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Carnet de Voyage La traversée des inconnus

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Quetzal
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Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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19/5/08
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Psychonauts, voila longtemps que je n ai pas eu l occasion de poster. Alors, pour ceux a qui j ai manqué (hehoo ... ya personne?) j envois quelques fragmants de mon voyage. C est un TR a haute dose d autostop, de plan foireux, d amour d hippie tripple fermentation, ... mais aussi de champignons Mexicanas recolté au Costa Rica (sinon, personne ne me lirait... ).



Premiere partie – Aout 2013


Elisabeth, ne crois jamais pouvoir posséder les clés de l univers; Ses plans appartiennent a tous. Fléchis le monde, ne l enferme pas dans tes canaux de pierres; érode les roches, souffle ton âme dans les branches, laisse couler les flux de nos vies. Jamais tes projections de l’avenir, poussées par d’illusoires attentes, n imagineront la magie des présents.
Elisabeth, j aimerais que tu goûtes aux mêmes délices, aux amours qui illuminent ma vie.

La lumière vient toujours avec le lever de soleil,
Le feu est celui que tu gardes et nourris,
L eau, celle que tu bois a la source, celle qui depuis érode et sculpte la montagne,
La terre est celle-la même qui t’enivre de ses parfums. Même le vide s incarne – silence de la montagne.


Nous voyagions en Grèce en direction de la Bulgarie; nous avions fait de l autostop jusque Komotini, tout près de la frontière. Nous fûmes invités a goûter dans une famille géorgienne. Damien, mon ami polonais, conversait avec eux en russe – je restais silencieux et cela m 'était assez confortable.
La route vers le nord était fermée, et il eût fallut un détour vers l'ouest de plus de 200km pour passer la frontière, a Slatograd. Le faire en autostop, à nouveau, sur les autoroutes, les station d'essence? Cela ne nous tentait guère – je pensai un instant a prendre un bus. Mais la carte indiquait un village plus au nord, et donc une route. Le fils accepta de nous laisser a la sortie de ce village, d où nous aurions pu continuer a pied. Mais une fois sur place, un heureux malheur me fit oublier mon sac: je dus rentrer a pied du village à la ville et rejoindre a l instinct la maison géorgienne. Ma grande mémoire des lieux ne me fit pas défaut et je retrouvai sans détour (comme par miracle) la rue en terre, avec le porche couvert de vigne ou mon sac m attendait. Le père m' amena à nouveau à la sortie du village, et nous offrit de nous avancer autant qu 'il se pouvait. Nous roulons une dizaine de km dans la montagne avant que la route ne soit bloquée par une zone militaire ; notre hôte nous laissa un peu d argent pour le voyage et nous le remerciâmes chaleureusement.
Nous dûmes emprunter une piste, contournant les grillages militaires, avant de retrouver la route, devenue chemin de terre, continuant vers le nord.
Nous croisons quelques bergers éberlués par notre présence, qui nous confirment que la frontière n est plus qu 'à 7km. Nous serons en Bulgarie avant la nuit.
Je marchais malgré le poids de mon sac ; inadapté pour de telles expéditions, chargé de livre, matériel en tout genre, en plus des vivres pour 2 jours et de mon accordéon ; mais cela me paraît un bien maigre fardeau face a la laideur des autoroutes, a la pollution, au bruit des camions.
Ici le thym et les fleurs des terres arides parfumaient l air ; des sauterelles s envolaient à chaque pas, le soleil de fin d après- midi éclairait encore les flans boisés des montagnes. Une tortue languissait sous un vieux pont en pierre ; nous faisions de fréquentes haltes, la où les mûres étaient les plus abondantes – la saison ne faisait que commencer.
C est au coucher du soleil que nous sommes arrivés a la frontière; nous nous embrassons et crions de joie. Une autoroute vient d être achevée, prête a etre inaugurée, avec son nouveau poste de frontière. Un garde vient a notre rencontre. « Passport ». il parle bulgare, mais je comprends néanmoins le problème : la frontière s avère fermée. Nous sommes a plus de 30km de Komotini : impossible de rebrousser chemin – pourtant les gardes ne céderont pas a nous laisser passer. Les regards complices échangés avec Damien avaient déjà décidé de la suite de notre aventure.
A la belle étoile, après un bon repas – j avais acheté de la fêta dans une échoppe, ce fut un délice – nous préparons l expédition du lendemain. Nous avions cartes et boussole sur nos téléphones. Assez de nourriture pour une journée et de l eau en abondance dans la montagne – nous emmenons un litre chacun, au cas où. Je réussis a placer mon accordéon dans mon sac, avec le reste de mes affaires – il m avait beaucoup encombré le premier jour de marche, porté en bandoulière. Je me procurai aussi les numéro de nos ambassades. (note pour psychonaut : on a fumer un gros petard pour planifier la mission, du coup c etait vraiment surealiste )

