Procyon
Glandeuse Pinéale
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- 29/3/14
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Présentation des protagonistes
Moi-même : Procyon, 50kg pour 1m75 et des poussières. Un certain nombre d'expériences psychédéliques à mon actif, y compris avec le 25i-NBOMe (et avec son frangin chloré).
Sylvain : Environ 55kg pour la même taille que moi, ayant déjà vécu quelques trips avant cette expérience. (prénom modifié, bien sûr)
Contexte
Soirée tranquille entre potes, un samedi soir, dans la maison de Sylvain. Environnement calme, personne d'autre que nous deux à l'horizon, dans une banlieue éloignée de la grande ville... J'avais sur moi trois buvards de 25i-NBOMe, et nous avions décidé d'en prendre un chacun ; la dose annoncée pour chacun est de 1000µg.
Pas de recherche spirituelle dans ce trip, rien que de purement récréatif : de toute façon, il est bien plus facile d'employer les NBOMes à des fins récréatives que dans un but spirituel (c'est une conclusion personnelle, évidemment, mais elle me semble assez répandue).
Partie I - Le film
T-30mn : Après un début de soirée plutôt tranquille entre musique, grignotage et joint, nous grimpons à l'étage pour nous poser devant la télé. Après avoir épluché les DVD, nous nous arrêtons sur World War Z ; nous avons toujours les buvards avec nous, mais décidons d'attendre un peu avant de les caler contre nos gencives. Le film commence, nous grignotons un peu et échangeons quelques phrases, ce n'est clairement pas un grand film mais c'était agréable... et de toute façon, mon attention a vite été détournée du film. Mais suivons les faits dans l'ordre...
T+0 : Nous trinquons solenellement et posons nos buvards contre nos gencives respectives. Je me prépare à ne pas avaler pendant une demi-heure, mais c'est finalement assez facile : au fil du temps, j'ai appris à ne pas faire attention au goût des NBOMes, et je parviens presque à n'en avoir pas conscience.
T+30mn : Les premiers effets visuels commencent à apparaître. Rien de bien construit pour l'instant, juste quelques modifications "habituelles" de la vision : visages qui "coulent", couleurs tant flamboyantes qu'incertaines (les verts qui deviennent des rouges qui deviennent des jaunes), et quelques autres... J'ai l'impression de percevoir le film en décalé par rapport à la réalité. Je ne sais pas si c'est bien clair, mais je vais tenter de m'expliquer : à chaque contrechamp, je suis surpris par le changement de luminosité et de couleurs sur les murs de la pièce, parce que je perçois ce changement une bonne demi-seconde après avoir vu la scène changer sur l'écran de la télé.
Il devient extrêmement ardu de suivre l'histoire, l'esprit se focalisant sur la scène en cours et s'y laissant absorber en oubliant tout ce qui l'a précédée.
T+1h : J'observe mes réactions de peur avec un certain détachement. J'ai sursauté deux ou trois fois au cours du film : à chaque fois, j'étais comme un observateur extérieur, un spectateur qui analysait les réflexes de son corps avec un regard neutre, du type "Oh, je viens de sursauter. Ah mais... évidemment, c'est un zombie qui a débarqué par surprise au milieu de la scène. C'est ça qui a dû me faire peur."
T+1h30 : Le film se finit. Nous discutons un peu des effets ; je suis apparemment monté beaucoup plus rapidement que Sylvain (qui n'a senti arriver les premiers visuels que quelques dizaines de minutes avant le générique de fin), mais nous en sommes à peu près au même point. Il est environ 22 heures, nous décidons d'aller nous préparer un chocolat chaud et d'aller nous poser dans le jardin, sur les chaises longues. Le chocolat me brûle la gorge, mon goût est légèrement modifié, j'ai l'impression de dissocier les différents éléments de la boisson (lait, cacao, sucre, etc...), petit instant d'hallucination gustative assez curieux.
