LuçyD4lic3
Elfe Mécanique
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Petit background rapide : je n'avais pris du LSD que deux fois avant ce trip, un demi-buvard pour mon premier test et un entier pour le second, les buvards étant logiquement dosés à 100µg, en réalité probablement un peu moins dû à quelques coups de chaud imprévus. Le LSD est également le tout premier psychédélique que je consomme.
Ce trip date d'il y a un peu plus d'un an (début août 2013), et le TR qui en découle (le premier que j'écris) traîne depuis presque aussi longtemps sur mon ordinateur.
Ce TR se décompose en deux parties, la première raconte les premières heures du trip et la seconde détaille un passage plus intense après un combo avec une assez forte dose de weed vaporisée.
Les deux parties étant suffisamment différentes pour pouvoir se lire indépendamment, je me permets de poster chaque partie dans des messages séparés.
Pour ceux qui liront ou survoleront la première partie, sachez que je l'ai écrite peu de temps après le trip et pour moi-même avant tout.
Le fait qu'elle paraisse lourde ou trop chargée de détails inutiles sans grand intérêt par rapport au trip en lui-même ne m'est pas inconnu, mon envie de l'écrire de cette façon comptait simplement plus à mes yeux que le fait de la rendre plus intéressante pour d'éventuels autres lecteurs, ne m'étant pas décidé à l'époque si j'allai publier ce texte ou non.
Si tout ça vous paraît trop long à lire, la deuxième partie est probablement la plus intéressante.
- Première partie : "Cet après-midi, je prends du LSD." -
Il fait beau, j'ai plutôt bien dormi, je suis en forme et je me suis arrangé pour avoir cette journée de libre, ainsi que celle du lendemain.
Ce trip je l'ai programmé, j'ai des idées d'activités à faire, je sais quel dosage je veux expérimenter, j'ai les buvards et surtout, j'en ai envie.
Je n'ai derrière moi que des expériences "light" avec le LSD, sans avoir jamais vraiment touché au potentiel que je lui associe, et aujourd'hui je veux aller un peu plus loin.
Je drope donc un buvard et demi pour une dose supposée de 150µg.
Cela fait maintenant environ une heure que j'ai dropé et je sens débuter un léger et agréable bodyhigh.
Il évolue un peu, se fait plus présent, et je sens imminente l'entrée dans le monde de l'euphorie. Un petit sourire se dessine déjà sur mon visage, et il n'a pas l'air de s'effacer facilement
Je suis content et satisfait, je monte et retrouve des effets qui m'avaient déjà beaucoup plu lors de mes précédentes expériences.
Ça y est, un gros smile a pris vie sur mon visage et semble bien décidé à m'accompagner quelques heures avant même de songer à se retirer.
J'ai envie de sortir pour ce trip, chose que je regrette un peu de ne pas avoir essayé au cours de mes précédentes expériences.
L'euphorie grandit et je commence à rire spontanément par bref moments, de petits rires qui semblent juste vouloir dire : "J'aime ce qu'il m'arrive, et je compte bien en profiter."
Apparemment il fait chaud en cette journée, la météo annonce 31°C. Je n'ai pas vraiment pensé à me renseigner sur ce point quand j'ai prévu ce trip et ne sais pas trop comment je vais gérer ça, ayant d'habitude des difficultés à supporter la chaleur.
Je vais tenter quand même, pas envie de passer une nouvelle fois à côté de l'occasion d'aller faire une petite promenade, perché dans un coin de nature.
Juste un petit tour, pas trop longtemps ni trop loin histoire de pouvoir rapidement rentrer si la chaleur m'insupporte.
En attendant, je démarre l'expérience musicale de ce trip par la fin du morceau "Eyeline" de Submotion Orchestra que je découvre, et j'aime beaucoup.
[video=youtube;xPRE6boR9Ng]
Le bodyhigh s'est développé et donne vie à d'agréables frissons dans le haut de mes jambes.
Je me prépare à partir, et mon regard s'attarde sur les petits gadgets LED avec lesquels j'ai prévu de m'amuser un peu plus tard.
