvent, en fait, mais cette fois j'y ai fait attention et j'ai décortiqué tout ça. 

J'étais au bar associatif à côté de chez moi. C'était ma mission de la semaine; réussir à y aller quand je me sentais bien, pas parce que mon proprio passe à l'improviste réparer la plaque de cuisson (début de déréalisatiooon... Go !).
C'est un bar alternatif super chouette. J'y bois des jus de pomme à prix libre, il y a un freeshop, on fume des joints à l'intérieur (mais y a aussi un bout de terrasse), y a des tampons et des serviettes hygiéniques dans une corbeille dans les toilettes, ... Chouette, quoi. 

J'ai réussi à rassurer mon binôme qui est venu avec moi.

"Mais... Je vais faire quoi au bar ?
- Bah je vais prendre un jus de pomme, te payer un verre, on ira fumer un joint et on verra ensuite. "

(Alléluia, je crois que je m'habitue à mettre un texte en page quand je suis sur un téléphone. J'aurais mis le temps.) 
[re-edit: je ne savais toujours pas que ça allait être plus long que prévu... Et à vrai dire à l'instant où je vous écris, je ne sais pas non plus la longueur de la tartine que vous lisez puisque je n'ai pas fini de l'écrire. Bientôt un "post-edit" ?]

Donc on va au bar, c'est chouette. Julien, le gars qui tient le truc, nous dit qu'il y a un concert à 21h.
Du coup on traîne, on reste, et je m'assoie par terre devant les gens qui font du bruit musical (de l'ambient électro jsaispasquoi qu'il m'a dit).
Je repensais à pas mal de choses -j'ai reçu de la fxe samedi, je re cause à beaucoup de gens qui me connaissent bien, j'ai été chez le psy et au CSAPA aujourd'hui, je me suis inscrite sur un site qui rassemble une communauté LGBTQ+, ...- et mon éventuelle prochaine commande s'est mise au premier plan.

Je me dois de rappeler que j'ai, entre autre, consommé de la mxe et du 2-fma quasi quotidiennement pendant un bon moment.
Le 2-fma s'est vite systématisé quand j'ai dû écrire un mémoire en première année de master. Ça me permettait de me concentrer, de ne pas me focaliser sur les attentes que je projetais sur les autres, et je n'avais pas peur de prendre plaisir à faire des recherche et à réfléchir. Ensuite je l'ai aussi utilisé pour faire des trucs à t+, écrire des trucs ici ou ailleurs, ... Bref, c'était cool, quoi. 
(Mais je tiens à préciser que je n'ai pas de 2-fma, et que ça fait plusieurs semaines/mois que c'est un pied total de remettre tout ce bordel en route et que c'est jouissif d'écrire en ce moment même) 

Depuis que j'ai déserté mon appart pour migrer à la zad de notre dame des landes, je n'ai plus commandé de pochons. J'ai drastiquement réduit les injections, puis les médocs. J'ai fini par consommer ma collection de trypta avec des copains mais sinon je n'ai pris que ponctuellement les habituels coke, came, keta, cannabis, un carton une fois,... Bref, du mainstream qui n'arrive pas dans la boîte aux lettres. Je n'en avais pas, de toute façon, de boîte aux lettres. 

J'ai recupéré mon studio fin octobre, après avoir passé presque un an chez ma mère. J'avais arrêté le reste, mais l'alcool j'ai continué à le laisser faire à sa guise jusqu'à ce que ça devienne juste trop. J'en reparlerai plus tard, ainsi que de mon parcours de soin, si je ne me trompe pas sur ce que je mouline en sourdine. Je pense que ça me fera du bien de faire le point et que ça peut donner des outils à d'autres personnes, mais si je commence ça ici, demain on y est encore. 
Ah, merde, on est déjà demain. 

Entre septembre, où j'étais chez ma mère, et janvier, quand j'ai fini l'hôpital, j'ai assez facilement enchainé ces étapes:
- passer de six bières par jour, minimum (c'était mon régime post hospitalisation complète) à un pack de six par semaine, maximum. Et cannabis ok tous les jours, mais ça ça n'a changé qu'en terme de quantité jusqu'ici;
- essayer de repousser le moment de la prochaine bière jusqu'à ce que je sache que je l'apprécierais et que le plaisir que j'en tirerai ne sera pas gâché par mon envie de la deuxième. J'avais mon pack à un mètre de ma tête, je les regardais en me posant la question, et pendant 14 jours je me suis dit "ouais, non, je peux attendre, ça n'a pas l'air si top, je verrai plus tard";
- accepter de m'engager à essayer de ne pas boire pendant le durée de mes soins;
- me dire qu'il est possible que je doive faire une croix sur l'alcool et m'en foutre. 