Partie II - L'entité
T+1h45 : Les discussions avec Sylvain sont compliquées, je me concentre sur le son de ma propre voix et ne l'apprécie pas énormément alors je m'arrête en plein milieu de mes phrases. Même quand j'arrive à faire abstraction du son de ma voix, je m'embrouille et finis par perdre mes mots ; Sylvain, qui s'en sort mieux que moi pour exprimer des idées clairement, me dit que ce n'est pas la peine d'insister et qu'on continuera notre conversation tout à l'heure. Ca marche ! Je me laisse absorber par les visuels, tout le décor oscille, "ondule" en permanence sans que j'aie besoin de bouger la tête. J'ai l'impression d'être cloué à mon siège, comme si ma tête était une caméra bloquée dans un éternel panoramique. Ca me donne la curieuse impression d'être un robot, d'être contrôlé par une autre entité dans un autre univers.
T+1h50 : Je bouge légèrement la tête. Le décor oscille et se déforme, mais un OEV prend le dessus. Tandis que le décor paraît lointain et tremblotant, la vision est claire, et remplit tout mon champ de vision. Rien de construit, encore : un simple motif, aux allures aztèques et très coloré, j'ai l'impression qu'il est collé à mon oeil puisqu'il bouge en même temps que ma tête. L'impression d'être un robot revient, je me vois vraiment ÊTRE cette entité qui me contrôle, je me vois dans un siège observant un écran sur lequel apparaît le décor du jardin, dans lequel mon corps "physique" se trouve encore actuellement.
Cette impression d'être une... entité (je ne trouve vraiment pas d'autre mot) supérieure persiste entre cinq et dix minutes, puis tout ce qui se superposait à la réalité s'estompe progressivement. Je ne connais plus que de légères déformations visuelles, sur les fleurs du jardin notamment.
T+2h30 : Nous entendons de la musique dans le lointain. Elle n'est pas très bonne, mais j'ai envie de bouger, alors je propose à Sylvain qu'on aille jeter un oeil. Il me dit que c'est un concert à la salle des fêtes, que ça peut être rigolo d'y faire un tour, et qu'on y va "après ce joint" (manière bien à lui de temporiser, mais je ne peux qu'acquiescer et reporter notre départ).
T+2h40 : Les CEV sont magnifiques, je n'ai habituellement pas d'énormes CEV (peu voire pas d'imagination visuelle, je ne sais pas si ça joue...) mais cette fois je suis bluffé. Je passe d'un visuel à l'autre par effet de zoom, mon "champ de vision" entier est fractal et je passe de longues minutes à explorer ce monde de lumière et de couleurs vives qui se dessine derrière mes paupières.
Partie III - Un square et des fantômes
T+3h : Nous avons enfin réussi à nous motiver et Sylvain m'a prêté une veste ; maintenant, il est 23h30 et nous marchons dans les rues de ce bled à moitié paumé en suivant une musique trop déformée pour qu'on puisse lui attribuer un style. Je suis en mode automatique ; je ne fais que suivre la route que Sylvain suit, sans me poser de questions sur le chemin que nous devons emprunter. Il connaît sa ville, je me laisse guider - pour une fois.
Peu de visuels à ce moment-là du trip : il est simplement très difficile d'interpréter les formes et les ombres, surtout dans l'obscurité peu troublée de la nuit déjà tombée depuis longtemps. Nous nous rendons compte que les humains sont des humains seulement trois ou quatre mètres avant de croiser leur route, avant quoi ils n'étaient que de vagues formes à peine dessinées et indistinguables du reste du décor. J'ai pensé à prendre mon enceinte portable, la musique de Gojira nous motive tout en nous permettant de garder un bon rythme.
T+3h15 : Arrivés devant la salle des fêtes, nous nous rendons compte que ce "concert" est en fait une sorte de fête pour enfants, remplie d'enfants, pleine de naïveté et de chansons des années 80 ; nous décidons de ne pas trop nous en approcher, et délaissons vite les échos de Nuit de Folie pour ceux de mon enceinte portable. Niveau musique, la barre reste du côté metal, avec un peu de stoner de temps à autres.
Nous nous posons sur un banc, dans un square, et c'est là que commence le moment le plus fort du trip.
