Bootin Repressor
Glandeuse Pinéale
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Précisions pré-racontage: Les faits se déroulent sur dimanche 16 juillet (avant hier à l'heure de l'écriture) dans un festival où on devait poser notre sound system et lundi 17 (hier donc, tu suis, tu me plais) près de chez moi. Ce texte est une adaptation du message envoyé lundi soir à mon futur coloc et meilleur être humain du monde après David Gilmour (Appelons-le B pour Ball Trainer) qui m'accompagnais au festoch. À 3h on décollait, il me déposait à 8h au boulot où je bosse dans les champs et même si j'ai quasiment rien bu au festival j'ai dormi 1/2h max dans sa caisse, et pas pu acheter à manger pour la pause de midi. On démarre.
Je viens de passer l'une des journées les plus cheloues de ma vie, j'ai fais des ascenseurs émotionnels tout seul, au point où à 2-3 moment j'étais vraiment au bord des larmes sans aucune raison.
Entre le retour à la réalité sans palier de décompression vers ces beaufs (ouais je bosse avec des gens ils en tiennent une couche) et leur papotage sans intérêt, leur putain de fun radio, la CHALEUR BORDEL on a bossé toute la journée en plein caniard (mon corps est douleur), j'ai fais un genre de plongée émotionnelle profonde à la limite du psychédélique au milieu de mon équipe de 6.
En fait au début je pensais juste aux moments sympas qu'on s'est tapés pendant le festoch, et le contraste avec la platitude sans nom de ces gens s'est exacerbé dans ma tête, j'avais l'impression d'avoir vécu tant de choses (pourtant ce festival était pas un truc absolument unique pour nous) alors qu'eux s'étaient contentés de glisser de façon fade pendant 2 jours, sans retirer quoi que ce soit, sans laisser entrer quoi que ce soit d'intéressant dans leur psyché.
Mais surtout je repensais à des tonnes d'images qui se présentent toujours dans mon crâne teintées de poésie (et qui le seront toujours quand je serais vieux j'pense): l'idée qu'on a eue de foutre du whisky dans une granita au cola, B qui fait des bolas, T qui troll les festivaliers en foutant des pull-up, un geste capté par-ci, une bribe de discussion par-là, nos chants paillards gueulés forts pour faire les intéressants, pleins de petits snapshots tout ça enveloppé dans une sorte de chaleur douce, ronde, agréable vous voyez? C'est ça que mon cerveau fait avec le reste de ce que le monde déverse en moi dans nos moments privilégiés avec mes potes. Et du coup on se sent obligés de penser aux souvenirs qu'on ne s'est pas encore faits, la coloc avec B l'année prochaine notamment. Il y a quelques mois il m'a dit après quelques bières "Ça va être tellement ouf, on en parlera pendant des générations. Un jour je vais asseoir mes petits-enfants et je leur dirais <<Ferme la, il faut que je te raconte ma coloc avec Bootin>>" c'est carrément ça, on va se forger une partie de notre vie épique au delà de l'imagination (ndlr: oui cette partie du message pouvait se résumer par: BORDEL MON BALL TRAINER ON VA VIVRE ENSEMBLE J'TE LOVE), et même si je sais qu'on va faire du sale jusqu'au neuvième cercle des enfers, je sais aussi qu'on va en retirer une expérience humaine de dingue, et j'espère que les souvenirs que je m'en ferais encapsuleront tout autant de poésie (petit moment de spleen Baudelairien)
En milieu de matinée j'ai repensé à l'histoire que B m'a raconté au festival, l'histoire de Winston McAnuff qui y jouait (et qui a chanté sur notre sound, tu rages?), et qui y chantait cette chanson:
originellement écrite par son fils Matthew, mort dans une fusillade à Kingston. Mais comme je n'en connais pas plus sur cette histoire et que je connais pas toutes les paroles, mon cerveau a comblé les vides et je me suis retrouvé avec cette histoire (peut-être vraie) de ce gamin qui fait une chanson qui dit simplement "vraiment mec, fait attention à toi, c'est important" (ce qui est un truc qu'on dit quasi jamais dans l'art) et qui se fait buter, un genre d'ironie du sort infâme, mais tu peux pas tuer le message une fois qu'il est sorti, et son père le chante. Si j'avais capté ça plus tôt j'aurais probablement fondu en le voyant. Du coup je me suis mis à chanter ça sur ma machine, ils entendaient pas à cause de leur radio de merde, mais comme je connaissais pas toutes les paroles c'est devenu:
"You gotta be careful in this time
Know your role and
Jah learn your line
You gotta be made up for the loss of the light
Row your boat and
Weigh down your heart" :grin:
Et j'ai commencé à répéter ça en boucle pendant une heure, deux heures, et petit à petit c'est devenu un mantrat de malade et puis c'est devenu une PUTAIN de litanie contre leur musique, leurs valeurs, bref contre eux. (je suis persuadé d'avoir lu un bouquin où des moines font un champ de force en chantant une litanie mais je me souvient plus duquel, c'est ptète dans l'incal?)