[Merde, j'écris que je ne vais pas parler de l'hôpital et j'enchaîne sur... L'hôpital  ._. ]

Fin Janvier, je termine l'hôpital. J'avais déjà noté que j'avais souvent des pensées soulageantes ou anticipatoires par rapport aux RC. J'étais déjà revenue par ici, je m'étais renseignée, j'ai bien pris mon temps pour fantasmer, planifier, laisser en plan, revenir, ... 

Je savais que je n'avais pas envie de ne pas essayer d'en re commander malgré mes traitements et ma prise en charge actuelle, encore moins de me dire "plus jamais".
De toute manière avant d'aller à la zad, je consommais déjà sous traitement (là aussi je pourrais donner mon ressenti, sur le baclo notamment), et j'ai toujours été en perpétuel travail d'analyse. Par contre je voyais bien le danger à recommander des stim, par exemple. Et des trucs genre LSD/champi, je ne me sens pas d'en prendre tout de suite et je n'ai pas envie d'en prendre par dépit.
Donc j'ai cherché coté disso; j'aime ça, je risque d'en ré abuser au début histoire de tester mes limites mais je sais identifier les signes de barrage en couille, et c'est moins compulsif que les stim. Surtout dans une période où j'ai besoin d'écrire et de faire des liens entre des concepts et des souvenirs. C'est traître mais j'aurais moins envie d'en recommander une fois le pochon vide. 

Quand même, j'avais envie de re tester les catinones. Ça peut paraître paradoxal étant donné ce que je viens de dire, mais je n'en ai jamais consommé comme j'ai consommé du 2-fma ou du speed.
Je me renseigne, et là je vois qu'il y a du 2-fma. Je me dis que bon, je peux bien réessayer une fois, faire une deuxième lune de miel, quoi, et je mets le pochon dans le panier. Hop, un clic. 

Un peu plus tard je me dis que non, quand même, c'est trop risqué. Je vais en commander mais le mettre dans ma tirelire-cochon, de laquelle je dois tirer les pochons avec une pince à épiler (c'est bien connu, c'est très dissuasif, c'est d'ailleurs pour ça que je ne m'épile pas). 

Nous revoilà donc au bar associatif... Si si, je vous dit, on y est ! 
Nous sommes au bar, donc, et je regarde le tapis en laissant glisser mes pensées contre la musique. 
Je me dis que, quand même, c'est me mentir à moi-même là, et même pas inconsciemment. Je commence mentalement à écrire un message ici pour vous faire part de l'évolution de ma réflexion, j'en suis contente mine de rien. 

Et puis, quand même, je me suis demandé si je ne pouvais pas en commander, juste un peu, sans vous le dire. 

Ça n'a pas duré longtemps, merci cerveau résilient. 
Directement je me suis dit que c'était totalement con. Je n'avais pas envie de me tirer une balle dans le pied, de vous mentir (donc pas moyen d'avoir vos retours si je déconne) puis de devoir revenir pour vous dire que je suis dans la merde. Ou réussir à ne pas m'y mettre, mais ne pas pouvoir en parler. 
Je crois que je n'avais surtout pas envie d'être une personne de plus à vous dire qu'elle ne s'en sort pas, et que vous ne pouvez pas aider.

Parce qu'en fait j'ai toujours fantasmé une relation problématique avec la drogue, je l'idéalisais beaucoup et ça ne me dérangeait pas d'imaginer que ça puisse me faire disparaître et que tout, enfin, s'arrête un jour si je n'arrivais pas à rendre ça supportable. 

Je fantasmais la drogue (et j'avoue ne pas avoir été déçue), j'étais aussi attirée, dès le primaire/collège, par beaucoup de choses transgressives ou qui sortaient du conventionnel. Sauf que j'étais certaine que je n'en trouverai jamais, que je n'aurai pas les contacts sociaux, pas "l'aura" pour qu'on m'en propose, et puis ça ne le fait pas "Sabine D., droguée, prostituée" sur une fiche d'orientation. 