T+3h20 : L'impression que la réalité s'estompe repointe le bout de son nez. Un motif apparaît en surimpression sur l'ensemble de la réalité, sensiblement le même que tout à l'heure, et ma tête est à nouveau bloquée sur son perpétuel panoramique latéral. Dans ma tête, le square dans lequel nous nous trouvons est séparé en deux parties : la partie gauche, celle où nous sommes assis, lumineuse, dans laquelle je ne perçois pratiquement aucun visuel. Et la partie droite, dans la partie sombre du square, où les visuels sont beaucoup plus marqués.
Pour faire simple, dès que je tourne la tête vers la droite, toute cette partie du parc s'éclaire d'un coup, et je me vois, je nous vois, entourés par des enfants, une foule d'enfants blancs et fantomatiques qui entourent le banc sur lequel nous sommes assis. Dès que je tourne la tête vers la gauche, cette vision disparaît quasi-instantanément.
Ca ne m'a pas effrayé pour autant ; je savais que ce n'était pas la réalité, et les visuels ne semblaient de toute façon pas agressifs, peut-être un peu tristes mais c'est un maximum.
T+3h30 : Arrive le morceau The Art of Dying de Gojira : je me laisse aller dans un headbang effréné, les CEV sont très rythmiques et reproduisent les mêmes principes de zoom que tout à l'heure. Nous parlons un peu avec Sylvain, mais il est toujours aussi difficile de tenir une conversation, plus encore quand elle s'intéresse aux effets ressentis au moment où ils sont ressentis.
Des gens passent à côté de nous de temps en temps, nous décidons de bouger un peu et nous posons plus loin, dans l'herbe, proches du couvert des arbres. Nous nous allongeons à même le sol, en observant les étoiles. Appréhender la réalité et la différencier des visuels est toujours possible mais de plus en plus ardu. Pour ce qui est des étoiles, il me semble qu'elles se multiplient, se déplacent, changent de couleurs ; Sylvain met un morceau d'une demi-heure qui nous accompagnera pendant la phase la plus intense - et aussi la plus contemplative - de nos voyages respectifs.
Nous fumons une clope, Sylvain me roule la mienne devant mon incapacité manifeste à conserver le tabac sur la feuille. Le sol est agréable, mais je ne reste pas très longtemps allongé pour ne pas risquer de salir sa veste.
T+4h : Nous finissons par nous lever, après avoir vu passer plusieurs personnes sur le chemin derrière nous. Nous retournons vers la salle des fêtes et coupons l'enceinte, tous les enfants sont encore en train de danser (à minuit et demie, il n'y a plus de jeunesse ). L'ensemble de la scène est assez étrange, et nous ne restons que quelques instants à rigoler avant de nous éloigner. Le rire, même si je n'en ai pas beaucoup parlé jusqu'à maintenant, est très présent avec cette molécule, je la trouve (contrairement à pas mal d'autres gens, étonnamment) beaucoup plus "sociale" et euphorique que sa cousine la 25C.
Partie IV - La fatigue se fait sentir
T+4h10 : Le retour est assez calme, mais quand nous arrivons devant l'allée de la maison de Sylvain mes visuels se réveillent. Je suis parfaitement conscient que la route est dégagée, même si nous sommes dans la pénombre, mais je ne peux pas faire trois pas sans buter contre un obstacle invisible et intangible. Mes réflexes prennent le pas sur ma conscience, et sur les quelques dizaines de mètres que fait le chemin, je me cognerai tous les trois pas en pestant intérieurement contre mon manque de contrôle.
T+4h20 : Très bon repas pour nous remettre de nos émotions : une pizza et de la tarte aux pommes, vraiment délicieux, à un point tel que je me force à manger malgré un estomac déjà trop bien rempli par trop de grignotage. Nous rangeons rapidement les tasses qui traînaient encore dans le jardin, puis nous allons nous poser dans la chambre.