Nous sommes partis avant l’aube, vers le nord-est, évitant la frontière et la route ou circulent les patrouilles.
Il fallut grimper le plus haut col, a travers bois et branchages. Nous nous aidions de la boussole et tentions de trouver les meilleures pistes, en suivant tantôt le lit de ruisseaux asséchés, tantôt le chemin de quelques animaux.
Chaque pas, chaque courbe laissait se dévoiler l inattendu, la surprise de l inconnu.
Le corps, plus fort et endurant que jamais, n était qu'un outil face au désir d atteindre notre paradis. Nous dûmes une seule foi rebrousser chemin, étant trop a l est – des inscriptions sur des ordures nous indiquèrent que nous étions toujours en Grèce. Nous avons finalement atteint la crête des montagnes, essoufflés et pourtant si fiers. Là, une zone de denses arbustes marquait la frontière. Une tour de garde métallique abandonnée offrait un point de vue idéal. Nous mîmes un long moment a évaluer le meilleur chemin jusqu'à la rivière, qui nous mènerait au premier village, Strijba – dont on supposait l emplacement, caché derrière les flancs des montagnes.

Nous traversons à travers bois – les ronces lacèrent mes jambes, mon sac abîme mes epaules - et retrouvons finalement une piste, qui rejoint la route puis la rivière. Cela fait déjà 7h que l'on marche quand Strijba se dévoile en contrebas des rochers.
Nous croisons des femmes sans sourires, vêtue de robes typiques, qui transportaient des vivres a l aide d un âne. Un jeune homme nous salua et nous pria de l attendre un instant. Il revint avec un sac de tomates, pain, saucisson et biscuit. Il avait même pris soin d emballer un peu de sel dans un journal déchiré. Damien parvenait à communiquer sommairement avec les habitants, surpris de notre présence. Les murs, ainsi que les toits des maisons étaient fait de pierres plates empilées. Du tabac séchait sous les serres et parfumait l air. Nous nous reposâmes sous un cerisier.

Nous rejoignons ensuite la route a quelques kilomètres, et attendons. Les deux premières heures, seule une camionnette, déjà pleine, passa. Ensuite, une autre voiture s' arrêta. Un policier. « Passport ».
Il accepta de nous conduire la où nous nous rendions, a Tokachka. Sur la route, il appela au téléphone, et il me semblait qu il parlait de nous. Le téléphone resonna peu après ; j entendis « Costa Rica », « Panama », « Guatemala », et je sus qu 'on parlait de mon passport.
Il nous invita à un café a Kukuryak, à mi-chemin, où nous faisons connaissance avec les gens du village. L' un d entre eux parle anglais, et nous offrit une bière. C est alors que la patrouille de la frontière vint nous contrôler ( j’en voulus alors au policier de nous avoir tendu ce piège...). Nous leur expliquons, comme convenu, que nous avons traversé a Slatograd. Les gardes semblent s agiter au téléphone, et demandent des détails – Damien s' amuse à changer de sujet, parlant tantôt de son voyage au Kirguistan, tantôt des trains pour Sofia. Sans preuves contre nous, après plus d une heure, ils abandonnèrent leur absurde devoir.
L homme qui parlait anglais paya un ami pour nous conduire a Tokachka.
La carte d accès que l'on nous avait transmis était peu précise, et la montagne plutot vaste. A la sortie de Tokachka, nous empruntons un chemin conduisant a la rivière. Mais une femme – qui cueillit des tomates pour nous – ne signala pas la présence d autres étrangers ici. Nous reprîmes le chemin vers la route principale, et cherchâmes encore plusieurs heures après le coucher du soleil – poussés par la rage d accomplir notre défi, utilisant nos dernières énergies. Cela faisait maintenant plus de 10h que nous marchions.
Nous nous arrêtons au pied d une fontaine ; cette nuit du 12 août, les étoiles filantes lacérèrent le ciel.
Je repensai à l histoire de millions de gens, aux portes d un pays qui leur reste fermé. La vie a ses besoins qu' aucune loi des homme n entrave ; la nécessité les pousse au delà des routes ; ils entreprennent alors ces traversée sauvages, avec le fardeau d une vie sur le dos. Ces aventures, il faut peut-être les vivre, pour en mesurer leur sens. Elles occupent l esprit à chaque pas, et entraîné vers l inconnu, réveillent nos instincts les plus forts.


