In mixitl in tlapatl
Neurotransmetteur
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Ce psychédélique est comme un fauve difficile à observer. On ne sait pas à quoi s’attendre avec lui, on peut le guetter et regretter de n’avoir pu qu’à peine l’entre-apercevoir comme tout d’un coup se trouver en face de lui sans s’y attendre, à sa merci. Or il n’en a pas l’air mais c’est un prédateur féroce.
J’ai pris six fois du 5-Meo-Dalt. Sur ces six fois, quatre ont été tout-à-fait sans intérêt, très décevantes. La première fut plus riche mais ne laissait surtout en voir que son imprévisibilité. La quatrième, elle, me semble avoir été révélatrice de ce à quoi il peut conduire : à savoir un cauchemar que la maigre documentation dont on dispose à son sujet ne permet pas d’envisager.
Un produit irrégulier
Etant probablement très sensibles aux dosages, ses effets savent se faire désirer (et d’ailleurs un certain nombre de post trouvé sur internet signalent plutôt avec déception des effets très ténus et sans grand intérêt) ; ne disposant pas de moyen de dosages précis, ces six expériences ont été conduites avec des quantités assez aléatoires mais probablement de l’ordre des 30mg à 50mg, ne dépassant avec certitude pas les 100mg, et j’aurais bien du mal à comparer les dosages utilisés d’une expérience à l’autre, alors qu’ils ont probablement joué significativement.
Autant commencer par aborder les impressions lacunaires et décevantes qu’une expérience avortée peut donner. Les effets m’ont paru relativement rapides, au bout de 30 min à 45 min, on se sent un peu confus, légèrement euphorique ; une légère décoordination motrice s’installe, ou du moins un engourdissement. Un certain bodyload aussi, déjà signalé ailleurs, qui ici s’est traduit surtout par des fourmillements légers aux doigts. Son effet sur le cœur peut être assez sensible, quoique pas systématique, certaines fois incommodant pendant la monté mais diminuant au bout de quelques minutes, certaines fois à peine perceptible. Mais lorsque le bodyload s’est installé, il va semble-t-il généralement donner une impression assez désagréable au niveau de la tête : un ami m’a parlé d’une impression de « casque », et c’est en effet assez ce qu’on ressent. On éprouve aussi une faiblesse générale, surtout dans le haut du corps, un manque de tonus, de légers tremblements peut être. A ce stade, les effets visuels, s’ils sont présents, sont discrets mais parfois agréables, on dirait des feuilles agitées par le vent en deçà des images, des grumeaux et des remous colorés mouvants à dominantes rose et verte. Pour ma part aussi, des sortes de tâches en « négatif » de couleurs, ou aussi des couleurs persistantes, lorsqu’on regarde un objet vivement coloré par exemple et qu’on en détourne rapidement le regard, surtout si c’est pour regarder immédiatement après une surface blanche. Cet effet est évidemment commun chez les psychédéliques, mais il m’a semblé assez marqué dans ce cas (plus par exemple qu’avec l’AMT, les champi ou le LSA). On note du coup une certaine sensibilité aux images et aux couleurs, qui deviennent agréable à regarder, quoique par contre la perception des formes m’ait paru peu altérée ou seulement rendue un peu confuse. Je n’ai pas noté pour ma part de sensibilité accrue à la musique.
Cet effet léger, parfois franchement ténu, est assez cours et finalement peu accompagné d’effet cognitifs : assez peu d’altération des procédés intellectuels, cours des pensées plutôt normal, pas de grosses difficultés pour se concentrer ou parler à quelqu’un, quoiqu’il y ait un certain engourdissement, un amollissement qui rende un peu « pâteux » et confus, ce qui est d’ailleurs un peu irritant si on a envie de dire exactement ce qu’on pense. Globalement, pour moi comme pour les deux personnes avec qui j’ai testé cette substance, cette phase de l’effet assez courte, de l’ordre de deux heures, et était décevante parce que l’inconfort physique et la confusion prédominait par rapport aux effets psychédélique attendus, mais en vérité rien de bien méchant non plus.
La première expérience, elle, avait été plus riche et assez révélatrice je pense de l’imprévisibilité de cette substance. Mais elle ne s’est pas reproduite comme telle par la suite. Elle avait de notable, en plus des aspects qui ont été dits plus haut, de passer par plusieurs phases assez différentes et plus intenses. D’abord une grande euphorie et une grande sensibilité aux images pendant la monté, avec un effet positif sur l’imagination visuelle, pendant environs une heure. Puis une phase d’euphorie complètement déréglée, presque puérile, avec l’envie de bouger, de gigoter n’importe comment, de sautiller, de se vautrer en rigolant, de courir en rond comme un fou. Un accès aussi de sociabilité, d’appeler des gens ou de dire des bêtises à des amis sur fb, de les surprendre par des sorties tout-à-fait saugrenues mais assez hilarantes par moment et pas forcément dénuées d’à-propos, en tout cas sortie de nulle part. C’était assez amusant, pas franchement intellectuel mais agréable, j’avais pour ma part déjà connu un accès subit de gamineries de cet ordre par deux fois avec le LSA et j’ignore dans quelle mesure d’autres passeraient par là. Ensuite, quand j’étais calmé, est venu une phase plus intellectuelle, mais qui s’est trouvée polarisée par le fait de parler à quelqu’un. Après un court moment de doute, légèrement paranoïde comme on l’a parfois avec le cannabis (surtout lorsqu’on se perd à surinterprêter ce qu’on dit ou ce qu’on nous dit au point de se trouver embarrassé dès qu’il faut dire quelque chose), une descente vers la normale s’amorçait : on me posait des questions un peu précises ou j’avais besoin de mobiliser des connaissances historiques etc… et globalement cela se faisait sans problème, et au bout d’une heure de discussion je me suis rendu comte que j’étais pratiquement sorti de l’effet : il avait duré au plus trois heures après le début de la monté. Pas de descente désagréable, quoique pour ma part je ne suis pas représentatif à ce niveau là, étant un peu inversé par rapport à certaines personnes sensibles à la descente en ce que pour la plupart des drogues les effets désagréables se concentrent généralement lors de la monté (surtout l’inconfort et la fatigue physique) alors que les descentes sont généralement pour moi douces, en continuité avec le reste de l’effet et plutôt agréables (par exemple, la douce et sereine descente vers la normalité est souvent un des meilleurs moments avec les champis dont je suis un fan inconditionnel). Dans ce cas-là, je pense ne pas m’être assez concentré sur ce que je vivais pour décrire la descente, qui a été visiblement assez discrète et tranquille. L’after-effet était assez agréable et dans les deux heures qui suivirent je sentais une certaine tranquillité et une joie visuelle persistait.