T+4h30 : Nous traînons sur Youtube, allant de vidéo étrange en vidéo étrange, puis nous nous posons sur son lit et Sylvain me fait découvrir En passant pécho. Nous enchaînons tous les épisodes tandis que la descente s'amorce, cette série a un je ne sais quoi de complètement dingue et trippé qui ne me laisse pas indifférent.
T+5h30 : Après cette session vidéo, et devant la fin apparente des effets, Sylvain décide de sortir son bang avant d'aller nous coucher. Une petite douille avant de s'endormir, un plan qui a fonctionné à merveille... du moins avec lui ! De mon côté, je sens au bout de cinq minutes d'efforts que je n'arriverais pas à dormir si facilement. Je passe presque deux heures les yeux fermés à jouer avec des hallucinations, un peu sur le plan visuel mais beaucoup plus sur le plan auditif. Je matérialise des sons dans ma tête, avec un peu d'entraînement j'ai carrément réussi à composer des morceaux entiers dans ma tête, faisant jouer à plusieurs instruments imaginaires des hymnes qui n'occupaient ma pensée que l'espace d'un instant avant de se perdre dans les méandres de ma conscience.
Je m'endors finalement vers 4h30-5h du matin, soit à T+8h et des poussières. Plus long que mes précédentes rencontres avec cette molécule, mais ce n'est pas étonnant au vu du dosage.
Conclusion
Très peu de bodyload cette fois-ci, pourtant il est fréquent que les NBOMes me filent une bonne vasoconstriction assez gênante et que leur côté speedant trouble un peu le reste de l'expérience. C'est beaucoup plus fréquent lors des trips à plusieurs, que les effets secondaires soient en partie masqués par le fait que le cerveau se concentre sur autre chose.
Encore une fois, rien de révolutionnaire dans ce TR, du purement récréatif : je l'admets volontiers ! L'expérience était assez puissante et a été en grande partie dirigée par cette impression d'être contrôlé par une entité supérieure, mais cela reste un trip "standard" au 25i. Je suis bien plus curieux à propos du DOM, une substance dont j'ai réussi à récupérer quelques buvards et qui fera sans doute l'objet d'un autre TR quand j'aurai trouvé le bon S&S.
Moi-même : Procyon, 50kg pour 1m75 et des poussières. Un certain nombre d'expériences psychédéliques à mon actif, y compris avec le 25i-NBOMe (et avec son frangin chloré).
Sylvain : Environ 55kg pour la même taille que moi, ayant déjà vécu quelques trips avant cette expérience. (prénom modifié, bien sûr)
Contexte
Soirée tranquille entre potes, un samedi soir, dans la maison de Sylvain. Environnement calme, personne d'autre que nous deux à l'horizon, dans une banlieue éloignée de la grande ville... J'avais sur moi trois buvards de 25i-NBOMe, et nous avions décidé d'en prendre un chacun ; la dose annoncée pour chacun est de 1000µg.
Pas de recherche spirituelle dans ce trip, rien que de purement récréatif : de toute façon, il est bien plus facile d'employer les NBOMes à des fins récréatives que dans un but spirituel (c'est une conclusion personnelle, évidemment, mais elle me semble assez répandue).
Partie I - Le film
T-30mn : Après un début de soirée plutôt tranquille entre musique, grignotage et joint, nous grimpons à l'étage pour nous poser devant la télé. Après avoir épluché les DVD, nous nous arrêtons sur World War Z ; nous avons toujours les buvards avec nous, mais décidons d'attendre un peu avant de les caler contre nos gencives. Le film commence, nous grignotons un peu et échangeons quelques phrases, ce n'est clairement pas un grand film mais c'était agréable... et de toute façon, mon attention a vite été détournée du film. Mais suivons les faits dans l'ordre...
T+0 : Nous trinquons solenellement et posons nos buvards contre nos gencives respectives. Je me prépare à ne pas avaler pendant une demi-heure, mais c'est finalement assez facile : au fil du temps, j'ai appris à ne pas faire attention au goût des NBOMes, et je parviens presque à n'en avoir pas conscience.