J'avais un paquet de trucs à digérer. Je suis arrivée ici et je savais déjà que ce que je voulais, c'était expérimenter la dépendance en connaissance de cause. Déjà, ce qui m'a fait m'inscrire c'est le fait que mes amis commençaient à prendre de la MD, c'était pas pour moi. 

Finalement les connaissances que j'ai acquises ici et les relations que j'ai construites m'ont été fort utiles. J'ai pu être soutenue, comprise, reconnue. J'ai été vraiment une passionnée de la descente, en ayant tout de même la chance de me plonger là dedans en étant entourée de personnes qui à la fois m'autorisaient à le faire et me donnaient les outils et raisons pour ne pas me casser définitivement la gueule. 

Franchement, je n'ai pas eu l'occasion de le leur expliquer comme je l'aurais voulu, à l'hôpital. Évidemment que lorsque je leur dit que je retourne ici, ils se disent direct "passion pour psychonaut -> commande de drogue -> on la revoit dans un an". Ils n'ont pas tort de penser que c'est risqué, d'où l'importance de la rdr.

Sauf que même si, effectivement, quand je viens ici c'est plus simple de penser à une molécule qui me donne envie, ça ne me fait pas forcément consommer plus ou moins bien. 
Déjà, souvent, lorsque je m'intéresse à un sujet  j'ai l'impression de me droguer par procuration.  Et puis si je viens ici pour me renseigner sur la dmxe il y a de fortes probabilités pour que je le laisse embarquer dans trois ou quatre topics qui ne parlent ni de dosages ni de qualité. 
En plus j'ai une propension à tout garder et à revenir régulièrement consulter les vestiges du passé. Je le fais pour tout; playlist YouTube par années avec des morceaux que d'autres écoutent ou qui me rappellent un moment particulier, album photo, copiés/collés de conversations ou de témoignages qui m'ont marquée, lettres et mettages en mots de mon bordel intérieur, ... 

Du coup je me suis retrouvée à relire des MP et des vieux sujets auxquels j'avais participé. Ça m'a rappelé plein de trucs qui m'intéressaient déjà et qui m'intéressent encore. Mais je suis aussi tombée sur des messages qui me renvoyaient une image très valorisante de moi-même, des messages et des attitudes qui m'ont aidée à grandir mais dont je ne me rappelais plus le contenu exact. 
Merci, tout le monde. 

Et puis j'ai par exemple relu le dernier MP de Schtroumpfette, et puis son témoignage de crackhead repentie. Sur les MP de Violet, de Chandler, j'ai repensé à YokoMiaoush. À Ouro et à d'autres copains qui galèrent encore, à ceux qui sont morts que vous ne connaissez pas. 
Je me suis dit que merde, c'était du gâchis. J'aurais voulu pouvoir avoir plus la possibilité de les aider, mais on ne pouvait pas. Je peux juste en apprendre quelque chose et continuer à ne pas vouloir mourir avant mes parents, ni à allonger la liste. 

C'est ça que j'aurai dû leur dire, à l'hôpital. Que tout ça fait partie d'une grosse remise à jour interne et que j'en ai besoin et que ça me plait.
J'ai accepté y a quelques mois l'idée d'être une adulte. 

J'avais envie de vous le dire. 

Et s'il y en a qui passent par là, ou qui squattent régulièrement mais qui voient un intérêt à rebondir là dessus bah... C'est le principe d'un forum, en fait, je sais.

Des bisous. 

[Rhaaa, cette satisfaction de pulsion déchargée... Désolé, y a rien de sale là dedans !]
 
Et bien force pour ton parcours, content de savoir que ça s'améliore ^^
Keep it up ! Et merci pour ton jonti message :)
 
Pas vraiment le sujet de base, mais j'aime bien reparcourir de vieux MP / posts, en effet. Ca réveille des souvenirs intéressants. En quelque sorte ça fonctionne comme le journal que j'ai presque toujours eu la flemme de tenir (sauf journal de rêves).

Et cet effet est particulièrement présent ici, puisqu'on en est à parler de choses illégales / socialement réprouvées, donc ça induit en général assez facilement une certaine forme d'intimité dans le ton.
 
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