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4-HO-MIPT + 4-AcO-DMT de 12 ans d'âge : Blend XO

TristesPsycho

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TR 4-HO-MIPT n°2 + 4-AcO-DMT n°4 (02/01/2025) : Blend XO



Dose :
Par personne, 7,5mg de 4-HO-MIPT (âgé de 6 mois à température ambiante), et 15mg de 4-AcO-DMT (12 ans d’âge à température ambiante)


Set & setting :
Pas de tolérance (“la pire des répressions de toute l’histoire humaine” - Pasolini, Écrits corsaires).
Trip chez nous en couple, les enfants sont gardés et nous avons une journée sans obligations jusqu’au soir. Je suis un peu fatigué, ayant dormi un peu moins de 6h, mais nous n’aurons pas d’autres occasions avant longtemps.
Mangé 4 tranches de pain de mie à 9h30 (H-1:00), Verveine-Citron n'a pas mangé.


Résumé :
(Le TR est long pour pas grand-chose, donc vous pouvez vous arrêter à ça : )
Le combo 4-HO-MIPT et 4-AcO-DMT, dicté par la nécessité (le pochon de 4-HO-MIPT s’avérant moins fourni que prévu) a fonctionné à peu près normalement, comme on pourrait s’y attendre pour des molécules aux effets similaires.
Le 4-AcO-DMT violet-noir de 12 ans d’âge, oublié et conservé à température ambiante, s’est avéré être tout à fait actif, à au moins 50% et peut-être pas si loin de 100%. Il est potentiellement responsable de la montée-éclair (premiers effets au bout de 10 minutes, premières déformations visuelles au bout de 20 minutes).
Je me suis tapé de longues et belles hallucinations auditives mais peu de visuels, Verveine-Citron des visuels assez costauds et quelques hallus auditives. Le différentiel d’effets peut s’expliquer par sa petite dose de rispéridone quotidienne (pas prise la veille), qui par effet rebond a pu stimuler les visuels. Bodyload relativement marqué pour nous deux, type plutôt grippal que stimulant.
Et sinon on a fait de la psychothérapie de couple (autisme / anxiété / traumas familiaux). Mieux ou moins bien que de la psychothérapie sans substances avec quelqu’un dont c’est le métier, je ne saurais pas dire ; mais en tout cas d’après madame mieux que rien, et pour l’instant la seule alternative à rien que j’aie à lui proposer et qui lui convienne, c’est ça, alors bon.
Tout est rédigé par mes soins, relu et validé avant publication par Verveine-Citron.


Déroulé :

10h30 (H-0:20) : Je pèse le 4-HO-MIPT. 15mg pour deux. C'est tout ce qu'il reste dans le pochon, visiblement. Je ne rince même pas les parois du pochon parce qu'il n'y a vraiment l'air de rien rester, surtout comparé à ce qui est dans la coupelle. Normalement, si le shop m'avait vraiment envoyé la quantité achetée, il aurait dû nous rester le double. Alors peut-être que la balance déconne ? C'est possible. Mais d'un autre côté elle ne semble jamais m'avoir trompé, en tout cas pas au-delà de la marge d'erreur de quelques mg, pas de 15mg. Et puis si la balance déconne, à quoi se fier ? Autant ne rien prendre.
Comme je savais que, sauf miracle du shop qui m’aurait servi 10% de plus gratos, on aurait pas assez (puisqu'on visait 40mg à deux comme la dernière fois), j'enclenche le plan B : compléter avec du 4-AcO-DMT de 12 ans d'âge, conservé à température ambiante. Les tryptamines sont censées être relativement fragiles, et je n'ai qu'une confiance assez limitée envers cette poudre noire-violacée légèrement agglomérée. D'un autre côté, il y a peu de risques que ça donne un truc plus actif, et encore moins carrément toxique aux doses auxquelles on va le prendre. Et puis ce sera sympa de voir si ça fonctionne encore, puisque jusqu'ici j'ai toujours pensé que seules les phényléthylamines étaient assez stables pour espérer conserver des psychédéliques actifs dix ans ou plus à température ambiante. Donc, comme le 4-AcO-DMT est censé se doser à peu près pareil que le 4-HO-MIPT (ou genre 5% de plus), je décide de nous en mettre 30mg à deux. Si jamais c'est actif comme dans sa prime jeunesse, ça fera pareil ou à peine plus que notre trip précédent, et même en additionnant la marge d'erreur des deux pesées, on reste normalement dans une limite maximale très raisonnable.