T+30mn : Les premiers effets visuels commencent à apparaître. Rien de bien construit pour l'instant, juste quelques modifications "habituelles" de la vision : visages qui "coulent", couleurs tant flamboyantes qu'incertaines (les verts qui deviennent des rouges qui deviennent des jaunes), et quelques autres... J'ai l'impression de percevoir le film en décalé par rapport à la réalité. Je ne sais pas si c'est bien clair, mais je vais tenter de m'expliquer : à chaque contrechamp, je suis surpris par le changement de luminosité et de couleurs sur les murs de la pièce, parce que je perçois ce changement une bonne demi-seconde après avoir vu la scène changer sur l'écran de la télé.
Il devient extrêmement ardu de suivre l'histoire, l'esprit se focalisant sur la scène en cours et s'y laissant absorber en oubliant tout ce qui l'a précédée.
T+1h : J'observe mes réactions de peur avec un certain détachement. J'ai sursauté deux ou trois fois au cours du film : à chaque fois, j'étais comme un observateur extérieur, un spectateur qui analysait les réflexes de son corps avec un regard neutre, du type "Oh, je viens de sursauter. Ah mais... évidemment, c'est un zombie qui a débarqué par surprise au milieu de la scène. C'est ça qui a dû me faire peur."
T+1h30 : Le film se finit. Nous discutons un peu des effets ; je suis apparemment monté beaucoup plus rapidement que Sylvain (qui n'a senti arriver les premiers visuels que quelques dizaines de minutes avant le générique de fin), mais nous en sommes à peu près au même point. Il est environ 22 heures, nous décidons d'aller nous préparer un chocolat chaud et d'aller nous poser dans le jardin, sur les chaises longues. Le chocolat me brûle la gorge, mon goût est légèrement modifié, j'ai l'impression de dissocier les différents éléments de la boisson (lait, cacao, sucre, etc...), petit instant d'hallucination gustative assez curieux.
Partie II - L'entité
T+1h45 : Les discussions avec Sylvain sont compliquées, je me concentre sur le son de ma propre voix et ne l'apprécie pas énormément alors je m'arrête en plein milieu de mes phrases. Même quand j'arrive à faire abstraction du son de ma voix, je m'embrouille et finis par perdre mes mots ; Sylvain, qui s'en sort mieux que moi pour exprimer des idées clairement, me dit que ce n'est pas la peine d'insister et qu'on continuera notre conversation tout à l'heure. Ca marche ! Je me laisse absorber par les visuels, tout le décor oscille, "ondule" en permanence sans que j'aie besoin de bouger la tête. J'ai l'impression d'être cloué à mon siège, comme si ma tête était une caméra bloquée dans un éternel panoramique. Ca me donne la curieuse impression d'être un robot, d'être contrôlé par une autre entité dans un autre univers.
T+1h50 : Je bouge légèrement la tête. Le décor oscille et se déforme, mais un OEV prend le dessus. Tandis que le décor paraît lointain et tremblotant, la vision est claire, et remplit tout mon champ de vision. Rien de construit, encore : un simple motif, aux allures aztèques et très coloré, j'ai l'impression qu'il est collé à mon oeil puisqu'il bouge en même temps que ma tête. L'impression d'être un robot revient, je me vois vraiment ÊTRE cette entité qui me contrôle, je me vois dans un siège observant un écran sur lequel apparaît le décor du jardin, dans lequel mon corps "physique" se trouve encore actuellement.
Cette impression d'être une... entité (je ne trouve vraiment pas d'autre mot) supérieure persiste entre cinq et dix minutes, puis tout ce qui se superposait à la réalité s'estompe progressivement. Je ne connais plus que de légères déformations visuelles, sur les fleurs du jardin notamment.
T+2h30 : Nous entendons de la musique dans le lointain. Elle n'est pas très bonne, mais j'ai envie de bouger, alors je propose à Sylvain qu'on aille jeter un oeil. Il me dit que c'est un concert à la salle des fêtes, que ça peut être rigolo d'y faire un tour, et qu'on y va "après ce joint" (manière bien à lui de temporiser, mais je ne peux qu'acquiescer et reporter notre départ).