Effet notable présent systématiquement à chaque prise : un intense fourmillement caractéristique dans l’annulaire et l’auriculaire des deux mains, comme quand on se cogne la partie intérieure du coude contre un meuble : comme cet effet était un peu déconcertant (pourquoi toujours précisément ces deux doigts de la main ?), il peut être inquiétant sur le moment, mais il s’estompe assez rapidement, du moins en même temps que les autres effets somatiques ; mais il n’en est pas moins remarquable et assez caractéristique.
En dehors de ça, les différences d’état d’esprit assez sensible entre ces trois phases principales laissaient entrevoir l’imprévisibilité et le caractère polymorphe de ce produit, accentuée par la déception des secondes et troisièmes prises presque avortées, moins riches et sans grand intérêt. Et rien ne laissait entrevoir ce qui m’attendait à la quatrième prise.
La quatrième prise : un cataclysme cognitif
Si ce long baratin ne vous a pas découragé de poursuivre ce post, c’est une bonne chose car ce qui vient doit faire office d’avertissement. J’ai effectué la quatrième prise avec un ami qui lui, manifestement, n’a accédé qu’à une forme très atténuée de l’effet, fort heureusement pour lui. Il en a été tout-à-fait autrement pour moi.
Cette quatrième prise commença comme les précédentes, avec effet visuel, confusion, fourmillement des doigts, bodyload et tachycardie. Mais je sentais bien vite qu’il serait plus intense : une intense fatigue montait, une espèce d’ivresse donnant envie de différer la moindre chose, de disposer d’un peu de répit. Au bout d’un peu plus d’une heure, je me sentais franchement défoncé : ma mémoire commençait à fonctionner de travers et enregistrait lacunairement ce que je vivais, les instant s’enchaînaient moins clairement, je sentais un certain effet de distorsion temporelle. J’étais à ce moment dans la phase euphorique et excitée, je disais tout ce qui me passait par la tête, essentiellement de grosses bêtises inattendues et débitées sans seulement réfléchir à ce qu’elles voulaient dire. Les idées avaient du mal à se former et à s’enchaîner, et la seule phrase qui me venait à l’esprit pour décrire les effets sur l’esprit était : « tout est décomposé » : par là j’entendais que le cheminement de la pensée, au lieu de se laisser guider par les raccourcis, les habitudes et les réflexes intellectuels, ne reconnaissait plus rien de tout ces outils, qui semblaient désarticulés, déconstruits, inutilisables, ce pourquoi ils avaient laissé la place à tant d’imprévu dans les idées. Les effets visuels étaient assez marqués, les couleurs étaient déréglées et des motifs psychédéliques assez perceptibles se formaient partout. A vrai dire ce moment était assez agréable, il avait quelque chose de ludique. Le 5-Meo-Dalt jouait avec sa proie, il tournait autour d’elle en laissant voir son pelage coloré, mais c’était pour mieux l’attirer à lui.
Mais voilà que l’effet bascule. Tout d’un coup, il a montré des dents.
Subitement, je n’ai plus contrôlé mes gestes. J’étais debout et j’ai failli tomber, mon ami à dû me conduire sur le lit avec difficulté ; et à partir de ce moment, je n’ai plus cessé de contracter mes bras et de les tordre contre ma poitrine, de faire des gestes crispés et vraiment, vraiment étranges ; mes doigts se pliaient et se dépliaient, et quand il m’a allongé sur le lit mes jambes étaient raides et tendues et je ne les sentais plus. Mes bras faisaient n’importe quoi, ils étaient pris dans une intense crise dyskinésique, une sorte de chorée stéréotypée rappelant l'athétose, totalement involontaire et répétitive, sur laquelle je n’avais aucune emprise. Les hallucinations commençaient à prendre le dessus sur les sens, dans la pénombre ou je me trouvais les couleurs et les motifs psychédéliques étaient de plus en plus vifs et organisés. Mes pensées commençaient vraiment à m’échapper, elles semblaient surgir de nulle-part, elles me semblaient de plus en plus imposées par une force extérieure en train de prendre contrôle de moi de toute part, de m’envahir d’abord par le corps, par la motricité, par l’intellect, et de remonter progressivement d’instance en instance vers les organes psychiques les plus centraux, comme quelque chose qu’on enfonçait dans mon esprit. Je n’étais pas encore vraiment inquiet, juste surpris, j’avais l’impression encore que ça allait en rester là et décroître au bout d’un moment. Mais déjà je trouvais cet effet extraordinairement intense, j’avais envie de dire : ok, j’ai compris, ça suffit. Mais on ne me demandait plus mon avis et j’ai compris que je n’étais plus en train de jouer, mais de lutter contre une force qui travaillait à détruire mon esprit. Le 5-Meo-dalt m’avait saisi par la nuque et me tenait à sa merci.