10h50 (H+0:00) : prise par voie orale, en divisant nos doses de manière égale par un dosage volumétrique (à 5mg/mL, parce qu'à 10mg/mL ça ne m'a pas semblé bien se dissoudre : j'ai dû écraser un grumeau de 4-HO-MIPT et il m'a semblé que le 4-AcO-DMT laissait de petites particules sombres en suspension).


H+0:10 : Je commence à me sentir très bizarre à cause de l'effet placebo, comme si ça montait déjà. Je finis de préparer nos tisanes, deux gourdes, des marrons glacés à grignoter, etc, pendant que Verveine-Citron s'installe au lit.


H+0:20 : L'effet placebo est juste ouf corporellement et mentalement, je commence même à avoir de très légères déformations visuelles. J'arrive dans la chambre et en parle à Verveine-Citron, qui me confirme qu'elle aussi a clairement déjà bien commencé la montée. Ça me semble incroyable, on se tape déjà un +2 sur l'échelle de Shulgin en seulement 20 minutes, sans communication entre nous qui aurait propagé l’effet placebo ? Et si la balance avait déconné sur les deux dosages ? Même si c'était le cas, les deux pochons ne contenaient pas grand-chose, et il restait quand même pas mal de 4-AcO-DMT dans le pochon après la pesée. C'est pour ainsi dire impossible qu'on aie tapé le double de la dose de la dernière fois, même 50% de plus ce serait peu probable. Et pourtant, je me souviens de TR de surdosages où le premier signe est une montée extrêmement rapide, parce que l'énormité de la dose fait que même en avoir les premiers pourcents qui arrivent dans les synapses suffit à commencer à tripper. On a du Tercian sous la main, mais il va mettre un moment à monter : j'hésite à en dropper tout de suite, ou au moins à en donner à Verveine-Citron. Personnellement le set&setting me semble un peu bâclé, je suis pas bien sûr de vouloir vraiment tripper là maintenant aujourd'hui.
D'un autre côté, je me dis que pour l'instant ça va, que Verveine-Citron est vraiment déter pour tripper et qu'elle est probablement capable d'assumer une expérience intense (surtout si je suis là au lieu de somnoler sous Tercian), et que le plus important c'est d'éviter des conséquences physiques néfastes, qui restent tout de même rarement documentées sous ce type de tryptamines. Et le Tercian ne garantira pas l'absence de problèmes cardiaques ou autres merdes de ce genre.
Donc : on verra. Ca m'embêterait un peu de devoir appeler les secours parce que dans 6h15 je dois aller récupérer nos enfants ; mais si il faut le faire je le ferai, parce que si on meurt ce sera pas très pratique non plus.

