Altered States
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Substances expérimentées : 4-ho-MET (9 mg) et GBL (1.5 ml)
Contexte : Premières journées d'été
Etat d'esprit : Bien mais agité, impatient
Avant-propos : L'expérience que je vais vous raconter est très introspective etje tiens à partager les révélations que j'ai reçu qui seront, je l'espère, utile à d'autres. Accrochez-vous pour un trip spatial, ça va décoller 3....2....1
Préliminaires
En ce début de journée ensoleillée, Madame la factrice m'apporte un colis pour le moins sympathique. Il est indiqué sur le paquet Warszawa, ma dernière commande sur un site polonais. Décidément, la Pologne est passer maître dans l'art de me faire parvenir des produits thérapeutiques. Cette fois-ci, il s'agit d'une bouteille de GBL commandée récemment. Quant à la réception de ce colis, une première crainte s'efface, celle de ne recevoir aucun colis (le site web aurait été un scam). Quant à ma deuxième crainte, qui est celle d'avoir entre les mains un produit qui n'est pas du GBL (ou alors un GBL de piètre qualité), je dois attendre encore un peu. Je décide de tester le produit le jour même car il y a une pièce de théatre pas loin de chez moi et je pense que c'est de bonne augure avec le GBL. Tout cela me ravit l'esprit, et même si je ne suis pas dans une passe facile, j'ai sûrement de quoi me divertir un peu et de m'occuper un moment.
Début de l'aventure
Ce jour là, il y a comme un flottement dans l'air, on dirait que le temps est suspendu, tout ce qui m'entoure me semble agréable et doux mais quant aux effets du produit je ne sens pas grand-chose à proprement parler. C'est un des premiers jours où le temps est aussi doux et agréable, en plus, il fait jour plus longtemps. Pour le GBL, je me dis à ce moment là qu'il n'y a pas d'effet notoire et que je devrais redoser plus haut la prochaine fois pour voir si des effets remarquables se manifestent. En fait, j'ai tout de même bien chaud et je me sens bien à l'aise dans la salle de théatre mais je ne met pas ça sur le compte du produit. La pièce de théatre est quant à elle relativement oppressante mais je ris aux éclats lorsque l'un des personnage se balade en slip et qu'il cherche son futal ainsi que ses grolles aux quatre coins de la scène. Il y a quelques moments assez drôle malgré tout et je ne me gène pas pour rire ouvertement. En réalité, la vraie révélation se produit lorsque j'admire la très belle luminosité qu'il fait dehors. Je pédale comme un fou sur mon vélo rose à la bmx-style et la lumière est resplendissante. Deuxième choc, la lune est au-dessus de ma tête et semble me dire « regarde comme je suis belle, ça n'arrive pas tout les jours ». Hônnetement, je ne peux pas rester en place, il faut qu'il se passe quelque chose. Mes pensées s'emmèlent et s'entrechoquent, j'ai l'impression de sautiller sur place comme une pile Duracell. Bref, il faut que je me défoule. Ce quelque chose, j'ai décidé que ce sera le 4-ho-met mais pas n'importe comment, ce sera en plug, pour économiser le peu qu'il me reste et pour l'intensité des effets. Je n'ai jamais pluggé le 4-ho donc j'ai quelques appréhensions. C'est pourquoi je dose la première seringue trop faiblement. Je dois procéder rapidement à deuxième plug car le premier ne comble pas mes attentes et mes envies. Par contre, le deuxième plug, quant à lui, conviendra tout à fait à ce que je recherche et dépassera même mes attentes.
Montée psychédélique
Cela fait peu de temps que j'ai pluggé le 4 ho et je sens déjà une bonne montée qui se profile. Ma chambre de hippie se prête très bien à ce genre d'expérience car la teinture des pyramides sous l'effet du produit est de toute beauté. Mon rat s'agite un peu ce qui provoque chez moi quelques fou rire, en réalité le rire devient incontrôlable, comme une grosse montée de lsd, de tout point de vue ce trip sera semblable à un trip au lsd : l'extase physique, l'attention et l'éveil portée à son entourage, ainsi que les réflexions philosophiques et spirituelles. Le cadre lunaire se prête magnifiquement bien à ce genre d'introspection mentale.