J’ai senti mes forces m’abandonner, j’ai senti que je n’arriverai pas à lutter et à garder le contrôle, que je n’arriverai même plus à décider ce que je pensais, ce que je déciderai. Je me suis dit : ce n’est plus le moment de jouir d’une expérience, il faut impérativement se ressaisir et interrompre au plus vite cette chute libre. Or il était trop tard pour décréter l’état d’urgence et le cataclysme psychédélique avait déjà commencé.
Je me suis « rendu compte », mais plus par intuition que par réflexion, qu’en vérité je ne comprenais plus rien. Je ne savais plus où j’étais ni qui j’étais. L’effet m’avait investi au dernier degré et mon esprit était totalement déconstruit. Je ne possédais plus ma mémoire, mes réflexes psychiques, ni même le simple sentiment de qui j’étais et qui était au commandes dans ma tête. Il ne restait qu’une petite voix dans ma tête pour dire : « oh non c’est pas vrai ». Je ne voyais plus rien de la chambre ni même la personne qui était à côté de moi, je n’entendais absolument pas ce qu’elle me disait : je ne voyais qu’une espèce de faille verticale colorée, entourée d’aura colorées rouges et vertes, une image psychédélique d’une vivacité telle qu’elle effaçait complètement non seulement ce que j’avais en face de mes yeux pourtant grands ouverts, mais aussi toute autre image mentale : il n’y avait plus rien, c’était comme si ma conscience était un 44tours arrivé à la fin, comme si mon âme avait implosé. Tout n’était plus que sensation, intuition brute sans réflexion possible. Cette vision m’écrasait, elle ne laissait rien d’autre se former. Elle clignotait, comme un stroboscope à répétition qui ne s’arrêtait jamais, et le rythme de ce clignotement me pénétrait comme si on m’avait tapé dessus. J’avais l’impression qu’on m’avait enfoncé un couteau dans la fontanelle jusqu’à la base de la tête. Une impression de fatalité et de désespoir dominait, d’anéantissement total de l’esprit. Une sensation d’une violence inouïe, comme je n’en avais jamais sentie de ma vie ni seulement envisagé que ce fût possible, que j’imagine ressembler à l’horreur animale qu’on éprouve quand on sait, avec une absolue certitude et sans plus aucun espoir de fuite possible, qu’on va se faire tuer par quelqu’un, là, tout de suite. J’étais vaincu. J’avais l’impression qu’il serait impossible de revenir en arrière, que quelque chose de si intense et de si violent ne laisserait rien, que j’étais en train d’être définitivement anéanti et qu’il serait impossible de revenir en arrière. Mais je n’arrivais même pas à formuler clairement ce que je ressentais car je n’arrivais plus à produire aucune pensée organisée ou structurée par le langage, sauf quelques rares bribes d’idées qui ne me semblaient non pas issue d’un procédé psychique mais imposées par une force extérieure en train de m’aliéner mes facultés. J’avais l’impression qu’il y avait quelqu’un dans ma tête en train de me dire : « tu savais que ce moment arriverait un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, on t’avait prévenu ; maintenant, je vais te tuer. » Pire encore, il me semblait que, si cette force impitoyable tout d’un coup parvenait à investir mon corps et à me commander de faire quelque chose, j’aurais été absolument incapable de le lui refuser, elle aurait aussi bien pu me tirer de la chorée catatonique où j’étais et me faire me jeter par la fenêtre ou même faire du mal à l’ami avec qui j’étais, et par moment il me semblait entrevoir cette éventualité avec horreur, et je pense que d’autres pulsions animales ont pu passer tout près de mon esprit. Et ça semblait ne jamais finir, ne jamais seulement se calmer, et j’avais l’impression que je n’en sortirais jamais, que j’avais plongé définitivement dans la folie. Sur le moment, j’aurais été près à implorer qu’on me tue pour mettre un terme à cette tourmente, mais j’étais bien entendu incapable de dire un mot.
Pourtant cette transe paroxysmique dura probablement moins longtemps qu’il ne me sembla. Presque tout d’un coup, alors que je pensais qu’on n’en finirait jamais, l’effet commença à s’estomper. La vision colorée que j’avais, si vive un instant plutôt, laissa transparaitre la chambre autour de moi, et elle disparu presque complètement en quelques minutes. Mais par la même occasion, presque tout le contenu de cette terreur psychédélique se trouva oblitéré en même temps que je sortais de la crise et retrouvais mes esprits et le contrôle de mon corps, assez rapidement. Je me disais : « oh ! j’ai survécu, on m’a épargné. » Mais un instant après je me demandais à quoi de si terrible je me réjouissais d’avoir survécu : car presque aussitôt j’avais pratiquement oublié les sensations, l’impression de catastrophe imminente et l’intensité de ce que je venais de vivre, je me souvenais seulement avoir eut peur, mais je ne me souvenais plus à quel point ni pourquoi, il y avait comme un vide et tout ce dont je me souvenais était le début de l’effet, quoique je savais comment être parvenu dans la chambre et avoir été sur le lit un long moment. Mais j’avais beau me creuser la tête à essayer de me remémorer ce que j’avais pu ressentir, je ne comprenais pas. Les heures qui suivirent furent un peu confuses mais sans histoire ni même queue d’effet sensible, et curieusement je n’étais même pas particulièrement épuisé, surtout abasourdi comme si quelque chose d’énorme était passé à côté de moi sans que je comprenne quoi.