Je m'offre un aperçu de ce que ça pourra donner une fois la montée terminée et le plateau atteint. Dans le noir, yeux ouverts ou fermés, je balade les LEDs devant mon visage, qui produisent des traînées colorées assez amusantes.
Je me décide, à l'aide du plan des promenades et jardins de la ville, à en faire une qui démarre juste à côté de mon appart'. Elle me semble un peu trop longue pour me permettre de rentrer rapidement en cas de trop forte chaleur, mais j'ai envie de profiter un minimum de la nature et j'estime qu'une précaution en moins sur le moment vaut mieux qu'un regret par la suite.
Je me mets donc en marche, baladeur en poche, écouteurs dans les oreilles, et banane dans la sacoche.
Le début de la promenade n'est qu'à quelques centaines de mètres de mon appartement, je rentre donc directement dans un monde plus naturel, à la végétation développée et en bordure d'un fleuve. Je laisse sans grand regret la ville derrière moi, qui me semble bien moins propice au bon déroulement de ce trip qui prend vie de minute en minute.
J'ai envie d'écrire ce que je vis et ce que je ressens, et j'opte pour la seule option dont je dispose à ce moment, les brouillons de mon vieux téléphone portable.
Je me fais la réflexion que c'est bien dommage d'ailleurs, qu'il faudra que je me prévoie un support physique pour écrire mes pensées au cours de mes futures expérimentations. Tant pis pour cette fois, je fais avec.
Il fait chaud mais je le vis bien, et la chaleur semble illuminer un peu mes pensées.
J'ai un sacré sourire quand même, je me concentre un peu pour ne pas passer pour quelqu'un de trop étrange devant les jeunes parents que je croise à côté d'un petit parc de jeux pour enfants.
A la réflexion je trouve ça dommage, de passer pour quelqu'un d'étrange simplement du fait que ma joie se reflète nettement sur mon visage.
Les visuels débutent, et l'herbe commence à respirer.
J'arrive à la première extrémité de la boucle que forme cette promenade et m'y attarde un peu.
L'endroit est très cool et "posé", je décide de m'asseoir sur un petit rocher face à l'eau et à un pont tout proche pour y manger ma banane.
C'est bien cool d'ailleurs, ça a bon goût et c'est frais, je suis bien content d'avoir récemment ajouté ça à ma liste de courses hebdomadaires.
Une dizaine de cygnes entrent dans mon champ de vision et je les observe, ainsi que quelques pigeons dont la simplicité et l'insouciance qui semble guider leur vie déclenche en moi un rire sincère.
Petit bémol quand même, j'ai l'impression de pas mal trembler, surtout des mains et des avant-bras, et ça me déplaît légèrement, surtout par rapport à l'image de moi que ça peut dégager dans l'esprit de pas mal de gens.
Sur le moment je m'en moque, personne ne risque de m'observer suffisamment pour remarquer ça, et je préfère écarter cette réflexion.
Là, en cet instant, je vis, et j'apprécie la vie. J'en mesure la valeur, et je m'en satisfaits pleinement.
Je quitte mon point d'observation et entame le retour qui passe par l'autre branche de la boucle.
Après quelques minutes de marche, je repense aux cygnes et m'amuse à les décrire comme "les girafes de nos cours d'eau". Cette image simple et enfantine me plait bien d'ailleurs, et je me dis qu'une petite touche d'imagination de temps en temps ne peut me faire que du bien.
Je m'arrête à nouveau, pour m'installer cette fois sur un banc qui fait face au fleuve et duquel je peux observer la rive d'en face, qui abrite le camping municipal qui semble tranquille et assez peu fréquenté en cette période.
J'en profite pour observer l'herbe, qui respire et se géométrise, formant des motifs tels que des courbes mouvantes, des lignes et des quadrillages.
J'en suis assez content : bien que je doive me concentrer un peu pour en profiter, l'aspect visuel qui me semblait tout de même intéressant dans les trips au LSD se révèle à moi, et ça me plait bien.
Après m'être laissé aller à mes pensées en regardant ce qui m'entoure sans m'attarder sur quoi que ce soit en particulier, je constate que je ne fais "rien", et que c'est très agréable et relaxant.