Je suis donc sur mon lit, pris d'une sensation de plaisir intense et la teinture fluo ondule clairement devant moi, elle danse et se transforme au grès de la musique que j'avais mis à un volume très bas, de la psybient lunaire. Finalement, je me lève et bien que mes gestes soit lents et hasardeux je me saisis de feutres fluorescents et j'en profite pour affiner délicatement les motifs de ma teinture psychédélique. Des formes géométriques apparaissent sur un fond de feuille bleutée et je peux dessiner ces formes en surimpression ce qui donne un ensemble de courbes et de tourbillons formant un visage. Cela m'occupe un moment et je contiens quelques fou rire. Pour l'instant, les effets sont plutôt récréatif, un moment plaisant et amusant. Et puis je prends conscience que je commence à embêter mes colocataires alors je me mets en tête de sortir faire une petite balade nocturne. D'ailleurs j'ai disposé d'une playlist sur mon mp3 qui entre tout à fait dans ce genre de configuration. Le trip, à proprement, commence alors vraiment.
Le doute et la lucidité
Je procède à une vérification pour voir si le mp3 est en état de marcher. Pas de bol, ça ne marche pas ! Ce doit être les piles qui sont à plat et pourtant elles sortent tout juste du chargeur. Je sens un léger désemparement (pour ne pas dire que je suis carrément dégouté). J'appuis sur le bouton plusieurs fois et rien, l'écran reste éteins. Il m'est vraiment difficile d'envisager à ce moment que je puisse continuer le trip sans musique. Je m'y résigne finalement car je n'ai pas vraiment d'autres solutions si ce n'est demander aux coloc' une solution et au fond je sais que ce serait inutile. Dans ma tête, je me dis : « Tant pis tu n'a qu'à juste te balader ». Quelle hérésie, « juste me balader », sous trip, je n'ai même pas eu l'idée de prendre mon carnet, des bougies ou bien mon appareil photo et une couverture pour tripper dehors, « juste me balader ». Heureusement, je persévère et le mp3 finit par s'allumer. Je me dis « allez c'est parti on en profite, je ne sais pas combien de temps le mp3 va fonctionner mais on en profite ». Je vais déjà mieux et dans un instant de lucidité je me rend compte à quel point je ne suis pas dans mon état normal en temps normal.
Je m'explique : « Depuis quand est-ce que j'accepte les choses avec fatalité ? Que je baisse les bras, que j'arrête de me battre et que j'arrête de croire en la vie, en l'amour et aux autres. Je ne me reconnais pas, ce n'est pas moi. La personne que je connais a toujours plein d'idées derrière la tête pour rigoler. La personne que je connais est heureuse et ouverte à la vie. Elle aime casser les habitudes et rencontrer plein de monde. Pour la personne que je connais, c'est la fête tout les jours car il y a tant de choses à apprendre et à découvrir. Au fond de mes pensées, je crois bien que ces derniers temps je me suis laissé enfermé dans une routine et un mode de vie fade et morose. Par conséquent, les pensées deviennent elles-même fade et morose ou serais-ce l'inverse ? Et j'ai accepté tout ça comme si il n'y avait pas d'autres choix et sans en trouver les réelles raisons, les vraies motivations de ce choix. Je me suis menti à moi-même. A ce moment précis, je sens que je me détache de cette personne qui obstrue ma vraie identité. Je redeviens moi, je me sens libre. Je me reconnais à nouveau, je sais que c'est moi désormais qui pense et qui agit. Nous sommes le gardien de notre propre identité et de notre intégrité. Personne d'autre ne peut veiller à cela à notre place. C'est un travail de tout les jours.