Le lendemain matin, je reçus un message de Natasha, précisant qu il fallait dépasser Topolka. Quelques heures plus tard, nous atteignîmes le rassemblement de nomades, dans un hameau turc abandonné, de l’autre côté de la rivière.


C est du paradis atteint que je t écris, Elisabeth. Mais même les paradis sont des pièges – jamais tu ne t affranchira des solitudes, des douleurs tienne et de celles des autres. La Nature est ainsi faite. Mais c est dans la Nature, aussi, que tu retrouveras les impermanentes beautés – celles qui animent le feu des présents. C est dans chaque plante, dans l 'ombre d un saule, dans les mûres encore fraîches du matin- ou celles dejà chaudes a midi – que tu trouveras le repos, les nectars du quotidiens. Et toujours, tu devras partager ces plaisirs sur le fil du temps ; Jamais tu ne goûteras deux fois la même cerise, ne respireras la même bouffée d air.
Les plaisirs d hier sont les fantômes qui nous hantent, se mêlant discrètement aux espoirs les plus enivrants. Natasha, mirage d un délice qui fut, accompagnant d'espoir chaque pas dans la montagne…
Elisabeth, je te raconterai quelles sont ces délices de l' amour, et les ombres qui dansent avec eux.


Deuxieme partie – Juillet 2013 (avant la premiere partie, donc. C est le tout debut de mon voyage)

C'est en Grèce que la vie me conta la magie des amours. Je m y rendais pour des raisons plus politiques que spirituelles - voulant développer un réseau d'oasis pour nomades des temps modernes. Mais que la vie serait ennuyeuse si elle n embrassait pas, à chaque instant et de toute sa complexité, les doutes et les questions les plus profondes, les plaies et les trésors cachés dans l' intimité de nos âmes. Comme l'eau qui jaillit des fissures de la montagne, les désirs resurgissent pour nous rappeler les remous des profondeurs. Mais le sage sait qu' il n y a nul besoin de creuser, sinon de porter ses lèvres la où l eau abonde.

Nous étions a l'écart des villes, des agitations de Babylone; malgré une grande affluence de voyageurs si divers, venant partager leur Coeur, je ne pouvais me dire pleinement satisfait. Tant de gens nouveaux, et personne que je ne connaissais vraiment; tant de rencontres, tant de bons moments – des repas communs tel un rituel du partage, des défilés de sourires sur les chemins de terre, rendant aux gens leur beauté, des contes à minuit accompagnés de chants arabes, des musiques pour qu' ensemble nous dansions jusqu' au bout de la nuit – et pourtant je cherchais toujours l amour.

Un matin, je décide de grimper la plus haute montagne, surplombant les campements, le lac, le cercle des hommes. Je traverse d abord les bois, qui laissaient place à des empilements de roches; chaque pas devenait une acrobatie. Le vent soufflait fort, encore glacial du matin. La pente était des plus raides.

J' eus l espoir que ce défi me donnerait la sagesse, ou tout au moins quelques réponses face a mes doutes. J avais bien voulu chercher ces réponses parmi mes rencontres, mais en vain.

J arrivai exténué, en haut du plus haut pic, sommet de ma montagne que j appelais sacrée.

La vue, sur des centaines de km, ne me parut n' être rien de plus qu' un beau paysage – mais qu attendais je alors?