En reprenant ma marche, je croise un homme noir d'une petite quarantaine d'années assis sur un banc de pierre, qui manipule son téléphone portable, une guitare acoustique à proximité.
Après l'avoir dépassé en lui glissant un petit "bonjour", je m'attriste un peu de ne pas l'avoir entendu jouer, au moins quelques notes.
Je m'arrête alors un peu plus loin, observant l'eau proche de la rive tout en gardant un œil et une oreille sur le musicien, dans l'espoir qu'il reprenne son instrument.
Je fixe à nouveau mon regard et mes pensées sur ce qui m'entoure et observe une libellule qui se pose sur une feuille flottant sur l'eau.
En fait, je vois et regarde la vie. Ici, sous la forme d'une libellule. Là, dans un clapotis à la surface de l'eau. Et toujours présente dans l'air, dans le vent...
Je me perds agréablement quelques moments dans cet élément gazeux, visualisant et ressentant avec une perception accrue son contact sur l'ensemble de ma peau et de mes vêtements (la chaleur aidant), et me comparant à lui en tentant d'imaginer l'échelle à laquelle il évolue.
Cet instant est puissant, et je prends conscience de ma relative insignifiance face à une pareille force naturelle.
Cette petite réflexion sur la vie me rappelle le moment où j'observais l'herbe assis sur mon banc. En y repensant, j'y ai constaté que même si la vie n'est pas toujours partout visible, si on prend la dimension du temps en considération, le moindre carré d'herbe s'anime. En l'observant un temps suffisant long, et en y prêtant une réelle attention, on y voit se mouvoir fourmis, petites araignées et autres insectes, invisibles au premier coup d’œil.
Il me semble alors qu'il faut simplement prendre son temps pour voir la vie là où il ne semble pas y en avoir au premier regard.
Le musicien n'a pas repris sa guitare, ou sa mélodie n'atteint pas mes oreilles, je décide donc de continuer ma progression sur cette boucle qui se rapproche de sa fin.
Je tombe sur deux petites pousses de verdure qui grandissent tranquillement au milieu d'un trou sommaire recouvert de braises éteintes et de cendres, vestige probable d'une quelconque soirée d'été.
Cette nouvelle vie semblant éclore au milieu d'un terrain d'apparence hostile m'inspire, et j'écris alors ces quelques petites phrases, que je juge naïves au fur et à mesure qu'elles prennent forme, mais que je décide tout de même d'écrire et d'assumer, car cette réflexion me vient du cœur :
"Vivons dans l'instant, vivons l'instant. Ne pas le vivre serait refuser cette vie qui nous entoure et qui s'offre à nous à perte de vue. Cette vie que nous oublions progressivement de voir, et surtout de regarder..."
Lors de l'écriture de ces phrases, le morceau "Drumming Song" de Florence and the Machine est diffusé par mes écouteurs et me donne une bonne dose d'énergie positive.
[video=youtube;X8KeZg-kOYE]
Je termine d'écrire une fois arrivé en fin de boucle et, décidé à ne pas rentrer tout de suite, repars pour un nouveau tour.
J'y croise de nouvelles personnes, des jeunes mamans accompagnées de leurs enfants qui se déplacent en imitant des grenouilles, et quelques hommes qui promènent leurs chiens.
Je m'assois une dernière fois face au fleuve sur la fin de cette seconde boucle, et réfléchis à mon précédent écrit. Je constate ma légère hypocrisie à son égard, sachant qu'habituellement je ne sors de chez moi qu'en cas de nécessité, et que dans ma vie je suis bien plus passif qu'actif, même en ce moment où j'ai l'impression de vivre dans l'instant.
J'ajoute alors :
"A défaut d'y être actif, observons et apprécions cette vie, prenons le temps de prendre notre temps."
Cela me satisfait, et je me promets intérieurement d'appliquer ce principe à l'avenir, de prendre le temps, sans attendre d'en éprouver le besoin, de sortir redécouvrir la Vie.