Flash-backs
Mais étrangement, les souvenir plus précis de la phase principale de cette expérience ne me sont revenus que longtemps par la suite, au cours de deux flash-back tardifs et espacés dans le temps. Une première fois, un mois plus tard, lors que la cinquième prise : car dans une inconscience totale, je me demandais qu’est-ce qu’il y avait pu y avoir de si terrible. Heureusement cette expérience avorta et je fini avec un effet dérisoire : mais au cours de la monté légère qu’il occasionna, des bribes de souvenirs me revinrent subitement, je revoyait certains motifs psychédéliques et je me remémorais l’épisode de la chorée, la sensation étrange qui s’emparait de mon corps à ce moment, et certains éléments de la terreur qui m’avait saisi comme le fait d’avoir perdu le contrôle de mon esprit ou l’impression d’irréversibilité dramatique.
Une sixième et dernière prise, d’autant plus déraisonnable, avorta de même mais ne fit ressurgir aucun souvenir notable. Par contre, pas plus tard qu’hier, pratiquement deux mois après le moment fatidique, une bouffée de 5F-AKB48 en e-joint a brusquement exhumé la sensation éprouvée au paroxysme de l’effet, la vision de cette déchirure verticale colorée effaçant toute autre image, la sensation vive d’avoir été définitivement anéanti, cette impression de violence atroce et terrifiante : et ce simple souvenir m’a plongé dans une crise d’angoisse que j’ai eu grand mal à dissimuler (étant dans un cadre qui ne s’y prêtait pas du tout), avec tachycardie, sueurs froides et déconnexion de la réalité ; pourtant l’AKB48 ne m’a jusque là jamais causé en lui-même de crise d’angoisse, ni d’ailleurs aucune autre substance en dehors de quelques accès de parano cannabique. Mais maintenant que j’ai ces éléments sous la main et qu’il me semble avoir reconstitué complètement le souvenir de l’expérience, je saurais à quoi m’en tenir, et j’espère ne pas voir ressurgir une troisième salve de souvenirs.
Cette quatrième expérience était clairement dominée par un très fort effet dissociatif mais d’un genre assez original et différent de ceux de la kéta, de la méthoxétamine ou du DXM (indépendamment de leur intensité) à cause de la perte totale (vraiment totale) de contrôle du corps comme de l’activité psychique, à l’opposé de l’effet introspectif et presque « de recueillement » que fourni par exemple le DXM même lors d’un voyage à forte dose. Le DXM me donne l’impression de revisiter les pensées et la mémoire sous un angle inhabituel, alors que cet effet là les anéantit. Et même avec des doses de DXM de l’ordre des 400mg, aucune phase hallucinatoire n’était aussi vive et exclusive que la vision centrale de la transe au 5-Meo-Dalt. Plus généralement, aucune autre drogue ne m’a conduit ni de près ni de loin à une expérience de cette sorte, pas même une forte dose de LSA ou de K, ni le 2C-B, ni l’AMT qui ne ressemble en rien à ce produit, ni le zamal kalité Réunion (974 dan’ker ) qui a pourtant eu au début de notre idylle un très fort effet hallucinogène. Et rien non plus des autres sessions de 5-Meo-Dalt ne laissait penser qu’il permettait d’accéder à quelque chose de si stupéfiant et de si cataclysmique.
Bilan de cette expérience dissociative
-Intense crise de dyskinésie avec décoordination totale et mouvement de type athétose
-Extinction de la pensée organisée et des faculté psychiques complexe
-Sensation d'anéantissement, de non-retour et de violence brute, désespoir intense
-Disparition de toute les perceptions sensorielles et somatiques, déconnexion complète de la réalité
-Vision psychédélique totalement opaque, éclipsant complètement toute autre donnée visuelle
-Perte de mémoire avec restitution tardive du contenu de l'expérience sous forme de falsh-back
Morale
Si vous avez pris là peine de me lire jusqu’au bout, vous avez compris que ce produit peut être plus dangereux qu’il n’en a l’air. Je ne dirais pas ça des autres drogues que j’ai connues : mais lui, le 5-Meo-Dalt, est vraiment, définitivement, non seulement imprévisible, mais capable d’un effet que je ne souhaite à personne de connaître. Méfiez-vous de ce produit. Il est actuellement très disponible, étant proposé par plusieurs sites de RC, et rien dans ce que j’ai vu des maigres informations dont on dispose sur lui ne me laissait imaginer ce qui m’attendait. J’ignore jusqu’où il aurait pu me conduire, encore plus loin peut être : je redoute même qu’il soit possible de ne pas redescendre. Attention à ne pas devenir fou avec ce produit ; car alors ce sera en une fois, brusquement et sans prévenir ; attention surtout à ne pas se laisser emporter par cette impression de non-retour et de ne pas commettre alors l’irréparable. On peut être tenté de redoser ou de forcer sur la dose pour parvenir à des effets à cause de la déception qu’apporte la plupart des expériences, surtout que lorsqu’il a décidé qu’il ne ferait rien il ne fera rien même en prenant une dose astronomique. Mais s’il faut tirer une morale de tout ça, c’est qu’il faut mieux être déçu que de frôler l’anéantissement complet de l’esprit.