La géométrie des cordes, les étoiles et l'infini
Sur cette belle pensée et ce ressenti nouveau, je m'habille chaudement en vue de passer un petit moment dehors afin de redescendre en douceur puisque d'après ce que j'ai lu dans la documentation sur le web, les effets en plug durent moins longtemps que par la voie orale. En fait, comme pour la méthoxetamine, les effets ne durent pas moins longtemps mais sont différent avec une montée plus rapide et intense, un plâteau moins long mais aussi une descente plus propre et plus sereine. Quand je suis sur le pas de la porte, je suis surpris par l'immensité que m'offre le ciel étoilé. Les étoiles sont reliées entre elles par des formes géométriques qui scintillent. Ce sont les même que celles qui apparurent sur la feuille bleutée. Elles ne ressemblent pas du tout aux hallucinations que j'ai déjà eu sous lsd ou psylocibine. C'est comme si ces formes avaient toujours été là et qu'elles venaient à se révèler en surimpression. Les autres hallucinations que j'ai eu, quant à elles, viennent petit à petit pour remplacer le champs de vision et se transformer en une image toute neuve, colorée et pleine de lumière. Les filaments qui relient les étoiles me laissent perplexe et suscite en moi un sentiment d'émerveillement, de redécouverte et de compréhension du monde. C'est comme si l'univers tout entier respirait et que je respirais en harmonie avec lui. Par ailleurs, je ressens bien les plantes de mon jardin respirer, tout est là, toute la complexité du monde et la beauté de la vie sont là. Une énergie incroyable se dégage de tout ce méli-mélo de feuilles et de bric à brac herbeux. Mais d'où vient-elle toute cette énergie ?
Opposition nature et technologie
J'enfourche mon vélo et je pédale en direction de l'hippodrôme. La technologie fait alors son apparition. J'ai oublié un court instant qu'elle est partout sur la terre et que nous vivons en permanence avec elle. Les voitures sont le symbole de cette technologie et elles font émerger en moi un sentiment d'oppression : je les vois comme saillantes et acérés. Une voiture circule dans ma rue ce qui me met dans un état d'alerte, le lien qui s'était crée avec la nature (de mon jardin) se brise aussitôt. Heureusement, il n'y a pas beaucoup de circulation à cette heure là mais je ressens bel et bien un sentiment de malaise et d'incompréhension face à ce phénomène.
La bulle des amoureux
Un peu plus loin, deux amoureux marchent main dans la main et il y a une aura qui enveloppe les deux individus. Je pense qu'ils viennent juste de faire l'amour car ils ont une drôle de façon de marcher. Le gars semble dire « waou c'était trop bon j'en reviens pas » et la fille répond « je sais chérie » tout en essayant de se concentrer pour marcher droit ce qui n'est pas évident avec des talons. Je les trouve tellement drôle que j'éclate de rire. En fait, ils sont trippant eux-aussi car ils sont défoncés par une drogue naturelle qui est le sexe. C'est comme si ils y avaient de petits tourbillons qui tournaient au-dessus de leur tête et qui leur donnaient une démarche chaloupée. Une sorte d'ivresse en quelque sorte.
De la psytrance et du vélo sous le soleil de la lune
L'hippodrôme tout entier est assez impressionnant à regarder car en ville il est plutôt rare d'avoir une vue aussi dégagée. Le spectre blanchâtre de la lune, qui n'est en réalité que le reflet de la lumière du soleil, envoûte totalement cet espace. C'est m-a-g-i-q-u-e.
La psytrance fait vibrer la membrane de mes écouteurs, produisant une basse motivante et une mélodie toute planante. La vibration se répercute inéluctablement sur le mouvement de mes jambes qui, tel une moulinette frénétique, fait avancer un assemblage de pièces métalliques à deux roues. Bref, je roule très vite sur la piste de course. Je ne suis plus sur l'hippodrôme mais dans une matrice dont l'objet consiste à dépenser toute l'énergie à disposition pour dégager le plus de chaleur possible afin d'entretenir un état de conscience altéré, voire de l'intensifier. Le mécanisme fonctionne plutôt bien puisque je sens que le trip remonte, il prend même une autre dimension.
Les arbres et l'évidence que tout est unit
A bout de souffle, je suis en extase en regardant un groupe de grands arbres qui s'agite un peu sous l'effet d'une légère brise d'été. Ils dégagent une telle plénitude que je ne peux rien faire d'autre que de les observer. Ils n'ont besoin de rien et ne demandent rien, ils se suffisent à eux-même. Le soleil leur apporte l'énergie, la pluie leur apporte l'eau et le sol leur apporte les nutriments. Et quelle magnificence, quelle présence. Ils dégagent un sentiment de pureté et d'absolue. Je pense alors qu'ils sont connecté au « tout », à l'univers et à la vie où qu'elle soit. Cette présence, on ne la ressens pas ou très peu en temps normal et voilà que maintenant elle prend une ampleur remarquable alors que je suis toujours sous l'effet du produit.