T+2h40 : Les CEV sont magnifiques, je n'ai habituellement pas d'énormes CEV (peu voire pas d'imagination visuelle, je ne sais pas si ça joue...) mais cette fois je suis bluffé. Je passe d'un visuel à l'autre par effet de zoom, mon "champ de vision" entier est fractal et je passe de longues minutes à explorer ce monde de lumière et de couleurs vives qui se dessine derrière mes paupières.
Partie III - Un square et des fantômes
T+3h : Nous avons enfin réussi à nous motiver et Sylvain m'a prêté une veste ; maintenant, il est 23h30 et nous marchons dans les rues de ce bled à moitié paumé en suivant une musique trop déformée pour qu'on puisse lui attribuer un style. Je suis en mode automatique ; je ne fais que suivre la route que Sylvain suit, sans me poser de questions sur le chemin que nous devons emprunter. Il connaît sa ville, je me laisse guider - pour une fois.
Peu de visuels à ce moment-là du trip : il est simplement très difficile d'interpréter les formes et les ombres, surtout dans l'obscurité peu troublée de la nuit déjà tombée depuis longtemps. Nous nous rendons compte que les humains sont des humains seulement trois ou quatre mètres avant de croiser leur route, avant quoi ils n'étaient que de vagues formes à peine dessinées et indistinguables du reste du décor. J'ai pensé à prendre mon enceinte portable, la musique de Gojira nous motive tout en nous permettant de garder un bon rythme.
T+3h15 : Arrivés devant la salle des fêtes, nous nous rendons compte que ce "concert" est en fait une sorte de fête pour enfants, remplie d'enfants, pleine de naïveté et de chansons des années 80 ; nous décidons de ne pas trop nous en approcher, et délaissons vite les échos de Nuit de Folie pour ceux de mon enceinte portable. Niveau musique, la barre reste du côté metal, avec un peu de stoner de temps à autres.
Nous nous posons sur un banc, dans un square, et c'est là que commence le moment le plus fort du trip.
T+3h20 : L'impression que la réalité s'estompe repointe le bout de son nez. Un motif apparaît en surimpression sur l'ensemble de la réalité, sensiblement le même que tout à l'heure, et ma tête est à nouveau bloquée sur son perpétuel panoramique latéral. Dans ma tête, le square dans lequel nous nous trouvons est séparé en deux parties : la partie gauche, celle où nous sommes assis, lumineuse, dans laquelle je ne perçois pratiquement aucun visuel. Et la partie droite, dans la partie sombre du square, où les visuels sont beaucoup plus marqués.
Pour faire simple, dès que je tourne la tête vers la droite, toute cette partie du parc s'éclaire d'un coup, et je me vois, je nous vois, entourés par des enfants, une foule d'enfants blancs et fantomatiques qui entourent le banc sur lequel nous sommes assis. Dès que je tourne la tête vers la gauche, cette vision disparaît quasi-instantanément.
Ca ne m'a pas effrayé pour autant ; je savais que ce n'était pas la réalité, et les visuels ne semblaient de toute façon pas agressifs, peut-être un peu tristes mais c'est un maximum.
T+3h30 : Arrive le morceau The Art of Dying de Gojira : je me laisse aller dans un headbang effréné, les CEV sont très rythmiques et reproduisent les mêmes principes de zoom que tout à l'heure. Nous parlons un peu avec Sylvain, mais il est toujours aussi difficile de tenir une conversation, plus encore quand elle s'intéresse aux effets ressentis au moment où ils sont ressentis.
Des gens passent à côté de nous de temps en temps, nous décidons de bouger un peu et nous posons plus loin, dans l'herbe, proches du couvert des arbres. Nous nous allongeons à même le sol, en observant les étoiles. Appréhender la réalité et la différencier des visuels est toujours possible mais de plus en plus ardu. Pour ce qui est des étoiles, il me semble qu'elles se multiplient, se déplacent, changent de couleurs ; Sylvain met un morceau d'une demi-heure qui nous accompagnera pendant la phase la plus intense - et aussi la plus contemplative - de nos voyages respectifs.