J’ai pris six fois du 5-Meo-Dalt. Sur ces six fois, quatre ont été tout-à-fait sans intérêt, très décevantes. La première fut plus riche mais ne laissait surtout en voir que son imprévisibilité. La quatrième, elle, me semble avoir été révélatrice de ce à quoi il peut conduire : à savoir un cauchemar que la maigre documentation dont on dispose à son sujet ne permet pas d’envisager.
Un produit irrégulier
Etant probablement très sensibles aux dosages, ses effets savent se faire désirer (et d’ailleurs un certain nombre de post trouvé sur internet signalent plutôt avec déception des effets très ténus et sans grand intérêt) ; ne disposant pas de moyen de dosages précis, ces six expériences ont été conduites avec des quantités assez aléatoires mais probablement de l’ordre des 30mg à 50mg, ne dépassant avec certitude pas les 100mg, et j’aurais bien du mal à comparer les dosages utilisés d’une expérience à l’autre, alors qu’ils ont probablement joué significativement.
Autant commencer par aborder les impressions lacunaires et décevantes qu’une expérience avortée peut donner. Les effets m’ont paru relativement rapides, au bout de 30 min à 45 min, on se sent un peu confus, légèrement euphorique ; une légère décoordination motrice s’installe, ou du moins un engourdissement. Un certain bodyload aussi, déjà signalé ailleurs, qui ici s’est traduit surtout par des fourmillements légers aux doigts. Son effet sur le cœur peut être assez sensible, quoique pas systématique, certaines fois incommodant pendant la monté mais diminuant au bout de quelques minutes, certaines fois à peine perceptible. Mais lorsque le bodyload s’est installé, il va semble-t-il généralement donner une impression assez désagréable au niveau de la tête : un ami m’a parlé d’une impression de « casque », et c’est en effet assez ce qu’on ressent. On éprouve aussi une faiblesse générale, surtout dans le haut du corps, un manque de tonus, de légers tremblements peut être. A ce stade, les effets visuels, s’ils sont présents, sont discrets mais parfois agréables, on dirait des feuilles agitées par le vent en deçà des images, des grumeaux et des remous colorés mouvants à dominantes rose et verte. Pour ma part aussi, des sortes de tâches en « négatif » de couleurs, ou aussi des couleurs persistantes, lorsqu’on regarde un objet vivement coloré par exemple et qu’on en détourne rapidement le regard, surtout si c’est pour regarder immédiatement après une surface blanche. Cet effet est évidemment commun chez les psychédéliques, mais il m’a semblé assez marqué dans ce cas (plus par exemple qu’avec l’AMT, les champi ou le LSA). On note du coup une certaine sensibilité aux images et aux couleurs, qui deviennent agréable à regarder, quoique par contre la perception des formes m’ait paru peu altérée ou seulement rendue un peu confuse. Je n’ai pas noté pour ma part de sensibilité accrue à la musique.
Cet effet léger, parfois franchement ténu, est assez cours et finalement peu accompagné d’effet cognitifs : assez peu d’altération des procédés intellectuels, cours des pensées plutôt normal, pas de grosses difficultés pour se concentrer ou parler à quelqu’un, quoiqu’il y ait un certain engourdissement, un amollissement qui rende un peu « pâteux » et confus, ce qui est d’ailleurs un peu irritant si on a envie de dire exactement ce qu’on pense. Globalement, pour moi comme pour les deux personnes avec qui j’ai testé cette substance, cette phase de l’effet assez courte, de l’ordre de deux heures, et était décevante parce que l’inconfort physique et la confusion prédominait par rapport aux effets psychédélique attendus, mais en vérité rien de bien méchant non plus.
La première expérience, elle, avait été plus riche et assez révélatrice je pense de l’imprévisibilité de cette substance. Mais elle ne s’est pas reproduite comme telle par la suite. Elle avait de notable, en plus des aspects qui ont été dits plus haut, de passer par plusieurs phases assez différentes et plus intenses. D’abord une grande euphorie et une grande sensibilité aux images pendant la monté, avec un effet positif sur l’imagination visuelle, pendant environs une heure. Puis une phase d’euphorie complètement déréglée, presque puérile, avec l’envie de bouger, de gigoter n’importe comment, de sautiller, de se vautrer en rigolant, de courir en rond comme un fou. Un accès aussi de sociabilité, d’appeler des gens ou de dire des bêtises à des amis sur fb, de les surprendre par des sorties tout-à-fait saugrenues mais assez hilarantes par moment et pas forcément dénuées d’à-propos, en tout cas sortie de nulle part. C’était assez amusant, pas franchement intellectuel mais agréable, j’avais pour ma part déjà connu un accès subit de gamineries de cet ordre par deux fois avec le LSA et j’ignore dans quelle mesure d’autres passeraient par là. Ensuite, quand j’étais calmé, est venu une phase plus intellectuelle, mais qui s’est trouvée polarisée par le fait de parler à quelqu’un. Après un court moment de doute, légèrement paranoïde comme on l’a parfois avec le cannabis (surtout lorsqu’on se perd à surinterprêter ce qu’on dit ou ce qu’on nous dit au point de se trouver embarrassé dès qu’il faut dire quelque chose), une descente vers la normale s’amorçait : on me posait des questions un peu précises ou j’avais besoin de mobiliser des connaissances historiques etc… et globalement cela se faisait sans problème, et au bout d’une heure de discussion je me suis rendu comte que j’étais pratiquement sorti de l’effet : il avait duré au plus trois heures après le début de la monté. Pas de descente désagréable, quoique pour ma part je ne suis pas représentatif à ce niveau là, étant un peu inversé par rapport à certaines personnes sensibles à la descente en ce que pour la plupart des drogues les effets désagréables se concentrent généralement lors de la monté (surtout l’inconfort et la fatigue physique) alors que les descentes sont généralement pour moi douces, en continuité avec le reste de l’effet et plutôt agréables (par exemple, la douce et sereine descente vers la normalité est souvent un des meilleurs moments avec les champis dont je suis un fan inconditionnel). Dans ce cas-là, je pense ne pas m’être assez concentré sur ce que je vivais pour décrire la descente, qui a été visiblement assez discrète et tranquille. L’after-effet était assez agréable et dans les deux heures qui suivirent je sentais une certaine tranquillité et une joie visuelle persistait.