Et puis, il y a un changement qui s'opère, je ne regarde plus les arbres devant moi mais je deviens les arbres. Je ressens l'immensité de la force vitale qui m'anime et je ressens le lien qui m'unit à l'univers. Je comprends que tout ce que nous cherchons sans réellement savoir ce que nous cherchons se tient là, juste devant nous, et qu'il suffit d'être en harmonie avec soit-même et l'univers pour « écouter ». Tout ce que nous avons cherché est juste là sous nos yeux. Toutes les peines du monde viendraient à disparaître lorsque cette vérité se révèlerait à nous. Je trouve une illustration et je ris : « Tout le monde a, un jour, retourné son appart' pour chercher des clés et s'est énervé en cherchant ces foutu clés. Armoirs, placards, tiroirs, cuisine salon et chambre à coucher, tout y passe mais rien à faire, il est impossible de se remémorer où sont ces foutus clés ni de mettre la main dessus. Et puis, par enchantement, juste au moment où l'anxiété disparaît, notre main passe dans la poche et en ressort les fameuses clés.
Cet exemple illustre bien le fait que dans un état de stress et d'angoisse permanent, l'être humain n'est même pas capable de réaliser les actions évidentes qui s'offrent à lui. Le lien qui nous unit à la terre et à l'univers est si évident que nous en oublions l'existence même dans notre quotidien tumultueux et angoissant. La technologie a pris la pas sur l'homme et l'a arraché à l'état originel de conscience primitif et d'éveil spirituel. Cet état de conscience n'est pas perdu mais dissimulé et innibé par les raisonnements scientifiques et rationnels de notre monde contemporain. Le potentiel humain est illimité sous réserve qu'il parvienne à être en accord avec les lois de la nature et avec ses semblables. Nous ne somme qu'un !
Peace & Love :heart:
Contexte : Premières journées d'été
Etat d'esprit : Bien mais agité, impatient
Avant-propos : L'expérience que je vais vous raconter est très introspective etje tiens à partager les révélations que j'ai reçu qui seront, je l'espère, utile à d'autres. Accrochez-vous pour un trip spatial, ça va décoller 3....2....1
Préliminaires
En ce début de journée ensoleillée, Madame la factrice m'apporte un colis pour le moins sympathique. Il est indiqué sur le paquet Warszawa, ma dernière commande sur un site polonais. Décidément, la Pologne est passer maître dans l'art de me faire parvenir des produits thérapeutiques. Cette fois-ci, il s'agit d'une bouteille de GBL commandée récemment. Quant à la réception de ce colis, une première crainte s'efface, celle de ne recevoir aucun colis (le site web aurait été un scam). Quant à ma deuxième crainte, qui est celle d'avoir entre les mains un produit qui n'est pas du GBL (ou alors un GBL de piètre qualité), je dois attendre encore un peu. Je décide de tester le produit le jour même car il y a une pièce de théatre pas loin de chez moi et je pense que c'est de bonne augure avec le GBL. Tout cela me ravit l'esprit, et même si je ne suis pas dans une passe facile, j'ai sûrement de quoi me divertir un peu et de m'occuper un moment.