Direction le lit conjugal, accompagnés d’une bougie (hors de portée d’un coude de coude maladroit).
Le sourire et l’euphorie qui me prennent me semblent assez artificiels. C’est la première fois que ça me le fait sous psychédéliques, en tout cas à ce point-là. D’habitude, ça m’apparaît plutôt comme une exacerbation d’une joie naturelle, fût-ce la joie de prendre un psyché (et les dieux savent à quel point j’aime bien ça). Mais là, je sais pas : on dirait l’euphorie d’un stim, faiblement mais c’est bien l’impression que ça me donne, et c’est un peu rebutant. Cela alternera plus tard avec des petites vagues d’angoisse, assez vite régulées en respirant.
Je m’assure, en essayant de ne pas la stresser, que Verveine-Citron n’a pas l’air de mal réagir à la prise, en particulier somatiquement. Quand il semble que nous n’allons pas crever, je lui dis que la montée éclair m’a un peu surpris et que je n’étais pas certain que le poids affiché correspondait à ce ce qu’on a réellement avalé. Elle m’avoue qu’elle avait bien remarqué que je posais un peu trop de questions. Difficile de lui cacher quoi que ce soit. Je lui dis que, eh, d’un autre côté, la balance ne m’avait jamais trompé. Elle rit (moi aussi - je prends soudain conscience du côté vaudeville psychonautique : “mais elle ne m’a jamais trompé ! … enfin, jusqu’ici. Ou alors peut-être que si, mais je ne m’en suis pas rendu compte…”). Son genre à elle c’est plutôt de toujours douter. Moi aussi, hein, c’est juste qu’à un moment il faut bien faire des choix, et quand on a pas d’autre moyen de savoir, il faut bien se fier à ce qu’on a sous la main, surtout quand les autres indices disponibles semblent limiter le risque de catastrophe. Et puis c’était ça ou rien, et je sais que c’était important pour elle de profiter de cette toute petite fenêtre pour pouvoir tripper, parce que l’occasion ne se re-présentera peut-être pas avant des semaines ou des mois.

Je me tape des hallucinations auditives particulièrement intenses. C’est essentiellement une alternance entre Canon solus de Rytis Mažulis par l’ensemble Alter Ratio (avec variations de mon cru et autres pièces du même compositeur, par exemples Metarmofozes), et Moya de Godspeed You Black Emperor (avec là aussi des passages d’autres morceaux du groupe, par exemple Static). Les deux ont tendance à se superposer - basiquement, j’ai quatre voix, plus une ou plusieurs guitares, plus une basse ou deux, plus la batterie, plus occasionnellement le violon et/ou le violoncelle.
J’entends incroyablement tout. Les harmoniques et leurs battements. Les changements (hallucinés) de réglages d’ampli. La réverbération naturelle de la chapelle qui s’applique sur les voix des chanteuses d’Alter Ratio (réverbération qui est modulée en nature et en intensité au fil de ce medley hallucinatoire), l’effet chorus de leurs voix décalées de quelques millisecondes et quelques centièmes de ton (effet lui-aussi hallucinatoirement modulé). La guitare et la basse de Godspeed You! qui passent de l’approximation que leurs frettes font du tempérament égal à une intonation juste (hallucinée), en explorant toute la tension que cela crée et relâche. Le grain particulier de l’enregistrement des chanteuses, terriblement présent, avec ses micro-pics de saturation, qui lui aussi varie : parfois devient encore plus présent que dans l’original (il l’est déjà beaucoup) ; parfois évoque le son chaud d’un vieux vinyl avec ses craquements ; parfois disparaît complètement au profit d’une version “parfaite”, nettoyée de tous les artefacts techniques, comme si j’y étais.
Ça dure. Longtemps. Pendant tout le trip, par périodes plus ou moins longues. Peut-être pas loin de la majorité du temps de trip, je dirais, donc au moins deux heures au total, en mettant tout bout à bout. Et moi je suis là, complètement estomaqué par la beauté de la chose, comme si un chœur angélique voletait autour de moi, soutenu parfois par un crescendo post-rock qui n’en finit pas de ne pas finir de s’intensifier.
Entre les voix et la distorsion des amplis, le timbre et ses variations temporelles devient complètement indissociable de la hauteur, puisque les deux sont une question de fréquences. Les harmoniques superposées forment un jeu de contrepoint, leurs éventuels battements lient la hauteur et le rythme. C’est comme si toutes ces distinctions théoriques ne faisaient plus sens, ou plus vraiment, face à l’expérience pure du son lui-même comme vibration. C’est d’autant plus dingue que normalement j’ai du mal à imaginer ce genre de choses : je peux composer spontanément dans ma tête une ligne mélodique ou éventuellement en superposer deux, mais j’ai en général besoin d’entendre avec mes oreilles pour savoir comment vont rendre dans la réalité physique des accords, des mélanges de timbres, ou des tempéraments différents.