Effet notable présent systématiquement à chaque prise : un intense fourmillement caractéristique dans l’annulaire et l’auriculaire des deux mains, comme quand on se cogne la partie intérieure du coude contre un meuble : comme cet effet était un peu déconcertant (pourquoi toujours précisément ces deux doigts de la main ?), il peut être inquiétant sur le moment, mais il s’estompe assez rapidement, du moins en même temps que les autres effets somatiques ; mais il n’en est pas moins remarquable et assez caractéristique.
En dehors de ça, les différences d’état d’esprit assez sensible entre ces trois phases principales laissaient entrevoir l’imprévisibilité et le caractère polymorphe de ce produit, accentuée par la déception des secondes et troisièmes prises presque avortées, moins riches et sans grand intérêt. Et rien ne laissait entrevoir ce qui m’attendait à la quatrième prise.
La quatrième prise : un cataclysme cognitif
Si ce long baratin ne vous a pas découragé de poursuivre ce post, c’est une bonne chose car ce qui vient doit faire office d’avertissement. J’ai effectué la quatrième prise avec un ami qui lui, manifestement, n’a accédé qu’à une forme très atténuée de l’effet, fort heureusement pour lui. Il en a été tout-à-fait autrement pour moi.
Cette quatrième prise commença comme les précédentes, avec effet visuel, confusion, fourmillement des doigts, bodyload et tachycardie. Mais je sentais bien vite qu’il serait plus intense : une intense fatigue montait, une espèce d’ivresse donnant envie de différer la moindre chose, de disposer d’un peu de répit. Au bout d’un peu plus d’une heure, je me sentais franchement défoncé : ma mémoire commençait à fonctionner de travers et enregistrait lacunairement ce que je vivais, les instant s’enchaînaient moins clairement, je sentais un certain effet de distorsion temporelle. J’étais à ce moment dans la phase euphorique et excitée, je disais tout ce qui me passait par la tête, essentiellement de grosses bêtises inattendues et débitées sans seulement réfléchir à ce qu’elles voulaient dire. Les idées avaient du mal à se former et à s’enchaîner, et la seule phrase qui me venait à l’esprit pour décrire les effets sur l’esprit était : « tout est décomposé » : par là j’entendais que le cheminement de la pensée, au lieu de se laisser guider par les raccourcis, les habitudes et les réflexes intellectuels, ne reconnaissait plus rien de tout ces outils, qui semblaient désarticulés, déconstruits, inutilisables, ce pourquoi ils avaient laissé la place à tant d’imprévu dans les idées. Les effets visuels étaient assez marqués, les couleurs étaient déréglées et des motifs psychédéliques assez perceptibles se formaient partout. A vrai dire ce moment était assez agréable, il avait quelque chose de ludique. Le 5-Meo-Dalt jouait avec sa proie, il tournait autour d’elle en laissant voir son pelage coloré, mais c’était pour mieux l’attirer à lui.
Mais voilà que l’effet bascule. Tout d’un coup, il a montré des dents.
Subitement, je n’ai plus contrôlé mes gestes. J’étais debout et j’ai failli tomber, mon ami à dû me conduire sur le lit avec difficulté ; et à partir de ce moment, je n’ai plus cessé de contracter mes bras et de les tordre contre ma poitrine, de faire des gestes crispés et vraiment, vraiment étranges ; mes doigts se pliaient et se dépliaient, et quand il m’a allongé sur le lit mes jambes étaient raides et tendues et je ne les sentais plus. Mes bras faisaient n’importe quoi, ils étaient pris dans une intense crise dyskinésique, une sorte de chorée stéréotypée rappelant l'athétose, totalement involontaire et répétitive, sur laquelle je n’avais aucune emprise. Les hallucinations commençaient à prendre le dessus sur les sens, dans la pénombre ou je me trouvais les couleurs et les motifs psychédéliques étaient de plus en plus vifs et organisés. Mes pensées commençaient vraiment à m’échapper, elles semblaient surgir de nulle-part, elles me semblaient de plus en plus imposées par une force extérieure en train de prendre contrôle de moi de toute part, de m’envahir d’abord par le corps, par la motricité, par l’intellect, et de remonter progressivement d’instance en instance vers les organes psychiques les plus centraux, comme quelque chose qu’on enfonçait dans mon esprit. Je n’étais pas encore vraiment inquiet, juste surpris, j’avais l’impression encore que ça allait en rester là et décroître au bout d’un moment. Mais déjà je trouvais cet effet extraordinairement intense, j’avais envie de dire : ok, j’ai compris, ça suffit. Mais on ne me demandait plus mon avis et j’ai compris que je n’étais plus en train de jouer, mais de lutter contre une force qui travaillait à détruire mon esprit. Le 5-Meo-dalt m’avait saisi par la nuque et me tenait à sa merci.