Un rapace, immobile dans le ciel, trouvait son équilibre dans les constants mouvements de l' air. Je restai là un long moment, a l abri du vent, entre des rochers.


Las de mes idées sans feu, je me mis à dessiner ; j' eus l image d un ?il reflétant le monde, avec sa grande pupille noire – me rappelant que la veille au soir, un homme s assit à côté de moi, autour du feu, pour me dire : “le feu sacré est tel le trou noir au centre de l univers, nul ne peut le traverser, nul ne l atteint. Seul pouvons-nous danser autour”

Je regardai une dernière fois le paysage, du côté du village, où aurait lieu une fête ce soir même; et repris le sentier. A mi-chemin, un homme, qui avait décidé de camper là, a l écart, haut dans la montagne, m'offrit le thé qu' il venait de préparer; l'on partagea mon chocolat. Il me parla de la sagesse de la nature, et des femmes, ce qui m 'étonna – une étrange synchronisité semblait relier son histoire a la mienne.

Il me conta qu 'un jour, voulant construire un feu, il marcha longuement a la recherche de pierres ; Il n en trouva presqu' aucune dans cette forêt de Hongrie. Mais quand lassé, il abandonna ses recherches et se décida a récolter du bois, il trouva les nombreuses pierres nécessaires a son feu.

Elisabeth, ne fais pas de tes désirs de frustrantes attentes; navigue aux vents des espoirs, des sincères intentions, et ne crois pas diriger les courants - car les obsessions qui strient ton esprit n' atteindront jamais leurs buts. Apprend a danser avec les vagues - c'est de ce partage que tu recevras le sel de la vie.

Donne-toi à l'autre non pas par frustration, par désirs égarés (hors des réels atteignables), mais parce que tu sais que la vie n'est qu'une longue marche vers l'amour. N'embrasse pas pour être embrassé, ne jette pas sur les autres ta peine - mais vois en eux une mystérieuse et inconnue richesse.

Qu'eus je bien cru recevoir, en escaladant ma montagne? rien d'autre que vains efforts, fausse fierté. C'est a mi-chemin entre l'illusion du sacré et le monde des hommes, en redescendant de ma montagne, que je rencontrai le sage - et cette étrange coïncidence n'est qu'émanation d une divine harmonie (celle qui me dépasse, et qu' humblement je constate).

Ce trou noir (feux sacrés; désirs, gouffres) est une pièce parmi d'autres dans le jeu de l'Univers - qu'il serait bien sot de réduire à un simple et fatal écroulement sur lui- même. C'est autour de ta noire pupille que danse le reflet du soleil (même si le feu sacré, brûlant les bois morts, hypnotise ton regard).

Elisabeth, c'est de ton coeur que tu dois m'écouter car de ton esprit ne surgiront que sillons, trop carrés et rectilignes que pour irriguer les fleurs sauvages. Jamais nous ne posséderons les plans de l'univers.

Et quand ton coeur l’aura compris, alors le monde s ouvrira a toi ;


(c est après cette expérience que ça devient intéressant, mais je n ai pas encore mis ça sur papier)

Special add on exclusif psychonaut : Cet episode est enfait sous champis. Une trop petite dose. Je les avait mis dans du miel, et c etait inmangeable, ca m a donné la nausé, et combiner a l assention de la montagne, c etait assez badant. C etait le pire trip que j ai fait, quasiment aucun effet mental, juste un bodyload bien crasseux. En fait, ce qui semblait etre un fracassant echec, finit par prendre sens (celui que j ai decris ci dessus).


juste apres etre redesendu, avoir mangé un peu, j ai rencontre une fille charmante et magnifique, jtape la causette un bon moment, on se presente et on se prend dans les bras. Elle me dit "tu es le premier a me prendre sans me donner ta peine". Exactement ce que je venais de realiser, comme si elle lisait dans mon coeur alors que j en avais absolument pas parler. La on s embrasse direct pour Dieu sait qu elle raison (bon, moi je sais:D)