« Celui qui est malheureux, ce n'est pas celui qui est privé de belles couleurs, d’un beau corps, de la puissance, de la domination, ou de la royauté. C'est uniquement celui-là seul qui se voit exclu de la possession de la Beauté, possession au prix de laquelle il faut dédaigner les royautés, la domination de la terre entière, de la mer, du ciel même, si l'on peut, en abandonnant et en méprisant tout cela, obtenir de contempler la Beauté face à face. »
(Plotin, Ennéades, I, 6)

Il y a trois jours je ne connaissais pas Rytis Mažulis, et là je suis en train de vivre un de mes plus grands moments musicaux, la larme à l'œil, avec un souvenir d’un enregistrement d’une interprétation d’un de ses morceaux. À quoi tiennent les choses… Ma tentative de faire un “avent de mourir” s’était, comme celle de l’an dernier, limitée à une liste de trucs qui ont l’air sympa, mais qui soit ne me laisseront pas de regret impérissable si c’était le dernier jour de ma vie, soit supposent de faire des sacrifices (matériels, temporels, éthiques) auxquels je me refuse face à la petitesse de l’enjeu (ma satisfaction personnelle est une bien petite chose). Finalement, le monde est toujours plus vaste, plus grand et plus beau que ce qui nous fait envie ; et c’est toujours l’inconnu et l’imprévu, l’inespéré, qui viennent combler des désirs que nous ne nous connaissions même pas en nous donnant ce que nous ne demandions pas. Il faut juste garder ouverts les yeux, les oreilles, les narines, l’esprit - comme dirait Héraclite, sans l’espoir, vous ne trouverez pas l’inespéré, car il n’est sur aucune carte et nulle route n’y mène (Fragment XVIII).

Recroquevillé en PLS à cause du bodyload, pas insupportable mais très présent ; flirtant sans cesse avec la limite entre l'inconfortable et le douloureux (tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, mais jamais loin) ; vaguement stim-tendu mais surtout très sédatif ; parfois chaud, parfois froid, et souvent les deux (les extrémités ne semblent plus raccordées au chauffage central, la vasoconstriction est présumée coupable bien qu’il n’y ait pas de preuves), en bref tout cela a des airs de retour de ma grippe d’il y a 15 jours. J’ai juste troqué une gentille phrase écrite contre des hallucinations auditives. J’ai la compagnie de ma femme, aussi, pour ce que ça change, histoire de ne pas me pelotonner uniquement contre ce qui emplit ma tête. Bon, ça change un peu quand même : les câlins c’est plutôt agréable dans cet état, quand bien même je suis encore moins d’humeur que sous grippe à faire les efforts nécessaires pour obtenir ou donner un orgasme (elle ne l’est pas davantage que moi).
Ses mains se serrent instinctivement et irrésistiblement, ce qui lui évoque le réflexe archaïque de préhension, partagé entre les nouveaux-nés humains et ceux des autres singes. Je lui fais remarquer, pendant qu’elle se cramponne à moi, qu’elle a en effet tendance à s’agripper très fort et à ne pas lâcher, ce qui est bien un “réflexe archaïque” - de jeune enfant qui dépend d’adultes pour sa survie, et cherche à tout prix à s’assurer qu’on ne l’abandonne pas.


13h20 (H+2:30) : Le pic semble tout juste passé pour nous deux, on se mange le plateau qui n’est pas bien en-dessous. On suspecte que les deux molécules n’ont pas monté à la même vitesse, mais c’est pas bien net - ça a donné une sorte de montée qui, très vite amorcée, s’étale finalement en longueur parce qu’une deuxième petite montée débute tout près du moment où le pic de la première molécule est passé. Ce serait donc potentiellement le 4-AcO-DMT Extra Old qui serait responsable de la montée éclair, et le 4-HO-MIPT le petit boost supplémentaire tardif.
Verveine-Citron s’est tapée des visuels (CEV et OEV) assez intenses, encore davantage que lors de notre dernier trip (à base de motifs texturés façon jungle multicolore et de glyphes pseudo-mayas, sur fond de techno “tropicale”, bonus yeux fermés : jaguars qui courent et paysages qui défilent). Les miens sont peu marqués, les OEV se limitent à des déformations et les CEV sont pas fous. Je suspecte que c’est l’effet rebond du fait de ne pas avoir pris sa rispéridone hier soir : une augmentation de sa sensibilité aux psychédéliques, particulièrement au niveau visuel. Elle s’en porte bien par ailleurs, dans la mesure où les psychédéliques ont tendance à l’aider à réguler son anxiété, et à se rencontrer sur ce qui compte vraiment pour elle plutôt que sur les attentes sociales la concernant.
Elle me dit que, de passage aux toilettes, son reflet dans le miroir lui avait évoqué Liv Tyler dans le rôle d’Arwen. Je souris et je lui réponds que c’est souvent ce que son visage m’évoque, en effet. Jusqu’au passage d’Eragon où la dragonne jalouse dit de la princesse elfe (dont le héros est évidemment amoureux) : “dommage que son visage soit si allongé qu’il en devienne presque chevalin”, remarque que ma mère avait faite presque mot pour mot à Verveine-Citron il y a des années.