Début de l'aventure
Ce jour là, il y a comme un flottement dans l'air, on dirait que le temps est suspendu, tout ce qui m'entoure me semble agréable et doux mais quant aux effets du produit je ne sens pas grand-chose à proprement parler. C'est un des premiers jours où le temps est aussi doux et agréable, en plus, il fait jour plus longtemps. Pour le GBL, je me dis à ce moment là qu'il n'y a pas d'effet notoire et que je devrais redoser plus haut la prochaine fois pour voir si des effets remarquables se manifestent. En fait, j'ai tout de même bien chaud et je me sens bien à l'aise dans la salle de théatre mais je ne met pas ça sur le compte du produit. La pièce de théatre est quant à elle relativement oppressante mais je ris aux éclats lorsque l'un des personnage se balade en slip et qu'il cherche son futal ainsi que ses grolles aux quatre coins de la scène. Il y a quelques moments assez drôle malgré tout et je ne me gène pas pour rire ouvertement. En réalité, la vraie révélation se produit lorsque j'admire la très belle luminosité qu'il fait dehors. Je pédale comme un fou sur mon vélo rose à la bmx-style et la lumière est resplendissante. Deuxième choc, la lune est au-dessus de ma tête et semble me dire « regarde comme je suis belle, ça n'arrive pas tout les jours ». Hônnetement, je ne peux pas rester en place, il faut qu'il se passe quelque chose. Mes pensées s'emmèlent et s'entrechoquent, j'ai l'impression de sautiller sur place comme une pile Duracell. Bref, il faut que je me défoule. Ce quelque chose, j'ai décidé que ce sera le 4-ho-met mais pas n'importe comment, ce sera en plug, pour économiser le peu qu'il me reste et pour l'intensité des effets. Je n'ai jamais pluggé le 4-ho donc j'ai quelques appréhensions. C'est pourquoi je dose la première seringue trop faiblement. Je dois procéder rapidement à deuxième plug car le premier ne comble pas mes attentes et mes envies. Par contre, le deuxième plug, quant à lui, conviendra tout à fait à ce que je recherche et dépassera même mes attentes.
Montée psychédélique
Cela fait peu de temps que j'ai pluggé le 4 ho et je sens déjà une bonne montée qui se profile. Ma chambre de hippie se prête très bien à ce genre d'expérience car la teinture des pyramides sous l'effet du produit est de toute beauté. Mon rat s'agite un peu ce qui provoque chez moi quelques fou rire, en réalité le rire devient incontrôlable, comme une grosse montée de lsd, de tout point de vue ce trip sera semblable à un trip au lsd : l'extase physique, l'attention et l'éveil portée à son entourage, ainsi que les réflexions philosophiques et spirituelles. Le cadre lunaire se prête magnifiquement bien à ce genre d'introspection mentale.
Je suis donc sur mon lit, pris d'une sensation de plaisir intense et la teinture fluo ondule clairement devant moi, elle danse et se transforme au grès de la musique que j'avais mis à un volume très bas, de la psybient lunaire. Finalement, je me lève et bien que mes gestes soit lents et hasardeux je me saisis de feutres fluorescents et j'en profite pour affiner délicatement les motifs de ma teinture psychédélique. Des formes géométriques apparaissent sur un fond de feuille bleutée et je peux dessiner ces formes en surimpression ce qui donne un ensemble de courbes et de tourbillons formant un visage. Cela m'occupe un moment et je contiens quelques fou rire. Pour l'instant, les effets sont plutôt récréatif, un moment plaisant et amusant. Et puis je prends conscience que je commence à embêter mes colocataires alors je me mets en tête de sortir faire une petite balade nocturne. D'ailleurs j'ai disposé d'une playlist sur mon mp3 qui entre tout à fait dans ce genre de configuration. Le trip, à proprement, commence alors vraiment.
Le doute et la lucidité
Je procède à une vérification pour voir si le mp3 est en état de marcher. Pas de bol, ça ne marche pas ! Ce doit être les piles qui sont à plat et pourtant elles sortent tout juste du chargeur. Je sens un léger désemparement (pour ne pas dire que je suis carrément dégouté). J'appuis sur le bouton plusieurs fois et rien, l'écran reste éteins. Il m'est vraiment difficile d'envisager à ce moment que je puisse continuer le trip sans musique. Je m'y résigne finalement car je n'ai pas vraiment d'autres solutions si ce n'est demander aux coloc' une solution et au fond je sais que ce serait inutile. Dans ma tête, je me dis : « Tant pis tu n'a qu'à juste te balader ». Quelle hérésie, « juste me balader », sous trip, je n'ai même pas eu l'idée de prendre mon carnet, des bougies ou bien mon appareil photo et une couverture pour tripper dehors, « juste me balader ». Heureusement, je persévère et le mp3 finit par s'allumer. Je me dis « allez c'est parti on en profite, je ne sais pas combien de temps le mp3 va fonctionner mais on en profite ». Je vais déjà mieux et dans un instant de lucidité je me rend compte à quel point je ne suis pas dans mon état normal en temps normal.