- Fin de la première partie -
Pour la petite histoire, depuis cet après-midi là je fais des promenades régulièrement (deux à quatre heures de marche par semaine), la plupart du temps sobre, quelques fois sous cannabis, et cela me fait toujours autant de bien.
Ce trip date d'il y a un peu plus d'un an (début août 2013), et le TR qui en découle (le premier que j'écris) traîne depuis presque aussi longtemps sur mon ordinateur.
Ce TR se décompose en deux parties, la première raconte les premières heures du trip et la seconde détaille un passage plus intense après un combo avec une assez forte dose de weed vaporisée.
Les deux parties étant suffisamment différentes pour pouvoir se lire indépendamment, je me permets de poster chaque partie dans des messages séparés.
Pour ceux qui liront ou survoleront la première partie, sachez que je l'ai écrite peu de temps après le trip et pour moi-même avant tout.
Le fait qu'elle paraisse lourde ou trop chargée de détails inutiles sans grand intérêt par rapport au trip en lui-même ne m'est pas inconnu, mon envie de l'écrire de cette façon comptait simplement plus à mes yeux que le fait de la rendre plus intéressante pour d'éventuels autres lecteurs, ne m'étant pas décidé à l'époque si j'allai publier ce texte ou non.
Si tout ça vous paraît trop long à lire, la deuxième partie est probablement la plus intéressante.
- Première partie : "Cet après-midi, je prends du LSD." -
Il fait beau, j'ai plutôt bien dormi, je suis en forme et je me suis arrangé pour avoir cette journée de libre, ainsi que celle du lendemain.
Ce trip je l'ai programmé, j'ai des idées d'activités à faire, je sais quel dosage je veux expérimenter, j'ai les buvards et surtout, j'en ai envie.
Je n'ai derrière moi que des expériences "light" avec le LSD, sans avoir jamais vraiment touché au potentiel que je lui associe, et aujourd'hui je veux aller un peu plus loin.
Je drope donc un buvard et demi pour une dose supposée de 150µg.
Cela fait maintenant environ une heure que j'ai dropé et je sens débuter un léger et agréable bodyhigh.
Il évolue un peu, se fait plus présent, et je sens imminente l'entrée dans le monde de l'euphorie. Un petit sourire se dessine déjà sur mon visage, et il n'a pas l'air de s'effacer facilement
Je suis content et satisfait, je monte et retrouve des effets qui m'avaient déjà beaucoup plu lors de mes précédentes expériences.
Ça y est, un gros smile a pris vie sur mon visage et semble bien décidé à m'accompagner quelques heures avant même de songer à se retirer.
J'ai envie de sortir pour ce trip, chose que je regrette un peu de ne pas avoir essayé au cours de mes précédentes expériences.
L'euphorie grandit et je commence à rire spontanément par bref moments, de petits rires qui semblent juste vouloir dire : "J'aime ce qu'il m'arrive, et je compte bien en profiter."
Apparemment il fait chaud en cette journée, la météo annonce 31°C. Je n'ai pas vraiment pensé à me renseigner sur ce point quand j'ai prévu ce trip et ne sais pas trop comment je vais gérer ça, ayant d'habitude des difficultés à supporter la chaleur.
Je vais tenter quand même, pas envie de passer une nouvelle fois à côté de l'occasion d'aller faire une petite promenade, perché dans un coin de nature.
Juste un petit tour, pas trop longtemps ni trop loin histoire de pouvoir rapidement rentrer si la chaleur m'insupporte.
En attendant, je démarre l'expérience musicale de ce trip par la fin du morceau "Eyeline" de Submotion Orchestra que je découvre, et j'aime beaucoup.
[video=youtube;xPRE6boR9Ng]
Le bodyhigh s'est développé et donne vie à d'agréables frissons dans le haut de mes jambes.
Je me prépare à partir, et mon regard s'attarde sur les petits gadgets LED avec lesquels j'ai prévu de m'amuser un peu plus tard.
Je m'offre un aperçu de ce que ça pourra donner une fois la montée terminée et le plateau atteint. Dans le noir, yeux ouverts ou fermés, je balade les LEDs devant mon visage, qui produisent des traînées colorées assez amusantes.