Nous fumons une clope, Sylvain me roule la mienne devant mon incapacité manifeste à conserver le tabac sur la feuille. Le sol est agréable, mais je ne reste pas très longtemps allongé pour ne pas risquer de salir sa veste.
T+4h : Nous finissons par nous lever, après avoir vu passer plusieurs personnes sur le chemin derrière nous. Nous retournons vers la salle des fêtes et coupons l'enceinte, tous les enfants sont encore en train de danser (à minuit et demie, il n'y a plus de jeunesse ). L'ensemble de la scène est assez étrange, et nous ne restons que quelques instants à rigoler avant de nous éloigner. Le rire, même si je n'en ai pas beaucoup parlé jusqu'à maintenant, est très présent avec cette molécule, je la trouve (contrairement à pas mal d'autres gens, étonnamment) beaucoup plus "sociale" et euphorique que sa cousine la 25C.
Partie IV - La fatigue se fait sentir
T+4h10 : Le retour est assez calme, mais quand nous arrivons devant l'allée de la maison de Sylvain mes visuels se réveillent. Je suis parfaitement conscient que la route est dégagée, même si nous sommes dans la pénombre, mais je ne peux pas faire trois pas sans buter contre un obstacle invisible et intangible. Mes réflexes prennent le pas sur ma conscience, et sur les quelques dizaines de mètres que fait le chemin, je me cognerai tous les trois pas en pestant intérieurement contre mon manque de contrôle.
T+4h20 : Très bon repas pour nous remettre de nos émotions : une pizza et de la tarte aux pommes, vraiment délicieux, à un point tel que je me force à manger malgré un estomac déjà trop bien rempli par trop de grignotage. Nous rangeons rapidement les tasses qui traînaient encore dans le jardin, puis nous allons nous poser dans la chambre.
T+4h30 : Nous traînons sur Youtube, allant de vidéo étrange en vidéo étrange, puis nous nous posons sur son lit et Sylvain me fait découvrir En passant pécho. Nous enchaînons tous les épisodes tandis que la descente s'amorce, cette série a un je ne sais quoi de complètement dingue et trippé qui ne me laisse pas indifférent.
T+5h30 : Après cette session vidéo, et devant la fin apparente des effets, Sylvain décide de sortir son bang avant d'aller nous coucher. Une petite douille avant de s'endormir, un plan qui a fonctionné à merveille... du moins avec lui ! De mon côté, je sens au bout de cinq minutes d'efforts que je n'arriverais pas à dormir si facilement. Je passe presque deux heures les yeux fermés à jouer avec des hallucinations, un peu sur le plan visuel mais beaucoup plus sur le plan auditif. Je matérialise des sons dans ma tête, avec un peu d'entraînement j'ai carrément réussi à composer des morceaux entiers dans ma tête, faisant jouer à plusieurs instruments imaginaires des hymnes qui n'occupaient ma pensée que l'espace d'un instant avant de se perdre dans les méandres de ma conscience.
Je m'endors finalement vers 4h30-5h du matin, soit à T+8h et des poussières. Plus long que mes précédentes rencontres avec cette molécule, mais ce n'est pas étonnant au vu du dosage.
Conclusion
Très peu de bodyload cette fois-ci, pourtant il est fréquent que les NBOMes me filent une bonne vasoconstriction assez gênante et que leur côté speedant trouble un peu le reste de l'expérience. C'est beaucoup plus fréquent lors des trips à plusieurs, que les effets secondaires soient en partie masqués par le fait que le cerveau se concentre sur autre chose.
Encore une fois, rien de révolutionnaire dans ce TR, du purement récréatif : je l'admets volontiers ! L'expérience était assez puissante et a été en grande partie dirigée par cette impression d'être contrôlé par une entité supérieure, mais cela reste un trip "standard" au 25i. Je suis bien plus curieux à propos du DOM, une substance dont j'ai réussi à récupérer quelques buvards et qui fera sans doute l'objet d'un autre TR quand j'aurai trouvé le bon S&S.