Je m'explique : « Depuis quand est-ce que j'accepte les choses avec fatalité ? Que je baisse les bras, que j'arrête de me battre et que j'arrête de croire en la vie, en l'amour et aux autres. Je ne me reconnais pas, ce n'est pas moi. La personne que je connais a toujours plein d'idées derrière la tête pour rigoler. La personne que je connais est heureuse et ouverte à la vie. Elle aime casser les habitudes et rencontrer plein de monde. Pour la personne que je connais, c'est la fête tout les jours car il y a tant de choses à apprendre et à découvrir. Au fond de mes pensées, je crois bien que ces derniers temps je me suis laissé enfermé dans une routine et un mode de vie fade et morose. Par conséquent, les pensées deviennent elles-même fade et morose ou serais-ce l'inverse ? Et j'ai accepté tout ça comme si il n'y avait pas d'autres choix et sans en trouver les réelles raisons, les vraies motivations de ce choix. Je me suis menti à moi-même. A ce moment précis, je sens que je me détache de cette personne qui obstrue ma vraie identité. Je redeviens moi, je me sens libre. Je me reconnais à nouveau, je sais que c'est moi désormais qui pense et qui agit. Nous sommes le gardien de notre propre identité et de notre intégrité. Personne d'autre ne peut veiller à cela à notre place. C'est un travail de tout les jours.
La géométrie des cordes, les étoiles et l'infini
Sur cette belle pensée et ce ressenti nouveau, je m'habille chaudement en vue de passer un petit moment dehors afin de redescendre en douceur puisque d'après ce que j'ai lu dans la documentation sur le web, les effets en plug durent moins longtemps que par la voie orale. En fait, comme pour la méthoxetamine, les effets ne durent pas moins longtemps mais sont différent avec une montée plus rapide et intense, un plâteau moins long mais aussi une descente plus propre et plus sereine. Quand je suis sur le pas de la porte, je suis surpris par l'immensité que m'offre le ciel étoilé. Les étoiles sont reliées entre elles par des formes géométriques qui scintillent. Ce sont les même que celles qui apparurent sur la feuille bleutée. Elles ne ressemblent pas du tout aux hallucinations que j'ai déjà eu sous lsd ou psylocibine. C'est comme si ces formes avaient toujours été là et qu'elles venaient à se révèler en surimpression. Les autres hallucinations que j'ai eu, quant à elles, viennent petit à petit pour remplacer le champs de vision et se transformer en une image toute neuve, colorée et pleine de lumière. Les filaments qui relient les étoiles me laissent perplexe et suscite en moi un sentiment d'émerveillement, de redécouverte et de compréhension du monde. C'est comme si l'univers tout entier respirait et que je respirais en harmonie avec lui. Par ailleurs, je ressens bien les plantes de mon jardin respirer, tout est là, toute la complexité du monde et la beauté de la vie sont là. Une énergie incroyable se dégage de tout ce méli-mélo de feuilles et de bric à brac herbeux. Mais d'où vient-elle toute cette énergie ?
Opposition nature et technologie
J'enfourche mon vélo et je pédale en direction de l'hippodrôme. La technologie fait alors son apparition. J'ai oublié un court instant qu'elle est partout sur la terre et que nous vivons en permanence avec elle. Les voitures sont le symbole de cette technologie et elles font émerger en moi un sentiment d'oppression : je les vois comme saillantes et acérés. Une voiture circule dans ma rue ce qui me met dans un état d'alerte, le lien qui s'était crée avec la nature (de mon jardin) se brise aussitôt. Heureusement, il n'y a pas beaucoup de circulation à cette heure là mais je ressens bel et bien un sentiment de malaise et d'incompréhension face à ce phénomène.