J’ai senti mes forces m’abandonner, j’ai senti que je n’arriverai pas à lutter et à garder le contrôle, que je n’arriverai même plus à décider ce que je pensais, ce que je déciderai. Je me suis dit : ce n’est plus le moment de jouir d’une expérience, il faut impérativement se ressaisir et interrompre au plus vite cette chute libre. Or il était trop tard pour décréter l’état d’urgence et le cataclysme psychédélique avait déjà commencé.
Je me suis « rendu compte », mais plus par intuition que par réflexion, qu’en vérité je ne comprenais plus rien. Je ne savais plus où j’étais ni qui j’étais. L’effet m’avait investi au dernier degré et mon esprit était totalement déconstruit. Je ne possédais plus ma mémoire, mes réflexes psychiques, ni même le simple sentiment de qui j’étais et qui était au commandes dans ma tête. Il ne restait qu’une petite voix dans ma tête pour dire : « oh non c’est pas vrai ». Je ne voyais plus rien de la chambre ni même la personne qui était à côté de moi, je n’entendais absolument pas ce qu’elle me disait : je ne voyais qu’une espèce de faille verticale colorée, entourée d’aura colorées rouges et vertes, une image psychédélique d’une vivacité telle qu’elle effaçait complètement non seulement ce que j’avais en face de mes yeux pourtant grands ouverts, mais aussi toute autre image mentale : il n’y avait plus rien, c’était comme si ma conscience était un 44tours arrivé à la fin, comme si mon âme avait implosé. Tout n’était plus que sensation, intuition brute sans réflexion possible. Cette vision m’écrasait, elle ne laissait rien d’autre se former. Elle clignotait, comme un stroboscope à répétition qui ne s’arrêtait jamais, et le rythme de ce clignotement me pénétrait comme si on m’avait tapé dessus. J’avais l’impression qu’on m’avait enfoncé un couteau dans la fontanelle jusqu’à la base de la tête. Une impression de fatalité et de désespoir dominait, d’anéantissement total de l’esprit. Une sensation d’une violence inouïe, comme je n’en avais jamais sentie de ma vie ni seulement envisagé que ce fût possible, que j’imagine ressembler à l’horreur animale qu’on éprouve quand on sait, avec une absolue certitude et sans plus aucun espoir de fuite possible, qu’on va se faire tuer par quelqu’un, là, tout de suite. J’étais vaincu. J’avais l’impression qu’il serait impossible de revenir en arrière, que quelque chose de si intense et de si violent ne laisserait rien, que j’étais en train d’être définitivement anéanti et qu’il serait impossible de revenir en arrière. Mais je n’arrivais même pas à formuler clairement ce que je ressentais car je n’arrivais plus à produire aucune pensée organisée ou structurée par le langage, sauf quelques rares bribes d’idées qui ne me semblaient non pas issue d’un procédé psychique mais imposées par une force extérieure en train de m’aliéner mes facultés. J’avais l’impression qu’il y avait quelqu’un dans ma tête en train de me dire : « tu savais que ce moment arriverait un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, on t’avait prévenu ; maintenant, je vais te tuer. » Pire encore, il me semblait que, si cette force impitoyable tout d’un coup parvenait à investir mon corps et à me commander de faire quelque chose, j’aurais été absolument incapable de le lui refuser, elle aurait aussi bien pu me tirer de la chorée catatonique où j’étais et me faire me jeter par la fenêtre ou même faire du mal à l’ami avec qui j’étais, et par moment il me semblait entrevoir cette éventualité avec horreur, et je pense que d’autres pulsions animales ont pu passer tout près de mon esprit. Et ça semblait ne jamais finir, ne jamais seulement se calmer, et j’avais l’impression que je n’en sortirais jamais, que j’avais plongé définitivement dans la folie. Sur le moment, j’aurais été près à implorer qu’on me tue pour mettre un terme à cette tourmente, mais j’étais bien entendu incapable de dire un mot.
Pourtant cette transe paroxysmique dura probablement moins longtemps qu’il ne me sembla. Presque tout d’un coup, alors que je pensais qu’on n’en finirait jamais, l’effet commença à s’estomper. La vision colorée que j’avais, si vive un instant plutôt, laissa transparaitre la chambre autour de moi, et elle disparu presque complètement en quelques minutes. Mais par la même occasion, presque tout le contenu de cette terreur psychédélique se trouva oblitéré en même temps que je sortais de la crise et retrouvais mes esprits et le contrôle de mon corps, assez rapidement. Je me disais : « oh ! j’ai survécu, on m’a épargné. » Mais un instant après je me demandais à quoi de si terrible je me réjouissais d’avoir survécu : car presque aussitôt j’avais pratiquement oublié les sensations, l’impression de catastrophe imminente et l’intensité de ce que je venais de vivre, je me souvenais seulement avoir eut peur, mais je ne me souvenais plus à quel point ni pourquoi, il y avait comme un vide et tout ce dont je me souvenais était le début de l’effet, quoique je savais comment être parvenu dans la chambre et avoir été sur le lit un long moment. Mais j’avais beau me creuser la tête à essayer de me remémorer ce que j’avais pu ressentir, je ne comprenais pas. Les heures qui suivirent furent un peu confuses mais sans histoire ni même queue d’effet sensible, et curieusement je n’étais même pas particulièrement épuisé, surtout abasourdi comme si quelque chose d’énorme était passé à côté de moi sans que je comprenne quoi.