Je me décide, à l'aide du plan des promenades et jardins de la ville, à en faire une qui démarre juste à côté de mon appart'. Elle me semble un peu trop longue pour me permettre de rentrer rapidement en cas de trop forte chaleur, mais j'ai envie de profiter un minimum de la nature et j'estime qu'une précaution en moins sur le moment vaut mieux qu'un regret par la suite.
Je me mets donc en marche, baladeur en poche, écouteurs dans les oreilles, et banane dans la sacoche.
Le début de la promenade n'est qu'à quelques centaines de mètres de mon appartement, je rentre donc directement dans un monde plus naturel, à la végétation développée et en bordure d'un fleuve. Je laisse sans grand regret la ville derrière moi, qui me semble bien moins propice au bon déroulement de ce trip qui prend vie de minute en minute.
J'ai envie d'écrire ce que je vis et ce que je ressens, et j'opte pour la seule option dont je dispose à ce moment, les brouillons de mon vieux téléphone portable.
Je me fais la réflexion que c'est bien dommage d'ailleurs, qu'il faudra que je me prévoie un support physique pour écrire mes pensées au cours de mes futures expérimentations. Tant pis pour cette fois, je fais avec.
Il fait chaud mais je le vis bien, et la chaleur semble illuminer un peu mes pensées.
J'ai un sacré sourire quand même, je me concentre un peu pour ne pas passer pour quelqu'un de trop étrange devant les jeunes parents que je croise à côté d'un petit parc de jeux pour enfants.
A la réflexion je trouve ça dommage, de passer pour quelqu'un d'étrange simplement du fait que ma joie se reflète nettement sur mon visage.
Les visuels débutent, et l'herbe commence à respirer.
J'arrive à la première extrémité de la boucle que forme cette promenade et m'y attarde un peu.
L'endroit est très cool et "posé", je décide de m'asseoir sur un petit rocher face à l'eau et à un pont tout proche pour y manger ma banane.
C'est bien cool d'ailleurs, ça a bon goût et c'est frais, je suis bien content d'avoir récemment ajouté ça à ma liste de courses hebdomadaires.
Une dizaine de cygnes entrent dans mon champ de vision et je les observe, ainsi que quelques pigeons dont la simplicité et l'insouciance qui semble guider leur vie déclenche en moi un rire sincère.
Petit bémol quand même, j'ai l'impression de pas mal trembler, surtout des mains et des avant-bras, et ça me déplaît légèrement, surtout par rapport à l'image de moi que ça peut dégager dans l'esprit de pas mal de gens.
Sur le moment je m'en moque, personne ne risque de m'observer suffisamment pour remarquer ça, et je préfère écarter cette réflexion.
Là, en cet instant, je vis, et j'apprécie la vie. J'en mesure la valeur, et je m'en satisfaits pleinement.
Je quitte mon point d'observation et entame le retour qui passe par l'autre branche de la boucle.
Après quelques minutes de marche, je repense aux cygnes et m'amuse à les décrire comme "les girafes de nos cours d'eau". Cette image simple et enfantine me plait bien d'ailleurs, et je me dis qu'une petite touche d'imagination de temps en temps ne peut me faire que du bien.
Je m'arrête à nouveau, pour m'installer cette fois sur un banc qui fait face au fleuve et duquel je peux observer la rive d'en face, qui abrite le camping municipal qui semble tranquille et assez peu fréquenté en cette période.
J'en profite pour observer l'herbe, qui respire et se géométrise, formant des motifs tels que des courbes mouvantes, des lignes et des quadrillages.
J'en suis assez content : bien que je doive me concentrer un peu pour en profiter, l'aspect visuel qui me semblait tout de même intéressant dans les trips au LSD se révèle à moi, et ça me plait bien.
Après m'être laissé aller à mes pensées en regardant ce qui m'entoure sans m'attarder sur quoi que ce soit en particulier, je constate que je ne fais "rien", et que c'est très agréable et relaxant.
En reprenant ma marche, je croise un homme noir d'une petite quarantaine d'années assis sur un banc de pierre, qui manipule son téléphone portable, une guitare acoustique à proximité.