C'en est arrivé au point où à un moment où on transitait en camion entre deux champs, tout le monde a dû m'entendre le chanter au moins deux fois quand on a laissé un autre camion passer, silence gêné genre "pourquoi il fait çaaaaaa" :lol:, vous vous rendez compte que y'en a pas un qui a réagi à ça? Que ce soit "tu chantes quoi?" ou "arrête ça putain!" j'aurais été content de savoir qu'il y a quelqu'un derrière la vitre. Ah bordel. J'alternais entre tristesse, euphorie, pitié...
À midi j'ai eu le bonheur de me nourrir planqué dans ma bagnole de 2 bananes et d'une pom pote, autant vous dire que j'étais moyen chaud, et après... Ils m'ont tué à la tâche, genre truc où il faut manipuler super vite parce que la machine avance avec ou sans toi, qui pique, sous 35 à l'ombre sans aucune ombre, le massacre.
Comme je devais réfléchir à ma tâche je pouvais plus avoir l'esprit qui divague un peu pour s'évader et du coup je me suis tapé un début de rage mais le truc primal, la colère qui te tord l'intestin par impulsions, et la musique de merde qui me sciais les nerfs à passer la même chanson 7 fois dans la journée et les mêmes putain de pubs risibles en boucle, plus la connasse de mon équipe qui veut faire son intéressante en jouant la cruche (fausse voix de gamine h24, habitude insupportable de finir ses phrases avec les 4-5 dernières syllabes faussement ries pour donner l'impression que c'est marrant, le cri suraigüe qu'elle pousse à chaque fois qu'un insecte entre dans son champ de vision soit toutes les 4 secondes dans un champ, aujourd'hui elle avait un t-shirt qui disait littéralement "LOOK AT ME"), bref les nerfs à vifs.
Et là. Au bout d'une heure et demie montre en main d'enfer sur terre, on est tous (sauf la permanente qui est là pour te regarder) en eau et à bout. On arrive au bout de l'allée dont on s'occupait. Il est 16h35 pour finir à 17h. Je me roule une clope pour une pause bien méritée. La permanente tourne la machine et dit "allez on commence l'allée suivante là, Bootin tu fumes pas là y'a plus qu'une demie heure!". Tu fais pas ça à un addict au tabac qui a dormi une demi heure après un festival de 2 jours pour venir bosser dans tes champs pendant 8 heures sous le soleil de plomb et musique infâme en ayant à peine de quoi faire un goûter potable dans le tube digestif tout entier. TU PEUX PAS.
C'est là qu'ils sont passés de "vous vous rendez pas compte à quel point vous gâchez votre existence et ça me rend triste" à "Vous êtes la lie du genre humain et je vous crèverais un par un de mes mains." En bon pacifiste je ne fis que bouillonner et me venger sur mon enceinte en la faisant saturer sur un stup en hurlant dans ma caisse.
Arrivée chez moi -> écriture de ce message dont vous lisez une retranscription avant d'aller MANGER et DORMIR.
Comme d'habitude je suppose que ce post n'a aucun intérêt pour qui que ce soit, et je ne sais pas comment conclure alors fait comme tu veux.
Bisous.
Je viens de passer l'une des journées les plus cheloues de ma vie, j'ai fais des ascenseurs émotionnels tout seul, au point où à 2-3 moment j'étais vraiment au bord des larmes sans aucune raison.
Entre le retour à la réalité sans palier de décompression vers ces beaufs (ouais je bosse avec des gens ils en tiennent une couche) et leur papotage sans intérêt, leur putain de fun radio, la CHALEUR BORDEL on a bossé toute la journée en plein caniard (mon corps est douleur), j'ai fais un genre de plongée émotionnelle profonde à la limite du psychédélique au milieu de mon équipe de 6.
En fait au début je pensais juste aux moments sympas qu'on s'est tapés pendant le festoch, et le contraste avec la platitude sans nom de ces gens s'est exacerbé dans ma tête, j'avais l'impression d'avoir vécu tant de choses (pourtant ce festival était pas un truc absolument unique pour nous) alors qu'eux s'étaient contentés de glisser de façon fade pendant 2 jours, sans retirer quoi que ce soit, sans laisser entrer quoi que ce soit d'intéressant dans leur psyché.