On parle longuement, à son initiative, de ses difficultés actuelles avec l’autisme et l’anxiété, de ses traumas d’enfance et des multiples drames familiaux dont elle a hérité. C’était un gros besoin de sa part de faire le point là-dessus, outre le fait de se retrouver juste en couple en passant un moment privilégié.
Elle me dit qu’elle a toujours la flemme de faire des TR en ce moment. Ce serait cool, en effet ; mais d’un autre côté, elle a aussi le droit d’avoir la flemme. Personne ne demandait à la pythie de se souvenir de ce qu’elle prophétisait : ça, c’est le taff du prêtre d’Apollon. Chacun son boulot, on peut pas forcément tout faire. Si on a l’envie et la possibilité, eh, tant mieux, mais il n’y a pas d’obligation. Ça, c’est une dégénérescence moderne. L’humain est un animal social, et si toutes nos cellules devaient incarner l’idéal individualiste et remplir toutes les fonctions, notre cerveau serait une colonie de protozoaires.
Verveine-Citron suggère la possibilité d’enregistrer la prochaine fois. Faudrait le matos, prendre le temps de gérer l’écoute après-coup, mais ce serait possible, en effet. À condition de ne pas sous-estimer l’impact sur le trip lui-même. On ne dit pas exactement la même chose quand on sait que c’est enregistré. L’observateur et l’observation, tmtc.


15h50 (H+5:00) : On est clairement en descente, mais les effets continuent de se faire sentir. Légère contraction des mâchoires pour moi, comme avec le 4-HO-MIPT à 20mg, mais moins fort. Je mange péniblement quelques marrons glacés. Boire n’était pas un problème, mais difficile de trouver la motivation de saisir, mâcher, et avaler quelque chose de solide. Verveine-Citron n’a rien mangé depuis hier soir et ne mangera qu’au dîner, malgré mes sollicitations.
Je la regarde. Ça me fait quelque chose, clairement ; cette ouverture du torse, cette légère chaleur dans la poitrine. Il y a une similitude avec l’affection pour les ex-crush, mais ce n’est pas tout, quand bien même ce n’est plus ce que c’était. J’ai l’impression de pouvoir enfin mettre des mots dessus, ou en tout cas sur un aspect particulier que je n’avais pas identifié. C’est formidable d’être aimé par elle. Je tourne la phrase dans ma tête. Ouais, ça fait sens. Alors je lui la dis. Elle me regarde, réfléchit. Prend un air de blasitude, me répond, blessée (elle ne le montre pas, mais ça s’entend dans l’intensité sa voix) qu’elle a vu où est l’entourloupe. Le mot me fait un peu grogner, alors elle s’excuse. Pas l’entourloupe, OK, mais voilà, je n’ai pas dit que je l’aime. C’est vrai. Et pourtant, c’est pas juste le fait d’être aimé, comme ça, dans l’absolu, enfin c’est souvent cool et ça peut même être très cool, mais être aimé par elle c’est pas pareil. C’est jamais pareil, parce que personne n’est pareil ; mais celles et ceux qui la connaissent savent qu’elle est encore beaucoup moins pareille que la plupart des autres. J’essaye de lui expliquer ça ; elle a soudain l’air de comprendre, et me le répète en breton, où la structure de la phrase permet d’exprimer ça clairement, sans se baser sur des intonations que l’autisme et les psychés ont tendance à brouiller. Ganit eo dreistordinal bezañ karet.
C’est ma renarde - celle qui m’a choisi, celle que j‘ai apprivoisée. Déjà des renardes y’en a pas des masses, des renardes apprivoisées encore moins ; mais elle est et restera ma renarde, comme je suis son humain. Responsable pour toujours de ce qu’on a apprivoisé. Je trouve cette citation beaucoup moins cucul depuis que madame m’a fait découvrir à quel point Saint-Ex’ était un genre de Tolkien croisé Pasolini, à la sauce Bernanos. “N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour son éternité”. “Se sentir homme, c’est précisément être responsable. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde”.