Après l'avoir dépassé en lui glissant un petit "bonjour", je m'attriste un peu de ne pas l'avoir entendu jouer, au moins quelques notes.
Je m'arrête alors un peu plus loin, observant l'eau proche de la rive tout en gardant un œil et une oreille sur le musicien, dans l'espoir qu'il reprenne son instrument.
Je fixe à nouveau mon regard et mes pensées sur ce qui m'entoure et observe une libellule qui se pose sur une feuille flottant sur l'eau.
En fait, je vois et regarde la vie. Ici, sous la forme d'une libellule. Là, dans un clapotis à la surface de l'eau. Et toujours présente dans l'air, dans le vent...
Je me perds agréablement quelques moments dans cet élément gazeux, visualisant et ressentant avec une perception accrue son contact sur l'ensemble de ma peau et de mes vêtements (la chaleur aidant), et me comparant à lui en tentant d'imaginer l'échelle à laquelle il évolue.
Cet instant est puissant, et je prends conscience de ma relative insignifiance face à une pareille force naturelle.
Cette petite réflexion sur la vie me rappelle le moment où j'observais l'herbe assis sur mon banc. En y repensant, j'y ai constaté que même si la vie n'est pas toujours partout visible, si on prend la dimension du temps en considération, le moindre carré d'herbe s'anime. En l'observant un temps suffisant long, et en y prêtant une réelle attention, on y voit se mouvoir fourmis, petites araignées et autres insectes, invisibles au premier coup d’œil.
Il me semble alors qu'il faut simplement prendre son temps pour voir la vie là où il ne semble pas y en avoir au premier regard.
Le musicien n'a pas repris sa guitare, ou sa mélodie n'atteint pas mes oreilles, je décide donc de continuer ma progression sur cette boucle qui se rapproche de sa fin.
Je tombe sur deux petites pousses de verdure qui grandissent tranquillement au milieu d'un trou sommaire recouvert de braises éteintes et de cendres, vestige probable d'une quelconque soirée d'été.
Cette nouvelle vie semblant éclore au milieu d'un terrain d'apparence hostile m'inspire, et j'écris alors ces quelques petites phrases, que je juge naïves au fur et à mesure qu'elles prennent forme, mais que je décide tout de même d'écrire et d'assumer, car cette réflexion me vient du cœur :
"Vivons dans l'instant, vivons l'instant. Ne pas le vivre serait refuser cette vie qui nous entoure et qui s'offre à nous à perte de vue. Cette vie que nous oublions progressivement de voir, et surtout de regarder..."
Lors de l'écriture de ces phrases, le morceau "Drumming Song" de Florence and the Machine est diffusé par mes écouteurs et me donne une bonne dose d'énergie positive.
[video=youtube;X8KeZg-kOYE]
Je termine d'écrire une fois arrivé en fin de boucle et, décidé à ne pas rentrer tout de suite, repars pour un nouveau tour.
J'y croise de nouvelles personnes, des jeunes mamans accompagnées de leurs enfants qui se déplacent en imitant des grenouilles, et quelques hommes qui promènent leurs chiens.
Je m'assois une dernière fois face au fleuve sur la fin de cette seconde boucle, et réfléchis à mon précédent écrit. Je constate ma légère hypocrisie à son égard, sachant qu'habituellement je ne sors de chez moi qu'en cas de nécessité, et que dans ma vie je suis bien plus passif qu'actif, même en ce moment où j'ai l'impression de vivre dans l'instant.
J'ajoute alors :
"A défaut d'y être actif, observons et apprécions cette vie, prenons le temps de prendre notre temps."
Cela me satisfait, et je me promets intérieurement d'appliquer ce principe à l'avenir, de prendre le temps, sans attendre d'en éprouver le besoin, de sortir redécouvrir la Vie.
- Fin de la première partie -
Pour la petite histoire, depuis cet après-midi là je fais des promenades régulièrement (deux à quatre heures de marche par semaine), la plupart du temps sobre, quelques fois sous cannabis, et cela me fait toujours autant de bien.