Flash-backs
Mais étrangement, les souvenir plus précis de la phase principale de cette expérience ne me sont revenus que longtemps par la suite, au cours de deux flash-back tardifs et espacés dans le temps. Une première fois, un mois plus tard, lors que la cinquième prise : car dans une inconscience totale, je me demandais qu’est-ce qu’il y avait pu y avoir de si terrible. Heureusement cette expérience avorta et je fini avec un effet dérisoire : mais au cours de la monté légère qu’il occasionna, des bribes de souvenirs me revinrent subitement, je revoyait certains motifs psychédéliques et je me remémorais l’épisode de la chorée, la sensation étrange qui s’emparait de mon corps à ce moment, et certains éléments de la terreur qui m’avait saisi comme le fait d’avoir perdu le contrôle de mon esprit ou l’impression d’irréversibilité dramatique.
Une sixième et dernière prise, d’autant plus déraisonnable, avorta de même mais ne fit ressurgir aucun souvenir notable. Par contre, pas plus tard qu’hier, pratiquement deux mois après le moment fatidique, une bouffée de 5F-AKB48 en e-joint a brusquement exhumé la sensation éprouvée au paroxysme de l’effet, la vision de cette déchirure verticale colorée effaçant toute autre image, la sensation vive d’avoir été définitivement anéanti, cette impression de violence atroce et terrifiante : et ce simple souvenir m’a plongé dans une crise d’angoisse que j’ai eu grand mal à dissimuler (étant dans un cadre qui ne s’y prêtait pas du tout), avec tachycardie, sueurs froides et déconnexion de la réalité ; pourtant l’AKB48 ne m’a jusque là jamais causé en lui-même de crise d’angoisse, ni d’ailleurs aucune autre substance en dehors de quelques accès de parano cannabique. Mais maintenant que j’ai ces éléments sous la main et qu’il me semble avoir reconstitué complètement le souvenir de l’expérience, je saurais à quoi m’en tenir, et j’espère ne pas voir ressurgir une troisième salve de souvenirs.
Cette quatrième expérience était clairement dominée par un très fort effet dissociatif mais d’un genre assez original et différent de ceux de la kéta, de la méthoxétamine ou du DXM (indépendamment de leur intensité) à cause de la perte totale (vraiment totale) de contrôle du corps comme de l’activité psychique, à l’opposé de l’effet introspectif et presque « de recueillement » que fourni par exemple le DXM même lors d’un voyage à forte dose. Le DXM me donne l’impression de revisiter les pensées et la mémoire sous un angle inhabituel, alors que cet effet là les anéantit. Et même avec des doses de DXM de l’ordre des 400mg, aucune phase hallucinatoire n’était aussi vive et exclusive que la vision centrale de la transe au 5-Meo-Dalt. Plus généralement, aucune autre drogue ne m’a conduit ni de près ni de loin à une expérience de cette sorte, pas même une forte dose de LSA ou de K, ni le 2C-B, ni l’AMT qui ne ressemble en rien à ce produit, ni le zamal kalité Réunion (974 dan’ker ) qui a pourtant eu au début de notre idylle un très fort effet hallucinogène. Et rien non plus des autres sessions de 5-Meo-Dalt ne laissait penser qu’il permettait d’accéder à quelque chose de si stupéfiant et de si cataclysmique.
Bilan de cette expérience dissociative
-Intense crise de dyskinésie avec décoordination totale et mouvement de type athétose
-Extinction de la pensée organisée et des faculté psychiques complexe
-Sensation d'anéantissement, de non-retour et de violence brute, désespoir intense
-Disparition de toute les perceptions sensorielles et somatiques, déconnexion complète de la réalité
-Vision psychédélique totalement opaque, éclipsant complètement toute autre donnée visuelle
-Perte de mémoire avec restitution tardive du contenu de l'expérience sous forme de falsh-back
Morale
Si vous avez pris là peine de me lire jusqu’au bout, vous avez compris que ce produit peut être plus dangereux qu’il n’en a l’air. Je ne dirais pas ça des autres drogues que j’ai connues : mais lui, le 5-Meo-Dalt, est vraiment, définitivement, non seulement imprévisible, mais capable d’un effet que je ne souhaite à personne de connaître. Méfiez-vous de ce produit. Il est actuellement très disponible, étant proposé par plusieurs sites de RC, et rien dans ce que j’ai vu des maigres informations dont on dispose sur lui ne me laissait imaginer ce qui m’attendait. J’ignore jusqu’où il aurait pu me conduire, encore plus loin peut être : je redoute même qu’il soit possible de ne pas redescendre. Attention à ne pas devenir fou avec ce produit ; car alors ce sera en une fois, brusquement et sans prévenir ; attention surtout à ne pas se laisser emporter par cette impression de non-retour et de ne pas commettre alors l’irréparable. On peut être tenté de redoser ou de forcer sur la dose pour parvenir à des effets à cause de la déception qu’apporte la plupart des expériences, surtout que lorsqu’il a décidé qu’il ne ferait rien il ne fera rien même en prenant une dose astronomique. Mais s’il faut tirer une morale de tout ça, c’est qu’il faut mieux être déçu que de frôler l’anéantissement complet de l’esprit.