Suite a ca, je vais a un workshop sur le premier chakra (c pas mon truc m enfin bon). En 5 minute, jsuis parti completement en trance, jme suis roulé a poil par terre en mode orgasme avec la foret, jmen suis pris plein la gueule. Je realise tout le sens de cette histoire, tout se connecte, le trou noir, les desir, les attentes, le partage, la connexion avec la fille, la montagne et la nature qui m a fait arriver a tout ca... je pleure en mode trance orgasmique (on peut pas accuser les champignons pris 8h avant qui avait fait aucun effet)

Le soir, je cherche la fille. Jla trouve pas. Une polonaise que j avais deja croisé (et qui m avait fait rever... ) se pose a cote de moi... on connecte super bien, on passe la nuit ensemble, des jours ensemble, je plane completement, je me reveille le matin les larmes de bonheurs aux yeux, c est de l Art, de l Amour, du tout a la foi qui s envole tres haut. C pas comme d habitude, c est plus fluide, liberé, dans le present, pure et puissant. Deux fille la meme journee (apres 2-3 mois de diete), apres avoir trippé sur l Amour en grand, de long en large, voila un trip qui finalement avait du sens. C est pas la dose qui fait la puissance. Faut juste se brancher sur le bon chanel.



Troisième partie (fin Août 2013 , en quittant le rainbow de Bulgarie... differents episodes du voyage)


En arrivant a Plovdiv, nous avons été comme frappés par l agitation; les voitures d abord, car elles sont partout. Les musiques ensuite - semblant éloigner les gens, plus que les rassembler (musiques en oreillettes, ou musiques trop fortes qui couvrent les pensées; musique qui n'ont rien de musical).
Un ennui, qui parce qu' il ne se résorbe jamais, nous comble d activités frénétiques (avec leur caravane d angoisses, de coups de téléphone manqués ou interrompant chaque conversation). Chacune de ces activités se réfère a l argent, qui immanquablement nous évoque le travail - une conception du travail en opposition au repos, monde fait de dualités. Activités piégeantes - ne pouvant quitter la terrasse où pourtant mes amis m ennuient, ne pouvant tout a coup crier 'ras le bol'. Quand bien même nous sommes entre nous, nous voila craintifs les uns avec les autres, sur la défensive, l' alcool le soir n aidant pas à se défaire de ces poisons modernes, jeux théâtraux sous tendus par la peur...
Même la femme, qui pourtant la veille ne m avait rien refusé, avait érigé en un instant (comme aidée par une armée invaincue, empire éternel de la grande société humaine) des murs entre elle et ses désirs.
La soirée prit alors ce goût d amertume, comme une bière fraîche, qu'on boit pour se rafraîchir et qui nous saoûle un peu, dont on érige malgré nous l amertume en vertu.
Tard le soir, quand nous avons passé un long moment à nous dire au revoir, Chopin (surtout, la Fantaisie Impromptue) rendit à la vie sa brillance - et de son visage je garderai le souvenir vibrant du bonheur. Le lendemain je partais vers la cote. Je choisis le train, pour son rythme saccade que jouent ses roues sur les rails.
A Varna, je trouvai un piano a l hotel, et y restai la matinée - y jouant les chopins écoutés la veille, dont les notes rappelaient l expression de son visage, les courbes de ses fines jambes, la sensualité mêlée a l éternelle esthétique des Nocturnes. Puis, je sentis comme le devoir de visiter la ville; je revins moins d une heure après, frappé par les mille visages sans sourires et un sentiment d absurde. Je passais alors a nouveau l après-midi au piano, et un homme qui m' écouta longuement, m offrit une bouteille de vin.
Je partis vers le sud, oubliant mon bracelet sur la table, a côté du piano (j y tenais beaucoup). Le réceptionniste, me sachant en marche vers l autoroute, me le rapporta en mobylette, alors que je rebroussais chemin.

