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Cannabis et perte de QI

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Biquette
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Biquette

Modo vache qui rend chèvre
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Méta-étude sur 7 travaux longitudinaux (= suivi dans le temps) regroupant en tout 808 participants.
Elle montre une diminution du QI d'environ... 2 points, et ce déclin ne s'explique dans l'étude que par le déclin d'une moyenne de 3 points en QI verbal. Pas de quoi spécialement alarmer donc, un tel résultat peut s'expliquer par plein d'autres facteurs, comme le décrochage scolaire, et l'impact sur la vie quotidienne est de toutes façons ridicule.

https://www.cambridge.org/core/jour...inal-studies/26BEC9CBD2A39010C26100278F8CA813

Le paragraphe sur les résultats est très intéressant et montre bien les limites de l'étude :

«
Il s'agit, à notre connaissance, de la première synthèse quantitative longitudinale examinant l'association entre la consommation fréquente ou dépendante de cannabis à l'adolescence et l'évolution du QI dans le temps. Nous avons constaté que les jeunes qui consomment fréquemment du cannabis ou qui en sont dépendants à l'âge de 18 ans ont vu leur QI diminuer lors du suivi, ce qui pourrait être dû à une baisse du QI verbal. Toutes les études ont montré des estimations ponctuelles du déclin du QI. Nos critères d'inclusion étaient larges et la cohorte de consommateurs de cannabis représente un spectre d'intensité de consommation. Les résultats de notre analyse exploratoire indiquent qu'il n'y a pas de différence entre le QI des consommateurs de cannabis avant l'exposition au cannabis et celui des sujets témoins, mais il s'agit d'un résultat hétérogène.

Nous notons que la durée probable de l'exposition avant le suivi dans cette étude est relativement courte dans six des sept cohortes étant donné que l'âge du suivi était limité à l'adolescence dans ces études. Le déclin d'environ 2 points du QI chez les consommateurs fréquents de cannabis à l'adolescence n'est pas cliniquement significatif et il est peu probable qu'il explique à lui seul toute une série de problèmes psychosociaux liés à la consommation de cannabis dans cette cohorte. Cependant, les effets sur le développement, tels que l'altération des processus neuromaturaux, peuvent ne pas être entièrement saisis par des périodes de suivi limitées à l'adolescence, lorsque le développement du cerveau est en cours (Westlye et al., Référence Westlye, Walhovd, Dale, Bjørnerud, Due-Tønnessen, Engvig et Fjell2009). Il existe peu de données sur la persistance d'une forte consommation de cannabis chez les jeunes sur de plus longues périodes, et aucune donnée longitudinale sur le QI depuis le début de la consommation de cannabis chez les jeunes entre 18 et 25 ans. Plus précisément, il est peu probable que cette constatation soit attribuable à la consommation d'alcool. La plupart des études de cette méta-analyse ont contrôlé la consommation d'alcool. Des recherches antérieures montrent également qu'un réseau d'effets cognitifs prédisposants, cooccurrents et décalés sont associés à la consommation de cannabis et sont également susceptibles d'avoir des effets additifs supérieurs à ceux de l'alcool (Morin et al., Référence Morin, Afzali, Bourque, Stewart, Séguin, O'Leary-Barrett et Conrod2019). L'engagement éducatif peut être un facteur d'influence et représente une voie potentielle vers le déclin du QI (Castellanos-Ryan et al., Référence Castellanos-Ryan, Pingault, Parent, Vitaro, Tremblay et Séguin2017). Des preuves quasi-expérimentales ont trouvé des associations entre la disponibilité du cannabis et la performance scolaire chez les jeunes d'âge collégial, ce qui pourrait représenter un mécanisme potentiel (Marie et Zölitz, Référence Marie et Zölitz2017). Cependant, d'autres facteurs de vulnérabilité sociale, tels que les capacités de lecture avant l'exposition et le nombre d'années d'études, peuvent également expliquer les effets constatés (Brinch et Galloway, référence Brinch et Galloway2012 ; Price, Ramsden, Hope, Friston et Seghier, référence Price, Ramsden, Hope, Friston et Seghier2013).

Nos résultats sont typiquement similaires à la perte d'intelligence prémorbide dans la schizophrénie, un trouble dont l'étiologie neurodéveloppementale est connue. Des baisses de QI verbal d'environ 6 points ont été constatées chez des hommes chez qui on a diagnostiqué ultérieurement une schizophrénie entre 13 et 17 ans avant la maladie, sans baisse relative du QI de performance (MacCabe et al., Référence MacCabe, Wicks, Löfving, David, Berndtsson, Gustafsson et Dalman2013). L'effet observé dans cette étude est de taille similaire à celui observé dans l'exposition au plomb, une toxine environnementale, pendant l'enfance (Reuben et al., Référence Reuben, Caspi, Belsky, Broadbent, Harrington, Sugden et Moffitt2017).
»
 
Intéressant, mais je n'ai pas trop compris quelle était la durée du (des ?) suivis. Si c'est deux points en deux ans, c'est peut-être plus grave que deux points en dix ans. Si j'ai bien compris, ça concerne aussi surtout les adolescents / jeunes adultes ? En tous cas, ça semble bien aller à l'encontre de l'idée reçue que le cannabis rend débile. Je suis quand même surprise que ça n'ait aucun impact sur la mémoire de travail, les fonctions exécutives, ce genre de truc qui demande de la concentration. Est-ce que ces items-là étaient mesurés dans les tests en question ?
Ce qui m'étonne surtout, c'est que ces études qui montrent que le cannabis ne réduirait pas l'attention spawn, la motivation, ce genre de chose, vont complètement à l'encontre des retours de consommateurs de longue date... Est-ce qu'ils se trompent tous ? Ou y a-t-il des trucs à adapter dans les méthodo ? Où est-ce que ça cloche ?
 
En effet j'ai relu plus attentivement, et si j'avais compris la 1ère fois que ça s'étendait à l'âge adulte, en fait la plupart des études semblent s'occuper uniquement de l'adolescence, sur une durée indéterminée (faudrait check les études individuelles).
Comme soulevé par les auteurs, ces changements alors que le cerveau est en dvpmnt pourraient avoir un impact plus conséquent par la suite, cela reste à déterminer.

Un gros souci de l'étude c'est aussi qu'elle ne parvient pas à distinguer les conséquences à long et court terme, c'est à dire qu'une bonne part des participants ont consommé dans le mois avant l'étude, or on sait que des effets résiduels peuvent persister jusqu'à 1 mois après conso.
Donc on ne sait pas à quoi est due la perte de QI, effets résiduels ou conséquences d'une conso chronique ?
 
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