Mais surtout je repensais à des tonnes d'images qui se présentent toujours dans mon crâne teintées de poésie (et qui le seront toujours quand je serais vieux j'pense): l'idée qu'on a eue de foutre du whisky dans une granita au cola, B qui fait des bolas, T qui troll les festivaliers en foutant des pull-up, un geste capté par-ci, une bribe de discussion par-là, nos chants paillards gueulés forts pour faire les intéressants, pleins de petits snapshots tout ça enveloppé dans une sorte de chaleur douce, ronde, agréable vous voyez? C'est ça que mon cerveau fait avec le reste de ce que le monde déverse en moi dans nos moments privilégiés avec mes potes. Et du coup on se sent obligés de penser aux souvenirs qu'on ne s'est pas encore faits, la coloc avec B l'année prochaine notamment. Il y a quelques mois il m'a dit après quelques bières "Ça va être tellement ouf, on en parlera pendant des générations. Un jour je vais asseoir mes petits-enfants et je leur dirais <<Ferme la, il faut que je te raconte ma coloc avec Bootin>>" c'est carrément ça, on va se forger une partie de notre vie épique au delà de l'imagination (ndlr: oui cette partie du message pouvait se résumer par: BORDEL MON BALL TRAINER ON VA VIVRE ENSEMBLE J'TE LOVE), et même si je sais qu'on va faire du sale jusqu'au neuvième cercle des enfers, je sais aussi qu'on va en retirer une expérience humaine de dingue, et j'espère que les souvenirs que je m'en ferais encapsuleront tout autant de poésie (petit moment de spleen Baudelairien)
En milieu de matinée j'ai repensé à l'histoire que B m'a raconté au festival, l'histoire de Winston McAnuff qui y jouait (et qui a chanté sur notre sound, tu rages?), et qui y chantait cette chanson:
"You gotta be careful in this time
Know your role and
Jah learn your line
You gotta be made up for the loss of the light
Row your boat and
Weigh down your heart" :grin:
Et j'ai commencé à répéter ça en boucle pendant une heure, deux heures, et petit à petit c'est devenu un mantrat de malade et puis c'est devenu une PUTAIN de litanie contre leur musique, leurs valeurs, bref contre eux. (je suis persuadé d'avoir lu un bouquin où des moines font un champ de force en chantant une litanie mais je me souvient plus duquel, c'est ptète dans l'incal?)
C'en est arrivé au point où à un moment où on transitait en camion entre deux champs, tout le monde a dû m'entendre le chanter au moins deux fois quand on a laissé un autre camion passer, silence gêné genre "pourquoi il fait çaaaaaa" :lol:, vous vous rendez compte que y'en a pas un qui a réagi à ça? Que ce soit "tu chantes quoi?" ou "arrête ça putain!" j'aurais été content de savoir qu'il y a quelqu'un derrière la vitre. Ah bordel. J'alternais entre tristesse, euphorie, pitié...
À midi j'ai eu le bonheur de me nourrir planqué dans ma bagnole de 2 bananes et d'une pom pote, autant vous dire que j'étais moyen chaud, et après... Ils m'ont tué à la tâche, genre truc où il faut manipuler super vite parce que la machine avance avec ou sans toi, qui pique, sous 35 à l'ombre sans aucune ombre, le massacre.
Comme je devais réfléchir à ma tâche je pouvais plus avoir l'esprit qui divague un peu pour s'évader et du coup je me suis tapé un début de rage mais le truc primal, la colère qui te tord l'intestin par impulsions, et la musique de merde qui me sciais les nerfs à passer la même chanson 7 fois dans la journée et les mêmes putain de pubs risibles en boucle, plus la connasse de mon équipe qui veut faire son intéressante en jouant la cruche (fausse voix de gamine h24, habitude insupportable de finir ses phrases avec les 4-5 dernières syllabes faussement ries pour donner l'impression que c'est marrant, le cri suraigüe qu'elle pousse à chaque fois qu'un insecte entre dans son champ de vision soit toutes les 4 secondes dans un champ, aujourd'hui elle avait un t-shirt qui disait littéralement "LOOK AT ME"), bref les nerfs à vifs.
Et là. Au bout d'une heure et demie montre en main d'enfer sur terre, on est tous (sauf la permanente qui est là pour te regarder) en eau et à bout. On arrive au bout de l'allée dont on s'occupait. Il est 16h35 pour finir à 17h. Je me roule une clope pour une pause bien méritée. La permanente tourne la machine et dit "allez on commence l'allée suivante là, Bootin tu fumes pas là y'a plus qu'une demie heure!". Tu fais pas ça à un addict au tabac qui a dormi une demi heure après un festival de 2 jours pour venir bosser dans tes champs pendant 8 heures sous le soleil de plomb et musique infâme en ayant à peine de quoi faire un goûter potable dans le tube digestif tout entier. TU PEUX PAS.
C'est là qu'ils sont passés de "vous vous rendez pas compte à quel point vous gâchez votre existence et ça me rend triste" à "Vous êtes la lie du genre humain et je vous crèverais un par un de mes mains." En bon pacifiste je ne fis que bouillonner et me venger sur mon enceinte en la faisant saturer sur un stup en hurlant dans ma caisse.
Arrivée chez moi -> écriture de ce message dont vous lisez une retranscription avant d'aller MANGER et DORMIR.
Comme d'habitude je suppose que ce post n'a aucun intérêt pour qui que ce soit, et je ne sais pas comment conclure alors fait comme tu veux.
Bisous.