Une voiture déjà pleine s arrêta après a peine quelques minutes d attente a la sortie de la ville; ils insistèrent pour y faire de la place, et je rentrai par miracle, moi, mes sacs et mon accordéon. On me déposa a Byala. Perdu entre les vignes, j empruntai un sentier descendant vers la mer, quand la pluie, fine et jamais dérangeante, souleva les odeurs de la terre. Je maraudai quelques raisins, que je mangerais plus tard, avec le fromage et le vin.
J arrivai à un endroit idéal pour poser mon campement, avec le petit port de pêcheur en contrebas, et restai là, entraîné par le vol de mouettes et des hirondelles ( les premières dérivant aux vents, d un mouvement ample, les autres semblant se retourner contre les courants pour entrer dans une danse tourbillonnante).
A Burgas, le hasard céda sa place a la magie, et à peine m' avait-on déposé devant la gare que je retrouvais mes amis avec qui je décidais de continuer la route.

A Varvarra, nous nous sommes installés, avec d autres familles bulgares, dans un bosquet, îlot de verdure sur une côte aride. La vie reprit le doux rythme de la mer, caressant sans fin les rivages, lissant les roches, effritant les falaises.

Je cueillais des raisins sur des vignes délaissées, ainsi que des figues, pourtant si bonnes, que personne ne semblait voir.






Parenthèse autour du bonheur

Frappé de bonheur, noyé, inondé de bonheur. Parfois même, fatigué de bonheur.
Le bonheur semble être comme une foule dont on ne distingue aucun visage, comme la somme de milles détails. Tout semble s'y subordonner. Il se raconte mal, car il se confond souvent à ses causes, à ces désirs assouvis; Or le bonheur est autre que le plaisir, autre que la paix aussi. Il est une aura qui précède notre expérience, sur lesquelles il ne fait que rebondir. Parce qu'il ne s'attrape jamais - se fond dans chaque instant, n'a nulle forme ou constance - il nous approche au plus près du présent - ce présent impermanent, toujours renouvelé.
L'écume de la vague (s'effondrant, frappant d'un seul élan les aspérités de la vie, poussée par le rythme infini de la mer), voilà ce qu'est le bonheur. Emergence au-dessus des remous de nos coeurs, blanche, pétillante, grésillante écume.
Les yeux d'une femme au réveil, les fruits à l'ombre de midi, le repos du soleil bas dans le ciel; tous ornés des feux du bonheur. Noyade dans le bonheur, dans la spirale de la vague déferlante, où l'on n'en finit pas de se noyer. Mouvement chaotique d'où surgit la blancheur; il se suffit à lui-même, n'a plus ce pressant besoin de sens; rouleau de la vague se refermant sur elle-même, pour faire eclater dans l'amour : la beauté, la lumière, le prochain désir (celui la, précisement, qui sera assouvi à l'instant suivant, désir docile à l harmonie). Ainsi le bonheur semble nous précéder. Bonheur invitant en nos yeux les détails des branchages, offrant a la fumée les saveurs du repos, aux caresses d'une femme la douceur de vivre. Bonheur qui se chante doucement, tendrement. Bonheur à qui j ai tant donné, il me connaît mieux que tout autre feu qui m'anime - mais je l'aborde tel un inconnu à chaque fois que je le croise.





C est pas vraiment un TR, c est encore plus le bordel, j avoue...

Et bon, ca inclut que quelques jours dans un voyage de plusieurs mois, toujours aussi trippé... (episode en projets : overflow d amour au LSD sous la pleine lune, trance parti aux champis dans un paradis Bulgare, des aventures d autostop bien foireuses en serbie, des jours passer dans un squat a Belgrade, etc ).

 
Tes récits sont toujours aussi passionnants à lire, et bien écrits; tes réflexions sur la vie, semées au fil de ceux-ci, aussi.
ENCORE !:)
 
Salut Quetzal ! :)

Formidable histoire que tu nous contes là.

Au plaisir de se rencontrer sur la route !

A plus :)
 
Merci pour sa :) . Magnifique
 
Merci pour vos commentaires positifs!
J essaye d ecrire de nouvelles parties... mais je n ai aucun controle sur l inspiration, qui me vient "de l exterieur" , de mes sentiments pour cette fille (qui est en fait le moteur de mon inspiration)... C est puissant mais pas pratique haha :D
 
Salut quatzal, très beau carnet de voyage :) y'a t-il moyen de discuter sur un topic ou par message, j'aurais quelques conseils à te demander à propos de divers trip, car à travers tes TR et ton état d'esprit j'ai plutot confiance en tes conseils ! Merci
 
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