Je quasi-somnole vaguement, enfin je profite d’être allongé dans le noir les yeux fermés, avec le bodyload qui a bien diminué. Et je respire - c’est bon de respirer sous psyché, je ne médite plus assez souvent ni profondément depuis que mes genoux ont cessé d’être d’accord pour le demi-lotus. Il y a même des moments de silence dans ma tête : c’est pas désagréable depuis tout ce temps.


17h20 (H+6:30) : Petite promenade de 2km pour moi, histoire de récupérer les enfants. Les déformations visuelles sont presque imperceptibles mais l’effet résiduel au niveau mental est bien là.
De retour, nous jouons tous ensemble en famille dans le salon, heureux de partager ce moment malgré la fatigue. J’avais épluché et débité hier soir les légumes pour une soupe, Verveine-Citron dose les épices pendant que je découpe le tempeh. Un plat chaud et sain pour clore l’aventure.

21h50 (H+11:00) : Les enfants tous bien endormis et la cuisine rangée, je prends 7,5mg de doxylamine pour être certain de dormir (un peu échaudé par mon trip précédent où il m’a fallu 16h avant de trouver le repos), puis vais rejoindre madame au lit, où nous faisons un peu le point sur le trip. Elle est rétrospectivement inquiète d’avoir beaucoup “tenu le crachoir” pendant nos échanges verbaux (largement entrecoupés de longs silences introspectifs tout de même).
Je peux bien faire le psy-chamane de substitution si elle en as envie, j’ai assez eu l’occasion de profiter avant. À 19 ans je tapais des psychés avec des potes ; elle, elle essayait de survivre à sa phobie scolaire à la fac, quand elle ne repassait pas les chemises de son père à la place de sa mère qui était en train de crever. Elle littéralement commencé à avoir une vie amoureuse et sexuelle vraiment épanouie à 29 piges, bordel ! Le fun, je l’ai déjà eu. Maintenant, j’en suis au moment où ma plus grande satisfaction, c’est de voir que, ouais, tous ces bons moments ne sont pas juste des putains de bons souvenirs, mais que EN PLUS je peux en tirer des savoirs-faire utiles pour aider la mère de mes enfants ; et rien que ça c’est juste dingue. Sans compter le fait que, quand bien même je passerais tout mon trip centré sur le fait de l’accompagner (ce qui n’est jamais tout à fait le cas), ça reste un trip, et moi j’aime bien tripper, alors bon, hein, y’a toujours des compensations. C’est comme les adultes qui ont besoin d’enfants pour se donner l’autorisation de jouer (les cons !), moi ça me sert d’autorisation pour tripper (c’est tout aussi con, peut-être, mais c’est ainsi).
Néanmoins, on a quand même discuté de la possibilité d'essayer de lui trouver quelqu'un qui lui convienne et qui fasse des TCC, au moins pour l'anxiété.
 
Sympa tous les détails et ces musiques à découvrir !
J'ai jamais testéla 4 aco dmt, mais avec les champis ou les truffes, je suis juste très stone ou tremblotante, jamais trop inconfortable , la 4-ho-mip par contre, oui ça a tendance à me laisser bien tendu mais justement je la trouve plutôt extravertie pour une tryptamine !
 
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