La bulle des amoureux
Un peu plus loin, deux amoureux marchent main dans la main et il y a une aura qui enveloppe les deux individus. Je pense qu'ils viennent juste de faire l'amour car ils ont une drôle de façon de marcher. Le gars semble dire « waou c'était trop bon j'en reviens pas » et la fille répond « je sais chérie » tout en essayant de se concentrer pour marcher droit ce qui n'est pas évident avec des talons. Je les trouve tellement drôle que j'éclate de rire. En fait, ils sont trippant eux-aussi car ils sont défoncés par une drogue naturelle qui est le sexe. C'est comme si ils y avaient de petits tourbillons qui tournaient au-dessus de leur tête et qui leur donnaient une démarche chaloupée. Une sorte d'ivresse en quelque sorte.
De la psytrance et du vélo sous le soleil de la lune
L'hippodrôme tout entier est assez impressionnant à regarder car en ville il est plutôt rare d'avoir une vue aussi dégagée. Le spectre blanchâtre de la lune, qui n'est en réalité que le reflet de la lumière du soleil, envoûte totalement cet espace. C'est m-a-g-i-q-u-e.
La psytrance fait vibrer la membrane de mes écouteurs, produisant une basse motivante et une mélodie toute planante. La vibration se répercute inéluctablement sur le mouvement de mes jambes qui, tel une moulinette frénétique, fait avancer un assemblage de pièces métalliques à deux roues. Bref, je roule très vite sur la piste de course. Je ne suis plus sur l'hippodrôme mais dans une matrice dont l'objet consiste à dépenser toute l'énergie à disposition pour dégager le plus de chaleur possible afin d'entretenir un état de conscience altéré, voire de l'intensifier. Le mécanisme fonctionne plutôt bien puisque je sens que le trip remonte, il prend même une autre dimension.
Les arbres et l'évidence que tout est unit
A bout de souffle, je suis en extase en regardant un groupe de grands arbres qui s'agite un peu sous l'effet d'une légère brise d'été. Ils dégagent une telle plénitude que je ne peux rien faire d'autre que de les observer. Ils n'ont besoin de rien et ne demandent rien, ils se suffisent à eux-même. Le soleil leur apporte l'énergie, la pluie leur apporte l'eau et le sol leur apporte les nutriments. Et quelle magnificence, quelle présence. Ils dégagent un sentiment de pureté et d'absolue. Je pense alors qu'ils sont connecté au « tout », à l'univers et à la vie où qu'elle soit. Cette présence, on ne la ressens pas ou très peu en temps normal et voilà que maintenant elle prend une ampleur remarquable alors que je suis toujours sous l'effet du produit.
Et puis, il y a un changement qui s'opère, je ne regarde plus les arbres devant moi mais je deviens les arbres. Je ressens l'immensité de la force vitale qui m'anime et je ressens le lien qui m'unit à l'univers. Je comprends que tout ce que nous cherchons sans réellement savoir ce que nous cherchons se tient là, juste devant nous, et qu'il suffit d'être en harmonie avec soit-même et l'univers pour « écouter ». Tout ce que nous avons cherché est juste là sous nos yeux. Toutes les peines du monde viendraient à disparaître lorsque cette vérité se révèlerait à nous. Je trouve une illustration et je ris : « Tout le monde a, un jour, retourné son appart' pour chercher des clés et s'est énervé en cherchant ces foutu clés. Armoirs, placards, tiroirs, cuisine salon et chambre à coucher, tout y passe mais rien à faire, il est impossible de se remémorer où sont ces foutus clés ni de mettre la main dessus. Et puis, par enchantement, juste au moment où l'anxiété disparaît, notre main passe dans la poche et en ressort les fameuses clés.
Cet exemple illustre bien le fait que dans un état de stress et d'angoisse permanent, l'être humain n'est même pas capable de réaliser les actions évidentes qui s'offrent à lui. Le lien qui nous unit à la terre et à l'univers est si évident que nous en oublions l'existence même dans notre quotidien tumultueux et angoissant. La technologie a pris la pas sur l'homme et l'a arraché à l'état originel de conscience primitif et d'éveil spirituel. Cet état de conscience n'est pas perdu mais dissimulé et innibé par les raisonnements scientifiques et rationnels de notre monde contemporain. Le potentiel humain est illimité sous réserve qu'il parvienne à être en accord avec les lois de la nature et avec ses semblables. Nous ne somme qu'un !
Peace & Love :heart:
